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18 juin 2015

Solitude et souffrance

Cela tombe sous l'évidence et pourtant cela vaut la peine d'être toujours souligné : "avec de bonnes paroles on ne fait pas grand-chose. Or Jésus nous montre une voie plus réaliste. Il nous dit que chaque chrétien, qu'il soit marié, abandonné (...) qu'il ait vécu sans contact avec sa propre famille n'est jamais solitaire ni perdu. Il est chez lui dans une nouvelle famille de frères et de soeurs (Mat 12, 48-50; 19, 27-30)." (1)

Il nous reste à quitter les mots et passer à l'agir.
Hier soir, en paroisse, un tour de table sur la miséricorde active nous mettait aux pieds du mur. Il faut entendre ceux qui ne sont pas prêts parce que trop souffrants, ceux qui disent et ne font pas, ceux qui comme moi sentent monter en eux une paresse profonde qui, pour sûr, ne vient pas de Dieu... :-)


(1) Kasper, évangile. de la famille op. Cit p. 43

14 juin 2015

Anne-Dauphine Julliand - Deux petits pas sur le sable mouillé

Compte rendu de lecture de :
- "Deux petits pas sur le sable mouillé", Paris, Les Arènes, 2011
- "Une Journée particulière", Paris, Les Arènes, 2013
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Une lecture particulière pour une histoire particulière.
On ne peut rester indifférent au chemin de cette mère qui découvre que sa fille Thaïs va mourir, que sa deuxième enfant est aussi marquée par cette terrible leucodystrophie métachromatique.
Comme toute souffrance, on reste d'abord sans voix et puis progressivement on vibre en profonde empathie avec cette femme et son chemin plein d'espérance et plein de désir de vivre l'aujourd'hui, "d'ajouter de la vie aux jours"
Cela met bien sûr aussi à jour nos propres fragilités, nos propres souffrances, ce petit frère que j'ai aussi perdu et dont ma mère a fait aussi un étonnant témoignage, dans "L'enfant à coeur ouvert".
La souffrance est aussi chemin de vérité sur la vie, sur Dieu.
J'y trouve bien sûr un écho à mes deux essais sur la souffrance (1) qui restent bien sûr très théoriques par rapport à ce réel, ce vécu. Et pourtant, la même quête surgit.
Je ne peux souligner dans ce double texte qu'une phrase qui résume tout :
"La réponse à la souffrance, c'est l'amour" (2).
Il a fallu à Anne-Dauphine Julliand deux tomes pour distiller cette réponse, sur le bout des lèvres. Et cette progression dans la révélation est une voie qui me touche.
Saluons ce cheminement exceptionnel.

(1) voir notamment sous ce lien  :
- Quelle espérance pour l'homme souffrant, Createspace, 2012
- Où es-tu mon Dieu, Souffrance et création, Createspace, 2015
et les romans qui y sont associés :
- Le collier de Blanche
- Le chant du large
- Les tisseuses de l'Avre

(2) "Une Journée particulière", op. cit. p. 195

30 mai 2015

Souffrance de Job, souffrance du Christ

Dans "Quelle espérance pour l'homme souffrant ?" et "Où es tu ? Souffrance et création", je continue d'explorer l'impossible question de la place de Dieu face à la souffrance. Sur ce chemin, la médiation donné aujourd'hui par l'office des lectures donne une piste supplémentaire :

"Job offrait une préfiguration du Christ. (...) Job est appelé par Dieu un homme juste. Le Christ est la justice, et tous les bienheureux se désaltèrent à sa source (...)  Le diable tenta Job par trois fois. De même, d'après l'Évangile, il a essayé par trois fois de tenter le Seigneur. Job a perdu toutes les richesses qu'il avait. Et le Seigneur a délaissé par amour pour nous tous les biens au ciel ; il s'est fait pauvre pour nous rendre riches. (...) Job fut couvert d'ulcères. Et le Seigneur, en s'incarnant, a été souillé par les péchés de tout le genre humain. (1)
Sur cette piste de Job, voir aussi Philippe Némo et sa réponse par E. Lévinas que je résume dans "Quelle espérance..."

