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15 août 2007

Ascensionnel


Pour Hans Urs von Balthasar, il est important de trouver ce qui dans une spiritualité incarnée est authentiquement chrétien et de s’opposer à toutes ces prétentions des spiritualités « ascensionnelles extrabibliques » de détenir la vérité. (1)

Je vois ainsi le danger d’insister sur le fait que le décentrement, à la différence d’une sortie de soi, nécessite peut être une précision : le décentrement n’est pas pour moi désincarné mais seulement un changement de centre, un descente de tours, thème récurrent de ma trilogie « Chemins d’humanité, chemins vers Dieu » et qui fera l'objet d'un nouvel ouvrage en cours de finalisation : « Retire tes sandales !» où l’homme doit quitter sa prétention à être seul y compris dans l’ascèse pour s’ouvrir à une parole et un silence. La différence est ténue mais plus qu’importante.

(1) Hans Urs von Balthasar, La Théologique, II ibid, p. 119

14 août 2007

Silence - VI

La théologie négative conduit au silence. Après toute négation… Mais pour Hans Urs von Balthasar, « il y a au terme de la théologie chrétienne, une autre sorte de silence, celui de l’adoration, à laquelle la voix manque, à cause de l’excès du don ». (1)

Et le théologien nous présente un long plaidoyer sur les parallèles et les divergences entre une recherche néo-platonicienne et mystique du silence et les spécificités de la révélation chrétienne qui me conduisent à mettre des réserves sur tout ce que j’ai pu développer dans ces pages sur le thème du silence. Hans Urs von Balthasar insiste avec raison sur l’importance de la révélation et du verbe sans nier l’importance parallèle du silence de Dieu dans l’histoire de la révélation.

Je conclurais ainsi que le silence ne peut être qu’une introduction ou une conclusion à la Parole. Il l’introduit en préparant l’homme à l’écouter. Il conclut la Parole, en laissant à l’homme le temps d’y répondre.

Le pur silence peut être une tentation mystique et gnostique si l’on succombe à « l’échelle des émanations » pour tomber dans une voie de « purification » où l’on cherche à toujours plus se désincarner. Pour Hans Urs von Balthasar, « cette doctrine désincarnant la perfection a causé les plus grands ravages au Moyen Age et jusqu’au Temps Modernes (un saint Jean de la Croix n’en est pas exempt). « Contrairement à la ligne fondamentale chrétienne d’insertion dans le corps, un refus graduel de la corporéité devient alors le modèle non seulement de l’ascèse mais aussi en particulier des doctrines mystiques. A peu d’exception près, ce fut la perspective courante jusqu’aux Exercices spirituels de saint Ignace qui n’eurent pas assez d’influences pour contrecarrer la tendance néo-platonicienne. Il faudrait également rappeler saint Augustin qui, il est vrai, a des mots très durs dans ses Confessions, pour stigmatiser chez les néo-platoniciens l’absence de l’humilité condescendante du Christ, mais qui propose en contrepartie dans sa mystique un schéma ascendant très net du corps à l’imagination pour aboutir à la pure vision spirituelle et qui fut déterminant pour la postérité ». (2)

(1) Hans Urs von Balthasar, La Théologique, II ibid, p. 114
(2) Hans Urs von Balthasar, La Théologique, II ibid, p. 118

13 août 2007

Théologie négative - V

Pour le Pseudo-Denys toutes les négations et suppressions « visent une affirmation dominant toutes choses » Cette forme de théologie, ajoute Hans Urs von Balthasar tend finalement vers la louange liturgique, la pure adoration. (1)

S’ouvre alors pour le théologien deux chemins ; celui de Bonaventure avec son excessus de l’amour au-delà de toute connaissance et celui de Thomas d’un Dieu contemplé par Dieu.

C’est le « chercher Dieu » des psaumes.

Il nous faut noter que dans certaines violences de l’Ancien Testament résident aussi la recherche de Dieu. Elle en constitue le balbutiement de toute la recherche de l’homme qui crie vers un Dieu qu’il ne pourra atteindre et croit le voir là où il n’est pas. Dépasser ce stade est possible mais il ne peut pas faire l’économie de notre propre recherche, des hauts et des bas de nos propres incompréhensions.

