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15 décembre 2019

La voix, le silence et la Parole - saint Augustin - amour en toi, 49…

« La parole est déjà dans mon cœur ; mais lorsque je veux te parler, je cherche comment faire passer dans ton cœur ce qui est déjà dans le mien.

Si je cherche donc comment la parole qui est déjà dans mon cœur pourra te rejoindre et s'établir dans ton cœur, je me sers de la voix, et c'est avec cette voix que je te parle : le son de la voix conduit jusqu'à toi l'idée contenue dans la parole ; alors, il est vrai que le son s'évanouit ; mais la parole que le son a conduite jusqu'à toi est désormais dans ton cœur sans avoir quitté le mien.

Lorsque la parole est passée jusqu'à toi, n'est-ce donc pas le son qui semble dire lui-même : Lui, il faut qu'il grandisse ; et moi, que je diminue ? Le son de la voix a retenti pour accomplir son service, et il a disparu, comme en disant : Moi, j'ai la joie en plénitude. Retenons la parole, ne laissons pas partir la parole conçue au fond de nous.

Tu veux voir comment la voix s'éloigne, tandis que demeure la divinité de la Parole ? Où est maintenant le baptême de Jean ? Il a accompli son service, et il a disparu. Maintenant le baptême du Christ se multiplie. Tous nous croyons au Christ, nous espérons le salut dans le Christ : c'est cela que la voix faisait entendre.

Il est difficile de distinguer la parole de la voix, et c'est pourquoi on a pris Jean pour le Christ. On a pris la voix pour la parole ; mais la voix s'est fait connaître afin de ne pas faire obstacle à la parole. Je ne suis pas le Messie, ni Élie, ni le Prophète. On lui réplique : Qui es-tu donc ? Il répond : Je suis la voix qui crie à travers le désert : Préparez la route pour le Seigneur. La voix qui crie à travers le désert, c'est la voix qui rompt le silence. Préparez la route pour le Seigneur, cela revient à dire : Moi, je retentis pour faire entrer le Seigneur dans le cœur ; mais il ne daignera pas y venir, si vous ne préparez pas la route.

Que signifie : Préparez la route, sinon : Priez comme il faut ? Que signifie : Préparez la route, sinon : Ayez d'humbles pensées ? Jean vous donne un exemple d'humilité. On le prend pour le Messie, il affirme qu'il n'est pas ce qu'on pense, et il ne profite pas de l'erreur d'autrui pour se faire valoir.

S'il avait dit : Je suis le Messie, on l'aurait cru très facilement, puisqu'on le croyait avant même qu'il ne parle. Il l'a nié : il s'est fait connaître, il s'est défini, il s'est abaissé.

Il a vu où se trouvait le salut. Il a compris qu'il n'était que la lampe, et il a craint qu'elle ne soit éteinte par le vent de l'orgueil. » (1)



Il est au milieu de vous,                    
celui que vous ne connaissez pas ;
préparez le chemin du Seigneur,
écoutez sa voix, amis de l'Époux,
pour que votre joie soit parfaite.

℟ Réjouissez-vous dans le Seigneur !
Réjouissez-vous, car il est proche

(1) Saint Augustin, homélie pour la nativité de Jean Baptiste, source : office des lectures du troisième dimanche de l'avent

14 décembre 2019

L’amour est en Christ - 48 - Saint Jean de La Croix



Parfois Dieu nous fait la grâce de manifester sa tendresse et sa miséricorde d'une manière extra-ordinaire (extase ou don des larmes). L'âme peut se contenter de cela et poursuivre son chemin sans comprendre que cet amour est la première marche d'un chemin où Dieu a « besoin de nos mains (1) » pour participer à l'extension de son « Royaume ». Quel est la nature de son appel ? Où veut-il nous conduire ? Plusieurs écueils se présentent, en lien avec la Parabole du semeur :

  • La paresse qui nous fait oublier l'appel, quand nous sommes repris par le chant des sirènes du monde,
  • La fuite, quand nous courrons après l'extase mystique sans accepter l'appel parfois douloureux à la charité qui va suivre.
  • Le fait de tomber face aux agissements du malin qui cherche souvent une faille dans  nos vies
Quelle va être la terre qui accueillera cette semence de la grâce ? 
La voie est étroite. Est-on forcé ensuite à passer par le désert(2) ou par la Croix ? C'est un peu ce que suggère saint Jean de la Croix que nous fêtons aujourd'hui dans ce beau texte que je découvre ce matin dans l'office des lectures :

« Ce qui est dans le Christ est inépuisable ! C'est comme une mine abondante remplie d'une infinité de filons avec des richesses sans nombre ; on a beau y puiser, on n'en voit jamais le terme ; bien plus, chaque repli renferme ici et là de nouveaux filons à richesses nouvelles ; ce qui faisait dire à saint Paul du Christ : Dans le Christ se trouvent cachés tous les trésors de la sagesse et de la connaissance de Dieu. Mais l'âme ne peut y pénétrer ni les atteindre, si, comme nous l'avons dit, elle ne passe pas d'abord et n'entre pas dans la profondeur des souffrances extérieures et intérieures ; il faut, de plus, qu'elle ait reçu de Dieu une foule de faveurs intellectuelles et sensibles, et qu'elle ne soit exercée longtemps dans la spiritualité ; ces faveurs sont en effet d'un ordre inférieur : ce sont des dispositions pour arriver aux cavernes élevées de la connaissance des mystères du Christ, la plus haute sagesse à laquelle on puisse parvenir ici-bas.
Oh ! si l'on finissait enfin par comprendre qu'il est impossible de parvenir à la profondeur de la sagesse et des richesses de Dieu sans pénétrer dans la profondeur de la souffrance de mille manières, l'âme y mettant sa joie et ses désirs (afin de comprendre avec tous les saints quelle en est la largeur et la longueur, la hauteur et la profondeur) ! L'âme qui désire vraiment la sagesse désire aussi vraiment entrer plus avant dans les profondeurs de la Croix qui est le chemin de la vie ; mais peu y entrent. Tous veulent entrer dans les profondeurs de la sagesse, des richesses et des délices de Dieu, mais peu désirent entrer dans la profondeur des souffrances et des douleurs endurées par le Fils de Dieu : on dirait que beaucoup voudraient être déjà parvenus au terme sans prendre le chemin et le moyen qui y conduit. »(3)

Il faut peut-être relire François Marxer dans son beau livre, Au péril de la Nuit, Femmes mystiques du XXeme siècle, (Paris, Cerf, 2017) pour voir où cela nous conduit.

