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16 avril 2019

La chambre haute - Edith Stein

La chambre la plus intime de l'âme humaine 
Est le séjour favori de la Trinité
Son trône céleste sur la terre. (1)
"Le Seigneur est ma chambre haute" écrit Etty Hillesum sur une carte postale, alors que le convoi l'emmène vers l'extermination.
"Dieu est bien en nous, toute la Trinité sainte. Si nous apprenons seulement à construire à l'intérieur de nous, une cellule bien scellée et à nous y retirer aussi souvent que possible, rien ne peut nous manquer, en quelque endroit du monde que nous soyons." (2)
"Aucun de nous n'arrive jamais à pénétrer totalement dans son fond intime (...) la liberté de l'esprit est plénitude (3)

(1) Edith Stein, Je demeure parmi vous. Source. Œuvres spirituelles Ad solem- Cerf, 1998, p. 327-334. François Marxer, Au péril de la Nuit, Femmes mystiques du XXeme siècle, Paris, Cerf, 2017, p. 259
(2) Ibid. lettre du 20/19/38
(3) François Marxer, Au péril de la Nuit, Femmes mystiques du XXeme siècle, Paris, Cerf, 2017, p. 261

09 avril 2019

Prologue 2

Qu'est-ce que cette mansarde ? Où nous conduit le rejet brutal que relate Simone Weil dans son Prologue. Est-ce «la foi obscure ? Cette obstination ne serait-elle pas la trace de cette présence que Simone aurait sentie et qui, parce qu'elle est « inaccessible et au sens et à l'imagination », ne peut être saisie (pensée) que grâce à la simple approximation  de l'analogie qu'en offre « le plus tendre souvenir d'être aimé ? » (…) Simone convoque d'un coup toute la tradition mystique de la nuit : ce « fond »cher à Maître Eckhart et à l'école rhéno-flamande ; ce point passionnément recherché par Pétrarque, exploré par Jean de la Croix, centre de gravité, centre de l'âme. (1)

(1) François Marxer, Au péril de la Nuit, Femmes mystiques du XXeme siècle, Paris, Cerf, 2017, p. 209

Prologue - Simone Weil

Comme le précise François Marxer, un texte a visiblement beaucoup  inspiré Simone Weil dans sa conversion :
« Amour m'a dit d'entrer, mon âme a reculé 
Pleine de poussière et péché.
Mais amour aux yeux vifs, en me voyant faiblir, 
De plus en plus, le seuil passé, 
Se rapprocha de moi et doucement s'enquit
Si quelque chose me manquait.

Un hôte, répondis-je, digne d'être ici.
Or, dit Amour, ce sera toi.
Moi, le sans-cœur, le très ingrat ? Oh mon aimé,
Je ne puis pas te regarder. 
Amour en souriant prit ma main il me dit :
Qui est donc fit les yeux sinon moi ?

Oui, mais j'ai souillé les miens, Seigneur.
Que ma honte s'en aille où elle a mérité.
Ne sais tu pas, dit Amour, qui a porté la faute ?
Lors, mon aimé, je veux servir.
Assieds toi, dit Amour, goûte ma nourriture.
Ainsi j'ai pris place et mangé. (1)

Ce poème mérite qu'on s'y arrête effectivement. Mais le plus surprenant nous dit F. Marxer c'est qu'il la conduit beaucoup plus loin, dans une juxtaposition créatrice et libérante entre joie et malheur, présence et silence jusqu'à cet étonnant Prologue que je vous invite à méditer :

