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22 novembre 2016

Sens spirituels et inspiration

Après un longue diatribe sur les cinq sens spirituels chez Bonaventure, Hans Urs von Balthasar apporte une précision qui mérite d'être contemplée à l'aune de nos élans mystiques. Ces sens ne sont accessibles que s'ils sont inspirés par Dieu (Verbum inspiratum).
"Si la Parole de Dieu ne retentit pas à l'oreille du coeur, si l'éclat éternel n'illumine pas l'œil spirituel, si le parfum du Dieu tout puissant n'est pas sensible à l'odorat et sa suavité au goût, si l'éternité ne pénètre pas dans l'âme, alors tu n'es pas apte à comprendre les visions."(1)

À méditer.

(1) Bonaventure,  cité par Hans Urs von Balthasar in GC2 p. 293

20 novembre 2016

Le chemin intérieur

Le chemin vers soi évoqué plus haut consiste à contempler, à l'aune de nos imperfections la perfection divine. "Nul ne sait discerner ce qui est le meilleur, s'il ne sait reconnaître ce qui ressemble le plus au bien par la excellence" (1)

(1) d'après GC2 p. 277

19 novembre 2016

Tourné vers

Il y aurait chez Bonaventure une bonne dialectique entre l'être tourné vers soi et celui qui est tourné vers Dieu. Quel est l'enjeu ? Il n'est pas a fortiori égoïste précise Hans Urs von Balthasar mais "comme la saisie par soi de l'être qui est l'homme" (1)
Je la conçois comme cette ouverture intérieure aux deux tables, à cette Parole et ce Corps livrés qu'il nous faut accueillir jusqu'au "jointures intérieures" (cf. Heb 4,12) de l'âme pour balayer ces adhérences qui nous éloignent de Lui.

(1) GC2 p. 274

18 novembre 2016

Proximité divine

"Au moment où il devient un être intérieurement lumineux [tout un programme en soi !], son origine et son but doivent s'éclairer pour lui. Il est capax Dei, et pour cette raison, informabilis par Dieu. Il a la plus excellente de toutes les puissances réceptives: celle d'être uni (unibilitas) à Dieu". "il porte en lui la lumière de la face divine". (1)

On ne peut s'empêcher de penser aux montées successives de Moïse vers le mont Moriah qui culmine en Ex. 34. (2). Pour Hans Urs von Balthasar, on touche là également au "point central de la spiritualité de saint Bonaventure, et en même temps de son esthétique : l'esprit humain ne peut s'accomplir que dans la foi, car c'est alors qu'il se comprend lui-même comme expression de la vie trinitaire (...) et voit apparaître en lui l'image immanente du Dieu trinitaire" (3).

On rejoint là aussi mes propos sur la danse trinitaire, mais également cette découverte humble que cette inhabitation de Dieu en nous n'est qu'éphémère de peur qu'elle se traduise en orgueil et manque de nous conduire à la communion in Christo.

Nos élans mystiques n'ont pas d'autres buts que de nous rapprocher de nos agir in ecclesia, porte étroite de notre vie en Christ.

(1) S 2 de Nativ. (IX, 110a) cité in GC2, p. 272
(2) voir Dieu n'est pas violent, une lecture de l'AT, tome 2
(3) GC2 p. 273

17 novembre 2016

De la trace à l'image - Bonaventure

Nous avons déjà largement commenté cette idée de saint Augustin reprise par Bonaventure des trois degrés de ressemblance entre la simple trace (vestigium), l'image et la ressemblance (similitudo)(1).

Ce qui me marque en deuxième lecture est le double rapport entre l'image et le beau souligné plus bas par Hans Urs von Balthasar : soit comme "renvoi à l'archétype", soit comme représentation ( donc réceptacle) de l'archétype. (2)

L'enjeu souligne-t-il est de n'être pas seulement un simple renvoi ou rappel de l'existence de Dieu, comme la fleur qui signale la création, mais devenir en soi une représentation. Comment est-ce possible ? Probablement par le travail intérieur de l'humilité et de la miséricorde (3) qui nous rend temple de l'Esprit et signe efficace de sa présence. C'est pour moi l'enjeu décrit dans ma "dynamique sacramentelle".(4)
Cette attitude n'est belle et vraie que dans la mesure où elle reproduit celle du Fils envers son Père(5). Le Fils ne veut être rien d'autre que l'image du Père.
"Contrairement à la trace, l'imago en l'homme est une assimilatio expressa et de proximo à Dieu", probablement en phase avec les propos de Paul en Philippiens 3 (du saisissement à l'imitation).

