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19 avril 2007

Décentrement et pastorale

Comme le note Théobald, c'est dans une barque au cœur du lac que Jésus parle d'un semeur et d'un champ. Un autre homme dans un autre lieu pour créer un espace de liberté (1). Je n'avais pas remarqué que la pastorale du Christ était aussi un décentrement charnel. Cela rajoute un niveau à la force de la parabole, au langage hyperbolique qui frappe, élève, réveille. Perdre des repères pour trouver le chemin intérieur et l'éclairer par l'écoute d'autrui…

(1) Christoph Théobald , in La Révélation, Editions de l'Atelier, Paris 2001, p. 85

15 avril 2007

Suivre – Obéissance - VII

Suivre et découvrir où il demeure, tout un programme. Pour Théobald "ceux qui ont commencé par le suivre avec leurs pieds doivent comprendre où il demeure (Jn 1, 38) s'ils veulent aller au bout de leur désir (de l'asymétrie du départ à "une connaissance intérieure de ce qui habite leur maître (…) pour passer ainsi à une relation symétrique de compagnonnage ou d'amitié avec celui lui) (1)

C'est ce concept de compagnonnage qu'il serait bon de méditer, pour sortir peut-être d'une vision étroite de l'obéissance et passer non de l'esclave à l'ami, non du serviteur au rang de fils…

(1) Christoph Théobald , in La Révélation, Editions de l'Atelier, Paris 2001, p. 79

13 avril 2007

Habité et saisi par le Christ – Obéissance - VI

Reprenons Saint Paul. Quand il affirme que c'est "Le Christ qui vit en moi" Ga 2, 20, ou qu'il a été "saisi par le Christ", Ph 3, 6, il se fait passeur de Dieu… "Pour que cette incroyable puissance soit de Dieu et non de nous" 2, Co 4,7 Ainsi peut-il affirmer que "Ce n'est pas nous-mêmes mais Jésus-Christ que nous proclamons. Quant à nous-mêmes, nous nous proclamons vos serviteurs à cause de Jésus-Christ", 2, Co 4,5. Théobald évoque à ce sujet, "L'incomparable puissance de Dieu (2 Co 4,7), la Puissance (dynamis) de résurrection (Ph 3, 10) qui entre donc réellement dans l'histoire humaine quand l'apôtre, illuminé au plus profond de lui-même par Dieu et saisi par la connaissance intérieure du Christ place sa propre gloire en lui, ce qui veut dire qu'il la laisse passer du visage du Christ vers ceux dont il se découvre serviteur et dont il dit qu'ils sont sa gloire et sa joie (1, Th 2, 19). C'est à partir d'eux comme à partir d'un horizon d'espérance qui s'échappe toujours davantage que la réflexion de l'apôtre retourne pour lui faire découvrir la force insoupçonnée de l'Evangile dont il est porteur : au cœur de sa faiblesse apparaît aussi la puissance de la résurrection qui passe entièrement par l'expérience toute intérieure de la révélation du Fils. (1)

Ce texte de Philippiens 3 ne peut que résonner en moi. Il m'habite depuis plus de 20 ans, quand nous l'avons choisi pour notre mariage. Et je crois que je n'en perçois toujours pas la force. Etre saisi par le Christ, c'est plus qu'un programme, c'est peut-être ce cheminement intérieur qui conduit au décentrement, à l'abandon total et à cette ceinture que l'on ne noue plus soi-même (cf. Jn 21), celle où l'on ne parle plus de philia (amour d'amitié) mais d'agapê (amour véritable)… C'est ce vers quoi l'espérance du Christ nous attire, telle une ancre flottante jetée dans le ciel et qui nous tire vers un toujours plus. Alors le sens de Philippiens 3 raisonne encore plus… "Oubliant le chemin parcouru, je me laisse saisir…".

(1) Christoph Théobald , in La Révélation, Editions de l'Atelier, Paris 2001, p. 77

06 avril 2007

Espérance

Pour Hans Urs von Balthasar, l'espérance chrétienne "diffère des espérances païennes ou juives parce que pour nous la souffrance et la détresse nous conduisent vers la persévérance, la fidélité éprouvée et l'espérance". Il souligne que cela a en effet son "prolongement dans le cœur transpercé du Christ qui reste transpercé pour l'éternité. L'agneau égorgé est le symbole de cette passion du Christ qui se prolonge à travers le martyre des disciples et l'humanité souffrante dans l'attente de la venue eschatologique". (1) Ainsi "le mot de Pascal sur le Christ en agonie jusqu'à la fin du monde dit bien que cette souffrance ne peut devenir un passé immergé dans l'histoire révolue".

