13 mai 2005

Solitude

La solitude serait-elle commune à tout homme et ce jusqu'à la mort. Solitude foncière de l'homme qui malgré la course au relationnel traduit un manque de sens, de direction ?

La solitude serait-elle la faille dans le coeur de l'homme qui ouvre à la transcendance ?

Ou est-elle, comme le suggère Abel, une fuite du réel, un refus de s'engager dans la vie, une peur de l'autre...

12 mai 2005

Vide intérieur ?

Dans un monde qui est de plus en plus marqué par une recherche de l'instantané, on peut s'interroger sur une apparente absence de drame intérieur et sur l'existence de personnes qui en apparence ont perdu tout sens à leur vie. Cela appelle deux considérations.

1) Cette apparence de vide est probablement provisoire. Il peut être réel quand rien ne stimule l'homme à une réflexion intérieure, mais c'est ignorer que l'homme est par essence porteur d'un germe de l'Esprit et qu'il suffit d'une faille pour mettre à jour la vie intérieure qui sommeille.

2) Face à ce vide, on peut s'interroger sur l'intérêt de ré-introduire l'hyperbole.

Seul le langage hyperbolique peut en effet, à mon avis ouvrir une faille dans le coeur de l'homme en interpellant la personne dans un coeur à coeur. Cet appel à l'hyperbole doit se faire dans la limite du risque paradoxal d'introduire une idéologie ou un rêve ? Mais une chose est certaine. Quand il n'y a plus en apparence que le néant, seul l'hyperbole vient dépasser le marécage du quotidien. Est-ce un idéal ? Non. L'hyperbole est une direction vers quoi se tourner. Ce n'est ni une idéologie, ni une utopie mais plutôt une victoire, celle qui permet d'introduire l'espérance.

Quand on interroge Jésus sur un conflit d'héritage, il répond à côté. Mais il fait suivre sa réponse d'une parabole sur l'homme riche qui engrange son blé et va mourir le soir même. Le langage de Jésus est hyperbole...

Luc 12 : "Du milieu de la foule, un homme demanda à Jésus : « Maître, dis à mon frère de partager avec moi notre héritage. » Jésus lui répondit : « Qui m'a établi pour être votre juge ou pour faire vos partages ? » (...) Et il leur dit cette parabole : « Il y avait un homme riche, dont les terres avaient beaucoup rapporté. 17 Il se demandait : 'Que vais-je faire ? Je ne sais pas où mettre ma récolte.' Puis il se dit : 'Voici ce que je vais faire : je vais démolir mes greniers, j'en construirai de plus grands et j'y entasserai tout mon blé et tout ce que je possède. Alors je me dirai à moi-même : Te voilà avec des réserves en abondance pour de nombreuses années. Repose-toi, mange, bois, jouis de l'existence.' Mais Dieu lui dit : 'Tu es fou : cette nuit même, on te redemande ta vie. Et ce que tu auras mis de côté, qui l'aura ?' Voilà ce qui arrive à celui qui amasse pour lui-même, au lieu d'être riche en vue de Dieu. »

11 mai 2005

Témoignage

"Un témoignage, plus il est contradictoire, plus il est vrai !" Si l'on croit Urs von Balthasar (*), pour Ionesco, ce qui est original est vrai. "Ce qui est déjà pensé, déjà dit, n'est pas vrai..." Notre témoignage n'a de fait un sens que lorsqu'il n'est pas pensé mais implicite, non conditionné par une routine, un projet pédagogique. A tel point que pour moi le témoignage ne peut être cadré, prévu, inclus dans un programme pédagogique. La véritable pédagogie, en particulier pour des adultes sera plus de nature inductive, c'est-à-dire quand chacun apportant le meilleur de soi-même, partage, sans arrière pensée ce qui le touche au coeur.


* Urs von Balthasar, ibid page 279-80

10 mai 2005

Eucharistie - II

Cela ne nie pas que devenir temple du Christ n'est pas une valeur fondamentalement essentielle dans la vie d'un chrétien. Mais, si j'en crois ma modeste personne : ces instants d'intenses communions sont rares.

On peut répondre, et on aura raison que le travail de la grâce dépasse largement tout nos efforts d'humanisation.

Maintenir l'eucharistie régulière a du sens dans ce sens. Il permet de laisser à la grâce le temps de faire son chemin au coeur de nos individus enlisés dans nos contradictions.

Mais, parfois, je persiste à croire que casser le rythme permet de lui donner un sens. Autant la routine a l'avantage de maintenir l'homme dans une interpellation régulière, lui permet d'être porté par la présence, alors qu'il n'est pas présent, autant je pense qu'une rupture peut venir remettre en question la somnolence.

Cela aurait aussi un sens, le jour où l'Eglise lit le texte de la femme adultère. Je pense que ce jour là, si le prêtre peut inviter les fidèles à s'abstenir de l'eucharistie, en communion avec nos frères qui sont en situation de remariage, cela permettrait de faire prendre conscience à ceux qui communient sans souci, qu'il ne s'agit pas d'un droit mais de bien plus, que l'enjeu d'un faire mémoire de la passion douloureuse du Christ se situe ailleurs.

A méditer (et commenter...)

09 mai 2005

Eucharistie, morne plaine ?

La puissance signifiante de l'Eucharistie n'est-elle pas étouffée sous l'obligation dominicale, à tel point que de temps en temps nos dimanches ne sont qu'un rassemblement docile et sans lumière. Que faire ?
Je m'interroge. Ne serait-il pas opportun de réintroduire de temps en temps des jeûnes eucharistiques pour transformer le panurgisme dominical en un lieu de recherche de sens, d'intelligence de la foi. L'ardeur évangélique est-elle le lot des fidèles. Quand j'entends certaines histoires, je m'interroge. Où est la foi ? Quel sens ont nos messes ? Casser le rite pour en retrouver le sens profond, pour faire renaître le désir en lieu et place d'un conformisme social ?
Seul un homme vraiment libre peut être source de la lumière divine. Tout ce qui est réalisé par obligation, conformisme n'est que vide.
Si l'on construit trop vite une représentation dramatique à partir de l'esthétique on fige en icône la figure du Christ. Or le drame eucharistique n'est pas qu'une simple représentation qui fait mémoire. Pour qu'elle devienne lieu de présence, il faut lui permettre d'être la conjonction d'une démarche de foi, d'une démarche communautaire, mais aussi et surtout, le lieu d'un décentrement véritable qui se fait accueil de l'Esprit, sans lequel le sacrement ne peut être.

