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09 mars 2016

Mort et mission

On connaît probablement l'interprétation de Bernard Sesboué sur la conscience progressive du Christ. J'apprécie ce que dit Balthasar sur le même thème, car il rejoint mes travaux en cours sur l'humilité de Dieu : "L'homme Jésus se comprend lui-même (...) comme ce qu'il est : La Parole du Père adressée au monde, dont la mission comporte le destin du grain de froment : mourir pour le monde et par là porter du fruit. Par là même il fait l'expérience de Dieu, non dans une vision objective, séparée de sa propre réalité, mais dans une humilité qui ne réfléchit pas sur elle-même (...) mais laisse en soi toute la place à Dieu et éprouve en sa propre réalité fonctionnelle la réalité du Dieu qui l'envoie, dispose de lui et l'engendre  éternellement. (...) la transparence de son humilité est expression de son assomption" (1)

On retrouve là l'accent de Ph. 2, 7, mais aussi cette idée de décentrement propre à Jean 15 et 16, où le Fils se love dans le projet du Père. 

(1) Hans Urs von Balthasar, La Gloire et la Croix, Apparition,  tome 1, Cerf,  Ddb, 1965-1990, p. 275 (GC1)


09 février 2016

De l'humilité à l'Église

Si je suis bien les propos de Balthasar qui part du postulat que l'humanité du Christ est la voie principale, "l'accès ouvert vers le Père" (1), le processus d'expropriation de l'homme, de décentrement, trouve son aboutissement dans une humilité extrême qui conduit l'homme à "renoncer à sa nature individuelle au profit d'une anima ecclesiastica" (2), c'est à dire qu'il n'est plus rien qu'une âme vouée à plus grand que lui-même, cette Église des saints auquel il donne tout.

On entre ici en correspondance avec l'obéissance décrite chez Madeleine Delbrêl par B. Pitaud dans son petit complément à la lettre des Amis de Madeleine Delbrêl sur les prêtres ouvriers où il insiste sur cette fidélité malgré tout à l'Église en 1953, alors même que la crise fait rage. Cette obéissance est chemin, non parce qu'elle serait une forme de soumission aveugle mais bien parce que Madeleine a compris combien l'Église prime ici sur l'individuel.‎ "On ne fait rien de bon en dehors de l'Église. On ne peut annoncer Jésus-Christ que si l'on est soi-même greffé à son Corps".

(1) Hans Urs von Balthasar, La Gloire et la Croix, Apparition, tome 1, Cerf DDB, 1965-1985, (GC1) p. 212
(2) ibid p. 216
(3) Bernard Pitaud, Supplément n. 91 à la Lettre aux Amis de Madeleine Delbrêl, p. 11


16 janvier 2016

Humilite de Jacob

Qu'est ce que la foi ? C'est  d'abord un don de Dieu.  Mais c'est aussi une rencontre où l'humilité de l'homme se fait le creuset d'un possible. 

Parfois l'humilité est-elle même don de Dieu,  car en nous voyant prendre des chemins sans issue, il nous conduit,  avec bonté et miséricorde,  vers la prise de conscience de notre faiblesse.  

Nous avons vu dans notre analyse des grands patriarches des exemples de ce cheminement vers Dieu.  Écoutons ce qu'en dit Saint Clément : "C'est par la foi que Dieu nous a justifiés dès le commencement.

Attachons-nous à la bénédiction de Dieu et voyons quels en sont les chemins. Reprenons les faits depuis le commencement. Pourquoi Abraham notre père fut-il béni ? N'est-ce pas pour avoir pratiqué justice et vérité dans la foi ? Isaac, avec confiance, sachant ce qui allait arriver, se laissa volontiers conduire au sacrifice. Jacob, avec humilité, quitta son pays à cause de son frère, s'en alla chez Laban et le servit, et c'est à lui que furent attribuées les douze tribus d'lsraël.

Si l'on considère un par un, d'un regard sincère, les dons faits par Dieu, on reconnaîtra leur grandeur. (...)

Tous ont reçu gloire et grandeur, non par eux-mêmes ni par leurs œuvres ou par la justice qu'ils auraient pratiquée, mais par la volonté de Dieu. Et nous, appelés par sa volonté dans le Christ Jésus, ce n'est pas par nous-mêmes que nous sommes devenus des justes. Et c'est ni par notre sagesse, notre intelligence, notre piété, ni par les actions que nous aurions accomplies dans la pureté du cœur, mais par la foi. Depuis le commencement, tous les hommes que Dieu a rendus justes, c'est par la foi qu'il les a justifiés". (1)

(1) Saint Clément de Rome, Lettre aux Corinthiens

09 janvier 2016

Chemins d'humilité et déréliction

Prendre conscience de nos abandons réguliers c'est entrer en contemplation, avec toute l'Église, de la déréliction‎ et de l'abandon du Christ à l'aurore de sa vie.
A chaque fois que nous célébrons sa mort, nous contemplons sa solitude dans le jusqu'au bout de l'amour. Et à chaque fois que nous percevons combien son amour nous dépasse, nous percevons combien nous avons besoin de sa venue en nous...
De même, A. Von Speyr fait écho de cela a propos de ce qu'elle appelle les chargés de mission, ceux qui sont suffisamment décentrés pour percevoir combien notre vie n'a de sens qu'en diaconie pour Dieu. "Tout ce qui arrivera désormais dans la vie du chargé de mission se trouvera sous le signe de l'amour de Dieu, y compris ce qu'il ne comprend, y compris ce qui accentue, par nécessité, sa solitude et sa déréliction, ce qui ne permet plus de témoigner sa communion avec les hommes autrement que comme une communion en Dieu(1)".

(1) Adrienne von Speyr, Le mystère de la mort, op. Cit p. 87







08 janvier 2016

L'ultime kénose

On s'attache souvent à décrire l'humilité du Fils dans son incarnation, dans sa vie cachée puis dans sa vie publique en mettant le sommet dans le double agenouillement du lavement des pieds et de la Croix. On oublie par contre de souligner que son départ post-pascal est aussi l'humilité du Fils qui disparaît pour laisser place à l'Esprit. S'il se donne ensuite, ce n'est finalement que dans l'infime présence d'un pain rompu. Mais sa présence est alors si humble que nous passons à côté et négligeons le fait qu'une fois encore il se donne pour nous conduire au Père.

