Affichage des articles dont le libellé est Bonaventure. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Bonaventure. Afficher tous les articles

18 février 2007

Kénose trinitaire

Pour Hans Urs von Balthasar, "cet abandon de soi auquel le Fils et le Saint-Esprit participe par leur réponse signifie une sorte de "mort", une kénose radicale". (1) Cela rejoint ce que nous soulevions plus haut sur la triple kénose. L'amour du Père qui s'abandonne éternellement au Fils n'est que l'origine de cette attitude du Fils. Pour Bonaventure déjà, il y a dans le Fils "une puissance passive de génération en tant qu'aptitude à être engendré" (2) et pour moi cette passivité n'est autre que la constatation du don. Sur la croix, nos espérances humaines se sont tues, comme je le signalais précédemment et il ne nous reste peut-être, à l'image du Fils, que ce que Lévinas appelait la "passivité plus que passive".

Dans la distance de la génération passive se trouve déjà la possibilité du retour vers le Père. Je trouve que cette théologie trinitaire a des couleurs d'une esthétique, d'une poétique qui est au-delà de l'apparente utopie de l'amour qui se semble se dessiner aux yeux des hommes. Il y a la les germes d'une interpellation, d'une hyperbole qui nous pousse au-delà de nous-mêmes.

(1) d'après Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, IV, Le Dénouement, Culture & Vérité, Namur 1993 p. 71 à 73

(2) Bonaventure, Sentences, dist. 7, dubium 7 (I145s)

11 février 2007

Le Don – II, Des fleuves d'amour

Un Fleuve d'amour,… Voilà l'image qui m'habite de plus en plus, comme un dévoilement soudain. Le don sans fin qui transpirait déjà dans les textes de l'Ancien Testament ( "J'ai fait sortir de lui des Fleuves" Si 24, 30), m'apparaît maintenant comme un geyser d'amour, une fontaine intarissable, jaillissant du flanc ouvert du Christ. Par cette plaie béante où l'apôtre Thomas mettra son doigt, jaillit le sang et l'eau qui ne tarît pas, la source nouvelle du Verbe, Parole vivante qui nous abreuve et que nous ne pouvons conserver. Comme la manne elle nous échappe et nous revient encore. Inépuisable et profonde comme ce fleuve jaillit du Temple. Tel Bonaventure, nous ne pouvons que remplir nos misérables jarres à cette eau, la puiser, se laisser habiter et la transmettre… Elle est le Vin nouveau, le Verbe qui se répand, inépuisable et fécond…

Pour saint Thomas ces fleuves sont en quelque sorte "le flux de l'éternelle procession selon laquelle le Fils procède du Père et le Saint-Esprit procède de manière ineffable à la fois de l'un et de l'autre. Ces fleuves restaient caché dans les vestiges des créatures et dans les énigmes des Ecritures. En s'incarnant, le Christ les a rendus manifestes"

(1) Saint Thomas, Commentaires sur les sentences.

23 mars 2006

Le drame au centre...

Dans cette marche qui conduit le lecteur de l'esthétique au théologique, la dramatique n'est pas un accident de parcours. Comme le note très justement Capelle, il faut "comprendre la dramatique non comme la deuxième étape mais comme le centre de la Trilogie (...) l'universel humain et le singulier humain se retrouvent et se recouvrent dans l'idée de décision, donc d'action, de pratique et de drame (1)
Je souscris à cette idée d'autant plus qu'elle rejoint à sa manière ce que j'avais noté chez Bonaventure à propos de l'homme, intermédiaire entre la trace et la ressemblance. Notre défi, c'est de faire face au drame. L'esthétique nous y prépare, elle nous lance sur le chemin et le théologique nous échappe. Notre réel, c'est de répondre à l'appel, à l'assignation pour reprendre les termes de Lévinas. Et c'est bien dans ce drame que se joue notre humanité en devenir.

(1) ibid p. 115