31 mai 2007

Nous n’avons pas le monopole de la charité

La parabole du bon samaritain (Lc 10,29) signifie l’explosion des frontières nationales sur la réponse à qui est mon prochain ? D’une certaine manière cela renforce pour moi la thèse de saint Justin qui voit en tout homme les germes du Verbe…

30 mai 2007

La victoire est à Lui…

Si Dieu est pour nous, aucune puissance du monde n’est contre nous. On comprend pourquoi le Seigneur souffre par amour pour nous tous. En effet, Dieu qui dispose de Dieu en son Fils « s’arrange du même coup pour dépasser l’homme, afin que la grâce reçoive plus de poids que pour le péché (...) son triomphe sur le monde, Dieu l’assure depuis la création du monde. S’il n’avait pas déjà, dans sa liberté divine assuré la victoire sur le monde, il n’aurait pu confier aux hommes leurs libertés » (1) dit Adrienne von Speyr . Par ailleurs, elle ajoute que « s’il y a à l’origine amour véritable, le don de la liberté est absolument requis » (2)

(1 et 2) Adrienne von Speyr Ka II, 198 cité par Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, IV, Le Dénouement, Culture & Vérité, Namur 1993 p. 255

29 mai 2007

Le jugement de Dieu

Jean situe le jugement dans l’événement de la croix » (Jn 12, 31) et affirme à partir de là que celui qui croit au Fils n’est « pas soumis au jugement mais est passé de la mort à la vie » (Jn 5,24). Pour Hans Urs von Balthasar (1) ce jugement consiste dans la « participation aux souffrances du Christ » (1 P 4,13) et donc est grâce (3,14). « Il devient pour le chrétien gloire et béatitude. Dans la mort et la résurrection du Christ, les liens de la mort sont rompus, l’éternité est la récompense proposée. Dès lors la visée vétéro-testamentaire qui proportionne la rétribution ici-bas selon les œuvres s’effondre. Il existe désormais une asymétrie fondamentale, dans la mesure où le jugement de Dieu est tombé une fois pour toutes avec la mort et la résurrection de Jésus. Tout ce qui pourra encore survenir par la suite ne sera que le déploiement de cet acte. »

C’est pourquoi, la joie du tourment des damnés est inacceptable. Pour G. Martelet (2) « Il n’y aura jamais de mal-aimés de Dieu qui est l’amour même. L’enfer comme refus absolu de l’amour n’existe jamais que d’un seul côté, je veux dire du côté de celui qui le crée constamment pour lui-même »

Pour J. Ratzinger, « le Christ ne destine personne à sa perte (…) elle naît du fait que l’individu persiste dans son propre égoïsme » (3)

(1) Hans Urs von Balthasar, , Dramatique Divine, IV, Le Dénouement, Culture & Vérité, Namur 1993 p. 253-5
(2) G. Martelet, in l’au-delà retrouvé, Desclée, 1974, 181-188 cité par Hans Urs von Balthasar p. 253
(3) J. Ratzinger, Eschatologie, Puster, 1977, 169

28 mai 2007

Le salut pour tous

« A la question enfer éternel ou salut universel ? je réponds Enfer ET Salut universel » nous dit Gaston Fessard. (1)

Pour Hans Urs von Balthasar, il faut en effet tenir compte de la mutation entre l’Ancien Testament et le Nouveau Testament dans la théologie du jugement : Dans le Nouveau Testament, la « Croix du médiateur constitue fondamentalement le jugement » (cf. Jn 12,31 : « C’est maintenant le moment où le monde va être jugé ; maintenant le dominateur de ce monde va être chassé. Et moi quand j’aurai été élevé de la terre, j’attirerai à moi tous les humains ») et Rm 5,15 : « Si par la faute d’un seul la multitude a subi la mort, à plus forte raison la grâce de Dieu, grâce accordée en un seul homme, Jésus-Christ, s’est-elle répandue en abondance sur la multitude ».
D’une certaine manière, ajoute-t-il, « L’abîme se creuse dans le Nouveau Testament entre béatitude et damnation éternelle, alors que la « révélation plus plénière de l’amour divin engendre un refus plus radical et un abîme de haine. » (1) Est-ce à dire que ce n’est pas Dieu qui veut l’enfer mais les hommes qui en rejetant Dieu creuse leur propre distance, s’éloigne de Dieu. Alors même que Jésus affirme qu’il n’est pas venu pour juger mais pour sauver (cf. Jn 12, 47ss).

(1) in Enfer Eternel ou Salut universel, ch. E Castelli, Archivio di Filosofia Roma, 1967 cité par Hans Urs von Balthasar p. 246
(2) Hans Urs von Balthasar, , Dramatique Divine, IV, Le Dénouement, Culture & Vérité, Namur 1993 p. 247

27 mai 2007

Colère de Dieu – Suite - II

Le Fils sur la croix a tellement pris sur lui la totalité du péché que Dieu ne peut plus toucher le pécheur sans l’atteindre lui-même. (1) Et c’est pourquoi la colère est d’une certaine manière apaisée par l’amour du Fils souffrant. Rappelons que ce concept même de colère est à concevoir comme l’expression de l’amour qui ne peut supporter la faute.

On conçoit alors que lors du Samedi Saint, le Christ soit, d’après Adrienne von Speyr, qui rejoint ainsi d’autres mystiques, convié au dévoilement du mystère des ténèbres, à l’ultime secret de la personne de Dieu, sa zone de ténèbre, un lieu qui sera visité par le Fils-Homme.

Ce qui est dévoilé est ce péché, permis par Dieu et sa conséquence : « l’enfer ». La rencontre du Fils avec l’enfer est ainsi considérée par Adrienne von Speyr comme la « disponibilité totale » qui permet d’expier le péché. Il s’agit pour elle de l’expérience par l’Homme-Dieu du « brasier de Dieu », ce feu d’amour et de souffrance. Et cette expérience, nous révèle Dieu comme un être de feu et de souffrance, révélant le caractère essentiel du Dieu Trinitaire qui « ne supporte rien que ni soit pur et consume toute impureté… »

(1) Adrienne von Speyr, cité par Hans Urs von Balthasar, , Dramatique Divine, IV, Le Dénouement, Culture & Vérité, Namur 1993 p. 244 et 255

26 mai 2007

Colère de Dieu (suite)

Pour Adrienne von Speyr, même la ténèbre n’échappe pas à la puissance de Dieu. Dieu de bonté peut toujours recouvrir « notre obscurité pécheresse » et « enfouir notre misère dans sa grâce » (1)

La colère est pour elle la bonté divine retournée contre le mal. Le jugement de colère dont parle l’Ancien Testament est comme le visage de Dieu qui affirme la contradiction de notre péché. C’est pour ainsi dire la « croix du Père » que d’être contraint de donner de lui cette image jusqu’à ce que le Fils sur la Croix en dévoile le sens dernier.

