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16 janvier 2010

La danse trinitaire


La danse c'est l'art de conjuguer ensemble la distance et la proximité, "l'aller vers" et le "retour en", le geste et la musique... Il y a donc une poétique et une esthétique. Pourquoi ne pas essayer de conjuguer ce terme avec une certaine manière de parler de Dieu. Non pour réduire sa manifestation à un jeu codifié mais pour ouvrir une introduction au "pas de Dieu" vers l'homme à une poétique et au mystère, donner un sens métaphorique à ce qui reste de l'indicible.

La danse trinitaire, ma septième contemplation, maintenant disponible... Elle effleure en quelques phrases la théologie de J. Moingt, mon dernier maître à penser...

09 janvier 2010

La Danse

Je viens de retrouver une vieille image trouvée chez P. Ricoeur. Il y parle de "l'antique rêve de (...) l'innocence et de l'action gracieuse ; l'aisance de la danse (...) comme une percée tout de suite évanouissante en direction d'un stade final de liberté où vouloir et pouvoir seraient sans hiatus, où nul effort viendrait rider de sa disgrâce le cours docile du mouvoir..."(1)

Il me semble que ce concept de danse pour être utilisé dans une description pastorale de ces mouvements de Dieu au sein de la Trinité économique...
Je suis en train de préparer un cours essai sur ce thème qui s'intitulerait "La danse Trinitaire"...
(1er jet à paraître bientôt, je vous en reparlerai...). Il chercherait à centrer l'analyse sur la première partie de l'axiome de Rahner : "La trinité économique est égale à la trinité immanente et inversement". Comment contempler la Trinité économique ? Est-ce que le terme de "danse" apporte un plus dans cette compréhension... Il s'agit bien sûr d'une danse tragique, dont la plus belle image est celle déjà développée dans Le dernier pont...

Est-ce que je pousse trop loin l'anthropocentrisme ?

Paul Ricoeur, Philosophie de la Volonté, I - Le volontaire et l'involontaire, Aubier, 1950, 2° éd.1988, p. 292

11 novembre 2009

Lavement des pieds... quatrième relecture

Une première lecture d'un des sommets de la théologie johannique passe par la double contemplation qui résulte de la structure même du récit en narrativité. La première partie du texte, au sein même du dialogue entre Jésus et Pierre (Jn 13, 6-10) nous invite à nous laisser purifier par le Christ et donc à recevoir le pardon de Dieu, avec une pointe donnée dans le verset 8 : "Si je ne te lave pas les pieds, tu n'auras point part avec moi" (*). La deuxième, donnée par la deuxième partie (12-20) est une invitation à l'amour communautaire et réciproque. Mais au sein même de l'ensemble de l'attitude de Jésus, nous entrons également en résonance avec le propre chemin de Dieu vers l'homme, cet abaissement de Dieu qui depuis la Shékinah (Gloire du Verbe) qui cherche l'homme dans le jardin (Targum de Gn 3) ne va cesser d'exprimer le "j'ai soif" crié par Dieu à l'humanité... Ce cri trinitaire ne cesse de se conjuguer dans l'Ecriture. On le trouvera dans l'entre-deux de la visite à Mambré, entre-les lignes de l'échange entre Moïse et Dieu en Ex 33, dans la voix d'un fin silence où la tendresse de Dieu vient chercher l'homme juste et lui fait entendre le chant des autres chercheurs de Dieu, le coeur des 7000 (cf. 1 R 19). Dans l'Evangile de Jean, nous l'avons déjà entendu dans le "donne moi à boire" prononcé à la Samaritaine (Jn 4), il sera interprété dans la danse du Fils, au pied de la femme adultère et résonnera dans le cri final prononcé sur la Croix. Au j'ai soif de ton humanité, viendra répondre, comme en écho, la symphonie du don trinitaire, jaillissement infini du fleuve d'amour, face auquel notre amphore reste bien petite...

Plus je médite ce texte plus sa portée, ce sommet théologique, ressemble à cette échelle de médiation présentée en Jn 1,51 où le Christ apparaît à la fois comme l'échelle et le nouveau Jacob (**)... L'échelle est accrochée au sommet du ciel. Ce Dieu de faiblesse révélée dans la kénose du Fils, résonnera chez Paul dans l'affirmation "Dieu lui a donné le nom" (Ph 2)... Jésus est le Christ... (***)


* cf. Y-M Blanchard, Saint Jean, Edit° de l'Atelier, p. 27
** cf. Targum néofiti de Gn 28
*** cf. W. Kasper, Jésus le Christ, Edit° du Cerf...