L'actualité de celui qui porte le péché du monde dans sa chair est perpétuée par l'obéissance la plus folle de ceux qui acceptent de souffrir dans leur chair pour la gloire du royaume, participant ainsi par leurs mains et leurs cœurs offerts à la passion du Christ porté par cette espérance qui les ancrent dans l'éternité sans craindre le passage de la mort. Cette folie n'est pas une souffrance recherchée mais la conformité au plan de Dieu qui nous permet de ne pas refuser le réel de nos vies sans faire un choix doloriste ou janséniste mais en se conformant à ce décentrement véritable qui nous appelle, au bout d'un discernement éclairé à ceindre la ceinture que l'on n'a pas choisie (cf. Jean 21,18) pour entrer dans l'agapè véritable… C'est ce qui permet de parler de réciprocité dans l'espérance

(1) d'après Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, IV, Le Dénouement, Culture & Vérité, Namur 1993 p. 132-3

05 avril 2007

Obéissance - V

Théobald introduit un intéressant parallèle entre croyance et créance chez Benveniste. Pour lui, on confie (fait créance) avec la certitude de récupérer ce que l'on a donné. C'est là où la démarche du Christ est différente et l'on approche ici le décentrement véritable et dans cette mouvance le sens de l'obéissance : "Des sacrifices et des holocaustes, tu n'en as pas voulu, mais tu m'as donné un corps. Holocaustes et sacrifices pour le péché ne t'ont pas plu : alors j'ai dit : me voici … Ps 40,7-9, He 10, 5-7)

(1) Christoph Théobald, La Révélation, Editions de l'Atelier, Paris 2001, p. 62

18 février 2007

Le semeur

Pour Odile Ribadeau Dumas, le vrai semeur n'a pas le désir "de maîtriser l'action pastorale, il perd la maîtrise dans un mouvement de non violence totale ; il œuvre dans la foi, sûr que malgré ses échecs, ses semailles porteront à 30, 60 ou 100 pour 1." (1)

Dans une société marquée par la rentabilité, la productivité, cette approche nous interpelle sur notre façon d'agir. Souhaitons nous gagner des âmes à notre cause où laisser le Christ agir, à sa manière, à sa vitesse, dans le respect de chaque personne humaine, avec la tendresse de Dieu...
Encore un décentrement.

(1) d'après Odile Ribadeau Dumas et Philippe Bacq, Une nouvelle chance pour l'Evangile, ibid p. 106

Rappel :
- Pour recevoir par mail les billets de chemins de lecture, cliquez ici
- Reprise de notre lectio divina sur l'Evangile de Jean, le 21 février...

17 février 2007

Lecture

Le but de toute lecture, c'est le décentrement et la conversion. Le texte donne à penser et en sens interpelle le lecteur. Un chemin que ce blogue ne cesse de thématiser. En un sens, "l'écoute de la Parole dans les Ecritures promeut chacun en ce qu'il a d'unique ; elle le situe en vérité devant le Christ, et ce faisant lui permet de se décider en conscience dans l'existence" (1)

(1) d'après Odile Ribadeau Dumas et Philippe Bacq, Une nouvelle chance pour l'Evangile, ibid p. 104

14 février 2007

Le plaisir de savoir

Ce décentrer est d'autant plus nécessaire que l'on a tendance à "maîtriser le texte, le dominer, sans se laisser atteindre par lui" alors qu'il devrait s'agir du "fruit d'un don d'en haut et d'un lâcher prise" où l'on est touché par la Parole qui s'y donne. "Elle vient résonner et vibrer en [l'homme] avec des accents nouveaux. Au-delà de l'émotion et du sentiment, elle renouvelle son intelligence et sollicite sa liberté, jusqu'à l'incliner à prendre des décisions." (1)

(1) d'après Odile Ribadeau Dumas et Philippe Bacq, Une nouvelle chance pour l'Evangile, ibid p. 95

13 février 2007

Lire l'Ecriture

Lire l'Ecriture c'est permettre un "décentrement", se lancer dans "une aventure dont on n'a pas la maîtrise". C'est une aventure spirituelle où l'on quitte "ses propres repères pour accueillir l'inconnu et l'imprévisible du texte". (1) Cette aventure nécessite souvent l'éclairage de ce qui connaisse le contexte (par les méthodes historico-critiques ou autres). Cette mise en contexte évite l'appropriation du texte et favorise le décentrement véritable, qui consiste à quitter ses repères pour s'ouvrir à une Parole autre. Ce travail intérieur est d'autant plus nécessaire que Dieu ne parle pas en direct mais à travers l'Ecriture. Il faut en comprendre la traduction humaine, dans le contexte où il a été écrit.