(1) Saint Zénon de Vérone, Homélie sur Job, source : Textes liturgiques © AELF.

04 mai 2015

Beauté et sacrifice, Gerhard Nebel

Bal‎thasar nous conduit encore plus loin, au delà de Barth chez Gerhard Nebel sur les pas de ce qu'il qualifie une "esthétique théologique protestante" : "le beau aspire à rencontrer l'homme. L'esthétique devient le beau (...) dans l'acte par lequel le beau s'offre en sacrifice à lui-même et par là à un autre plus haut". (1)
La logique sacrificielle qui peut être conçue comme un retour au moralisme froid et sec de Luther, prend néanmoins chez Nebel une touche esthétique avec l'apport du concept du Beau. Est-ce un idéalisme ? ‎Probablement dans une logique purement humaine. Pas si l'on rejoint là ce que j'ai longuement décrit comme faisant partie de la danse trinitaire, c'est à dire si l'on contemple ce que Emmanuel Durand décrit comme le principe de la circumincession, de ce Fils qui dans l'amour répond au don que le Père a fait de lui-même par le don encore plus étonnant de sa vie même jusqu'au scandale de la croix. La beauté sort alors des canons humains pour approcher le beau véritable, celui du don.
Je pense alors à ce que nous fêtons cette année, ces vies consacrées au Seigneur et surtout à ce récit que je viens de terminer de la vie de Thérèse où cette belle et jolie jeune espagnole découvre que son bien aimé n'est pas le cousin qu'elle chérit mais celui qui a souffert par amour.
Que Nebel et Avila se rejoignent n'est autre que la confirmation que nous nous situons bien au coeur de la Tradition patristique et chrétienne, que les accents d'Augustin sur la beauté cachée ne sont pas étrangers à cette quête de la véritable beauté. 
Il n'y a pas là l'ombre d'un masochisme sacrificiel. Thérèse le combattait assez pour qu'on puisse l'affirmer. Cette beauté du don est celle qui dépasse tout, embrasse l'homme dans une danse où en se perdant il rejoint le chant du monde, le bruit silencieux de Dieu, la danse des anges.
On peut alors comprendre que Thérèse trouve dans son expérience de "participation à la douleur du Christ" un ravissement à la fois douloureux et joyeux" (2), car il ne s'agit plus d'une joie personnelle, mais bien d'une véritable communion au mystère.

En fait, ce que Nebel ouvre dans sa méditation n'est pas la contemplation du beau comme tel, mais bien le paradoxe que nous avons tenté d'approcher dans "Où es-tu ?", celui du "plus que le beau" (3)‎ qu'est le don. Le don dépasse l'esthétisme, sans toutefois le renier et nous conduit ailleurs, dans la contemplation de l'unique Médiateur. Un chemin qui me conduit à une nouvelle contemplation : au désert (4), où il me semble nécessaire de passer pour dépasser les illusions du seul beau.
Un détour, une frustration‎ nécessaire, qui rendra perceptible l'illusion de cette part du beau qui ne vient pas de Dieu.
Qu'est-ce ? ‎Où est la limite ? Le ravissement de la mondanité nous cache l'envers du décor.
Nebel le nomme "daimon du beau" (5), le beau pour soi, celui ‎qui n'est pas tourné vers l'autre mais vers soi, narcissisme stérile qui conduisait le peuple juif a rejeter l'image. Comprendre cela c'est percevoir à la suite de Nebel et Hamann  que le "festival de la beauté ne nous mène qu'au seuil" (6), qu'il doit "s'éteindre pour que l'inouï puisse se produire"(7) : "mourir et ressusciter avec le Christ" (8).
Nebel conclut étonnamment sa contemplation par une phrase qui rejoint ma quête : "celui qui veut glorifier le Crucifié en est réduit [à défaut des styles passés et révolus] à celui du désert. L'art de révélation ne peut pas plus être restauré que l'Empire ou une cathédrale détruite" (9)

(1) Gerhard Nebel, Das Ereignis des Schoenberg, Klein, 1955, p. 19 cité par Hans Urs von Balthasar GC I, op. Cit. p. 49
(2) livre de vie, chap. 20 et 21, op. Cit.
(3) Nebel, ibid. p. 85, GC1, p. 50
(4) Le chemin du désert. A paraître.
(5) ‎Nebel, p. 148
(6) p. 195
(7) Hans Urs von Balthasar, ibid. p. 54
(8) Nebel, ibid.
‎(9) ibid. p. 195-196

  





03 mai 2015

Où es-tu ? Postface, relire Hans Urs von Balthasar...

