Affichage des articles dont le libellé est Silence. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Silence. Afficher tous les articles

15 mars 2018

La discrétion de Dieu

Une belle évocation chez Mounier qui entre en écho avec « la voix d'un fin silence », mon livre éponyme : « Saint Irénée évoquait la pédagogie divine ; on a parlé depuis de la discrétion de Dieu. Un immense silence qui dure toute l'histoire ; une inspiration par touches intimes qui laissent le champ libre à tout appareil humain ; la patience de tous les détours qui séparent l'inspiration de l'effet : telles apparaissent ces voies qui ne sont pas nos voies ». (1)

(1) Emmanuel Mounier, L'engagement de la foi, Paris, Parole et silence, 2017, p. 116

23 décembre 2017

Silence et Parole

Comment interpréter le silence de Zacharie jusqu'à la naissance de Jean ? 
Est-ce parce que l'ancien Testament a tout dit ?
Est-ce pour nous préparer par le silence à la révélation ? 
Une clé nous est donnée à travers la lecture d'Hypolite de Rome (1)
« Dieu qui était seul, et pour qui rien n'était contemporain de lui-même, décida de créer le monde. Par son intelligence, sa volonté et sa parole, il fit le monde et il eut aussitôt les créatures qu'il voulut, quand il voulut, comme il voulut ; il nous suffit de savoir seulement que rien ne fut contemporain de Dieu, en dehors de lui-même.
Mais, tout en étant seul, il était multiple. Car il n'était pas sans parole, sans sagesse, sans puissance ni décision. Tout était en lui et il était le Tout.
Quand il le voulut, comme il le voulut, il manifesta sa Parole au temps fixé par lui-même, ~ cette Parole par laquelle il a tout créé.
Sa Parole, qu'il tenait en lui-même et qui était invisible au monde créé, il la rend visible. Tout d'abord, il la profère comme une voix, il l'engendre comme la lumière issue de la lumière, il envoie comme Seigneur pour la création sa propre intelligence. Et celle-ci, qui était d'abord visible à lui seul et invisible au monde créé, il la rend visible, afin que le monde, en voyant cette épiphanie, puisse être sauvé. ~ Telle est l'intelligence de Dieu : en entrant dans le monde, elle se montra le serviteur de Dieu. Tout fut par lui, mais lui seul est issu du Père. ~

Dieu a donné la Loi et les Prophètes et, en les donnant, il les a forcés, par l'Esprit Saint, à parler, en sorte qu'ayant reçu l'inspiration de la puissance du Père, ils annoncent la décision et la volonté du Père. ~
La parole de Dieu, son Verbe, s'est donc manifestée, comme dit saint Jean. En effet, il récapitule les paroles des prophètes en montrant que c'est lui, le Verbe, par qui tout a été fait. Il parle ainsi : Au commencement était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu. Tout fut par lui, et sans lui rien ne fut de ce qui existe. Et saint Jean dit plus loin : Le monde fut par lui, et le monde ne l'a pas reconnu. Il est venu chez lui, et les siens ne l'ont pas reçu. »


Saint Paul ne dit pas autre chose aux Romains (16, 26-27)
mystère porté à

(1) Hippolyte de Rome, traité contre l'hérésie de Noet. Source Aelf

22 décembre 2017

Mystique diaconale

Que veut dire Karl Rahner quand il fait dire à Ignace qu'il y a une « mystique du service » (1) dans son chapitre sur l'obéissance ?

Faute d'être plus explicite, il nous reste à chercher ce qu'il sous entend. On peut gloser sur ce lien intime entre la mise au service d'autrui et la rencontre de Dieu, à l'aune de Mat 25. Tout ce que tu as fait à ton frère c'est à moi que tu l'as fait. Mais là s'arrête le discours. C'est dans l'agir que réside la réponse...
Dans l'agenouillement devant l'homme, on rejoint le Christ à genoux et notre humilité est coordonnée à sa kénose.

