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23 décembre 2019

Noël - Homélie de la messe du jour - au fil de Jean 1 - kénose 148

Notes pour l'homélie - version 4

Quel est l'enjeu de Noël ?
Il n'est pas uniquement la fête des familles que notre société de consommation entretien, non sans un certain intérêt.
Il n'est pas non plus uniquement dans la naissance d'un enfant il y a deux mille ans. Il nous révèle quelque chose d'immense : le plan de Dieu sur l'homme. C'est ce que les textes d'aujourd'hui nous dévoile et je voudrais prendre le temps de les relire et les commenter avec vous...

Isaïe 52 nous parle d'une annonce toute particulière, de cette joie du salut qui vient. Avons nous cela à cœur, porter la joie d'un Dieu sauveur ?

Dans le début de sa lettre aux hébreux Paul insiste à son tour sur ce chemin de Dieu vers l'homme et il n'est pas anodin de le rapprocher d'une parabole que vous connaissez bien, celle de la vigne (à développer)

Dieu se livre mais il ne le fait pas avec trompette et tremblement de terre, comme le croyait les. Générations passées. Il se livre dans la faiblesse et la fragilité d’un enfant...

C'est dans ce contexte que le début de l'évangile de Jean peut être lu...

« Le Verbe s'est fait chair, une chair que nous puissions voir, afin que soit guéri en nous ce qui pourrait voir le Verbe » nous dit saint Augustin dans son commentaire sur la première lettre de Jean [source AELF]

L'amour vient nous visiter ainsi de l'intérieur et c'est dans la faiblesse et la dépendance de l'Enfant que se révèle en nous ce qu'il y a corriger, ce qui n'est pas digne d'être enfant, ce qui n'est pas empli de confiance et d'amour. 

Qu'est-ce que le Verbe ?
Le logos grec [la raison ou la logique du monde) n'est qu'une partie de la réponse. Est-ce la Sagesse de Dieu ? Non, pas uniquement. N'est-il pas à la fois amour et créateur, désir et action, danse et silence, cercle et triangle, inaccessible et proximité ?
Le mot théologique le plus interpellant est tension.
Car c'est au sein de cette tension entre les opposés égrenés plus haut que se révèle le Dieu chrétien.
Ce que nous dévoile Noël c'est l'amour de Dieu en actes.
Il faut entendre Dieu à la fois comme créateur et amour pour saisir qu'il est infini, mais aussi retenue, silence et humilité (1).

Le grec des premiers versets de Jean 1 reprend et conjugue le mot « pros ». Le Verbe, ce désir de Dieu en actes, ce « dire » qui devient « dit » (2) sans se perdre est tension, tourné vers, pro-jection, pro-position, pro-action de Dieu vers l'homme (3).

Dans ce "pro" se souligne à la fois l'amour in-transitif et ex-tourné de Dieu. Les pères de l'Église parlent de circumincession c'est-à-dire de danse(4) entre les personnes divines. En se "tournant vers", elles ne cessent de se pro-jeter au devant de l'autre et en cela d'être amour.

Que nous dit Noël ?
Alors que Dieu pourrait être pouvoir et gloire, il se fait faiblesse et humilité. « Il n'a pas retenu le rang qui l'égalait à Dieu, mais il s'est dépouillé, prenant la condition de serviteur » (Philippiens 2).

Dans sa faiblesse l'enfant Jésus conjugue grandeur et humilité, pureté et simplicité. Le Verbe qui se fait chair danse pour l'homme sa plus belle création. Il se dévoile amour.

Dans son dépouillement (kénose) (1) le dire devient dit (2) sans perdre son intention. Il est agenouillement (3).

Noël nous révèle le projet de Dieu : « Ce projet de la création de l'univers, non sous forme d'un plan d'organisation de toutes choses, mais d'une semence de liberté et d'amour jetée dans l'univers en formation pour que naisse en son sein une créature spirituelle avec qui Dieu pourrait entrer en communication intime, semence que Dieu confiait au monde (...) un appel, un souhait, une parole, un logos, l'invitation à naître adressée à un Premier-né destiné à ramener à Dieu toute sa famille humaine" (5) tout cela donne du sens à notre aujourd'hui. 

Le don de Dieu est appel... Il s'origine dans un don (Gn 1 et 2) et l'appel d'un "où es-tu ?" (Gn 3) qui est plus qu'un cri, une plainte d'un Dieu qui aime sa création et n'a pour but que de le ramener à lui... 

Et notre chemin ?
Il est aussi agenouillement (3). Non pas avilissement ou négation de nous mêmes mais décentrement et don, imitation et humilité, miséricorde et simplicité.

