31 août 2017

Au coeur de l'homme -Saint Macaire

« Que l'âme rassemble ses pensées dispersées (...) comme si elle rassemblait des enfants qui folâtrent. Qu'elle les ramène à la maison de son corps, et qu'elle attende toujours le Seigneur dans le jeûne et l'amour, jusqu'à ce qu'il vienne et la recueillDéfrichez pour vous ce qui est en friche, ne semez pas dans les ronces !04 Soyez circoncis pour le Seigneur, enlevez le prépuce de votre cœur, gens de Juda et habitants de Jérusaleme véritablement... Si notre cœur ne s'enfle pas, si nous n'envoyons pas nos pensées pâturer dans les prés aux herbes folles du péché, mais si, au contraire, nous élevons notre esprit et conduisons nos pensées en présence du Seigneur par une fervente volonté, alors, dans son bon vouloir, le Seigneur viendra certainement en nous et nous unira vraiment à lui... 
Empresse-toi donc de plaire au Seigneur, attends-le sans cesse dans ton cœur, cherche-le par tes pensées, incite ta volonté et tes sentiments à tendre à tout instant vers lui. Tu verras alors comme il vient à toi et comme il fait en toi sa demeure." (1)

Comme le  précise Jérémie, il nous faut pour cela "défrichez ce qui est en friche, (...) être circoncis pour le Seigneur, enlevez le prépuce de notre cœur" (Jérémie 4, 3-4)

L'enjeu est de creuser en nous ce désir,  pour faire de notre corps le temple de son corps,  pour devenir les instruments de son amour et danser la danse trinitaire.

(1) Attribué à Saint Macaire d'Égypte, Homélie 31 ; PG 34, 728 (trad. Brésard, 2000 ans A, p. 24), source : Évangile au quotidien

30 août 2017

Beauté intérieure et tressaillement - Saint Grégoire de Nysse

« Le Royaume de Dieu est au-dedans de vous » (Lc 17,21). (...) celui qui a purifié son cœur de toute créature et de tout attachement déréglé voit l'image de la nature divine dans sa propre beauté... 
Il y a en toi, dans une certaine mesure, une aptitude à voir Dieu. Celui qui t'a formé a déposé en ton être une immense force. Dieu, en te créant, a enfermé en toi l'ombre de sa propre bonté, comme on imprime le dessin d'un cachet dans la cire. Mais le péché a dissimulé cette empreinte de Dieu ; elle est cachée sous des souillures. Si par un effort de vie parfaite, tu purifies les souillures attachées à ton cœur, la beauté divine brillera de nouveau en toi. Comme un morceau de fer débarrassé de sa rouille brille au soleil, de même l'homme intérieur, que le Seigneur appelle « cœur », retrouvera la ressemblance de son modèle lorsqu'il aura enlevé les taches de rouille qui détérioraient sa beauté."(1)
Alors tu pourras tressaillir d'allégresse car en toi, Dieu a déposé ce qu'il veut faire fructifier : l'amour. Semence fragile mais éternelle.
(1) Saint Grégoire de Nysse, Homélie 6 sur les Béatitudes ; PG 44,1269 (trad. cf bréviaire) 

29 août 2017

Tressaillement et splendeur

Entrer en prière dans son corps et non contre son corps(1), c'est s'unir avec le mouvement kénotique de l'incarnation du Christ, respecter le don que Dieu nous fait et tressaillir de tout notre être en "recevant l'emprunte de [la] fulgurante splendeur [divine]"(2). C'est
entrer dans la transe trinitaire, prélude à la danse des anges.
"Ne savez vous pas que votre corps est un temple ?" (1 Co 3, 16).
En entrant dans notre corps nous reconcilions ce pour quoi nous avons été créé.

(1) cf. François Cassinga-Trévédy, Pour toi quand tu prie, op. Cit. p. 65
(2) Maxime le Confesseur, Mystagogie, 6, PG 91, 684