Reste à comprendre que tout conduit au silence de la croix, ce « silence d'où jaillit le chant éternel de la louange de Dieu »(2)

(1) Discours d'Ignace de Loyola aux jésuites d'aujourd'hui, Paris, Le Centurion, 1978 p. 57
(2) ibid. p. 74. J'ai évoqué le lien entre le « bruit d'un fin silence » et le chant des anges dans mon livre éponyme.

Foi, silence et liberté

« Seule appartient à l'homme la solitude devant Dieu, son abandon à la silencieuse immédiateté de Dieu (...) y aura-t-il un jour des hommes qui par principe et à chaque étape de leur existence n'entendront plus ce mot : Dieu ? (...) ne se poseront plus la question de l'indicible ? » (1)

Que faire pour que l'où es-tu de Gn 3 résonne encore dans le jardin du monde. Si Dieu est silencieux, devons-nous parler et chanter sur les places ? Et comment ?

Le silence parle au coeur. Mais le monde bruisse de plus en plus. Le bruit d'un fin silence n'atteint plus l'homme.

(1) Karl Rahner, Discours d'Ignace de Loyola aux jésuites d'aujourd'hui, Paris, Le Centurion, 1978 p. 71sq

18 décembre 2017

Quand Dieu nous parle

J'ai essayé de traduire bien maladroitement dans ma seconde édition du « Mendiant et la brise » mes balbutiements sur le tressaillement. Il y a là quelque chose de très personnel, de très intime, que je devrais peut-être taire, si ce n'était une manière de rendre grâce à ce Dieu silencieux qui pourtant s'exprime par des signes ineffables et à chaque fois adapté à chacun, pour faire connaître sa présence, son amour et sa miséricorde. Cela peut être dans le don des larmes qui suivent le sacrement de réconciliation, cela peut être de biens des maniérées, une chose est certaine, au sein de nous se cache une lumière, un château intérieur protège cette flamme inouïe que Dieu a déposé en nous. Et c'est à nous de trouver la porte qui nous conduit à Lui. Je pourrais reprendre ici les propos que Karl Rahner attribue à Ignace : «  j'ai expérimenté avec une force et une netteté de plus en plus grandes la pure incompréhensibilité de Dieu (...) Dieu lui-même (...) non pas des paroles humaines sur lui. Mais lui et la liberté originelle qui lui est propre ». (1)
Le face à face est si discret et inattendu que toutes nos tentatives échappent. Il se dévoile quand on ne l'attend plus. Il se donne avec mesure pour qu'on n'en tire ni gloire, ni certitude, ni routine. Il est libre et distille en nous sa grâce qui est toujours pur don et non mérite.

(1) Karl Rahner, Discours d'Ignace de Loyola aux jésuites d'aujourd'hui, Paris, Le Centurion, 1978 p. 11 et 13

02 septembre 2017

Ferme ta porte

A la suite du post précédent, il faut entendre le "ferme ta porte" qui résonne comme une exhortation à atteindre le vrai silence où la musique de Dieu vient prendre enfin le dessus sur nos murmures intérieurs.
"Il faut avoir fermé la porte pour que l'orbe du regard divin embrasse notre coeur, pour que là, dans le rigoureux Ad intra, s'esquissent les premiers pas d'une danse sans témoins" (1)

Clin d'œil à nouveau que cette évocation de la danse. Comme ce bruit d'un fin silence qui n'est autre que le chant des anges qui nous invitent à une ronde.