Ce petit homme, cet enfant fragile est chemin de vérité et d’amour.

Aujourd’hui nous est né un sauveur, verbe et gloire de notre Dieu et pourtant faible semence qui nous invite à aimer.
Que cette lumière et cette vie confiée par le Seigneur vienne inonder vos vies de grâce et de paix.

(1) cf. mon livre Kénose, humilité et miséricorde
(2) cf. Emmanuel Lévinas, Autrement qu'être 
(3) cf. À genoux devant l'homme
(4) cf. La danse trinitaire in L'amphore et le fleuve
(5) Joseph Moingt, L’esprit du christianisme, Paris, Temps présent, 2018, pages finales

20 novembre 2019

Au fil de Jean 17 - Danse trinitaire 46

La prière de Jésus postule la même réciprocité d'unité et d'amour entre les disciples qu'entre lui et le Père dans une parfaite réversibilité du présent dans le futur et de l'avenir dans le passé le plus lointain (...) adorer en esprit et en vérité, parce que nous sommes esprit, nous aussi, ayant été faits à sa ressemblance, et nous pouvons vérifier sa présence en Jésus à l'amour que Dieu met entre ceux qui croient en Jésus comme il en est entre Dieu et lui" (1)
Il y a chez Moignt des accents concordants avec ce que je décris souvent comme cette invitation à la danse trinitaire (2) faite à l'homme.

“Puisque la foi en lui nous fait communier à la vie de Dieu qui est en lui, notre résurrection est déjà commencée dans le temps où nous vivons et s’achève en lui en vie éternelle, dans “la communion des saints”, sans interruption dans le temps ni éloignement dans l’espace ; l’intimité réciproque du Père et du fils s’étant à l’union des élus entre et avec Jésus en Dieu, dans la continuité d’une même histoire qui s’éternise sans s’aliéner”(3).

(1) Joseph Moingt, L'esprit du christianisme, Paris, Temps présent, 2018, p. 215
(2) cf. mon livre éponyme repris dans Sur les pas de Jean
(3) Moingt p. 216

05 novembre 2019

Trinité et économie du salut - Danse trinitaire 45

Peut-on prendre le risque d'ignorer l'économie du salut ? demande en substance Joseph Moingt. "Est-ce que l'amour de Dieu pour les hommes ne serait donc pas constitutif de son éternité, ni son inspiration à être "tout en tout", l'épreuve et la sortie de la mort serait exclu de l'éternité de Jésus, de le devenir homme du Verbe, exclu de l'amour éternel que lui porte le Père, et l'Esprit de Dieu, que nous ne connaissons que par sa venue en nous, serait-il soudain privé de toute raison d'être ? Comment s'étonner que les hommes de notre temps ne soit plus intéressé par la foi en Dieu si la théologie ne peux pas les assurer que Dieu s'intéresse à eux de toute éternité ? Prenons garde, en effet, que la seule nouveauté révélée au monde par la Bonne Nouvelle qu'est l'Évangile, c'est que Dieu nous aime : « Nous », pas seulement le peuple de Dieu que le judaïsme avait conscience d'être, puis que le christianisme a prétendu être rénové en lui, mais tous les hommes, juste et pécheurs, croyants et incroyants, à l'exemple de tous les gens si divers que Jésus entraînait à sa suite ou appelait à le suivre". (1)

Dieu serait-il incapable de nous communiquer sa vérité parce que sa toute-puissance serait impuissante à sortir de soi ? Dieu est-il un mouvement immobile ?
Les contraintes de la philosophie ne peuvent enserrer le mystère de la Révélation. La dimension immanente ne se révèle pour moi que parce que Christ nous conduit au Père dans et par son humanité.
Tout schéma qui n'intègre pas cela risque de rester une vision détachée du coeur de l'Evangile. Dieu n'est pas impassible. Depuis Exode 3 ou Osée nous savons qu'il pleure, à sa manière sur l'homme, que ses entrailles maternelles sont bouleversées par le mal et que la mort du Fils est le dernier ou le premier cri d'un Dieu crucifié.

Le Dieu impassible est un dieu stérilisé (ou cléricalisé). Il n'est pas le Dieu qui s'agenouille devant Judas.