28 août 2017

Distance et proximité divine -Saint Augustin d'Hippone

"Ta lumière était au-dessus de moi parce qu'elle m'a crée ; j'étais au-dessous d'elle parce que créé par elle. Celui qui connaît la vérité la connaît, et celui qui la connaît, connaît l'éternité. C'est l'amour qui la connaît !O éternelle vérité, ô véritable charité, ô chère éternité ! Tu es mon Dieu, je soupire après toi jour et nuit. Quand je t'ai connu pour la première fois, tu m'as soulevé vers toi pour me faire voir l'existence de quelque chose que je devrais voir, mais que je ne pourrais pas encore voir moi-même. Tu as ébloui la faiblesse de mon regard par la puissance de ton rayonnement, et je frissonnais d'amour et d'effroi. J'ai découvert que j'étais loin de toi, dans le pays de l'exil et de la dissemblance, et il me semblait que j'entendais ta voix, venant du haut du ciel : « Je suis la nourriture des forts : grandis et tu me mangeras. Tu ne me changeras pas en toi, comme la nourriture de ton corps, c'est toi qui seras changé en moi. » (...) Je t'ai aimée bien tard, Beauté si ancienne et si nouvelle, je t'ai aimée bien tard ! Mais voilà : tu étais au-dedans de moi quand j'étais au-dehors, et c'est dehors que je te cherchais ; dans ma laideur, je me précipitais sur la grâce de tes créatures. Tu étais avec moi, et je n'étais pas avec toi. Elles me retenaient loin de toi, ces choses qui n'existeraient pas si elles n'existaient en toi. Tu m'as appelé, tu as crié, tu as vaincu ma surdité ; tu as brillé, tu as resplendi, et tu as dissipé mon aveuglement ; tu as répandu ton parfum, je l'ai respiré et je soupire maintenant pour toi ; je t'ai goûtée, et j'ai faim et soif de toi ; tu m'as touché et je me suis enflammé pour obtenir la paix qui est en toi." (1)
Saint Augustin,  Les confessions, source AELF

26 août 2017

Les deux humilités

« Qui s'abaissera sera élevé ». Mt 23, 12
Le texte d'aujourd'hui nous invite à l'humilité.  Mais celle-ci n'est pas accessible par notre seule volonté.  Elle exige un déplacement intérieur où notre triple tentation de pouvoir, de vouloir et d'avoir doit se laisser mettre de côté en remettant Dieu au centre.  Chemin de désert que ce pas de côté pour accéder aux dénuements de nos désirs humains et vivre pour autrui et auprès de Dieu (cf. Mt 19). 
Écoutons et contemplons sur ce chemin la voie d'Isaac le Syrien :"Il y a une humilité qui vient de la crainte de Dieu, et il y a une humilité qui vient de Dieu lui-même. Il y a celui qui est humble parce qu'il craint Dieu, et il y a celui qui est humble parce qu'il connaît la joie. L'un, celui qui est humble parce qu'il craint Dieu, reçoit la douceur dans son corps, l'équilibre des sens et un cœur brisé en tout temps. L'autre, celui qui est humble parce qu'il connaît la joie, reçoit une grande simplicité et un cœur dilaté que rien ne retient plus." (1)
Je suppose que la deuxième est plus encore le don de Dieu aux simples.  Elle se trouve dans ces "fêlés pour Dieu" que l'Arche côtoient avec tendresse.

(1) Isaac le Syrien, Discours 58, 1ère série (trad. Touraille, DDB 1981, p. 313, cité par Évangile au quotidien.

