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27 juillet 2016

Au service de l'homme

Toujours à la recherche de pépites je ne peux que reproduire cette citation qui fait écho à cette belle image longuement commenté de Bonaventure, qui voit l'homme tenant une misérable amphore au milieu du fleuve de l'amour divin(1). Ici Jean de Ruysbroeck va plus loin :‎ "Dieu s'est mis humblement au service de l'homme, si courtoisement et fidèlement que le chrétien se sent toujours loin derrière Dieu pour la vénération et le service" (2). 

On s'approche là de la danse kénotique de Dieu vers l'homme, dont on retrouve des accents chez J. Moingt.

L'accent trinitaire est aussi présent puisque l'auteur évoque au delà du Christ offert "cette lumière éclatante et incompréhensible : auguste Trinité" qui investit de tout son éclat et aveugle tout oeil humain, tellement elle est insondable"  (...) tout "revigorant l'homme" (3) de sa présence. 
Élan mystique ? Consolation ? Je pencherai pour une simple contemplation de la grâce divine, qui survient quand on ne l'attend pas et donne à l'homme la force d'agir.

(1) cf GC2 et mon livre éponyme.
(2) Jean de Ruysbroeck, L'ornement des oeuvres spirituelles, I, 12, cité par Hans Urs von Balthasar, GC7 p. 139
(3) ibid.


28 mai 2016

Pierres pécheresses

"Une Église qui ne serait que le corps du Christ  c'est à dire en tout que l'expression de sa force vivifiante et en rien celle de la résistance à cette force (...) serait contradictoire, du fait qu'elle n'aurait plus besoin de" s'amender et d'humilité. L'Église reste  pécheresse. "Elle doit croire à l'image de l'obscurité mais aussi la contempler (...) pour qu'elle puisse être transformée en cette même image (2Co 3, 18) par la force spirituelle qui en émane" (1) 
Je retrouve dans ces pages de Balthasar des éléments développés dans ‎mes deux derniers tomes de Humilité et miséricorde, mais aussi dans "Cette Église que je cherche à aimer" à la suite des travaux de Kung, Moltmann et de Moingt.

(1) Hans Urs von Balthasar,  Gc1, p. 441ss.

11 juillet 2015

Une foi inexplicable 2

Si l'on poursuit le cheminement de Balthasar, il y a cependant, à partir du vide (1) (Masure, mais aussi à mon avis J.Moingt) un chemin possible, une succession d'épiphanies et de signes qui laissent transparaître la "rectitude lumineuse" (2) d'une tendance, ce que j'appellerai à la suite de Lévinas le bruit d'un fin silence, qui au coeur de l'homme trace un chemin vers l'ouvert. Balthasar parle ici du "beau". Mais est-ce forcément le beau, je préfère quand il parle de Figure, à moins de qualifier de "Beau" ce qui n'est pas forcèment esthétique aux yeux des hommes mais "sublime", "surnaturel" voire "kénotique", c'est-à-dire ce qui dépasse l'humainement accessible au sens de Mat 19, ce qui dévoile sans imposer l'agapè véritable. Suis-je clair ? Probablement plus en parlant de la Croix, dont la beauté n'est pas esthétique mais surnaturelle, en ce qu'elle dévoile le jusqu'au bout de Dieu.

(1) Il cite Blondel et Masure à propos de la "place vide" p. 125
(2) GC1 op. Cit. p. 127

08 juillet 2015

Foi et raison

Il est intéressant de noter que Balthasar parle de circumincession entre foi et raison. Je ne connaissais le terme que dans le long developpement d'Emmanuel Durand sur la trinité (terme que j'ai traduit par danse). Ici Balthasar développe son idée à propos de la foi du simple, qui dit-il, "ne peut être qu'une foi d'autorité (qui est tout d'abord obéissance à la prédication éclésiale)". Il la distingue "du chrétien qui s'efforce énergiquement de s'approprier intérieurement ce qu'il croit" (1)

C'est dans ce passage que la circumincession prend, à mon avis de l'intérêt, en ce que le rapport entre foi et compréhension n'est pas à sens unique. La foi du charbonnier ne peut être regardée avec dédain. Elle est une des portes d'entrée à Dieu. Ce que l'on note, de plus en plus dans nos églises, c'est que nous quittons de plus en plus des fois "sociales", subies. Le besoin de comprendre, quand il est suscité, interagit avec la foi, la stimule, provoque de nouvelles interrogations, purifie l'acte de croire. Elle peut conduire au doute, mais ce dernier est aussi le chemin d'un plus grand questionnement, d'une quête de l'essentiel.

