Quelques milliers de notes et réflexions interactives sur la vie et la foi, à partir de lectures souvent théologiques et à la lumière d'un Autre... Petit "blog" catholique d'un apprenti théologien (Bac canonique), perdu dans l'immensité de la toile... (ordonné diacre en septembre 2018)...
03 mars 2017
Le trépied eucharistique
Plus qu'une question de définition, c'est l'aspect synthétique qui me semble ici intéressante.
Je découvre en même temps que mon insistance habituelle sur l'unique sacrifice du Christ est de fait trop protestante, car elle fait obstacle à la contemplation de la venue du Christ en moi, à travers le saint sacrifice de la messe.
Le trépied eucharistique est alors ici intéressant à plusieurs titres. Il me faut ensuite reconnaître que "les cérémonies, les bénédictions mystiques, les lumières et les encensements (...) soulignent la majesté d'un si grand sacrifice et [que] les esprits des fidèles seraient stimulés, par le moyen de ces signes visibles de religion et de piété, à la contemplation des choses les plus hautes qui sont cachées dans ce sacrifice(2)"
Si j'ai du mal avec l'ostentation, je dois peut-être encore me convertir pour accepter qu'il y a là une nécessaire mise à distance entre mon moi trop présent et ce Dieu qui vient à nous.
À méditer...
(1) O'Mallley, Trente, ibid. p. 234
(2) Concile de Trente p. 1493, cité par O'Malley p. 235
24 août 2016
Consumée en Dieu - Catherine de Gênes
12 septembre 2015
Cohérence sacramentelle
En lisant ce passage je me rends compte que je n'ai peut être pas assez insisté dans ma recherche sur la dynamique sacramentelle sur la figure même du Christ . Certes mon commentaire d'Éphésiens 5 insiste sur le "comme le Christ a aimé son Église", mais la formulation de Balthasar dévoile bien à quel point tout cela s'inscrit dans le plan de Dieu ...
Pour lui, la dimension trinitaire habite l'ensemble de la vie du Christ , transpire de sa Parole et de ses actes et les sacrements respirent de tout cela, sont donc à leur façon surchargés de sens. En prendre conscience nous interpelle dans notre manière même de vivre les dits sacrements.
(1) Hans Urs von Balthasar, La gloire et la Croix, op. cit. GC1 p. 170ss
22 août 2015
Marie, temple du Christ
On ne peut pas dire que je suis atteint d'une grande piété mariale au sens de la tradition populaire. Un manque d'humilité probablement... Et pourtant, la figure de Marie me travaille, non comme médiation (il n'y a qu'un seul médiateur, le Christ !), mais comme chemin. C'est probablement l'humilité de la femme qui me touche, dans la contemplation de cette vierge que l'on trouve peinte par Fra Angelico au fond d'une cellule d'un couvent de Florence. Elle se penche en avant, comme depassée par l'ampleur de ce qu'on lui demande : être temple du Christ.
N'est ce pas, à sa suite, que l'on peut tressaillir à l'idée que bien qu'indigne, nous pouvons être appelé petit temple du Christ dans l'eucharistie ?
Je découvre ce matin dans l'office de mâtines, ce bel hymne qui rend hommage au premier temple de la nouvelle alliance :
Femme voulue par Dieu
Comme une œuvre parfaite
En qui reposerait
Le don de son Amour,
Tu exultes de joie
Aux promesses de vie :
Les pauvres en ton enfant
Seront peuple de prêtres,
Fils du Très-Haut.
Femme comblée par Dieu
De sagesse et de grâce
Pour être parmi nous Reflet de sa bonté,
Tu révèles Celui Qui étanche la soif :
Le Christ a fait pour toi
Couler en abondance
Un vin nouveau.
Femme guidée par Dieu
Au désert de l'épreuve
Où manque à notre espoir
La force d'un appui,
Tu nous vois chancelants
Sous le poids de la croix :
Ta foi inébranlée
Soutient notre faiblesse
Et nous conduit.
Femme donnée par Dieu
À l'Église naissante
Qui brûle d'accueillir
Le souffle de l'Esprit,
Ton silence nous offre
Un espace de paix :
En toi nous écoutons
La source qui murmure
Au fond des cœurs.
