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27 novembre 2017

Vie et sacrement

J'ai déjà évoqué plus haut le schéma de Christoph Théobald entre vie et sacrements. On retrouve cette tension ici(1) quand il regrette « l'effet pervers de la ritualisation systématique de la sacramentaire du fameux « Septénaire » des sept sacrements [qui] renforce la coupure entre vie quotidienne et cette sphère du sacré [et] rend possible son « exculturation » et finalement sa fragmentation et son érosion »(1). S'il souligne que l'Église a réagi « en ménageant des espaces intermédiaires entre l'existence quotidienne des femmes et des hommes et son culte sacramentel » en évoquant les sacramentaux, il me semble que l'enjeu ne se résume pas à cela, car ce n'est pas le sacré qui compte, à mon avis, mais l'humanité toute entière qu'il faut habiter et rendre signe efficace de la vie en Dieu (2).
Le travail des prêtres ouvriers avait en soi cette exigence et l'on peut regretter qu'elle n'est pas trouvé une forme qui la fasse durer. La vie professionnelle des diacres est-elle son substitut...? Diaconie transformante...

(1) Christoph Théobald, Urgences Pastorales, Paris, Bayard, 2017, p. 347
(2) cf. ma « dynamique sacramentelle »

23 novembre 2017

Qui est le sujet de nos célébrations ?

La question posée par Christoph Théobald est essentielle. Qui est le sujet de nos célébrations ? Est-ce le prêtre venu parfois de l'extérieur au service d'une paroisse rendue passive ou est-ce la communauté elle-même « sujet collectif qui l'accueille pour qu'il la préside au nom du Christ(1) ». Derrière cette question se trouve l'enjeu de la refondation d'une unité véritablement sacramentelle de nos communautés, une pastorale de l'engagement et de la responsabilité sans tomber dans le double écueil du cléricalisme ou de l'excès d'autonomie des laïcs. Au milieu, la place du diacre est-elle de trancher d'un côté ou de l'autre ou d'avoir toujours en tension l'idée d'être un entre-deux qui favorise la prise de conscience de la dynamique sacramentelle de la communauté.

(1) Christoph Théobald, Urgences Pastorales, Paris, Bayard, 2017, p. 323sq

16 novembre 2017

Rendement pastoral ?

Au delà de l'Impertinence (1) de cette expression de « rendement » comme celle de « stratégie », il y a une question qui surgit de mes dernières notes de lecture dont la chronologie est toujours surprenante.
Une question récurrente me turlupine...
Y a-t-il un rendement pastoral à la place du diacre à l'autel ?
Certes la liturgie est le sommet d'une pratique chrétienne, mais le fondement même de l'idée de diaconie est ailleurs.
J'ai eu sur ce point des discussions houleuses.
Pour moi, il y a un risque de folklorisation qu'on ne peut évacuer.
Autant le prêtre a son rôle, autant celui du diacre n'est pas forcément essentiel, sauf bien sûr s'il lui arrive de présider un sacrement.
Sa fonction d'acolyte est chargée de sens, mais elle peut être effectuée par bien d'autres laïcs.
L'action qui fonde son ministère est surtout ailleurs.
En disant cela, je rejoins les questions de hiérarchie des munera pointées par Christoph Théobald (2)
La réponse n'est pas simple.
À méditer...

Ajout : Sur ce point le débat continue. Un ami diacre m'a confié que selon lui, le curé pouvait mieux célébrer grâce à lui, car le matériel étant géré par lui, il pouvait se consacrer à l'essentiel. Un point...

(1) petite allusion à l'expression d'Etienne Grieu, citée hier.
(2) Christoph Théobald, Urgences Pastorales, Paris, Bayard, 2017, p. 187sq.

Diversité polyédrique et ouverture

Voir les paroles de Jésus non comme des lois mais comme des évangiles (bonne nouvelle) nous rend sensible à la nécessaire pastoralité de notre ouverture au monde.