(1) Joseph Moingt, L'esprit du christianisme, Paris, Temps présent, 2018, p. 156sq

04 octobre 2019

La danse intérieure - Nouvelle

Le thème de la danse m’habite depuis bien longtemps et m’a déjà conduit à publier :
- Une dernière valse, nouvelle
- La danse Trinitaire, essai, repris dans L’Amphore et le fleuve et À genoux devant l’homme.
Voici la danse intérieure, une petite nouvelle écrite en communion avec mes deux filles alors qu’elles portent la vie. À l’occasion de la naissance de ma troisième petite fille et en action de grâce voici : La danse intérieure, une nouvelle qui interpelle sur la vie in utero. Elle ne porte pas d’autres messages qu’un éveil à cette communion particulière entre l’enfant et la femme, à ce tressaillement qui nous invite à méditer sur l’amour en nous. Ode à la vie... à l’époque des débats PMA - GPA, un autre regard sur maternité et filiation.

Cette très courte nouvelle est accessible gratuitement sur Kobo et Fnac.com
L’édition comprend aussi « Une dernière valse ».
Mes amis pourront aussi me la demander par mail ou mp.

27 septembre 2019

création et liberté - 7

« Être image [de Dieu] n'est pas pour l'homme un accident, mais plutôt quelque chose de substantiel (S. Bonnaventure) (1)

L'homme a reçu au fond de lui-même, comme le disait Origène « le précepte de liberté » (2)

C'est dans cette dynamique qu'il doit s'inscrire pour entrer dans la danse de Dieu.

(1) Bernard Sesboué, L'homme, merveille de Dieu, Paris, Salvator, 2015 p. 59
(2) p. 60

24 septembre 2019

Création et réconciliation - 6

Dans la mort et la résurrection du Christ nous pouvons devenir créature nouvelle. En renonçant à ce qui nous attache à l’égoïsme, à la division, au mal nous devenons participants de la dynamique divine, de sa danse...

«De ce qui était divisé, le Christ a fait une unité. Dans sa chair, il a détruit le mur de la séparation : la haine »(1)

En renonçant à la haine nous entrons dans l'amour...

(1) Joseph Moingt, L'esprit du christianisme, Paris, Temps présent, 2018, p. 90

26 août 2019

La création comme danse

Je reprends une idée reprise par mon ami et voisin Jean Duchesne sur RND (rediffusion aujourd'hui) de la contemplation de la création non comme achevée mais comme dynamique (il parle de « forming art ») pour rebondir sur deux concepts souvent partagé sur ce blog :
- la danse Trinitaire
- la dynamique sacramentelle (1)
Il me semble qu'en conjugant tout cela on peut percevoir cette dynamique créatrice et perpétuelle de Dieu qui ne cesse de ciseler le monde vers un bien à venir, dans une danse. C'est probablement un axe que Teilhard de Chardin visait dans sa messe sur le toit du monde.



(1) cf. mes deux livres éponymes

16 août 2019

Homélie sur le baptême - Saint Pacien de Barcelone - Amour en toi 40

Je découvre cette homélie donnée dans l'office des lectures d'aujourd'hui et notamment ce beau premier passage sur la semence qui fait écho à plusieurs thèmes évoqués ici : 
- l'inhabitation de Dieu 
- la danse Trinitaire (1)
« Le peuple chrétien est né de ces noces, sur lesquelles est descendu l'Esprit du Seigneur. Par l'infusion et le mélange d'une semence venue du ciel, aussitôt, avec les substances de nos âmes nous nous développons dans les entrailles de notre mère et, en grandissant dans son sein, nous vivons dans le Christ. C'est ce qui a fait dire à l'Apôtre : Le premier Adam avait reçu la vie ; le dernier Adam est un être spirituel qui donne la vie. C'est ainsi que le Christ engendre des enfants dans l'Église par ses prêtres, selon l'Apôtre : Dans le Christ, je vous ai engendrés. Et c'est ainsi que la semence du Christ, c'est-à-dire l'Esprit de Dieu, fait naître l'homme nouveau qui remue dans le sein de sa mère, qui est mis au monde dans la fontaine baptismale, par les mains du prêtre, avec la foi pour témoin. (...) 
On doit donc admettre que le Christ engendre, puisque l'Apôtre Jean le dit : Tous ceux qui l'ont reçu, il leur a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu. Cela ne peut s'accomplir que par le sacrement du baptême, par la chrismation, et par l'évêque. Le baptême en effet lave les péchés ; la chrismation répand en outre le Saint-Esprit, et nous obtenons l'un et l'autre par la main et la bouche de l'évêque. C'est ainsi que l'homme tout entier naît de nouveau, et est renouvelé dans le Christ : De même que le Christ est ressuscité des morts, ainsi mènerons-nous une vie nouvelle, nous aussi, c'est-à-dire : pour qu'après avoir abandonné les erreurs de la vie ancienne ~, par l'Esprit, nous ayons une conduite nouvelle dans le Christ. » (2)
(1) cf. mon livre éponyme repris dans A genoux devant l'homme 
(2) Saint Pacien de Barcelone, Homélie sur le baptême, source Office des Lectures du 16/8/19, AELF 