25 décembre 2015

Humilité de Dieu - 4

Ce n'était probablement pas ce à quoi la Vierge s'attendait après la visite de l'ange. On lui avait prédit l'arrivée d'un grand homme à qui l'on "donnera le trône de David" (Luc 1, 32) et la voilà rejetée de la salle commune,  obligée d'accoucher dans une mangeoire,  lieu impur dans le monde juif et pour cette femme que l'Église acclame comme immaculée. Paradoxe que cette naissance humble,  que ce Dieu qui se cache dans un homme dont la vie sera longtemps faite de fuite et de silence et qui finira dressé sur un gibet au milieu des malfaiteurs.  Il n'est pas venu pour les pharisiens mais les prostituées et les publicains (Mat 21, 30), qui nous précéderons dans le royaume.  

Le Fils de l'homme est né, Noël !
Jésus nous est donné.
Jour de notre grâce :
L'étable accueille un Dieu caché,
Rebut de notre race,
Il vient sauver le monde entier.





05 décembre 2015

Les trois étapes de l'Oraison

Jean-Jacques Olier nous invite à trois étapes. La première est une contemplation ou une adoration. "Jésus dans les yeux"(1), c'est à dire voir et méditer tous les dons qu'il nous fait à commencer par cette humilité même de Celui "qui enrichit les autres en s'appauvrissant, car Il adopte la pauvreté de ma chair pour que moi je m'enrichisse de sa divinité. Lui qui est plénitude s'anéantit, Il se dépouille de sa propre gloire pour un peu de temps, afin que moi, je participe à sa plénitude. : ‎" (2)

La deuxième étape est une étape de communion ‎: "Jésus dans le coeur". Personnellement je garde toujours ces images des saints représentés par la peinture médiévale, à genoux devant la Croix pour recueillir le précieux sang. Elle nous permet d'ouvrir nos coeurs à cette source immense, ce fleuve du don de Dieu qui se donne et nous embrase, sans compter.
Olier invite lui au silence "pour recevoir l'étendue des dons".

La troisième étape est une coopération à l'oeuvre divine : "Jésus dans mes mains" qui nous fait actualiser ces dons reçus, qui nous transforment en "instruments de Dieu" (3) dans cette dynamique sacramentelle (4) souvent évoquée dans ces pages.

Elle est aussi une manière de rendre Dieu présent dans nos vies, en faire le centre, la source et l'horizon...

(1) Cité par Gilles Chaillot, op Cit p. 20-21
(2) Homélie de Grégoire de Naziance, source AELF 
(3) cf Etty Hillesum. ‎"C'est par l'homme que l'homme doit connaître le chemin du salut" disait aussi Léon XIII en 1889, cité par Dom Chautard, L'âme de tout apostolat, 1915. p.5
(4) voir aussi mon livre éponyme



19 novembre 2015

Racines d'humilité

Pour suivre ce que Madeleine suggère sur la différence entre les oeuvres et l'inhabitation par Dieu, il nous faut contempler ce qu'elle dit dans "S'unir au Christ en plein monde" (1)‎ :

"Dans n'importe quelle sainteté il faut une racine d'humilité qui nous mette le nez en terre et nous rende capable de prier. Dans l'autre sens, la ligne pique en plein ciel : c'est la prière. Tous les saints inventés par Dieu n'ont pu être saints qu'en étant humbles".

Pourquoi cette voie ? Probablement parce que nos oeuvres seules risquent de nous laisser croire qu'elles sont de notre fait, alors qu'elle n'ont de sens que si elles viennent et sont portées par et en Dieu. C'est dans notre vie intérieure que s'opère le décentrement le plus radical et dès que nous prenons de la distance avec elle rejaillit la tentation du valoir.

"Tu es celle qui n'est pas", poursuit-elle, rejoignant, selon Bernard Pitaud le néant de saint Jean de la Croix (2). Nous en parlions longuement dans notre analyse "chemin du désert" à propos du "tout est rien" de Thérèse d'Avila‎. Seule cette manière de contempler nos actes nous rapprochent véritablement de Dieu. Le reste est orgueil et vanité.

(1) op Cit p. 133, cité par Gilles François / Bernard Pitaud, Madeleine Delbrêl, Poète, assistante sociale et mystique, op Cit p. 185
(2) Pitaud, op Cit p. 186

11 novembre 2015

Humilité de l'Église - 7

Retour au source.  Pour comprendre l'impossible chemin pris par notre pape pour travailler à une plus grande humilité de l'Église,  on peut relire et contempler la voie prise par son saint patron : "François, petit pauvre et père des pauvres, voulait vivre en tout comme un pauvre ; il souffrait de rencontrer plus pauvre que lui, non pas par vanité mais à cause de la tendre compassion qu'il leur portait. Il ne voulait qu'une tunique de tissu rêche et très commun ; encore lui arrivait-il bien souvent de la partager avec un malheureux. (...) François, petit pauvre et père des pauvres, voulait vivre en tout comme un pauvre ; il souffrait de rencontrer plus pauvre que lui, non pas par vanité mais à cause de la tendre compassion qu'il leur portait. Il ne voulait qu'une tunique de tissu rêche et très commun ; encore lui arrivait-il bien souvent de la partager avec un malheureux."

Thomas de Celano, « Vita prima » de Saint François, §76 (trad. Desbonnets et Vorreux, Documents, p. 257) 

01 novembre 2015

Chemins d'humilité

Après nous autres gens des rues, nous poursuivons notre approche de Madeleine Delbrêl avec sa biographie par Gilbert François et Bernard Pitaud (1). Un poème de Madeleine y résonne avec ce que nous écrivions sur les chemins d'humilité, mais aussi avec cet agenouillement d'Etty Hillesum. Il retrace le cheminement intérieure de la jeune athée, touchée par un appel à 5 minutes de silence de Sainte Thérèse d'Avila.
"J'ai ployé mes genoux et j'ai tendu mes mains et j'ai l'humilité des pauvres qui demandent. Je me suis prosternée car je ne suis pas digne que tu passes ma porte et que tu t' y reposes" (2)

(1) in Gilbert François et Bernard Pitaud, Madeleine Delbrêl, Poète, assistante sociale et mystique, Nouvelle cité, 2014
(2) 2 février 1924, p. 48

31 octobre 2015

Un coeur à coeur - humilité et douceur

Il nous faut abandonner toute tentation d'être des sachants. "L'Évangile n'est vraiment annoncé que si l'évangélisation reproduit entre le chrétien et les autres le coeur à coeur du chrétien avec le Christ de l'Évangile. Mais rien au monde ne nous donnera l'accès au coeur de notre prochain sinon le fait d'avoir donné au Christ l'accès au nôtre". Pour Madeleine, ce que nous apprend le Christ, c'est "l'humilité et la douceur", condition nécessaire pour avoir un coeur véritablement fraternel.
A contempler sans modération...