Ne pas voir la une loi mais une bonne nouvelle, c'est  reconnaître l'importance « d'un discernement spirituel qu'exige cette diversité polyédrique de situations culturelles et personnelles marquées par de très grandes fragilités ».

C'est un élargissement du regard.

A la différence de la loi, l'évangile ouvre un chemin inexploré : celui de l'âme humaine.

La notion de polyèdre et de gradualité conjuguée par notre pape introduit pour moi la nécessité d'une morale « vectorielle », c'est à dire d'un chemin qui devient polyédrique par essence.

A chacun ce vecteur qui le pousse plus loin.

(1) Christoph Théobald, Urgences Pastorales, Paris, Bayard, 2017, p. 221

15 novembre 2017

Pertinence et impertinence de l’Église - Étienne Grieu

Un deuxième point qui mérite de s'arrêter dans l'analyse d'Etienne Grieu est ce paragraphe qui ose affirmer, à la différence de ce que pouvait dire Pierre Rabhi, interviewé ce matin sur RND, que l'Evangile passe par l'Église.
Cette affirmation ne va pas de soi. Elle est possible dans ce déplacement évoqué par Grieu à la suite de Théobald(1) dans la manière de penser la Révélation. Non pas un ensemble d'articles de foi mais une « dynamique relationnelle toujours à reprendre (...) une histoire qui se retisse et qui dans le feu de l'Esprit, projette de nouvelles lueurs sur ce qui nous a été donné par le Père » (2).

Dynamique qui avant d'être sacramentelle se tisse dans nos humanités...

« En redécouvrant l'Église comme fraternité nous sommes tout naturellement reconduits vers (...) ceux qui se tiennent au bord du monde », allusion explicite à la périphérie du pape François dans EG.

Cela nous ramène au coeur de l'alliance dans cet agenouillement de Dieu vers le monde.

Face à la tentation du repli, Grieu nous invite à une « audacieuse impertinence ». À méditer.

(1) Christoph Théobald, La réception du concile Vatican Il, Cerf, 2009
(2) Etudes n.4243 11/2017, op. Cit. p. 79

Immanence et transcendance

Le sujet lancé par Maurice Blondel en 1893 dans "L'action", un livre condamné à l'époque et dont on vient de me prêter un exemplaire n'est-il pas au coeur des tensions actuelles décrites par Théobald en début de son livre. Si l'homme est "capax dei" quelle place à la grâce ? Le chemin ouvert par Blondel a influencé beaucoup de recherche et il faut attendre Lubac et Rahner pour que les choses se tassent. Pour autant cette tension théologique mérite un détour. 

Quel est l'enjeu ?
Je ne maitirise pas ces sujets. Pour moi le concept d'immanence est une reprise de ce que sous entendait Justin (logos spermatikos) et Diadoque de Photicé ? N'est ce pas ce que suggère aussi Nostra Aetate : l'homme a en soi la capacité de trouver Dieu, il a en lui des rayons de la vérité.  De quel droit ? N'est ce pas au nom du souffle divin évoqué en Gn 1. La transcendance n'ajoute rien d'autre.  Elle fait entrer en résonance.  Entre vie et sacrements,  l'enjeu est la danse. À contempler et approfondir.

Le mendiant et la brise -2

Dieu que nul oeil de créature
N'a jamais vu,
Nulle pensée jamais conçu,
Nulle parole ne peut dire,
C'est notre nuit qui t'a reçu :
Fais que son voile se déchire.
Fais que tressaille son silence
Sous ton Esprit ;
Dieu, fais en nous ce que tu dis,
Et les aveugles de naissance
Verront enfin le jour promis
Depuis la mort de ta semence (1)

Je trouve un deuxième écho à ma thèse sur l'image fragile d'un Dieu mendiant d'amour dans les propos d'Étienne Grieu dans le dernier numéro d'Etudes, sous le titre de "Pertinence et impertinence de l'Église". (2).
Étienne y développe un sujet rémanent chez lui, l'alliance,  mais ses propos sur les échecs de Dieu me font prendre conscience de notre proximité d'approche. 