21 juillet 2019

Gloire et Grâce 5

(1) Le mot hèsèd constitue la substance proprement dite de l'Alliance. Il y a différents degré d'intensité dans la signification du mot. Tout d'abord c'est le Seigneur transcendant, fondateur de l'Alliance, qui possède hèsèd, et en ce sens la signification du mot est voisine de bienveillance, grâce, amour ; mais en conséquence, le subordonné qui entre dans l'Alliance, doit vivre conformément à la bienveillance qui lui a été manifestée, il doit pour ainsi dire la refléter, déterminer d'après elle son attitude générale - envers le Seigneur comme envers autrui.(1)

Peut être rejoint-on ici les éléments qui motivent la théologie sacramentelle. Il y a une dynamique propre (2) à l'Alliance où le récipiendaire est invité à se conformer à celui qui lui confère sa grâce, dans une subtile circumincession (danse -3) où l'homme devient signe efficace de cet amour qui soudain l'habite.

(1) Hans Urs von Balthasar, La gloire et la croix, 3. Théologie, Ancien Testament, ibid. p. 139

(2) cf. ma dynamique sacramentelle
(3) cf. également mes recherches sur la danse trinitaire

15 mai 2019

Une seule chair - 5

Faire une seule.chair avec le Christ c'est entrer dans la danse Trinitaire, aller au plus profond de cette communion mystérieuse avec son Dieu, comme les époux qui disent je te reçois et je me donne à toi...
Écoutons sur ce thème saint Hilaire : « Parce que véritablement le Verbe s'est fait chair, c'est véritablement aussi que nous mangeons le Verbe incarné en communiant au banquet du Seigneur. Comment ne doit-on pas penser qu'il demeure en nous par nature ? En effet, par sa naissance comme homme, il a assumé notre nature charnelle d'une façon désormais définitive et, dans le sacrement de sa chair donnée en communion, il a uni sa nature charnelle à sa nature éternelle. C'est ainsi que tous nous formons un seul être, parce que le Père est dans le Christ et que le Christ est en nous. ~
Que nous sommes en lui par le sacrement de la communion à sa chair et à son sang, lui-même l'affirme lorsqu'il dit : Et ce monde désormais ne me voit plus ; mais vous, vous me verrez vivant parce que je vis, et vous vivrez aussi ; parce que je suis dans le Père, que vous êtes en moi, et moi en vous. S'il voulait parler seulement d'une unité de volonté, pourquoi a-t-il exposé une progression et un ordre dans la consommation de cette unité ? N'est-ce pas parce lui-même étant dans le Père par sa nature divine, nous au contraire étant en lui en vertu de sa naissance corporelle, on doit croire que, réciproquement, il est en nous par le mystère sacramentel ? Ceci enseigne la parfaite unité réalisée par le médiateur : tandis que nous demeurons en lui, lui-même demeure en nous. Et ainsi nous progressons dans notre unité avec le Père, puisque le Fils demeure en lui par nature selon sa naissance éternelle et que nous-mêmes aussi sommes dans le Fils par nature, tandis que lui par nature demeure en nous.
Que cette unité soit en nous produite par sa nature, lui-même l'affirme ainsi : Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi en lui. Car ce n'est pas tout homme qui sera en lui, mais celui en qui il sera lui-même : c'est seulement celui qui mangera sa chair qui aura en lui la chair assumée par le Fils.
Plus haut, il avait déjà enseigné le sacrement de cette parfaite unité, en disant : De même que le Père, qui est la vie, m'a envoyé, et que moi je vis par le Père, de même aussi celui qui mangera ma chair vivra par moi. Donc, il vit par le Père ; et de la manière dont il vit par le Père, nous-mêmes vivons par sa chair.
Tout ce parallèle est à la base de notre intelligence du mystère ; il nous fait comprendre, par le modèle proposé, ce qui se passe. Donc, ce qui nous donne la vie, c'est que, dans les êtres charnels que nous sommes, le Christ demeure en nous par sa chair ; et il nous fera vivre en vertu du principe qui le fait vivre par le Père ». (1)
Sculpture de Georges Schneider - St Séverin 