Je conçois mieux à travers cela l’expiation, qui ne serait pas le fruit de la vengeance mais l’exposition du dégoût de Dieu face à la violence, de ce déchirement intérieur du cœur de Dieu qui exprime ainsi à travers la mort du Fils le déchirement de son cœur devant l’humanité pécheresse. La mort du Christ serait ainsi désirée pour montrer aux hommes à quelle point Dieu est déchiré dans son amour par nos « non-amours ». La colère de Dieu est une manière d’exprimer l’amour du Fils.

(1) Adrienne von Speyr, Jn II, 127 cité par Hans Urs von Balthasar, p. 242

25 mai 2007

Souffrance et amour - II

On ne peut pas dire que le Christ est mort sur la croix par pur accident. En fait « le Dieu tripersonnel n’a jamais cessé d’être un et unique » (1). En effet, pour Hans Urs von Balthasar, on ne saurait évoquer l’idée d’une évolution en Dieu comme s’il n’arrivait à la plénitude unique que par le fait du péché du monde.

Je pense en effet que le Fils n’a pas besoin de mourir pour être Fils. Il est comme l’affirme Jean, Verbe depuis l’origine. Ainsi, seul l’amour du Dieu tripersonnel nous fait la grâce de nous en révéler la profondeur et cela au nom de sa confiance et son amour pour l’humanité. C’est pour nous que le Fils révèle cet extraordinaire amour de la Trinité, qui nous aurait échappé totalement sans cette révélation. Mais elle n’est pas en soi constitutive de la réalité de Dieu et n’est pas en soi mouvement des personnes qui restent liés en toutes hypothèses d’un amour indéfectible, en dépit de la distance entre le Père et le Fils fait homme.

(1) Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, IV, Le Dénouement, Culture & Vérité, Namur 1993 p. 241

24 mai 2007

Souffrance et amour

La souffrance de la croix est sans commune mesure avec le monde tout en montrant par là que le monde lui-même est un chaos. C’est pourquoi, elle révèle, pour Hans Urs von Balthasar « à partir du monde ce qu’est le péché devant Dieu ».

Pour rendre témoignage, la séparation entre le Fils et le Père ne doit pas être pour Hans Urs von Balthasar au seul niveau du corps ou du sensible, elle doit l’être aussi « au plan spirituel sans quoi la passion ne serait qu’une épreuve physique, où le Fils aurait à subir la torture comme un stoïcien ou un fakir ». Pour lui, la déréliction personnelle réciproque du Père et du Fils est ce qui permet « la révélation suprême et avec elle la « foi parfaite » comme saut dans l’espace ainsi ouvert ». Il faut pour lui ce paradoxe absolu pour rendre digne de foi ce fait que « le Père n’abandonne le Fils en aucun instant même dans l’extrême déréliction » et que dans cette séparation, le Fils « demeure toujours plus uni au Père, pour n’être finalement rien d’autre que la révélation du Père » (1)

« C’est seulement dans l’offrande consentie dans la séparation que la réalité de l’amour peut de déployer » (...) « par la privation le Père découvre la grandeur de son amour pour le Fils et la grandeur de l’amour du Fils pour lui ». (2)

Sur cette base, je comprends mieux ce qu’Adrienne von Speyr affirme plus loin sur la trinité économique. En effet, il n’y a pas forcément mouvement, puisque la distance trinitaire pré-existe à l’incarnation. Elle est distance par essence. Par contre, ce qui est ici en jeu est sa révélation, la mise en évidence de cette infinie distance et de cet amour infini, qui sur la croix se révèle, tout en restant conçu par Dieu depuis toute éternité, avec la parfaite adhésion du Fils.

(1) Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, IV, Le Dénouement, Culture & Vérité, Namur 1993 p. 240
(2) Adrienne von Speyr, Jn II, 127 cité par Hans Urs von Balthasar, p. 241

23 mai 2007

La conscience de Jésus

L’impuissance du Fils est un aspect de l’obéissance : il « veut apprendre à nouveau ce qui est déjà au fond de sa conscience » (...) « être surpris et même effrayé par l’évènement (...) parce que l’on a confiance qu’en Dieu seul ». (1)

Il me semble que cela concorde avec l’exclamation du Fils : « Père, j’ai remis ma vie entre tes mains »…

(1) Adrienne von Speyr, SS, 98 cité par Hans Urs von Balthasar p. 236

22 mai 2007

Souffrance et Joie - VI

« Plus l’amour est plus vrai plus il est joyeux dans toutes les souffrances. Tout amour, même l’amour terrestre et corporel peut être une vraie joie s’il ne se referme pas dans l’égoïsme mais s’ouvre à Dieu » (1)

Le danger serait d’interpréter cela comme une incitation à la souffrance. Il me semble au contraire, que cela ne peut être qu’une relecture, à l’image de ce beau poème brésilien. Au cœur des souffrances qui traverseront notre vie, Dieu est là, il nous porte dans ses bras et ce n’est qu’in fine que nous en percevons la grâce…

(1) Adrienne von Speyr, Jean D II, p. 33

21 mai 2007

La souffrance de l’enfantement – Souffrance et Joie - V

Pour Adrienne von Speyr, « La souffrance est le lot de la femme, mais les douleurs de l’enfantement se situent dans l’intervalle creusé d’un côté par l’amour de l’époux et de l’autre par l’amour de l’enfant. » et ajoute-t-elle, « le Seigneur lui aussi inscrit sa souffrance dans l’amour » pour conclure « Ce n’est pas la passivité, mais une remise active, par laquelle il achève sa mission » (1).

Il me semble que l’on pourrait ajouter sans réduire la puissance de cette métaphore, que la souffrance du Christ est comme la femme, situé à l’intermédiaire entre l’amour du Père et l’amour de l’Eglise qu’il enfante par sa mort. On peut alors concevoir, qu’à l’issue de cette souffrance extrême, il puisse de la même manière ressentir une joie extrême, celle qu’il évoque à demi-mot par l’invocation du psaume 27 sur la Croix, sans pour autant prononcer la fin du psaume, qui résume la rencontre finale en Dieu : « tu m’as répondu »…

Est-ce ce que Lévinas voulait évoquer dans ce qu’il appelle une passivité plus que passive… (2)

(1) Adrienne von Speyr, Passion von innen, p. 102s, cité par Hans Urs von Balthasar, p. 231
(2) E. Lévinas, Autrement qu’être et au-delà de l’essence.