On lit entre les lignes ce que dit mon père Gilbert dans le mendiant et la brise...
J'ai aimé travailler avec Étienne sur mon livre Marions-nous. Je regrette qu'il soit si pris. J'aimerais lui offrir ma nouvelle et discuter encore sur ces enjeux pastoraux, ces urgences au sens theobaldien...

Troisième écho avec l'évangile d'aujourd'hui en Luc 17, 17 : "Et les neuf autres où dont-ils ?" pleure Jésus après la guérison des 10 lépreux. A méditer.  
(1) Hymne de l'office des lectures,  source AELF
(2) cf. ETUDES de novembre 2017

14 novembre 2017

Loi, gradualité, pastorale et Évangile

Nous arrivons au coeur de la tension soulevée par le pape François entre morale et pastorale. Christoph Théobald l'introduit à la lumière de sa lecture de Vatican II et de ce qui a suivi. Les questions posées par le Concile sur la pastorale était-elle en rupture ou en continuité avec la tradition ? Christoph Théobald note un glissement entre ce qui était considéré comme une « herméneutique de continuité » et « l'herméneutique de réforme » et en vient au sujet qui fâche. L'indissolubilité du mariage est-elle une loi ? Son approche est particulièrement intéressante. S'appuyant sur l'approche paulinienne, Christoph Théobald préfère dire que l'indissolubilité est aux yeux du Christ un « évangile », c'est à dire une bonne nouvelle. Car, note-t-il la réalité pastorale reste que l'homme est faillible, ce qui implique cette gradualité encore soulignée par le pape François (1)

(1) j'invite le lecteur à relire lentement les propos de Christoph Théobald, Urgences Pastorales, Paris, Bayard, 2017, p. 215 à 219

13 novembre 2017

Recevabilité de l’Évangile

Il faut que Christoph Théobald insiste trois fois sur ce mot (1) pour que je prenne conscience de son importance. Et pourtant c'est bien pour moi une question essentielle de pastorale, mais plus largement de tout le christianisme. À quel point ouvrons-nous notre porte à l'Evangile ?
Comment creuser en l'homme ce désir, ce tressaillement intérieur qui rend sa terre féconde à la semence du Verbe ?
Notre mission d'évangélisation ne doit-elle pas s' auto-réguler pour accueillir et entendre ces freins à l'évangile ? C'est l'enjeu d'une pastorale du seuil (2).

Que nous dit Christoph Théobald ? Il reprend les termes mêmes du pape François dans EG 39 : «  L’Évangile nous invite avant tout à répondre au Dieu qui nous aime et nous sauve, le reconnaissant dans les autres et sortant de nous -mêmes pour chercher le bien de tous ». Soulignant cette reconnaissance de Dieu en autrui, Christoph Théobald note aussi l’importance pour François de la force et de l’attrait de l’annonce comme sa notion de « parfum de l’Évangile ».

Rien ne sert de servir une morale si on ne la fonde sur un désir profond d’adhérer à la personne de Jésus-Christ et de croire en sa force.

(1) Christoph Théobald, Urgences Pastorales, Paris, Bayard, 2017, p. 94ss, 175ss et 208ss
(2) cf. mon essai éponyme

07 novembre 2017

Pour lui-même

L'amour du prochain est en soi une tension délicate à appréhender. Il faut probablement évoquer à ce stade la triple clé de lecture d'Augustin (1) qui distingue Amare Amare, Amare Amari et Amare, c'est à dire aimer aimer, aimer être aimé et aimer tout simplement, gratuitement dirait Jean-Luc Marion. "Partant du principe fondamental de gratuité" il est véritablement chrétien d'aimer l'autre "pour lui-même"(2). C'est à dire de ne pas chercher à le forcer à quoi que soit y compris à croire(3) mais tout simplement de s'agenouiller devant lui (4) et le laisser grandir en espérant qu'il goûte à cette intimité inouïe de notre Dieu par simple transpiration.