(1) Saint Hilaire, traité sur la Trinité, source, office des lectures, AELF 

03 mai 2019

Au fil de Jean 14 - Contempler le Père

"En ce temps-là, Jésus dit à Thomas : « Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ; personne ne va vers le Père sans passer par moi. Puisque vous me connaissez, vous connaîtrez aussi mon Père. Dès maintenant vous le connaissez, et vous l'avez vu. »
Philippe lui dit : « Seigneur, montre-nous le Père ; cela nous suffit. »
Jésus lui répond : « Il y a si longtemps que je suis avec vous, et tu ne me connais pas, Philippe ! Celui qui m'a vu a vu le Père. Comment peux-tu dire : 'Montre-nous le Père' ? Tu ne crois donc pas que je suis dans le Père et que le Père est en moi ! Les paroles que je vous dis, je ne les dis pas de moi-même ; le Père qui demeure en moi fait ses propres œuvres.
Croyez-moi : je suis dans le Père, et le Père est en moi ; si vous ne me croyez pas, croyez du moins à cause des œuvres elles-mêmes. Amen, amen, je vous le dis : celui qui croit en moi fera les œuvres que je fais. Il en fera même de plus grandes, parce que je pars vers le Père, et tout ce que vous demanderez en mon nom, je le ferai, afin que le Père soit glorifié dans le Fils. Quand vous me demanderez quelque chose en mon nom, moi, je le ferai. » (Jn 14,6-14 -AELF)

"L'affirmation de Jésus est surprenante, à tel point que Philippe ne la comprend pas et insiste : "montre-nous le Père". Or, contempler le Christ à travers les Évangiles, c'est contempler Dieu lui-même. C'est ce que je fais chaque fois que je médite les Évangiles. Contempler le Christ, c'est contempler Dieu.
Dans ce récit, Jésus nous dévoile son plus intime, la relation qui l'unit à son Père"(1)
Prenons le temps de sentir la profondeur de cette relation trinitaire. Dans cette danse, Jésus nous ouvre ses bras en croix.
Contemplation infinie de cet homme élevé sur le bois de la croix qui nous dévoile le Père en nous aimant jusqu'au bout.
Qui sommes-nous face à cela. Qu'est-ce que l'homme pour que tu t'intéresse à lui dit le psaume.
Et pourtant ! Le Dieu que nous vénérons n'est pas un Dieu éthéré. Il se dévoile dans son agenouillement.
(1) Source : Prieenchemin.org, méditation  du 3/5/19

29 avril 2019

Au fil de Jean 17, Sainte Catherine de Sienne - Danse Trinitaire

«afin que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi, qu'eux aussi soient en nous, pour que le monde croie que c'est toi qui m'as envoyé. Et moi, je leur ai donné la gloire que tu m'as donnée, pour qu'ils soient un comme nous, nous sommes un, – moi en eux et toi en moi – pour qu'ils soient accomplis dans l'unité et que le monde sache que c'est toi qui m'as envoyé et que tu les as aimés comme tu m'as aimé.»
‭‭Jean‬ ‭17:21-23‬ 
La contemplation de Jean 17 a conduit les Pères de l'Église à élaborer une trilogie particulière sur la Trinité qui se nourrit des affirmations de Paul et de Jean dans une contemplation du jeu des Personnes divines, entre unité (un seul Dieu), deux natures, trois Personnes et quatre relations (paternité ; la filiation ; la spiration active ; la spiration passive). Pourtant comme je l'ai souvent exprimé ici, c'est l'image de danse qui me semble la plus éclairante, même si elle est comme toute image réductrice de l'infinie nature de Dieu.
Ce que les grecs appellent en effet périchorèse (littéralement danser en rond) et les latins « circum-incession » décrit bien cette complexe et géniale ronde et inhabitation des personnes divines, expression de l'amour infini du Père et du Fils dans l'Esprit, qui nous emporte dans une ronde amoureuse et sublime. 
En cette fête de sainte Catherine écoutons là exprimer cela : « Ô Divinité éternelle, ô éternelle Trinité, par l'union de la divine nature tu as donné un si grand prix au sang de ton Fils unique ! Toi, éternelle Trinité, tu es comme un océan profond : plus j'y cherche et plus je te trouve ; plus je trouve et plus je te cherche. Tu rassasies insatiablement notre âme car, dans ton abîme, tu rassasies l'âme de telle sorte qu'elle demeure indigente et affamée, parce qu'elle continue à souhaiter et à désirer te voir dans ta lumière, ô lumière, éternelle Trinité. ~
J'ai goûté et j'ai vu avec la lumière de mon intelligence et dans ta lumière, éternelle Trinité, et l'immensité de ton abîme et la beauté de ta créature. Alors, j'ai vu qu'en me revêtant de toi, je deviendrais ton image, parce que tu me donnes, Père éternel, quelque chose de ta puissance et de ta sagesse. Cette sagesse est l'attribut de ton Fils unique. Quant au Saint-Esprit, qui procède de toi, Père, et de ton Fils, il m'a donné la volonté qui me rend capable d'aimer. Car toi, éternelle Trinité, tu es le Créateur, et moi la créature ; aussi ai-je connu, éclairée par toi, dans la nouvelle création que tu as faite de moi par le sang de ton Fils unique, que tu as été saisie d'amour pour la beauté de ta créature.
Abîme ! Éternelle Trinité ! Divinité ! Océan profond ! Et que pourrais-tu me donner de plus grand que toi-même ? Tu es le feu qui brûle toujours et ne s'éteint jamais ; tu consumes par ton ardeur tout amour égoïste de l'âme. Tu es le feu qui dissipe toute froideur, et tu éclaires les esprits de ta lumière, cette lumière par laquelle tu m'as fait connaître ta vérité. ~
C'est dans la foi, ce miroir de la lumière, que je te connais : tu es le souverain bien, bien qui surpasse tout bien, bien qui donne le bonheur, bien qui dépasse toute idée et tout jugement ; beauté au-dessus de toute beauté, sagesse au-dessus de toute sagesse : car tu es la sagesse elle-même, tu es l'aliment des anges qui, dans l'ardeur de ton amour, s'est donné aux hommes.
Tu es le vêtement qui couvre ma nudité, tu nourris les affamés de ta douceur, car tu es douce, sans nulle amertume, ô éternelle Trinité.(1)