(1) cf. Etty Hillesum, lettre à Westenbrock
(2) cf. mon essai Chemins du désert 
(3)Cantique spirituel, source : office des lectures, AELF


04 novembre 2019

Au fil de Luc 19, 1-10 Zachée, homélie du 3 novembre - 31ème dimanche…

Aujourd'hui est un jour de joie, parce que Dieu veut demeurer chez nous.

Il a pitié de tous les hommes, il aime « tout ce qui existe » (...)
  « toi dont le souffle impérissable les anime tous. Ceux qui tombent, tu les reprends peu à peu, tu les avertis, tu leur rappelles en quoi ils pèchent, pour qu'ils se détournent du mal et croient en toi, Seigneur. » (Sg 11, 22 – 12, 2)
« Le Seigneur est tendresse et pitié,
lent à la colère et plein d'amour ;
la bonté du Seigneur est pour tous,
sa tendresse, pour toutes ses œuvres. » (Ps144)

Prenons le temps de réécouter le texte de Luc avec les yeux de cette miséricorde divine... :
« En ce temps-là,  entré dans la ville de Jéricho, Jésus la traversait.
    Or, il y avait un homme du nom de Zachée ; il était le chef des collecteurs d'impôts,
et c'était quelqu'un de riche.
    Il cherchait à voir qui était Jésus, mais il ne le pouvait pas à cause de la foule, car il était de petite taille. Il courut donc en avantbet grimpa sur un sycomore pour voir Jésus qui allait passer par là.
    Arrivé à cet endroit, Jésus leva les yeux et lui dit :
« Zachée, descends vite :
aujourd'hui il faut que j'aille demeurer dans ta maison. »
    Vite, il descendit et reçut Jésus avec joie.
    Voyant cela, tous récriminaient :
« Il est allé loger chez un homme qui est un pécheur. »
    Zachée, debout, s'adressa au Seigneur :
« Voici, Seigneur : je fais don aux pauvres de la moitié de mes biens,
et si j'ai fait du tort à quelqu'un,
je vais lui rendre quatre fois plus. »
    Alors Jésus dit à son sujet : « Aujourd'hui, le salut est arrivé pour cette maison,
car lui aussi est un fils d'Abraham. En effet, le Fils de l'homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu. » (Luc 19, 1-10)
Textes liturgiques © AELF.

Il y a une correspondance intéressante entre ce que je disais hier et les textes d'aujourd'hui.
Tout dépend de nos choix, de notre désir de laisser Dieu demeurer en nous.
Comme Zachee, écoutons humblement Jésus nous dire : « descend de ton arbre je veux habiter dans ta maison... »

Notre Dieu [nous] trouve dignes de l'appel qu'il [nous] a adressé ;
par sa puissance,
qu'il [nous] donne d'accomplir tout le bien que [nous] désirons, et qu'il rende active [notre] foi.
Cette dignité n'est pas un dû mais un appel à la responsabilité.

Souvent nous voulons prendre la main sur notre histoire, maîtriser l'autre. C'est la tentation du diacre, comme du mari, de la femme sur sa maison, comme du prêtre ou de certains laïcs sur la paroisse. 
Nous voulons consciemment ou non avoir le pouvoir. 
Le chemin de Dieu passe par une descente de nos tours humaines. Une descente à Jéricho. Les pères de l'église y voit un premier signe dans ce texte... 
Jésus vient nous visiter. Il se met à genoux devant l'homme...
Comme Zachee (Luc 19), écoutons humblement Jésus nous dire : « descend vite, il faut que je demeure chez toi »

Prenons le temps d'entendre Jésus nous dire cela...
Laissez vous habiter par Dieu en commençant par cette eucharistie...
En avançant tout à l'heure vers l'autel tendez vos mains pour signifier cela...
Seigneur viens... viens habiter chez moi. Viens transformer ma vie.

31 octobre 2019

Homélies du 2 et 3 novembre - Messe des défunts et Zachée

  1. Homélie du 2 novembre - Commémoration de tous les fidèles défunts
Projet n.3

Aujourd’hui nous faisons mémoire de nos défunts. l,enjeu pour nous n’est pas de tomber dans une mémoire négative ou un jugement de ceux qui nous ont précédé.
le risque  est d’entrer dans le jugement. c'est notre rapport à la loi...

« La mort a été engloutie dans la victoire.  Ô Mort, où est ta victoire ?
Ô Mort, où est-il, ton aiguillon ?  L'aiguillon de la mort,c'est le péché ; ce qui donne force au péché, c'est la Loi. » (1, Co 15,56)

Arrêtons-nous nous sur cette dernière phrase. « ce qui donne force au péché, c'est la Loi. » quand nous brandissons la loi comme un étendard nous ne sommes pas dans la miséricorde et l'amour mais dans le jugement et le pouvoir...
Attention à nos poussées moralisatrices.

« ce qui donne force au péché, c'est la Loi. »
« Que celui qui n'a pas péché jette la première pierre ». (Jn 8)
Non  l’enjeu si bien décrit par le livre de la sagesse est de croire, d’espérer et d’aimer.

Ces trois vertus théologales doivent être la clé de l’approche de la mort.

croire en la résurrection 
espérer que nous nous retrouverons dans l’amour
vivre de cet amour:

Qu'est-ce qui nous attend en effet ?
La question que pose ces textes peut nous conduire à entrer dans ce type de considération pour nous-mêmes et dépasser celle que nous nous posons sur ceux qui nous ont précédé.
Peut-être que ce détour est même souhaitable par rapport à une fausse idée sur le mystère de la mort...
Qu'est-ce qui nous attend ?
Finalement, la réponse est double.