On rejoint ce que je notais chez Moingt, à propos de "l'Evangile sauvera l'Eglise". La lecture de l'Evangile est une danse qui interpelle à la fois foi et raison...

(1) GC1 op. Cit. p. 113 et 114


09 octobre 2014

Jésus un juif laïc


Après une étude qui doit en fâcher certains sur les origines du Christ, John P. Meier enchaîne sur la question " Jésus était-il marié ?" et conclut contre Phipps que cette thèse est sans fondement. On a eu chaud. Cela donne une vision très "sitz im Leben" de l'histoire des eunuques pour le royaume de Matthieu. Ce que le laïc que je suis ne peux s'empêcher de souligner c'est que Jésus était le premier laïc de l'église... laïc célibataire certes.
Comme quoi il faut de tout pour faire avancer le royaume.

Il est d'ailleurs intéressant de noter p. 220 que notre habitude de considérer Jésus comme prêtre est un hapax (seule mention du NT) qui nous vient d'un texte tardif, en l'occurrence Hébreux 7, mais que l'auteur de l'épître précise en 8, 4 que s'il était sur terre, il ne serait même pas prêtre. Autant pour ceux qui s'attachent peut-être trop à un ritualisme sous couvert d'imitation christique. On rejoint ici des propos croisés chez Moingt sur cette église non ritualiste des premiers temps.


Dois-je rappeler ici mes conclusions sur la diaconie reprise en bonus dans Chemins d'Eglise.
Le chemin pastoral adéquat n'est peut être pas celui qui passe par l'absolutisme des rites. Mais celui qui met ceux ci éventuellement au service de tous nos chemins d'humanité vers une communion véritable.

Contempler le chemin laïc du Christ montre qu'il n'a jamais passé par une stricte obéissance aux rites au grand dam des Pharisiens. Il a toujours mis la charité au premier plan.

05 septembre 2014

L'amour n'est pas naturel

"L'amour n'est pas naturel (...) c'est une leçon d'humanité (...) que nous avons à apprendre de Dieu en comprenant qu'il est la source de l'amour qui est en nous. L'amour n'est vraiment pas naturel, surtout quand il exige de passer par la croix, de se faire le serviteur des autres, de n'importe qui.*"

Cette citation renvoie pour moi à ce que l'un de mes amis prêtres a considéré comme "osé" ; le titre de mon livre : "A genoux devant l'homme". Que le fils de Dieu s'agenouille devant l'homme, est-il seulement osé ? Il me semble que c'est la clé de voûte de l'ensemble.

