05 juin 2020

La Trinité comme une danse - Homélie du 7-8 juin

Projet 4 - notes pour une homélie orale 
 
Comment comprenez vous le grand mystère de la Trinité ?

Vous allez me parler du Père, du Fils, et peut-être de l'Esprit. Et vous aurez raison.
Il y a cependant une interaction particulière qui a beaucoup fait réfléchir les pères de l’Église et qu'il est intéressant de contempler en cette fête particulière.
Je vous propose pour cela 3 temps :
1. temps de contemplation des textes
2. un temps de contemplation de la Trinité
3. un temps d'exhortation... et de mise en mouvement.


1er temps :  j'aimerais vous introduire à la contemplation des textes de ce dimanche.
Dans l'Exode, Moïse cherche Dieu. Il l'a déjà rencontré dans le buisson ardent (Ex 3, Ex 19, etc.) pourtant, il gravit cette fois la montagne du Sinaï avec une attente particulière à l’issue de la « crise » du « Veau d’or » et c'est là que Dieu se révèle, non pas dans la puissance, mais dans le point ultime de sa pédagogie et dans un déchirement de sens par rapport à toutes les révélations [théophanies] précédentes. Il est "tendre et miséricordieux, lent à la colère, plein d'amour et de vérité." (Ex. 34)
Que verra vraiment Moïse ? Je vous invite à lire la suite... 

1ere contemplation...

Saint Paul, dans la  deuxième lettre de saint Paul apôtre aux Corinthiens, parle lui aussi d'un "Dieu d'amour et de paix". Il évoque également notamment "la grâce du Seigneur Jésus Christ, l'amour de Dieu et la communion du Saint-Esprit"(2 Co 13) .

Prenons le temps de méditer chaque partie de l'affirmation : "l'amour de Dieu, la grâce du Christ, la communion de l'Esprit". Nous avons là aussi des indications qui distinguent, mais en même temps, une commune référence à l'amour, la communion, la grâce et la Paix.

Saint Jean introduit quant à lui, une dynamique : "Dieu a tellement aimé le monde qu'il a donné son Fils unique, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé".     




2ème temps
Quel est maintenant le point commun des trois textes ?
L'amour, la communion, un Dieu qui sauve. 
Un Dieu de tendresse, loin des images du Dieu vengeur, du Père qui exigerait la mort du Fils en rançon, ou du Père fouettard qui nous envoie un virus pour nous punir. Toutes ces images qui masquent le Dieu qui nous sauve. Ce qui se révèle c'est le don, l'amour infini de Dieu, un Dieu qui bouge, loin des images statiques [ou trop immanente de Dieu](1). La trinité n'est-elle pas là...?
Dans ce mouvement particulier et premier d'un Père qui donne...
Ce mouvement second d'un Fils qui se donne
Ce mouvement de communion d'un Esprit qui est donné.
La Trinité est le don en actes de Dieu...
Elle rayonne dans ce mouvement de Dieu vers l'homme, dans ce dépouillement trinitaire, ce don qui vise la tendresse, l'amour, le salut.

Réécoutons à nouveau Dieu qui parle à l’homme dans la première lecture : Je suis « tendre et miséricordieux, lent à la colère, plein d'amour et de vérité. ». En redescendant de la montagne Moïse est illuminé de la lumière de cette révélation. Probablement parce que lui a été donné ou promis de voir Dieu en mouvement.


C'est sur la base de la contemplation de ce mouvement, que les Père de l'Eglise parle avec leurs mots savants d'une danse (2).
Le mot danse m'a toujours interpellé.
"J'ai joué de la musique sur la place et vous n'avez pas dansé nous" dit Jésus...(Mat 11, 17). Sommes nous prêts à entrer dans la danse de Dieu, à nous laisser emporter par l'amour, le don, le dépouillement (3) de nous lourdeurs naturelles, pour être porteur de la joie de Dieu ?
La Trinité est mouvement, danse, don, dépouillement...

J'en viens à mon troisième temps...
Nous avons perdu le mouvement dans un confinement sécuritaire et parfois douillet. Mais la vie, le mouvement nous appelle. N'oublions pas le cri de Dieu qui nous interpelle sur nos chemins de vie : "Où es-tu ?" (Gn 3) - Viens tu danser, viens tu aimer, veux-tu donner de toi même au service d'une communion réelle... ?
Tel est l'enjeu de la fête d'aujourd'hui. Tel est l'appel que Dieu nous fait.
Préparons nous à recevoir le don de Dieu en nous. Non pour le laisser confiné en nous, mais pour entrer dans la dynamique de l'amour...

Dimanche dernier, je vous invitais à venir vous présenter à l'autel, en même temps que les offrandes. Ce geste n'est pas un geste anodin. Il vous demande un mouvement extérieur, mais s'inscrit dans un mouvement du cœur. N'oubliez pas, comme le suggère Varillon (4), que votre cœur doit s'unir à l'offrande que Dieu nous fait. Que notre amour n'est pas la contemplation statique d'un Dieu statique, mais un mouvement en réponse à un Dieu en mouvement.

Ce mouvement est le premier des trois mouvements qui vous sont demandés : offrir puis recevoir et ensuite partir. Car entrer dans la danse c’est aussi partir à la rencontre du monde, porter le Christ à vos frères...
Amen 

Annexes pour le lecteur anonyme : 
(1) cf. K. Rahner et son traité sur la Trinité où il rejoint trinité économique et immanente 
(2) Périchorèse ou circumincession - Cf. E. Durand, La Périchorèse des personnes divines, Cerf
et mon essai de simplification : "La danse trinitaire"
(3) Cf. plus bas - Dieu dépouillé 
(4) François Varillon Joie de croire, joie de vivre 

Rappel : l’interêt de ce blog, désormais vieux de 15 ans, réside surtout dans l’interactivité des balises (tags) qui comptent maintenant près de 2.500 billets 

Aucun commentaire: