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20 avril 2017

Empreinte du Christ

L'office des lectures nous redonne à méditer une vieille catéchèse baptismale qui donne à penser : "Nous savons très précisément que notre baptême, s'il est purification des péchés et nous attire le don de l'Esprit Saint, est aussi l'empreinte et l'image de la passion du Christ. C'est pourquoi saint Paul proclamait : Ne le savez-vous pas ? Nous tous, qui avons été baptisés en Jésus Christ, c'est dans sa mort que nous avons été baptisés. Nous avons donc été mis au tombeau avec lui par le baptême."

Il y a là une piste à creuser en termes de dynamique sacramentelle.  Qu'est-ce qu'être empreinte du Christ,  comment celui-ci transforme nos vies en profondeur ? Lui laissons nous toute la place ?

19 avril 2017

les conversions d'Amoris Laetitia - Alain Thomasset

Saluons ici la pertinence de l'analyse d'Alain Thomasset qui nous aide dans l'article éponyme(1) à lire le chapitre 8 dans un cadre pastoral à la fois objectif et ouvert. L'auteur nous y invite à comprendre combien la loi reste incapable de couvrir toutes les situations particulières et qu'il demeure, dans le for interne, un chemin pour la conscience et la miséricorde. 
Je rejoins dans cet article les développements de ma recherche sur la dynamique sacramentelle (2)

(1) Alain Thomasset, les conversions d'Amoris Laetitia, Etudes, Avril 2017 num. 4237 p. 65ss
(2) C. Heriard, la dynamique sacramentelle, Amazon, 2016

23 février 2017

La dynamique de l'éternité

Intéressant article dans la Croix d'aujourd'hui sur une théologie de la fin de vie par Alexandre Ganoczy. Je retient surtout ce passage où il "envisage plutôt l'éternité comme un processus dynamique, à la suite du théologien luthérien Wolfhart Pannenberg qui écrivait : « L'éternité consiste dans la réalisation de possibilités toujours nouvelles. »(1)

C'est probablement en écho avec mon travail de recherche sur la "dynamique sacramentelle" que je trouve cette citation interpellante. Car il y a la pour moi une notion de continuité à travailler.

(1) Vivre sa mort en chrétien, Lessius, cité par David Roure, La Croix du 23/2/2017

16 février 2017

Le chemin de la grâce - Concile de Trente

Beau résumé du décret sur la justification du concile de Trente par John W. 0'Malley : "Le commencement, le milieu et la fin de tout mouvement vers la grâce est aussi un effet de la grâce qui accompagne le mouvement, le fait progresser et accompagne et le mène à son accomplissement" (1)
On pense en écho au "tout est grâce" de Bernanos, mais aussi à ce que je tente de décrire maladroitement dans "La dynamique sacramentelle" en contemplant le chemin de Dieu en l'homme, au delà et en dépit de ses adhérences.

O'Malley précise : "si la foi était au commencement de la justification, ce n'est pas par la foi seule que celle-ci s'accomplissait, mais par la foi conjointe à l'espérance et à la charité, ce qui rendait efficace en vue du salut la coopération à la grâce" (2)

(1) op. Cit p. 142
(2) p. 144

15 janvier 2017

Dynamique sacramentelle 2

"Béatrice regarde Dieu, Dante regarde Béatrice, et dans ce pur miroir voit le signe que Dieu lui fait. Car la bien-aimée n'enferme pas en elle le poète; au contraire, elle lui ouvre le regard à toute réalité, alors qu'il se serait contenté d'elle seule et qu'il sent sa parole et son esprit se dérober lorsqu'il s'agit de dépeindre l'amour qui jaillit de ses yeux sanctifiés". (1) Dante le souligne d'ailleurs ainsi "Elle me dit : "Retourne-toi et écoute, car ce n'est pas dans mes yeux qu'est le Paradis"(2)

(1) Hans Urs von Balthasar GC2 p. 376
(2) Dante, La divine comédie, par. 18, 13-21.