20 janvier 2008

Trinité - contemplation

Reste inimitable le fait que le Père divin est plus que "Faveur", "Fidélité", "Miséricorde" à savoir amour substantiel en lui-même. C’est pourquoi, en lui-même, il a besoin de l’aimé qu’il a engendré dans le libre don de soi. Et pour prouver le parfait renoncement à soi de leur union, il a besoin du troisième qui est le fruit et l’attestation de l’unité qui existe entre l’amour qui engendre et l’amour qui se reçoit gracieusement. Chrétiennement la source originelle n’est pas accessible autrement autant que dans cette unité transnumérique. (1)

Cette méditation de la Trinité n'a cessé de m'habiter et justifié la publication de Retire tes sandales !.
(1) d’après Hans Urs von Balthasar, Théologique III, L’Esprit de Vérité, p.429

08 janvier 2008

Ecouter

« S’écouter soi-même ensemble avec le Verbe qui sort du Père est l’origine de toute "écoute biblique" (contemplation, méditation). Pour Hans Urs von Balthasar, il ne peut y avoir de prière chrétienne qui ne soit pas dans l’Esprit du Christ une réponse à la Parole que le Père nous adresse dans le Christ par l’Esprit, en qui il se révèle et s’offre à nous. Cependant, l’Esprit met sur notre langue non pas sa propre parole, mais celle du verbe divin, Jésus. Il est celui qui suscite et médiatise le dialogue, sans qu’il prenne lui-même la parole. Il est sans parole (alalêtos : Rm 8,20) mais il sait la Parole juste et il peut la produire là où elle n’est pas sue suffisamment » (1)

J'aime bien cette approche, ce commerce au sens des Pères de l'Eglise entre ce qui est au coeur de nous-mêmes et ce qui nous dépasse, participation à la louange trinitaire ?

(1) Hans Urs von Balthasar, Théologique III, L’Esprit de Vérité, p. 362

05 décembre 2007

Abandon

« L’Esprit fut celui qui – en tant qu’Esprit d’Amour et en tant que garant objectif – faisait que l’union entre le Père et le Fils dans la figure de l’abandon fut supportée jusqu’à l’extrême par l’un et l’autre. » (1)

Cela ne fait qu’amplifier ce que je notais plus haut à partir du "dans sur".
L'abandon est à comprendre pour moi dans la kénose des personnes. Le Père donnant tout, le Fils abandonnant tout et l'Esprit supportant et médiatisant le tout ?

(1) Hans Urs von Balthasar, Théologique III, L’Esprit de Vérité, p.166

04 décembre 2007

Union trinitaire

« L’Esprit est le mouvement qui rend possible et que réussit cette disposition auprès du Père. L’Esprit fait que l’union hypostatique de la divinité et de l’humanité prend maintenant (sur la croix) une figure telle qu’elle fait apparaître jusqu’à l’extrême la différence entre Dieu et le pur homme. » (1)

« Le Père doit croître par le fait que le Fils dépose tout ce qui en lui est divin auprès du Père » (2)

Nous sommes plongés par là au cœur du mystère de la Trinité, comme un échange incessant entre le don de l’un et de l’autre et cette contemplation est porte du mystère. D’elle rayonne la lumière indicible du plan de Dieu sur l’homme.

(1) Adrienne von Speyr, Passion nach Matthaüs, Einsielden, Johannes Verlag, 1957, p. 154

(2) Adrienne von Speyr, ibid p. 153-154, cité par Hans Urs von Balthasar, Théologique III, L’Esprit de Vérité, p. 166

21 octobre 2007

Binité et Trinité

Pour Hans Urs von Balthasar, le simple amour du Père et du Fils ne produit qu’une « binité » (Binität). Ce qui manque, ajoute-t-il, c’est « le miracle de la fécondité, du cadeau qui dépasse l’un et l’autre ». (1) On ne peut s’empêcher de penser, quand on a la joie d’être père, à ce toujours plus que constitue l’enfant. Car c’est bien de la même « image et ressemblance » qu’il s’agit. Le conjugal s’épuise quand il est tourné sur soi-même et qu’il n’intègre pas le don, ce débordement que constitue toute fécondité, dont l’enfant naturel n’est que la face la plus visible.