Inutile ?

Trouver un langage commun ?
Quand l'autre n'a rien à dire, quand on est face à une absence de points communs, on peut être effectivement interpellé par notre place, notre rôle. Difficile de mettre au point un discours, au point que peut réapparaître le sentiment d'être inutile...

Peut-être que de fait, le décentrement devient alors plus évident. Si je ne peux t'être utile, en apparence, laisse moi Seigneur être seulement signe de ta présence...

Hôtel Rwanda

En deux jours, la vision de cet excellent film sur le génocide africain et un documentaire, le 18 avril sur le génocide au Cambodge sont autant de coups de massue qui font prendre conscience de la fragilité d'un modèle, d'une idéologie. Comment l'homme moderne peut arriver à ce stade de haine et de violence ?
Cela serait un phénomène isolé, on pourrait trouver des excuses. Mais que le XXème siècle soit autant traversé par ces monstrueuses exterminations interpelle. D'autant que nos sociétés civilisées sont loin d'avoir les mains blanches.
Cela fait remonter en moi, cette autre émission vue sur Arte il y a moins de 15 jours, où l'on notait une correspondance troublante entre la lutte contre les insectes parasites et le nazisme. Le fait que le surnom des tutsis ait été les "cafards" n'est pas une coïncidence. Cela dénote les phénomènes inconscients qui contribuent à la montée d'une haine sourde et dangereuse. Est parasite tout ce qui vient troubler la quiétude de mon univers, envahit le confort de mon pays, ma culture.
Il ne faut pas être devin pour voir ce qu'une simple projection de ce sentiment sur la situation française pourrait générer dans un contexte de paupérisation de la France. Où va nous mener la délocalisation ? Probablement à une haine farouche, progressive envers cet étranger qui foule mon sol et vient prendre ce qui m'était dû, de par ma naissance. La dynamique morbide de l'avantage acquis est loin d'une volonté de partage, d'acceptation de l'autre dans sa différence. Et je ne parle pas de cette charité véritable, celle, bien difficile, qui peut considérer que seul un plus que partage équitable des richesses peut freiner la montée de la violence. L'amour ne cherche pas son intérêt... (1 Co 13)...
Tout cela reste bien complexe et je me garderais d'en tirer des conclusions hâtives. Il faut au moins, à défaut d'agir, ouvrir les yeux et quitter cet aveuglement stérile du français chauvin qui ne voit pas plus loin que son ventre... Quand je pense que l'on peut s'afficher chrétien et voter pour le FN... Belle prise de distance...

08 mai 2005

Conjonction

Comment ne pas souligner dans le travail réflexif d'une vie intérieure, ces conjonctions heureuses entre lectures, rencontres, pensées qui permettent d'avancer à petits pas dans le mystère, l'habiter et le faire sien.
J'y vois une trace discrète de la main de Dieu.
Gloire à Lui...

07 mai 2005

Unique ou quelconque ?

"Extérieurement chacun est remplaçable. Intérieurement chacun est unique" Ionesco (*). Cela interpelle et finalement rejoint une double problématique un peu paradoxale. On peut être inutile en soi, et le savoir permet de ne pas se croire responsable du bien que l'on fait. Mais cela ne concerne que moi. Quant à l'autre, le considérer comme inutile serait lui refuser son droit à être tout aimé de Dieu (ce qui est aussi valable pour nous)...


* cité par Urs von Balthasar, ibid page 277

06 mai 2005

Trinité - II

Dans sa description du metteur en scène, Urs von Balthasar reprend les propos de Ionesco qui souligne qu'il doit se laisser faire. "Il ne doit pas vouloir quelque chose de la pièce. Il doit s'annuler, il doit être un parfait réceptacle". Cela complète pour moi la métaphore possible de la place de l'Esprit-Saint, dans le théâtre de la Cité de Dieu, évoqué dans mon billet précédent (tout en maintenant les réserves déjà exprimées). L'Esprit Saint serait donc ce sourcier, ce médiateur qui régule les tensions pendant la répétition et lutte pour l'unité finale.

à propos de Urs von Balthasar, ibid p. 249

04 mai 2005

Décentrement - II

Le métier et l'existence du comédien nous offrent dans leur désintéressement, leur intime "caritatis" dont on parle en théologie avec en transparence la mission et l'existence du Christ qui est par essence existence eucharistique pour les autres, humble et transparente représentation du divin qui va au delà de la Vanité dans une soumission et un dévouement au rôle jusqu'à ne plus se jouer lui-même mais se soumettre au rôle. N'est-ce pas là le chemin d'un décentrement véritable déjà largement évoqué.


d'après Urs von Balthasar, ibid p. 244

03 mai 2005

Petit rôle - II (Humilité et exhibitionnisme)

Urs von Balthasar'1) reprends une phrase de L.Jouvet qui m'interpelle.

Il souligne la situation fragile de l'acteur, à mi-chemin entre exhibitionnisme et humilité "ne te prends pas pour le centre mais pour l'accident, le moyen, le filtre, le fil de communication"...

Cela souligne le petit rôle, déjà évoqué précédemment... Petit fil ténu mais pourtant unique.

(1) ibid p. 244

02 mai 2005

Masquer la lumière

C'est bien l'enjeu de toute représentation.
Soit l'on devient transparent de la lumière d'un autre et elle est lumière pour l'humanité, soit notre jeu notre parole en obscurcit la clarté et ce que nous réfléchissons masque justement cette clarté qui pourrait éclairer l'autre.