(1) d'après Odile Ribadeau Dumas et Philippe Bacq, Une nouvelle chance pour l'Evangile, ibid p. 95

03 février 2007

Semblable au péché

Pour Hans Urs von Balthasar, le Logos lui-même a revêtu "une chair semblable à celle du péché " (Rm 8,3), c'est à dire la chair de l'adam déchu, afin que le "monde soit condamné dans la chair". Il en résulte de là que le chrétien, "dépassant la liberté d'Adam est libéré des liens d'une liberté restreinte à ses propres limites ; il reçoit par le Fils la liberté des enfants de Dieu. Mais cela avec le paradoxe qu'en tant que créature nouvelle, il doit continuer à vivre dans les contraintes de l'ancienne créature jusqu'à ce que l'espérance soit transformée en la vision de la chose elle-même". Notre chemin s'inscrit dans cette liberté là. Il nous faut faire fi de ces esclavages de l'homme ancien pour revêtir des vétements neufs, malgré tout ce qui nous tire dans l'ancien monde... Est-ce là le Décentrement véritable... ?


(1) Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, 3 L'action, ibid p. 443

31 janvier 2007

Dieu et le monde - II

Les mouvements du verbe ne sont pas résumé dans son incarnation. Il y a eu, avant cela une "accoutumance du Logos" avant même Abraham" (1)
Le chemin de Dieu dans le monde, peut être conçu ainsi comme le dépôt de germes de vie (spermatikos logos), autant de qualités déposées en l'homme qui sont à développer jusqu'à voir l'incarnation du logos "comme un achèvement du sujet humain et non comme une contrainte numineuse exercée sur la nature et la volonté libre de l'homme". Pour Balthasar, il nous faut "présenter comme modèle au chrétien l'unité de ces deux choses : la libre et parfaite auto-détermination de l'acte personnel et l'ordination parfaite à la liberté divine (...) le premier Adam n'est pas de soi susceptible d'aboutir à un achèvement : ce qu'il doit faire, c'est mourir à lui-même ( Décentrement ) pour être élevé et intégré dans le nouvel Adam" (2)


(1) Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, 3 L'action, ibid p. 440

(2) ibid p. 441-2

24 janvier 2007

Prier la parole - X

J'achève ici quelques réflexions sur la lecture de la Parole, au fil du livre d'Enzo Bianchi, Prier la Parole (1). Peut-être est-ce chemin longtemps cherché dans nos réflexions sur le décentrement.
Elle conduit surtout l'homme à agir. Faire tressaillir en lui le Verbe reçu jusqu'à ce qu'il devienne semence véritable, image de Dieu dans le sens d'un coeur aimant et actif.

Dans quelques "billets" vous trouverez des notes de lectures de son ouvrage plus récent "Ecoutez la Parole". Elles prépareront la reprise de la Lectio Divina de l'Evangile de St Jean à laquelle je vous propose de vous associer à partir du Mercredi des Cendres

(1) , Vie Monastique, nº15

23 janvier 2007

Dialogue des carmélites...

Pour Urs von Balthasar, il s'agit d'une initiation à la mort. Les quatre temps qui séparent le texte permettrait une approche de plus en plus subtile de la Croix du Christ.
De Marie de l'incarnation, poussée à s'engager par voeu à offrir sa vie, mais qui sera humiliée dans son orgueil et devra renoncer à la mort..., on avance petit à petit dans les "profondeurs les plus intimes de la Croix du Christ jusqu'à atteindre le "tout est grâce" que Bernanos prêtera à son Curé de campagne".
Personnellement j'ai été frappé dans ce texte par cette lente conversion du coeur, qui n'est autre, in fine, que la préparation d'un décentrement véritable... Un récit au coeur de la pâte humaine, de ses réticences et de ses peurs...

Balthasar, DD3, ibid p. 391

21 janvier 2007

Fruits du verbe


Pour Balthasar, il existe un lien entre le martyre d'Etienne et la conversion de Saul (1). Pour moi c'est le mystérieux fruit d'une graine semée au vent et qui fécondera plus tard quelque part, peut-être 500 ans après.. C'est là le décentrement, reconnaître que nous sommes des semeurs, serviteurs parfois inutiles des chemins de la grâce, et que tout cela, loin de nos espérances humaines, peut parfois servir aux desseins de Dieu. Et sur cette base, on ne pourra en tirer orgueil, dans la mesure, où au delà de nos actes, c'est le don de Dieu que nous n'avons fait que transmettre.