20 mai 2007

Souffrance et Joie - IV

Pour Hans Urs von Balthasar, l’épître aux Philippiens, « composée dans la souffrance d’un bout à l’autre est l’expression de la pure joie, et une exhortation à la seule joie ». De même, le commencement de la 2nde lettre aux Corinthiens « développe l’idée de la consolation de Dieu en toute affliction, "même lorsque les souffrances du Christ abondent en nous" » (2 Co, 1, 40). (1)

C’est vrai que Philippiens, dont je n’arrête pas de découvrir la splendeur parle de l’exaltation après l’abaissement, du relèvement après la kénose. Mais nous avons tendance à séparer les deux moments, alors qu’il s’agit d’une continuité. Si le Dieu-Homme a souffert, il n’a pu de fait attendre de connaître la joie de la vision céleste… C’était le prix et c’est notre espérance…

(1) Hans Urs von Balthasar, ibid, p.230

19 mai 2007

Souffrance et Joie - III

« Les mystères du don de soi jusqu’à l’extrême, jusqu’à la nuit de l’impuissance sur la croix, ne sont pour Dieu qu’une forme de sa vie suprême et la plénitude de la vie d’amour. Dans le monde, la mort est la tombée du rideau ; en Dieu, la mort n’est jamais que l’essor d’une vie nouvelle » (1)

Pour Hans Urs von Balthasar, cela implique un second point plus difficile à saisir. Pour lui, « la souffrance de Jésus jusqu’à son caractère excessif est une conséquence et même tout simplement une expression de sa joie trinitaire éternelle ».

Cette image me semble toucher à l’indicible mais au cœur même du mystère de l’incarnation. Je ne l’avais entendu qu’une fois dans le cadre d’une retraite, il y a bien des années, mais je n’ai jamais pu la relire, n’en connaissant pas la source. Je suis heureux d’en saisir la puissance dans ces pages. Elles ouvrent pour moi le rideau du temple et font apercevoir un coin d’espérance dans nos vies. Je crois d’ailleurs que c’est pour cela que l’on ne peut qu’en esquisser la vision.

(1) Adrienne von Speyr, ibid p. 48 cité p. 229
(2) Hans Urs von Balthasar, ibid, p.230

Libellés : Hans Urs von Balthasar, Adrienne von Speyr, Souffrance, Joie

18 mai 2007

Désaisissement

Pour conclure cette lecture de Théobald, je ne résiste pas à citer cette phrase, pleine de sens :
"La fin de l'histoire est arrivée quand quelqu'un réalise le don de sa propre vie pour autrui et comprend cet acte de dessaisissement de soi comme mystère ultime de sa destinée humaine. Mais la fin reste encore suspendue à la réception de ce mystère par tout être humain, chacun étant appelé à un entrer de manière unique." (1)

(1) Christoph Théobald , in La Révélation, Editions de l'Atelier, Paris 2001, p. 220

17 mai 2007

Louange et beauté

La beauté de toute fécondité (…) et les métaphores qui nous éveillent à cette grâce d'un univers en gestation sont autant de raisons pour Théobald de louer Dieu. Mais pour louer il faut être comme Dieu : tout a fait oublieux de soi et vraiment libre, disponible et tout admiration pour l'imprévisible éclosion d'un bouton de rose, d'un sourire d'enfant, de la tendresse de Dieu. A cœur ouvert" (1)

Cela fait raisonner plus encore pour moi le sens du recevoir et du donner dans sa réalité sponsale. On peut atteindre ainsi la louange quand oublieux de soi on loue ce que l'autre reçoit vraiment. Mais peut-être que je fais preuve ici d'un affreux anthropocentrisme.

(1) E. Pousset, La vie dans la foi et la liberté, Essai sur les exercices spirituels de St Ignace de Loyola, Paris, Cerp, 1971, p. 20

16 mai 2007

Jésus source de vie

"Le génie de Jésus ne consiste pas seulement dans le fait d'avoir trouvé ces mots qui ouvrent le secret de la vie ; c'est d'avoir permis à d'autres de se risquer et d'inventer d'autres chemins. (1)

(1) Christoph Théobald , in La Révélation, Editions de l'Atelier, Paris 2001, p. 204

15 mai 2007

Souffrance et Joie - II

Pour Hans Urs von Balthasar, si par la mort on entend le fait de donner sa vie, on saisit alors comment ce don trouve en Dieu son archétype (1) Reprenant les termes d’Adrienne von Speyr, il précise que si « le Père donne sa vie au Fils, le Fils la rend au Père, et l’Esprit est lui-même la vie répandue, c'est à dire donnée » (2)

« Dans la nuite de la croix séparant le Père et le Fils, le Christ et Dieu lui-même ont goutté et éprouvé le don de soi sous la forme de la mort de péché » et par là « ils ont introduit la mort humaine dans la vie éternelle » (3)

(1) Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, IV, Le Dénouement, Culture & Vérité, Namur 1993 p. 229
(2) Adrienne von Speyr, Jean V I, 47
(3) Adrienne von Speyr, ibid 47-48, citée par Hans Urs von Balthasar, ibid

14 mai 2007

Souffrance et Joie - I

Pour Hans Urs von Balthasar, la douleur et la peine sont les caractéristiques les plus profondes de l’amour et la vérification authentique en est donnée dans toute l’attitude du Fils. Pour lui, l’obéissance du Fils est l’accomplissement parfait de la volonté du Père Jean 6,38 « Tu ne voulais pas de sacrifice, alors j’ai dit, me voici ».

« Cette mission trinitaire du Fils, acceptée de toute éternité dans l’obéissance et transposée du ciel sur la terre est nous le savons (...) un mission en vue du péché, entrant dans la similitude de la chair du péché, afin de condamner le péché dans cette chair (Rm 8,3). »Mais ajoute-t-il, la « mort n’est pas un mal créé par Dieu, mais au contraire le sceau de la gloire et le terme sans laquelle la vie ne serait pas vie » (1)

A suivre...

(1) Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, IV, Le Dénouement, Culture & Vérité, Namur 1993 p. 228

13 mai 2007

Silence face au mal

C'est l'expérience du mal radical – Auschwitz et la fraternité maintenue de certains – qui a obligé les théologiens à mettre en question l'axiome grec de l'impassibilité de Dieu grâce à une théologie de la mort qui dans son silence entend sa passion en tous les sens du terme (1)

Mais le concept d'une obéissance est encore à travailler par les théologiens. Or l'ensemble des Evangiles propose une autre forme, celle d'une amitié, d'une égalité qui met chacun des partenaires à une même hauteur. Ils proposent plutôt un partenariat entre Dieu et l'homme : moi avec lui et lui avec moi. Le vainqueur je lui donnerai de siéger avec moi sur un trône (Ap 3, 20 sv). Qu'elle singulière subversion du concept du trône.

Le roi agenouillé pour que l'autre comprenne qu'il n'est pas esclave mais ami. C'est l'hyperbole du Verbe, le silence de Dieu, qui avant de se donner, traduit dans le lavement des pieds, le cœur du mystère… Il subsiste donc une tension entre Silence et Verbe...

Dieu ne désire qu'une chose, que l'homme puisse comprendre de lui-même, de l'intérieur de lui-même – en véritable partenaire – son propre mystère de Dieu.

Et c'est pourquoi, le langage de Jésus-Christ est hyperbole, parce que la vérité ne peut-être entendue comme telle. Elle doit résonner plus haut, pour déchirer le voile

(1) Christoph Théobald , in La Révélation, Editions de l'Atelier, Paris 2001, p. 171

12 mai 2007

Silence - IV

Dieu aurait-il tout livré, y compris lui-même, sa propre sainteté, pour que nous puissions, grâce à son silence – accéder en nous et par nous-mêmes à la source de la béatitude ? Dire Dieu serait-ce une manière de désigner la sainteté comme mystère, messianique du monde et de l'histoire ? (1)

Oui, si l'on pense l'amour comme le respect de l'autre dans sa liberté. Oui, si l'on contemple le Christ agenouillé au pied de Judas, pour lui laver les pieds. Dans le silence de l'amour, Dieu a tout dit et ne cesse de se dire.