(1) Sainte Catherine de Sienne, dialogues, source Office des Lectures AELF 
Pour aller plus loin :
  • Jean Noël Besançon, Dieu n'est pas bizarre
  • Danse trinitaire chez Elisabeth de la Trinité 
  • Emmanuel Durand, Périchorèse des Personnes divines, Immanence mutuelle, réciprocité et communion, Éditions du Cerf, Cogitatio Fidéi n° 243, Paris, 2005.
  • Karl Rahner Dieu Trinité, Fondement transcendant de l'histoire du salut, Cerf 1999 Traduction Yves Tourenne
  • Saint Augustin, De Trinitate
  • Hans Urs von Balthasar, Théologique (troisième partie de sa Trilogie en 18 volumes)
  • Et, dans une plus humble mesure, Claude Heriard, Danse trinitaire, in l'Amphore et le Fleuve

18 janvier 2019

Danse et harmonie - Athanase

Dans la série de mes méditations sur la danse trinitaire, reprise dans plusieurs de mes ouvrages on pourrait glisser comme en écho ce texte d'Athanase, qui reprend les accents symphoniques de ma danse, tout en intégrant l'aspect polyèdrique de l'ordre divin :
« Il n'y a rien de ce qui existe et de ce qui prend naissance qui ne prenne naissance et ne subsiste dans le Verbe et par le Verbe, comme nous l'enseigne Jean le Théologien : Au commencement était le Verbe, et le Verbe était avec Dieu, et le Verbe était Dieu. Par lui tout s'est fait, et sans lui rien ne s'est fait.

Comme un musicien qui vient d'accorder sa lyre assemble par son art les notes graves avec les notes aiguës, les notes moyennes avec les autres, pour exécuter une seule mélodie : ainsi la Sagesse de Dieu, le Verbe, tenant l'univers comme une lyre, unit les êtres de l'air avec ceux de la terre, et les êtres du ciel avec ceux de l'air ; il combine l'ensemble avec les parties, il conduit tout par son commandement et sa volonté ; il produit ainsi, dans la beauté et l'harmonie, un seul monde et un seul ordre du monde. Lui-même reste immuable auprès du Père, tandis qu'il meut toutes choses par l'ordonnance qui vient de lui, selon ce que son Père a décidé. ~ Tous les êtres qui, selon leur nature, reçoivent de lui la vie et la subsistance, composent, grâce à lui, une harmonie admirable et vraiment divine.

Pour faire comprendre une si grande chose par un exemple, prenons l'image d'un chœur composé de nombreux chanteurs. Ce chœur comporte des exécutants variés : hommes, enfants, femmes, vieillards et jeunes gens ; sous la direction d'un seul chef, chacun chante selon sa nature et ses possibilités : l'homme comme un homme, l'enfant comme un enfant, le vieillard comme un vieillard, le jeune homme comme un jeune homme ; mais tous exécutent une seule harmonie. Ou encore, notre âme met en mouvement à la fois nos différents sens ; selon l'activité de chacun en présence d'un même objet, elle les incite tous en même temps : l'œil à voir, l'oreille à entendre, la main à toucher, l'odorat à sentir, le goût à savourer, et souvent d'autres membres encore à se mouvoir, comme les pieds à marcher. ~ C'est ainsi que tout se passe dans la création ; ces comparaisons sont imparfaites, mais il faut savoir les appliquer à des réalités plus hautes.

