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04 octobre 2017

La triple humilité - Saint Ignace de Loyola

Les trois sortes d'humilité : La première sorte d'humilité est nécessaire au salut éternel. Elle consiste à m'abaisser et m'humilier autant que cela m'est possible pour que j'obéisse en tout à la Loi de Dieu notre Seigneur. De la sorte, même si on faisait de moi le maître de toutes les choses créées en ce monde ou s'il y allait de ma propre vie temporelle, je n'envisagerais pas de transgresser un commandement, soit divin soit humain...La deuxième sorte d'humilité est une humilité plus parfaite que la première. Elle consiste en ceci : je me trouve à un point tel que je ne veux ni ne m'incline davantage à avoir la richesse plutôt que la pauvreté, à vouloir l'honneur plutôt que le déshonneur, à désirer une vie longue plutôt qu'une vie courte, étant égal le service de Dieu notre Seigneur et le salut de mon âme... La troisième sorte d'humilité est l'humilité la plus parfaite : c'est quand, tout en incluant la première et la deuxième, la louange et la gloire de sa divine majesté étant égales, pour imiter le Christ notre Seigneur et lui ressembler plus effectivement je veux et je choisis davantage la pauvreté avec le Christ pauvre que la richesse, les opprobres avec le Christ couvert d'opprobres que les honneurs ; et que je désire davantage être tenu pour insensé et fou pour le Christ qui, le premier, a été tenu pour tel, plutôt que « sage et prudent » dans ce monde (Mt 11,25).

Saint Ignace de Loyola, Exercices spirituels, 2e semaine, 12e jour (trad. DDB 1986, p. 103) Source Évangile au quotidien

26 août 2017

Les deux humilités

« Qui s'abaissera sera élevé ». Mt 23, 12
Le texte d'aujourd'hui nous invite à l'humilité.  Mais celle-ci n'est pas accessible par notre seule volonté.  Elle exige un déplacement intérieur où notre triple tentation de pouvoir, de vouloir et d'avoir doit se laisser mettre de côté en remettant Dieu au centre.  Chemin de désert que ce pas de côté pour accéder aux dénuements de nos désirs humains et vivre pour autrui et auprès de Dieu (cf. Mt 19). 
Écoutons et contemplons sur ce chemin la voie d'Isaac le Syrien :"Il y a une humilité qui vient de la crainte de Dieu, et il y a une humilité qui vient de Dieu lui-même. Il y a celui qui est humble parce qu'il craint Dieu, et il y a celui qui est humble parce qu'il connaît la joie. L'un, celui qui est humble parce qu'il craint Dieu, reçoit la douceur dans son corps, l'équilibre des sens et un cœur brisé en tout temps. L'autre, celui qui est humble parce qu'il connaît la joie, reçoit une grande simplicité et un cœur dilaté que rien ne retient plus." (1)
Je suppose que la deuxième est plus encore le don de Dieu aux simples.  Elle se trouve dans ces "fêlés pour Dieu" que l'Arche côtoient avec tendresse.

(1) Isaac le Syrien, Discours 58, 1ère série (trad. Touraille, DDB 1981, p. 313, cité par Évangile au quotidien.

16 mai 2017

Corpus permixtum 3

Borras continue la citation précédente en évoquant une "asymétrie constitutive". "La communauté ecclésiale tire son unité, nous dira Vatican II à la suite de saint Cyprien, de l'unité du Père et du Fils et de l'Esprit-Saint" (LG 4b). Il en conclut un risque que la "raréfaction des prêtres dans la vie ecclésiale risque d'atténuer voire d'estomper le sens de la sacramentalité de l'Eglise et du ministère chez les fidèles trop marqués par une culture techniciste de l'efficacité et de la performance". (1)

C'est là en effet le danger principal auquel s'ajoute certainement la difficulté de ne pouvoir départager des prises de pouvoir qui s'instaurent entre laïcs, en dépit de leur désir de faire communauté.

On rejoint l'oxymore de l'autorité et du service qui incombe aux ministres.