Femme vêtue par Dieu
D'un manteau de lumière,
Quand l'ombre de la mort
S'étend sur l'univers,
Tu éclaires la voie
Du Royaume des cieux :
Servante du Seigneur,
Tu règnes dans la gloire
Avec ton Fils. (1)
À cette lumière les propos de Jean-Paul II nous donne à penser : Celui qui se nourrit du Christ dans l'eucharistie n'a pas besoin d'attendre l'au-delà pour recevoir la vie éternelle : il la possède déjà sur terre, comme prémices de la plénitude à venir" (2). Que dire de celle qui portait le Christ en son sein, habitée de Dieu, mère de Dieu, disait même les pères de l'Église.
À sa suite, contemplons ce qu'il ajoute : "L'eucharistie est vraiment un coin du ciel qui s'ouvre sur la terre. C'est un rayon de la gloire de la Jérusalem céleste, qui traverse les nuages de notre histoire et qui illumine notre chemin." (3)
(1) Source : Bréviaire, AELF, office des lectures du 22/8/15
(2) Saint Jean-Paul II (1920-2005), Encyclique « Ecclesia de Eucharistia », 18-19 (trad. © copyright Libreria Editrice Vaticana)
(3) ibid.
09 juin 2015
Dynamique sacramentelle - suite - présence réelle
C'est une idée qui conduit à un déplacement par rapport à l'affirmation de l'Eucharistie comme sacrement central, non pour le nier mais pour le mettre en perspective. Cela conforte en effet cette idée de dynamique sacramentelle qui ne met pas l'acte au centre mais cherche à voir plus loin, cette réalité foncière de l'en Christo, de la koinonia (cf. Paul).
Le même Paul ne critiquait-il pas la manière dont les premiers chrétiens ne mangeaient pas ensemble au sein même de l'eucharistie (cf. 1 Cor 11, 21ss). Ce rappelle à l'ordre et à l'unité reste valable.
07 juin 2015
Sacrement source
je te prends dans mes mains, (...)
et tu deviens
la Nuée qui dissout les ténèbres.
Mendiant du feu,
je te prends dans mes mains, (...)
et tu deviens
l'Incendie qui embrase le monde.
Mendiant d'espoir,
je te prends dans mes mains (..)
et tu deviens
le Torrent d'une vie éternelle.
Mendiant de toi,
je te prends dans mes mains, (..)
et tu deviens
le Trésor pour la joie du prodigue.
Mendiant de Dieu,
je te prends dans mes mains ; (...)
et je deviens
l'Envoyé aux mendiants de la terre.
Banquet précieux et stupéfiant, qui apporte le salut et qui est rempli de douceur ! Peut-il y avoir rien de plus précieux que ce banquet où l'on ne nous propose plus, comme dans l'ancienne Loi, de manger la chair des veaux et des boucs, mais le Christ qui est vraiment Dieu ? Y a-t-il rien de plus admirable que ce sacrement ? (...) Il est offert dans l'Église pour les vivants et pour les morts afin de profiter à tous, étant institué pour le salut de tous. Enfin, personne n'est capable d'exprimer les délices de ce sacrement, puisqu'on y goûte la douceur spirituelle à sa source et on y célèbre la mémoire de cet amour insurpassable, que le Christ a montré dans sa passion.