"Nous devrions nous interroger sur la mystérieuse force de diffusion qui habite l'Évangile lui-même et, surtout, prendre au sérieux notre difficulté à nous initier les uns les autres à l'expérience "mystique" qu'il véhicule" (5)

(1) De Trinitate
(2) Christoph Théobald, Urgences Pastorales, Paris, Bayard, 2017, p. 182
(3) cf. Le mendiant et la brise
(4) cf. A genoux devant l'homme
(5) Christoph Théobald, ibid. p. 185

06 novembre 2017

Gratuité et liberté religieuse

Il existe une tension vive entre l'urgence de la mission et la prise en compte de la réalité, comme de la nécessaire liberté religieuse. J'ai abordé maladroitement ce thème dans "Pastorale du seuil" et je trouve des accents similaires chez Christoph Théobald (1). Son apport est d'insister sur la gratuité.

Si l'homme fait "l'expérience de l'inouï de l'intimité avec Dieu" peut-il se taire. C'est dans ce cadre qu'il prêche pour une "mission (...) respectueuse de la liberté du récepteur [basée sur] (...) l'amour de la véritable liberté d'autrui".
Pour lui, l'Église est capable de se laisser toucher ET enseigner et s'appuie sur "cet amour de la liberté d'autrui".

Je travaille dans ce sens en préparant la publication imminente (sous 3-4 jours) sur Amazon et fnac.com d'une petite nouvelle intitulée "Le mendiant et la brise". Une manière pour moi de dire que le mendiant n'est autre que Dieu lui-même.

Une nouvelle que j'illustre en couverture par cette annonciation peinte par ma soeur. Elle illustre bien l'agenouillement réciproque de ceux qui se tournent vraiment vers autrui :


(1) Christoph Théobald, Urgences Pastorales, Paris, Bayard, 2017, p. 171ss

05 novembre 2017

Vie et sacrements

Je retombe sur le schéma de Christoph Théobald qui m'a conduit à écrire “la dynamique sacramentelle”. Il est tiré de la page 41 de "Présences d'Évangile: Lire les Évangiles et l'Apocalypse avec l'Église d'Algérie et d'ailleurs de Christoph Theobald, Paris 2003, p. 41. Pour moi ce schéma parle tout seul. il résume ce que je cherche à dire en 150 pages. Les sacrements n'ont de sens qu'en lien intime avec la  vie.

03 novembre 2017

Mouvement pendulaire de la grâce - 2

Il y a de la kénose dans les propos de Christoph Théobald. Son image pendulaire évoque en effet l'oscillation maximale du "mouvement pendulaire de la grâce" comme une offre gratuite et non prosélyte d'un "petit troupeau ecclésial (...) diaspora (...) qui sans repli sectaire, mais positivement comme mission à exercer" (1) comprend qu'il nous faut sortir de nous mêmes dans un acte de pur gratuité vers autrui.

(1)Christoph Théobald, Urgences Pastorales, Paris, Bayard, 2017, p. 171-173

02 novembre 2017

Cloche et mouvement pendulaire

J'ai déjà évoqué plus haut l'histoire d'un battant de cloche qui traduit nos hésitations vers la Vérité. Christoph Théobald évoque quant à lui l'image d'un mouvement pendulaire entre Dieu et l'homme, "mouvement d'aller et de retour de la source de l'expérience vers sa fin et de la finalité vécue vers son origine (...) découverte de ce qui se cache comme potentialité propres dans les racines de l'existence (...) balancier d'autant plus ample qu'il reçoit son énergie d'un mouvement non moins puissant (...) oscillation à partir du visage de l'autre (...) où se cache le Christ" (1)
Ces deux mouvements se croisent et s'entrecroisent. Leur ampleur porte les pas de Dieu vers l'humanité toute entière. Cela pourrait être syncrétisme si le centre n'était en Christ et le mouvement spirale ouverte d'un Dieu qui invite l'homme en toute liberté à sa danse.