C'est peut-être la différence entre le pharisien et le publicain.
L'un croit être lumière et masque la source véritable.
L'autre sait ne pas l'être mais interpelle par son décentrement, par sa quête.

La difficulté est de ne pas sombrer entre l'écueil du pharisaisme et l'obscur pâleur de celui qui ne reflète plus rien...

01 mai 2005

Pharisien - III

Il y a souvent en nous cette tentation d'entrer dans "la routine d'un jeu [pharisien] qui reste vide comme les concepts sans intuition" (1). Ce que j'appelle la tentation permanente du fils aîné (cf. le Fils prodigue, Luc 15,25), celui qui se complait dans la routine d'une pratique, sans se laisser interpeller constamment par la Parole. Nous tombons sans cesse dans ce travers, au point de masquer par nos vies ternes et sans joies la lumière du ressuscité...


(1) d'après Urs von Balthasar, ibid p. 239

30 avril 2005

Pharisien - II

La limite du paraître peut en effet être rendue possible quand le recevoir intervient. Quand le paraître s'efface dans une filiation.
On parvient alors à une autre difficulté, celle de l'héritage.
On peut en effet sortir du paraître en s'affichant d'un autre, mais cet héritage est-il recraché, recopié, ou digéré, ruminé ?
C'est tout le travail intérieur qui est en jeu.
Un travail intérieur où l'écriture peut entrer en résonnance, en posant le dire dans le dit, mais non un dit qui s'efface, un dit qui se cristallise dans l'écrit.

Peut-être alors que le virtuel donne une nouvelle naissance au dit, dans la mesure où l'écrit même garde une légéreté, une progressivité, rendue possible par l'édition, la correction.

Une légèreté nouvelle que l'écrit traditionnel ne permettait pas...

29 avril 2005

Pharisien - I

Tout acte public est susceptible d'entrer dans l'ordre du pharisaisme.
C'est la plus grande difficulté d'une vie d'homme.
Peut-on échapper d'ailleurs à cette tentation du paraître ?
Peut-être que le seul chemin réside dans le décentrement.
Affaire à suivre

28 avril 2005

Trinité...

"La somme des acteurs individuels ne suffit pas pour incarner l'idéalité du drame dans son unité indivisible. Il y faut nécessairement une nouvelle instance qui fait passer l'unité idéale à l'unité réelle ; celle du metteur en scène. Son apport créateur est nettement distinct des apports créateurs de l'auteur comme de l'acteur : il concerne les transpositions de l'idéalité comme un tout dans la réalité de l'exécution comme un tout." (1)

Ce passage de Urs von Balthasar pourrait approcher le mystère même de la Trinité. On pourrait ainsi concevoir le Père comme l'auteur, le Fils, de même essence que le Père comme le premier acteur, médiateur de nos rôles à venir et l'Esprit comme le metteur en scène du théâtre de la Cité de Dieu au sein même du théâtre du monde.

Mais Balthasar met dans le son tome 2 de la Dramatique Divine (2)quelques limites à cette métaphore, même si elle reste en soi interpellante, petite image d'un mystère plus insaisissable du rapport entre Dieu et le monde...

(1) d'après Urs von Balthasar, ibid p. 216
(2) tome 2, préambule...

27 avril 2005

Rôle ou mission...

Dans la personne du Christ on touche au mystère entre le rôle imparti par le destin et la liberté de l'homme Dieu.
"Père non pas ma volonté mais la tienne".
"Que ta volonté soit faite..."



d'après Urs von Balthasar, ibid p.210

26 avril 2005

Rôle et auteur...

Luigi Pirandello, en publiant sa pièce "Six personnages en quête d'auteur" en 1921, vient mettre à mal le vieux sous-entendu du théâtre du monde où Dieu place les acteurs. Il le remplacer par un auteur humain qui devient dans la chaîne, l'instance responsable qui mène la pièce à son dénouement.

Face au supplice de ne pas pouvoir jouer le drame que l'on voulait jouer, Pirandello souligne la vision nietzschéenne d'un petit rôle, voir d'un néant. Mais cela renforce aussi l'idée d'une fragilité existentielle...

"L'existence n'a la consistance d'une essence que dans le rôle" note Urs von Balthasar à ce propos (ibid p. 203 et suivantes)

On retrouve là ce paradoxe de la fragilité de notre position, propice au décentrement, mais aussi le sentiment d'une responsabilité. C'est dans cette tension fragile qu'un chemin peut se construire...

25 avril 2005

Petit rôle

"Les pensées profondes se résument en aphorisme peu profond : banalité de la mort, de la naissance, du mariage tragi-comédie d'une petite pièce qui ne cesse d'être jouée." (1) Nous sommes plein d'assurance mais une fois le masque jeté c'est le plus faible qui apparaît.

Il nous faut prendre conscience de notre finitude, de ce petit rôle qui finalement ne nous distingue par sur l'immensité du temps et de l'univers malgré la place que nous cherchons à nous faire dans l'océan du monde. Tout en prenant aussi conscience que nous avons une place, irremplaçable dans le coeur de celui qui nous aime.

Paradoxe qui donne sa place à l'homme, entretient son désir tout en limitant sa gloire ?