On est au coeur du sujet.
Pourquoi le prêtre aurait-il plus de pouvoir que les laïcs est en droit de se demander un observateur extérieur ?
On répondra probablement (2), en se basant sur le droit canon, par deux ou trois arguments  : parce qu'il est image du Christ (ce qui doit être probablement modulé et restreint au sacrifice eucharistique), parce qu'il a reçu le sacrement de l'ordre et la grâce associée et qu'il est berger/pasteur de son troupeau...

Cela n'empêche pas, dit en substance, Ratzinger dans les principes de la foi catholique(3) qu'il puisse être  incompétent. Pour autant, on doit lui reconnaître une autorité qui ne vient pas de lui...

L'enjeu est de maintenir cette tension, qui relève in fine de la surveillance de l'épiscope et probablement du pape. Cette dimension verticale n'empêche pas la conscience des laïcs et l'importance d'une horizontalité. Elle apporte néanmoins un contre pouvoir à ces derniers et aide à structurer l'ensemble. On voit bien aussi le danger : l'excès de pouvoir où l'excès de contestation. L'art est d'introduire tout ça dans une dynamique trinitaire qui conduit le pasteur lui-même à considérer sa double fonction : berger et serviteur.

La question de l'autorité est toujours à relire à l'aune de celle du Christ, qui lui-même s'en réfère au Père. "Tu n'aurais pas d'autorité si elle ne t'avait été donnée"... dit-il à Pilate.

El l'enjeu, comme le souligne Borras page 68ss est de garder en tension unité et catholicité.

(1) p.67
(2) J'anticipe probablement sur les développements à venir de Borras. Mais c'est le jeu de ces "chemins de lecture : se laisser interpeller, quitte à trouver ensuite des éléments de réponse et de contradiction.
(3) Je commente et développe ce point dans "Humilité et miséricorde, tome 3".

13 avril 2017

vérité et humilité

"le croyant n'est pas arrogant ; au contraire, la vérité le rend humble, sachant que ce n'est pas lui qui la possède, mais elle qui l'embrasse et le possède. Loin de le raidir, la sécurité de la foi le met en route, et rend possible le témoignage et le dialogue avec tous" (Lumen Fidei 34)

À méditer

27 janvier 2017

Mère Térésa et l'Église

Je ne peux m'empêcher de citer cette anecdote reprise par Flipo (1): "un journaliste demanda un jour à mère Térésa : "que faudrait-il changer dans l'Église pour la réformer ?" Après in silence, elle le regarda et lui dit : "vous et moi !". Heureux, conclut Flipo celui qui, comme Simon-Pierre reconnaît sa propre faiblesse et renonce à sa suffisance".

Heureux celui qui reconnaît sa "docte ignorance", disait hier mon curé...

Bienheureuse humilité...
Chemin inaccessible à l'homme, mais grâce donnée par Dieu ?

(1) Claude Flipo, ibid. p. 117-8

01 décembre 2016

Humilité et pauvreté chez Bonaventure

Les stigmates de François donnent en eux-mêmes une "force d'expression au langage de la Croix". Le double mystère de l'humilité et de la pauvreté du Christ lui-même conduit à considérer que devenir pauvre par amour, c'est faire place nette pour que les rayons descendants de l'amour de Dieu, en tant que beauté ne rencontrent pas d'obstacle"(1).

Ce "baiser nuptial" de Dieu en Croix est mouvement descendant et sponsal...

(1) Bonaventure, cité par Hans Urs von Balthasar, in La Gloire et la Croix, tome 2 (GC2) p. 318-9

30 novembre 2016

Humilité de Dieu chez Bonaventure

"Le Père a tout dans son Fils". Il s'y exprime en descendant dans le néant. C'est là l'humilité de Dieu, sa condescensio(1) que le mot condescendance traduit mal, puisqu'elle exprime littéralement une "descente avec". "Le Dieu éternel s'incline humblement (humiliter se inclinans)". Le plus profond de Dieu se révèle dans la Croix, clef de tout (omnia in cruce manifestantur), non seulement le péché, non seulement l'homme, mais Dieu lui-même.
Cette "sortie dans le néant" fait que son apparition devient son obscurité et se dépouille de sa beauté native. Christus deformis, le bien-aimé est dépouillé, mais sa laideur extérieure conserve en même temps intérieurement la beauté (...) puisque en lui habite toute la plénitude de la divinité" (2).