Madeleine Delbrel, ‎ibid. P. 271


01 septembre 2015

Souffrir avec le Christ

‎"Souffrir et être humilié pour le Christ et avec le Christ" (1)


Comme le note récemment le pape François, on compte plus de martyrs aujourd'hui qu'au premier siècle...

Combien faudra-t-il de martyrs pour parvenir au troisième jour évoqué par Origène (cf. plus haut) ? Seigneur que ton règne vienne !

‎(1) attribué à saint Jean de la Croix, cf. Bruno de Jésus Marie, saint Jean de la Croix, Paris,Plon, 1929, cité par Jean  XXIII, le journal de l'âme, op. Cit p. 85 et p. 467‎ en contemplation de la Pieta, Jésus mort et l'Addolorata


25 août 2015

Cinq chemins de conversion

Un petit sentier, tracé par saint Jean Chrysostome, qui semble tout simple et pourtant va à l'essentiel :
a) la condamnation de nos péchés,
b) le pardon accordé aux offenses du prochain;
c) la prière ;
d) l'aumône
e) l'humilité. 
"Ne reste donc pas inactif, mais chaque jour emprunte tous ces chemins ; ce sont des chemins faciles et tu ne peux pas prétexter ta misère. Car, même si tu vis dans la plus grande pauvreté, tu peux abandonner ta colère, pratiquer l'humilité, prier assidûment et condamner tes péchés. Ta pauvreté ne s'y oppose nullement. Mais qu'est-ce que je dis là ? alors que, sur ce chemin de la conversion où il s'agit de donner ses richesses (c'est de l'aumône que je veux parler), même la pauvreté ne nous empêche pas d'accomplir le commandement. Nous le voyons chez la veuve qui donnait ses deux piécettes. Nous avons donc appris comment soigner nos blessures; appliquons ces remèdes: revenus à la vraie santé, nous profiterons hardiment de la table sainte et avec beaucoup de gloire nous irons à la rencontre du roi de gloire, le Christ. Obtenons les biens éternels par la grâce, la miséricorde et la bonté de Jésus Christ notre Seigneur."
(1)  Saint Jean Chrysostome, Sermon sur le diable tentateur,  source Bréviaire AELF

22 août 2015

Marie, chemin d'humilité


Je continue ma méditation matinale en lisant ce texte proposé d'Isaïe 37 :
"Voici la parole que Yahweh a prononcée contre lui : Elle te méprise, elle se moque de toi, la vierge, fille de Sion ; elle branle la tête derrière toi, la fille de Jérusalem ! (...) Parce que tu es furieux contre moi, et que ton arrogance est montée à mes oreilles, je mettrai mon anneau dans ta narine et mon mors à tes lèvres, et je te ferai retourner par le chemin par lequel tu es venu. (...) Et ceci sera un signe pour toi : On mangera cette année le produit du grain tombé; la seconde année, on mangera ce qui croit de soi-même; mais la troisième année, vous sèmerez et moissonnerez, vous planterez des vignes et vous en mangerez le fruit.  Car de Jérusalem il sortira un reste, et de la montagne de Sion des réchappés. Voilà ce que fera le zèle de Yahweh."
Le reste, un thème qui traverse la Bible, depuis 1 Rois 19 où Élie découvre qu'il n'est pas seul (2), jusqu'à ce rameau de Jessé évoqué plus haut.
Elle se moque de ton arrogance,  la vierge de Sion. Son "fiat" est foi inconditionnelle, "Me voici !" en réponse à l'éternel "où es-tu ?" de Dieu dans le jardin du monde (cf. Gn 3).
Elle est chemin d'humilité et n'ouvre la voix qu'à Cana pour dénoncer la soif du monde.
Figure à contempler donc, pour l'arrogant que je suis, sensible d'ailleurs à cette réflexion de saint Jean Chrysostome : " Pour que tu apprennes combien il est bon de ne pas avoir une haute idée de soi-même, représente-toi deux chars. Attelle à l'un la vertu et l'orgueil, à l'autre le péché et l'humilité. Tu verras l'attelage du péché devancer celui de la vertu, non certes par sa propre puissance, mais par la force de l'humilité qui l'accompagne, et tu verras l'autre dépassé non à cause de la faiblesse de la vertu, mais à cause du poids et de l'énormité de l'orgueil." (3)
(1) Isaïe 37:22, 29-30, 32 BCC1923
(2) cf. la thèse de François Varone, Ce Dieu sensé aimer la souffrance. "Il en reste 7000" que je reprends in Chemins d'Evangile, p. 641
(3) Sur l'incompréhensibilité de Dieu, 5, 6-7 ; PG 48, 745 (trad. Orval rev.), source AELF

02 juillet 2015

Désir de paraître

"Vous connaissez mes défauts, mon désir de paraître, mon besoin d'être caché, de m"abaisser (...) et malgré tous mes défauts, mon désir d'aimer" nous dit Jean XXIII avant de citer 1 Cor 4, 7 " qu'as tu que tu n'aies reçu ? Et si tu l'as reçu, pourquoi t'en glorifier" (1)

‎Jean XXIII ajoute (2) :"Donne moi de te connaître comme le demandait saint Augustin : "que je te connaisse pour me connaître, et que je t'aime pour me mépriser" (3)

A méditer.