(1) Hans Urs von Balthasar, La Théologique, II ibid, p.109

11 août 2007

Théologie négative - IV

Voici un point de vue qui tempère l’affirmation catégorique citée dans mon premier billet sur ce thème : Pour saint Augustin : « La hauteur de Dieu au dessus de tout ne dépasse pas seulement notre discours, mais aussi notre pensée. Ce n’est pas un mince appoint pour notre intelligence, qu’avant de savoir ce que Dieu est, nous sachions ce qu’il n’est pas ». (1)

(1) Serm. Morin., Rome 1930, 47 cité par Hans Urs von Balthasar, La Th. II, p.107

05 août 2007

Théologie négative

La théologie négative, en sa première forme est le « plus solide bastion contre le christianisme ».
Je pense que le théologien critique là cet entêtement de la philosophie à définir Dieu par son absence... Au Dieu qui n'est pas, il oppose le Dieu qui s'est révélé...

A la différence, le Dieu de la révélation est pour lui le « Dieu qui a déjà saisi l’homme en recherche et qui lui adresse la parole, à la fois comme une grâce et comme une exigence, ceci coupe court à toute résignation devant l’inaccessible ». (1)
(1) Bathasar, ibid p. 101

01 août 2007

Le tout autre...



Et cependant, comme le précise Balthasar, Jésus reste, même dans son humanité le tout-autre, l’unique, comme interprète du Père. (1)

C'est donc dans une tension entre la vénération du Christ en croix et l'imitation d'un homme que nous devrions nous situer. Et c'est pour moi une partie du "mystère" de l'incarnation, de ce don dans notre humanité d'un Dieu qui se penche pour nous relever. Jéshoua : Dieu Sauve.

(1) cf. ibid p.75

31 juillet 2007

Anthropomorphisme



« On a le choix. Ou l’on n’a pas d’anthropomorphisme ou un anthropomorphisme sans restriction, qui est alors une réduction humaine, générale et totale de Dieu (…) s’il a voulu être humain, qui pourrait objecter quoi que ce soit ? S’il descend lui-même de cette hauteur et fait cause commune avec la créature, pourquoi devrais-je moi, le retenir de force, sur cette hauteur ? Comment serait-ce moi qui l’abaisserais par la représentation de son humanité s’il s’abaisse de lui-même ? » (1) Pour moi cette kénose est un dialogue de sourds sans un décentrement de l’écoutant qui ne peut à défaut atteindre « une attitude d’écoute purement réceptive » (2)
Il y a donc un cheminement intérieur pour quitter ce qui peut être exaltant dans une vision de Dieu sur-homme et inaccessible, projection de tous nos phantasmes et le passage au réel, l'invitation à l'amour du prochain, l'action...

(1) Schelling, F.W. Brief an Eschermayer, 1812 dans Werke I,8 167-168 cité par Hans Urs von Balthasar, La Th. II, p. 74
(2), Hans Urs von Balthasar, ibid p. 75

16 juillet 2007

"Je suis la vérité"

Nous arrivons presque à l’issue de notre lecture de la trilogie balthasarienne avec l’avant dernier tome de la troisième partie : La Théologique, II (1). Hans Urs von Balthasar commence (2) par une question fondamentale. De qu’elle droit, Jésus-Christ ose-t-il dire : « je suis la vérité » (Jn 14,6) ? Pour le théologien, cela doit « s’enraciner d’en haut, suivant le mouvement de quelqu’un qui est venu là pour devenir, sur terre, cette vérité est pour en témoigner ».

Il me semble que cette affirmation interpelle dès le départ notre foi. Nous ne pouvons entrer dans cette dynamique que par un acte de fiance, de foi…

(1) La Théologique, II – Vérité de Dieu, Culture et Vérité, Traduction Béatrice Déchelotte et Camille Dumont, s.j., Namur février 1995, titre original Théologik II – Warheit Gottes, Johannes Verlag, 1985. Nous citerons plus loin cet ouvrage sous la référence « Théologique II ».