(1) GC2 p. 271, repris notamment dans "Aimer pour la vie".
(2) Ibid. p. 271.
(3) cf. Ma recherche éponyme.
(4) idem.
(5) De red. art., 8 (V, 322 a), cité par Hans Urs von Balthasar GC2 p. 270
(6) 2 d 16, 1 q.1, ibid. p. 272

12 novembre 2016

Une théologie de l'excès - Bonaventure

Pourquoi la première lecture de ce tome 2 de la Gloire et la Croix d'Hans Urs von Balthasar avait fait germer chez moi le titre de l'Amphore et le Fleuve. Ce n'est pas seulement la mention de la cruche et de la Seine de la page 244 mais probablement cette insistance de Balthasar sur la "théologie de l'excessus" de Bonaventure et cette phrase qui est tout un programme : "l'excès d'amour dans le Crucifié requiert la pure humilité et le don de soi, et même (...) la pauvreté totale qui, en tant que geste humain de renoncement à tout, est la réponse exacte, autant que l'homme peut la donner, au don total de Dieu jusqu'à la mort de la Croix". (1)

C'est peut-être là qu'une juste interprétation de ce que nous disions plus haut chez Anselme prend du sens. Devant l'amour infini de Dieu nous sommes comme un homme debout dans le fleuve, une petite amphore à la main, et notre réponse n'est peut-être pas dans le désir de retenir le don mais de se laisser porter par l'amour qui vient.

(1) Hans Urs von Balthasar, GC2 p. 256

11 novembre 2016

Science et sagesse chez Bonaventure

Il y a une distinction intéressante chez Bonaventure entre science et sagesse. Elle passe par la sainteté c'est à dire par la rencontre transformante avec le divin. "C'est la sainteté qui permet de s'approprier vraiment la sagesse" (1). Or la sainteté ne se trouve pas dans les livres mais dans cette lente manducation de la Parole qui ravive la foi et nous conduit à l'agir. Le chemin est rude...
Par cette affirmation Bonaventure prend de la distance avec le thomisme grandissant et renvoie "à l'étude approfondie de l'Écriture (...) mais il ne faut pas verser dans le vin de l'Écriture tant d'eau de philosophie que le vin devienne de l'eau, ce serait un bien triste miracle"(2)...
Ce qui compte chez l'homme c'est l'événement intérieur, la venue du Christ dans l'esprit, "se laisser porter par la lumière surnaturelle de la foi, autrement dit par l'inspiration divine qui ne peut se tromper"(3)

(1) Hex. 2, 3, cité par Hans Urs von Balthasar, in GC2 p. 251.
(2) ibid. p. 252.
(3) p. 254

09 novembre 2016

Les 4 fleuves du Paradis - saint Bonaventure

Revenons sur cette image du fleuve chez Bonaventure qui m'a inspiré le titre de l'amphore et le fleuve (1). Pour le franciscain, les quatre fleuves du Paradis résonnent comme l'éternel mouvement de Dieu vers l'homme, ce que j'appelle la danse trinitaire :"Le premier, c'est l'éternel épanchement trinitaire de Dieu lui-même ; le second, c'est la création vaste et profonde comme la mer, dans l'abîme de laquelle habite le dragon ; le troisième, c'est l'incarnation de Dieu qui, dans le Christ sort de lui et y retourne ; (...) le quatrième, ce sont les Sacrements, ce "torrent d'eau vive, claire comme le cristal, qui jaillit du trône de Dieu et de l'Agneau".(2)

Ils résonnent aussi pour Bonaventure avec les 4 mystères cachés : l'essence divine, la sagesse, la puissance et la miséricorde(3).

(1) cf. le livre éponyme dont le titre est une libre adaptation d'un texte parlant de la Seine et d'une cruche, cité par Hans Urs von Balthasar in GC2 p. 244
(2) ibid. p. 241
(3) p. 244

Une expression de l'amour du crucifié - stigmates de saint François

Dans la suite de ma recherche sur la dynamique sacramentelle je note cette contemplation par Bonaventure des stigmates de saint François comme "expression de l'amour du crucifié" qui, plus que l'extase fugitive va jusqu'à imprimer dans la chair du saint les traces de la Croix. "En voyant le Séraphin, François comprit qu'il devait par une ardeur spirituelle être entièrement changé en une image expressive (expressam similtudinem) du Crucifié (...) et sa chair marquée d'une ressemblance avec le Crucifié" (1)
N'est on pas là au point ultime de cette dynamique sacramentelle déjà évoquée, qui voit chez un homme un tel désir de ressembler au Christ sauveur que celui-ci lui permet de communier à son sacrifice,  d'être signe en sa chair du sacrifice ultime et unique de l'homme-Dieu pour l'humanité ?
Il ne s'agit plus ici d'une simple extase,  mais d'une union retrouvée entre l'homme et son Dieu.