(1) Hans Urs von Balthasar, La Théologique, III – L’Esprit de Vérité p. 39

14 octobre 2007

Méditation sur l’Ascension

Ne peut-on dire à l’aune des développements anciens sur l’hyperbole, que l’Ascension est en sens la véritable hyperbole ? Le Christ se révèle, s’incarne, puis se retire et ce retrait est ouverture pour nous. Ouverture dangereuse parce que notre interprétation peut se tromper, mais ouverture qui laisse une place à l’Esprit, qui prendra fonction d’interprète de ce chemin hyperbolique.

On aperçoit pour moi, là encore, le rôle kénotique de chacune des personnes divines.

04 septembre 2007

Le don total - II

Il ne reste rien à Dieu le Père. Le Père, en engendrant le Fils a « tout donné » (Rm 8,32) sans aucun reste, si bien que pour quiconque refuserait ce tout, le Père n’ait rien d’autre à proposer ». (1) Cela pourrait rester des spéculations de théologien, si ce n’était le cœur du message de la Parabole de l’enfant prodigue. Dieu donne tout et plus encore.

Ainsi ajoute Balthasar « en premier lieu, dans la foulée de la génération par le Père, il y aura une sortie de soi pour se déverser en quelque sorte dans une totalité qui dépasse tout ce qui peut appréhender comme forme, image, expression ». On retrouve l’image souvent évoquée du fleuve jaillissant de l’amour du Fils qui reproduit pour moi le tout donné du Père en un tout donné à son Eglise.

Le théologien précise que l’on ne saurait le qualifier autrement « qu’en le désignant comme amour pur et simple ». « En second lieu, puisque le fondement originaire (...) ne peut être désigné que comme amour pur et simple, le Fils se retourne vers le Père. Et ceci répond à ce qu’il est essentiellement, puisque sa substance n’est que totale réception : en se recevant, il se tourne vers la source ». (2) Pour moi cet aller-retour n’est pas différent du « je te reçois et je me donne à toi », tant et si bien qu’un couple qui perçoit les deux mouvements c'est à dire altérité et retour sur don peut être à son échelle petite « image » trinitaire. Mais cette corrélation reprise d’ailleurs par K. Barth n’est pas acceptable pour Hans Urs von Balthasar (3)

Il distingue non sans raison l’économie trinitaire de l’imitation et souligne que « Tout cela se vérifie dans l’économie et sur la croix » (4)

(1) Hans Urs von Balthasar, La Théologique, II ibid, p.162
(2) p. 165-6
(3) cf. p. 187
(4) p. 167

26 juillet 2007

Dilection diffère de condilection

« il y a condilection à proprement parler lorsque deux amis en aiment un troisième dans une concorde de la dilection, dans une communauté de l’amour et que les affections des deux premiers s’unifient dans l’incendie de ce troisième amour » (1)
Pour Hans Urs von Balthasar, c’est seulement de cette manière que Richard dépasse la forme de l’amour déjà connue dans l’Antiquité et qu’il atteint celle du total oubli de soi, qui est la charité chrétienne, dont la perfection se trouve en Dieu. Dans cet amour, il voit aussi la plénitude de la Gloire.

(1) Richard de Saint Victor, De Trin. III, 19 cité par Hans Urs von Balthasar, Th II, p.40
cf. ibid II, 4 Hans Urs von Balthasar, Th II, p.40

24 juillet 2007

Fécondité


La fécondité n’est pas seulement la loi propre de la vie organique mais également – idée reprise par Scheeben – celle de la vie spirituelle. Elle peut être, pour lui, engendrement dans le beau et par là même production d’un fruit (1).

On retrouve ce débordement de l'Esprit que je commentais dans la structure économique trinitaire. Je ne peux concevoir que le don du Père dans le Fils ne donne pas lieu à un débordement plus grand, qui reste intra-trinitaire. Il est fécond par essence, et nous en percevons les fruits, miettes d'un pain partagé, goutte d'un fleuve jaillisant, étincelle d'une lumière qui nous enveloppe...