1ère réponse
Elle repose d'abord sur ce que nous faisons dans l'orde de l'amour. C'est ce à quoi nous appelle l'évangéliste : tout ce qui est amour nous fait entrer dans l'infini de Dieu amour.
« Car j'avais faim, et vous m'avez donné à manger ;j'avais soif, et vous m'avez donné à boire ;j'étais un étranger, et vous m'avez accueilli ;j'étais nu, et vous m'avez habillé ;j'étais malade, et vous m'avez visité ;j'étais en prison, et vous êtes venus jusqu'à moi !' »

Nos choix nous donnent la direction. Notons d'ailleurs que selon Matthieu ce n'est pas Dieu qui conduit au châtiment mais l'homme qui y va tout seul par son refus de Dieu : « ils s'en iront, ceux-ci au châtiment éternel »...(Mat 25, 46). Ils s'en iront tout seuls...

C'est là où la 2eme réponse que nous donne la tradition de l'Église est importante et intrinsèquement liée à la première :
Puisque Dieu est miséricorde, il est venu pour sauver en nous ce qui n'est pas encore amour. En nous détournant de l'amour nous choisissons nous mêmes notre mort. En nous laissant transformer par Lui, nous purifions ce qui n'est pas encore amour.
C'est par ce détour que nous pouvons maintenant revenir à ceux qui sont déjà partis.

Ils sont morts à nos yeux et pourtant, comme l'affirme la première lecture ils sont dans le cœur de Dieu.
« Les âmes des justes sont dans la main de Dieu ;
aucun tourment n'a de prise sur eux. » (SG, 3, 1)
Ce qui a été amour est toujours vivant tel est notre espérance.



Projet 2 : Homélie du 3 novembre

Il y a une correspondance intéressante entre ce que je disais hier et les textes d'aujourd'hui.
Tout dépend de nos choix, de notre désir de laisser Dieu demeurer en nous.

"Notre Dieu [nous] trouve dignes de l'appel qu'il [nous] a adressé ;
par sa puissance, qu'il [nous] donne d'accomplir tout le bien que [nous] désirons,
et qu'il rende active [notre] foi". Nous dit la lecture de 2 Thessaloniciens (1, 11).

Cette dignité n'est pas un dû mais un appel à la responsabilité.

Souvent nous voulons prendre la main sur notre histoire, maîtriser l'autre. C'est la tentation du diacre, comme du mari, de la femme sur sa maison, comme du prêtre sur sa paroisse. 

Nous voulons consciemment ou non avoir le pouvoir. 

Le chemin de Dieu passe par une descente de nos tours humaines. Une descente à Jéricho. Les pères de l'église y voit un premier signe dans ce texte... 

Comme Zachee (Luc 19), écoutons humblement Jésus nous dire : « descend vite, il faut que je demeure chez toi »

Prenons le temps d'entendre Jésus nous dire cela...
Laissez vous habiter par Dieu en commençant par cette eucharistie...
En avançant tout à l'heure vers l'autel tendez vos mains pour signifier cela...
Seigneur viens... viens habiter chez moi. Viens transformer ma vie.



15 octobre 2019

Amour en toi 45 - Augustin - Le royaume intérieur

Une petite exhortation qui fait mouche dans un monde où la tendance est à la dispersion et la quête insatiable et insensée de l'éphémère.

Nul n'échappe à cette course et pourtant l'essentiel est ailleurs :
« Ces hommes sont nombreux qui nous disent « Qui nous montrera les biens ? » et ne voient pas le Royaume de Dieu qui est en eux-mêmes, « se sont donc multipliés par la récolte leur froment, de leur vin et de leur huile ». Se multiplier, en effet, ne se dit pas toujours de l'abondance, mais quelquefois de la pénurie, alors qu'une âme enflammée pour les voluptés temporelles d'un désir insatiable, devient la proie de pensées inquiètes qui la partagent, et l'empêchent de comprendre le vrai bien qui est simple » (1)



(1) Augustin, Discours sur les psaumes I, Psaume 4, §9, Paris, Cerf, p. 44

04 octobre 2019

La danse intérieure - Nouvelle

Le thème de la danse m’habite depuis bien longtemps et m’a déjà conduit à publier :
- Une dernière valse, nouvelle
- La danse Trinitaire, essai, repris dans L’Amphore et le fleuve et À genoux devant l’homme.
Voici la danse intérieure, une petite nouvelle écrite en communion avec mes deux filles alors qu’elles portent la vie. À l’occasion de la naissance de ma troisième petite fille et en action de grâce voici : La danse intérieure, une nouvelle qui interpelle sur la vie in utero. Elle ne porte pas d’autres messages qu’un éveil à cette communion particulière entre l’enfant et la femme, à ce tressaillement qui nous invite à méditer sur l’amour en nous. Ode à la vie... à l’époque des débats PMA - GPA, un autre regard sur maternité et filiation.

Cette très courte nouvelle est accessible gratuitement sur Kobo et Fnac.com
L’édition comprend aussi « Une dernière valse ».
Mes amis pourront aussi me la demander par mail ou mp.

11 septembre 2019

Amour en toi - 43 - Saint Bernard de Clairvaux

Parmi les chemins spirituels, la voie la plus sûre est celle de la contemplation qui nous détache d'un enfermement sur nous mêmes et nous décentré vers le Christ. Alors nous passons au cœur, au Temple où seule la volonté de Dieu devient première.

Écoutons sur ce point saint Bernard de Clairvaux : « Fixons-nous solidement au rempart ; appuyons-nous de toutes nos forces sur le roc inébranlable qu'est le Christ, selon cette parole de l'Écriture : Il m'a fait reprendre pied sur le roc, il a raffermi mes pas. Ainsi établis et réconfortés, mettons-nous à contempler : nous verrons ce qu'il nous dit et ce que nous répondrons à qui nous fait reproche.