(2) Ibid p. 9

14 juillet 2007

La source

De son créateur, l’homme a reçu, pour sa route, « la grâce de participer à la fécondité inépuisable de sa source ». Il possède en soi une richesse qui ne s’épuise pas. Pour Hans Urs von Balthasar, il a toujours « une ouverture secrète, par où entrent à partir de l’éternel des provisions de sens constamment renouvelées. » En cela, il ne peut, selon le théologien, « s’enfermer dans le silence » (1). Il semble obligé de se plier à la loi qui se manifeste à lui. Cela ne l’empêche pas cependant de choisir de résister et de faire le tri, de passer au dessus, d’oublier. (2) Il me semble, pour reprendre l’image développée dans les billets précédents, qu’il s’enferme surtout dans cet aveuglement déjà décrié par Jésus. L’homme résiste à Dieu. C’est sa liberté, mais j’ajouterais aussi, c’est profondément humain. Et il nous faut trouver en nous, tous les moyens possibles pour désensabler la source. L’enjeu est de retrouver cette fraîcheur juvénile qui nous faisait voir Dieu dans l’irruption fragile de toute beauté.

(1) Hans Urs von Balthasar, La Théologique, I – Vérité du monde, ibid, p.114-115
(2) cf. chez P. Ricœur, Le temps et l’oubli

13 juillet 2007

Iceberg

J’ai longuement développé dans « Chemins d’humanité, chemins vers Dieu » le concept de tours : cette carapace humaine qui s’enferme et se protège derrière ses certitudes et son savoir. Peut-être qu’il faut relever, au-delà de cette apparence, l’immense fragilité de l’être. C’est peut-être une manière d’excuser cette construction arrogante. Parce que l’homme est fragile, sensible, il ne résiste à l’agression du monde qu’à travers l’édification de ses propres défenses. Et cette apparence masque l’immense iceberg de l’être. On n’aura jamais fini de percevoir, au-delà des apparences, l’insondable et immense mystère de l’être humain.

12 juillet 2007

Illusions

Pour le théologien, « la pensée technique moderne croit être vraiment au fond d’un domaine entier de l’être ; elle estime l’avoir maîtrisé au point qu’il ne recèle plus aucun mystère » (1). Il me semble que cette toute-puissance humaine ne peut finalement être ébranlé que par l’interpellation de la toute-faiblesse. Car ce n’est pas lorsque l’homme est tout puissant qu’il s’ouvre à un ailleurs. C’est probablement lorsqu’il chute, qu’il se blesse, que peut se produire l’interpellation du kérygme.

(1) Hans Urs von Balthasar, La Théologique, I – Vérité du monde, ibid, p.108

08 juillet 2007

Ouverture et décentrement

Quelle peut être le sens d’un décentrement véritable. Peut-on paraphraser les termes de Balthasar et concevoir la réceptivité comme quelque chose qui peut faire de nous un « espace éclairé absolument vide » au point qu’il faille « que quelque chose y brille pour qu’on s’aperçoive du rayonnement lumineux » (1) Il me semble que pour en arriver à ce niveau de détachement, il faut percevoir combien nous ne sommes que peu de chose et que ce qui est en nous de bon nous vient d’ailleurs. Alors peut-on arriver à cette transparence qui fait rayonner la lumière qui en nous vient d’ailleurs. On rejoint alors ce que suggère plus loin Balthasar : « Le sujet qui s’ouvre à la vérité éprouve précisément à son contact, tout le contraire d’un sentiment de maîtrise dominatrice épuisant son objet. Il a plutôt l’impression paradoxale d’accomplir un progrès véritable dans la connaissance et le savoir (…) une extension de plus en plus large et infinie. » (2).

Ce qui compte alors, c’est peut-être de rester ouvert, les sens entièrement tournés vers la réceptivité de ce qui, venant d’ailleurs, nous donne d’être, de vivre et de désirer. Une ouverture à toute vérité possible qui devient « participation finie à la lumière infinie »

(1) Hans Urs von Balthasar, La Théologique, I – Vérité du monde, ibid, p.49

(2) Ibid p. 50-51

05 juillet 2007

Vérité - II

Pour le théologien, la seconde propriété de la vérité, après l’absence de repli sur soi (alêthéia) c’est 'emet' : on peut faire confiance, se reposer sur. Lié le dévoilement à la confiance, c’est introduire pour moi la condition de tout dévoilement. Il ne peut y avoir de vérité sans fiance et l’échange de la confiance, de la foi, est terreau de toute révélation. La fidélité, la constance, la solidité des rapports humains ne peut s’éprouver que dans le temps. Et le temps est ce qui donne à l’échange, son poids, sa mesure.