(1) Christoph Théobald , in La Révélation, Editions de l'Atelier, Paris 2001, p. 168

11 mai 2007

Silence - III

Pour Théobald, Dieu se révèle lui-même comme mystère absolument discret – voix pourrait-on dire, au sein même de l'éclosion de notre propre liberté de conscience. Quand Dieu a tout dit et révélé, une fin est arrivée qui ne peut être suivie que par son silence et la croissance de la liberté humaine, jusqu'à devenir capable de tenir debout face à ce mystère. (1)

Il nous faut là encore nous imprégner de la lecture du 1er livre des rois (Ch. 19) pour découvrir ce bruit d'un fin silence déjà évoqué et percevoir combien, pour que la liberté puisse être Dieu doit entrer dans cette kénose. Alors peut-on comprendre ce que Balthasar décrivait comme les kénoses successives de la Trinité. Dieu qui s'efface pour laisser paraître le Fils, le Verbe qui s'efface pour prendre la condition humaine et le souffle de l'Esprit qui n'ose réveiller le cœur de l'homme de peur de heurter sa liberté. Seul le voile déchiré à fait apparaître le mystère, vite enfoui dans les profondeurs du monde. La bonne nouvelle, c'est qu'il nous aime…

(1) Christoph Théobald , in La Révélation, Editions de l'Atelier, Paris 2001, p. 162

10 mai 2007

Saisi…

"Dieu a voulu que le Verbe premier né descende vers la créature (…) et soit saisi par elle, et que la créature à son tour saisisse le Verbe et monte vers lui, dépassant ainsi les anges et devenant à l'image et à la ressemblance de Dieu" (1)

Je résonne encore sur le terme de saisissement, qui renvoie à ce que j'écrivais il y a peu sur Philipiens 3… Ce que j'apprécie chez Irénée, c'est ce double saisissement qui a des accents trinitaire. Le Christ nous saisit par l'incarnation pour que nous soyons acteurs du verbe et co-participants à sa bonne nouvelle ?

(1) Saint Irénée, Contre les Hérésies, Livre V, 36,3

09 mai 2007

Souffrir avec

Pour Maritain « Dieu souffre avec nous et beaucoup plus que nous. Il demeure en compassion tant que durera la souffrance sur notre terre ».(1)
Il me semble en effet, que ce 'souffrir avec' participe à l’échange trinitaire et perpétue l’incarnation du Verbe. Il n’aurait pas de sens que la souffrance du Fils s’arrête sur la Croix. Elle est à la fois perpétuée par nos propres souffrances, mais non pas comme un évènement extérieur au mystère trinitaire, mais à mon humble avis, comme constituant essentiel de notre participation en Christ. Quand nous souffrons, nous souffrons en Christ et le cri du calvaire n’est pas éloigné de notre cri. Il est présent, dans l’actualité de nos vies et souffre avec nous, tout en nous portant par l’espérance indéfectible de sa propre victoire qui nous ouvre à l’attente du jour…
A l'inverse, on ne peut ignorer Paul qui affirme qu'il n'y a eu qu'un sacrifice. La tension est à trouver entre ces deux extrêmes...

(1) Maritain in Approches sans entraves p. 316

Sacrement-personnes – Passeur III

"Ce ne sont pas seulement des moyens sensibles inanimés, des sacrements-choses que le Christ emploie pour réaliser son Corps mystique, mais ce sont aussi – et par la même logique – des moyens sensibles animés, des sacrement-personnes". (1)

Le sommes-nous véritablement ? C'est peut-être cela, être passeur…

(1) Y. Congar, Esquisse du mystère de l'Eglise, "Foi-vivante" 18, Paris, Le Cerf, 1966

08 mai 2007

Souffrance de Dieu

Dieu éprouve la souffrance du Fils « à une profondeur qu’aucune créature, aucun homme sauf précisément l’unique qui est son Fils n’a jamais pu atteindre et cela d’ailleurs pour que l’homme ne puisse souffrir aussi excessivement. Cette compassion paternelle de Dieu est le vrai mystère, c’est l’abîme de l’abaissement de son Fils, ce qui constitue en propre l’évènement historique de la mort de ce Fils crucifié » (1)

Barth rejette ici également l’idée que Dieu puisse souffrir jusqu’à l’éternité, comme si l’entrée dans la victoire de la résurrection n’avait pas eu lieu, mais quid alors des phrases de Paul qui parlent d’achever dans sa chair la passion. Est-ce le mystère de la victoire et de l’histoire ?

(1) Barth, KD IV/2 p. 399 cité par Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, IV, Le Dénouement, Culture & Vérité, Namur 1993 p. 217

07 mai 2007

Passeur de Dieu - II

"Ce n'est pas la foi de quelqu'un qui est perçue immédiatement par autrui, ni la Révélation qui l'habite, mais c'est son rayonnement, voire sa présence significative ou révélatrice au sein de l'immense réseau de nos liens" Pour Théobald, c'est en cela que nous devenons signes pour d'autres, que nous sommes passeurs, révélateurs, que nous pouvons aider à accueillir paisiblement, dans un acte de foi leur propre mystère, tel qu'il se présente dans les éléments révélateurs de leur vie et ce grâce au lent compagnonnage de leur propre cheminement. (1)

On retrouve les accents de M. Rondet dans ce texte magnifique publié dans Etudes en 1997 où il nous invitait à ne pas présenter des certitudes mais à accompagner l'homme sur les chemins de sa quête.

(1) d'après Christoph Théobald, in La Révélation, Editions de l'Atelier, Paris 2001, p. 142

06 mai 2007

Le Voile…- II

"C'est seulement par la conversion au Seigneur que le voile tombe. Car le Seigneur est esprit et là où est l'Esprit du Seigneur, là est la liberté. Et nous tous, qui le visage dévoilé, reflétons la gloire du Seigneur nous sommes transfigurés en cette même image, avec une gloire toujours plus grande par le Seigneur, qui est Esprit." 2 Cor 3, 12-18

J'ai toujours été frappé depuis ma lecture de l'Idole et la Distance, de J.L. Marion par cette tension entre distance et proximité qui trouve d'une certaine manière dans le thème du voile, une certaine forme de conceptualisation. La distance n'est là que pour respecter notre liberté, mais comme l'indique le Cantique des cantiques, l'époux est dérrière la porte... ou derrière le voile...

05 mai 2007

Passion de Dieu

Chez Barth, la déréliction est le « reflet d’une passion de Dieu ».