(1) François Cassingena-Tréverdy, op. Cit. p. 78

04 août 2017

Le chemin vers Dieu

Sur les chemins de Dieu notre chemin n'est pas tracé. Il ne cesse de deconstruire nos propres certitudes, jusqu'à nous conduire au silence intérieur où il nous parle enfin : " Il faut courir après Dieu, de ruine en ruine, à travers les éboulements successifs des images et des idées que nous nous faisons de Lui » (1)

(1) Gustave Thibon, L'expérience de Dieu, p.76, cité par Bertrand Revillon sur RND dans "Et Dieu dans tout ça"

06 mai 2017

L'âme et la beauté

La construction pédagogique de Cheng mérite que je ne le cite plus, à ce stade, pour inviter le lecteur à s'y plonger à son tour. En marge de sa sixième lettre je voudrais écrire néanmoins ce constat intérieur : "l'âme devant la beauté se tait, car elle perçoit soudain qu'elle est dépassée par quelque chose de plus grand, de plus indicible, de plus divin. Et ses yeux montent alors vers Dieu, terme de son Désir" (1)

(1) variation personnelle sur une allusion à Bach par François Cheng, De l'âme, Paris, Albin Michel, p.139

13 février 2017

Entre dans ta chambre

Intéressante mise en perspective de François Cassingena-Trévédy entre Mat 6 et Isaïe 26. "Entre dans ta chambre" est à voir comme une invitation à laisser entrer la circumincession divine, un Passage, "non plus une théophanie écrasant l'homme" (1), mais la douceur particulière de Jésus : "s'il passe sur moi, je ne Le vois pas et il glisse imperceptible" (Job 9. 11), "bruit d'un fin silence" dira Emmanuel Lévinas.


(1) François Cassingena-Trévédy, Pour toi quand tu pries, Vie monastique, n. 37, abbaye de Bellefontaine. P. 43

31 juillet 2016

Dieu, l'éternelle surprise

Trouver Dieu dans l'aujourd'hui demande une attitude contemplative. Car trouver Dieu en toutes choses n'est pas "un eurêka empirique" (1), mais contempler Dieu comme premier, toujours premier,  "Un Dieu qui nous précède" (2), un Dieu qui se rencontre en marchant, non dans un relativisme indistinct, mais "comme une surprise.  On ne sais jamais où ni comment on le trouve, on ne peut pas fixer le temps ou les lieux où on Le rencontre (3).

Dieu est dans chaque homme. Il n'est pas dans une doctrine ou une contrainte, mais se révèle dans l'irruption du bien. "Même si la vie d'une personne est un terrain plein d'épines et de mauvaises herbes, c'est toujours un espace dans lequel la bonne graine peut pousser" (4). Tel est notre espérance,  celle d'un Dieu qui se révèle par surprise dans "Le bruit d'un fin silence" (1 R 19) dont nous avons montré qu'il pouvait être le cri de l'homme comme le chant des anges (5).

(1) Le pape François,  L'Église que j'espère,  entretien avec A. Spadaro, p. 107
(2) ibid. p. 108
(3) et (4) p. 109
(5) Cf. Humilité et miséricorde,  tome 1 p.109ss

05 décembre 2015

Les trois étapes de l'Oraison

Jean-Jacques Olier nous invite à trois étapes. La première est une contemplation ou une adoration. "Jésus dans les yeux"(1), c'est à dire voir et méditer tous les dons qu'il nous fait à commencer par cette humilité même de Celui "qui enrichit les autres en s'appauvrissant, car Il adopte la pauvreté de ma chair pour que moi je m'enrichisse de sa divinité. Lui qui est plénitude s'anéantit, Il se dépouille de sa propre gloire pour un peu de temps, afin que moi, je participe à sa plénitude. : ‎" (2)

La deuxième étape est une étape de communion ‎: "Jésus dans le coeur". Personnellement je garde toujours ces images des saints représentés par la peinture médiévale, à genoux devant la Croix pour recueillir le précieux sang. Elle nous permet d'ouvrir nos coeurs à cette source immense, ce fleuve du don de Dieu qui se donne et nous embrase, sans compter.
Olier invite lui au silence "pour recevoir l'étendue des dons".

La troisième étape est une coopération à l'oeuvre divine : "Jésus dans mes mains" qui nous fait actualiser ces dons reçus, qui nous transforment en "instruments de Dieu" (3) dans cette dynamique sacramentelle (4) souvent évoquée dans ces pages.