!* J Moingt, l’Évangile sauvera l'Église, op. cit. p. 254

21 août 2014

Présence réelle

Un thème nouveau apporté par J. Moingt dans son livre est l'invitation à faire "des célébrations domestiques" dans le cadre de communauté en absence de prêtre. Cette vision presque futuriste mais pas dénouée de bon sens conduit un de ses auditeurs à poser la question de la réalité d'une présence réelle dans un pain partagé dans ce cadre.
La réponse qui rejoint une discussion familiale récente un peu houleuse, m'inspire ce commentaire.
J. Moingt note, et je le rejoins là dessus que "C'est par la foi que nous recevons le corps du Christ dans le partage du pain.*"
Cela ne nie pas la présence réelle dans le pain eucharistique, mais évite pour moi d'y attacher une importance démesurée. Non que l'adoration eucharistique soit un mauvais moyen de faire oraison (je la pratique aussi), mais parce que nous oublions souvent qu'en partageant le pain, nous devenons "temple du Seigneur". Alors, la place de l'eucharistie est à la fois le sommet et le départ d'une responsabilité qui nous incombe, devenir le signe visible d'une réalité aimante et pourtant cachée, celle du Christ qui "par nos mains**" rayonne de son amour.
Si nous comprenons cela, la présence réelle ne peut suffire. L'enjeu est ailleurs, dans nos vies, dans nos manières d'exercer la diaconie.
Cela dit, Teilhard, dans un beau texte nommé "la Custode" nous invite à contempler cette indicible présence qui nous échappe. On croit la tenir, dit-il en substance, et pourtant, "elle nous échappe toujours". C'est une leçon d'humilité. Nous ne sommes qu'une pâle image de cette présence. En cela, l'eucharistie devient pour nous une nourriture à renouveler.  Elle pourrait être unique, mais reste pour nous une manne, tant nous sommes incapables souvent de conserver en "notre temple" ce don. En attendant cette eau qui comblera toute soif (cf. Jn 4)

* op. cit. p. 161
** Le "par nos mains" est discutable théologiquement. A-t-il besoin de nous ? Je pense que nous sommes invités à participer à sa révélation. Deux auteurs très différents que je cite de mémoire me font penser à cela :
1. Ignace d'Antioche dans sa lettre aux Romains : " Je suis le froment de Dieu"
2. Etty Hillesum : "Je vais t'aider à ne pas t'éteindre en moi. Une chose m'apparaît plus claire, ce n'est pas toi qui peux nous aider, mais nous qui pouvons t'aider, et ce faisant, nous nous aidons nous même." in, Une vie bouleversée, Journal Intime 1941-1943 et autres lettres de Westerbrock, Seuil 1995", p. 175

20 août 2014

Le processus d'émancipation de l'homme

Commentant ce qu'on appelle la sécularisation, c'est à dire cette désaffection de nos églises, J. Moingt cite Bonhoeffer en écrivant : "C'est peut être le plan de Dieu de vouloir que l'homme s'émancipe même à son égard.*"

Cette phrase et le passage qui suit souligne le lent processus qui depuis les Lumières conduit notre société à s'affranchir de la religion comme rite et autorité sur les coeurs. Ce qui m'intéresse dans l'approche de Moingt, c'est qu'il regarde tout cela d'un oeil positif, distinguant une religion qui nous met sous la coupe d'une autorité morale coercitive du mouvement intérieur qui cherche à faire de l'homme un être responsable de ses actes, libre devant Dieu.

Bien sûr, beaucoup trouverons qu'il y a là recul. Ce qui m'intéresse, c'est pourtant que cette liberté est un choix qui fait grandir. Déjà, dans le texte de lundi (Mat 19, 21), on lisait ce "Si tu veux" chez Matthieu, commenté ainsi par Clément d'Alexandrie : " Ce mot « si tu veux » montre admirablement la liberté du jeune homme ; il ne tient qu’à lui de choisir, il est maître de sa décision. Mais c’est Dieu qui donne, parce qu’il est le Seigneur. Il donne à tous ceux qui désirent et y emploient toute leur ardeur et prient, afin que le salut soit leur propre choix. Ennemi de la violence, Dieu ne contraint personne, mais il tend la grâce à ceux qui la cherchent, l’offre à ceux qui la demandent, ouvre à ceux qui frappent (Mt 7,7).**"

L'homme peut dépasser la morale imposée pour faire le choix de Jésus. Un choix que Lévinas décrit comme an-arche : avant tout commandement. Un choix qui est la réponse à l'appel de Dieu à tout homme, à cet "Où es tu ?" de Gn 3, posé au jardin après la chute.

Je suis là. Je réponds à ton amour par l'amour.

La vraie liberté est celle de l'homme qui devient écoutant et réponds ce "Me voici" ! non parce qu'on lui dit de répondre, mais parce qu'il a en lui un désir, qu'il est à l'écoute de ce que Blondel appelle la "crypte intérieure" ou de ce que Rahner appelle l'attention à l'autocommunication de Dieu.