Le premier degré de la contemplation en effet, mes bien-aimés, c'est que sans cesse nous considérions ce que veut le Seigneur, ce qui lui plaît, ce qui lui est agréable. En beaucoup de choses nous l'offensons tous, notre manque de simplicité heurte la droiture de sa volonté, et cela nous empêche de nous unir, de nous attacher à lui. Humilions-nous donc sous la main puissante du Dieu très-haut et hâtons-nous d'exposer toute notre misère devant les yeux de sa miséricorde en disant : Guéris-moi, Seigneur, et je serai guéri, sauve-moi et je serai sauvé, et encore : Prends pitié de moi, Seigneur, guéris mon âme, car j'ai péché contre toi.

Lorsque l'œil du cœur est purifié par ce genre de pensées, nous ne vivons plus le cœur plein d'amertume mais dans les délices qui se trouvent en l'Esprit de Dieu. Déjà nous ne considérons plus quelle est la volonté de Dieu sur nous, mais quelle est cette volonté en elle-même. Car c'est dans sa volonté qu'est la vie, et absolument rien n'est plus utile et plus avantageux que de s'accorder à sa volonté. Et c'est pourquoi l'empressement que nous mettons à vouloir conserver notre vie, mettons-le aussi, dans la mesure du possible, à ne point dévier du chemin qui y mène.

Ensuite, lorsque nous aurons progressé quelque peu dans l'ascèse spirituelle en suivant comme guide l'Esprit Saint qui scrute les profondeurs mêmes de Dieu, représentons-nous combien le Seigneur est tendresse, combien il est bon en lui-même. Demandons avec le prophète de voir la volonté du Seigneur, demandons-lui de nous faire visiter non plus notre cœur mais son temple. Et avec lui nous dirons encore : Mon âme en moi s'est troublée, c'est pourquoi je me souviendrai de toi.

Ces deux choses résument le contenu de toute la vie spirituelle : au spectacle de nous-mêmes, nous sommes troublés et contrits pour notre salut, tandis que, dans la contemplation de Dieu, nous respirons et la joie du Saint-Esprit nous procure la consolation. D'une part, crainte et humilité ; d'autre part, espérance et charité. »

(1) Saint Bernard de Clairvaux, Sermon, source office des lectures du 11/9

24 août 2019

Au fil de 1 Corinthiens 4, force est en toi 42 - La Croix et la faiblesse de Dieu comme chemin…

Au terme de notre voyage intérieur, il nous faut percevoir que rien n'arrête ceux qui ont tout laissé pour le suivre. Il y a dans la kénose, l'effacement et l'abandon de tout calcul humain une renaissance possible au sens soulevé par Jésus à Nicodème. Cette puissance c'est celle de la faiblesse d'un Dieu qui n'est qu'amour. De notre renoncement jaillit la force de l'Esprit.
«En fait, il me semble que Dieu nous a mis, nous les apôtres, à la dernière place: nous sommes comme des condamnés à mort jetés dans l'arène: nous sommes donnés en spectacle au monde entier, aux anges aussi bien qu'aux êtres humains. Nous sommes fous à cause du Christ, mais vous êtes sages dans l'union avec le Christ; nous sommes faibles, mais vous êtes forts; nous sommes méprisés, mais vous êtes honorés! A cette heure encore, nous souffrons de la faim et de la soif, nous manquons de vêtements, nous sommes battus, nous passons d'un endroit à l'autre; nous travaillons durement pour gagner notre pain. Quand on nous insulte, nous bénissons; quand on nous persécute, nous supportons; quand on dit du mal de nous, nous répondons avec bienveillance. On nous considère maintenant encore comme les balayures du monde, comme le déchet de l'humanité.»
‭‭1 Corinthiens‬ ‭4:9-13‬ ‭

Écoutons à ce sujet saint Jean Chrysostome : « La croix a gagné les esprits au moyen de prédicateurs ignorants, et cela dans le monde entier. Il ne s'agissait pas de questions banales, mais de Dieu et de la vraie foi, de la vie selon l'Évangile, du jugement futur. Elle a donc transformé en philosophes des rustres et des illettrés. Voilà comment la folie de Dieu est plus sage que l'homme, et sa faiblesse, plus forte.

Comment est-elle plus forte ? Parce qu'elle s'est répandue dans le monde entier, qu'elle a soumis tous les hommes à son pouvoir et qu'elle a résisté aux innombrables adversaires qui voulaient faire disparaître le nom du Crucifié. Au contraire, ce nom s'est épanoui et propagé ; ses ennemis ont péri, ont disparu ; les vivants qui combattaient un mort ont été réduits à l'impuissance. Aussi, quand un Grec dit que je suis fou, il manifeste que lui-même l'est au maximum, puisque moi qu'il juge fou, je me montre plus sage que les sages ; s'il me traite de faible, il se montre lui-même plus faible encore. En effet, ce que des publicains et des pécheurs ont pu réussir par la grâce de Dieu, les philosophes, les rhéteurs, les tyrans, bref la terre entière, dans toute son étendue, n'a même pas été capable de l'imaginer. ~

C'est en pensant à cela que Paul disait : La faiblesse de Dieu est plus forte que tous les hommes. Que la prédication soit l'œuvre de Dieu, c'est évident ici. Comment douze hommes, des ignorants, ont-ils pu avoir l'idée d'une pareille entreprise, eux qui vivaient auprès des lacs et des fleuves, et dans le désert ? Eux qui n'avaient jamais fréquenté les villes et leurs assemblées, comment ont-ils pu songer à se mobiliser contre la terre entière ? Ils étaient craintifs et sans courage : celui qui a écrit sur eux le montre bien, lui qui n'a voulu ni excuser ni cacher leurs défauts. C'est là une preuve très forte de vérité. Que dit-il donc à leur sujet ? Quand le Christ fut arrêté, après avoir fait d'innombrables miracles, la plupart s'enfuirent, et celui qui était leur chef de file ne resta que pour le renier.