Oui, par une seule impulsion, par le commandement du Verbe qui est Dieu, toutes choses sont organisées, chacune agit selon ce qui lui appartient en propre, et toutes ensemble réalisent un ordre unique. » (1)
(1) Saint Athanase, traité contre les païens, source AELF 

22 octobre 2018

L’amour est en toi 20 - Circumincession - Hans Urs von Balthasar

Alors que "partout ailleurs, l'idée prise au sérieux d'une inhabitation du moi fini par le Moi infini conduit inévitablement à une conclusion panthéistique : le dépassement qui va du moi fini (empirique) à l'absolu devient donc, aussi nécessairement, une sorte d'abandon de soi à la fois mortel et bienheureux (cf. Fichte). Dans le christianisme, une telle inhabitation est au contraire concevable de la façon la plus sérieuse et la plus radicale, sans qu'elle entraîne l'éclatement et l'anéantissement du moi fini; celui ci s'achève plutôt de la manière la plus mystérieuse au dessus de lui-même en Dieu. Ici aussi il y a une mort mystique de l'amour mais cette mort est une véritable résurrection, bien mieux une résurrection corporelle en Dieu. Une telle inhabitation par l'Esprit de Dieu, "que Dieu nous donne" (1 Th 4,8) suppose le mystère trinitaire dans l'être absolu lui même, c'est à dire le miracle de l'immanence mutuelle (circumincessio) des Personnes divines, sans danger pour leur originalité personnelle" (1).

Un thème qui rejoint mes recherches sur la danse trinitaire.

Plus loin, Balthasar va plus loin, évoquant non l'extase mystique, mais celle du service, c'est-à-dire la joie des serviteurs qui n'ont fait que leur devoir... A méditer à l’aune du post suivant.


(1) Hans Urs von Balthasar, La prière contemplative, op. cit p.66

05 juin 2018

L’amour est en toi - 5 - Jean de la Croix

« La mystique de Jean ne peut s'achever que dans l'ordre trinitaire ». Une danse (1) qu'Hans Urs von Balthasar souligne à sa manière dans la même page : Dieu comme « centre » du mystère, le mystère de l'Esprit-Saint et l'amour de la créature qui devient « par la grâce, une aspiration à la spiratio divine (...) appelée (...) à participer passivement et activement (...) miracle de la grâce (...) miracle du contact substantiel entre le je et le Toi, de l'éveil du Toi au cœur même du je et du je au coeur du Toi (...) Vous vous réveillez ô Verbe-Époux, dans le centre et le fond de mon âme, dans sa pure et intime substance » (2)

(1) cf. mon livre éponyme La danse trinitaire (in À genoux devant l’homme)
(2) Hans Urs von Balthasar, La Gloire et la Croix, Styles 2, De Jean de la Croix à Péguy, Paris, Aubier, 1972 p. 41


19 décembre 2017

Dynamique sacramentelle - suite

On pourrait voir l'intimité avec Dieu comme un décentrement total où l'homme s'échappe du monde et de toute réalité dans l'axe du bouddhisme.

Ce n'est pas la vocation du chrétien. Cette dernière est seulement une nouvelle naissance au sens de Jn 3. L'incarnation devient alors danse et dynamique de l'homme au sein de la circuminvolution divine.

« L'incarnation de Dieu dans sa créature (...) ne se dissipe pas [en celle-ci dans la mesure où la proximité de Dieu lui permet de] prendre vraiment réalité et valeur. Si incompréhensible que cela puisse paraître, il y a, de la part de celui qui se trouve ainsi placé dans l'immédiateté de Dieu, comme une participation à cette descente de Dieu dans la finitude qui, de ce fait, devient positive. (...) L'homme qui se tient dans la lumière, comme la réalité aimée et préférée (...) [de Dieu] participe à cette sympathie (...) par l'amour du prochain (...) à l'amour du monde et (...) [ouvre ainsi avec lui] un éternel matin. (1)

(1) Karl Rahner, Discours d'Ignace de Loyola aux jésuites d'aujourd'hui, Paris, Le Centurion, 1978 p. 24sq

15 novembre 2017

Le principe de l’agir - Maurice Blondel

Après un long plaidoyer sur l'agir, Blondel en vient au cœur de notre sujet sur l'immanence : Il faut, pour lui, « rechercher s'il n'y a pas un mouvement initial qui persiste toujours, qu'on aime et qu'on veut, même quand on le renie ou quand on en abuse » (1).