On pourrait suivre là Philippiens 2 et évoquer le relèvement, mais Hans Urs von Balthasar s'interroge sur la perception de la déréliction chez Bonaventure (sujet sur lequel il reviendra dans sa Dramatique) et nous conduit sur le cœur ouvert, la blessure visible qui rend visible l'invisible de l'âme (3)

(1) Bonaventure notamment dans Brevil. 4,1 (V , 241b), cité par Hans Urs von Balthasar in GC2 p. 315
(2) p. 317
(3) p. 318

23 octobre 2016

Les mains vides

Difficile chemin que celui de l'humilité tant nos propres oeuvres nous conduisent au contentement de soi. Et pourtant ce ne sont nos oeuvres mais la réponse d'un don de Dieu et le travail de Dieu en nous.
Aller les mains vides  c'est au contraire creuser en nous la place pour Dieu. 
"Quel est le vase où la grâce se déverse de préférence ? Si la confiance est faite pour recevoir en elle la miséricorde, et la patience pour recueillir la justice, quel récipient pourrons-nous proposer qui soit apte à recevoir la grâce ? Il s'agit d'un baume très pur et il lui faut un vase très solide. Or quoi de plus pur et quoi de plus solide que l'humilité du cœur ? C'est pourquoi Dieu « donne sa grâce aux humbles » (Jc 4,6) ; c'est à juste titre qu'il « a posé son regard sur l'humilité de sa servante » (Lc 1,48). À juste titre parce qu'un cœur humble ne se laisse pas occuper par le mérite humain et que la plénitude de la grâce peut s'y répandre d'autant plus librement...   Avez-vous observé ce pharisien en prière ? (Lc 18, 9-14). Il n'était ni un voleur, ni injuste, ni adultère. Il ne négligeait pas non plus la pénitence. Il jeûnait deux fois par semaine, il donnait le dixième de tout ce qu'il possédait... Mais il n'était pas vide de lui-même, il ne s'était pas dépouillé lui-même (Ph 2,7), il n'était pas humble, mais au contraire élevé. En effet, il ne s'est pas soucié de savoir ce qui lui manquait encore, mais il s'est exagéré son mérite ; il n'était pas plein, mais enflé. Et il s'en est allé vide pour avoir simulé la plénitude. Le publicain, au contraire, parce qu'il s'est humilié lui-même et qu'il a pris soin de se présenter comme un vase vide, a pu emporter une grâce d'autant plus abondante.(1)

(1) Saint Bernard, 3eme sermon sur l'Annonciation, 9-10 

22 septembre 2016

Charis chez Pindare

Au delà d'Homère et d'Hésiode, qui nous enseignent les vertus de la mesure et de la vigilance, Pindare développe le concept d'humilité, mais surtout la "charis" dans le sens du don le plus abouti, le plus spontané. Le poète "se fait le gérant de la charis divine elle-même qu'il répand comme une coupe nuptiale écumante et débordante" (1).
Il ne manque à cela, ajoute Balthasar qu'un "homme-Dieu embrassant dans son triomphe la mort comme la vie" vers la "fête éternelle". (2) et peut être, ce fleuve jaillissant dont nous parle Ez 47, 1-12.

(1) Cf. GC6 p. 76
(2) p. 77

09 septembre 2016

Humilité - Caussade

"L'âme doit réellement apprendre à ne trouver plus aucun appui hors d'elle et en elle, à ne sentir que faiblesse, à supporter sa souffrance", à se paraître pleinement inutile, à être humiliée, "comme un fragment de pot cassé dont personne ne s'avise à tirer le moindre service", nous apprenant à nous tenir si bas que nous disparaissions à nos propres yeux" (...) car Dieu veut être en nous pauvrement et sans tous les accompagnements de sainteté qui rendent les âmes admirable" (1).

A l'heure de la canonisation de mère Térésa, il nous faut contempler cette nuit de la foi qui génère les plus grands saints, ceux que Dieu a choisi pour être instruments de sa charité sans qu'ils en tirent de bénéfices intérieurs, voir restent dans la nuit la plus profonde. S'abandonner pour laisser Dieu être ? C'est probablement le prix à payer.