(1) Cité par Hans Urs von Balthasar, ThII, p.63

25 mai 2007

Souffrance et amour - II

On ne peut pas dire que le Christ est mort sur la croix par pur accident. En fait « le Dieu tripersonnel n’a jamais cessé d’être un et unique » (1). En effet, pour Hans Urs von Balthasar, on ne saurait évoquer l’idée d’une évolution en Dieu comme s’il n’arrivait à la plénitude unique que par le fait du péché du monde.

Je pense en effet que le Fils n’a pas besoin de mourir pour être Fils. Il est comme l’affirme Jean, Verbe depuis l’origine. Ainsi, seul l’amour du Dieu tripersonnel nous fait la grâce de nous en révéler la profondeur et cela au nom de sa confiance et son amour pour l’humanité. C’est pour nous que le Fils révèle cet extraordinaire amour de la Trinité, qui nous aurait échappé totalement sans cette révélation. Mais elle n’est pas en soi constitutive de la réalité de Dieu et n’est pas en soi mouvement des personnes qui restent liés en toutes hypothèses d’un amour indéfectible, en dépit de la distance entre le Père et le Fils fait homme.

(1) Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, IV, Le Dénouement, Culture & Vérité, Namur 1993 p. 241

01 avril 2007

Prière

La prière est vue par Balthasar comme une participation à la vie intra-trinitaire et ecclésiale. Pour lui, Dieu va à la rencontre de la prière, il se penche vers elle avant même d'y répondre, il l'élève et lui donne part à l'éternité.

(1) d'après Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, IV, Le Dénouement, Culture & Vérité, Namur 1993 p. 120

29 mars 2007

Triple kénose - III

Pour Hans Urs von Balthasar, "la kénose de l'obéissance par laquelle Jésus ne retint pas le rang qui l'égalait à Dieu (Ph 2,7) est fondée sur la kénose éternelle des Personnes divines, les unes à l'égard des autres, la kénose du Fils n'étant qu'un des aspects" des kénoses intra-divines".

C'est l'obéissance qui fait l'unité de la vie du Christ, elle se maintient sans défaillance jusque que dans la nuit de la Croix alors que leur sont enlevés toute vue du Père et tout contact avec lui (1)

Serait-elle kénose véritable si la distance n'était pas portée à une distance infinie, si malgré la proximité de cœur, la distance des êtres n'étaient pas le signe de leur liberté la plus totale, la plus infinie.

(1) d'après Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, IV, Le Dénouement, Culture & Vérité, Namur 1993 p. 106

20 février 2007

Véritable filiation

C'est peut-être sous cet angle que l'on doit comprendre que le Christ lui-même personne se reçoit du Père alors même qu'il est Verbe. Il est constamment tourné vers le sein du Père (Jn 1, 18) en vue de l'accomplissement "d'une attente, un toujours plus qui rythme de l'intérieur l'actualisation de l'événement " (1)

En soi, la distance n'est pas opposition mais permet de maintenir l'originalité de l'être et l'agir de chaque personne "pour fournir le fondement, à l'intérieur de la Trinité, de ce qui sera dans l'économie du salut l'établissement d'une distance pouvant aller jusqu'à la déréliction de la croix" (2)

Je compare cela à la notion de chasteté entre deux personnes, cette distance essentielle qui laisse l'autre être, au delà de l'amour que l'on porte...

(1) d'après Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, IV, Le Dénouement, Culture & Vérité, Namur 1993 p. 79

(2) ibid p. 81

Balises : distance, Balthasar

19 février 2007

Amour trinitaire

Pour Balthasar, le Père le demande le premier. Il supplie le Fils de lui faire cette joie d'accorder ce qu'il demande. Avant que le Fils ne lui propose, le Père l'a déjà précédé. "Mais c'est l'Esprit, auquel appartient tout particulièrement la liberté du choix et de la décision puisqu'il est volonté divine absolue qu'incarne, pour ainsi dire, le discernement commun de ce qu'il faut accorder. De cette manière la décision trinitairement une est toujours une décision prise en commun, avec toute fois, à chacune de ces étapes, un "divin toujours plus", un accroissement et une surprenante nouveauté, une exubérance grandissante. L'unité de la décision est unité d'amour vivant (…) un accomplissement".

On est loin là encore de la notion d'obéissance servile. C'est peut-être d'ailleurs à cette communion où nous invite le Fils : "je ne vous appelle pas serviteurs (doulous) mais amis (philous)" (Jean 15,15).