« Il entra dans ma chambre et dit : « Misérable qui ne comprend rien, qui ne sait rien. Viens avec moi et je t'enseignerai des choses dont tu ne te doutes pas ». Je le suivis. Il m'emmena dans une église. Elle était neuve et laide. Il me conduisit en face de l'autel et me dit : « Agenouille-toi. » Je lui dis. « Je n'ai pas été baptisé. » Il dit : « Tombe à genoux devant ce lieu avec amour comme devant le lieu où existe la vérité. » J'obéis.
Il me fit sortir et monter jusqu'à une mansarde  d'où l'on voyait par la fenêtre ouverte toute la ville, quelques échafaudages de bois, le fleuve où l'on déchargeait des bateaux. Il me fit asseoir.
Nous étions seuls. Il parla. Parfois quelqu'un entrait, se mêlait à la conversation, puis partait. 
Ce n'était plus l'hiver. Ce n'était pas encore le printemps. Les branches des arbres étaient nues, sans bourgeons, dans un air froid et plein de soleil.
La lumière montait, resplendissait, diminuait, puis les étoiles et la lune entraient par la fenêtre. Puis de nouveau l'aurore montait.
Parfois il se taisait, tirait d'un placard un pain, et nous le partagions. Ce pain avait vraiment le goût du pain. Je n'ai jamais plus retrouvé ce goût. Il me versait ce verset du vin qui avait le goût du soleil et de la terre où était bâtie cette cité.
Parfois nous étendions sur le plancher de la mansarde, et la douceur du sommeil descendait sur moi. Puis je me réveillais et je buvais la lumière du soleil.
Il m'avait promis un enseignement, mais il ne m'enseigna rien. Nous causions de toutes sortes de choses, à bâtons rompus, comme font de vieux amis.
Un jour il me dit : « Maintenant va-t'en. » Je tombait à genoux, j'embrassai ces jambes, je le suppliai de ne pas me chasser. Mais il me jeta dans l'escalier. Je le descendis sans rien savoir, le cœur comme en morceaux. Je marchai dans les rues. Puis je m'aperçus que je ne savais pas du tout où se trouvait cette maison.
Je n'ai jamais essayé de la retrouver. Je comprenais qu'il était venu me chercher par erreur. Ma place n'était pas dans cette mansarde. Elle est n'importe où, dans un cachot de prison, dans un de ces salons bourgeois plein de bibelots et de peluches rouges, dans une salle d'attente de gare. N'importe où mais pas dans cette mansarde.
Je ne peux pas m'empêcher quelquefois, avec crainte et remords, de me répéter un peu de ce qu'il m'a dit. Comment savoir si je me rappelle exactement ? Il n'est pas là pour me le dire.
Je sais bien qu'il ne m'aime pas. Comment pourrait-il m'aimer ? Et pourtant au fond de moi quelque chose, un point de moi-même, ne peut pas s'empêcher de penser en tremblant de peur que peut-être, malgré tout il m'aime ».(2)

Qu'en est-il ? Une fable ? Une histoire intemporelle ? Ceux qui ont eu la joie de lire le livre longtemps cité ici de François Cassingena-Trévédy (Pour toi quand tu pries) auront-ils peut-être comme moi cette clé particulière d'interprétation qui voit dans « la mansarde » l'évocation de la chambre intérieure où Dieu se glisse et nous séduit avant de laisser en nous pleine liberté et responsabilité. Notre auteur ne pense pas différemment : «  Prologue est une fable, une fable mystique, authentiquement, qui fait parler, qui déverrouille et engendre notre parole à nous, lecteurs, car loin d'être un témoignage autobiographique de Simone - avez-vous remarqué le : « je ne suis pas baptisé… » au masculin, neutralisé en quelque sorte ? – Cette fable, en faisant jouer les facettes des symboles, me révèle, dans la condensation de cette trajectoire, les profondeurs et les abîmes, joie et malheur mêlés, de ma destinée, de tout destinée humaine ». (3)

(1) George Herbert, Love, traduction de J. Mambrino, cité par François Marxer, Au péril de la Nuit, Femmes mystiques du XXeme siècle, Paris, Cerf, 2017, p. 194
(2) Simone Weil, Prologue, Œuvres p. 806-807, cité par Marxer, ibid. p. 200sq
(3) Marxer, ibid. p. 202

15 mars 2019

Beauté du monde et séduction divine - Gerard Manley Hopkins

"Dieu s'empare de l'âme en deux opérations. D'abord par le piège de la beauté, il l'enlève par surprise et pure violence, tout à fait malgré elle et sans qu'elle sache où elle va ; puis par un mélange de surprise, de contrainte et de séduction, il lui arrache son consentement en lui faisant goûter un instant la joie divine. Alors elle est prise pour toujours" (1)

Ce texte cité par François Marxer (2) est interpellant à bien des égards. Même s'il l'utilise pour décrire la conversion de Simone Weil, la notion de violence de Dieu peut déranger. Mais qu'est-ce à dire si ce n'est un arrachement de notre paresse et de notre quiétude stérile ? Dieu nous fait violence car notre nature nous fait fuir, à la manière de Jonas, l'appel incessant de l'où es-tu de Dieu (Gn 3). La séduction de Dieu n'est pas celle du serpent. Elle utilise d'autres armes, celle de la Vérité, de la grandeur d'âme et de cet appel intérieur qui fait jaillir en nous l'amour enfoui.