(1) Hans Urs von Balthasar, GC2 p. 247

08 novembre 2016

Anselme et Bonaventure - Convergences

Une phrase de Bonaventure reprise dans le tome 2 de la Gloire et la Croix d'Hans Urs von Balthasar me fait entrer en contemplation : "la créature rendue bienheureuse par Dieu, elle qui ne saisit pas son bonheur, mais est saisie par lui" (1)
Le verbe saisir renvoie à Philippiens 3, mais nous retrouvons aussi cette distinction déjà notée chez Anselme entre un Dieu qui ne fait pas que venir en nous, mais nous tire toujours plus loin. Le bonheur ne peut être intérieur longtemps. S'il n'est pas communion sponsale ou surtout ecclésiale il est une cymbale qui résonne dans le vide (1 Cor 13). Le bonheur se conjugue avec le sens symphonique du "une seule chair" de Gn 2, 24 (2)

(1) Bonaventure citant Anselme in Hans Urs von Balthasar, GC2, p. 239
(2) cf. Lire l'Ancien Testament, tome 1, Genèse et Exode.

27 juillet 2016

Au service de l'homme

Toujours à la recherche de pépites je ne peux que reproduire cette citation qui fait écho à cette belle image longuement commenté de Bonaventure, qui voit l'homme tenant une misérable amphore au milieu du fleuve de l'amour divin(1). Ici Jean de Ruysbroeck va plus loin :‎ "Dieu s'est mis humblement au service de l'homme, si courtoisement et fidèlement que le chrétien se sent toujours loin derrière Dieu pour la vénération et le service" (2). 

On s'approche là de la danse kénotique de Dieu vers l'homme, dont on retrouve des accents chez J. Moingt.

L'accent trinitaire est aussi présent puisque l'auteur évoque au delà du Christ offert "cette lumière éclatante et incompréhensible : auguste Trinité" qui investit de tout son éclat et aveugle tout oeil humain, tellement elle est insondable"  (...) tout "revigorant l'homme" (3) de sa présence. 
Élan mystique ? Consolation ? Je pencherai pour une simple contemplation de la grâce divine, qui survient quand on ne l'attend pas et donne à l'homme la force d'agir.

(1) cf GC2 et mon livre éponyme.
(2) Jean de Ruysbroeck, L'ornement des oeuvres spirituelles, I, 12, cité par Hans Urs von Balthasar, GC7 p. 139
(3) ibid.


21 juillet 2016

Le chemin du désert intérieur - Saint Bonaventure

On trouve dans le texte qui suit, le coeur de la spiritualité du disciple de saint François, mais aussi, des élans que lon pourrait trouver dans la spiritualité de Jean de la Croix.  

La contemplation de la Passion inspire à Bonaventure un double mouvement,  proche de ce "tout est rien" déjà évoqué chez Thérèse d'Avila.  Renoncer à l'intelligence des choses, d'une part,  s'abandonner à la volonté de Dieu d'autre part.  Ce décentrement n'est pas différent de ce que je cherche à décrire dans mon "chemin du désert", mais Bonaventure a une longueur d'avance. Il tend à la ressemblance : "Le Christ est le chemin et la porte, l'échelle et le véhicule ; il est le propitiatoire posé sur l'arche de Dieu et le mystère caché depuis le commencement.Celui qui tourne résolument et pleinement ses yeux vers le Christ en le regardant suspendu à la croix, avec foi, espérance et charité, dévotion, admiration, exultation, reconnaissance, louange et jubilation, celui-là célèbre la Pâque avec lui, c'est-à-dire qu'il se met en route pour traverser la mer Rouge grâce au bâton de la croix. Quittant l'Égypte, il entre au désert pour y goûter la manne cachée et reposer avec le Christ au tombeau, comme mort extérieurement mais expérimentant — dans la mesure où le permet l'état de voyageur — ce qui a été dit sur la croix au larron compagnon du Christ :Aujourd'hui avec moi tu seras dans le paradis. 