'1) d'après Urs von Balthasar, à propos de Nietzsche, ibid p.198-9

24 avril 2005

Benoit XVI - Serviteur des serviteurs

En commentant l'homélie, Benoît XVI a rappelé le symbole du palium, cette écharpe qu'il porte maintenant au tour du cou : "la laine d'agneau entend représenter la brebis perdue ou celle qui est malade et celle qui est faible, que le pasteur met sur ses épaules et qu'il conduit aux sources de la vie. La parabole de la brebis perdue que le berger cherche dans le désert était pour les Pères de l'Église une image du mystère du Christ et de l'Église. L'humanité a nous tous est la brebis perdue qui, dans le désert, ne trouve plus son chemin. Le Fils de Dieu ne peut pas admettre cela ; il ne peut pas abandonner l'humanité à une telle condition misérable. Il se met debout, il abandonne la gloire du ciel, pour retrouver la brebis et pour la suivre, jusque sur la croix. Il la charge sur ses épaules, il porte notre humanité, il nous porte nous-mêmes. Il est le bon pasteur, qui donne sa vie pour ses brebis. Le Pallium exprime avant tout que nous sommes portés par le Christ. Mais, en même temps, le Christ nous invite à nous porter les uns les autres."
Puis en commentant la pêche miraculeuse, il a souligné l'importance symbolique de cette pêche : "Les Pères ont aussi dédié un commentaire très particulier à cette tâche singulière. Ils disent ceci : pour le poisson, créé pour l'eau, être sorti de l'eau entraîne la mort. Il est soustrait à son élément vital pour servir de nourriture à l'homme. Mais dans la mission du pêcheur d'hommes, c'est le contraire qui survient. Nous, les hommes, nous vivons aliénés, dans les eaux salées de la souffrance et de la mort ; dans un océan d'obscurité, sans lumière. Le filet de l'Évangile nous tire hors des eaux de la mort et nous introduit dans la splendeur de la lumière de Dieu, dans la vraie vie.".
Voir le texte de son homélie

Non pas ma lumière...

"le nouveau Pape sait que sa tâche est de faire resplendir devant les hommes et les femmes d?aujourd?hui la lumière du Christ : non pas sa propre lumière, mais celle du Christ." (1)

Cela traduit pour moi la profonde filiation de notre pape avec Balthasar dont je vous parle depuis plus d'un mois. C'est la kénose qui est en jeu ici. Le décentrement véritable. En affirmant ce décentrement, Benoît me donne espoir...

Son homélie insiste par ailleurs sur l'Eucharistie, qui n'est rien pour moi sans le lavement des pieds, ce qu'il souligne ainsi par cette attitude respectueuse.

De plus, son attachement à l'effort pour l'unité des chrétiens est un signe...

Beaucoup d'espoir donc...


(1) Première Homélie de Benoit XVI aux cardinaux...Texte intégral

Hyperbole - II

Peut-être faut-il revenir sur le terme d'hyperbole...
Il s'agit pour moi de cette capacité de réveiller le désir enfoui au plus profond de la personne humaine. Le désir dans la conception donnée par Denis Vasse qui distingue désir et besoin est cette capacité intérieure à vouloir le bien : le désir de voir Dieu ?

Par son message, par ses paraboles, mais aussi par son silence, le Christ nous invite plus loin, plus haut. Et c'est dans ce mouvement ascendant que notre désir peut être emmené.

L'hyperbole est la capacité de décoller dans ce désir...
Il reste chemin, c'est-à-dire invitation discrète, qui respecte cette délicate liberté de l'homme.

Quand je parle de l'hyperbole à propos des Béatitudes, c'est en souvenir de La Loi de Dieu, d'une montagne à l'autre, de P. Beauchamp, qui montre bien commment le Christ, dans son "heureux les pauvres de coeur" emploie ce langage hyperbolique et peut-être aussi eschatologique qui permet de voir la direction sans pour autant effacer la misère du moment. C'est une invitation, mais quelle invitation...

23 avril 2005

Liberté

"la liberté est toujours proche mais si tu veux t'en saisir avec raideur, la voilà loin. A peine t'inclines-tu doucement qu'elle est là de nouveau. Elle est secrète et n'admet pas de nom terrestre." (1).

Fragile liberté. Peut-on d'ailleurs la thématiser ? Elle est aussi fragile de par la puissance de nos propres déterminations, de nos culpabilités maladives, de la pression de l'autre et de notre moi. Mais elle est. J'y crois, à défaut de quoi, tout s'effondre et la vie perd son sens. Nous ne serions que des marionnettes du destin.

Comme le souligne Schelling, la liberté de choisir entre l'amour et le fond sans amour est au coeur même de notre existence. Si nous n'avions pas cette liberté nous ne serions que des marionnettes.



(1) in Hoffmansthal Dramen 314 Le grand théâtre de Salsbourg, cité par Urs von Balthasar, ibid p. 149

22 avril 2005

Hyberbole

L'hyperbole christique, cette invitation aux choses nouvelles qui se cristallisent dans le serment sur la Montagne et le pari fou des béatitudes, mais aussi dans le chemin douloureux d'un amour qui subit et porte le poids de la violence humaine, se heurte au mal. La question fondamentale est de savoir si face à ce mur, l'hyperbole peut introduire une fissure ? C'est à la fois mon expérience intérieure, quand le contact de la Parole fissure ma propre tour et mon espérance fondamentale de chrétien.

21 avril 2005

Idéal

Le coeur d'une réflexion intérieur, d'un discernement, ne repose-t-il pas dans ce conflit intime entre notre idéalité et sa réalisation pratique en ce monde ?

L'idéal nous fait courir, éveille notre désir, mais le réel nous heurte de plein fouet.
Travailler vers une résignation, un renoncement dit Denis Vasse dans l'Autre du Désir, c'est avancer sur le chemin où l'on s'en remet à Dieu, seul objet de désir véritable...

20 avril 2005

Un jeu libre...

"Ce n'est pas Dieu qui joue avec le monde, c'est le monde qui joue lui-même". (1)

Dieu joue-t-il d'ailleurs ? Non, le plan de Dieu n'est pas un jeu, même s'il fait un pari fou sur l'humanité...
(1) Urs von Balthasar, ibid p.141

19 avril 2005

Habemus papam...

On est parfois dérangé par le souffle... (moi compris)

Un chemin de décentrement comme un autre.
Mais aussi un lieu d'espérance...

Que Dieu protège Benoît XVI et conduise l'Eglise sur les chemins
qu'il a choisi, au delà de nos espérances,
dans le temps qui est le sien...

L'Eglise d'aujourd'hui n'est pas celle d'hier.
Tout reste à inventer.

L'unité prime...