14 janvier 2017

Dynamique sacramentelle chez Dante

Béatrice tourne ses regards vers le Christ, ce qui conduit Dante à réaliser qu'il est comme un vieux chêne déraciné par la tempête. "Il tombe vaincu sur le sol". Intéressante composition romanesque qui introduit ce qu'Hans Urs von Balthasar appellera la scène la plus dense de la Divine Comédie: "Ici, l'éros a dépassé sa subjectivité, il a grandi jusqu'à la forme objective d'un sacrement, et inversement la forme sacramentelle se dévoile, elle se justifie et apparaît comme amour".

Pourquoi parler de dynamique sacramentelle ici. Parce qu'à mon avis, le chemin "érotique" de Dante trouve ici son point culminant. C'est la direction du regard de Béatrice qui conduit Dante à la conversion et cette unité retrouvée en Christ est signe...

(1) Hans Urs von Balthasar, GC2 p.373.

09 novembre 2016

Une expression de l'amour du crucifié - stigmates de saint François

Dans la suite de ma recherche sur la dynamique sacramentelle je note cette contemplation par Bonaventure des stigmates de saint François comme "expression de l'amour du crucifié" qui, plus que l'extase fugitive va jusqu'à imprimer dans la chair du saint les traces de la Croix. "En voyant le Séraphin, François comprit qu'il devait par une ardeur spirituelle être entièrement changé en une image expressive (expressam similtudinem) du Crucifié (...) et sa chair marquée d'une ressemblance avec le Crucifié" (1)
N'est on pas là au point ultime de cette dynamique sacramentelle déjà évoquée, qui voit chez un homme un tel désir de ressembler au Christ sauveur que celui-ci lui permet de communier à son sacrifice,  d'être signe en sa chair du sacrifice ultime et unique de l'homme-Dieu pour l'humanité ?
Il ne s'agit plus ici d'une simple extase,  mais d'une union retrouvée entre l'homme et son Dieu.


(1) Hans Urs von Balthasar, GC2 p. 247

07 octobre 2016

Dynamique sacramentelle - suite

Au delà de l'approche contemplative et liturgique du pseudo Denys, il faut noter cette insistance particulière sur la dynamique sacramentelle qui rejoint notre essai éponyme. Pour lui, "l'action morale n'est pas une seconde action à côté de l'action sacramentelle qui ne ferait que la susciter, elle doit être une avec celle-ci, sinon l'action sacramentelle n'existe absolument pas" (1). Ce lien est plus qu'essentiel. Il est constitutif et fondement du sacrement. Pour l'Aéropagite, tout est ordonné à l'imitation de Dieu, "toute l'histoire est comme esthétiquement projetée dans une sorte de concert céleste (...) toute la vie humaine du Christ est absorbée dans la contemplation intemporelle du sacrement eucharistique" (2).

Il nous reste à entrer dans cette danse liturgique qui n'est autre qu'une réponse symétrique au don de Dieu.

(1) GC2 p. 160
(2) p. 161

15 septembre 2016

Une procession silencieuse

Quel est finalement l'enjeu de mes réflexions sur la dynamique sacramentelle. Il est, en fait, dans l'actualisation en devenir du "Faites ceci en mémoire de moi". Nous devrions vivre chaque eucharistie dans cette dynamique intérieure suggérée par Varillon d'offrir nos "travaux" sur l'autel. À l'image de la danse africaine qui se "joue" à l'offertoire, nous devrions tous avancer dans nos cœurs avec nos efforts de la semaine et les présenter à Dieu pour qu'Il divinise ce que nous avons cherché à humaniser. L'enjeu est là, non dans le geste, mais dans ce qu'il signifie, dans la dynamique sacramentelle véritable qui s'est mise en branle dans nos vies.

À méditer

24 août 2016

Consumée en Dieu - Catherine de Gênes

Creuser son désir de Dieu, faire en soi toute la place pour se laisser envahir...
C'est un peu ce que dit Catherine de Gênes qui cherche à se "laisser consumer de l'extérieur et de l'intérieur par la puissance et la bonté de Dieu" (1) jusqu'à ce que la créature soit ramenée "à cet être divin dont elle procède, c'est à dire cette pureté dans laquelle il l'a créée"(2).