Qui sommes-nous pour comprendre les voies de Dieu ? On pense à cette tapisserie dont les fils sont tous embrouillés et pourtant se fait "point à point" en vue du dessin parfait qui n'apparaîtra, à l'endroit que dans l'éternité(2).


(1) Jean-Pierre de Caussade, direction spirituelles, volume 2, cité par Hans Urs von Balthasar in GC7 Op.Cit p. 184-5

(2) Caussade, ibid. 37. 122. GC7 p. 185

05 août 2016

Pierre


A contempler à l'aune des grands discours sur l'Eglise.
Un chemin d'humilité et de miséricorde...

"Il a fallu que Pierre, lui à qui l'Église devait être confiée, la colonne des Églises (Ga 2,9), le port de la foi, celui qui allait enseigner le monde entier, se montre faible et pécheur. Oui, vraiment, c'était pour qu'il puisse trouver dans sa faiblesse une raison d'exercer sa bonté envers les autres." (1)

(1) Saint Jean Chrysostome, ‎Homélie sur saint Pierre et saint Élie, 1 ; PG 50, 727 ‎

04 août 2016

Humilité de Dieu - Angèle de Foligno

A contempler :

L'éternelle "humilité de Dieu" rayonne avec une irrécusable clarté dans "l'humilité du Christ", dans sa pauvreté (...) sa douleur infinie "multiple, inexprimable et cachée" sur la Croix (...) douleur intolérable et continuelle" (...) " sans adoucissement"(1)

Angèle de Foligno, cité par Hans Urs von Balthasar, Gc7 p. 146‎-7

03 juillet 2016

Humilité et beauté

Dans la mouvance de ma trilogie sur Humilité et miséricorde, je ne peux que relever cette belle prière de louange de François d'Assise :"Tu sei amore et charità, Tu sei sapienta, Tu sei humilità, Tu sei patienta, Tu sei belleza... Tu sei bonté infinita" (1)

Là où Balthasar ajoute un commentaire c'est de montrer que l'axe de François dépasse la distinction entre datio et donatio d'Erigène‎ ou entre création et décoration de l'école de Chartres pour ouvrir à une autre dimension soulignée par Thomas d'Aquin et propre à François celle qui met en "harmonie [douloureuse] humilité, pauvreté et beauté" (2)

(1) François d'Assise, Bénédiction et louange pour frère Léon in Franz von Assise, Legende und Laude, O. Karrer, 1945, 3eme édition, p. 552 cité par Hans Urs von Balthasar, GC7, op. Cit p. 57.
(2) GC7 p. 58.

30 juin 2016

La figure de David 2

Étonnante, cette histoire de 1 Sam 6 que la liturgie des heures nous propose.  On y voit David danser devant son Dieu et s'exposer ainsi, dans la nudité et l'humilité. Cela évoque la nudité d'Adam qui n'a pas honte (Gn 2, 25), mais aussi l'humilité de ceux qui enlèvent leurs vêtements de fête (Ex 33).
Visiblement cela ne plaît pas à son épouse,  Michol, la fille de Saul.
A contempler

Il faut peut être aussi entendre la question d'Isaïe :"
 Quelle est donc la maison que vous bâtiriez pour moi ? Quel serait l’emplacement de mon lieu de repos ? De plus, tous ces êtres, c’est ma main qui les a faits et ils sont à moi, tous ces êtres – oracle du Seigneur –, c’est vers celui-ci que je regarde : vers l’humilié, celui qui a l’esprit abattu, et qui tremble à ma parole." (Isaïe 66, 1-2)

Puis entendre celle de Zacharie : "Et toi, petit enfant, tu seras appeléprophète du Très-Haut : *tu marcheras devant, à la face du Seigneur,et tu prépareras ses chemins" (Lc 1, 76)

17 juin 2016

Humilité de Dieu - suite

Contempler ce Dieu qui "n'est libre que parce qu'il aime, qui souffre le pire tourment lorsque que se perd la figure qu'il avait choisie, et qui ne craint pas de révéler (...) cette figure douloureuse qui est la sienne, la face de l'amant humilié, acceptant son humiliation et s'humiliant lui-même devant Jérusalem, la courtisane impudique. Il la repousse, il lui faut la repousser, c'est son droit parce qu'il est le Dieu Saint. Mais il ne peut pas la repousser, il est obligé de courir après l'indigne et de la ramener par des serments et des promesses humiliantes".