07 juin 2007

Big brother

Je ne cesse d’avoir en tête depuis près de 35 ans le psaume 139 qui a des accents de « big brother » : « tu me sondes et me connais, que je me lève où je m’assoie, tu le sais » mais qui traduit aussi, quand on veux bien l’entendre avec les oreilles de la foi comme le chant d’un Dieu pour qui chacun est unique : « Tu as du prix à mes yeux… » Ainsi peut-on entendre également saint Basile quand il affirme que « de la face du juge rayonne une lumière de vie qui pénètre les cœurs jusqu’au plus intime et nous n’avons pas d’autres accusateurs que nos propres péchés, lesquels seront, par cette lumière étalés sous nos yeux » (1)

Encore une fois, on peut en tirer une culpabilité maladive, mais il est possible aussi d’en faire un chemin de vérité. Car, c’est par notre humilité que nous progresserons dans la foi, en mourant de cet orgueil qui nous enserre et nous mine…

Cette « descente aux enfers de la conscience de soi » (2) est en quelque sorte aussi un chemin de lumière, la lente introspection du fils prodigue, qui rentre en lui-même et se souvient du père (Luc 15).

(1) In PS 33,4 (PG 29,360) cité par Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, IV, Le Dénouement, Culture & Vérité, Namur 1993 p. 266

(2) Hamann, cité par Balthasar, ibid p.267

16 mai 2007

Jésus source de vie

"Le génie de Jésus ne consiste pas seulement dans le fait d'avoir trouvé ces mots qui ouvrent le secret de la vie ; c'est d'avoir permis à d'autres de se risquer et d'inventer d'autres chemins. (1)

(1) Christoph Théobald , in La Révélation, Editions de l'Atelier, Paris 2001, p. 204

12 mai 2007

Silence - IV

Dieu aurait-il tout livré, y compris lui-même, sa propre sainteté, pour que nous puissions, grâce à son silence – accéder en nous et par nous-mêmes à la source de la béatitude ? Dire Dieu serait-ce une manière de désigner la sainteté comme mystère, messianique du monde et de l'histoire ? (1)

Oui, si l'on pense l'amour comme le respect de l'autre dans sa liberté. Oui, si l'on contemple le Christ agenouillé au pied de Judas, pour lui laver les pieds. Dans le silence de l'amour, Dieu a tout dit et ne cesse de se dire.

(1) Christoph Théobald , in La Révélation, Editions de l'Atelier, Paris 2001, p. 168

02 mai 2007

Un vide sans fond

"Il se révèlera que ce vide sans fond et sans mot que nous ressentons comme une mort est plein, en réalité du mystère primordial que nous nommons Dieu, de sa pure lumière, de son amour qui saisit tout et offre tout (…). Un balbutiement d'un homme qui attend ce qui doit venir en éprouvant l'engloutissement de la mort comme ce surgissement déjà, de ce qui vient". (1)

(1) K. Rahner, Expériences d'un théologien catholique, Paris Cariscript, 1985, pp. 39-41 (conférence prononcée quelques jours avant sa mort), cité par Christoph Théobald , in La Révélation, Editions de l'Atelier, Paris 2001, p. 136

17 avril 2007

Caché - II

Engourdi le cœur de ce peuple, appesantis ses oreilles, colle lui les yeux ! Que de ses yeux ils ne voient pas, ni n'entendent de ses oreilles ! Que son cœur ne comprenne pas, qu'ils ne puissent se convertir et être guéri ! Es 6, 8-9

J'ai du mal à comprendre pourquoi Dieu ferait cela. N'est-ce pas nous qui ne faisons pas usage de notre liberté et restons aveugles à l'essentiel… ?

16 avril 2007

Caché

Tu l'as caché aux sages et révélé aux tous petits (Mt 11, 25-27). Parfois je me demande à quoi sert tout ce vent, quand l'amour m'appelle autour de moi. Illusion et vanité…

14 avril 2007

Espérance - IV

La résignation est interdite au croyant. "Celui-ci est au contraire obligé de prendre en charge, avec bonté et compassion, la terre soumise à la mort ainsi qu'aux puissances de la vanité, afin de conduire toutes choses à la rencontre de leur être nouveau." (1)

(1) J. Moltmann, Théologie de l'Espérance, cité par Hans Urs von Balthasar, DD IV, p. 152