21 août 2017

Les psaumes comme don de Dieu - Divino Afflatu - Saint Pie X

Prier avec les psaumes,  c'est entrer dans le bruit d'un fin silence (1)  le coeur des hommes et des anges qui dansent avec leur Dieu.
Cette prière nous dépasse et nous décentre, parce qu'elle ne vient pas de nous mais entre dans le fleuve immense de ceux qui chantent la louange de Dieu.  Une lecture spirituelle des psaumes montre aussi qu'une partie des psaumes dits "vengeurs" peuvent entrer dans la contemplation du mal qui nous habite et contre lequel nous ne devons cesser de lutter (2).
"Les psaumes recueillis dans la Bible ont été composés sous l'inspiration divine. Certes, dès les débuts de l'Église, ils ont merveilleusement contribué à nourrir la piété des fidèles, qui offraient à Dieu, en toute circonstance, un sacrifice de louange, c'est-à-dire l'acte de foi qui sortait de leurs lèvres en l'honneur de son nom. Mais il est certain aussi que, selon un usage déjà reçu sous la Loi ancienne, ils ont tenu une place éminente dans la liturgie proprement dite et dans l'Office divin.Telle est l'origine de ce que saint Basile appelle « la voix de l'Église », cette psalmodie définie par notre prédécesseur Urbain VIII comme « la fille de cette louange qui se chante sans relâche devant le trône de Dieu et de l'Agneau ». Et, selon saint Athanase, elle enseigne aux hommes, surtout lorsqu'ils sont consacrés au culte divin, « comment ils doivent louer Dieu et quelles paroles il leur faut employer pour le célébrer. » Voici, sur ce sujet une belle parole de saint Augustin : «Pour que l'homme puisse adresser à Dieu une digne louange, Dieu s'est loué lui-même ; et parce qu'il a bien voulu se louer, l'homme sait quelle louange il doit lui adresser. »Les psaumes possèdent en outre une étonnante efficacité pour éveiller dans les cœurs le désir de toutes les vertus. « Certes, toute la sainte Écriture, de l'Ancien comme du Nouveau Testament, est inspirée par Dieu et utile pour l'enseignement, ainsi qu'il est écrit ; néanmoins le livre des Psaumes, comme un paradis contenant tous les fruits des autres livres, propose ses chants et ajoute ses propres fruits aux autres dans la psalmodie. » Ces paroles sont encore de saint Athanase, qui ajoute très justement : « Je pense que, pour celui qui chante les psaumes, ils sont comparables à un miroir où il peut se contempler lui-même ainsi que les mouvements de son âme, et psalmodier dans ces dispositions. »C'est pourquoi saint Augustin parle ainsi dans ses Confessions : «Combien j'ai pleuré, en chantant tes hymnes et tes cantiques, tant j'étais remué par les douces mélodies que chantait ton Église ! Ces chants pénétraient dans mes oreilles, la vérité s'infiltrait dans mon cœur que la ferveur transportait, mes larmes coulaient, et cela me faisait du bien. »En effet, peut-on être insensible à tous ces passages des psaumes où sont proclamées si hautement l'immense majesté de Dieu, sa toute-puissance, sa justice, sa bonté, sa clémence inexprimables, et ses autres grandeurs infinies ? Peut-on ne pas répondre par des sentiments semblables, à ces actions de grâce pour les bienfaits reçus de Dieu, à ces prières humbles et confiantes pour ce que l'on attend, ou à ces cris d'une âme qui se repent de ses péchés ? ~ Peut-on ne pas être embrasé d'amour par cette image du Christ rédempteur esquissée avec persévérance ? Car saint Augustin « entendait dans tous les psaumes la voix du Christ soit qu'elle chante ou qu'elle gémisse, qu'elle se réjouisse dans l'espérance ou qu'elle soupire dans la situation présente. » (3)
(1) voir notre livre éponyme ainsi que L'amphore et le Fleuve, 
(2) cf. Chemins de priere et Lire l'Ancien Testament,  tome 3
(3) Saint Pie X, Divino Afflatu, par. 1 et 2,  1911, source AELF et https://w2.vatican.va/content/pius-x/la/apost_constitutions/documents/hf_p-x_apc_19111101_divino-afflatu.html

18 août 2017

Des grandes eaux à la source : l'entonnoir ?

Des eaux du déluge en Gn 7, de la mer Rouge en Ex 14 ou du Jourdain à l'époque des moissons en Jos 3, 15, ne subsiste, en apparence, qu'un mince filet d'eau jaillissant du coeur du Christ (Jn 19, 34)  mais cette source fragile n'est autre que l'eau vive, évoquée en Jn 4, 11.
C'est un fleuve immense qui se cache derrière la source fragile (cf Ez 47, 1).
Tout cela est comparable à un grand entonnoir qui de l'abondance des dons ne conserve que l'essentiel.
Tenons nous, comme l'évoque Bonaventure, debout, l'amphore à la main pour recueillir le don de Dieu.
Venons nous abreuver à la source.

15 août 2017

De tressaillement en tressaillement - Assomption

Comment contempler le travail de Dieu en notre chair, sans contempler l'oeuvre de Dieu en Marie, depuis la visite de l'ange, la joie d'être avec sa cousine, jusqu'à la triple souffrance de l'enfantement,  de la Passion et de la mort du Fils. 
Ce que Marie a vécu dans sa chair préfigure des déplacements qui nous attendent jusqu'à l'espérance de la résurrection. 
En cela, Marie est mère de l'Église.
Si Dieu a habité et traversé sa chair dans la douleur,  c'est pour ouvrir en nous le sillon du Verbe.