Extrait de sa dernière homélie :
[Prendre]la « mesure de la plénitude du Christ », à laquelle nous sommes appelés à parvenir pour être réellement adultes dans la foi. Nous ne devrions pas rester des enfants dans la foi, comme des mineurs. En quoi consiste être adulte dans la foi ? [... athéisme, vague mysticisme religieux, agnosticisme,syncrétisme ]

Nous avons une autre mesure : le Fils de Dieu, l'homme véritable. C'est lui la mesure du véritable humanisme. Une foi qui suit les vagues de la mode n'est pas « adulte ». Une foi adulte et mûre est profondément enracinée dans l'amitié avec le Christ. C'est cette amitié qui nous ouvre à tout ce qui est bon et nous donne le critère pour discerner entre le vrai et le faux, entre l'imposture et la vérité. C'est cette foi adulte que nous devons faire mûrir, c'est vers cette foi que nous devons guider le troupeau du Christ. Et c'est cette foi, seulement la foi, qui crée l'unité et se réalise dans la charité."

Texte intégral

18 avril 2005

Tours - I

"Ils s'enfoncent tellement dans leur jeu qu'ils ne peuvent sortir de leur rôle". On retrouve ici la notion de tours, de ces tours d'orgueil que nous construisons sans cesse (avec ou sans blogs :-) et qui constituent notre apparence. Le vent souffle pourtant ailleurs, quand on a descendu les marches de l'apparence pour vivre dans la fragile nudité d'une exposition au vent de l'Esprit. C'est bien cela la conscience éclairée, qu'évoque Jean Paul II dans Veritatis Splendor.

(1) d'après Urs von Balthasar, ibid p. 119

17 avril 2005

Marionnettes

Dans les tragédies, l'homme qui souffre est élevé comme un ostensoir. (1) Sommes nous de simples marionnettes ? La vie est-elle un jeu pour autant qu'il reste une imitation, une mimesis comme le souligne Platon dans la Répubique, qui souligne notre propension à imiter les Dieux ? Notre vie qui nous vient de Dieu est-elle conduite par lui (l'amour), le véritable moteur ? Sommes nous de simples marionnettes pour l'amusement des dieux ou est-ce que nos actes ont un but sérieux dans l'existence du monde ? Est-ce que le sérieux de nos vies vient de nous, ou recevons nous un rayon du sérieux éternel ? N'y a-t-il pas ici une poésie, une esthétique d'une église à construire ou chaque acte d'amour est au service de l'édification d'une cathédrale humaine qui pointe sa nef vers l'Eternel.
Nous sommes des baptiseurs. Et notre spectacle dans le monde est au service de cette cité de Dieu, dont la véritable image reste à venir, mais dont nous pouvons ébaucher par petites touches de couleur, les fondations fragiles, conduits et éclairés par le souffle de l"Esprit.
Il s'agit bien d'ailleurs d'un éclairage... Cette lumière qui donne un sens et finalement nous permet d'accéder à la lumière véritable et à une joie qui dépasse tous les bonheurs...

(1) Ibid...

16 avril 2005

Toutes choses nouvelles - II

"Dieu nous a exposés, nous les apôtres, à la dernière place, comme des condamnés à mort : nous avons été donnés en spectacle au monde et aux hommes. Nous sommes fous à cause du Christ, mais vous vous êtes sages..." (1 Co 4,9)
Cette citation reprise par Balthasar (ibid p. 110) m'interpelle. Et si le sacrement avait ce sens, d'être spectacle pour le monde, à mi chemin entre le rôle, la mission, la liberté et l'obéissance, signe fragile d'une réalité invisible, petit scandale, image du scandale véritable, d'un amour fou qui renverse tout les a priori, les jugements tout fait et fait éclater l'amour sur le bois de la croix, signe de la croix glorieuse, couronnée de gloire. Ce n'est que dans cette dynamique que tout prend sens...

15 avril 2005

Dramatique... - I

"Du fait de la liberté de l'homme, Dieu se trouve dès le premier moment de la création engagé dans le monde ; il y a ainsi dès lors une dramatique entre Dieu et l'homme. Le fondement de cette dramatique ? L'homme est sans être interrogé, placé sur la scène du monde. " (1)

Qui suis-je ? Si ce n'est une étincelle de vie dans un tourbillon d'infini. Qu'est-ce que cette étincelle ?
Que vais-je éclairer ?
Vais-je éclairer ?

Oui est-ce que le vent de terre va éteindre ma flamme... ?

(1) Balthasar, ibid 104-105

14 avril 2005

Je fais toutes choses nouvelles... - I

Qu'est-ce que signifie cette phrase chuchotée par le Christ sur son chemin de croix dans le film de Mel Gibson...
Qu'est-ce que la nouveauté profonde si ce n'est un innocent qui porte et subit le poids de la violence humaine, parce qu'il croit qu'il y a là un chemin de vie, un signe véritable de l'amour...

13 avril 2005

Le monde, quelle issue... ? - II

"Une question fondamentale : la lutte-a-t-elle une issue déterminée ou incertaine ? Le 5ème acte? Nous nous gardons ici de répondre"...
Je maintiens (cf. billet précédent) qu'il y a un chemin d'espérance à tracer sauf à tomber dans le nihilisme et donc une aporie stérile.

(1) d'après Urs von Balthasar.., ibid p.102

12 avril 2005

Une église moderne...

Je suis toujours interpellé par ceux qui ont quitté la langue de buis et veulent rénover les choses de l'extérieur. Personnellement je préfère le travail difficile du chrétien qui défend ses convictions tout en respectant chez d'autres, différent le chemin discret de l'Esprit. Qui sommes nous pour dire que l'Esprit n'est pas à l'oeuvre dans l'Eglise ?
Et cependant, je suis peut-être enfermé dans mes culpabilités, mes peurs, bien au chaud dans ma coquille. C'est qu'il a l'air de faire froid dehors...