(1) d'après Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, 3 L'action, ibid p.383

Prier la parole - VIII

Pour prier la parole et se laisser "traverser" par l'Ecriture, "Il nous faut pour cela plusieurs qualité comme la docilité, la componction, l'illumination, et le détachement" nous dit Enzo Bianchi... Je pense qu'il rejoint ce que l'on a essayé de thématiser dans ces lignes sur le thème du "décentrement".

Enzo Bianchi, Prier la Parole, p. 49

Dans la faiblesse

"C'est dans la faiblesse, craintif et tout tremblant que je suis arrivé chez vous. Mon langage, ma proclamation de la bonne nouvelle, n'avaient rien à voir avec le langage de la sagesse qui veut convaincre ; mais c'est l'esprit et sa puissance qui se manifestaient, pour que votre foi ne repose pas sur la sagesse des hommes, mais sur la puissance de Dieu." 1 Cor 2,1-5
Sans commentaires

19 janvier 2007

Décentrement

Pour Urs von Balthasar, "Plus un membre s'en remet au Christ pour le laisser agir en lui, et plus il devient capable d'avoir part au don qui le fait sujet autonome et disposant de lui-même".
Je pense qu'il décrit là ce qui est pour moi la véritable liberté, celle qui n'est pas asservissement aux passions mais cheminement en Dieu...

(1) d'après Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, 3 L'action, ibid p. 382

NB : La nouvelle version de Blogger a entraîné une rupture dans les messages publiés sur la liste de diffusion (consulter la version en ligne). De plus les balises sont maintenant remplacées par des libellés (qui se restreignent à ce seul blog mais permettent une indexation plus simple des messages...)

06 janvier 2007

Déréliction - III

Pour Balthasar, "Le mystère le plus profond de l'économie du salut, c'est Dieu en face de lui-même et même contre lui-même. Le Père laisse le Fils au milieu des pécheurs souffrir la déréliction la plus totale et de Fils souffrant sous le coup qui lui vient du Père, crie vers lui, alors qu'il n'en demeure pas moins encore, à ce moment la, totalement Dieu, non seulement mû, mais aussi porté et enfermé dans l'amour du Père" (1)

Certes un des points surprenants du mystère est la non réaction du Père devant l'innommable souffrance du Fils, mais c'est là où la colère de Dieu devant notre ignorance, colère qu'il contient pour nous, peut être signe plus grand. Cette contenance est signe de l'immense tendresse. Dans le don du Fils, transparaît pour moi le don du Père, qui accepte de se taire pour que le corps brisé rayonne pour l'éternité et donne tout son sens à l'eucharistie...

(1) d'après Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, 3 L'action, ibid p.324

05 janvier 2007

Le Grand Silence

Comment ne pas saluer ici dans ses pages sur le décentrement, la kénose et l'abandon, le nouveau film de P. Gröning, le Grand Silence et au travers lui cette épopée de la Grande Chartreuse où des hommes font l'expérience de la solitude et de la prière, du dépouillement et de la méditation...
Ce documentaire, qui commence par l'évocation de mon texte préféré de l'Ancien Testament : 1 Rois 19, est une invitation au silence intérieur. A voir absolument...

24 mai 2006

Eros et agapê, suite

Dans ce chemin vers le décentrement, le désir est vecteur central. Le désir qui naît de la chair, incarné, réel et en même temps tout tourné vers un ailleurs. La dramatique chrétienne nous y introduit fort bien comme le souligne Balthasar (1). Pour lui les drames où la passion éphémère se transforme en amour humain capable de résister devant le jugement de l'éternité sont retournés dans le milieu chrétien. Ainsi par exemple la transformation de Dante par l'amour de Béatrice qui le juge, la purification de Rodrigue par le sacrifice de Prouhèze demeure "l'étoile qui guide". Ces deux drames montrent par quelle mort l'éros doit passer, avant de se muer en agapê capable de tenir au jour du jugement dans la lumière éternelle. "L'éros seul est trop attaché à la continuité des générations à poursuivre sur terre pour qu'il puisse s'en délier, comme Soloviev le croyait possible". On rejoint là l'idée du dépassement de l'existence finie dans l'amour véritablement spirituel, que l'on trouve particulièrement développé dans le théâtre de G. Marcel à laquelle j'ai consacré il y a plus de dix ans, une longue analyse que l'on retrouvera dans "Chemins..."
(1) cf. Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, 3, L'action p. 99ss