(1) Gerard Manley Hopkins, Cahier VIII, dans OC VI, Paris, Gallimard, 2002, p. 59
(2) Au péril de la Nuit, Femmes mystiques du XXeme siècle, Paris, Cerf, 2017, p. 172

La sainteté de tous les jours - Marxer, Bremond, pape François


Qu'est-ce qui touche le coeur de l'homme ? Certainement pas les grands discours ou une morale exhortative. Comme le suggère Daniele Hervieu Léger, ce matin sur RND il y a des émotions qui nous touchent au coeur, réveille notre humanité, signe fragile d'un amour discret.

"La sainteté s'est toujours cachée (...) la sainteté de tous les jours (...) que nous frôlons au passage, celle qui nous a souri et tendu la main, celle dont le prêtre le plus imparfait a reçu, en rougissant, les confidences, celle enfin qui parfois peut-être, à l'heure où toutes les apologétiques semblent vaines, nous a rendu la foi aux réalités invisibles et à la présence de Dieu" (1).
"De cette sainteté discrète, Thérèse [de Lisieux] n'offre-t-elle pas l'épiphanie exemplaire?" (2)

Il faut relire les premiers paragraphes d'Exultate et Gaudete pour sentir que cette sainteté est aussi notre chemin, fragile et unique à chacun. Il n'est pas dans l'imitation mais dans une réponse adaptée à l'appel qui nous est fait, dans l'aujourd'hui de nos vies : "Seigneur demande tout ; et ce qu'il offre est la vraie vie, le bonheur pour lequel nous avons été créés. Il veut que nous soyons saints et il n'attend pas de nous que nous nous contentions d'une existence médiocre, édulcorée, sans consistance. En réalité, dès les premières pages de la Bible, il y a, sous diverses formes, l'appel à la sainteté. Voici comment le Seigneur le proposait à Abraham : « Marche en ma présence et sois parfait » (Gn 17, 1)" (3) (...) 

7. "Dans cette constance à aller de l'avant chaque jour, je vois la sainteté de l'Église militante. C'est cela, souvent, la sainteté ''de la porte d'à côté'', de ceux qui vivent proches de nous et sont un reflet de la présence de Dieu, ou, pour employer une autre expression, ''la classe moyenne de la sainteté''.

8. Laissons-nous encourager par les signes de sainteté que le Seigneur nous offre à travers les membres les plus humbles de ce peuple qui « participe aussi de la fonction prophétique du Christ ; il répand son vivant témoignage avant tout par une vie de foi et de charité ». Pensons, comme nous le suggère sainte Thérèse Bénédicte de la Croix, que par l'intermédiaire de beaucoup d'entre eux se construit la vraie histoire : « Dans la nuit la plus obscure surgissent les plus grandes figures de prophètes et de saints". (4)

"Pour un chrétien, il n'est pas possible de penser à sa propre mission sur terre sans la concevoir comme un chemin de sainteté, car « voici quelle est la volonté de Dieu : c'est votre sanctification » (1 Th 4, 3). Chaque saint est une mission ; il est un projet du Père pour refléter et incarner, à un moment déterminé de l'histoire, un aspect de l'Évangile."(5)

Chaque chemin est unique.

(1) Abbé Bremond, cité par François Marxer, Au péril de la Nuit, Femmes mystiques du XXeme siècle, Paris, Cerf, 2017, p. 155
(2) François Marxer, ibid. p. 156
3) Pape François, Gaudete et Exultate (GE) n.1
(4) GE n. 7 et 8
(5) GE n. 19

14 mars 2019

L’office pour l’enfant mort - Marie Noël - kénose 148



Il y a des morts que l'on ne peut excuser, des souffrances impossibles à concilier, des silences que l'on ne peut comprendre.
Marie Noël est de ces femmes qui touchent à l'indicible et l'inconnaissable, à ce Dieu qui semble absent. Cette déréliction est celle du Golgotha, celle d'un Dieu qui ne répond plus. Que la kénose du Fils soit allée jusque là ne donne qu'une réponse partielle au mystère. Ce chemin qui laisse Dieu être au delà de nos souffrances nous avons à le trouver, au fond de nous-mêmes. Personne ne peut nous l'imposer, c'est le jeûne du samedi saint, le silence où tout est cri :