(1) Journal de l'âme, op. Cit p. 138 et 139

(2) Jean XXIII ibid. p. 141
(3) saint Augustin, Soliloques, II, I, 1 ; PL 32, 885

24 juin 2015

Jean Baptiste, une leçon d'humilité

La lecture du bréviaire est une leçon d'humilité,  ce matin en la fête de saint Jean Baptiste.  Saint Augustin nous précise que Jean apparaît "comme une frontière placée entre les deux testaments, l'ancien et le nouveau. (...) Il est un personnage de l'antiquité et le héraut de la nouveauté. Parce qu'il représente l'antiquité, il naît de deux vieillards ; parce qu'il représente la nouveauté, il se révèle prophète dans les entrailles de sa mère. (...) Il apparaît déjà comme le précurseur du Christ, avant que celui-ci puisse le voir. (...) Zacharie se tait et perd la parole jusqu'à la naissance de Jean, précurseur du Seigneur, qui lui rend la parole. Que signifie le silence de Zacharie sinon que la prophétie a disparu, et qu'avant l'annonce du Christ, elle est comme cachée et close ? Elle s'ouvre à son avènement, elle devient claire pour l'arrivée de celui qui était prophétisé. La parole rendue à Zacharie à la naissance de Jean correspond au voile déchiré à la mort de Jésus sur la croix. Si Jean s'était annoncé lui-même, la bouche de Zacharie ne se serait pas rouverte. La parole lui est rendue à cause de la naissance de celui qui est la voix ; car on demandait à Jean qui annonçait déjà le Seigneur : Toi, qui es-tu ? Et il répondit : Je suis la voix qui crie dans le désert. La voix, c'est Jean, tandis que le Seigneur est la Parole : Au commencement était le Verbe. Jean, c'est la voix pour un temps ; le Christ, c'est le Verbe au commencement, c'est le Verbe éternel." (1)
De meme la lecture d'Isaie rappelle la vocation du prophète : "Seigneur parle, lui qui m’a façonné dès le sein de ma mère pour que je sois son serviteur, que je lui ramène. (...) Oui, j’ai de la valeur aux yeux du Seigneur, c’est mon Dieu qui est ma force." (2)
Mais un autre texte d'Augustin vaut le détour : "Jean naît lorsque le jour commence à diminuer ; le Christ, lorsque le jour se met à croître. La diminution du jour pour l'un est le symbole de sa mort violente. Son accroissement pour l'autre, l'exaltation de la croix.     Il y a aussi un sens secret que le Seigneur révèle...par rapport à ce mot de Jean sur Jésus Christ : « Il faut qu'il croisse et que moi je diminue ». Toute la justice humaine...avait été consommée en Jean ; de lui la Vérité disait : « Parmi les enfants des femmes, il n'en est point surgi de plus grand que Jean Baptiste » (Mt 11,11). Nul homme, donc, n'aurait pu le dépasser ; mais il n'était qu'un homme. Or, en notre grâce chrétienne, on nous demande de ne pas nous glorifier dans l'homme, mais « si quelqu'un se glorifie, qu'il se glorifie dans le Seigneur » (2Co 10,17) : homme, en son Dieu ; serviteur, en son maître. C'est pour cette raison que Jean s'écrie : « Il faut qu'il croisse et que moi je diminue. » Bien sûr Dieu n'est ni diminué ni augmenté en soi, mais chez les hommes, au fur et à mesure que progresse la vraie ferveur, la grâce divine croît et la puissance humaine diminue, jusqu'à ce que parvienne à son achèvement la demeure de Dieu, qui est en tous les membres du Christ, et où toute tyrannie, toute autorité, toute puissance sont mortes, et où Dieu est tout en tous (Col 3,11).     Jean l'évangéliste dit : « Il y avait la vraie lumière, qui éclaire tout homme venant en ce monde » (1,9) ; Jean-Baptiste, lui, dit : « Nous avons tous reçu de sa plénitude » (Jn 1,16). Lorsque la lumière, qui est en elle-même toujours totale, s'accroît néanmoins en celui qui en est illuminé, celui-là est diminué en lui-même lorsque s'abolit en lui ce qui était sans Dieu. Car l'homme, sans Dieu, ne peut rien que pécher, et sa puissance humaine diminue lorsque triomphe la grâce divine, destructrice du péché. La faiblesse de la créature cède à la puissance du Créateur et la vanité de nos affections égoïstes s'effondre devant l'universel amour, tandis que Jean Baptiste du fond de notre détresse, nous crie la miséricorde de Jésus Christ : « Il faut que lui grandisse et que moi je diminue ». (3)
(1) Homélie de saint Augustin sur la naissance de saint Jean Baptiste
(2) Isaïe 49
(3) Sermon pour la naissance de Jean Baptiste ; Mai 109 ; PLS II, 497 (trad. Quéré in L'Année en fêtes, Migne 2000, p. 507 rev.)

06 novembre 2014

Humble et pauvre - Christ serviteur, suite

Voilà ce que nous indique ce grand mystère, celui d'un Dieu, qui s'est fait homme et pauvre pour nous. C'est pour relever la chair, sauver son image, remodeler l'homme afin que tous nous devenions un seul être dans le Christ, qu'en nous tous il est devenu parfaitement tout ce qu'il est lui-même. Ainsi n'y a-t-il plus chez nous l'homme et la femme, il n'y a plus ni barbare ni sauvage, ni esclave ni homme libre,car ce sont là des distinctions qui viennent de la chair. Nous portons seulement en nous l'empreinte de Dieu par qui et pour qui nous sommes crées. Cette empreinte nous a formés et marqués de telle sorte qu'elle seule permet de nous reconnaître. (1)

(1) Grégoire de Naziance, Homélie pour enterrement de son frère Césaire

26 septembre 2014

Historicité du baptême du Christ - J.P. Meier, vol 1 - III

John P. Meier définit parmi les principaux caractères d'historicité celui de l'embarras. Pour lui, si une scène de la vie du Christ ou une parole est embarrassante pour les chrétiens après Pâques, c'est qu'elle est historiquement authentique. Il cite à ce sujet le baptême du Christ, évoqué en Marc et progressivement gommé par les autres synoptiques pour disparaître chez Jean.

Mais, pour quelqu'un qui comme moi s'attache à la kénose, peut-on dire que le fait que Jésus s'agenouille devant Jean est embarrassant ? Il a probablement raison de dire que c'est original et décalé, voire marginal, comme l'évoque le titre anglais de son livre.