‎Une des questions soulevées dans mon dernier livre (Où es-tu mon Dieu ?, souffrance et création) portait sur notre capacité à parler du beau, du bon et du vrai, dans un monde défiguré par la souffrance. Et ce faisant j'attaquais une version édulcorée de l'esthétique de Balthasar, pourtant largement à l'origine de ce blog (cf les premiers messages de ce blog)‎....
Et voilà que j'ouvre à nouveau le maître 10 ans après.
"Il y a des époques", écrit-il, "où l'homme (...) se sent tellement humilié (...) que la tentation s'offre à lui chaque jour de mettre en doute la dignité de l'existence et de répudier le monde qui nie et détruit son propre caractère d'image. Devoir retrouver, à partir de ce vide sans écho, l'image que l'Auteur Premier avait envisagé pour nous, cette exigence apparaît surhumaine. Peut-être, en vérité n'est elle envisageable que chrétiennement. (1)
Je crois, in fine, que l'objet de mon livre se résume de fait à cela. Le monde en soi ne peut plus voir l'Auteur Premier à l'oeuvre tant il s'est défiguré et a perdu sa trace. Trouver un chemin d'espérance devient un acte de foi. Tel est peut être l'enjeu pastoral premier de notre temps.
J'ai eu l'intuition récemment que l'une des pistes pastorales pourrait être, en "pastorale familiale de la périphérie" (mon domaine principal de recherche), de creuser chez le couple loin de l'église la contemplation de la paternité comme étincelle de révélation du projet de l'Auteur Premier sur l'humanité .
Le théologien nous conduit sur un chemin équivalent. Écoutons le encore :" ce ne serait pas la peine d'être un homme si (...) il n'y avait pas l'Unique Nécessaire, la perle irremplaçable pour l'amour de qui nous vendons tout ce que nous avons (...) au point que nous considérons tout le reste comme balayure pour acquérir l'unique (Mt 13, 46, Ph 3, 8)." (2) Balthasar parle de l'amour humain et du mariage. 50 ans plus tard, je parlerai de paternité car il semble que ce soit la cause qui demeure la plus fiable dans notre monde, le lieu où se cristallise encore une quête de sens.
(1) Hans Urs von Balthasar, la gloire et la Croix, apparition, tome 1, DDB Paris, 1990, p. 22
(2) ibid p. 23

21 avril 2015

Par lui et en lui

Belle messe dominicale à l'issue d'une retraite avant hier.
Au moment de la consécration,  le prêtre nous a invité à déposer sur l'autel toutes nos offrandes.
Elles ont alors jailli de l'assemblée,  offrandes et prières multiples, feu d'artifice de nos vies réunies.
Aujourd'hui,  l'hymne du bréviaire (sexte) résonne comme une réponse :
Le Fils de Dieu,
les bras ouverts,
A tout saisi dans son offrande,
L'effort de l'homme et son travail,
Le poids perdu de la souffrance.
L'élan puissant de son amour
Attire à lui la terre entière,
Il fait entrer dans son repos
Le monde en marche (..)
La création devient en lui
Première étape du Royaume.
C'est aussi un peu le résumé de ce que je viens d'écrire dans "où es tu ?"

15 avril 2015

Où es-tu mon dieu ?

Je vous l'avais annoncé il y a quelques jours, je viens de terminer "Où es tu mon Dieu ?" un travail de recherche pastorale sur la tension théologique entre création et souffrance.