On peut rejoindre là une lecture spirituelle de Gn 2, 24, où l'être créé quitte sa corporéité d'origine pour faire une seule chair en Christ, dans cet élan de la dynamique sacramentelle que j'ai longtemps développé. Il y a par exemple dans la nourriture eucharistique, cette dimension même de manger la chair pour ne faire qu'une seule chair, illustration même de cette nouvelle naissance évoquée par le Christ à Nicodème en Jn 3.
Un ami dit ainsi que la communion est pour lui extatique. Elle est en tout cas, participation fortuite et éphémère à cette danse trinitaire à laquelle nous sommes invités.

Chez Catherine de Gênes,‎ cette vision la conduit à une tension dialectique qui la pousse à se "jeter dans le feu purificateur" (3), exprimant l'aspect dévorant de l'amour. Pour Balthasar, cette alternance entre mérite et indignité, proche de maître Eckhart et caractéristique du Moyen-âge tardif, rejoint le justus et peccator de Luther. (4).

‎En cette année de la miséricorde, on réduira probablement cette dernière tension à l'aune de ce que peut écrire sainte Catherine de Sienne : Dieu est plus miséricordieux que notre péché...

(1) Sainte Catherine de Gênes, Vita 9, cité en GC7 p. 158
(2) Vita 14.
(3) et (4) GC7 p. 159

23 août 2016

Dynamisme esthétique et mystique - Saint Augustin

‎La lecture de Balthasar en GC2 (1) nous conduit jusqu'à "la contemplation passive de laquelle l'esprit éprouve des sentiments esthétiques" (...) dont Augustin trouve "un caractère dynamique" (...) "qui tend à une unité jamais accessible". (2)

Qu'est-ce qui est visé, si ce n'est la vraie lumière, la plus simple de toutes, vérité et beauté originelle, harmonie divine supra-sensible, idéal transcendantal, que l'on ne peut que deviner, force au-delà de tout et tendant vers l'ultime accomplissement ?

Cette vision qualifiée par Balthasar de stoïcienne, suppose, "à l'arrière plan, l'âme du monde, à la fois corporelle et spirituelle, pensée d'une manière panthéistique" (3).

Ce n'est rien d'autre que "le grand thème oriental, de Plotin à Grégoire de Nysse, d'Evagre à Syméon" (4) qu'on retrouve probablement dans la contemplation teilhardienne du Logos.

Mais dans cet arrière plan, nous retrouvons ici notre quête, cette dynamique sacramentelle toute tendue vers la "danse trinitaire"(5), cette "âme qui s'unifie‎ en tendant à l'unité de Dieu, reçoit de Dieu son unité" (...),"‎mélodie intérieure"(6), "beauté au dessus de toute beauté"(7), "beauté ineffable"(8), unique et véritable.(9).

Et pourtant, poursuit le théologien, cette beauté reste voilée, soulignant sa différence avec la beauté corporelle. La beauté du Christ louée par le Psaume 44 est en tension avec ce que dit Isaïe 53(10). Entre les deux, se résument les limites d'une esthétique ‎apparente. Derrière le Christ défiguré se cache le Christ transfiguré. Derrière la kénose se cache la Gloire du relèvement, derrière la souffrance se cache l'amour infini de Dieu, au point que des ombres actuelles, la beauté ne sera visible totalement que dans sa révélation eschatologique (p. 124).

L'homme semble à la fois loin de tout cela et pour autant invité à cette danse. S'il ne peut en percevoir l'étendue, il lui est donné parfois d'entendre cette musique intérieure qui le conduit à avancer, à y tendre, en toute liberté. Cette nuance, qui distingue Augustin de Plotin, est profondément chrétienne, c'est l'histoire de la pédagogie divine.

