13 juin 2021

Contemplation - 1

 Contemplation - 1


“Observez les lys des champs, comme ils croissent : ils ne peinent ni ne filent, et je vous le dis, Salomon lui-même, n’a jamais été vêtu comme l’un d’eux ». Mat 6, 28-29


Les traces discrètes, ténues et fragiles que nous révèle la création, ou le sourire d’un enfant, sont parties intégrantes de la révélation.

C’est justement lorsque nos cœurs sont embrumés par la vie et la tristesse, le découragement ou le désert que cette beauté vient révéler autre chose. L’apparence laisse transparaître une splendeur plus profonde, plus cachée.


Etty Hillesum nous parle ainsi « d’une fleur qui

continue d'éclore alors que le nazisme a noirci toute l'humanité, ce « jasmin si tendre et si radieux en cette grisaille » qui lui permet de dire « je crois en Dieu » et également en l'homme, dont elle cherche à retrouver la trace « dans sa nudité, sa fragilité, cet homme bien souvent introuvable, enseveli par les ruines monstrueuses de ses actes absurdes. »(1).

N’est-ce pas encore et toujours notre espérance…


La fleur est excès. Alors que l’on aurait pu se contenter de prairies verdoyantes, il a fallu que Dieu nous donne les fleurs pour parer de couleurs chatoyantes la verdure d’un paysage. En soi, elles semblent inutiles, mais révèlent au contraire d’une manière discrète la tendresse d’un Dieu qui ne se contente pas du nécessaire, mais est débordement d’amour.

La Beauté est la porte silencieuse du travail en nous de Dieu, une invitation à la contemplation... Refuser la beauté c’est finalement échapper au réel et s’éloigner de notre propre intériorité. À l’inverse, l'aspiration intérieure à la beauté ne traduit-elle pas un retour à l'essentiel, une invitation au dépassement de nous-mêmes...

Notre culture et notre rapport au temps ne laissent plus de place au silence et à la contemplation.

Les choses simples nous mènent au seuil d’autre chose. 


C’est en s’arrêtant, en contemplant la fleur croisée sur le chemin, en s’arrêtant pour laisser passer un nuage, en observant le coucher du soleil, en goûtant au silence que nous accèderons à autre chose. La beauté est appel à faire un déplacement. Elle nous invite ailleurs.(2)


Quel est cet ailleurs ? 

Un don… ?

Le don immense d’un Dieu qui donne et s’efface. 

Contempler la nature, c’est percevoir ces graines semées autour de nous, en nous….


C’est voir la graine de moutarde et ses fruits…


Une petite branche, plantée à Jérusalem sur le bois d’une croix et abandonnée des hommes et qui fait vibrer plus d’un millard d’individus 2000 ans plus tard…


Une graine fragile qui sème encore discrètement dans le silence d’autres graines…


Contemplons ces dons discrets de Dieu, ces semences du Verbe et de l’Esprit… (3) 


Nous n’avons rien apporté. Nous sommes comme une amphore, prêt à recueillir dans le fleuve divin les parcelles de son amour.


(1) Etty Hillesum, une vie bouleversée

(2) Introduction de mon livre L’amphore et le fleuve cf.

https://kobo.com/fr-FR/ebook/l-amphore-et-le-fleuve

(3) voir ma danse 50.5.2

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