Extrait : Où est Dieu ? Est-il tout-puissant ? S’il l’est, pourquoi n’agit-il pas ? Et s’il agit, comment ? L’idée d’un Dieu créateur du beau peut-elle persister alors que nous ne cessons d’être confrontés à « l’horreur du mal » ? Toutes ces questions restent de l’ordre du mystère. Ici, tout chercheur doit reconnaître à la fois son incompétence et sa révolte. Et pourtant, il serait dommage de poser la plume, tant cette question reste au cœur du refus de nos contemporains d’adhérer à toute idée de Dieu. S’ils ne peuvent tolérer que le monde ne soit pas parfait, que la création ait des « ratés » et que l’horreur reste possible, qu’elle soit liée au mal de faute (la violence des hommes) ou au mal de peine (la nature et ses dérèglements) , la place de Dieu reste en question.

Où es-tu mon Dieu ?  fait suite à mon mémoire de licence : "Quelle espérance pour l'homme souffrant ?".


05 mars 2015

Avis de recherche

A paraître prochainement : Où es-tu mon Dieu ?, une étude pastorale sur les limites d'un discours sur Dieu créateur dans une société marquée par la violence des hommes et de la nature. Un travail qui reprend d'autres pistes de recherche, déjà publiées et notamment : "Quelle espérance pour l'homme souffrant ?", mon mémoire de licence.

01 mars 2015

La cathédrale des souffrants

La création toute entière gémit et crie vers le Seigneur,  mais pas une des ses souffrances ne sera ignoré du "Dieu des souffrants".

Écoutons saint Augustin : "Ce sang qui jaillit du [corps du Christ], n'est-ce pas la souffrance des martyrs, qui appartient à toute l'Église ? (1)"

Ces hommes méprisés,                          
ces femmes humiliées,
ces enfants que tout rejette,
ces meurtris, ces torturés,
tous ces visages bafoués :
Seigneur Jésus,
c'est toi qui me regardes. (...)
Il n'a ni beauté, ni éclat,
homme des douleurs,
rebut d'humanité.
Mais ce sont nos souffrances qu'il porte,
nos misères dont il est accablé. (2)



(1) Saint Augustin, commentaire du psaume 140

(2) Hymne du temps de carême

27 septembre 2014

Sacrifice du Christ - I

Un ami me pose cette question : "Le Père a-t-il exigé ce sacrifice d’une cruauté inouïe, de son fils, pour racheter nos péchés ?"
Je vous livre ma tentative de réponse.


L'erreur est de considérer Dieu comme un sadique qui veut la mort de son Fils.
La solution est de voir Dieu comme aimant le monde et voulant apporter une réponse à la violence
en faisant un choc : la mort de l'innocent qui révèle au monde sa folie.
Il n'a d'ailleurs pas voulu, en soi la mort du Fils, il a envoyé le Fils faire le choix libre d'aller jusqu'au
bout de ce que représente la mort.

C'est notamment la thèse de René Girard dans "Des choses cachées depuis la fondation du monde".