(1) ibid p. 116
(2) VR 60-61, LA 2, 22
(3) GC2, p. 117
(4) ibid p. 118
(5) cf. notre travail éponyme, repris dans L'Amphore et le fleuve
(6) Confessions 4, 15, 27
(7) Confessions 3, 6, 10
(8) Cité de Dieu 9, c. 22
(9) S. 1, 14.... in GC2, p. 119
(10) GC2 p. 121-123




26 juillet 2016

Nativité de la Vierge

Si l'on contemple aujourd'hui la nativité de la Vierge elle même et si l'on affirme qu'elle a été conçu sans péché,  ce n'est pas pour déclarer que l'union des corps est lieu de chute,  mais plutôt pour nous aider à percevoir le chemin qu'il nous reste à parcourir pour atteindre cette perfection à venir qui fera de nos corps le temple véritable du Seigneur. 
Qui sommes nous en effet pour accueillir en nous la sainteté de Son Corps déchiré ?
Si la grâce nous donne de le recevoir,  c'est peut être qu'à son contact ce qui est indigne de lui se purifie, tel un buisson épineux brûlant sans se consumer mais devenant empli de l'intérieur de l'inconnaissable et inouï amour de Dieu pour l'homme.
Creusons en nous cette soif intérieure qui transformera nos corps pour ne faire qu'avec lui une seule chair. Entrons dans cette dynamique sacramentelle qui fait de nous des fils, pâles images d'un Dieu qui se révèle en nous, en dépit de nos faiblesses.

" Tandis que le Christ saint, innocent, sans tache, venu uniquement pour expier les péchés du peuple, n'a pas connu le péché, l'Église, elle, qui renferme des pécheurs dans son propre sein, est donc à la fois sainte et appelée à se purifier, et poursuit constamment son effort de pénitence et de renouvellement. » (LG 42)

09 juillet 2016

Vivre en Christ

J'aime bien le commentaire de Witherup sur l'expression "en Christ" chez Paul. Après avoir rappelé 2 Cor 5, 17 :"Si donc quelqu'un est en Christ, il est une nouvelle créature; les choses vieilles sont passées; voici, toutes choses sont devenues nouvelles", Rom 8,1 :"ceux qui marchent selon l'esprit" et 2 Cor 12, 2.19 , il évoque le fait de s'abandonner à la puissance du Christ de telle sorte que ce soit le Christ ressuscité ‎qui dirige notre vie dans toutes ses dimensions" (1) 

Personnellement j'y vois une facette ultime de la dynamique sacramentelle qui fait du "Une seule chair" de Gn 2 une invitation à s'unir au Christ dans sa vocation miséricordieuse la plus large.

(1) Ronald D. Whiterup, 101 questions et réponses sur Paul de Tarse, Bruxelles, Lumen Vitae 2010, p. 107 (question 60)

29 juin 2016

En marche

Tout est marche. "Cela s'applique à l'individu comme à l'humanité dans son ensemble. Parce que l'individu devra sans cesse partir du même point et accomplir la même ascension (qui s'écarte du monde et de la sensibilité pour tendre vers Dieu et à l'esprit), le cheminement de l'humanité ne peut lui aussi être un progrès que dans la mesure où se présente en lui exemplairement l'acte de quitter et de tendre comme le pas unique qui va de l'Ancienne Alliance à la Nouvelle (1)". L'enjeu n'est il pas de reprendre les termes mêmes de Paul.  "Oubliant le  chemin parcouru, je vais droit de l'avant, tendu de tout mon être (Ph. 3, 13).
Notre vie se résume à cette dynamique, commencée depuis Abraham et se poursuivant en chaque homme. "Ils quitteront père et ‎mère pour ne faire qu'une seule chair" avec Dieu...
Tel est l'enjeu de notre vie. Telle est notre vocation. On peut s'arrêter en chemin, mais le terme du voyage est là. C'est l'enjeu de l'homme comme celui de l'Église. Et le sacrement source n'est autre que le chemin et la vie.

Le chemin parcouru décide, lui‎ seul est, dans son caractère mobile, l'image de l'unité divine dans l'histoire du salut. Dans la figure, seule est intéressante la vérité, dans l'obscurité de l'ancien, seul le dévoilement du nouveau. (2) "c'est le changement lui-même qui démontre plus profondément l'unité des Testaments (3)".