Ainsi pour Balthasar, l'accomplissement actif et l'acquiescement passif sont à eux deux, les fondements de l'unité de Dieu dès l'origine, comme ils les sont de toute action et contemplation. Pour lui, cela est vrai aussi bien au sein de l'essence divine que dans le monde créé : "c'est la distance toujours plus grande et pourtant toujours surmontée, entre les Personne qui fonde la contemplation mais cette distance est à son tour fondée sur elle". (2)

Relire à ce sujet l'excellent livre de Jean-Luc Marion : "L'idôle et la distance" qui m'avait beaucoup éclairé en son temps sur le paradoxe de la distance et de la proximité.

(1) d'après Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, IV, Le Dénouement, Culture & Vérité, Namur 1993 p. 75-76

(2) ibid p. 77

18 février 2007

Kénose trinitaire

Pour Hans Urs von Balthasar, "cet abandon de soi auquel le Fils et le Saint-Esprit participe par leur réponse signifie une sorte de "mort", une kénose radicale". (1) Cela rejoint ce que nous soulevions plus haut sur la triple kénose. L'amour du Père qui s'abandonne éternellement au Fils n'est que l'origine de cette attitude du Fils. Pour Bonaventure déjà, il y a dans le Fils "une puissance passive de génération en tant qu'aptitude à être engendré" (2) et pour moi cette passivité n'est autre que la constatation du don. Sur la croix, nos espérances humaines se sont tues, comme je le signalais précédemment et il ne nous reste peut-être, à l'image du Fils, que ce que Lévinas appelait la "passivité plus que passive".

Dans la distance de la génération passive se trouve déjà la possibilité du retour vers le Père. Je trouve que cette théologie trinitaire a des couleurs d'une esthétique, d'une poétique qui est au-delà de l'apparente utopie de l'amour qui se semble se dessiner aux yeux des hommes. Il y a la les germes d'une interpellation, d'une hyperbole qui nous pousse au-delà de nous-mêmes.

(1) d'après Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, IV, Le Dénouement, Culture & Vérité, Namur 1993 p. 71 à 73

(2) Bonaventure, Sentences, dist. 7, dubium 7 (I145s)

15 février 2007

Le Don - IV

Pour Balthasar, l'essence divine n'est pas un bloc inerte d'identité mais "une réalité qui se communique dans le Père, se reçoit dans le Fils, est donnée en commun à l'Esprit par le Père et le Fils, étant elle-même de la part du Fils et de l'Esprit quelque chose de reçu"

Il y a donc un mystérieux échange trinitaire qui fait transpirer pour moi la triple kénose des personnes divines. Le Père s'abandonne au Fils qui s'abandonne par amour du Père et se transmet par l'Esprit. Je retrouve ce que Maurice Zundel décrivait comme un "Dieu à une distance infinie de lui-même", un don parfait.

Cela rejoint Grégoire de Nysse qui affirmait que stabilité et mobilité sont comparables. "Plus quelqu'un demeure fixe et inébranlable dans le bien, plus il avance dans la voie de la vertu. Sa stabilité est pour lui comme une aile".

(1) d'après Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, IV, Le Dénouement, Culture & Vérité, Namur 1993 p. 64

(2) Grégoire de Nysse, Vie de Moïse, PG 44, 405 BD, trad. J. Danièlou, Sources chrétiennes, 1, 146-147

14 février 2007

Le don - III

Pour K. Hemmerle "se donner n'est pas se perdre : c'est essentiellement se réaliser soi-même". Pour lui, donner c'est se déposséder mais aussi contenir ce que l'on donne et d'une certaine manière "se prodiguer c'est exister…" (1)

"Le don de soi absolu est au-delà de la puissance et l'impuissance : l'un et l'autre est intrinsèque au surgissement de l'être. S'il y a substance, c'est en vue d'une transsubstantiation et d'une communion. Ainsi, l'on voit qu'à partir de ce point de vue l'immutabilité de Dieu et l'amour de Dieu se laissent parfaitement réconcilier." (2)

Dieu dont l'amour est infini peut donc sans changement vibrer au sein même de sa divinité dans l'éternel échange trinitaire.

(1) K. Hemmerle Thèse sur une ontologie tinitaire, p. 39, 61, 47 cité par Hans Urs von Balthasar, DD IV, p. 62

(2) ibid p. 63