Voici un extrait de ce que j'écris dans "Mort pour nous"... page 17
" «[Christ] est solidaire de notre souffrance »… Ce qui se révèle dans le vide et dans le cri partagé de l’homme et de Dieu, c’est un Christ qui n’est pas loin de nous mais solidaire, marcheur à nos côtés, souffrant plus voire autant que nous… Homme pleinement homme. "
Je poursuis, page 26 : "J. Moltmann, un théologien protestant allemand a ainsi voulu insister sur le fait que souvent nous avions une vision de la croix du côté des persécuteurs, de ceux qui font violence et pour qui la croix interpelle le sens de leurs actes, leur montre le non sens de la puissance et les conduit à la conversion. Il souligne à l’inverse, dans Le Dieu crucifié, le côté des souffrants, ceux qui comme ceux que nous évoquions plus haut sont à jamais marqués par la violence et la mort subie et pour qui la passion est plus qu’ailleurs un être-avec de Dieu. Dans la souffrance de Jésus, résonne alors une proximité extraordinaire, à l’image de celle qu’il évoque à travers un texte d’Elie Wiesel sur les camps de la mort. Ecoutons son propos, tiré d’une conférence récente donnée à Paris.
« Comment prier et parler de Dieu ‘après Auschwitz’ ? L’athéisme est-il la solution ? Est-ce que Dieu est ‘mort’ après Auschwitz ? Ou bien est-ce que beaucoup ont perdu leur confiance en Dieu après ce crime et le silence du ciel ? Je trouvai de l’aide dans le livre d’Elie Wiesel sur ses expériences à Auschwitz, intitulé Nuit :
« Trois condamnés enchainés – et parmi eux, le petit serviteur [pipel], l’ange aux yeux tristes. [...] Tous les yeux étaient fixés sur l’enfant. Il était livide, presque calme, se mordant les lèvres. L’ombre de la potence le recouvrait. [...] Les trois cous furent introduits en même temps dans les nœuds coulants. Vive la liberté ! crièrent les deux adultes. Le petit, lui, se taisait.
Où est le Bon Dieu, où est-il ? demande quelqu’un derrière moi. Sur un signe du chef de camp, les trois chaises basculèrent. [...] Les deux adultes ne vivaient plus. Leur langue pendait, grossie, bleutée. Mais la troisième corde n’était pas immobile : si léger, l’enfant vivait encore. [...]
Derrière moi, j’entendis le même homme demander :
Où donc est Dieu ?
Et je sentais en moi une voix qui lui répondait :
Où il est ? Le voici – il est pendu ici, à cette potence ...
Ce soir-là, la soupe avait un goût de cadavre. »
Est-ce que c’est une réponse ? Dieu souffrit-t-il avec les victimes d’Auschwitz ? Est-ce que Dieu n’était pas dans le ciel lointain, mais présent dans les chambres à gaz ? Est-ce que Dieu était pendu là au gibet ? J’eus l’impression que toute autre réponse serait hors de propos. Il ne peut pas y avoir d’autres réponses. Parler à ce moment-là d’un Dieu incapable de souffrir, cela ferait de Dieu un démon. Parler d’un Dieu indifférent nous rendrait indifférents nous aussi. Renier Dieu et se tourner vers l’athéisme réduirait au silence le cri des victimes. On priait le Shema d’Israël et le Notre Père à Auschwitz, on peut donc prier Dieu après Auschwitz. Dieu était dans leurs prières. »
(...)

Une mystique comme Anne-Catherine Emmerich a ainsi perçu dans ce texte que Jésus souffrait de l’inutilité de sa mort. Il aurait beau mourir, nous ne changerions pas notre vie. Pour elle, notre insouciance, en dépit même de cette souffrance partagée, serait stérile. Telle serait à ses yeux l’agonie du Christ.

Nous pouvons passer outre cette vision, en rejeter le caractère doloriste, s’il ne venait pas perturber notre façon de voir le pourquoi du « mort pour nous »… Il nous semble néanmoins que cette souffrance a un sens, dans ce qu’elle révèle en nous l’amour. Comme ce serpent d’airain brandi au désert pour guérir des morsures, la mort à un effet sur nous, comme tout être souffrant que nous côtoyons et qui nous interpelle. Ce n’est cependant qu’un des sens de la mort de Dieu.

Souffrant avec nous

L’autre point de vue, déjà esquissé dans le récit d’Elie Wiesel, est cette communion de Jésus avec les souffrants. Que celui qui se dit envoyé du Père accepte de mourir d’une mort ignominieuse, fait historique par excellence, comme nous le soulignions plus haut, n’est pas sans conséquences pour tous ceux qui souffrent encore de la mort. Si ce Jésus est l’envoyé de Dieu, alors peut-on pressentir, au-delà du cri et du rejet que la souffrance fait jaillir en nous, que quelque chose de Dieu se fait proche, qu’il se pourrait qu’il soit encore à nos côtés, malgré son silence. Par rapport au vide que nous évoquions au départ, une piste, une lueur, apparaît dans cet être-avec de Jésus.

Plus encore, cette mort n’est pas un simulacre, puisque justement alors, le Dieu que l’on croyait tout-puissant se tait, qu’il se garde bien d’intervenir.