Balthasar nous donne ici une belle interprétation de ce qui pourrait être le livre d'Osée (1) ou le début de Proverbes (2), mais il nous conduit plus loin  : "C'est dans la tension, qui va jusqu'à la contradiction, entre la grandeur du Dieu libre et l'abaissement du Dieu aimant, que s'ouvre le coeur de la divinité elle-même (...) c'est dans l'histoire tragique qui met Dieu aux prises avec son peuple renégat que se préforme la Trinité intra-divine, qui se révèle par l'incarnation du Fils de Dieu (3)".

En un sens c'est ce que nous avons longuement développé dans notre trilogie sur Humilité et miséricorde. Que celle-ci rejoigne Balthasar n'est finalement pas étonnant tant notre première lecture de sa trilogie a influencé notre manière de pensée. Cette deuxième lecture, près de 10 ans plus tard ne fait que confirmer cette confluence.

‎(1) cf. notre recherche récente in Lire l'Ancien Testament, tome 1 - Une lecture pastorale des livres d'Osée et de la Genèse.
(2) cf. Christophe Gripon, op. Cit.
(3) Hans Urs von Balthasar, GC1 op. Cit. p. 556-7


07 juin 2016

Distance et proximité de la figure - prêtre image du Christ.

Il y a un équilibre à trouver entre l'humilité et l'image. "On ne comprend pas les choses chrétiennement, si l'on insiste seulement sur la distance, c'est à dire sur l'opus operatum a Christo dans toute l'indignité et la peccabilité du prêtre. L'intelligence chrétienne n'existe que si l'on voit l'imitation ‎du Christ et la remise de la fonction comme une seule figure qui en tant que telle, garantit au prêtre, par la grâce du Christ, de pouvoir tenir la place du Christ - le seul qui soit vraiment serviteur(1)".

Nous a‎vons ainsi à contempler nos prêtres dans ce qu'ils ont à la fois de fragile et de représentatif. S'ils sont opérant dans le sacrifice eucharistique au nom du Christ, Dieu leur donne le plus souvent la grâce d'être image et parfois même ressemblance de celui qui est notre unique médiateur et nous devons intégrer sans sur investir cela, comme un don de Dieu. Ils sont étoiles de nos chemins, tout en étant nos compagnons fragiles. S'ils sont pécheurs comme nous, ils sont aussi les instruments privilégiés de notre salut, car l'Esprit agit en eux comme il devrait agir en nous.
Dans une ambiance souvent critique sur certaines dérives et certains abus, il nous faut discerner, au delà, ce que Dieu a à nous dire de cette fonction sacerdotale.

(1) Hans Urs von Balthasar, GC1 op Cit p. 506.


27 mai 2016

Rédemption et enfouissement

Aux cris des souffrants comme à ceux des curieux qui voudraient voir la gloire de Dieu manifestée dans sa splendeur, il ne sera donné que le signe de Jonas. Paradoxe de l'humilité de Dieu.  "La rédemption du monde ne peut pas se produire au coeur d'une théophanie spectaculaire qui de son éclat éblouirait la misère, mais seulement dans le mystère d'un amour survivant dans la souffrance à toute la honte dont il est revêtu et au fardeau qui lui est imposé" (1)

Hans Urs von Balthasar, GC1 p. 440

18 mai 2016

Parler avec autorité

Qu' st-ce qui permet au Christ de parler avec puissance et autorité demande non sans raisons Balthasar ? La question mérite d'être posée tant elle semble contradictoire avec l'humilité du Christ qui est au coeur de sa nature et de sa révélation. "Religieusement, cela rend un son intolérable (...) ce n'est pas le Dieu‎ dévoilé qui parle ainsi, c'est un homme (...) il ne peut y avoir pour cela qu'une seule justification : c'est que cet homme agit dans l'obéissance (...) cela n'est possible que parce que cet homme qui obéit en se "faisant" Dieu, est un Dieu qui obéit en se faisant homme. La première démarche serait hubrys [démesure](...) s'il n'obéissait jusqu'à la mort" (1)