Ces hommes étaient incapables de soutenir l'assaut des Juifs quand le Christ était vivant. Et lorsqu'il fut mort et enseveli, alors qu'il n'était pas ressuscité, qu'il ne leur avait donc pas adressé la parole pour leur rendre courage, d'où croyez-vous qu'ils se seraient mobilisés contre la terre entière ? Est-ce qu'ils n'auraient pas dû se dire : « Qu'est-ce que cela ? Il n'a pas été capable de se sauver lui-même, et il nous protégerait ? Quand il était vivant, il n'a pas pu se défendre, et maintenant qu'il est mort il nous tendrait la main ? Quand il était vivant, il n'a pu se soumettre aucune nation, et nous allons convaincre la terre entière en proclamant son nom ? Comment ne serait-il pas déraisonnable, non pas même de le faire, mais seulement d'y penser ? »

La chose est donc évidente : s'ils ne l'avaient pas vu ressuscité et s'ils n'avaient pas eu la preuve de sa toute-puissance, ils n'auraient pas pris un risque pareil. (1)

(1) Saint Jean Chrysostome, Homélie sur la première lettre aux Corinthiens, source office des lectures du 23/8/19, AELF


23 août 2019

Amour en toi 41 - la prière intérieure

Laissons nous habiter par la prière de l'Église

« Combien j'ai pleuré, en chantant tes hymnes et tes cantiques, tant j'étais remué par les douces mélodies que chantait ton Église ! Ces chants pénétraient dans mes oreilles, la vérité s'infiltrait dans mon cœur que la ferveur transportait, mes larmes coulaient, et cela me faisait du bien. » (1)

(1) saint Augustin, Confessions cité par Pie X in Divino Afflatu, 1911

19 août 2019

Au fil de Matthieu 19,21 22 - Humilité et effacement - Amour en toi…


« Jésus lui répondit : « Si tu veux être parfait, va, vends ce que tu possèdes, donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans les cieux. Puis viens, suis-moi. » À ces mots, le jeune homme s'en alla tout triste, car il avait de grands biens » (Mat 19, 21-22)

Écoutons sur ce chemin les propos de sainte Thérèse d'Avila : « Ô Jésus ! s'en trouvera-t-il une seule parmi nous pour dire qu'elle ne veut pas aller jusqu'au bout ? (...) Nulle ne le dira, certainement. Toutes nous assurons le vouloir. Mais il faut quelque chose de plus pour que Dieu soit maître absolu d'une âme, et le dire ne suffit pas. Le jeune homme à qui Notre Seigneur demanda s'il voulait être parfait en est la preuve. (...)
Entrez, entrez à l'intérieur de vous, mes filles, dépassez vos petits actes de vertu. Comme chrétiennes, vous êtes tenues à tout cela, et à bien davantage. Contentez-vous d'être les servantes de Dieu, et ne portez pas vos prétentions si haut, que vous risquiez de tout perdre. Considérez les saints qui sont entrés dans la chambre de ce Roi (Ct 1,4), et vous verrez quelle distance nous sépare d'eux. Ne demandez pas ce que vous n'avez pas mérité. Après avoir offensé Dieu comme nous l'avons fait, il ne devrait même pas nous venir à l'esprit que nous pourrons jamais, quels que soient nos services, mériter la faveur accordée aux saints. Ô humilité ! humilité ! (...) Je suis un peu tentée de croire que si certaines personnes s'affligent tant de leurs sécheresses, c'est qu'elles manquent un peu de cette vertu. (...) Éprouvons-nous nous-mêmes, mes sœurs, ou laissons Dieu nous éprouver : il sait bien le faire, quoique souvent nous nous refusions à le comprendre. (...)
Si, au moment où il nous dit ce que nous avons à faire pour être parfaits, nous lui tournons le dos et nous en allons tout tristes, comme le jeune homme de l'Évangile, que voulez-vous qu'il fasse, lui qui doit mesurer la récompense sur l'amour que nous lui portons ? Cet amour, mes filles, ne doit pas être un vain fruit de l'imagination, mais se prouver par les œuvres. Ne vous figurez pas cependant que Dieu ait besoin de nos œuvres ; ce qu'il lui faut, c'est la détermination de notre volonté. (...) C'est même indubitable : si l'on persévère dans ce dépouillement et cet abandon de tout, on obtiendra ce qu'on désire. À une condition cependant, comprenez-le bien, c'est qu'on se considérera comme un serviteur inutile (Lc 12,48) (1)



(1) Sainte Thérèse d'Avila, Le Château intérieur, 3es demeures, ch. 1 (trad. Mère Marie du Saint-Sacrement, OC ; Éds du Cerf 1995, p. 1000-1001 ; rev.)



16 août 2019

Homélie sur le baptême - Saint Pacien de Barcelone - Amour en toi 40

Je découvre cette homélie donnée dans l'office des lectures d'aujourd'hui et notamment ce beau premier passage sur la semence qui fait écho à plusieurs thèmes évoqués ici : 
- l'inhabitation de Dieu 
- la danse Trinitaire (1)
« Le peuple chrétien est né de ces noces, sur lesquelles est descendu l'Esprit du Seigneur. Par l'infusion et le mélange d'une semence venue du ciel, aussitôt, avec les substances de nos âmes nous nous développons dans les entrailles de notre mère et, en grandissant dans son sein, nous vivons dans le Christ. C'est ce qui a fait dire à l'Apôtre : Le premier Adam avait reçu la vie ; le dernier Adam est un être spirituel qui donne la vie. C'est ainsi que le Christ engendre des enfants dans l'Église par ses prêtres, selon l'Apôtre : Dans le Christ, je vous ai engendrés. Et c'est ainsi que la semence du Christ, c'est-à-dire l'Esprit de Dieu, fait naître l'homme nouveau qui remue dans le sein de sa mère, qui est mis au monde dans la fontaine baptismale, par les mains du prêtre, avec la foi pour témoin. (...) 
On doit donc admettre que le Christ engendre, puisque l'Apôtre Jean le dit : Tous ceux qui l'ont reçu, il leur a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu. Cela ne peut s'accomplir que par le sacrement du baptême, par la chrismation, et par l'évêque. Le baptême en effet lave les péchés ; la chrismation répand en outre le Saint-Esprit, et nous obtenons l'un et l'autre par la main et la bouche de l'évêque. C'est ainsi que l'homme tout entier naît de nouveau, et est renouvelé dans le Christ : De même que le Christ est ressuscité des morts, ainsi mènerons-nous une vie nouvelle, nous aussi, c'est-à-dire : pour qu'après avoir abandonné les erreurs de la vie ancienne ~, par l'Esprit, nous ayons une conduite nouvelle dans le Christ. » (2)
(1) cf. mon livre éponyme repris dans A genoux devant l'homme 
(2) Saint Pacien de Barcelone, Homélie sur le baptême, source Office des Lectures du 16/8/19, AELF 