Bien sûr, ce choix personnel a ses limites. Mais c'est le début d'un acte de foi qui permettra ensuite de prendre conscience que la Parole de Dieu mérite d'être partagée, vécu en communion et nourrie par l'eucharistie. En respectant la liberté de l'homme, on l'ouvre à la découverte d'une foi partagée.

* Joseph Moingt, L'évangile sauvera l'Eglise, op. cit. p. 131
** Source : http://levangileauquotidien.org/M/FR/

19 août 2014

Diaconie VII - Philanthropie de Dieu et diaconie de l'Église


Le message à porter au monde nous dit Moingt* est la "révélation de la philanthropie de Dieu ". Un message, précise-t-il qu'il faut plutôt mettre en "oeuvre et en image, en paraboles comme le faisait Jésus". N'est ce pas la encore un appel à la diaconie et au service.

Je citais dans mon post précédent un extrait des notes de Congar au Concile. On trouve plus loin, dans le même livre une phrase qui m'a aussi marqué : "Dieu m’a amené à la servir et à servir les hommes à partir de lui et pour lui, surtout par la voie des idées. J’ai été amené à une vie solitaire, très vouée à la parole et au papier. C’est ma part dans le plan d’amour. Mais je veux m’y engager aussi de cœur et de vie et que ce service d’idées lui même soit un service des hommes."

Servir l'humain... Quel que soit soit sa forme, sa visibilité, l'essentiel est peut être l'essentiel en ce qu'il rayonne à sa manière de la philanthropie de Dieu.

N'est-ce pas d'ailleurs ce que le monde retient de plus beau à travers les gestes désintéressés des Soeurs Téresa, Emmanuelle ou d'un abbé Pierre ou Ceyras comme d'un Jean Vannier. Si ce service de l'humain est le seul message qui passe, n'est-ce pas en sa manière d'être "à genoux devant l'homme".

Poursuivons avec Congar : "Quand on regarde vivre l'Église, (...) ce qu'elle est et porte en elle (...) Il y a là, de sa part, dans les formes mineures au moins de son sacerdoce, de son prophétisme, l'exercice d'une forme de royauté, non d'autorité et de puissance — elle ne l'a pas — mais d'influence et de service, qui répond à sa véritable situation par rapport au monde. Car on peut dire qu'elle en a la responsabilité (...)". Le dominicain cite à ce sujet précise que "l'Eglise a [notamment] dans ce cadre véritablement le nom de semence ou cellule germinale du Royaume qu'aiment à lui donner en particulier les théologiens de langue allemande (Keimzelle)****".

Ce que saint Justin appellait les spermatikos logos ne sont-ils pas ces germes d'amour qui en scintillant de l'amour humain véritable deviennent signes de la philanthropie de Dieu.

* J. Moingt, L'Évangile sauvera l'Église, op. cit p. 121
** Yves Congar, Mon Journal du Concile I, 1960-63, Cerf, Paris, 2002, op. cit. p. 384
*** Yves Congar, Jalons pour une théologie du laïcat, Cerf 1953, p. 133
**** ibid. p. 134 et sa note où il cite le livre de H. André, Die Kirche als Keimzelle der Weltgöttlichung (Leipzig, 1920)

17 août 2014

Moingt VII - Rite et prière

Mes propos sur le primat de la charité sur le rite doivent être d'autant plus tempérés par une réflexion approfondie sur le sens même de la liturgie et au fond de l'acte commun sur notre propre lien avec la prière.  J. Moingt nous aide sur ce plan en insistant sur la prière non pas vue comme un rite mais comme, plus fondamentalement, comme une "interrogation de l'homme sur lui-même,  (...) une recherche du sens, (...) une respiration de l'âme*". 
Vue sous cet angle essentiel, la notion sous-jacente de tension entre liturgie et charité s'entend comme une danse entre amour et prière,  entre action et contemplation,  entre les pas de Marthe et ceux de Marie...

