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19 février 2007

Parole - Sacrement

Pour Enzo Bianchi, "Il reste malheureusement encore dans la réception post-conciliaire, la séparation entre Sacrement et Parole, la conception que le sacrement donne la grâce, tandis que la Parole biblique donne la doctrine, que le sacrement est efficace tandis que la Parole ne peut que préparer le sacrement et enseigner. Néanmoins si la Parole de Dieu n'est pas vécue dans l'économie sacramentelle jusqu'à être accueillie comme sacrement (…) elle restera toujours parole sur Dieu et ne sera jamais qu'un prélude à la célébration du sacrement." (1)

Je souscrit à cette analyse et insisterait peut-être, dans l'actualité pastorale d'aujourd'hui sur cette mésinterprétation. Si nous donnions plus de place à la lecture communautaire de la Parole, nous permettrions à tous, laïcs comme prêtres de donner un sens véritable à l'Eucharistie, au sens visé par Ruppert de Deutz.

L'Écriture, continue-t-il est donc "sacrement, signe doté d'un élément sensible qui contient et manifeste le mystère du Christ, lieu d'une rencontre véritable (…) l'Écriture réalise ainsi cette dynamique de 1) l'écoute, 2) la connaissance et 3) l'amour". (2)

Pour lui, la structure sacramentelle de l'Écriture est inséparable de la structure sacramentelle de l'Eucharistie. D'une certaine façon, l'Écriture est une réalité liturgique et prophétique, elle est annonce (kérygme) avant d'être livre, le témoignage de l'Esprit Saint sur la venue du Christ dont le moment privilégié est la liturgie eucharistique. (3) Il souligne qu'une authentique expérience de communion avec le Christ peut avoir lieu dans la lectio divina personnelle (et à plus forte raison communautaire), nous en faisons l'expérience à travers toutes ces expériences où nous écoutons le Verbe de vie.

(1) Enzo Bianchi, Ecouter la parole, Les enjeux de la Lectio Divina, Lessuis 2006, p. 49

(2) ibid. p. 50 (3) p. 52

18 février 2007

Le pain des Écritures

Ruppert de Deutz nous dit ainsi dans son commentaire de saint Jean : "Jésus pris le livre et l'ouvrit, c'est à dire qu'il reçut de la puissance de Dieu toute la Sainte Écriture pour l'accomplir lui-même (…) le Seigneur Jésus prit donc le pain des Écritures dans ses mains quand, incarné selon les Écritures, il subit la Passion et ressuscita ; il pris alors le pain dans ses mains et rendit grâce quand, accomplissant les Écritures, il s'offrit lui-même au Père en sacrifice de grâce et de vérité."

(1) Ruppert de Deutz : Commentaire de saint Jean, VI cité par Enzo Bianchi, Ecouter la parole, Les enjeux de la Lectio Divina, Lessuis 2006, p. 48

17 février 2007

Manger la Parole

Saint Jérôme, suivant Origène déclare : "Je considère l'Évangile comme le corps de Jésus (…) et quand il dit : celui qui mange ma chair (…) bien que cela puisse aussi s'entendre du sacrement, c'est cependant le corps et le sang du Christ en un sens plus exact, qui est la Parole de l'Écriture (1)

Peut-être que la réalité sacramentelle sera plus vivement perçue quand nous aurons donné le goût à la chair/parole par l'intelligence de la foi et sous la conduite de l'Esprit.

(1) In Ps CXL VII

15 février 2007

Voile - III

Pour Origène "le Verbe de Dieu est couvert du voile de la chair" (1). Pour moi cette citation évoque beaucoup de chose. D'une certaine manière, en effet, c'est dans la nudité de la Croix et le flanc béant du Christ que le verbe transparaît comme un fleuve de vie.

(1) cité par Enzo Bianchi, Ecouter la parole, Les enjeux de la Lectio Divina, Lessuis 2006, p. 42-34

14 février 2007

Double kénose - II

"De même qu'il y a une kénose, une descente de la Parole dans la chair, il y a une kénose, un abaissement de la Parole dans les paroles humaines, dans les paroles écrites". Cette analogie qui revient continuellement chez les Pères est reprise par Dei Verbum (DV13) qui parle de condescendance de la Sagesse éternelle : la parole de Dieu explique en langage humain tout comme autrefois le Verbe du Père éternel, ayant pris la chair de la faiblesse humaine DV13

13 février 2007

Lire l'Ecriture

Lire l'Ecriture c'est permettre un "décentrement", se lancer dans "une aventure dont on n'a pas la maîtrise". C'est une aventure spirituelle où l'on quitte "ses propres repères pour accueillir l'inconnu et l'imprévisible du texte". (1) Cette aventure nécessite souvent l'éclairage de ce qui connaisse le contexte (par les méthodes historico-critiques ou autres). Cette mise en contexte évite l'appropriation du texte et favorise le décentrement véritable, qui consiste à quitter ses repères pour s'ouvrir à une Parole autre. Ce travail intérieur est d'autant plus nécessaire que Dieu ne parle pas en direct mais à travers l'Ecriture. Il faut en comprendre la traduction humaine, dans le contexte où il a été écrit.