Dans la contemplation de ce que l’on appelle la déréliction, c'est à dire l’abandon total de Jésus par le Père, nous pouvons, à la suite d’Adrienne von Speyr, et de son ami le théologien Hans Urs von Balthasar (1), méditer sur le sens que revêt cet abandon. Si Jésus a été jusqu’à douter même de la présence, ce ne peut-être que parce qu’il voulait nous suivre au plus profond de notre désespoir, nous accompagner jusque dans le vide du samedi saint, allant jusqu’à ce lieu du « non-dieu », de l’enfer des hommes sans Dieu…

Moltmann évoque d’ailleurs une représentation médiévale de l’enfer où un homme semble s’interroger, suite à la venue du Christ dans ce lieu perdu. « Es-tu venu pour moi ? ». On a parfois du mal à y croire, et pourtant, n’est-ce pas le sens même de la parabole de la brebis perdue, elle même entrant en écho avec un texte d’Ezéchiel, qui affirme que « Dieu ne veut pas la mort du pécheur mais qu’il vive »…

Ce Dieu qui connaît l’abandon laisse transparaître une lueur de vie à tous les abandonnés. S’il a vécu jusque là, alors nous pouvons espérer contre toute espérance qu’une lumière viendra au bout du tunnel, peut-être pas dans cette vie, mais dans le temps de Dieu.


(1) Cf. par exemple Pâques le mystère, ou Dramatique Divine ou C. Hériard, Retire tes sandales.
Voir aussi mes travaux de recherche :

04 août 2014

Le chant du large

Je viens de mettre en ligne le tome 6 de ma saga "Le chant du large", qui compte maintenant :
1) La barque de Solwenn
2) Maria la Rousse
3) La souffrance d_Elena
4) La Marie-Jeanne
5) Magda-la-douce
6) Renaissance
Un roman en 6 parties qui nous emmène dans un petit village breton, à l'aube du XXème siècle et se poursuit à l'âge où les grands voiliers se laissent distancer par la vapeur.
Grand amateur de "La rivière espérance" de Signol, je signe une saga plus centrée sur la mer, ses appels et ses dangers.
C'est aussi une suite logique à mes travaux de recherche sur la souffrance (mémoire de licence : Quelle espérance pour l'homme souffrant).

Les 6 tomes numériques sont aussi disponibles en deux tomes papier :
I - La barque de Solwenn, texte intégral
II - Le sourire de Nolwenn, le chant du large, tome 2

07 juin 2014

Magda la douce, le chant du large, tome 2.2

Pour les amateurs de la barque de Solwenn, le tome 5 vient de paraître sous Kindle, sous le titre Magda-la-douce.
Ce récit qui nous place au coeur d'une famille de pêcheurs à l'aube du XXème siècle est aussi une manière d'aborder la souffrance et la mort, l'inégalité et ses solutions fragiles.

La série s'articule maintenant comme suit :
- La barque de Solwenn, tome 1
- Maria la rousse, tome 2
- La souffrance d'Elena, tome 3
- La Marie-Jeanne, tome 4
- Magda la douce, tome 5

Deux recueils papiers sont disponibles sur Amazon :
- La barque de Solwenn, intégral - Le chant du large, volume 1
- Le sourire de Nolwenn - Le chant du large, volume 2


30 avril 2014

La Marie-Jeanne, Pourquoi j'ai mal - III

Après mes essais romanesques sur le thème de la souffrance (La barque de Solwenn*), en lien avec mon mémoire de licence de théologie, je vous signale la parution d'une suite, intitulée "La Marie-Jeanne", qui continue à creuser cette histoire de pêcheurs à l'aube du XXème siècle.

Version epub disponible sur demande pour les amis.