11 avril 2005

Tragique de la vérité - II

Nous sommes empêtrés de peurs, de demi-mesures, enfoncés dans le mensonge. (...) ce qui nous fait le plus défaut est le courage tragique de la vérité. La vérité n'offre pas de protection, pas de sûreté, pas de paix avec le monde ; elle exige qu'on soit passionné de lutte, prêt à mourir l'âme en paix (1)
Cela fait raisonner en moi ce petit exemple lu récemment dans la Lettre ouverte au futur Pape de Patrice Gourier (2) où il décrit la tentation de l'escargot : "quand tout est calme autour de lui, il sort ses antennes, il les oriente en tout sens, il palpe l'ambiance. Dès qu'il y a un bruit ou quelque chose d'insolite, il rentre ses antennes, se replie dans sa coquille et ne bouge plus, il n'entend plus rien et donc tout est calme."
On croirait une fidèle description de votre serviteur. Il reste donc du chemin à faire...
(1) d'après Urs von Balthasar.., ibid p.99
(2) Flammarion, Desclée de Brouwer, 2005

10 avril 2005

Tragique de la vérité - I

La relation tragique à la vérité - qui ne peut être compris que comme un accomplissement - est le nerf du drame chrétien (1)
Au delà de nos masques, du jeu des pouvoirs, il s'agit pour moi de cette phrase essentielle prononcée par Pilate au Christ (Jean 18,39): "Qu'est-ce que la vérité" et qui ouvre un abîme de réflexion intérieure.
"Je suis venu pour rendre témoignage à la vérité" (Jean 18,37). Quel témoignage ? En faisant mémoire du chemin douloureux de l'amour du Christ, on touche au tragique même de l'existence. Et cette vérité est à cent lieux de nos hypocrisies.

(1) d'après une phrase d'Urs von Balthasar.., ibid p.99

09 avril 2005

Masque, hypocrisie, rôle

"Le paradoxe de l'existence spirituelle : besoin de l'existence de se regarder au miroir dans quelque chose autre qu'elle même (théâtre) pour aller au-delà de la connaissance de soi et l'éclairement de l'être." (1).
Prendre de la hauteur, ou pour le moins une distance entre le quotidien de nos vies et son sens profond. En cela la projection dans le virtuel et le jeu scénique interpelle le jeu même de notre existence... Nous connaître par le reflet d'un autre même virtuel, par une mimesis naturelle, où au contraire, par le biais d'une construction virtuelle avec laquelle nous commençons un jeu de miroir et de mimésis, une identification originelle, mais qui nous échappe et met en lumière les limites de notre propre rôle, l'hypocrisie de notre discours et nous interpelle sur l'agir.
(1) à propos du livre Le mystère du surnaturel, de H. de Lubac, Urs von Balthasar.., ibid p.72

08 avril 2005

Le monde, quelle issue ? - I

L'homme moderne ne voit plus le monde avec les lunettes anciennes ou tout était très bon. Le paysage de l'existence apparaît livide et étranger. Mais Dieu laisse-t-il à l'homme le soin de terminer la création au risque de tout perdre ? (1)
Il y a là une interpellation véritable. Elle repose fondamentalement sur un appel à la responsabilité et une espérance. Si l'on répond non à la question, cela nie toute action et toute liberté. Si l'on répond oui, cela veut÷dire que l'on court probablement à l'échec... Mais la victoire est déjà là. C'est en tout cas l'espérance du chrétien, qui croit qu'en Christ, Dieu a vaincu la mort. Alors, avançons et participons à l'oeuvre, avec nos petits moyens, sans nous laisser aller au doute et au désespoir qui sont le propre du travail en nous du malin...


(1) d'après Urs von Balthasar, ibid page 40

07 avril 2005

Qui suis-je ?

S'identifier au rôle sans se perdre en lui ? Seul importe la permanence de la fonction, peut importe qui y pourvoit ? (1) Je suis un serviteur quelconque nous dit saint Paul, et je crois qu'il y a là au fond deux constats. Je n'existe que dans mes actes féconds, mais cette fécondité, n'est pas de moi, elle m'est "soufflée" d'ailleurs.
Pourquoi moi, alors ?
Pourquoi pas...

Qui suis-je ?
Pour répondre à cette question, il n'y a finalement pas de réponse philosophique mais théologique. Seule la parole me permet d'exister, et me délivre ! ; je suis tout aimé de Dieu dans ma fonction. Parce que et quand je réponds à l'appel...


(1)d'après Urs von Balthasar, ibid page 38

06 avril 2005

Action prime

"C'est dans son action que Dieu nous montre sa vérité, c'est dans l'action - l'amour des frères humains - que le chrétien même s'il est anonyme comme le samaritain montre qu'il marche sur les traces du Christ." (1) Et c'est bien dans l'observation de ces traces de l'auto-manifestation de Dieu dans les actes et l'amour de nos frères, que nous sommes interpellés au fond de nous-mêmes par l'agir de Dieu. Il n'y a pas là de manifestation explicite, dans le sens d'un miracle qui interviendrait sur notre liberté, mais bien des signes discrets, perceptibles à travers révision de vie intérieure ou contemplation du monde, de ces petits pas de Dieu dans notre humanité, au travers de l'orchestration silencieuse mais symphonique de l'Esprit.
(1) Urs von Balthasar, Dramatique Divine ibid page 21

05 avril 2005

Médiation...

"L'Ecriture Sainte n'a aucune valeur si elle n'est pas dans l'Esprit-Saint la permanente médiation entre le drame d'en haut et le drame d'ici-bas. (...) qui nous renvoie comme à un centre à une démarche" (1)
Cela complète probablement les réflexions précédentes dans le sens où les petits pas s'entendent comme des poussées venant d'en haut, au sein même de notre vie, de l'amour. En cela, nos actes ne sont pas issus de nous-mêmes, mais bien des actes poussés par l'Esprit, que l'Ecriture par sa médiation a fait naître en nous.