Dieu ne devient pas pour autant étranger à lui-même, il n’est en rien diminué (...) et il n’y a pas pour lui de conflit entre la colère et l’amour. Pour Barth, la liberté est simplement dépassée et reprise dans le dessein ultime de Dieu. Dieu demeure celui qui agit, même quand il se laisse maltraiter. (1)

(1) cité par Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, IV, Le Dénouement, Culture & Vérité, Namur 1993 p. 216

04 mai 2007

Création souillée

Après un long développement sur la vulnérabilité de Dieu, telle qu’elle se révèle dans l’Ancien Testament et est reprise ou contestée par les Pères de l’Église sous la pression du concept grec d’un Dieu immutable, Hans Urs von Balthasar analyse plusieurs thèses récentes sur ce thème. Pour Bresnett souligne-t-il (1) « Dieu trouve plus de joie dans une création souillée que dans un vide immaculé ».

J’aime cette vision qui laisse à l’homme toute liberté pour souiller ou embellir le monde, tout en ayant hériter du don le plus grand, celui de suivre son Dieu et participer ainsi à la création positive du monde…

(1) Bresnett, Suffering of the impassible God p. 71, cité par Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, IV, Le Dénouement, Culture & Vérité, Namur 1993 p. 214

03 mai 2007

Pastorale - Rencontres

"Nos rencontres peuvent devenir des lieux de révélation, des formes sacramentelles de la Révélation, comprenant effectivement des événements et des paroles intimement unis entre eux" (1)

Un but à atteindre ?

(1) Christoph Théobald , in La Révélation, Editions de l'Atelier, Paris 2001, p. 141

02 mai 2007

Un vide sans fond

"Il se révèlera que ce vide sans fond et sans mot que nous ressentons comme une mort est plein, en réalité du mystère primordial que nous nommons Dieu, de sa pure lumière, de son amour qui saisit tout et offre tout (…). Un balbutiement d'un homme qui attend ce qui doit venir en éprouvant l'engloutissement de la mort comme ce surgissement déjà, de ce qui vient". (1)

(1) K. Rahner, Expériences d'un théologien catholique, Paris Cariscript, 1985, pp. 39-41 (conférence prononcée quelques jours avant sa mort), cité par Christoph Théobald , in La Révélation, Editions de l'Atelier, Paris 2001, p. 136

01 mai 2007

Violence du monde

On pourrait penser que la montée de l’intelligence humaine, de l’éducation et la mondialisation de l’information permettent de damner le pion à la montée de la violence. Et cependant, un bref retour en arrière sur l’histoire du siècle dernier montre qu’il n’en est rien. « Le crime s'accroît dans la mesure où, montant de l'animalité, il gagne en esprit » (1) et c’est bien notre drame. Plus nous pensons, plus nous pouvons innover dans la violence. C’est pourquoi un certain message écrit sur la chair et le sang, n’a pas perdu son acuité. Car si l’homme est devenu moderne, il reste homme…

(1) Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, IV, Le Dénouement, Culture & Vérité, Namur 1993 p. 190

30 avril 2007

Perdition - V

Pour Hans Urs von Balthasar, "le mystère du destin du diable, une boite de Pandore inabordable". On ne peut combattre les diables avec l'armure de Dieu. Ce sont les armes de Dieu que l'homme est autorisé à utiliser comme le Christ le jour de la tentation au désert (Ep 6, 10 ss) : "Revêtez toutes les armes de Dieu afin de tenir bon contre les armes du diable". (1)

"Il n'y a en face du diable aucune illusion possible de se croire en sécurité" ajoute Adrienne von Speyr

(1) d'après Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, IV, Le Dénouement, Culture & Vérité, Namur 1993 p. 187

(2) Die Katolische Briefe, I, 399 cité par Hans Urs von Balthasar, DD IV, p. 187

29 avril 2007

Perdition - IV

Pour K. Barth, "même le refus de Dieu est vanité". La vanité, l'homme seul ne peut en venir à bout et ne peut même s'en sortir, "il faut que Dieu se jette dans la bataille". Pour lui ce n'est que sur la croix que "nous savons en principe ce qu'est le mal". (1)

C'est dans le concret de la croix que l'on perçoit combien le mal est l'affaire propre de Dieu, en tant qu'il est à l'origine de la "contradiction" et "l'affrontement du divin". (2)

(1-2) K. Barth, Kirchliche Dogmatik, p. 416, cité par Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, IV, Le Dénouement, Culture & Vérité, Namur 1993 p. 185-6

28 avril 2007

Dénouement

Il y a une césure, un basculement qui d'une certaine mesure est proche d'une mort, quand l'on accepte de basculer dans la dépendance de l'amour, jusqu'à accepter de déposer sa vie entre ses mains. C'est pour Théobald, un "dénouement miraculeux quand subitement ma liberté et ma relation avec un proche adviennent en même temps, le rapport à soi et à autrui passant désormais l'un par l'autre. Il y a dénouement et dénouement révélateur, parce que les sujets basculent alors - dans l'instant d'un clin d'œil ou d'un tintement de voix - de l'indécision à la prévalence de la face lumineuse de leur existence. (…) Il y a dénouement enfin parce que cet évènement met les intéressés debout et les rend capables de se manifester bonté et sollicitude à bien d'autres que l'être aimé" (1)

C'est l'évènement révélateur, le miracle de la rencontre qui nous fait sortir de la solitude pour devenir être de relation. Quels sont les ressources et réparations psychologiques qui permettent ce basculement ? C'est probablement à la fois la joie de se sentir aimé et la grâce d'une force reçue d'ailleurs.

C'est aussi d'une certaine manière un dénouement, "quand l'on découvre que l'on a qu'une seule vie et que l'on a le courage de la prendre à bras le corps"…

(1) Christoph Théobald , in La Révélation, Editions de l'Atelier, Paris 2001, p. 125

26 avril 2007

Histoire sacrée

"Il y a des situations qui ont la vertu d'ouvrir seulement notre regard sur la totalité de notre existence, par définition inachevée. Notre être est alors mis en jeu et nous sommes provoqués à la relecture et au récit sachant bien que notre identité est liée à ce que nous pouvons en dire et raconter à d'autres". (1)

Pour moi, ces temps là sont aussi les lieux de la découverte du chemin de l'Esprit à nos côtés, du souffle ténu de Dieu, qui est venu nous tendre la main. Main que nous avons rejetée ou ignorée, main qui nous a porté parfois et nous a permis d'enjamber l'infranchissable. Dieu-passeur dans nos vies…

(1) Christoph Théobald , in La Révélation, Editions de l'Atelier, Paris 2001, p. 121

25 avril 2007

Conscience, Une loi intérieure – Obéissance - VIII

"Au fond de sa conscience, l'homme découvre la présence d'une loi qu'il ne s'est pas donnée lui-même, mais à laquelle il est tenu d'obéir. Cette voix, qui ne cesse de le presser d'aimer et d'accomplir le bien et d'éviter le mal, au moment opportun résonne dans l'intimité de son coeur : « Fais ceci, évite cela. » Car c'est une loi inscrite par Dieu au coeur de l'homme; sa dignité est de lui obéir, et c'est elle qui le jugera.