Nous retrouvons là ce que nous cherchons à décrire dans la dynamique sacramentelle ce chemin qui est notre appel. Ne pas se contenter du présent, rester en tension. Il ne peut y avoir ‎de port, de certitudes acquises. La course infinie dont parle Grégoire de Nysse est ce qui garantit que notre passé est balayure et notre avenir, un Dieu qui nous attend.

(1) GC2 p. 93 citant Augustin, De vera religione (VR), 19‎.
(2) GC2, ibid.
(3) VR 39‎.

06 juin 2016

Un avec lui

Dans une longue diatribe, Balthasar(1) critique cette pratique du baptême des tous petits qui date pourtant du troisième siècle. Il y a pour lui en effet un non sens d'appeler sacrement un acte où la personne ne peut consentir à s'unir avec son Dieu. A l'inverse, il souligne combien le sacrement de réconciliation est au coeur de la dynamique sacramentelle tant l'homme qui s'engage dans le chemin de la conversion, de l'humilité et de la miséricorde rejoint intérieurement le coeur de Dieu. 
On peut méditer dans ce sens cette réceptivité particulière de la Vierge, que l'Église fête le 4 juin.  Elle a fait de sa vie une offrande intérieure. 

Écoutons Justinien sur ce thème :"elle était comblée de joie, merveilleusement fécondée par l'Esprit, et elle s'élançait vers Dieu tout en demeurant dans l'humilité. De tels progrès dans la grâce divine élèvent jusqu'aux sommets et transfigurent de gloire en gloire, (...) habitée par l'Esprit et par son enseignement, elle obéissait toujours et en toutes choses aux ordres du Verbe. Elle n'était pas guidée par son sentiment personnel, pas sa propre décision ; mais ce que la sagesse suggérait intérieurement à sa foi, elle l'accomplissait extérieurement pas son corps. Il convenait bien à la divine Sagesse, qui bâtissait, pour y habiter, la demeure de l'Église, il lui convenait d'employer Marie la toute sainte pour procurer l'observance de la loi, la purification de l'âme, l'idéal de l'humilité et le sacrifice spirituel. Imite-la, âme fidèle. Pour te purifier spirituellement et pouvoir te délivrer de la maladie du péché, entre dans le temple de ton cœur. Dieu y regarde toute affection plus que notre ouvrage, en tout ce que nous faisons. Aussi nous pouvons, par le désir de la contemplation, nous jeter en Dieu pour ne penser qu'à lui ; ou bien nous pouvons chercher notre équilibre par le progrès des vertus et des activités profitables à notre prochain ; en tout cela n'ayons pas d'autre mobile que l'amour de Christ. Voilà quel est le sacrifice spirituel de purification qui est agréable à Dieu. Il ne s'accomplit pas dans un temple matériel, mais dans le temple de notre cœur où le Christ Seigneur fait avec joie son entrée." (2)

À sa suite,  cherchons à aimer Dieu de tout notre cœur, de toute notre âme et de toutes nos forces (Mc 12,30), a toujours voulu tout ce que Dieu veut, à mettre toute notre joie en  Dieu.  "Il est notre chef, notre tête, et nous sommes ses membres (Col 2,19) et par conséquent que nous ne sommes qu'un avec lui" (3)

( 1) Hans Urs von Balthasar, GC1,  op Cit p. 490ss
(2) Sermon de saint Laurent Justinien
(3) d'après une méditation de Jean Eudes, Le Cœur admirable, livre 9, ch. 4 


03 juin 2016

L'eau et le sang

Qu'est-ce qui apparaît au terme de notre étude sur la dynamique sacramentelle ? L'analogie sponsale de l'auteur de la lettre aux Éphesiens‎ à elle-même ses limites. Elle s'approche seulement du mystère central du rapport entre le Christ et l'Église qui se nourrit de l'Écriture comme les anciens tableaux du Moyen-âge le représentaient : à genoux devant la Croix, tendant la coupe vers le fleuve irremplaçable du coeur transpercé d'où jaillit le sang et l'eau. Si la tradition y voit, outre le fleuve décrit par Ezechiel le baptême et l'Eucharistie, il serait réducteur de s'arrêter au signe. C'est le Christ qui est sacrement-source et l'imitation prêchée par Paul est la voie vers celui qui est chemin, vérité et vie.