De plus, il s'agit bien d'un drame, intérieur et extérieur. On ne peut oublier cette phrase du Christ qui parle d'une parole tranchante et dérangeante et traduit l'éternelle interpellation de l'Ecriture.


(1) Urs von Balthasar, ibid page 19

04 avril 2005

Jean-Paul - II, Un grand Pape...

Comment ne pas être touché par la disparition de celui qui depuis 1980 a renouvelé en moi la force de mon baptême. Avant de saluer le successeur de Pierre, je salue l'homme, penseur, philosophe, plein d'humilité et de conviction. Fidèle à son pays, sa foi et sa culture mais également saisi d'une ardeur nouvelle.
Lui aussi à fait incarné le souffle d'un autre.

03 avril 2005

Témoignage et vie - II

La vue peut être belle, la parole peut être bonne mais c'est dans l'action que s'opère vraiment le don.
On retrouve la réflexion du billet précédent, mais aussi toute la question posée par Sibony au texte de Lévinas. Devant la scène, devant la grande interpellation de l'existence ou je dois choisir entre mon moi et la vie de l'autre, que vaudrons mes belles idées et comment me préparez à dire "que ta volonté soit faite" et non la mienne... Peut-être dans les petits pas de tous les jours vers l'autre. Pour que le grand pas ne soit pas un déchirement mais bien la suite logique de toute une vie.

02 avril 2005

Témoignage et vie

"La simple prédication du message du salut par la parole selon la mission reçue n'atteint aucune crédibilité quand le prédicateur ne transforme pas son existence en un témoignage dramatique."(1)

C'est bien la limite de l'écriture. Elle n'a de sens que lorsquelle convertit et l'auteur et le lecteur. Encore du chemin.. Il y a, au delà du dire, un saut dans l'agir qui s'impose. C'est probablement ce qui pour nous intellectuel est l'enjeu principal. Nous aimons le jeu des idées, la griserie des mots, des concepts. Nous nous emballons dans le dire, mais notre dit est bien pauvre. Et pourtant, dans l'aujourd'hui de nos vies, quelques visages interpellent notre existence. La réponse est d'ordre personnelle, adaptée, an-archique. Elle est de l'ordre du destin. Et c'est dans ce faire que nous serons jugés.

(1) Urs von Balthasar, ibid p. 19



(1) Balthasar, ibid p. 19

01 avril 2005

Donner le temps au temps...

Souvent nous voulons maîtriser le temps, l'organiser. Est-ce que ce n'est pas une façon de s'ériger en Dieu, et donc de tomber au coeur même de la chute que décrit Genèse 3. L'arbre de la connaissance et de la maîtrise.
C'est pourtant le chemin inverse sur lequel nous conduit la méditation de l'Ecriture. Après le massacre des prêtres, Elie est conduit par Dieu au désert (1 Rois 19). Pendant 40 jours, il va marcher dans le désert. Pourquoi ? Comme pour l'Exode et ses 40 années de pérégrinations vers la terre promise, il s'agit d'apprendre à mettrede la distance entre sa toute-puissance et le temps de Dieu. Trouver le temps de Dieu, passe par une dé-maîtrise, un dé-centrement.
C'est aussi le lieu d'une chasteté. Non pas au sens où on l'entend souvent : celle d'une pure continence sexuelle, mais bien celle qui laisse l'autre être, sans que l'on lui prenne son temps, sans lui faire violence. La chasteté, c'est la marche au désert où je quitte ma volonté de puissance pour trouver le souffle fragile d'un autrement.
Elie au bout du chemin parvient sur la montagne. Mais Dieu n'est pas dans le tonnerre ou le feu. Il est dans le "bruit d'un fin silence". Le souffle ténu d'une liberté qui nos laisse libre mais qui ne se manifeste que lorsque l'on a abandonné la maîtrise du temps, quand on a rejeté le désir de maîtriser l'autre et nous même. Ce n'est plus alors la violence mais l'épiphanie d'une présence.
Le fruit de la chasteté, c'est peut-être rejoindre cette tempérance qu'évoquait déjà Aristote dans l'Ethique à Nicomaque. Loin de nos passions frivoles, loin de l'urgence, le temps de Dieu, le temps qui nous échappe mais qui prend alors toute sa mesure.

31 mars 2005

Approches...

Il y avait chemins...
Je découvre approches...
Une route pour les chercheurs de Dieu... ?

En attendant, une image de
mon dernier bébé... :-)


30 mars 2005

Fraction du pain

Quelle pédagogie que ce cheminement avec les disciples d'Emmaüs, où le Christ n'impose pas une vérité, mais accompagne dans le questionnement intérieur, jusqu'à se révéler dans l'ultime partage du pain, premier symbole d'une eucharistie à perpétuer...

29 mars 2005

Résurrection

Mystère de la résurrection...
C'est pour moi encore un univers à découvrir et à traduire dans l'aujourd'hui d'une espérance. Quand on se focalise trop sur le souvenir douloureux, on passe à côté de la gloire du ressucité et de l'ampleur du message qu'il annonce.
Le signe élévé sur le bois de la croix n'est pas que la souffrance d'un jusqu'au bout. C'est aussi une victoire que l'on peut clamer et qui donne espérance, quand le quotidien nous enferme dans nos désespérances.

16 mars 2005

Esclaves de nos désirs..

Et si j'étais esclave d'un blogue, d'une communication...
Une petite pause s'impose.
Histoire de décanter...
Pendant le carème, ce n'est pas un mal...
Au lundi de Pâques donc...

13 mars 2005

Peur, suite... - III

Que Jésus ai connu la peur ou pas, reste un mystère.
Mais l'exclure semble pour moi réduire son humanité.
L'intérêt n'est pas la peur, mais ce que l'on en fait, ce qu'elle transforme en nous.
Dans le texte de la femme adultère, il s'agit pour moi d'une démarche kénotique.
En habitant notre condition humaine, jusque dans la souffrance et la peur, Dieu nous rejoint.
En la traversant, la transcendant par une parole qui donne vie, un geste qui sauve, il nous conduit au delà de nos peurs et nous fait avancer.
C'est pour cela qu'il est signe élévé sur le bois de la Croix en réponse au serpent que Moïse avait dressé.
Il a dépassé la peur, peut-être même le désir (qui n'aurait pas été troublé dans son corps par une femme baisant ses pieds).
Mais il a été au delà et nous permet d'avancer au lieu de rester inhibé.