Il voulait que l'immensité de cet amour se grave plus profondément dans le cœur des fidèles. C'est pourquoi à la dernière Cène, après avoir célébré la Pâque avec ses disciples, lorsqu'il allait passer de ce monde à son Père, il institua ce sacrement comme le mémorial perpétuel de sa passion, l'accomplissement des anciennes préfigurations, le plus grand de tous ses miracles ; et à ceux que son absence remplirait de tristesse, il laissa ce sacrement comme réconfort incomparable." (1)
06 juin 2015
Dynamique sacramentelle - Un aller retour
(1) op. Cit. chapitre V
(2) Joie de croire, joie de vivre
07 décembre 2014
La custode
Je viens de trouver ce que je crois en être un petit extrait dans une conférence : "« Ô ! Seigneur, je le désire, que mon acceptation soit toujours plus entière, plus large, plus intense, que mon être se présente toujours plus ouvert, plus transparent à Votre influence »
Je n'ai jamais pu remettre la main sur ce texte, mais, en lisant ce texte de Benoît de Ford (1), un cistercien du 11ème siècle, je retrouve un peu cette idée : « Je suis le pain de vie, dit Jésus ; celui qui vient à moi n'aura jamais faim, celui qui croit en moi n'aura jamais soif » (Jn 6,35)... Il exprime ainsi par deux fois le rassasiement éternel où rien ne manque plus.La Sagesse dit pourtant : « Ceux qui me mangent auront encore faim, et ceux qui me boivent auront encore soif » (Si 24,21). Le Christ, qui est la Sagesse de Dieu, n'est pas mangé pour rassasier dès à présent notre désir, mais pour nous faire désirer ce rassasiement ; et plus nous goûtons sa douceur, plus notre désir en est stimulé. C'est pourquoi ceux qui le mangent auront encore faim, jusqu'à ce que vienne le rassasiement. Mais lorsque leur désir aura été comblé, ils n'auront plus faim ni soif.
Benoît de Ford, Le Sacrement de l'autel, PL 204, 690 (trad. Orval)
27 octobre 2014
Les 3 sens liturgiques - Exégèse médiévale
21 août 2014
Présence réelle
Cela ne nie pas la présence réelle dans le pain eucharistique, mais évite pour moi d'y attacher une importance démesurée. Non que l'adoration eucharistique soit un mauvais moyen de faire oraison (je la pratique aussi), mais parce que nous oublions souvent qu'en partageant le pain, nous devenons "temple du Seigneur". Alors, la place de l'eucharistie est à la fois le sommet et le départ d'une responsabilité qui nous incombe, devenir le signe visible d'une réalité aimante et pourtant cachée, celle du Christ qui "par nos mains**" rayonne de son amour.
Si nous comprenons cela, la présence réelle ne peut suffire. L'enjeu est ailleurs, dans nos vies, dans nos manières d'exercer la diaconie.
Cela dit, Teilhard, dans un beau texte nommé "la Custode" nous invite à contempler cette indicible présence qui nous échappe. On croit la tenir, dit-il en substance, et pourtant, "elle nous échappe toujours". C'est une leçon d'humilité. Nous ne sommes qu'une pâle image de cette présence. En cela, l'eucharistie devient pour nous une nourriture à renouveler. Elle pourrait être unique, mais reste pour nous une manne, tant nous sommes incapables souvent de conserver en "notre temple" ce don. En attendant cette eau qui comblera toute soif (cf. Jn 4)
* op. cit. p. 161
** Le "par nos mains" est discutable théologiquement. A-t-il besoin de nous ? Je pense que nous sommes invités à participer à sa révélation. Deux auteurs très différents que je cite de mémoire me font penser à cela :
1. Ignace d'Antioche dans sa lettre aux Romains : " Je suis le froment de Dieu"
2. Etty Hillesum : "Je vais t'aider à ne pas t'éteindre en moi. Une chose m'apparaît plus claire, ce n'est pas toi qui peux nous aider, mais nous qui pouvons t'aider, et ce faisant, nous nous aidons nous même." in, Une vie bouleversée, Journal Intime 1941-1943 et autres lettres de Westerbrock, Seuil 1995", p. 175
11 août 2014
Diaconie - II
13 septembre 2010
Des hommes et des dieux - La danse ultime
Ce qui m'a frappé dans l'avant dernière grande scène/cène de ce film c'est le loi d'une musique de ballet. Il y a dans ces hommes qui boivent un verre de vin ensemble au son d'une musique tragique la double évocation du :
a) dernier repas pascal, notamment dans le fait qu'il ne boivent que lorsque tous sont servis, vieux rituel juif repris parfois dans la symbolique de nos eucharisties
b) et d'une danse, qu'exprime le choix du lac des cygnes et les premiers pas de frère Luc...