02 juin 2016

Les limites de l'Écriture

Une citation qui rejoint mes réflexions sur la dynamique sacramentelle, dont la deuxième édition vient de paraître : "Ce n'est pas [l'Écriture], c'est le Christ qui est sacrement de Dieu"(1). En cela, tout discours, toute exégèse, toute théologie aura pour limite la réalité insurpassable de la  Croix. Et la lectio comme le rituel reste en deçà de l'exercice de la miséricorde qui est la véritable imitation du Christ, le véritable "canon"(2).

(1) Hans Urs von Balthasar, Gc1 op. Cit. p. 459
(2) 460

29 mai 2016

Les trois tables

L'articulation entre les deux tables (écriture et sacrement) est pour Balthasar liée dans la figure de l'Église qui les conjuguent. Cette Église qui devient temple du Christ est pour moi comme une troisième table. 
C'est l'enjeu de cette dynamique sacramentelle que je cherche à articuler.

"L'Eucharistie n'aurait pas de sens, s'il ne se fait des hommes pour la goûter; elle tend donc plus loin qu'elle même, elle est figure médiatrice(2), ajoute Balthasar. 

Et pourtant l'articulation même de ces trois tables est autant nécessaire que fragile. 
L'Écriture elle même est attaquée sous les coups parfois légitimes de l'historico-critique néo-bultmannienne(3), quand les sacrements apparaissent eux-mêmes fragiles dans leur capacités à être signe, donnant à l'Église, réputée pécheresse par la faute des hommes, peu de justification. 
On peut être effrayé par tout cela. 
C'est sans compter sur le travail de l'Esprit et

l'importance de l'humilité et de la faiblesse, chemin trinitaire par excellence. Il y a peut être à comprendre que la fragilité même des trois tables est figure de la triple kénose : une danse fragile et relative qui est chemin de l'image à la ressemblance. 



(1) Hans Urs von Balthasar, GC1 op. Cit p. 447
(2) p. 448
(3) p. 449ss

24 mai 2016

Contempler et agir

Il y a équivalence pour Balthasar entre contemplation et appropriation. Pour lui la contemplation n'est pas tant une prise de distance qu'une interaction intérieure entre le regard porté sur le Christ, la mise en vibration de cette révélation lumineuse et son effet sur l'agir. ‎On rejoint pour moi ici les trois stades de la vie spirituelle dont parle Jean-Jacques Olier.
La contemplation de la Croix, gloire tragique de notre Seigneur "nous transforme en cette même image/icône" (2 Co 3, 18). Sa lumière, en pénétrant en nous, nous transperce et nous transforme. "La figure qui s'inscrit [ainsi] dans ma propre vie devient pour moi le salut (...) C'est en elle que j'apprends, que je déchiffre" ce qui est "désordre sans figure".
On se trouve là au coeur de la méditation du chemin de tout homme.

Pour le couple, coeur de notre étude et dont nous ne devons pas abandonner la perspective, comme pour tout homme, dynamique sacramentelle et rejoint le chemin tracé par GS 48, faire de sa vie un sacrement.
tout cela s'inscrit au coeur de sa

(1) Hans Urs von Balthasar, GC1, op. Cit p. 410.


15 mai 2016

Dynamique sacramentelle - 3

Cette conjonction avec l'économie trinitaire se fait presque à notre insu. En nous ouvrant à sa grâce,  l'Esprit qui nous envahit, réalise en nous ce à quoi Dieu nous destine. Comme le suggère Irénée,  "la farine sèche ne peut sans eau devenir une seule pâte, pas davantage nous tous, ne pouvions devenir un en Jésus Christ sans l'eau qui vient du ciel" ( 1 )

Paul nous le dit aussi à sa manière :"l'Esprit vient en aide à notre faiblesse, car nous ne savons pas ce que nous devons, selon nos besoins, demander dans nos prière (...) Il prie pour nous par des gémissements ineffables" Rom 8, 26.

(1) Contre les hérésies