C'est pour moi au contraire néanmoins au coeur de cet abaissement qui fait du Christ un être "à genoux devant l'homme". L'humilité de Dieu va pour moi jusque là. 

19 janvier 2014

Les écueils de l'évangélisation - Avis de recherche


Ci-joint le premier jet d'un travail à approfondir. Pardon, pour une fois, d'être long.
Ces pages sont susceptibles d'être éditées. Version en ligne : 2

a) Nécessité et limites d'un agir missionnaire

Depuis plusieurs dizaines d'années le lent effritement de l'Église dans nos sociétés développées fait naître des questions sur le besoin d'une nouvelle évangélisation. Déjà, Paul VI dans un texte que nous ne voulons ignorer, « Evangelii Nutiandi, sur l'évangélisation dans le mondemoderne » publié le 8 décembre 1975, soulignait à la fois l'enjeu de cette annonce, mais insistait, non sans raison, sur :
  • sur l'importance d'une conversion préalable de l'évangélisateur lui-même, comme le nécessaire « renversement intérieur que l'Évangile désigne sous le nom de “ metanoia ”, une conversion radicale, un changement profond du regard et du cœur » §10.
    En effet, dit-il, il n'y a pas « il n’y a pas d’humanité nouvelle s’il n’y a pas d’abord d’hommes nouveaux, […] et une vie selon l'Évangile. » § 18
  • et sur la primauté du témoignage d'une vie doit être pour lui, la clé première : « Voici un chrétien ou un groupe de chrétiens qui, au sein de la communauté humaine dans laquelle ils vivent, manifestent leur capacité de compréhension et d’accueil, leur communion de vie et de destin avec les autres, leur solidarité dans les efforts de tous pour tout ce qui est noble et bon. Voici que, en outre, ils rayonnent, d’une façon toute simple et spontanée, leur foi en des valeurs qui sont au-delà des valeurs courantes, et leur espérance en quelque chose qu’on ne voit pas, dont on n’oserait pas rêver. Par ce témoignage sans paroles, ces chrétiens font monter, dans le cœur de ceux qui les voient vivre, des questions irrésistibles : Pourquoi sont-ils ainsi ? Pourquoi vivent-ils de la sorte ? Qu’est-ce — ou qui est-ce — qui les inspire ? Pourquoi sont-ils au milieu de nous ? Un tel témoignage est déjà proclamation silencieuse mais très forte et efficace de la Bonne Nouvelle. » § 21

b) Écouter le monde

« Malheur à moi si je n'évangélise pas », dit-il plus loin, citant 1 Co 9, 16. Et pourtant, l'élan missionnaire des premiers chrétiens doit-il se faire avec la même verve dans un monde qui rejette si profondément le message apparent de l'Église ? N'y-a-t-il pas, d'une certaine manière, avant de sortir l'étendard des vertus évangéliques et revendiquer l'autorité de l'Église, une attention particulière à avoir sur les nouvelles souffrances de notre temps.

Nous devons entendre le cri du monde, dans sa complexité (cf. ibid § 17), avant d'imposer nos valeurs. Pourquoi ? Pas seulement parce que le monde s'est détourné de Dieu, mais peut-être parce qu'une partie du message de l'Église a été mal transmis, ou a brouillé le message.
On peut lire avec intérêt sur ce thème le livre cité dans un des posts précédent (Confession d'un cardinal). Le pape François ne nous invite-t-il pas lui-même à la prudence : « je préfère une Église accidentée, blessée et sale pour être sortie par les chemins, plutôt qu’une Église malade de la fermeture et du confort de s’accrocher à ses propres sécurités. Je ne veux pas une Église préoccupée d’être le centre et qui finit renfermée dans un enchevêtrement de fixations et de procédures » EvangeliiGaudium § 49

Pourquoi une église sale, blessée, voire « pécheresse » comme le suggère certains théologiens comme Moltmann ou Küng doit-elle être préférée à l'Église triomphante, dénoncée par Mgr de Smedt au concile ?

Parce que la rencontre de l'homme moderne ne peut se faire, à mon avis, que dans la fragilité et la tendresse de Dieu.