Cela rejoint pour moi ce que j'ai cherché à traduire dans la danse trinitaire. Cette symphonie de Dieu que nous sommes invités à rejoindre... La danse est tragique mais elle est celle de ceux qui renoncent à chercher leur salut pour se joindre à la danse de Dieu vers l'homme, celle qui conduit le Christ à la croix...
12 février 2010
Le don de lui-même
imperfection innée de notre pâte humaine a été supprimée grâce au levain qui vient de son corps parfait... Pour combler ce qui manquait à ces corps humains, il a donné quelque chose de lui-même, tout comme il se donne à manger [dans l'eucharistie]. C'est par ce moyen qu'il fait disparaître les
défauts et ressuscite les morts, pour que nous puissions reconnaître que, grâce à son corps « où habite la plénitude de la divinité » (Col 2,9), les défauts de notre humanité sont comblés et que la vraie vie est donnée aux mortels par ce corps où habite la vraie vie.
Saint Ephrem (v. 306-373), diacre en Syrie, docteur de l'Église
Sermon « Sur notre Seigneur », 10-11
Source : L'Evangile au Quotidien, 4 Quai KOCH - 67000 STRASBOURG - FRANCE
18 décembre 2008
Communion
Cela fait résonner en moi l'hymne de la FICPM : "Je voudrais qu'en vous voyant vivre les gens puissent dire, voyez comme ils s'aiment"... C'est peut être un rêve, mais c'est cela que l'on peut appeler pour moi la pastorale d'engendrement.
(1) Maurice Zundel, homélie du 6 fév. 1966 (cité par Magnificat, Décembre 2006)
30 mars 2007
Eucharistie et Parole - III
(1) d'après Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, IV, Le Dénouement, Culture & Vérité, Namur 1993 p. 120
22 mars 2007
Eucharistie et parole, fleuve d'amour
"Le Fils ressuscité est terre dans le ciel, tandis que son eucharistie est ciel sur la terre" (1)
(1) Adrienne von Speyr, Isaias, p. 217 (cité par Hans Urs von Balthasar, DD IV p. 103)
18 février 2007
Le pain des Écritures
(1) Ruppert de Deutz : Commentaire de saint Jean, VI cité par Enzo Bianchi, Ecouter la parole, Les enjeux de la Lectio Divina, Lessuis 2006, p. 48
18 janvier 2007
Corps mystique
Balthasar, DD 3, ibid p.378
13 janvier 2007
Porter les souffrances...
Il met ainsi en opposition la lumière et les ténèbres. Dans son prologue, Jean montre ainsi l'irruption de la lumière dans le dernier recoin de tout se qui se cache. Il nous reste ou bien à nous abandonner à la lumière ou bien à se fermer plus profondément encore.
Et si "les stigmates" que nous portons dans la chair (Ga 6,27 ou Col 1,24) était aussi proximité et distance. Si le coeur ouvert du Christ nous apparaissait comme la source intarissable de l'amour qui se déverse en nous, à côtés de nous, en dépit de nous, et que nous avons à charge de répandre, de porter plus loin que nos Souffrances et nos joies.
N'est-ce pas là la bonne nouvelle de l'Eucharistie, au delà du signe élevé de la croix.
(1) Urs von Balthasar, Dramatique Divine, III, p.358
22 avril 2006
Communion ou adhésion au Christ
Je pense que nonobstant mon introduction, il a foncièrement raison. En même temps, je veux réaffirmer que s'il n'est pas en communion, il ne peut être véritablement en Christ... Il y a donc une tension entre ces deux affirmations qui rejoignent ce que nous notions sur un besoin de cohérence. C'est dans la cohérence de notre adhésion personnelle au Christ et ce qu'elle génère en nous d'ouverture et d'amour que la présence du Christ est pour moi véritablement possible. Et c'est pourquoi j'apprécie ce que dit Balthasar deux pages plus loin : " Celui qui demeure dans le rapport de foi à Jésus et à sa relation avec le Père demeurera logiquement dans le rapport d'amour avec ses frères dans la foi."
(1) Urs von Balthasar, ibid DD 2,2 p. 357-9