La conscience est le centre le plus secret de l'homme, le sanctuaire où il est seul avec Dieu et où Sa voix se fait entendre. C'est d'une manière admirable que se découvre à la conscience cette loi qui s'accomplit dans l'amour de Dieu et du prochain. Par fidélité à la conscience, les chrétiens, unis aux autres hommes, doivent chercher ensemble la vérité et la solution juste de tant de problèmes moraux que soulèvent aussi bien la vie privée que la vie sociale.
" Gaudium & Spes n°16

Je ne reprendrais mon petit laïus sur le concept d'obéissance (cf. Balises), mais il me semble qu'il s'impose là encore. Difficile transmission des vérités divines.

24 avril 2007

Solitude et communication

L'homme est pour moi enfermé dans une forteresse, dans une carapace. Il s'y protège de la dureté de la vie, mais en même temps se ferme à la tendresse de Dieu. Pour certains, la faille d'un amour passion vient ébranler la tour. Mais quant est-il des autres ? C'est mon espérance que la caresse de Dieu trouvera son chemin ailleurs, peut-être qu'au dernier souffle. Mais la souffrance de cette solitude sera un tremplin vers l'éternité de l'amour de Dieu, un ascenseur vers l'amour infini de Dieu.

23 avril 2007

Perdition - III

Dans l'Évangile de Jean, Jésus vient pour juger et sauver mais son jugement se fait par la Parole : soit on écoute (58 fois dans l'évangile), on reçoit, soit on refuse et cela conduit à l'endurcissement, l'aveuglement du cœur. Ainsi d'après Hans Urs von Balthasar ce n'est pas Dieu qui nous jugera mais l'homme lui-même dans sa liberté qui est instrument de son propre jugement. Ce qui implique que ce "sont les ténèbres qui contraignent la Lumière à devenir jugement". Cela apparaît pour lui clairement dans le "logion de Jésus qui s'identifie à la "Lumière du monde" (Jn 8,12) et se distingue ainsi comme personne de la Parole : "La parole jugera au dernier jour (Jn 12,47ss).

"La lumière est venue sur le monde et les hommes ont aimé (êgapêsan) l'obscurité plus que la lumière" (Jn 3,19 ss).

Pas toujours simple...
(1) d'après Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, IV, Le Dénouement, Culture & Vérité, Namur 1993 p. 179

Silence - II

Manifestation incomparable de la non-violence divine au sein même de la création (…) vulnérabilité radicale (…) exposée au déchaînement de la violence ? (1) N'est-ce pas dire la toute tendresse de Dieu que d'évoquer son silence quand tout est dit…

Pour Théobald, la violence n'est jamais plus féroce que quand elle se trouve en face d'une totale non-violence. Au "Jusqu'à quand" laisseras tu faire ? d'Ap 6,10, réponds le "C'en est fait" d'Ap 16, 17 note-t-il…

Sans commentaires

(1) Christoph Théobald, La Révélation, Editions de l'Atelier, Paris 2001, p. 101

22 avril 2007

Le souffle de Dieu

Lorsque Théobald évoque ce "presque rien que l'on sent derrière la Porte" comme l'exprime le Cantique des cantiques (1) de nombreuses images raisonnent en moi. D'abord cette poétique du Cantique qui décrit l'amour d'un homme et d'une femme et qui au travers du langage hyperbolique révèle autant que le sacrement vivant et efficace d'un couple peut révéler l'amour.

Mais ce silence de Dieu, ce souffle ténu, c'est d'abord ce texte magnifique du 1er chapitre des Rois où Elie découvre que Dieu n'est ni dans le tonnerre, ni dans le feu, mais dans le "bruit d'un fin silence" pour reprendre la traduction attribuée à Lévinas. Le silence de Dieu est chemin de liberté, il vient caresser notre cœur, jusqu'à ce qu'au creux de notre propre silence, nous puissions ouvrir notre âme à l'appel. Viens Seigneur, ton serviteur écoute…

Heureux est tu, si tu entends au fond de toi-même cet appel à l'amour qui libère.
Un silence qui suit ou qui précède la Parole... Quand le temps vient...

(1) Christoph Théobald, La Révélation, Editions de l'Atelier, Paris 2001, p. 99

21 avril 2007

Perdition ?


Quand Barth déplore "la sérénité imperturbable avec laquelle la théologie traditionnelle abandonne à la perdition une partie de la création pourtant destinée au ciel" et réserve la miséricorde aux bienheureux élus, je ne peux que souscrire à cette analyse et insister sur les circonstances atténuantes qui conduisent tous les ignorants de Dieu parfois par la faute des hommes à passer à côté de la grandeur du mystère. N'avons nous pas, à cet égard la tentation du fils aîné, qui juge et méprise, alors que nous avons accès à la lumière et la cachons parfois aux autres, comme le dit si bien Lévinas dans Difficile Liberté … ? Mais il est vrai que je radote…

Notons cependant que Paul, dans sa lettre aux Romains, analyse le rapport du péché et de la grâce dans le sens d'un "individualisme du jugement" ce qui implique une responsabilité personnelle essentielle au-delà de la grâce surabondante pour combattre en soi ce qui nous éloigne de Dieu, même si nous sommes sauvés en espérance (cf. Rm 8,4) : "Afin que les préceptes de la loi soient révélés non pas en la chair mais en l'Esprit…".

(1) d'après Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, IV, Le Dénouement, Culture & Vérité, Namur 1993 p. 171

20 avril 2007

Pastorale – III - Au cœur de la bonne nouvelle

Le cœur de la Bonne nouvelle, c'est que l'amour est joie et qu'il ne s'agit pas d'une obéissance servile mais un choix de vie qui libère. C'est la Bonne nouvelle que nous devons transmettre, transpirer, révéler, interpeller chez l'autre, sans forcément le dire de manière explicite par nos paroles, mais tout simplement parce que c'est notre joie…

19 avril 2007

Décentrement et pastorale

Comme le note Théobald, c'est dans une barque au cœur du lac que Jésus parle d'un semeur et d'un champ. Un autre homme dans un autre lieu pour créer un espace de liberté (1). Je n'avais pas remarqué que la pastorale du Christ était aussi un décentrement charnel. Cela rajoute un niveau à la force de la parabole, au langage hyperbolique qui frappe, élève, réveille. Perdre des repères pour trouver le chemin intérieur et l'éclairer par l'écoute d'autrui…

(1) Christoph Théobald , in La Révélation, Editions de l'Atelier, Paris 2001, p. 85

18 avril 2007

Fils Prodigue

Péguy avoue que la Parabole du fils prodigue "a fait pleurer des hommes innombrables … rien que d'y penser … Qui saurait retenir ses larmes ?" (1)

Et bien je l'avoue, je lis ce texte avec d'autres depuis vingt-ans à raison de trois à quatre fois par an. Et pas une seule fois je ne n'ai pu retenir ces larmes intérieures. On touche là pour moi au cœur du cœur de la révélation.

