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18 juin 2015

Solitude et souffrance

Cela tombe sous l'évidence et pourtant cela vaut la peine d'être toujours souligné : "avec de bonnes paroles on ne fait pas grand-chose. Or Jésus nous montre une voie plus réaliste. Il nous dit que chaque chrétien, qu'il soit marié, abandonné (...) qu'il ait vécu sans contact avec sa propre famille n'est jamais solitaire ni perdu. Il est chez lui dans une nouvelle famille de frères et de soeurs (Mat 12, 48-50; 19, 27-30)." (1)

Il nous reste à quitter les mots et passer à l'agir.
Hier soir, en paroisse, un tour de table sur la miséricorde active nous mettait aux pieds du mur. Il faut entendre ceux qui ne sont pas prêts parce que trop souffrants, ceux qui disent et ne font pas, ceux qui comme moi sentent monter en eux une paresse profonde qui, pour sûr, ne vient pas de Dieu... :-)


(1) Kasper, évangile. de la famille op. Cit p. 43

21 mai 2015

Mea culpa ?


Les pas du chercheur parviennent à des impasses et il lui faut parfois faire marche arrière, reconnaître qu'il s'est perdu, qu'il a pris un mauvais chemin.
En poursuivant ma lecture du dernier livre de Walter Kasper et ses pages sur la mauvaise miséricorde, la miséricorde bon marché qui ne fait pas grandir, j'en viens à douter sur ma bonhomie pastorale, ma tendance à excuser l'homme pécheur sous prétexte de le rejoindre. 
Est-ce que je suis tombé dans ce travers en écrivant "Pastorale du seuil" ? Il y a quelques semaines je terminais un tour de table avec des futurs mariés. Ils venaient de se présenter, chacun traduisant à sa façon leurs difficultés à croire en l'amour pour toujours, leurs histoires reflétant leurs hésitations envers l'engagement du mariage. Sur les 7 couples, tous avaient déjà construit leur vie sans passer par l'Eglise. Ils avaient tous des enfants. Bien sûr ils étaient là, mais sur la pointe des pieds. Ce que voyant l'un d'eux a dit soudain :
- si je résume, nous sommes tous dans le péché.
Bien sûr, sa remarque nous cherchait, nous les animateurs au profil bien "catho". 
Je lui ai répondu par une pirouette, ne condamnant pas leur passé mais essayant d'ouvrir un avenir "en Dieu". Tâche difficile. Est-ce qu'une morale aurait été utile à ce stade ? Il me semble que non. Comme le glissait un jour un évêque, la morale sert à juger nos propres actes, pas ceux des autres. 
Un chemin pastoral, à l'écoute du fils prodigue, consiste d'abord à courir à la rencontre du pécheur, lui redonner le goût de l'amour du Père avant d'oser proposer la phrase qui fait grandir : "relève toi" et "ne péche plus" (Jn 8). Plus encore, il me semble que cette phrase ne peut être prononcée que du bout des lèvres, que ce n'est même pas à nous de la dire mais au chercheur de Dieu de la découvrir dans son chemin de foi, à travers sa marche au désert. 
Idéalement, ce n'est probablement pas à nous de la prononcer mais à l'Esprit ‎qui réside au coeur de l'homme, celui qu'il découvre en avançant. Comme le souligne M. Rondet, nous n'avons pas à les enfermer dans la sécurité d'un port mais les accompagner sur le chemin, trouver avec eux les pierres qui rendent leur route plus difficile...
A cela répond à sa manière Kasper en citant Ezéchiel : si tu laisses ton frère dans le péché c'est sur toi que retombera la faute. Il a peut être raison. Encore faut-il probablement lui opposer la remarque de Jésus : "ils chargent les autres de poids qu'ils ne peuvent porter eux mêmes". Entre miséricorde, morale et chemin pastoral, le sentier est étroit.
Une tension théologique ? 

PS: vos commentaires sont les bienvenus...

Du désert à l'agir

‎Je l'esquissais déjà plus haut, la fuite au désert, ne peut être une fuite de nos responsabilités. Élie comme Jonas l'on appris à leur dépens. Le chemin du désert abouti à une impasse s'il passe à côté de l'essence même du christianisme, de cette miséricorde active qui n'est autre que l'imitation de notre Seigneur. En cristallisent notre analyse des tentations au désert chez Mat 4 sur l'avoir, le valoir et le pouvoir, on peut passer à côté de l'appel à aimer, de tout son corps, de toute son âme jusqu'à cet apparemment impossible "amour de l'ennemi". En récitant machinalement le notre père, s'arrête-ton assez sur le "comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensé. Impossible demande, disait les Pères de l'église qui préférait introduire une gradation dans le pardon plûtot que d'exiger ce qui relève pour eux de la perfection de l'amour(1). Et pourtant le chemin qui nous conduit à imiter le Christ (2)  ne peut passer à côté de son 77 x 7 fois (Mat 18, 21) qui culmine jusqu'au "père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu'ils font" (Lc 23, 38). 


(1) Kasper, La miséricorde, op. Cit. p. 140‎, qui cite notamment  Tertullien, de la patience, 6 ; Chrysostome, commentaire de Matthieu, Homélie 18, n.3 ; et Thomas d'Aquin, S. Th. II/II. Q. 25 a. 8...
(2) cf. Kasper ibid. p. 133

19 juillet 2007

Les entrailles de Dieu

L’Ancienne, comme la Nouvelle Alliance (Lc 1,78) parlent des « splanchna », de l’intérieur, des entrailles de la miséricorde de Dieu et le mot est employé aussi pour désigner la pitié de Jésus envers les pécheurs et les malades. Ainsi pour Balthasar, « le portrait de Dieu est le parfait contre-pied de l’intouchable du néo-platonisme qu’elle que soit la forme dont il rayonne dans son isolement » Avec le Ps 145,9 ajoute Hans Urs von Balthasar, on chante : « sa miséricorde règne sur toutes ses œuvres » Ps 145,9. (...) Le cœur de Dieu devient transparent pour nous dans les paraboles du bon Samaritain, du Fils prodigue ou de la recherche de la brebis perdue.

Ibid p.156