  1. Le message des petits aux petits
Il y a probablement « un travail intérieur et pastoral à articuler, qui n’est pas éloigné, nous le verrons, de celui qu’a fait Dieu en se révélant à l’homme(*)». Pourquoi est-il nécessaire ? Probablement parce que l'homme qui peut être touché par Dieu est un être souffrant. Or, devant la souffrance, il y a, peut-être, plus qu’ailleurs, d’abord nécessité de se taire. Se taire permet d’entendre la révolte cachée. À négliger ce temps, « on risque de nier l'humanité de la personne et de proposer une parole chrétienne plaquée qui ne peut produire son effet d'humanisation (1)».
Le silence, dit K. Rahner, après une méditation sur la nuit de l’Esprit, est chemin : « Tu as voilé ton Amour dans l'ombre de Ton Silence. Tu m'as délaissé pour m'obliger à te trouver (2) ... » Ce silence qui suit le cri, y compris celui du « tombeau vide »(3), est de fait l’antichambre de la venue en l’homme d’une présence plus intérieure(4). La difficulté est que cette venue, cette brèche, évoquée par J. Daniélou(5), est peut-être justement un lieu pastoral. Il faut néanmoins que la personne souffrante ne demeure pas dans ce cri et parvienne à découvrir autre chose.
En disant cela, on ne s'éloigne pas du chemin de Dieu vers l'homme, de son agenouillement. N'est-ce pas celui de Jésus devant la Samaritaine (cf. Jn 4), qui commence par partager sa souffrance en lui disant, avant tout discours : « J'ai soif ». J'ai soif de toi. Une évangélisation qui ne se met pas humblement à genoux devant l'homme avant de porter le message d'une joie intérieure et fragile, n'est pas « évangélique ».
Dans l'humilité et la fragilité, une rencontre est possible. La kénose est ce chemin que Dieu nous montre, pour nous conduire à cette union des souffrants, que nous ne pouvons regarder de haut. D’ailleurs, note avec justesse X. Thévenot, « il y a un personnage qui a réussi à rejoindre Jésus dans sa souffrance, alors que les autres l'injurient ou se taisent. C'est justement un personnage qui souffre également. C'est le Bon Larron(6)».
Ce renoncement n’est pas effacement, mais amour. Comme le note D. Brown : « [le] plus problématique [...] dans les diverses analogies kénotiques est celui qui affirme, sans poser de questions, que dans la kénose Dieu entrait dans une forme d'existence inférieure plutôt que dans une sorte d'être différente. Bien entendu, elle était inférieure au sens où il y avait moins de puissance, de connaissance, et ainsi de suite, mais cela ne comporte aucune implication nécessaire d'un moindre degré de valeur ou d'accomplissement potentiel dans cette forme d'existence très différente(7). » L’amour d’un Dieu souffrant n’est pas celui d’un sous-dieu. C’est celui qui nous entraîne ailleurs, fait prendre conscience que « seul l’amour est digne de foi(8)» et que la chaîne humaine qui peut prendre naissance en faisant Église, permet d’engendrer mutuellement dans la foi.
D’une certaine manière, on rejoint les propos rassemblés par P. Bacq et C. Théobald lorsqu’ils tracent le chemin d’une pastorale d’engendrement(9). On peut discuter les moyens « kénotiques (10) » qu’ils défendent. Il me semble que la lente manducation de la Parole, la redécouverte de l’histoire d’un peuple souffrant comme celle d’un Dieu souffrant, notamment par la lectio divina (11), demeure le chemin vers la découverte de l’amour, et par delà l’amour, de l’espérance d’une vie après la mort.
Ce chemin s’insère dans l’un des trois axes principaux d’une pastorale de proposition(12), au titre de la diaconie (13) (servir la vie des hommes). Il n’exclut pas, mais complète et prépare les autres approches, y compris la liturgie.
Nous l’avons vu, il n’existe pas pour autant de réponse pastorale idéale. Le risque peut être de s’arrêter trop vite aux premiers temps, sans permettre d’aller plus loin. Le travail d’une pastorale d’engendrement peut être celui qui passe de l’accueil de l’émotion à « une opération de symbolisation, c'est-à-dire favoriser un passage d'une émotion brute à une émotion élaborée et symbolisée en la reliant. En la reliant au passé et au futur de la personne, à son entourage, à Dieu, à un message comme celui de l'Évangile. L'émotion brute fige la personne alors que la symbolisation redonne de la vie par fluidification, par relation reconstituée(14)».
C’est probablement dans l’articulation mesurée de ces approches et de ces accompagnements que l’on pourra trouver un moyen de réduire les rejets que la souffrance a générés.

  1. Des souffrances que l'on ne peut ignorer.
Parmi les principaux écueils actuels à l'évangélisation, on ne peut que citer quelques sujets qui fâchent et notamment une nécessaire et urgente pastorale vis-à-vis des blessés de la vie que sont l'ensemble des souffrants au sein duquel on peut et doit compter les divorcés remariés, les homosexuels, les femmes marquées par l'avortement ou par la violence.
Une pastorale qui s'attaque pas déjà à ces lieux où l'Église est pour l'instant absente ne pourra qu'ériger un discours qui passera à côté de ceux qui sont le plus marqués par le rejet de l'Église. Or le message ne peut être qu'universel, si le mot catholique veut prendre son sens le plus complet.

e) Des pistes à trouver

Il n'y a pas qu'un chemin vers le coeur de l'homme. Danièle Hervieu Léger, dans un de ses ouvrages parlait de ces multiples voies (culturel, social, tradition, sensible) qui sont autant de failles. On ne peut articuler une seule voie d'évangélisation mais réfléchir ensemble à des pistes et des sentiers qui mettent la priorité sur l'écoute et la fragilité et permettent de faire sentir qu'il ne s'agit pas d'abord d'une morale, mais bien d'une joie, celle d'un évangile qui parle au coeur de l'homme, le transforme de l'intérieur et le fait grandir. 

f) Un inépuisable travail de recherche.

Ce blog a déjà recensé plusieurs ouvrages qui m'ont accompagné sur ce chemin et me semblent utiles pour avancer sur cette piste.
Citons, au risque d'en omettre beaucoup mes dernières lectures (notamment dans le cadre de mon travail sur la souffrance - cf. plus loin) :

  1.  Exégèse

Asurmendi, Jesus, Job, Paris, Éditions de l’Atelier, 1999.
Balmary, Marie, Le sacrifice interdit, Paris, Seuil, 1994
Beauchamp, Paul, Cinquante portraits bibliques, Paris, Seuil, 2000.
Beauchamp, Paul, La Loi de Dieu, Paris, Seuil, 1999.
Beauchamp, Paul, L'un et l'Autre Testament, Seuil, 1976.
Buis, Pierre, Le livre des Rois, Paris, Librairie Lecoffre, J. Gabalda et Cie, «  Sources Bibliques », 1997.
Pury (Albert de), Le Pentateuque en question, Genève, Labor & Fides, 1989.
Savran, George W., Encountering the divine, theophany in Biblical Narrative, London & New York, T&t Clark Ltd, 2005.
Wenin, André, L’homme biblique, Lectures du Premier Testament, Paris, Cerf, 2004


2. Philosophie

Jonas, Hans, Le principe responsabilité, Flammarion, Insel Verlag, 1979, Cerf 1990.
Lévinas, Emmanuel, « Transcendance et Mal », Dieu qui vient à l’idée, Paris, Vrin, 1982, texte repris dans Nemo, Phillipe, op. cit. Job et l’excès du mal, Paris, Albin Michel, 1999, p. 143ss
Lévinas, Emmanuel, Autrement qu’être ou au-delà de l’essence, La Haye, Martinus Nijhoff, 1974.
Marion, Jean-Luc, « La conscience du don », Jean-Noël Dumont et Jean Luc Marion, Le Don, Colloque interdisciplinaire, Lyon, Le Collège supérieur, 2001.
Marion, Jean-Luc, Étant donné, Paris, PUF, Collection Epithémée, 1997.
Nemo, Philippe, Job et l’excès du mal, Paris, Albin Michel, 1999.
Porée, Jacques, Le mal, Homme coupable, homme souffrant, Paris, Armand Colin/HER, 2000.
Ricœur, Paul, Philosophie de la volonté, notamment le tome 2, Finitude et culpabilité, Paris, Aubier, 1960.
Ricœur, Paul, Le mal, un défi à la philosophie et la théologie, Genève, Labor et Fides, 1996.
Sibony, Daniel, Don de soi ou partage de soi ? le drame Lévinas, Paris, Odile Jacob Poches 2004.

