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03 mai 2015

Beauté de Dieu, Barth 2

‎Poursuivons sur ce thème. Barth, dans son réquisitoire pour remettre un peu d'esthétique après les critiques froides du début du 20ème siècle (Kierkegaard, Bultmann), défend une thèse qu'un chercheur en pastorale ne peut ignorer. Le sérieux, la morale manque de "joie, d'éclat et d'humour" (1).
La voie qu'il trace entre en tension avec la question que nous ne cessons de soulever sur la souffrance. Barth ne l'ignore pas en affirmant que si "l'on cherche la beauté du Christ dans une gloire qui ne serait pas celle du Crucifié, on la cherchera toujours en vain" (2).
"La beauté de Dieu, en se révélant elle-même, englobe la mort et la vie, la crainte et la joie, ce que nous trouvons laid comme ce que nous trouvons beau". (3)
Cela rejoint ce que je lisais récemment chez Thérèse d'Avila qui insistait sur la contemplation de la Croix (4) que l'on ne peut mettre de côté.
Peut être qu'une véritable esthétique n'entre pas dans les canons de la beauté mondaine. Elle part dans cette quête "du désert" que nous cherchons à entreprendre, en quittant la douceur apparente du monde pour trouver un ailleurs, un autrement qu'être qui n'ignore ni le bien, ni la souffrance, qui trace un chemin autre, visant la joie des assoiffés de Dieu, visant cette source qui bouleverse la Samaritaine et la conduit à chanter sa joie, à courir au village (Jn 4, 29), criant un "j'ai trouvé celui que mon coeur aime" qui nous rapproche du Cantique des Cantiques.


(1) Karl Barth ibid. p. 737, cité par Hans Urs von Balthasar, GC 1, ibid. p. 45
(2) ibid.
(3)‎ ibid. 750, GC p. 46

02 mai 2015

Beauté de Dieu, Barth, postface 2

‎Je poursuis ma relecture de Balthasar. Il ouvre, avec Karl Barth, dont j'ai découvert récemment que ce n'était autre que son voisin de rue, une réflexion sur la beauté qui me trouble, dans le bon sens du terme. Barth a selon lui une approche contemplative. "Dans quelle mesure la lumière de Dieu, lorsqu'il se donne à connaître, est-elle lumière, donc éclairante ?". Pour Barth en effet, il ne s'agit plus de foi nue, mais d'une fois habitée (gnosis) de l'intérieur où par la contemplation on découvre que Dieu est beau "à la manière qui lui est propre (...) comme la beauté originelle et inaccessible (...) créant le désir (...) en tant que Dieu digne d'amour" (1).
Il me semble que cette voie est celle que je prends dans mon nouveau travail de recherche sur le désert, comme voie contemplative...

(1) dogmatique, II, 1, p. 732 s. Trad. Fr. (Genève, 1957) vol. 2, t. I, 2, p. 405 ss.,cité par Hans Urs von Balthasar, GC 1, ibid. P. 45

01 mai 2015

Désert 3 - sur les pas de Thérèse


En décrivant des expériences de participation à la souffrance du Christ, Thérèse d'Avila parle d'un tourment suffisant pour donner la mort mais ajoute qu'elle ne mérite pas un tel bonheur. "Cette soif de voir Dieu me fait oublier tout le reste, et ce désert, cette solitude, me paraissent préférable à toutes les compagnies du monde." 

Ste Thérèse d'Avila, Livre de la vie, ch
 20, &13, oeuvres complètes, tome 1, Cerf, 1995, p. 145

29 avril 2015

Désert - suite

Il y a des chemins qui se perdent au désert. Car l'homme reste fragile et le désert est aussi la découverte de ces failles, de ces impasses, de notre avidité (première tentation), de notre vaine gloire (deuxième tentation) et de notre impuissance.
Le psaume 94, nous rappelle cela : « Ne fermez pas votre coeur comme au désert,
comme au jour de tentation et de défi,
9où vos pères m'ont tenté et provoqué,
et pourtant ils avaient vu mon exploit. 

10« Quarante ans leur génération m'a déçu, +
et j'ai dit : Ce peuple a le coeur égaré,
il n'a pas connu mes chemins.
11Dans ma colère, j'en ai fait le serment :
Jamais ils n'entreront dans mon repos. » 

Chanté tous les matins aux Laudes,  il rappelle à l'homme sa finitude et met en valeur,  comme en contraste, que ce qui est "impossible à l'homme est possible à Dieu", comme nous le dévoile une lecture cursive de Marc 10, 27 où cette affirmation du Christ précède l'annonce de sa Passion (10, 33). 