(1) Péguy, Œuvres poétiques complètes, Pléiade p. 650

17 avril 2007

Caché - II

Engourdi le cœur de ce peuple, appesantis ses oreilles, colle lui les yeux ! Que de ses yeux ils ne voient pas, ni n'entendent de ses oreilles ! Que son cœur ne comprenne pas, qu'ils ne puissent se convertir et être guéri ! Es 6, 8-9

J'ai du mal à comprendre pourquoi Dieu ferait cela. N'est-ce pas nous qui ne faisons pas usage de notre liberté et restons aveugles à l'essentiel… ?

16 avril 2007

Caché

Tu l'as caché aux sages et révélé aux tous petits (Mt 11, 25-27). Parfois je me demande à quoi sert tout ce vent, quand l'amour m'appelle autour de moi. Illusion et vanité…

15 avril 2007

Suivre – Obéissance - VII

Suivre et découvrir où il demeure, tout un programme. Pour Théobald "ceux qui ont commencé par le suivre avec leurs pieds doivent comprendre où il demeure (Jn 1, 38) s'ils veulent aller au bout de leur désir (de l'asymétrie du départ à "une connaissance intérieure de ce qui habite leur maître (…) pour passer ainsi à une relation symétrique de compagnonnage ou d'amitié avec celui lui) (1)

C'est ce concept de compagnonnage qu'il serait bon de méditer, pour sortir peut-être d'une vision étroite de l'obéissance et passer non de l'esclave à l'ami, non du serviteur au rang de fils…

(1) Christoph Théobald , in La Révélation, Editions de l'Atelier, Paris 2001, p. 79

Espérance - V

Pour Hans Urs von Balthasar, Péguy dans son Porche du Mystère de la Deuxième Vertu, "tout en maintenant l'espérance dirigé vers l'avenir, maintient la présence actuelle de l'éternité comme supérieure et englobante".

Pour lui, l'espérance qui marche entre ses grandes sœurs (foi et charité) est "en fait le véritable élément moteur de la vie". Il dira même qu'à coté des deux autres qui vont de soi, l'espérance est même "un miracle incompréhensible au cœur de l'existence humaine". (1)

(1) d'après Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, IV, Le Dénouement, Culture & Vérité, Namur 1993 p. 161

14 avril 2007

Espérance - IV

La résignation est interdite au croyant. "Celui-ci est au contraire obligé de prendre en charge, avec bonté et compassion, la terre soumise à la mort ainsi qu'aux puissances de la vanité, afin de conduire toutes choses à la rencontre de leur être nouveau." (1)

(1) J. Moltmann, Théologie de l'Espérance, cité par Hans Urs von Balthasar, DD IV, p. 152

13 avril 2007

Habité et saisi par le Christ – Obéissance - VI

Reprenons Saint Paul. Quand il affirme que c'est "Le Christ qui vit en moi" Ga 2, 20, ou qu'il a été "saisi par le Christ", Ph 3, 6, il se fait passeur de Dieu… "Pour que cette incroyable puissance soit de Dieu et non de nous" 2, Co 4,7 Ainsi peut-il affirmer que "Ce n'est pas nous-mêmes mais Jésus-Christ que nous proclamons. Quant à nous-mêmes, nous nous proclamons vos serviteurs à cause de Jésus-Christ", 2, Co 4,5. Théobald évoque à ce sujet, "L'incomparable puissance de Dieu (2 Co 4,7), la Puissance (dynamis) de résurrection (Ph 3, 10) qui entre donc réellement dans l'histoire humaine quand l'apôtre, illuminé au plus profond de lui-même par Dieu et saisi par la connaissance intérieure du Christ place sa propre gloire en lui, ce qui veut dire qu'il la laisse passer du visage du Christ vers ceux dont il se découvre serviteur et dont il dit qu'ils sont sa gloire et sa joie (1, Th 2, 19). C'est à partir d'eux comme à partir d'un horizon d'espérance qui s'échappe toujours davantage que la réflexion de l'apôtre retourne pour lui faire découvrir la force insoupçonnée de l'Evangile dont il est porteur : au cœur de sa faiblesse apparaît aussi la puissance de la résurrection qui passe entièrement par l'expérience toute intérieure de la révélation du Fils. (1)

Ce texte de Philippiens 3 ne peut que résonner en moi. Il m'habite depuis plus de 20 ans, quand nous l'avons choisi pour notre mariage. Et je crois que je n'en perçois toujours pas la force. Etre saisi par le Christ, c'est plus qu'un programme, c'est peut-être ce cheminement intérieur qui conduit au décentrement, à l'abandon total et à cette ceinture que l'on ne noue plus soi-même (cf. Jn 21), celle où l'on ne parle plus de philia (amour d'amitié) mais d'agapê (amour véritable)… C'est ce vers quoi l'espérance du Christ nous attire, telle une ancre flottante jetée dans le ciel et qui nous tire vers un toujours plus. Alors le sens de Philippiens 3 raisonne encore plus… "Oubliant le chemin parcouru, je me laisse saisir…".

(1) Christoph Théobald , in La Révélation, Editions de l'Atelier, Paris 2001, p. 77

12 avril 2007

Teilhard de Chardin

Pour Teilhard, la petite hostie qui se dilate pour devenir co-extensive à toutes choses mais pour se contracter de nouveau "est d'une certaine manière à l'image de toutes les communions sacramentelles qui forment ensemble une seule communion; on pourra même dire que toutes les communions de tous les hommes de tous les temps prises globalement ne font elles aussi par leur somme qu'une seule et encore plus vaste communion, coextensive cette fois à l'histoire de l'humanité" (...). En cela Teilhard conçoit l'eucharistie comme l'expression et la manifestation de l'énergie unificatrice divine s'appliquant en détail à chaque atome spirituel de l'univers. (...) Il n'y a qu'une seule messe au monde, dans tous les temps, la véritable hostie c'est l'univers.

Et c'est ainsi que tout homme, toute chose, reçue comme don est le signe de la véritable multiplication des pains de ce corps offert à l'homme par son salut, de même que ton épouse est pour toi l'hostie à vénérer, l'hostie offerte pour ta participation eschatologique au royaume.

(1) cité d'après Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, IV, Le Dénouement, Culture & Vérité, Namur 1993 p. 141ss

11 avril 2007

Pastorale - II

Pour Théobald la pastorale peut être conçue comme un échange ouvert qui a une structure pascale ou eucharistique. Il s'agit, non seulement de recevoir passivement une parole extérieure, mais de découvrir que la parole entendue est déjà au travail en l'homme, que c'est alors seulement qu'elle s'avère être parole de Dieu. Selon 1 Th 2, 13 : "Nous ne cessons de rendre grâces à Dieu, de ce qu'ayant reçu la parole divine que nous vous avons fait entendre, vous l'avez reçue, non comme une parole des hommes, mais, ainsi qu'elle l'est véritablement, comme une Parole de Dieu. C'est elle qui déploie sa puissance en vous qui croyez…" (1)

D'une certaine manière, la pastorale inductive, celle qui permet un échange véritable où l'on reçoit autant que l'on donne est le chemin privilégié de cette structure pascale de la pastorale.

