05 septembre 2022

En route vers la joie ? - 14


Il y a aujourd’hui dans cette fête de la nativité de la Vierge, le prélude fragile d’une incomparable symphonie dont l’aboutissement tragique masque et révèle en même temps l’immensité du don trinitaire. Contempler l’origine, c’est méditer la lente « pédagogie de Dieu » qui d’un être créé, d’un souffle ténu, d’une brise légère, d’un fiat murmuré, prépare le temple de ce fleuve immense qu’évoque Ezechiel. De Bethleem, citée perdue naît l’espérance, nous rappelle la liturgie. C’est là que commence à se déchirer le voile…

Parmi ce mouvement que j’ose définir comme une danse trinitaire (1) où Dieu et l’homme plantent ensemble les germes(2) de l’espérance, on pourra méditer ce sublime extrait de l’homélie de saint André de Crète que nous propose aujourd’hui l’office des lectures :

« Le Christ est l’achèvement de la Loi ; car il nous éloigne de la terre, du fait même qu’il nous élève vers l’Esprit. Cet accomplissement consiste en (...)  en ce qui est léger et libre dans la grâce. (...) 

En effet, c’est en cela que consiste l’essentiel des bienfaits du Christ ; c’est là que le mystère se manifeste, que la nature est renouvelée : Dieu s’est fait homme et l’homme assumé est divinisé. Il a donc fallu que la splendide et très manifeste habitation de Dieu parmi les hommes fût précédée par une introduction à la joie, d’où découlerait pour nous le don magnifique du salut. Tel est l’objet de la fête que nous célébrons : la naissance de la Mère de Dieu inaugure le mystère qui a pour conclusion et pour terme l’union du Verbe avec la chair. ~ C’est maintenant que la Vierge vient de naître, qu’elle est allaitée, qu’elle se forme, qu’elle se prépare à être la mère du Roi universel de tous les siècles. ~

C’est alors que nous recevons du Verbe un double bienfait : il nous conduit à la Vérité, et il nous détache de la vie d’esclavage sous la lettre de la loi. De quelle manière, par quelle voie ? Sans aucun doute, parce que l’ombre s’éloigne à l’avènement de la lumière, parce que la grâce substitue la liberté à la lettre. La fête que nous célébrons se trouve à cette frontière, car elle fait se rejoindre la vérité avec les images qui la préfiguraient, puisqu’elle substitue le nouveau à l’ancien. ~

Que toute la création chante et danse, qu’elle contribue de son mieux à la joie de ce jour. Que le ciel et la terre forment aujourd’hui une seule assemblée. Que tout ce qui est dans le monde et au-dessus du monde s’unisse dans le même concert de fête. Aujourd’hui, en effet, s’élève le sanctuaire créé où résidera le Créateur de l’univers ; et une créature, par cette disposition toute nouvelle, est préparée pour offrir au Créateur une demeure sacrée. »(3)


(1) sur la danse trinitaire voir La dramatique divine chez Hans Urs von Balthasar, les travaux d’Emmanuel Durand sur la Périchorèse et à leur suite mes recherches plus balbutiantes souvent évoquées ici sur ce thème dont mon dernier « En route vers Galilée » https://www.kobo.com/fr/fr/ebook/en-route-vers-la-galilee en version bêta 

(2) logos spermatikos disait saint Justin 

(3) Homélie de saint André de Crête pour la nativité de la sainte mère de Dieu, source office des lectures d’aujourd’hui

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