J. Moingt,  op. Cit, p. 99

31 juillet 2014

J. Moingt - VI - dérapage autoritaire

J'ai eu beaucoup de "chaudes" discussions avec des chrétiens soucieux de me rappeller que Jésus parlait avec autorité,  alors que je tentais de mettre en avant mon concept de Dieu de faiblesse. Et pourtant, je persiste et signe d'autant plus en lisant ce qu'écrit Moingt : "il y a là un dérapage car Jésus n'a jamais tant parlé d'autorité.  Bien sûr on disait "il parlait avec autorité" parce qu'il parlait de source,  mais il n'a jamais insisté sur l'autorité de gouvernement,  d'administration,  jamais si ce n'est pour mettre les disciples en garde." Op. Cit.  
p. 92.

19 juillet 2014

Moingt - Bonhoeffer

Je viens de lire cela chez Moingt (ibid p. 82-83) : "Les pères mettaient en avant ce qu'ils appelaient la "philanthropie de Dieu créateur", à savoir, selon saint Paul, le fait que "Dieu est pour nous" (cf. Rom 8, 31), qu'il est tourné vers nous."
Étonnante correspondance avec ce que je notais dernièrement chez Bonhoeffer sur le "pro me".
On rejoint aussi ce qu'écrivais Balthasar sur la triple kénose, d'un Père qui s'efface dans le Fils, d'un Fils qui s'efface pour nous et d'un Esprit qui disparaît en nos coeurs, indicible effacement trinitaire au service de l'amour. Mais n'est-ce pas cela, de fait, l'amour véritable.



10 juillet 2014

Moingt III - L'évangélisation

L'évangélisation, nous précise Moingt, "n'est pas quelque chose qui se faisait dans les églises (...) elle se faisait dans la rue (...)  dans les maisons." Il évoque ainsi Zachée et le fameux "il faut que Je demeure chez toi". Le Christ, souligne-t-il, n'a pas prononcé un mot de religion. Pas de rite... "il n'a pas fait la morale ... [il y a eu seulement] un rapport humain vrai. C'est certainement ça la tâche la plus noble, la plus urgente de l'évangile.*" Ce n'est qu'après que l'on peut prononcer le nom de Dieu, ajoute le théologien.

Cela fait résonner en moi ce que l'on cherche à faire pour l'avent 2014. Veux-t-on conduire à l'église,  les peuples sans berger, leur servir un plat tout fait, une messe solennelle, où s'agit-il d'habiter chez eux, de signifier que l'on veut demeurer avec eux. Qu'elle est la véritable "pastorale des périphéries" que l'on veut mettre en place. Pour moi, la réponse est ailleurs. Peut-être ici.

L’Évangile sauvera l'Église, op. cit. p. 46ss

09 juillet 2014

Joseph Moingt - II - La parole des femmes

Si Moingt ne se prononce pas en faveur de l'ordination des femmes c'est parce qu'il y a pour lui assez de clercs et que l'enjeu est ailleurs. "Je ne crois pas, pour ma part, que l'église risque de disparaître à cause du manque de personnes consacrées, du manque de prêtres. Si elle court le risque de périr, ce serait je pense, quelle ne saurait honorer les leçons de l’Évangile vis à vis du monde. Donc je crois que l'Église doit donner un exemple de reconnaissance de la femme et en tout la laisser prendre un rôle, l'encourager même"*.
Certaines de mes amies objecteront peut-être qu'il y a là une forme de discrimination. Il y a pour moi surtout une réflexion sur l'enjeu même de la mission d'un baptisé. Doit-on se focaliser sur l'image officielle, la fonction (prêtre,...) où sur la mission ? On est en là cohérence avec cette première réflexion sur la mission première des baptisés et son enjeu en termes d'évangélisation pour le monde.
Qu'est-ce qui, de fait, est plus près des périphéries, des gens du seuil ? Le prêtre, le diacre, la personne consacrée ? Non, l'humain avec un grand H ou un grand F, qui s'abaisse pour rencontrer l'autre.

op. cit. p. 44

08 juillet 2014

Moingt - Lévinas - Tu te dois à autrui



A partir de cette phrase [Tu te dois à autrui] qui serait pour Lévinas un résumé de la Bible, Joseph Moingt conclu, dans la même veine qu'il faut voir dans tout autrui un autre soi-même. *
Il y a là un chemin éthique qui se nourrit de l'évangile et nous conduit toujours plus loin. J'ai longuement commenté dans mes livres cette problématique lévinassienne de l'appel à la responsabilité, mais aussi de ses limites, notamment telles que soulevées par D. Sibony sur la culpabilité de Lévinas. Mais le débat éthique ne peut fermer cette tension.