* La version brochée inclut maintenant ce tome 4

12 juillet 2013

Pourquoi j'ai mal - III


Après un an de travaux, je vous informe de la publication de mon petit travail sur la souffrance que vous trouverez sous le titre " Quelle espérance pour l'homme souffrant ? Approches pastorales de la souffrance " chez Createspace/Amazon. Ce texte très théologique a été rédigé dans la lignée ou parallèlement aux trois romans suivant, qui constituent de ce fait un complément "pratique" à cette approche théorique et difficile de la souffrance :
  •  Le collier de Blanche (rédigé de 2009 à 2011 est un roman historique qui nous plonge dans l'histoire d'une famille en Normandie pendant la guerre de cent ans)
  • - La barque de Solwenn (publié fin 2012 est l'histoire d'une famille de pêcheurs à la fin du XIX° siècle)
  • - Le désir brisé (est une petite nouvelle "pastorale", histoire d'un jeune prêtre contemporain à l'écoute de personnes en souffrance : veuvage, homosexualité, deuil, mort d'un enfant). 

  • Ces trois approches très différentes nous permettent de percevoir, au delà des questions posées par la peine, qu'elles peuvent être les moyens de sortir de l'abîme et envisager des chemins de vie et d'espérance.
    Ces quatre livres constituent un ensemble cohérent avec la pensée et les recherches de l'auteur, dans l'accompagnement et la prise de distance, sur un sujet qui reste délicat.
    Ici, la question de la place et de l'existence de Dieu est questionnée, remise en cause, jusqu'à percevoir les solutions esquissées par les nouvelles avancées d'une réflexion sur l'humilité et la souffrance de Dieu (à la suite des réflexions de Varillon, Balhasar, Moltmann, Metz, Gutierrez et Moingt)...

    25 décembre 2012

    La barque de Solwenn - Pourquoi j'ai mal ? - II

    En septembre 2012, je lançais un avis de recherche sur la pastorale des souffrants. Ce travail de mémoire d'année de licence me conduit à un certain nombre de déplacements. La question du "pourquoi j'ai mal ?" me semble au coeur de l'actualité d'un monde souffrant, à la recherche d'un Dieu qui puisse aborder une réponse au scandale du mal être. Dans cette quête, et conformément à une habitude que j'ai développé depuis 2008, mon travail se nourrit d'une activité romanesque parallèle. C'est dans ce cadre qu'est paru, fin décembre, la barque de Solwenn tome 1. Un petit roman breton, situé à la fin du XIX° siècle qui explore le monde de la souffrance, dans une situation particulière : un petit village de pêcheur confronté à une vie rude, à une mer sans merci. Cette analyse d'une vie familiale simple, d'une fratrie qui se serre les coudes face à l'adversité, vient compléter mes autres recherches romanesques sur la souffrance comme Simon le vieux, les enfants de l'Avre et le Collier de Blanche. Issu il ne s'agit plus du terroir mais de la mer, dans ce qu'elle a de beau et de tragique. Une contemplation où l'amour et la mort se croise et se conjugue en un roman. Ce travail est suivi de deux tomes : - Maria la rousse - La souffrance d'Elena Le tout réuni dans un texte intégral qui gardera le titre original de la Barque de Solwenn. Mais nous en reparlerons.

    14 septembre 2012

    Pourquoi j'ai mal ? - Avis de recherche

    Depuis la nuit des temps, la question de la souffrance interpelle l'homme ? Cette question, il la pose aussi à Dieu, dès qu'il en perçoit la présence. La Bible nous fait état, à plusieurs reprises de cette question et les psaumes retentissent, souvent de ce cri. A la suite de l'exil, cette question de la souffrance et en particulier de la souffrance des justes, se cristallise dans le texte de Job. Il rebondit ensuite, plus tardivement, dans la question posée par la mort des martyrs d’Israël. Jésus se fait écho de cette question dans l'épisode de la tour de Siloë. Et l'explication qu'il donne, reste alors sous forme d'une aporie. Peut-être, parce qu'une seule réponse nous est offerte, celle de la Croix..., signe élevé pour le monde. Cette question fondamentale pour l'homme affleure dans toutes les rencontres avec les gens du seuil. Un des exemples les plus criants, m'a été rapporté par un jeune, l'année dernière, dans cette phrase : « Quand je vais bien, je regarde le ciel et je lui demande, qu'est-ce que tu vas m'envoyer encore, comme malheur ?»... Face à ce lien entre la peine et Dieu, nous sommes souvent démunis. Et pourtant, l’Église n'a cessé de tenter d'apporter une réponse à cette question. Elle y est parvenue avec plus ou moins de conviction et a peut-être manqué en tout cas de clarté dans sa réponse. Nous chercherons, chez des théologiens comme Moltmann et Balthasar, des clés d'interprétation. Peut-être que ce chemin nous conduira ailleurs, notamment sur la question de la déréliction, mise en avant par A. von Speyr. Une certitude : au delà des concepts, la traduction pastorale ne cessera d'être notre préoccupation... Parce que les mots de l’Église, ses références, ne parlent plus aux hommes d'aujourd'hui. Cet argumentaire trace en quelques mots, mes préoccupations de cette année à venir, puisque je vais y consacrer l'année, dans le cadre de ma dissertation de licence de théologie. Les suggestions de lecture sont les bienvenues...