20 avril 2015

Le chemin du désert - 2

La traversée du désert est aussi ce lieu de mise en retrait où nous pouvons prendre du recul sur nos vies pour percevoir le don de Dieu et notamment ses fruits invisibles. 
Comme le suggère Newman,  "nous ne discernons pas la présence de Dieu au moment où elle est avec nous, mais seulement après, quand nous reportons nos regards vers ce qui s'est passé et qui n'est plus... Des événements nous arrivent, agréables ou pénibles ; nous n'en connaissons pas la signification ; nous ne voyons pas en eux la main de Dieu. (...) Nous ne voyons rien. Nous ne voyons pas pourquoi telle chose arrive, ou à quoi elle tend. Un jour, Jacob s'est écrié : « Tout est contre moi ! » (Gn 42,36) ; certainement il semblait bien que ce soit ainsi... Et pourtant tous ses malheurs devaient tourner à bien. Considérez son fils Joseph, vendu par ses frères, emmené en Égypte, emprisonné, les fers entrant même dans son âme, et qui attendait que le Seigneur jette sur lui un regard de bienveillance. Plusieurs fois le texte sacré dit : « Le Seigneur était avec Joseph »... Après coup, il a compris ce qui sur le moment était si mystérieux, et il dit à ses frères : « Dieu m'a envoyé en avant de vous pour sauver vos vies. Ce n'est pas vous qui m'avez envoyé ici, c'est Dieu » (Gn 45,7).  Merveilleuse providence, si silencieuse et pourtant si efficace, si constante et infaillible ! C'est ce qui déjoue le pouvoir de Satan ; il ne peut pas discerner la main de Dieu à l'œuvre dans le cours des événements". (1)

Or Satan est le diviseur, qui se complait dans le bruit et la confusion.  Dans le désert,  l'ordre réapparaît et sa confusion est mise à jour.  C'est pourquoi dès les premières pages de la Bible, chez Osée (2) face à la confusion de Gomer, Dieu dit : "je la conduirait au désert".  (Osée 2, 7).
 C'est pourquoi à sa suite,  l'Esprit conduit l'homme-Jésus au désert,  car là seulement la claire vision de Dieu nous est rendue.

À notre tour, le passage au désert peut être le lieu d'un combat intérieur entre nos tendances à l'adhérence au mal et cette libération de nos êtres en vue de la réception pleine et entière du don de Dieu. 

À l'image de ce combat évoqué de Jacob, la lutte peut être douloureuse,  mais combien plus sera la libération accessible.  Car en se purifiant de l'inessentiel nous trouvons l'essence de nos vies, le coeur à coeur auquel nous sommes invités.  La danse de Jacob est le prélude de la danse des anges,  c'est l'ultime symphonie de celui qui trouve son Dieu, et en se laissant saisir,  reprends la course sans fin de l'apôtre,  qui ne perçois plus le passé que comme des balayures, tant la marche vers et avec Dieu le comble. (Cf. Ph 3).

 Les pèlerins d' Emmaüs ( luc 24, 13ss) en ont fait l'expérience.  Fuyant la mort du Fils dans le désert, ils trouvent Celui qui ouvre leurs yeux sur le passé, leur fait distinguer Ses fruits invisibles et surtout Se rend présent dans la fraction du pain, au point que leur coeur devient tout brûlant d'une présence inaccessible et qui pourtant les transporte. Alors, "devenants des « porte-Christ » [« christophe »], Son corps et son sang se répandant dans [leurs] membres, [ils deviennent] participants de la nature divine" (3) et peuvent revenir à Jérusalem,  monter sur le "mont de la rencontre" car Dieu est en eux, avec eux.


(1) Bienheureux John Henry Newman in PPS IV,17 « Christ Manifested in Remembrance.
(2) l'exégèse moderne considère le livre d'Osee comme le plus ancien.
(3) Saint Cyrille de Jérusalem Catéchèses baptismales n 22 (trad. Éditions du Soleil levant, 1962, p. 471)







18 avril 2015

La tentation du désert

Avis de recherche. ‎Après où es tu ? Je travaille sur un texte qui pourra s'intituler chemin de désert, une méditation sur ce tout est rien / Dieu est tout croisé chez Thérèse d'Avila.

Il y a la bonne tentation du désert, celle qui nous permet de faire silence ‎et de trouver Dieu et la mauvaise tentation celle qui nous conduit à un repli sur nous mêmes et nous éloigne de notre tâche sur terre.
Comme le souligne Rom 14, 7-9 : "aucun d'entre nous ne vit pour soi même (...) si nous vivons, nous vivons pour le Seigneur. (...) Dans notre vie‎, nous appartenons au Seigneur."
Il existe une tension à maintenir entre Marthe et Marie. Le chemin du désert est celui qui purifie cette tension et fortifie à la fois notre vie intérieure et notre agir.