Il reste à contempler une autre question subsidiaire qui a aussi son importance : qu'est ce qui justifie nos propres prises de parole? La limite entre orgueil, vanité et vérité se situe probablement dans une tension identique : celle de trouver avant tout, en dépit de tout discours la vérité en actes, l'humilité et l'obéissance, un chemin qui reste fragile, un chemin de désert.(2)
 
(1) Hans Urs von Balthasar, GC1 p. 404-405
(2) cf. mon essai éponyme

08 avril 2016

Présence et absence - Christophe Gripon

Où nous conduit l'auteur ? Après une fine analyse de Proverbes 8, nous voici sur des rivages plus connu, et notamment Lc 24, souvent commenté ici. En ce temps de Pâques, il nous faut contempler cette présence / absence du Christ. "Il n'est plus possible de s'attacher à la connaissance du corps "palpable, visible et identifiable" de Jésus ; il faut s'en remettre à la parole qui seule donne corps à la présence du Christ et par laquelle une reconnaissance est rendue possible" (1).

En citant le texte d'Emmaüs, C. Gripon rejoint ce que je ne cesse d'affirmer depuis "Pastorale du Seuil" : Dieu se dit et se révèle dans l'entre-deux. Il marche à nos côtés et quand nous pensons le saisir, il disparaît (Lc 24, 31).
Chemin d'humilité extrême(2), chemin de Dieu vers l'homme. 
Danse fragile et kénotique d'un Dieu qui respecte notre liberté au point de disparaître.

(1) C. Gripon, Éros, un chemin vers Christ-Sophia, op. Cit p. 100
(2) Voir notre recherche, Humilité et miséricorde, tome 1, l'humilité de Dieu, publication en cours.

07 avril 2016

Présence et absence - 2

A partir d'une présentation succincte de l'apophatisme de la physique quantique (1) digne de sa connaissance dans le domaine, le physicien et théologien Christophe Gripon nous conduit sur les pas de Denys l'Aréopage, jusqu'à Yannaras. Quel est l'enjeu ? 
Réfuter tout discours trop rationnel sur un Dieu qui nous échappe et parvenir à "la négation des idoles rationnelles de Dieu" (2), et accepter de fait "l'inconnaissance comme unique catégorie de connaissance" (3) ou comme le dit le Pseudo-Denys, "le non-être au delà de l'essence" (4).

Il y a, dans les propos de Gripon, des phrases qui me rappellent la philosophie de Lévinas, disciple lui-même de cet Heidegger qu'il cite. C'est d'abord la question de l'Autre, la différence entre le Dire et le dit et cela va jusqu'au titre de son ouvrage sur "L'autrement qu'être, ou au-delà de l'essence"....

Mais poursuivons. N'y a-t-il pas un risque mys‎tique ? Non dit Yannaras : "La distinction ineffable (...) rend possible à l'homme la participation au Dieu imparticipable (...) [tout en supposant] l'autonomie de la personne (...) et excluant la confusion, la dissolution de la personne dans l'extase mystique". (5) 

En fait, comme il le précise plus loin, la connaissance apophatique est "ordonnée à la communion des personnes", et nécessite une "anthropologie essentiellement kénotique"(6), ce qui n'est pas sans rejoindre ce que je démontre dans mon tome 2 d'humilité et miséricorde : décentrement et communion. Décidément nos pensées se rejoignent.


(1) Christophe Gripon, Éros, un chemin vers Christ-Sophia, op. Cit p. 102 ‎ (on aimerait qu'il en dise plus, mais n'est-ce pas ça justement l'apophatisme : garder en vue l'incompréhensibilité de Dieu).
(2) Christos Yannaras, De l'absence à l'inconnaissance, p. 93‎, ibid. p. 115
(3) Gripon p. 115
(4) Yannaras p. 95
(5) p. 115 ‎ 
(6) Gripon p. 118 et note 343.