C'est la peut-être le creuset de ce que je cherche à définir comme tressaillement, cette interaction fragile entre l'homme et l'auto-communication d'un Dieu agenouillé.

Ce mouvement est-il la symphonie du Dieu trine qui, dans le creuset de notre coeur, nous invite à danser une partition nouvelle ?

(1) Maurice Blondel, l'Action, Paris, Felix Alcan, éditeur, 1893, page XX de l'introduction.

23 septembre 2017

Le silence du fleuve

Après nous avoir vanté la bernique, l'éponge et l'anémone comme autant de symbolique d'orants, après nous avoir invité à être Ichtus (poisson/chrétiens) mettant Christus au centre (cf. AbCBA), voici que François Cassingena-Trévédy(1) nous exhorte à écouter le fleuve, cette eau silencieuse qui coule au milieu du brouhaha de nos vies. Qu'arrive-t-il alors, sinon le tressaillement ultime de l'homme qui a creusé en lui un lit pour la Parole, qui a transformé son coeur en amphore spirituelle, éponge et anémone qui vivre à la danse de Dieu et de son fleuve d'amour (2)

vitrail de la basilique d’Issoudun


(1) op. cit. p. 188ss
(2) cf. là encore ma "danse trinitaire" in l'Amphore et le fleuve.

20 septembre 2017

La danse trinitaire - 7ss - François Cassingena-Trévédy

Je ne résiste pas à citer toute cette page de François Cassingena-Trévédy qui pourrait être un bon résumé de mon livre éponyme...
"Nous sommes assistés (...) Nous assistons à l'Échange, à ces Trois qui Se passent et Se disent en nous ? Certes nous sommes habités, mais nous sommes aussi emportés ; emportés dans la circulation, dans le dynamisme vertigineux de l'Échange. Car si nous tenons de Dieu "la vie, le mouvement et l'être " (Actes 17, 28), c'est que Dieu est en lui-même non seulement la Vie et l'Existant, mais le Mouvement. (...) une mobilité vertigineuse, celle de la vie même (...) excès d'infini. Ce Mouvement, c'est l'intimité trinitaire elle-même, l'Échange vertigineux et infini du Père, du Fils et de l'Esprit ; en un mot, c'est la Circumincession des Personnes (...) la Dynamis (...) auquel nous n'assistons pas seulement, mais nous sommes emportés dans une Danse, un Mouvement dont la vitesse vertigineuse se mesure, si l'on peut dire en années-lumières" (1)
Le moine de Ligugé continue plus loin en parlant de systole - phase ascendante de ce "grand Mouvement dans lequel nous sommes emportés", mais évoque aussi une phase descendante, une diastole où le Père nous donne, nous confie au Fils, qui nous donne à l'Esprit. On a là le mouvement intérieur propre à Jean qui va de Jn 1 à 6,44, 10,29 puis à 17,26 jusqu'à cette interprétation d'Irénée qui voit dans le geste du bon samaritain celui du Fils qui donne l'homme souffrant à l'Esprit (2)

(1) François Cassingena-Trévédy, op. cit. p. 142
(2) Irénée de Lyon, AH III, 17, 3 SC 211 p.337 Cité par François Cassingena-Trévédy op. cit. p. 146

18 septembre 2017

Le lieu-dit de Dieu

Voir l'homme comme le "lieu-dit de Dieu"(1), comme le lieu où s'échangent les kénoses intra-trinitaires. N'est-ce pas à la fois osé et lumineux de la part de François Cassigena-Trévédy d'affirmer cela.
Et pourtant j'y retrouve, dit autrement, tout ce que j'ai décrit, à la suite de Hans Urs von Balthasar et des pères de l'Église sur la circumincession et la danse trinitaire.

Le tressaillement de l'homme priant n'est-il pas la rencontre ultime de l'homme et de Dieu ? N'est-ce pas ce chant des anges que perçoit Élie sur la montagne quand il parvient à faire silence et entendre son murmure (1 Rois 19) ?
Dire que l'homme priant est le temple où Dieu vient danser, c'est percevoir l'enjeu même de l'incarnation, de cette source intérieure d'où tout peu jaillir.
En parlant de "danse" les propos de François Cassingena-Trévédy ne font que confirmer mon intuition largement étalée dans ce blog (2). Il va même un cran plus loin en lui donnant une dimension montante et descendante. La danse auquel Dieu nous invite est bien trinitaire (3)

(1) François Cassingena-Trévédy, Pour toi quand tu pries, op. Cit. p. 141
(2) cf. aussi mon livre éponyme repris dans "sur les pas de Jean"
(3) FCT ibid. p. 142ss