(1) Christoph Théobald, Urgences Pastorales, Paris, Bayard, 2017, p. 165ss

31 octobre 2017

Une mystique de la rencontre - Pape François

Un point soulevé par le Pape François dans EG 87 est mis en avant par Christoph Théobald (1) avec insistance : la "mystique du vivre ensemble" Pourquoi Christoph Théobald insiste-t-il sur ce point ? Parce que le mot mystique n'est pas commun sur ce thème. Dans un monde où il s'apparente plus à une fuite d'autrui, il y a une diachronie dans l'utilisation de ce terme par le pape.
L'enjeu est la prise en compte d'autrui dans son rapport à Dieu. On rejoint l'imbrication des deux commandements (cf. Mt 22, 40) et le sens même du vivre ensemble. Il fait résonner l'insistance d'un Basile de Césarée pour la vie en communauté plus que la vie érémitique. Le vivre ensemble est notre condition d'accès à Dieu. Le reste est fuite.
C'est dans notre prise en compte d'autrui, dans la réponse à l'appel du visage (cf. Lévinas) que notre coeur peut s'ouvrir à l'intimité de Dieu qui n'est pas solitude mais danse.

(1) Christoph Théobald, Urgences Pastorales, Paris, Bayard, 2017, p. 161

26 octobre 2017

Intimité de Dieu - Tressaillement 5

« La foi proprement christique donne accès à l'intimité de Dieu (...) une expérience spirituelle voire mystique » (1)
C'est en effet au coeur de ce tourbillon de la foi que l'homme entre en dialogue avec l'inouï de Dieu. « Dieu ne nous veut pas seulement face à lui, comme dans le Coran (...) Il nous donne accès à Son Intimité, à Son intériorité abyssale, puisqu'il y est déjà »(2)

On entre en écho avec les propos de François Cassingena-Trévédy sur l'intériorité commenté plus haut. Mais Christoph Théobald évoque aussi ce qui est divin en nous. Une manière de nous faire entrer dans la danse...

(1) Christoph Théobald, Urgences Pastorales, Paris, Bayard, 2017, p. 156
(2) ibid.

14 octobre 2017

Déconstruction et espérance

En réponse à une question soulevée par Henrik Lindell, sur notre position face à ceux qui ne prêchent que la déconstruction, il me semble que Theobald y répond quand il évoque une tension entre la stratégie de l'accommodement et celle du dépassement. Si je comprends bien sa thèse, dans la première on n'entend pas le cri du monde et des déconstructeurs et l'on rêve dans un repli identitaire que le « reste » soit semence nouvelle. Élie lui-même avait l'illusion de se croire le seul juste. Et il a découvert qu'ils étaient 4.000... (cf. 1 Rois 19).
Dans la deuxième (dépassement) on rejoint l'homme dans sa souffrance et dans son cri et l'on cherche à trouver à ses côtés le chemin du dépassement...

Je pense que l'idée qu'apporte Théobald et qui rejoint le concept de polyèdre du pape François (cf. Evangelii Gaudium 235ss, debeloppé aussi chez Spadaro/François in l'Eglise que j'espère ou chez Christoph Theobald, ibid. p.121) est finalement la reprise d'une thèse de Justin sur les semences de l'Esprit. Chaque homme est porteur d'humanité et il nous appartient, comme le dit le titre provocateur d'un de mes livres de se mettre « à genoux devant l'homme ». Il n'y que la kénose qui est théologale, foi, espérance et charité étant l'unique don de Dieu à l'homme face à un monde qui l'ignore.
« Un missionnaire va là où il n’y a rien encore » (2)

(1) Christoph Théobald, Urgences Pastorales, Paris, Bayard, 2017.
(2)) Godin/Daniel, France pays de mission ?, cité par Christoph Théobald ibid. P. 132