Moingt va plus loin en mettant à la fois Dieu dans l'origine du "tu" et dans l'origine de la grâce qui nous permet d'y répondre. Si Dieu nous appelle depuis Gn 3 dans un "où es tu ?" déjà longuement commenté ici, il met aussi en nous cet amour que l'on appelle Esprit, source immense et cachée qui nous fait bondir vers l'autre.


* Ibid. p. 35

07 juillet 2014

Joseph Moingt - Initiation de lecture


Le hasard des rencontres me mène à nouveau sur les pas de Joseph Moingt avec son livre, plus grand public, intitulé L’Évangile sauvera le monde, paru chez Salvator en 2013.
Une première phrase pour vous donner envie de me suivre sur ce chemin.
"Le grand problème de l'église actuelle me semble être... la prise de responsabilité des laïcs... qu'ils prennent la responsabilité de leur vocation‎ missionnaire."*

On retourne ici au coeur de ce qui est pour moi l'un des élans de Vatican II dans la foulée de cette "Théologie du laïcat" que l'on trouve si bien décrite chez Congar.

L'enjeu qui est développé dans les pages suivantes est probablement celle d'une vision de la collégialité de l'Eglise qui ne s'arrête pas aux cardinaux mais descend jusque dans l'articulation entre pouvoir et autorité, entre enseignement et dialogue, passivité et engagement où chacun a sa part sans renier l'apport de la triple dimension de l'Église (écriture, tradition et sensus fidei). Comprendre et articuler cela est l'enjeu des années à venir pour notre Église.


* Op. cit p.14

22 juillet 2010

Saisir le Christ

"« Cesse de me tenir. » C'est à dire : « Ne crois pas en moi dans l'esprit où tu es encore. N'en reste pas à penser à ce que je me suis fait pour toi, sans aller jusqu'à penser à celui par qui tu as été faite. » Comment pouvait-elle ne pas croire encore de façon tout humaine en celui qu'elle pleurait comme un homme ? « Je ne suis pas encore monté vers mon Père. » « Tu me toucheras quand tu croiras que je suis Dieu, et que je suis parfaitement égal au Père." (*)

La contemplation du tombeau vide amène à un double retournement. Il part du cri intérieur de nos vies, de nos attentes, de nos doutes et de nous souffrances. A cela nous voulons trouver un Christ qui comblerais ce qui en nous manque, notre désir premier. Mais la résurrection est ailleurs. Le deuxième retournement est celui où l'on contemple Dieu tel qu'il est, tel qu'il se révèle, dans l'indicible du silence qui suit la mort. Alors on peut sentir un ailleurs...

J'ai commencé à mettre en ligne sur ce thème, une réflexion qui prend le titre de "Mort pour nous", à la suite de mes découvertes chez Moingt. Si vous voulez recevoir ce texte et réagir avant la mise en ligne finale, n'hésitez pas à me le faire savoir.

* Saint Augustin (354-430), évêque d'Hippone (Afrique du Nord) et docteur de l'Église Sermons sur l'évangile de Jean, n° 121, 3 ; PL 35, 1955-1959, cité dans Evangile au quotidien