(1) cité par Christoph Théobald , in La Révélation, Editions de l'Atelier, Paris 2001, p. 74

10 avril 2007

Esclave des rites…et pastorale

"Est esclave celui qui fait ou révère un acte signifiant sans en connaître la signification. Celui par contre qui fait ou révère un signe utile, divinement institué, dont il comprend la force significative ne révère pas l'apparence qui passe mais plutôt la réalité où tous ces signes doivent être rapportés. Or un tel homme est spirituel et libre. (…) Tels sont le sacrement de Baptême et le sacrement du Corps et du Sang du Seigneur. Tout chrétien , quand il les reçoit sait à quoi ils se rapportent et, par suite, est amené à les révérer, non par une servitude charnelle mais, au contraire avec une liberté spirituelle" (1)

J'aimerais que cela soit vrai dans nos participations aux sacrements. Mais ma propre et misérable expérience montre qu'il reste un long chemin à faire avant de rendre possible cette véritable liberté spirituelle. Alors revient la lancinante question. Peut-on y accéder alors que l'on n'est qu'en chemin ? Et quand considère-t-on que l'on est véritablement en chemin ? J'ai personnellement une vision très large du sujet. Peut-être trop large, d'ailleurs.

Peut-être doit on relire à ce sujet la 1ère lettre aux Thessaloniciens selon laquelle, d'après Théobald il n'y a pas de transmission de la foi sans réception et pas de réception véritable sans une nouvelle annonce (2)

(1) Saint Augustin, La doctrine chrétienne, livre III, 12 et 13, Bibliothèque Augustinienne, 11/2, Paris, DDB 1997
(2) Christoph Théobald, La Révélation, Editions de l'Atelier, Paris 2001, p. 73

09 avril 2007

Chemins d'Humanité, Chemins vers Dieu


Après 20 ans de lectures, de réflexions et d'écriture, je vous annonce la mise en publication de trois volumes reprenant mes recherches en pastorale du mariage :
- Bonheur dans le couple, une approche anthropologique
- Bonheur dans le couple, tome 2, une relecture à l'aune de l'Ecriture
- Chemins d'humanité, chemins vers Dieu, réflexions sur un chemin pastoral.
Ces ouvrages sont disponibles sur le site de lulu.com
soit de manière séparée, soit en package... (c'est l'intérêt des publications numériques).
Le premier tome est tout public et ne fait pas référence explicite à la fois chrétienne, il constitue une maïeutique vers l'essentiel de la conjugalité...
Les deux autres tomes sont destinés à approfondir ces explorations au coeur de la foi chrétienne. Un itinéraire pour tout couple, avant ou après le mariage...

08 avril 2007

Le passeur

Pour Théobald, le passeur est celui qui permet ce décentrement, cette aptitude à quitter nos certitudes. Qui est-il, dans quel contexte, au bout de quelle stratégie ? Impossible de structurer une réponse. Et pour cause, il s'agit du mystère de chaque rencontre entre l'homme et Dieu, le lieu ou "une parole décisive d'un autre" ou le "regard bienveillant" rend possible de "faire soi-même le pas qui coûte (…) mystère de sa propre singularité, nullement aliénée par celle d'autrui mais attisée et habitée, au même titre que la sienne par le mystère de la vie" (1)

Etre passeur, ce n'est pas un état préparé mais une manière d'être, un souffle qui passe à travers nous et qui prend sens pour l'autre. Ce n'est pas le lieu d'un discours, mais d'un autrement être au sens lévinassien ?

En cela, le passeur de Nazareth est le vecteur. "Toutes ces rencontres de Jésus où l'autre devient unique… (…) "Devenir unique face à autrui, n'est-ce pas à proprement parler devenir comme Dieu lui-même ?" (2)

(1) Christoph Théobald, La Révélation, Editions de l'Atelier, Paris 2001, p. 63
(2) ibid p. 64

07 avril 2007

Obéissance - VI

Il y aussi dans la symbolique de l'évangile, une notion qui illustre le concept de décentrement. Il s'agit de "passer sur l'autre rive". Pour Théobald, il est impossible de passer sur l'autre rive sans que le mystère de la vie qui s'y trouve m'attire à lui, créant en moi la confiance et le courage de tout mettre en jeu. Cette inversion du mouvement, pressentie en tout engagement gratuit, suggère que nous sommes ici au seuil "où la foi se sépare de la non foi en découvrant au cœur de sa propre singularité la révélation même de Dieu". (1) Et c'est peut-être là où le décentrement permet d'approcher l'obéissance.

(1) Christoph Théobald, La Révélation, Editions de l'Atelier, Paris 2001, p. 62

06 avril 2007

Espérance

Pour Hans Urs von Balthasar, l'espérance chrétienne "diffère des espérances païennes ou juives parce que pour nous la souffrance et la détresse nous conduisent vers la persévérance, la fidélité éprouvée et l'espérance". Il souligne que cela a en effet son "prolongement dans le cœur transpercé du Christ qui reste transpercé pour l'éternité. L'agneau égorgé est le symbole de cette passion du Christ qui se prolonge à travers le martyre des disciples et l'humanité souffrante dans l'attente de la venue eschatologique". (1) Ainsi "le mot de Pascal sur le Christ en agonie jusqu'à la fin du monde dit bien que cette souffrance ne peut devenir un passé immergé dans l'histoire révolue".

L'actualité de celui qui porte le péché du monde dans sa chair est perpétuée par l'obéissance la plus folle de ceux qui acceptent de souffrir dans leur chair pour la gloire du royaume, participant ainsi par leurs mains et leurs cœurs offerts à la passion du Christ porté par cette espérance qui les ancrent dans l'éternité sans craindre le passage de la mort. Cette folie n'est pas une souffrance recherchée mais la conformité au plan de Dieu qui nous permet de ne pas refuser le réel de nos vies sans faire un choix doloriste ou janséniste mais en se conformant à ce décentrement véritable qui nous appelle, au bout d'un discernement éclairé à ceindre la ceinture que l'on n'a pas choisie (cf. Jean 21,18) pour entrer dans l'agapè véritable… C'est ce qui permet de parler de réciprocité dans l'espérance

(1) d'après Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, IV, Le Dénouement, Culture & Vérité, Namur 1993 p. 132-3

05 avril 2007

Obéissance - V

Théobald introduit un intéressant parallèle entre croyance et créance chez Benveniste. Pour lui, on confie (fait créance) avec la certitude de récupérer ce que l'on a donné. C'est là où la démarche du Christ est différente et l'on approche ici le décentrement véritable et dans cette mouvance le sens de l'obéissance : "Des sacrifices et des holocaustes, tu n'en as pas voulu, mais tu m'as donné un corps. Holocaustes et sacrifices pour le péché ne t'ont pas plu : alors j'ai dit : me voici … Ps 40,7-9, He 10, 5-7)

(1) Christoph Théobald, La Révélation, Editions de l'Atelier, Paris 2001, p. 62