3. Études théologiques

Antony, Arockia Savariappan, Les funérailles chrétiennes, un évènement ecclésial, Mémoire de licence canonique, sous la dir. d'Hélène Bricout, Paris, Institut catholique de Paris, ISL, 2012.
Barth, Karl, L’humanité de Dieu, Genève, Labor et Fides, 2e Édition, 1956.
Brown, David, La tradition kénotique dans la théologie britannique, Paris, Mame Desclée, 2010.
Cantalamessa, Raniero La vie dans la Seigneurie du Christ, Le message spirituel de l’épître aux Romains, Paris-Montréal, Cerf-Médiaspaul, 2010.
Corbin, Michel, La vie de Moïse selon Grégoire de Nysse, Paris, Cerf, 2008.
Daniélou, Jean, La foi de toujours et l’homme d’aujourd’hui, Paris, Beauchesne, 1969.
Daniélou, Jean, Platonisme et théologie mystique, Essai sur la doctrine spirituelle de saint Grégoire de Nysse, Paris, Aubier, 1947.
Gesche, Adolphe, Dieu pour penser – I, Le Mal, Paris, Cerf, 1993.
Garrigues, Jean-Michel, Dieu sans idée du mal, La liberté de l’homme au cœur de Dieu, Limoges, Critérion, 1982.
Gutierrez, Gustavo, « Chapitre IV : Théologie à partir de l’envers de l’histoire », p. 163-235, La force historique des pauvres, Paris, Cerf, 1986,
Kasper, Walter, Jésus der Christus (Jésus le Christ), Matthias Grünewald Verlag, Mayence 1974, Paris, Cerf, 1991
Metz, Johann-Baptist, Memoria passionis, un souvenir provoquant dans une société pluraliste, Paris, Cerf, Cogitatio Fidei, Tr. fr. Jean-Pierre Bagot, 2009.
Metz, Johann-Baptist, La foi dans l’histoire et dans la société, Paris, Cerf, Cogitatio fidei, 1979.
Moingt, Joseph, L’homme qui venait de Dieu, Paris, Cerf, Cogitatio Fidei, 1993-2002.
Moltmann, Jürgen, Le Dieu crucifié, La croix du Christ, fondement et critique de la théologie chrétienne, Paris, Cerf, 1999.
Moltmann, Jürgen, The Trinity and the Kingdom of God, Londres, SCM, 1981, cité par D. Brown ; (Trinité et Royaume de Dieu, Contributions au royaume de Dieu, Paris, Cerf, 1984). 
Moltmann Jürgen, Le Seigneur de la danse, Paris, Cerf-Mame, 1977
Pannenberg
Nietzsche, Friedrich, L’Antéchrist, 1888, traduit par J.L. Hémery in F. Nietzsche, Œuvres philosophiques, tomes 8-1, Paris, Gallimard, 1974.
Rahner, Karl, Appel au Dieu du silence, Mulhouse, Salvator 1970.
Rahner, Karl, Warum läβt Gott uns leiden in Schuld und Leid, Shriften zur Theologie, Band XIV, Zürich, Einsielden, Köln, Benziger Verlag, 1980.
Speyr, Adrienne von, in Philipper, Dienst der Freude, 10, 90-92, cité par Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, IV, Le Dénouement, Culture & Vérité, Namur 1993.
Speyr, Adrienne von, Passion von Innen, cité par Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, IV, op. cit.
Thomas d'Aquin, Somme théologique, t. 1 et 4, Paris, Cerf, 1984 et 1986.
Urs von Balthasar, Hans, La Gloire et la Croix, II. Styles, 1. D'Irénée à Dante, Paris, Aubier, 1968.
Urs von Balthasar, Hans, Dramatique Divine II, 2, Namur, Éditions Culture et Vérité, série «Ouvertures», 1988.
Urs von Balthasar, Hans, Dramatique Divine, IV, Le Dénouement, Namur, Culture & Vérité, 1993.
Urs von Balthasar, Hans, Théologique II, Namur, Éditions Culture et Vérité, série «Ouvertures», 1994.
Urs von Balthasar, Hans, Présence et Pensée, Essai sur la philosophie religieuse de Grégoire de Nysse, nouvelle édition, Paris, Beauchesne, 1988.
Varillon, François, La Souffrance de Dieu, Paris, Le Centurion, Octobre 1975.
Varillon, François, L'humilité de Dieu
Varillon, François, Beauté du monde et souffrance des hommes, Paris, Le Centurion, 1980.

4. Sociologie et Pastorale

Bacq Philippe et Théobald, Christoph (dir.), Une Nouvelle Chance pour l'Évangile, Vers une pastorale d'engendrement, Paris, Lumen Vitae/Novalis/Éditions de l'Atelier, 2004.
Commission Episcopale de Liturgie et de Pastorale Sacramentelle, Pastorale des funérailles, Paris, Cerf/CNPL, Guides Célébrer, 2003.
Gagey, Henri-Jérôme, La nouvelle donne pastorale, Paris, Éditions de l’Atelier, 1999.
Grieu, Etienne, « Pourquoi parler de " diaconie ?" », Paris, Études n° 4143, Mars 2011, p. 353-363.
Hervieu Léger, Danièle, Catholicisme, la fin d'un monde, Paris, Bayard, 2003.
Rondet, Michel
Vibert, Pierre, Les Funérailles avec les personnes éloignées de l'Église, Paris, Éditions de l’Atelier, 2000.
Villemin, Laurent et Pian, Christian (dir.), Les funérailles aujourd’hui, aspiration des familles, proposition de l'Église, Paris, Éditions de l'Atelier, 2009.