Elle est aussi une manière de rendre Dieu présent dans nos vies, en faire le centre, la source et l'horizon...

(1) Cité par Gilles Chaillot, op Cit p. 20-21
(2) Homélie de Grégoire de Naziance, source AELF 
(3) cf Etty Hillesum. ‎"C'est par l'homme que l'homme doit connaître le chemin du salut" disait aussi Léon XIII en 1889, cité par Dom Chautard, L'âme de tout apostolat, 1915. p.5
(4) voir aussi mon livre éponyme



20 novembre 2015

Au fond de notre coeur

A la suite de Charles de Foucauld, mais tels des porte-Christ ordinaires, il nous reste à établir nos âmes "comme autant de creux de silence où la Parole de Dieu peut se reposer et retentir" (1)

(1) Madeleine Delbrel, ibid p. 191


06 novembre 2015

Le bruit d'un fin silence - suite

Nous avons commenté plus haut longuement les atouts et les limites d'un esthétisme théologique à partir de GC1 chez Hans Urs von Balthasar, après notre livre éponyme (1) sur "le bruit d'un fin silence (2)" (1 Rois 19). Cette courte remarque chez MD entre en résonance : "Il semble souvent que la meilleure louange de la beauté soit le silence, l'effacement de tout ce qui n'est pas elle." (3)

En soit cette remarque traduit la poursuite de l'effacement de Madeleine, un agenouillement après tant de verbe désordonné, fut-il masqué par une recherche esthétique intérieure qui n'avait pas dévoilé son but ultime, la rencontre avec le vrai Créateur de toute chose.

En soi, cette maxime qui devrait se traduire par un jeûne de la communication, a une limite, celle de l'urgence d'annoncer la bonne nouvelle...‎ Et le dit à sa part, même s'il restera, comme le dit Levinas toujours en-deçà du dire.

‎(1) maintenant intégré dans L'amphore et le fleuve, Createspace 2014
(2) Cette traduction est de Lévinas
(3) Madeleine Delbrêl,‎ Éblouie par Dieu, p. 153, cit. dans le livre de Pitaud, op Cit p. 77

18 juin 2015

Silence intérieur

Contemplation,  cette nuit, de cet hymne souvent chanté "dans le silence" et qui résonne plus particulièrement aujourd'hui : "En toute vie le silence dit Dieu, (...)
Soyez la voix du silence en travail, 
Couvez la vie, c'est elle qui loue Dieu !
Pas un seul mot, et pourtant c'est son Nom 
Que tout sécrète et presse de chanter :
N'avez-vous pas un monde immense en vous ? Soyez son cri, et vous aurez tout dit."
Il fait résonner ce "chemin du désert" qui m'a habité le mois dernier et ce texte trouvé hier chez Augustin : 
« Entrer au fond de ta maison, c'est rentrer dans ton cœur. Heureux ceux qui se réjouissent de rentrer dans leur cœur, et qui n'y trouvent rien de mal..."

Le véritable décentrement c'est celui où son propre cri finit par de transformer en contemplation de l'infini et insondable tendresse pour rejoindre l'autre cri, celui qu'il a déposé en nous : "aime".
Un cri qui n'est autre que l'écho de celui qui jaillit en Gn 3, cet "où es-tu ?" qui atttends la réponse d'un "me voici".

(1) 2eme discours sur le Psaume 33, §8  ; PL 36,312 

14 septembre 2014

Révélation - I

Comment Dieu se révèle t il à l'homme ?

Je pense que la réponse classique nous parlerait de l'enfant Dieu, reprenant à la suite de l'évangile de Luc, cette vision qui a enchanté près de 20 siècles de civilisation. 

On aurait probablement tort de balayer d'un geste  ce que Luc nous révèle,  dans une étonnante lecture arrière et spirituelle de ce qu'il a lui même découvert dans la Croix et la résurrection.  