12 mars 2005

Rôle - I

Au sein du "théatre du monde" illustré par Calderon, qu'elle est notre place. Quel est le rôle d'un homme au sein de cette imensité, cette marée humaine.
On se sent petit et bien fragile, même si le désir et l'hubris emplie notre coeur de projet et d'ambition.
Et pourtant, Dieu a besoin de nos mains, disait Etty Hillesum.

NB : Au fil de la lecture de Urs von Bathalsar, Dramatique divine, Prolégomène - I

11 mars 2005

Anthropocentrisme

Toujours selon Metz, la "forme de pensée" thomiste est anthropocentrique à la différence de la vision grecque. Dans une interprétation de l'homme-Jésus, cela conduit à voir le Christ non comme le logos immuable mais bien comme un homme vrai, capable de subjectivité et de mouvement intérieur... Et peut-être aussi de peur, pour continuer dans la discussion déjà entamée avec Phil. L

Metz, ibid p. 49

10 mars 2005

L'autre en moi...

En pénétrant dans mon propre horizon de compréhension, la pensée de l'autre m'aide à me comprendre moi-même et c'est peut-être la première étape d'un décentrement qui s'opère, non pas pour quitter mon système intérieur, mais pour laisser l'autre, transformer de l'intérieur mon propre référentiel et permettre ainsi progressivement une conversion.

Au fil de la lecture de L'anthropocentrique chrétienne, J.B. Metz, Mame 1968, traduction de M. Louis, p. 37-38
Lire aussi "L'Esprit dans le Monde, K. Rahner 226-228 a propos de la reditio completa

09 mars 2005

L'humanité de Jésus

Un commentaire de Phi.L. sur un billet du 14 janvier m'interpelle. On a tendance souvent à réduire l'humanité de Jésus à celle d'un sur-homme en mélangeant son humanité et sa divinité. Or il y a pour moi, si je comprends bien le Symbole des Apôtres, véritable humanité en tout excepté le pêché.
En cela, la peur de Jésus peut-être conçue comme signe d'une humanité véritable. Parce qu'elle traverse notre vie comme bien d'autres émotions, la peur est lieu d'humanité. Or le Christ a choisi d'assumer cette humanité jusqu'au bout... Il me semble que l'affirmation de Lytta Basset dans Moi je ne juges personne, d'une peur de Jésus dans l'épisode de la femme adultère est cohérente avec celle qu'il a du traverser avec Géthsémani et qui s'exprime dans "le Père, si tu veux, éloigne de moi cette coupe ; cependant, que ce ne soit pas ma volonté qui se fasse, mais la tienne." Luc 22,42
Que cette peur soit déposée au pied du Père et qu'il recoive en échange le don "théologal" de l'espérance est signe de cette double kénose où le Christ vient habiter toute notre chair (au sens le plus large du mot hébreu basar) et nous permet de déposer à notre tour nos peurs pour "Avancer en eau profonde".
L'incarnation passe par la faim, le doute et la peur mais la dépasse, la transcende par ce décentrement du Fils qui par la prière laisse le Père habiter ces émotions humaines et en cela les transcendent...

PS : Pour intervenir sur ce blogue, voir les commentaires techniques du 28 février...

08 mars 2005

Béthesda...

Comme pour l'aveugle né, le Christ demande d'agir. Va, plonge toi... Va te laver à la fontaine de Siloé.
Pour la fête des tentes, on allait aussi remplir les vases à la fontaine de Siloé, située en contre-bas de l'esplanade du temple, pratiquement au point le plus bas de Jérusalem.
Il s'agit donc d'une descente intérieure, au fond de soi-même, à la recherche de la source vive. Remplir les vases, comme à Cana, pour que le Seigneur les transforme en vin.
Voir, guérir semble encore une affaire de décentrement.

07 mars 2005

Traces...

Suite à une discussion avec un ami...
J'aime bien le mot trace, parce qu'il évoque pour moi les pas de Dieu, quand je me tourne en arrière, que j'interroge le passé et que ce chemin discret de Dieu dans ma vie où celle des autres me fait percevoir la tendresse de sa présence discrète et respectueuse.
Saint Bonnaventure* l'évoque, il me semble en écho à Saint Augustin, lorsqu'il parle des trois types de manifestation de Dieu : la trace dans la fleur, la nature, l'image dans l'homme et la ressemblance du Christ...

* cf. Balthasar, la Gloire et la Croix, Styles.

03 mars 2005

Le bon et le meilleur...

Il y a deux sortes de regard que l'on peut porter sur l'homme.
1) Voir le bon et le mal, mais en ce faisant on génère un jugement, une comparaison et, tel Caïn qui compare et juge, notre comportement engendre la violence.
2) Un autre comportement est de voir en tout homme le bon et le meilleur, c'est à dire d'introduire dans sa vision de l'autre l'hyperbole qui pourra conduire au bon.
Cette vision optimiste mais que certains peuvent qualifier d'utopiste permet de quitter le conflit de tour à tour qui constitue tout comportement, pour voir en soi et en l'autre, ce qui est perfectible. Cela suppose un croisement d'humilité, mais surtout un regard aimant, comme celui que pose le Christ sur le pêcheur : va et ne pêche plus, va, appelle ton mari, je veux demeurer chez toi...

01 mars 2005

Les cymbales..

Je pourrais écrire de belles phrases, parler avec des beaux concepts, s'il me manque l'amour, je ne suis rien.

"Je pourrais transmettre des messages reçus de Dieu, posséder toute la connaissance et comprendre tous les mystères, s'il me manque l'amour, je ne suis rien."
1 Cor 13, 2