5. Essais et spiritualité

Beaulieu, C. Ma blessure est tendresse, Paris, Éditions de l’Emmanuel, 2007.
Duley, Joseph-Alvare, R.P. Fr., Visions d'Anne-Catherine Emmerich sur la vie de Notre-Seigneur Jésus-Christ, La douloureuse Passion et l'établissement de l'Église par les Apôtres ; coordonnées en seul tout, selon l'ordre des faits ; Traduction du texte allemand, par M. Charles d'ebeling, Paris, Téqui, 1947-1995, chapitre 1 & 2.
Germain, Sylvie, Les personnages, Paris, Gallimard, 2004.
Hillesum, Etty, Une vie bouleversée, Journal Intime 1941-1943 et autres lettres de Westerborck, Paris, Seuil 1995.
Thévenot, Xavier, La souffrance a-t-elle un sens ? Paris, Éditions don Bosco, 2011
Sommet, Jacques, Longchamp, Albert L’acte de mémoire, 50 ans après la déportation, Paris, Éditions de l’Atelier, 1995

6. Littérature

Camus, Albert, La Peste, Paris, ‎Bibliothèque de la Pléiade, 1962.
Michelet, Claude, Les défricheurs d’éternité, Paris, Laffont, 2000
Singer, Christiane, Derniers fragments d’un long voyage, Paris, Albin Michel, 2007.

f) Des travaux personnels qui vont dans ce sens.
Petit chercheur dans ce domaine fragile, je tiens à signaler quelques unes des pistes que j'ai déjà creusé et pour lesquels je continuerais à agir, aux côtés de ceux qui sentent qu'une morale ne suffit pas à changer le monde.



Notes :

(*) Cette partie est extrait et adapté de notre livre "Quelle espérance pour l'homme souffrant ?" (op. cit).
(1) Patrick Baudry, Les funérailles et l'approche de la mort aujourd'hui, dans Villemin, Laurent et Pian, Christian (dir.), Les funérailles aujourd’hui, aspiration des familles, proposition de l'Église, Paris, Éditions de l'Atelier, 2009, p. 80.
(2) Karl Rahner, Appel au Dieu du silence, Mulhouse, Salvator, 1970, p. 89.
(3) Sur le tombeau vide, voir notamment les développements de Joseph Moingt, L’homme qui venait de Dieu, Paris, Cerf, Cogitatio Fidei, 1993-2002, p. 356 s.
(4) « On ne peut parler de Dieu que si Dieu lui-même commence à parler », souligne ainsi Jürgen Moltmann, Le Seigneur de la danse, Paris, Cerf-Mame, 1977, p. 58, citant K. Barth.
(5) « Naissance [...] mariage [...] mort [...]. Qu’est-ce que l’homme religieux ? C’est celui qui ne peut pas supporter [...] que ces moments essentiels de l’existence puissent se passer de la présence de Dieu ». Jean Daniélou, La foi de toujours et l’homme d’aujourd’hui, Beauchesne, 1969, p. 72.
(6) Op. cit. p. 53.
(7) D . Brown, La tradition kénotique dans la théologie britannique, Paris, Mame Desclée, 2010 p. 195.
(8) Pour reprendre le titre éponyme d’un ouvrage de Hans Urs von Balthasar.
(9) « La « pastorale d'engendrement » puise son inspiration dans une certaine manière de se référer aux récits fondateurs ». Il s'agit pour les auteurs de transmettre une manière d'être, faite d'accueil et de don, mais surtout redonner une certaine "fécondité à l'Évangile", susciter une "contagion relationnelle" autour de la Parole de Dieu, vecteur de relecture et d'interpellation personnelle et communautaire. in Une Nouvelle Chance pour l'Évangile, Vers une pastorale d'engendrement, publié sous la direction de P. Bacq et Christoph Théobald en 2004 chez Lumen Vitae/Novalis/Editions de l'Atelier, p. 16-18.
(10) Kénose (Voir plus haut)
(11) La lectio divina est une méthode de lecture des textes bibliques, pratiquée de préférence à plusieurs, qui nous conduit à se faire petit témoin des scènes décrites et à manduquer ensemble ce que cette immersion humble dans le récit fait résonner en nous.
(12) Le rôle de la diaconie au sein d’un triptyque qui comprend également le kérygme et la liturgie est particulièrement développé par Etienne Grieu, « Pourquoi parler de « diaconie ? » Etudes n° 4143, Mars 2011, p. 353-363 et notamment p. 356 et 358.
(13) La diaconie est ce mouvement, remis en valeur par Diaconia 2013, où l'Église prend conscience et vit dans une fraternité partagée, avec, autour et dans l’humilité des plus faibles et des plus souffrants
(14) Laurent Villemin, « L'identité et la mission de l'Église interrogées », dans Villemin, Laurent et Pian, Christian (dir.), Les funérailles aujourd’hui, aspiration des familles, proposition de l'Église, Paris, Éditions de l'Atelier, 2009, p. 93

06 janvier 2012

A genoux devant l'homme - l'humilité de Dieu...

J'arrive au bout de mes travaux annoncés plus bas : " A partir d'une méditation cursive sur l'Évangile selon saint Jean, et tout particulièrement les gestes de Jésus devant l'homme, jusqu'au lavement des pieds, ouvrir une tension entre cet agenouillement devant l'homme, ce ""j'ai soif" de toi" et la réalisation que le message que l'on porte nous dépasse, nous porte et rayonne au delà de cet agenouillement. Voir que dans ces attitudes se révèle que l'humilité de Dieu est le coeur du mystère. Une première version du livre, "A genoux devant l'homme" est en ligne. Cela a été pour moi l'occasion de redécouvrir le texte de F. Varillon, L'humilité de Dieu qui gagne à être connu (il faut passer les premières pages un peu difficiles)... J'ai aussi intégré une découverte, "La tradition kénotique dans la théologie britannique", de David Brown, qui retrace l'histoire de la kénose depuis les kénoticiens allemands et Godet jusqu'aux apports écossais, irlandais et anglicans. Un travail majeur. On y rejoint aussi Boulgakof et une valeur sure : Hans Urs von Balthasar, que les lecteurs assidus de ce blog doivent connaître, depuis ma publication de "Retire tes sandales".
Le résultat de ce travail est un livre que je trouve maintenant construit, volontairement facile d'accès. Une approche innovante sur l'humilité de Dieu qui allie une recherche exgétique, ecclésiologique, théologique et bien sûr pastorale... Ce livre inclut plusieurs de mes travaux précédents (oui je n'arrête pas de chercher dans cette direction...), qui sont revus et allégés :