Mais il semble pourtant qu'en cette aube du XXIème siècle,  il faille revenir plutôt sur ce qui apparaît derrière le voile du temple. Dans "la voix d'un fin silence"*, j'ai longuement analysé les différentes théophanies,  ces révélations successives de Dieu dans l'histoire du peuple juif. 
Je me suis notamment longuement arrêté sur deux textes clés : 1 Rois 19 et Ex 33 et 34. Mais ce que l'Ancien Testament révèle n'est finalement qu'une introduction apéritive à ce que Dieu masquait encore derrière le voile. 

Ce qui apparaît derrière le rideau déchiré du Temple, se réduit à l'impensable,  à l'inattendu.  

En ce jour où l'on célèbre la Croix glorieuse,  je pense que ce que l'on peut dire sur la révélation ne peut passer outre l'ultime silence de Dieu, celui qui révèle ce qu’Élie  et Moïse cherchaient au désert.  La seule révélation qu'il nous est donné de contempler, c'est la Croix. Écoutons ce qu'en dit Édith Stein :   "Qu'est-ce que la croix ? Le signe qui indique le ciel. Bien au-dessus de la poussière et des brumes d'ici-bas elle se dresse haut, jusqu'en la pure lumière. Abandonne donc ce que les hommes peuvent prendre, ouvre les mains, serre-toi contre la croix : elle te porte alors jusqu'en la lumière éternelle. Lève les yeux vers la croix : elle étend ses poutres à la manière d'un homme qui ouvre les bras pour accueillir le monde entier. Venez tous, vous qui peinez sous le poids du fardeau (Mt 11,28) et vous aussi qui n'avez qu'un cri, sur la croix avec Lui. Elle est l'image du Dieu qui, crucifié, devint livide. Elle s'élève de la terre jusqu'au ciel, comme Celui qui est monté au ciel et voudrait nous y emporter tous ensemble avec Lui. Enlace seulement la croix, et tu le possèdes, Lui, le Chemin, la Vérité, la Vie (Jn 14,6). Si tu portes ta croix, c'est elle qui te portera, elle te sera béatitude.**


** Sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix [Édith Stein] (1891-1942), carmélite, martyre, co-patronne de l'Europe, Poésie « Signum Crucis », 16/11/1937 (trad. Malgré la nuit, Ad Solem 2002, p. 65) Source : Evangile au quotidien.org

17 septembre 2007

Silence de la croix

« J’aurai beaucoup de choses à vous dire mais vous ne pouvez pas les porter maintenant » (Jn 16,12). Sa passion est toute proche. Alors, nous dit Hans Urs von Balthasar, aucune parole ne peut plus l’exprimer. Il est en effet impossible d’expliciter l’amour divin contenu dans cette passion, et « c’est pourtant là que se trouve le cœur de tout ce que Dieu dit au monde. A ce moment, l’indicible ou ce qui nécessairement entre dans le silence prend toujours plus de place, jusqu’à occuper tout le terrain avec la mort de Jésus. Et il n’y aura finalement rien d’autre que cette action silencieuse pour donner le branle à une herméneutique dont on ne verra jamais la fin ». (1)

J’ai beaucoup devisé sur ce thème dans le tome 2 de Bonheur dans le couple. Depuis le lavement des pieds jusqu’au silence final, les actes comptent plus que les mots. Le silence conclut la Parole.

C’est l’Esprit qui développera et approfondira tout ce qui semble encore enveloppé dans le silence ajoute à ce sujet Hans Urs von Balthasar.