« Office pour l'enfant mort"
L'enfant frêle qui m'était né,
Tantôt nous l'avons promené
L'avons sorti de la maison
Au gai soleil de la saison ;
(...) 
A l'église ont pris soin de lui.
C'est le bedeau qui l'a bordé
Dans son drap blanc d'argent brodé.
Le fossoyeur qui l'a couché
Dans un berceau très creux, très bas,
Pour que le vent n'y souffle pas
(...) 
Allez-vous en ! Allez-vous en !
La sombre heure arrive à présent.
(...) 
Rentrez chez vous et grand merci !...
Mais il faut que je reste ici.
Avec le mien j'attends le soir,
J'attends le froid, j'attends le noir.
Car j'ai peur que ce lit profond
Ne soit pas sûr, ne soit pas bon.
Et j'attends dans l'ombre, j'attends
Pour savoir... s'il pleure dedans.

Poème de Marie-Noël

Que peut-on ajouter sans casser ce processus de deuil, ce cri nécessaire qui seul permet à l'homme de traverser le mal et de trouver son chemin intérieur jusqu'à l'amour plus grand que le mal ?

“Pas de théodicée explicative, pas de justification, mais la brutalité des faits, la facticité brute, l’impréhensible énigme : (...) Marie Noël se tient sur le seuil de l’impénétrable Mystère” (1)

(1) François Marxer, Au péril de la Nuit, Femmes mystiques du XXeme siècle, Paris, Cerf, 2017, p. 129

05 mars 2019

L’amour est en toi - 29 - Marie Noël

Une nouvelle stèle dans ma série sur l'amour en toi que cette petite méditation de la poétesse Marie Noël qui se souvient de sa première communion : « J'avais reçu le pain, j'étais revenu à ma place, j'étais sous mon voile avec Dieu. C'était… C'était ce qui devait être depuis le commencement qui n'avait jamais été… Quelqu'un… Quelqu'un à moi, de plus à moi que tous ceux de ma famille… Quelqu'un qui m'aimait… Quelqu'un que j'aimais. J'avais presque oublié que c'était Dieu. Mais bientôt je m'en souvins et je lui fis ma prière. Il pouvait tout. Il était là. Je lui demandai de mourir ».(1)

La demande, surprenante est liée à cette nuit obscure qui l'habitera. Pourtant à la lumière de Jn 3 elle peut aussi être un appel à une nouvelle naissance.


(1) Marie Noël, citée par François Marxer, Au péril de la Nuit, Femmes mystiques du XXeme siècle, Paris, Cerf, 2017, p. 109

02 mars 2019

Kénose de Thérèse — F. Marxer

Une belle analyse de F. Marxer que cette compilation des phrases de Thérèse de Lisieux qui fait ressortir un mouvement kénotique (cf. Ph 2) chez la petite sainte et docteur de l'Église :
« Comme Madeleine se baissant toujours auprès du tombeau vide finit par trouver ce qu'elle cherchait, elle s'est abaissée « jusque dans les profondeurs de [son] néant », pour être saisie [cf. Ph. 3], « joie délirante », éblouissement d'un instant : « (...) dans le coeur de l'Église, ma mère, je serai l'amour... ainsi je serai tout... ainsi mon rêve sera réalisé !!!... »

(1) François Marxer, Au péril de la Nuit, Femmes mystiques du XXeme siècle, Paris, Cerf, 2017, p.85

27 février 2019

Nuit obscure - 2 - François Marxer

Nouvelle méditation à la suite de l'excellent ouvrage de François Marxer, Au péril de la Nuit.

L'auteur nous conduit à une traversée profonde de nos nuits spirituelles à la suite des grandes mystiques du XXeme siècle à commencer par la petite Thérèse qui veut rejoindre le Christ dans sa joie simple et se trouve plongée dans les profondeurs de l'obscurité. Un chemin intérieur qui traverse l'orant au delà des réflexions et des sagesses du monde jusque dans la kénose du Fils.