En cette traversée, si l'on veut être parfait, il importe de laisser là toute spéculation intellectuelle. Toute la pointe du désir doit être transportée et transformée en Dieu. Voilà le secret des secrets, que personne ne connaît sauf celui qui le reçoit, que nul ne reçoit sauf celui qui le désire, et que nul ne désire, sinon celui qui au plus profond est enflammé par l'Esprit Saint que le Christ a envoyé sur la terre. Et c'est pourquoi l'Apôtre dit que cette mystérieuse sagesse est révélée par l'Esprit Saint. 

Si tu cherches comment cela se produit, interroge la grâce et non le savoir, ton aspiration profonde et non pas ton intellect, le gémissement de ta prière et non ta passion pour la lecture interroge l'Époux et non le professeur, Dieu et non l'homme, l'obscurité et non la clarté ; non point ce qui luit mais le feu qui embrase tout l'être et le transporte en Dieu avec une onction sublime et un élan plein d'ardeur. Ce feu est en réalité Dieu lui-même dont la fournaise est à Jérusalem. C'est le Christ qui l'a allumé dans la ferveur brûlante de sa Passion. Et seul peut le percevoir celui qui dit avec Job : Mon âme a choisi le gibet, et mes os, la mort. Celui qui aime cette mort de la croix peut voir Dieu ; car elle ne laisse aucun doute, cette parole de vérité : L'homme ne peut me voir et vivre.

Mourons donc, entrons dans l'obscurité, imposons silence à nos soucis, à nos convoitises et à notre imagination. Passons avec le Christ crucifié de ce monde au Père. Et quand le Père se sera manifesté, disons avec Philippe : Cela nous suffit. Écoutons avec Paul : Ma grâce te suffit. Exultons en disant avec David : Ma chair et mon cœur peuvent défaillir : le roc de mon cœur et mon héritage, c'est Dieu pour toujours. Béni soit le Seigneur pour l'éternité, et que tout le peuple réponde : Amen, amen. (1)

"Qui parmi les hommes pourra donner l'intelligence de tout cela à l'homme ? Quel ange la donnera aux anges ? Quel ange à l'homme ? C'est à toi qu'il faut la demander, en toi qu'il faut la rechercher, à ta porte qu'il faut frapper. Et ainsi, oui, ainsi on recevra, ainsi on trouvera, ainsi la porte s'ouvrira (Mt 7,8)." ( 2)

(1) Saint Bonaventure,  Itinéraire de l'âme vers Dieu,  source AELF

Cf. Aussi chemins.eklesia.fr/lecture/bonnaventure

(2) Saint Augustin,  Les Confessions,  13, 38

 


05 mai 2016

Clé de lecture trinitaire - de la contemplation à l'action - pape François

A la suite du billet précédent, je note que le pape François, dans les paragraphes 237 à 239 de Laudato Si nous invite, à la suite de Bonaventure, à une lecture trinitaire des signes de la révélation, jusqu'à la contemplation dans l'hostie eucharistique du don du Père créateur, du Christ donnant son Corps, et de l'Esprit qui embrase la personne qui le reçoit et se laisse habiter par ce triple don. Il nous faut "essayer de lire la réalité avec une clé trinitaire", insiste-t-il en 239.

"Plus la personne humaine grandit, plus elle mûrit et plus elle se sanctifie à mesure qu'elle entre en relation, quand elle sort d'elle même pour vivre en communion avec Dieu, avec les autres et avec toutes les créatures. Elle assume ainsi dans sa propre existence ce dynamisme trinitaire que Dieu a imprimé en elle depuis sa création. (240).

03 mars 2016

Dynamique sacramentelle chez Diadoque de Photicé

Dans la foulée macarienne‎, on trouve chez un autre père au Vème siècle, Diadoque de Photicé, une belle illustration de ce que j'ai appelé la dynamique sacramentelle : pour lui, au moment du baptême, "la grâce se cache au fin fond de l'intellect en dissimulant sa présence même au sens intérieur" jusqu'à ce que l'âme progressant, "le don divin manifeste ainsi sa bonté à l'esprit" (1).

On pourrait la mettre en résonance avec cette image que j'apprécie chez Bonaventure(2) : cette grâce vue comme un fleuve où l'homme se tient avec une pauvre amphore.