14 août 2019

Au fil de Matthieu 18,15-20 - Église et unité

Au fil de Matthieu 18,15-20 - Église et unité

« En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples :
« Si ton frère a commis un péché contre toi, va lui faire des reproches seul à seul. S'il t'écoute, tu as gagné ton frère.
S'il ne t'écoute pas, prends en plus avec toi une ou deux personnes afin que toute l'affaire soit réglée sur la parole de deux ou trois témoins.
S'il refuse de les écouter, dis-le à l'assemblée de l'Église ; s'il refuse encore d'écouter l'Église, considère-le comme un païen et un publicain.
Amen, je vous le dis : tout ce que vous aurez lié sur la terre sera lié dans le ciel, et tout ce que vous aurez délié sur la terre sera délié dans le ciel.
Et pareillement, amen, je vous le dis, si deux d'entre vous sur la terre se mettent d'accord pour demander quoi que ce soit, ils l'obtiendront de mon Père qui est aux cieux.
En effet, quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu d'eux. » (Mat 18, 15-50) (1)

Difficile unité alors que nos Églises se déchirent et se vident, l'un entraînant l'autre...
Écoutons Cyprien sur ce thème : « Le Seigneur a dit : « Si deux d'entre vous sur la terre unissent leurs voix pour demander quoi que ce soit, cela leur sera accordé par mon Père qui est aux cieux. Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là au milieu d'eux ». Il montre ainsi que ce n'est pas le grand nombre de ceux qui prient, mais leur unanimité, qui obtient le plus de grâces. « Si deux d'entre vous sur la terre unissent leurs voix » : le Christ met en premier l'unité des âmes, il met en avant la concorde et la paix. Qu'il y ait plein accord entre nous, voilà ce qu'il a constamment et fermement enseigné. Or, comment peut-il s'accorder avec un autre, celui qui n'est pas en accord avec le corps de l'Église et avec l'ensemble des frères ? (...) Le Seigneur parle de son Église, il parle à ceux qui sont dans l'Église : s'ils sont d'accord entre eux, s'ils font leur prière conformément à ses recommandations et à ses conseils, c'est-à-dire même si à deux ou trois seulement ils prient d'une seule âme, alors même à deux ou trois seulement, ils peuvent obtenir ce qu'ils demandent à la majesté de Dieu.
« Partout où deux ou trois sont réunis en mon nom je suis avec eux » : c'est-à-dire il est avec les pacifiques et les simples, avec ceux qui craignent Dieu et observent ses commandements. Il dit qu'il est avec deux ou trois seulement comme il était avec les trois jeunes gens dans la fournaise ; parce qu'ils demeuraient simples envers Dieu et unis entre eux, il les a réconfortés d'un souffle de rosée au milieu des flammes (Dn 3,50). Il en a été de même pour les deux apôtres enfermés en prison ; parce qu'ils étaient simples, parce qu'ils étaient unis de cœur, il les a assistés, il a brisé les portes de leur cachot (Ac 5,19)... Quand donc le Christ inscrit parmi ces préceptes cette parole : « Là où deux ou trois sont réunis en mon nom, je serai au milieu d'eux », il ne sépare pas des gens de l'Église qu'il a lui-même instituée. Mais il reproche aux égarés leur discorde et recommande la paix à ses fidèles » (1)

Notre manque d'unité ne vient-elle pas de nos quêtes de puissance. Au lieu de nous déchirer adoptons une vision plus polyédrique de l'Église qui voit en chaque baptisé sa force intérieure, cette inhabitation de l'Esprit qui agit quand nous consentons à la faiblesse.

(1) saint Cyprien, De l'unité de l'Eglise, 12 (trad. DDB 1979, p.36 rev.), source : l'Évangile au Quotidien

09 août 2019

Au fil de 2 Corinthiens 12, La Croix - Edith Stein - Amour en toi…

Il y a dans les propos de sainte Thérèse-Bénédicte de La Croix, qui part des propos de Paul (cf. notamment 2 Co 12, 9) et les fait résonner, à la fois une exhortation et une exigence intérieure : « Celui qui a opté pour le Christ est mort au monde, et le monde est mort pour lui. Il porte dans son corps les marques de souffrances du Seigneur, il est faible et méprisé devant les hommes, mais précisément en cela, il est fort, car la puissance de Dieu donne toute sa mesure dans la faiblesse(1). Sachant cela, le disciple de Jésus n'accepte pas seulement la croix qui lui est imposée, mais il se crucifie lui-même : Ceux qui sont au Christ Jésus ont crucifié en eux la chair, avec ses passions et ses convoitises. Ils ont soutenu un dur combat contre leur nature, afin que meure en eux la vie du péché, et qu'advienne un espace pour la vie de l'Esprit. Seule importe cette dernière. »(2)

Qu'advienne un espace pour la vie de l'Esprit... N'est-ce pas tout l'enjeu de cette quête que j'ai nommé « l'amour en toi »...