(1) d'après Odile Ribadeau Dumas et Philippe Bacq, Une nouvelle chance pour l'Evangile, ibid p. 95

12 février 2007

Double kénose

Pour Enzo Bianchi, il existe un parallèle dans le Credo entre l'incarnation dans la Vierge Marie et la Parole de Dieu qui se fait chair dans la parole des prophètes.

Enzo Bianchi, ibid p.41

10 février 2007

Kénose de la Parole


Comme, lors des Rameaux, l'ânon porte le Christ, l'Esprit porte la Parole de Dieu. Ainsi pour Enzo Biancha, sous la conduite de l'Esprit, La Parole "s'enfonce à travers la lettre" pour atteindre la profondeur du Mystère où à lieu la rencontre avec lui". C'est pourquoi l'interprétation traditionnelle de l'Écriture a toujours fait appel à l'analogie de l'incarnation (1)
On rejoint pour moi la thèse de Soloviev de la double kénose, déjà évoqué dans ces pages...

(1) Enzo Bianchi, Ecouter la Parole, p. 41

07 février 2007

Le dire et le dit...


Selon Dei Verbum : "Les Saintes Écritures contiennent la Parole de Dieu et parce qu'elles sont inspirées, elles sont réellement parole de Dieu. n°24
L'Écriture Sainte est parole de Dieu en tant qu'elle est consignée par écrit sous l'impulsion de l'Esprit divin. Elle n'est pas directement parole de Dieu mais ne l'est qu'en conjonction avec l'Esprit Saint nous dit Enzo Bianchi. (1). Cela rejoint pour moi la différence entre la notion du Dire et du dit chez Lévinas. Le Dire est plus large nous dit-il que tout ce que le dit peut exprimer.

E. Bianchi, ibid p. 39

06 février 2007

Ecriture et Charité

A quoi nous sert cette lecture si elle n'est tremplin vers l'amour. Nous pourrions nous abîmer les yeux dans l'interprétation, nous fatiguer les neurones dans les traductions et l'exégèse, s'il nous manque l'amour, "nous ne sommes que des tymbales qui résonnent" (1 Cor 13). Pour Augustin d'Hippone, l'interprétation de l'Écriture doit aboutir à une grande charité.

Saint Jérome rajoute : "Les Écritures sont utiles à ceux qui les lisent que lorsque l'on met en pratique ce que l'on lit" (1). Pour Bianchi, on ne comprend l'Ecriture qu'à mesure qu'on la vit, distinguant à ce sujet l'Inter-legere (entre les lignes) et l'Intus-legere (en profondeur), pour "aller au-delà du verset" (Lévinas) (2).

(1) Saint Jérome, In Mich, I, 2

(2) cité par Enzo Bianchi, Ecouter la parole, Les enjeux de la Lectio Divina, Lessuis 2006, p. 27

05 février 2007

Lecture spirituelle

La lecture spirituelle n'est pas une méthode (…). Elle affirme l'insuffisance des méthodes et relativise la méthode quand celle-ci faisant de l'Ecriture sa propre justification, fait d'elle-même un absolu en s'érigeant en idole". (1) D'une certaine manière, Enzo Bianchi nous invite ici à une intelligence globale, dont nous ne sommes pas les maîtres. Pour lui, c'est l'Esprit seul qui est l'herméneute, l'interprète de la Parole, nous n'en percevons que des bribes et n'en possédons pas toutes les clés. Et c'est pourquoi, seule une relecture communautaire est "souffle", en vertu même des paroles du Christ. "Quand deux ou trois sont réunis en mon nom…". Seule la lecture communautaire donne à l'Écriture une vue "large et ouverte, des horizons larges et dégagés" (2)

Pour Bianchi "L'Esprit est exégète de la Parole et du silence du Christ (…) il conduit à la plénitude de la Vérité" (3). Il va même jusqu'à affirmer que sans le témoignage des Ecritures, l'événement pascal serait muet, il ne serait que la constatation d'un tombeau vide. (4)


(1) Enzo Bianchi, Ecouter la parole, Les enjeux de la Lectio Divina, Lessuis 2006, p. 19
(2) ibid. p. 27, (3) p. 20, (4) p. 23

01 février 2007

Des clés de lecture...

Dans le 1er traité d'herméneutique biblique de l'Antiquité, le livre IV des Principes (Peri Archon) d'Origène nous dit que : "L'ensemble de l'Ecriture divinement inspirée (…) ressemble pour lui à un grand nombre de pièces fermées à clé dans une maison unique. Auprès de chaque pièce est posée une clé, mais pas celle qui lui correspond". (1) A nous donc de trouver pour chaque pièce la clé dans l'Ecriture qui va nous permettre d'ouvrir le livre, d'en briser le sceau (Ap 5,5).