En conjuguant les deux on ne réduit ni la grâce, ni la chance qu'à l'homme de s'en abreuver. Tout dépend finalement de sa position par rapport au courant.

(1) Diadoque de Photicé, chap.77, cité par Hans Urs von Balthasar, op. Cit, GC1 p. 233

(2) cf GC2

07 décembre 2015

Création et économie trinitaire chez les Pères de l'Église.

Intéressante thèse de Pierre-Marie Hombert sur la Création chez les Pères de l'Église. Pour en résumé l'axe central c'est d'abord une longue insistance trouvée chez les Pères sur la création ex Nihilo qui tranche avec les discours grecs ou manichéistes de la préxistence de la matière et/ou du mal. Mais ce qui m'a le plus touché c'est probablement cette vision trinitaire de la création (peut-être parce qu'elle entre en résonance avec mes travaux sur la danse trinitaire (2). La création est pour lui une longue histoire dans laquelle les trois personnes divines ont leur rôle et qui a pour finalité la divinisation finale de l'homme en Christ (cf p. 93) dont le Christ en s incarnant trace le chemin et pré-dévoile une partie du plan divin. La citation de St Jean Chrysostome est pour moi la pointe du texte : "Oh homme, ne pose surtout pas de question à notre maître à tous, attends la fin des événements (...) dans la vie future. Le plan de Dieu est organisé en fonction (...) de notre salut et de notre gloire. S'il est fragmenté par le temps, le but lui donne son unité".
‎Suivre la distinction entre image et ressemblance faite notamment par Irénée, Clément d'Alexandrie, Origène, Basile et Maxime (cf. P. 67) c'est contempler notre chemin à accomplir, c'est entrer dans la danse Trinitaire qui nous invite à imiter Christ, passer comme le souligne Bonaventure(4) de la trace à l'image, de l'image à la ressemblance dont Christ en s incarnant dévoile lLa Gloire et la Croix, Styles, a gloire à venir.

(1) Pierre-Marie Hombert, La Création chez les Pères de l'Église‎, Parole et Silence, Collège des Bernardins, 2015
(2) ‎La danse trinitaire, in L'amphore et le fleuve. Voir aussi Où es-tu mon Dieu, kénose et création.
(3) St Jean Chrysostome ‎Sur la Providence IX, 5, cité par Hombert, op Cit p. 62
(4) cf. à ce sujet les éléments notés chez Hans Urs von Balthasar, dans La Gloire et la Croix, Styles, tome 2 (GC2), op. Cit p. 273ss. 


24 juillet 2015

Figure du Christ

Au delà de ce que j'ai écrit à propos de la dynamique sacramentelle,  on peut écouter en écho ce que nous révèle Balthasar,  en ce qu'il dit de la "figure placée devant le regard de l'homme (...) quoi qu'il en soit du caractère caché (...) déguisé (Luther), incognito (Kierkegaard), (...) nous sommes ici devant une figure authentique,  déchiffrable, (...) plus et autre chose qu'un simple signe (...) Fils de Dieu."
Plus que la fleur(2) qui n'est vue telle que si elle est aperçue comme manifestation d'une profondeur divine, "la figure de Jésus n'est vue telle qu'elle se donne elle même,  que si elle est appréhendée et reçue comme la manifestation d'une profondeur divine, dépassant toute nature du monde (3)".

(1)  Hans Urs von Balthasar,  La Gloire et la Croix,  GC1, p. 128-9 
(2) on retrouve chez lui cette comparaison dans son commentaire de Bonaventure ( cf. GC2, Styles, 1) et notamment sur les 6 niveaux de ressemblances qu'il note entre la trace, l'image et la ressemblance de Dieu.
(3) GC1, ibid.

09 juillet 2015

Foi et raison 2

On retrouve l'idée de circumincession chez Clément d'Alexandrie, avec cette interaction entre foi et raison qui prend une dimension trinitaire. "Pas de gnose sans la foi, comme pas de foi sans la gnose, car le Père lui aussi n'est pas sans le Fils" (1)

S'il rejette une gnose hérétique qui fait ignore le Fils ou "la paresse des simples croyants qui croient pouvoir se contenter du kérygme filial, l'enjeu est de trouver le Père par et dans le Fils.