12 octobre 2017

Église et ruralité

Refonder notre maison commune passe par "une reformulation de la mission spécifique des Églises dans nos espaces ruraux" (1) où la pauvreté et le désert pastoral est plus criant que dans les zones urbaines et la pauvreté plus évidente. Pourtant l'enjeu n'est pas cantonné au rural. La crise est partout et l'urgence pastorale large. "L'enjeu commun est en effet de changer nos représentations, d'entendre et d'honorer ce que ces églises peuvent apporter de spécifique à l'ensemble du corps ecclésial du pays" (ibid).
Nous avons à creuser sans cesse ces pistes.

Comme je viens de l'écrire dans un échange avec Henrik Lindell, "Il y a un problème qui touche à la sociabilité de nos rencontres. J'ai lu que dans mon village de l'Eure, il y avait jusqu'à 32 cafés au début du XXeme siècle pour une seule église. Les hommes s'y retrouvaient pour parler des cultures, échanger, partager après le travail. L'église n'avait pas cette fonction sociale car peut-être trop pyramidale (...) la crédibilité de notre présence dans le monde et le risque d'une "folklorisation" de nos sacrements loin du réel est ici en jeu. L'intérêt de notre expérience entre foi et vie professionnelle à Saint Philippe du Roule ou à ND de La Défense est de trouver des lieux où social et religieux peuvent se rejoindre... même si ce ne sont que des balbutiements, le côté partage et soucis commun redonne aux hommes des lieux où spirituel et vie peuvent se conjuguer (...) dans une vie de travail, les hommes trouvent là un lieu qui les rejoins. À méditer.



(1) Christoph Théobald, Urgences Pastorales, Paris, Bayard, 2017, p. 119

11 octobre 2017

Crédibilité du théologal - Theobald 3

La question qu'il pose sur la crédibilité doit être expliquée par une allusion à la définition même du mot théologal qui bien que classique reste à repréciser : "le terme théologal est une référence aux trois vertus théologales, foi, espérance et charité (...) [et vise la]prétention interne de ces actes centraux du christianisme de rencontrer effectivement Dieu en son abyssale intimité au point de situer leur propre racine dans "l'autocommunication même de Dieu" (1)
Cela étant défini, il reste à mesurer la crédibilité(2) de notre Église à l'aune de ces vertus et donc de ne cesser de prendre à coeur la profondeur intrinsèquement théologale de notre être chrétien, son lien intime avec le plan de Dieu, son inhabitation.
On est loin, et c'est là le drame, d'un siècle qui vit dans l'illusion de croire que Dieu ne sert plus à rien, comme entendu la semaine dernière sur RND dans l'analyse pertinente de Frédéric Guillaud, l'auteur de Catholix reloaded qui vient de paraître aux Éditions du Cerf.

(1) Christoph Théobald, Urgences Pastorales, Paris, Bayard, 2017, p.45, note 2
(2) op. cit. p. 63

10 octobre 2017

Folklorisation de nos traditions

Deuxième allusion de Christoph Théobald à la folklorisation de nos traditions(1). Il faut laisser résonner cette pique à l'aune de nos célébrations communes, sentir le risque qu'elles portent d'être décalées par rapport aux soucis du monde.

Cela fait écho en moi avec cette insistance chez certains curés à forcer les jeunes fiancés à assister à une messe dans le cadre de la préparation au mariage avant de leur avoir donné le temps de goûter à la communauté chrétienne.

Il est certes difficile, quand on perçoit la profondeur du mystère eucharistique de voir qu'il est inaccessible...

Mais l'urgence pastorale n'est elle pas dans la construction d'un pont viable entre une société loin de nos codes et de nos symboles et le folklore si chargé de sens de nos liturgies ?

(1) Christoph Théobald, Urgences Pastorales, Paris, Bayard, 2017, p. 97