(1) cité par Enzo Bianchi, Ecouter la parole, Les enjeux de la Lectio Divina, Lessuis 2006, p. 11

30 janvier 2007

La foi

La foi est d'abord pour Enzo Bianchi l'espace de rencontre d'un texte qui est né de celle-ci, de cette foi qui se configure comme potentialité herméneutique (1). En cela, rejoignant Origène, il affirme la primauté de la foi : "croit d'abord et tu découvriras, sous ce que tu croyais un obstacle un grand et sain bénéfice". (2)

(1) Enzo Bianchi, Ecouter la parole, Les enjeux de la Lectio Divina, Lessuis 2006, p. 12

(2) Origene, Philoc. I, 2, 8

29 janvier 2007

Grandir avec la Parole

Nous reprenons ci-après notre lecture d'Enzo Bianchi avec son plus récent ouvrage (1) par une citation de Saint Grégoire le Grand : "Scriptura crescit cum legente" : "L'Ecriture croît avec celui qui la lit"....

Tout un programme...


(1) cité par Enzo Bianchi, Ecouter la parole, Les enjeux de la Lectio Divina, Lessuis 2006, p. 8

28 janvier 2007

Contemplation - Prier la parole - XI

Avant de basculer dans le deuxième ouvrage d'Enzo Bianchi, je voudrais reprendre quelques idées sur la contemplation, qui n'est ni une extase, ni une expérience extraordinaire mais le simple fait de "contempler le plus beau des enfants des hommes..." comme nous l'enseigne le psaume 44.
Il s'agit d'une "suppression du voile", de percevoir ce qui est au coeur de la révélation, d'entrer par la manducation de l'Ecriture dans le ravissement qui est en soi un décentrement.
C'est pourquoi, l'écoute de la parole doit conduire à la pratique. Il ne s'agit pas que d'entendre, mais d'aller dans le monde pour faire tressaillir l'homme et le rendre image de Dieu (prenant ainsi son rôle plein de sens du verbe).

24 janvier 2007

Prier la parole - IX

"La prière méditative, pour Guillaume de St Thierry est celle qui monte d'un coeur touché par la Parole divine : prière qui est le vrai fleuve (...) le vrai pleur d'un coeur blessé par l'épée à deux tranchants (...) la prière est ma réponse à Dieu, lui s'étant donné à moi dans la lecture, je me donne à lui dans l'oraison" (1)
Il y a pour moi dans cet échange, une autre illustration du sens sacramentel du "Je te reçois et je me donne à toi"
(1) Cité par Enzo Bianchi, Prier la Parole, p. 70

23 janvier 2007

Ruminer l'Ecriture...

Pour E. Bianchi, "La rumination de l'Ecriture nous permet de prendre de la distance sur nos vies et nous tourner vers Dieu." Il me semble que c'est essentiel, à condition de ne pas oublier nos vies... Car rien ne sert de se tourner vers Dieu, si nous oublions ce pourquoi il nous y a placé...

06 janvier 2007

Prier la parole - IV


Enzo Bianchi a une petite pique contre les "faiseurs d'exercices", ce qu'il appelle la "devotio moderna" qui est souvent anthropocentrique ou égocentrique et vise les mouvements du coeur. Pour lui, la lecture de la Parole doit chercher une méditation authentique, toujours théocentrique ou christologique. La lectio "n'est jamais centrée sur soi". (1)
On rejoint ce que disait saint Augustin : si la lecture de l'Ecriture n'ordonne pas vers la charité, c'est qu'elle est faussée dans son interprétation.

Mais n'est-ce pas là toute la difficulté. Comment une lecture peut être véritable si elle n'implique l'homme dans son intériorité et comment cette lecture peut ensuite rebondir sur une "ouverture" à l'autre ET à Dieu... ?

Enzo Bianchi, Prier la Parole, Vie Monastique, nº15. p. 20

02 janvier 2007

Prier la parole - III

Se mettre à l'écoute nous dit E. Bianchi c'est écouter le Christ. Non pas se lancer dans une prière qui reste un monologue auto-centré mais se rendre écoutant...
St Ambroise : "Ecoute le Christ ! C'est à lui que tu parles quand tu pries, c'est lui que tu écoutes quand tu lis les divines écritures".

(1) Des devoirs des ministres sacrés I, 20,28 (PL 16, 50A)

01 janvier 2007

Prier la parole - II

Souvent nous dit E. Bianchi, notre usage de la Parole devient dangereux et sectaire, lorsqu'il n'est plus que le choix des thèmes accrocheurs qui vont permettre d'orienter la vie du groupe. Notre écoute est intéressée. Notre lecture est orientée... C'est pourquoi, l'auteur nous invite à lire et méditer longuement, et à prier de sorte que la Parole nous domine, nous décentre. Cette lecture est plus riche si elle suit la liturgie, ou reprend l'intégralité d'un évangile ou d'une lettre, en cherchant, non pas à choisir ce qui nous parle, mais à rester écoutant...

PS : Je vous avez annoncé quelques éléments de réflexion suite à la lecture d' Enzo Bianchi, Prier la Parole, Vie Monastique, nº15.

Voici, donc, dans les billets à venir et en alternance avec nos commentaires de Balthasar et en préparation du temps de carême et de notre reprise de la lecture de l'Evangile de Jean, quelques passages commentés de cette excellente lecture...