    10 décembre 2011

    La souffrance de Dieu - 1

    Sous ce titre, on trouve un cours essai de Varillon sur un thème difficile et décrié qui donne pour certains une vision trop humaine et donc réductrice de Dieu. Cela mérite pourtant un détour. Qu'en dit Varillon ? : "Le paradoxe d'un Dieu humble est apparu violent à plus d'un. Voici que celui d'un Dieu qui souffre l'est davantage encore. Est-il vrai que la souffrance, comme l'humilité, est au coeur de la Gloire ? (...) si Dieu souffre, ce ne peut être d'une émotion vague, en quelque sorte marginale, ou qui effleure sans étreindre. Rien n'est accidentel en Dieu. Si Dieu souffre, sa souffrance a la même dimension que son être et que sa joie. Dimension sans dimension. Sans limite. Infinie. (...). Comment croire que Dieu est Amour, s'il faut penser que notre souffrance ne l'atteint pas dans son être éternel ? Quand je pleure ou me dégrade, est-il "marbre absolu "? Si les gens savaient... que Dieu "souffre" avec nous et beaucoup plus que nous de tout le mal qui ravage la terre, bien des choses changeraient sans doute, et bien des âmes seraient libérées" * * Source : LA SOUFFRANCE DE DIEU, François VARILLON, Le Centurion Octobre 1975

    29 janvier 2011

    Léa


    Après la danse tragique, le destin de Léa la conduit vers Haïti, dans le cadre d'une ONG. Confrontée aux dégâts du tremblement de terre, elle découvre une autre vocation. Autour du roman, ce tisse le combat intérieur entre Marthe et Marie, entre la quête spirituelle et l'action pour le monde. Léa est le sommet, le climax d'une recherche en humanité...

    23 juin 2009

    Passons sur l'autre rive


    Qu'est-ce qui sépare les deux côtés du lac... ?
    D'un côté, le temps des paraboles, la recherche du bien, du beau et du vrai en soi...
    Mais cette recherche est stérile, si tout cela est pour soi...
    Il a un passage à faire, une mort à soi-même qui nous fait prendre conscience que cette course aux valeurs est vaine si l'on ne prend pas en compte la souffrance d'autrui... Ce saut intérieur, c'est ce à quoi nous conduit la kénose...
    Dieu dort sur le bateau... Est-ce le sommeil de la mort...
    Nous sommes affolés par cette tempête alors que Dieu dort...
    Mais cette mort de Dieu est le chemin de notre passage et de notre libération.
    C'est l'hyperbole qui nous jette ailleurs...
    Du jeté là au jeté ailleurs...
    Et alors vient la liberté véritable, celle des enfants de Dieu...
    A la tempête succède la paix sur le lac, celle de ceux qui ont quitté leur parure (Ex 33) pour se tourner vers la tente de la rencontre...
    Dans l'amphore et le Fleuve j'ai tracé ce chemin... Mais il reste encore à décrire cela...
    Ce jeté ailleurs doit être développé... La route n'est pas finie.
    Vous la trouverez entre les lignes dans Entre-Deux... Une petite surprise qui n'est pas affichée sur la couverture... Un passage...