Clément poursuit en précisant : "Le Christ s'adresse aux hommes : "Je vous donne le Logos, c'est-à-dire la connaissance de Dieu, je me donne moi même parfaitement. C'est ce que je suis, c'est ce que Dieu veut, c'est une symphonie, c'est l'harmonie du Père, c'est le Fils... O vous qui êtes tous des images, mais pas toutes ressemblantes, je veux vous ramener à l'archétype, afin que vous me soyez aussi semblables. Je vous oindrai de l'onguent de la foi" (2)

Deux idées s'entrecroisent ici, celle de l'image et de la ressemblance, que l'on retrouve chez Augustin et surtout Bonaventure, avec cette idée de progressivité, de dynamique. L'enjeu, et c'est la deuxième image, est de rejoindre cette symphonie entre le Père et le Fils, ce que j'appelle : "entrer dans la danse de Dieu".

(1) Strom. V, 1,3 ; 1, 326,8 sq.
(2) Protr. 120, 3-5 cité in GC1 p. 115




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12 juin 2015

Source du côté du Christ

"Du côté du Christ endormi sur la Croix, surgit l'Église" nous rappelle saint Bonaventure (1) en ajoutant que "la sagesse divine a bien voulu que la lance d'un soldat ouvre et transperce ce côté. Il en sortit du sang et de l'eau, et c'était le prix de notre salut qui s'écoulait ainsi. Jailli de sa source, c'est-à-dire du plus profond du cœur du Christ, il donne aux sacrements de l'Église le pouvoir de conférer la vie de la grâce et, à ceux qui ont déjà en eux la vie du Christ, il donne à boire de cette eau vive qui jaillit jusque dans la vie éternelle".

Nous retrouvons là l'essence même de ce que j'appelle la dynamique sacramentelle...

(1) in L'Arbre de vie, 29-30, 47 (trad. cf bréviaire Sacré Cœur et Orval) source AELF,  office des lectures en la solennité du Sacré Coeur.

04 novembre 2009

La nudité

Le père de François voulait le faire comparaître devant l'évêque pour
qu'il renonce à tous ses droits d'héritier et lui restitue tout ce qu'il
possédait encore. François, en véritable amant de la pauvreté, se prête
volontiers à la cérémonie, se présente au tribunal de l'évêque et, sans
attendre un moment ni hésiter en quoi que ce soit, sans attendre un ordre
ni demander une explication, enlève aussitôt tous ses habits et les rend à
son père... Rempli de ferveur, emporté par l'ivresse spirituelle, il quitte
jusqu'à ses chausses et, complètement nu devant toute l'assistance, déclare
à son père : « Jusqu'ici je t'ai appelé père sur la terre ; désormais, je
puis dire avec assurance : ' Notre Père qui es aux cieux ', puisque c'est à
lui que j'ai confié mon trésor et donné ma foi. »
L'évêque, un homme saint et très digne, pleurait d'admiration à
voir les excès où le portait son amour de Dieu ; il s'est levé, a attiré le
jeune homme dans ses bras, l'a couvert de son manteau et a fait apporter de
quoi l'habiller. On lui a donné le pauvre manteau de bure d'un fermier au
service de l'évêque. François l'a reçu avec reconnaissance et, ramassant
ensuite sur le chemin un morceau de gypse, y a tracé une croix ; ce
vêtement signifiait bien cet homme crucifié, ce pauvre à moitie nu. C'est
ainsi que le serviteur du Grand Roi a été laissé nu pour marcher à la suite
de son Seigneur attaché nu à la croix.

Source : lEvangileauquotidien.org

13 août 2007

Théologie négative - V

Pour le Pseudo-Denys toutes les négations et suppressions « visent une affirmation dominant toutes choses » Cette forme de théologie, ajoute Hans Urs von Balthasar tend finalement vers la louange liturgique, la pure adoration. (1)

S’ouvre alors pour le théologien deux chemins ; celui de Bonaventure avec son excessus de l’amour au-delà de toute connaissance et celui de Thomas d’un Dieu contemplé par Dieu.

C’est le « chercher Dieu » des psaumes.

Il nous faut noter que dans certaines violences de l’Ancien Testament résident aussi la recherche de Dieu. Elle en constitue le balbutiement de toute la recherche de l’homme qui crie vers un Dieu qu’il ne pourra atteindre et croit le voir là où il n’est pas. Dépasser ce stade est possible mais il ne peut pas faire l’économie de notre propre recherche, des hauts et des bas de nos propres incompréhensions.

(1) Hans Urs von Balthasar, La Théologique, II ibid, p.109