Mais écoutons encore ses propos : « La croix n'est pas un but en soi. Elle élève et elle dirige le regard vers le haut. (...), elle n'est pas seulement un signe, elle est (...) , le bâton du berger, avec lequel (...) le Christ frappe fortement à la porte du ciel et la pousse. Alors se répandent les flots de la lumière divine qui enveloppent tous ceux qui marchent à la suite du Crucifié ». (2)

Portons notre regard vers celui que Dieu a élevé sur le bois de la Croix, pour qu'à la suite des Hébreux sauvés par le serpent de bronze nous soyons guéris de ce qui nous détourne de Dieu puis illuminés par « les flots de la lumière divine qui enveloppent tous ceux qui marchent à la suite du Crucifié »

(1) Ma grâce te suffit car la puissance de Dieu donne toute sa mesure dans la faiblesse (2 Co 12, 9)
(2) sainte Thérèse-Bénédicte de La Croix (Edith Stein), la science de la Croix, office des lectures du 9/8, source AELF


01 août 2019

Amour en toi - 38 - Marie de la Trinité

" Laisse toi murer (...) ne cherche pas à te montrer, ni à rien à répandre, car le cours de ta vie est vers Moi et pour Moi, ton Père et ton Dieu… Ne t'occupe pas du dehors, mais du dedans - car Je ne suis pas au dehors, mais au dedans". (1)

A méditer

(1) Marie de la Trinité, cité par François Marxer, Au péril de la Nuit, Femmes mystiques du XXeme siècle, Paris, Cerf, 2017, p. 509

23 juillet 2019

Amour en toi - 37 - Mère Teresa

Au milieu de sa nuit, Mère Teresa rejoint à sa façon le chemin d'Etty Hillesum dans les camps de la mort : « Aucune joie, aucun attrait, aucun zèle dans mon travail (...) Je fais de mon mieux. Je me dépense, mais je suis plus que persuadée que cet ouvrage n'est pas le mien. Je n'ai aucun doute : c'est Vous qui m'avez appelée, et avec tant d'amour et de force ! C'était Vous, je le sais. C'est pourquoi cet ouvrage est le Vôtre et c'est encore Vous maintenant... » (1)

«Non pas que de nous-mêmes nous soyons capables de considérer quoi que ce soit comme venant de nous-mêmes: notre capacité vient de Dieu. C’est lui aussi qui nous a rendus capables d’être ministres d’une alliance nouvelle » (2 Corinthiens‬ ‭3:5-6‬ ‭NBS‬‬)

« Ne vous gonflez pas d’orgueil, car vous avez Jésus Christ en vous » (2)

Une leçon d’humilité...

(1) François Marxer, Au péril de la Nuit, Femmes mystiques du XXeme siècle, Paris, Cerf, 2017, p. 434
(2) Saint Ignace d’Antioche, Lettre aux Magnésiens.

21 juillet 2019

Au fil de Luc 10 - Marthe et Marie - Sainte Élisabeth de la Trinité

« Une seule est nécessaire. Marie a choisi la meilleure part, elle ne lui sera pas enlevée. »
« Il faut prendre conscience que Dieu est au plus intime de nous et aller à tout avec Lui ; alors on n'est jamais banal, même en faisant les actions les plus ordinaires, car on ne vit pas en ces choses, on les dépasse ! Une âme surnaturelle ne traite jamais avec les causes secondes mais avec Dieu seulement. Oh ! comme sa vie est simplifiée, comme elle se rapproche de la vie des esprits bienheureux, comme elle est affranchie d'elle-même et de toutes choses ! Tout pour elle se réduit à l'unité, cet « unique nécessaire » dont le Maître parlait à Madeleine. Alors elle est vraiment grande, vraiment libre, parce qu'elle a « enclos sa volonté en celle de Dieu ».

(1) Sainte Élisabeth de la Trinité, La grandeur de notre vocation n°8 (Œuvres Complètes, Cerf, Paris, 1996, p. 137)

05 juillet 2019

Hineinhorchen - Etty Hillesum - Amour en toi 37

« La paix me révèle disponible à une Présence qu'Etty aura désignée du nom de « Dieu », une aptitude qui, quelques mois plus tard, se perfectionnera dans ce hineinhorchen, cet écouter-au-dedans-de-soi, qui unit la vigilance de l'attention et la profondeur de l'intériorité : « une heure de paix, ce n'est pas si simple.Cela s'apprend. Il faudrait effacer de l'intérieur tout le petit fatras bassement humain, toutes les fioritures. Une petite tête comme la mienne est toujours bourrée d'inquiétude pour rien du tout. Il y a aussi des sentiments et des pensées qui élèvent et vous libèrent, mais le fatras s'insinue partout. Créer au-dedans de soi une grande et vaste plaine, débarrassée des broussailles sournoises qui vous bouchent la vue, ce devrait être le but de la méditation. Faire entrer un peu de « Dieu » en soi (...). Faire entrer aussi un peu d'«Amour » en soi, pas cet amour de luxe à la demi-heure dont tu fais tes délices, fière de l'élévation de tes sentiments, mais d'un amour utilisable dans la modeste pratique quotidienne. » (...) Existence alors réconciliée qui ne connaît plus le trouble [en dépit du déversement de haine et de malheur qui l'entoure], mais qui n'est pas désertée pour autant par l'émotion : la compassion ou la joie sont au rendez-vous, car ce destin prend forme d'alliance : « j'ai rempu mon corps comme le pain et je l'ai partagé entre les hommes. Et pourquoi pas ? Car ils étaient affamés et sortaient de longues privations » - allusion eucharistique à peine voilée. Cette alliance prend corps dans un amour qui s'adresse à tous et chacun, car il est de sa vérité de ne pas se contenter de se « déverser » sur un seul (...). « Il ne suffit pas de te prêcher, mon Dieu, pour te mettre au jour dans le coeur des autres. Il faut dégager chez l'autre la voie qui mène à toi, mon Dieu, et pour ce faire il faut être un grand connaisseur de l'âme humaine (...) on pourrait faire de chacune d'elle un sanctuaire pour toi, mon Dieu.(1)

À contempler sans modération.

(1) François Marxer, Au péril de la Nuit, Femmes mystiques du XXeme siècle, Paris, Cerf, 2017, p. 374-5

19 juin 2019

Symétrie et réciprocité - Christoph Théobald - Amour en toi 36

Symétrie et réciprocité
"En m'exposant à l'autre, en l'accueillant chez moi, dans ma maison, à ma table ou simplement sur le seuil - et si je suis vrai avec moi dans cet accueil-, je suis toujours en attente que l'autre fasse de même. C'est la trame fondamentale qui traverse les Écritures, de la figured'Abraham jusqu'au souper promis ds l'Apocalypse : "Voici je me tiens à la porte et je frappe ; si quelqu'un entend ma voix et ouvre la porte, j'entrerai chez lui pour souper" (Ap 3,20). Alors la symétrie se transforme en réciprocité : "moi avec lui et lui avec moi". (1)

Je trouve dans ce texte des accents levinassiens. Les grands esprits se rencontrent.