"L'effacement de Jésus complete sa propre image : il se fait, devant les tout-petits, plus infime, s'il est possible, qu'eux tous, en disparaissant dans la louange dont ils sont le contenu. Il occupe ainsi sa véritable place. Cette extase est complète à la croix(1)"

L'humilité n'est pas dans la négation de soi même ou une fausse modestie, mais dans l'agenouillement devant celui qui s'est anéanti pour nous redonner vie.

«Amen, amen, je vous le dis, si le grain de blé ne tombe en terre et ne meurt, il demeure seul; mais s'il meurt, il porte beaucoup de fruit.»
‭(Jean‬ ‭12:24‬ ‭NBS‬‬)

Il nous faut "naître à nouveau" (cf. Jean 3).

Notre agenouillement devant Dieu nous porte, à sa suite, "à genoux devant l'homme" (2) pour voir en lui la trace de ce que Dieu a semé de bon et de grand.
L’effacement (..) ce n’est pas ambitionner la nudité de l’être (...) mais aimer à perte de vue” (3)
Je suis parti pour évangéliser la périphérie et c'est la périphérie qui me convertit, comme ce jeune pompier volontaire, rencontré samedi qui me donne une leçon de dévouement et d'abnégation. Même s'il ne confesse pas le Christ il est semence du Verbe.

Quel est l’enjeu du voyage ? Peut-être cette “vertu d’humilité (...) qui creuse en elle la profondeur de Dieu fait homme” qui cache l’éclat de sa divinité - ténèbre - dans cette pauvreté de l’humain que par amour il aura voulu devenir: laquelle profondeur est si grande que (...) la raison defaille, obscurité. (4)

(1) Paul Beauchamp, Le récit, La lettre et le Corps, Essais bibliques, Paris, Cerf, 1982, p. 99, cité par François Marxer, Au péril de la Nuit, Femmes mystiques du XXeme siècle, Paris, Cerf, 2017
(2) cf. mon livre éponyme.
(3) F. Marxer, ibid. p. 68.
(4) p. 69

26 août 2015

Paternité spirituelle - le progrès des âmes

‎J'aime ces correspondances de lecture entre les méditations trouvées plus haut sur la "paternité spirituelle" dans le BSS et ce que je trouve, deux jours plus tard  dans le " journal de l'âme", où Jean XXIII rappelle les phrases prononcées lors de son ordination épiscopale : "Qu'il trouve son avantage spirituel dans le progrès de tous" (1)
On rejoint ce que Marxer disait aussi de Charles de Condren sur l'autorité au service d'une fécondité spirituelle.  La fonction de l 'épiscope (surveillant) y gagne en légitimité. 

(1) Sacre d'un évêque, Pontifical romain cité par Jean XXIII op. Cit p. 386

20 août 2015

Le grand écart - Charles de Condren

‎Je poursuis la lecture de l'excellent article de mon ancien conseiller spirituel sur Charles de Condren dont il vante l'humilité et le pluralisme théologique. Il note chez ce dernier une insistance sur la "théologie de l'instant présent", une "théologie de la sanctification du temps qui s'accompagne d'une prudente pédagogie de la progressivité, qui évitera toute désertion" (1). Il souligne chez cet ancien supérieur général de l'Oratoire (autour de 1634-1640) le désir de "s'abandonner à Dieu même pour la Croix, de pâtir et de mourir à nous et au monde présent pour entrer en la perfection et en la vertu de la résurrection comme Jésus Christ y est entré" (2)
François Marxer y souligne que "l'être y réalise son unité en s'excédant lui-même (..) en même temps que se consomme (...) l'écart entre une extériorité‎ institutionnelle et une intériorité mystique" (3).
Tout un programme ! 

(1) F. Marxer, op Cit p. 144 et 146
(2) Lettre 108, ‎op Cit p .140
(3) François Marxer, op. Cit p. 148

Autoritarisme

J'apprécie cette "pépite" kénotique de Condren : "Je n'ai accepté ‎l'autorité que pour y faire encore moins ma volonté que celle des autres" (1)

(1) Lettres de Charles de Condren, Cerf, 1943, cité par François Marxer, Intelligence de l'histoire et patience du discernement : l'héritage de Charles de Condren, in Bulletin de Saint Sulpice, n. 37-38, 2011-2012, p. 149