(1) Hans Urs von Balthasar, La Théologique, II ibid, p.308
(2) cf le tome 2 de Bonheur dans le couple

13 mai 2007

Silence face au mal

C'est l'expérience du mal radical – Auschwitz et la fraternité maintenue de certains – qui a obligé les théologiens à mettre en question l'axiome grec de l'impassibilité de Dieu grâce à une théologie de la mort qui dans son silence entend sa passion en tous les sens du terme (1)

Mais le concept d'une obéissance est encore à travailler par les théologiens. Or l'ensemble des Evangiles propose une autre forme, celle d'une amitié, d'une égalité qui met chacun des partenaires à une même hauteur. Ils proposent plutôt un partenariat entre Dieu et l'homme : moi avec lui et lui avec moi. Le vainqueur je lui donnerai de siéger avec moi sur un trône (Ap 3, 20 sv). Qu'elle singulière subversion du concept du trône.

Le roi agenouillé pour que l'autre comprenne qu'il n'est pas esclave mais ami. C'est l'hyperbole du Verbe, le silence de Dieu, qui avant de se donner, traduit dans le lavement des pieds, le cœur du mystère… Il subsiste donc une tension entre Silence et Verbe...

Dieu ne désire qu'une chose, que l'homme puisse comprendre de lui-même, de l'intérieur de lui-même – en véritable partenaire – son propre mystère de Dieu.

Et c'est pourquoi, le langage de Jésus-Christ est hyperbole, parce que la vérité ne peut-être entendue comme telle. Elle doit résonner plus haut, pour déchirer le voile

(1) Christoph Théobald , in La Révélation, Editions de l'Atelier, Paris 2001, p. 171

11 mai 2007

Silence - III

Pour Théobald, Dieu se révèle lui-même comme mystère absolument discret – voix pourrait-on dire, au sein même de l'éclosion de notre propre liberté de conscience. Quand Dieu a tout dit et révélé, une fin est arrivée qui ne peut être suivie que par son silence et la croissance de la liberté humaine, jusqu'à devenir capable de tenir debout face à ce mystère. (1)

Il nous faut là encore nous imprégner de la lecture du 1er livre des rois (Ch. 19) pour découvrir ce bruit d'un fin silence déjà évoqué et percevoir combien, pour que la liberté puisse être Dieu doit entrer dans cette kénose. Alors peut-on comprendre ce que Balthasar décrivait comme les kénoses successives de la Trinité. Dieu qui s'efface pour laisser paraître le Fils, le Verbe qui s'efface pour prendre la condition humaine et le souffle de l'Esprit qui n'ose réveiller le cœur de l'homme de peur de heurter sa liberté. Seul le voile déchiré à fait apparaître le mystère, vite enfoui dans les profondeurs du monde. La bonne nouvelle, c'est qu'il nous aime…

(1) Christoph Théobald , in La Révélation, Editions de l'Atelier, Paris 2001, p. 162

26 avril 2007

Histoire sacrée

"Il y a des situations qui ont la vertu d'ouvrir seulement notre regard sur la totalité de notre existence, par définition inachevée. Notre être est alors mis en jeu et nous sommes provoqués à la relecture et au récit sachant bien que notre identité est liée à ce que nous pouvons en dire et raconter à d'autres". (1)

Pour moi, ces temps là sont aussi les lieux de la découverte du chemin de l'Esprit à nos côtés, du souffle ténu de Dieu, qui est venu nous tendre la main. Main que nous avons rejetée ou ignorée, main qui nous a porté parfois et nous a permis d'enjamber l'infranchissable. Dieu-passeur dans nos vies…

(1) Christoph Théobald , in La Révélation, Editions de l'Atelier, Paris 2001, p. 121

23 avril 2007

Silence - II

Manifestation incomparable de la non-violence divine au sein même de la création (…) vulnérabilité radicale (…) exposée au déchaînement de la violence ? (1) N'est-ce pas dire la toute tendresse de Dieu que d'évoquer son silence quand tout est dit…

Pour Théobald, la violence n'est jamais plus féroce que quand elle se trouve en face d'une totale non-violence. Au "Jusqu'à quand" laisseras tu faire ? d'Ap 6,10, réponds le "C'en est fait" d'Ap 16, 17 note-t-il…

Sans commentaires

(1) Christoph Théobald, La Révélation, Editions de l'Atelier, Paris 2001, p. 101