(1) Christoph Théobald, Paroles humaines, parole de Dieu, Salvator, 2015, p. 91
(2) cf. notamment Autrement qu'être et au delà de l'essence

« Quand tu pries, retire-toi au fond de ta maison » - Amour en toi 35 - Edith Stein

« Quand tu pries, retire-toi au fond de ta maison »
Tout est un pour ceux qui sont parvenus à l'unité profonde de la vie divine : le repos et l'action, contempler et agir, se taire et parler, écouter et s'ouvrir, recevoir en soi le don de Dieu et rendre l'amour à flots dans l'action de grâces et la louange. (...) Il nous faut pendant des heures écouter en silence, laisser la parole divine s'épanouir en nous jusqu'à ce qu'elle nous incite à louer Dieu dans la prière et le travail.
Les formes traditionnelles nous sont nécessaires aussi et nous devons participer au culte public ainsi que l'ordonne l'Église, pour que notre vie intérieure s'éveille, reste dans la voie droite et trouve l'expression qui lui convient. La louange solennelle de Dieu doit avoir ses sanctuaires sur la terre afin d'être célébrée avec toute la perfection dont les hommes sont capables. De là, au nom de la sainte Église, elle peut monter vers le ciel, agir sur tous ses membres, éveiller leur vie intérieure et stimuler leur effort fraternel. Mais pour que ce chant de louange soit vivifié de l'intérieur, encore faut-il qu'il y ait dans ces lieux de prière des temps réservés à l'approfondissement spirituel dans le silence ; sinon, cette louange dégénérerait en un balbutiement des lèvres dépouillé de vie. C'est grâce à ces foyers de vie intérieure que ce danger est écarté ; les âmes peuvent y méditer devant Dieu dans le silence et la solitude, afin d'être au cœur de l'Église les chantres de l'amour qui vivifie tout. (1)

Sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix [Édith STEIN ] La Prière de l'Église (trad. Éds de l'Orante 1955, p. 55)

20 mai 2019

Au fil de Jean 14, 24-26, Je demeure avec vous - Amour en toi 34 - baptême 3

« Si quelqu'un m'aime, il gardera ma parole ; mon Père l'aimera,nous viendrons vers luiet, chez lui, nous nous ferons une demeure.
Celui qui ne m'aime pas ne garde pas mes paroles.
Or, la parole que vous entendez n'est pas de moi : elle est du Père, qui m'a envoyé.
Je vous parle ainsi, tant que je demeure avec vous ; mais le Défenseur, l'Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit. » (Jean 14, 24-26 - AELF)
Par le baptême notre cœur se transforme pour accueillir Dieu en nous, pour devenir des porte-Christ. Laissons Dieu agir, car sa grâce nous transforme et nous renouvelle.
Écoutons sur ce point Grégoire de Nysse : « Il est survenu une autre naissance, une vie différente, un nouveau genre de vie, une transformation de notre nature elle-même. Quelle naissance ? Celle qui est l'œuvre non de la chair et du sang, ni d'une volonté charnelle, ni d'une volonté d'homme : la naissance qui vient de Dieu.
Comment cela ? Je vais le montrer clairement par mon exposé. Cet enfant est porté dans le sein de la foi ; il est amené à la lumière par la nouvelle naissance du baptême ; sa nourrice, c'est l'Église qui l'allaite par son enseignement ; sa nourriture, c'est le pain venu du ciel ; son arrivée à l'âge adulte, c'est une conduite parfaite ; son mariage, c'est son union avec la sagesse ; sa postérité, c'est l'espérance ; sa maison, c'est le Royaume ; son patrimoine et ses richesses, ce sont les délices du paradis ; sa fin n'est pas la mort, mais la vie éternelle dans la béatitude préparée pour ceux qui en sont dignes. ~
Voici le jour que le Seigneur a fait, différent des jours apparus au commencement de la création, qui sont mesurés par le temps. Celui-ci est le commencement d'une autre création : Dieu fait, en ce jour, un ciel nouveau et une terre nouvelle, comme dit le Prophète. Quel est ce ciel ? Le firmament, l'édifice solide de la foi au Christ. Quelle est cette terre ? Le cœur excellent, comme dit le Seigneur, c'est la terre qui boit la pluie tombée sur elle, et qui donne une riche moisson. Dans cette création, le soleil, c'est la vie pure ; les astres sont les vertus ; l'air, c'est une conduite limpide ; la mer, c'est la profondeur des richesses de la sagesse et de la connaissance ; la verdure et les bourgeons, c'est la bonne doctrine et les enseignements divins dont se nourrit le troupeau du pâturage, c'est-à-dire le peuple de Dieu ; les arbres portant du fruit, c'est la pratique des commandements.
En ce jour est créé l'homme véritable, celui qui est fait à l'image et à la ressemblance de Dieu. Ce jour que le Seigneur a fait, tu vois de quel monde il est le principe. Le prophète dit que ce n'est pas un jour comme les autres jours, ni une nuit comme les autres nuits.
Mais nous n'avons pas encore parlé de ce qu'il y a de plus extraordinaire dans le don que ce jour nous apporte. C'est qu'il a détruit les affres de la mort. C'est qu'il a mis au monde le premier-né d'entre les morts. ~
Je monte, dit-il, vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu. Quelle belle et bonne nouvelle ! Celui qui, pour nous, est devenu comme nous, a voulu, par suite de son unité de nature avec nous, faire de nous ses frères. C'est pourquoi il fait monter sa propre humanité auprès du Père véritable afin d'attirer par lui tous ceux de sa race.(1)

(1) Saint Grégoire de Nysse, Homélie pascale, source office des lectures du 5eme lundi de Pâques, AELF