25 juin 2010

Symphonie trinitaire


Suite aux remarques des premiers lecteurs sur la Mélodie trinitaire, publié en début d'année, je viens de mettre en ligne une nouvelle édition, rebaptisée "Symphonie trinitaire". Elle reprend et résume les trois contemplations : Le dernier Pont, Dieu de Faiblesse, Danse trinitaire. Mais ce travail n'est pas qu'un résumé. Il constitue un essai de reprise des grands axes définis dans ces trois contemplations pour les rendre plus accessibles.
Cette méditation, qui est une résonance sur mes dernières lectures, notamment la théologie de Joseph Moingt, essaye également de suivre et développer les intuitions cumulées de Jürgen Moltmann, Wolfgang Pannenberg, Hans Urs von Balthasar tout en restant compréhensible pour tous, ce qui n'est pas une mince affaire.
Ce travail cherche aussi à répondre à la quête spirituelle des lecteurs de mon roman le plus théologique, les enfants de l'Avre, où les dialogues qui le terminent (entre Marthe et le moine Timothée) tracent un chemin de rédécouverte de la foi.
Comment répondre à ce désir de mieux connaître Dieu, au delà des certitudes fragiles du "Dieu trop bien connu" dont la toute-puissance masque le vrai Dieu, celui que révèle Jésus-Christ ?

Si l'on suit l'intuition de Pannenberg, il faut partir de la croix et de la résurrection, pour faire le chemin des premiers chrétiens. Ils ont commencé par douter, lorsque celui qu'il suivait est mort de façon ignominieuse. Ce temps d'incertitude et de vide, ce samedi saint spéculatif où ne demeure que le cri du souffrant et l'incompréhension de ceux qui l'entourent, n'est il pas le chemin de tout homme face à la violence et au mal. Dieu n'habite pas ce vide, bien au contraire, face à ce mal qui se dévoile, il apparaît caché. Ce temps d'attente, de vide, est proche de celui rencontré par le peuple au désert. C'est le temps de la maturation du désir.
Puis viens le tombeau vide. Alors des signes fragiles révèlent quelque chose d'impensable. Une rumeur jaillit et se répand.

Ce chemin est celui des chercheurs de Dieu. Il ira jusqu'à revisiter le sens de la Croix, comprendre la tension qui se dévoile au sein de la symphonie trinitaire, dans le creuset d'une quadriphonie : 4 évangiles... 4 manière de dire l'inconcevable et l'indicible...

Vous le sentez peut-être, la Symphonie trinitaire est au coeur d'une compréhension du plan de Dieu sur l'homme. On y perçoit les mouvements et la tendresse des trois personnes divines. Contemplation à découvrir...
Bonne lecture.

07 juin 2010

Cette Eglise que je cherche à aimer


A l'heure où notre Eglise est fortement critiquée, trainée dans la boue pour des actes commis par ses membres, il peut être bon de s'interroger sur ce qui la rend aimable. A partir d'une réflexion éclairante de Joseph Moingt (in Dieu qui vient à l'homme, tome 3), l'auteur fait le point sur ses propres arguments en faveur de l'Eglise. Ce constat en demi teinte ne fait pas d'impasse sur les problèmes actuels de l'Eglise. Il insiste sur ce qui déjà est "sacrement du Christ" et trace quelques sentiers pour qu'ensemble nous puissions faire grandir l'Eglise...
L'une des principales propositions, déjà partiellement entendue, c'est d'arrêter de présenter l'Eglise comme la Cité de Dieu sur terre, mais de reconnaître, à l'image des hommes qui la compose, qu'elle reste traversée par le mal... Alors peut-être, cette Eglise de pécheurs pardonnés pourra être témoin du travail difficile mais actif de la grâce en elle...
Un texte engagé... A découvrir...
Comme tous mes ouvrages, "Cette Eglise que je cherche à aimer" est disponible sur http://stores.lulu.com/cheriard

16 janvier 2010

La danse trinitaire


La danse c'est l'art de conjuguer ensemble la distance et la proximité, "l'aller vers" et le "retour en", le geste et la musique... Il y a donc une poétique et une esthétique. Pourquoi ne pas essayer de conjuguer ce terme avec une certaine manière de parler de Dieu. Non pour réduire sa manifestation à un jeu codifié mais pour ouvrir une introduction au "pas de Dieu" vers l'homme à une poétique et au mystère, donner un sens métaphorique à ce qui reste de l'indicible.

La danse trinitaire, ma septième contemplation, maintenant disponible... Elle effleure en quelques phrases la théologie de J. Moingt, mon dernier maître à penser...