14 août 2017

Instruments de la grâce - Saint Maximilien Kolbe

Si Dieu se manifeste en nous dans un tressaillement ineffable,  c'est pour nous conduire à sa manière vers la prise de conscience progressive que les pas de Dieu vers l'homme ne sont qu'une invitation à danser les pas de Dieu. 
Le chemin ultime est de percevoir,  à l'image du dialogue de Pierre en Jn 21, que notre amour n'est que philen face à l'agape et que la ceinture que notre Seigneur prépare pour nous est le joug facile à porter de l'amour véritable,  celui où Dieu nous conduit pour manifester sa grâce et in fine sa gloire.
Nous sommes les signes imparfaits du don parfait.
" Si nous nous consacrons à Dieu, nous devenons entre ses mains des instruments de la miséricorde divine, tout comme elle-même entre les mains de Dieu. Laissons-nous donc diriger par elle, laissons-nous conduire par sa main, soyons sous sa conduite tranquilles et confiants : elle s’occupera de tout pour nous, elle pourvoira à tout, elle subviendra promptement aux besoins du corps et de l’âme, elle écartera elle-même les difficultés et les angoisses." (1)

(1) Saint Maximilien Kolbe,  lettre, source AELF

11 août 2017

Nom, gloire, sainteté et grâce - circumincession

Balthasar reprend deux fois dans deux pages consécutives le terme de circumincession à propos du lien entre sainteté et gloire (p. 60) et du nom et de la gloire (p. 61). Ce terme de Circumincession dont l'origine remonte, comme la démontré Emmanuel Durand, aux pères de l'Église, recouvre un concept que j'ai traduit comme une "danse trinitaire" dans un livre éponyme.
Pourquoi parler de danse à partir de sainteté, de gloire et de nom ? Probablement parce que la sainteté touche au Fils, la Gloire au Père et le nom à l'Esprit, en tant que révélation de la nature de Dieu dans l'histoire du peuple de Dieu, au gré des théophanies de l'Ancien Testament. Il y aurait un lien et une danse entre ces manifestations de Dieu, qu'elles soient visibles ou cachées, révélées ou implicites. Dans ces dynamiques se révèlent la dynamique divine : "La grâce consistant à pouvoir connaître le nom de son Dieu, Israël la comprenait comme un gage de la présence de ce Dieu, un peu comme un sacrement, comme la présence eucharistique du Christ dans la Nouvelle Alliance" (1).
La danse de Dieu vers l'homme s'est faite dans cette pédagogie divine de la révélation vétéro-testamentaire où Dieu se dit et se cache, se manifeste et se retire pour préparer la venue oxymorique d'une gloire souffrante et sainte. Les pas de l'AT se déchiffre dans le langage de la Croix.
Et pour autant il serait faut de parler uniquement de silence,  tant la Gloire de Dieu se manifeste déjà par bien des manières à l'homme qui ne passe à côté des révélations de la grâce divine qu'en raison de son aveuglement.  "Tu étais là et je ne le savais pas" (2)

(1) Hans Urs von Balthasar, La Gloire et La Croix, 3 Théologie, Ancienne Alliance, p. 61
(2) Augustin d'Hippone,  Confessions,  chap. VIII

Le reste - porte d'espérance

Les 7.000 évoqués à Élie en 1 Rois 19 ou Rom 11, 4, est-il différent de ce reste évoqué dans Michée 5 ?
"Et le reste de Jacob sera, au milieu de peuples nombreux, comme une rosée venant de Yahweh, comme des gouttes de pluie sur le gazon, lequel n'attend personne, et n'espère pas dans les enfants des hommes. Et le reste de Jacob sera aussi parmi les nations, au milieu de peuples nombreux, comme un lion parmi les bêtes de la forêt, comme un jeune lion parmi les troupeaux de brebis ; lorsqu'il passe, foule et déchire, personne ne délivre (Michée 5:6‭-‬7 BCC1923)".
Qu'est ce que ce reste, si ce n'est ce qui transforme la vallée d'Akor (c'est à dire de la déroute) en porte d'espérance (cf. Osée 2).

L'expérience de la déréliction faite par Élie au désert ne trouve sa clé de lecture qu'à Béthleem (cf.  Michee 5 et Matthieu 1) et sur la Croix. 

A la suite de Claire, contemplons ce chemin qui est celui de l'humilité et de la pauvreté : "O stupéfiante pauvreté ! le Roi des anges, le Seigneur du ciel et de la terre est couché dans une mangeoire. Au centre du miroir, considère l'humilité, ou du moins la bienheureuse pauvreté, les labeurs et les peines innombrables qu'il a supportés pour la rédemption du genre humain. Et à l'extrémité de ce miroir, contemple l'inexprimable charité dont il a voulu mourir sur l'arbre de la croix, et y mourir du genre de mort le plus honteux. Ainsi ce miroir, placé sur le bois de la croix, avertissait les passants de considérer tout cela, en leur disant : Vous tous qui passez sur le chemin, regardez et voyez, s'il est une douleur comparable à ma douleur. À celui qui crie et se lamente ainsi, répondons d'une seule voix, d'un seul esprit : Je m'en souviendrai toujours, et mon âme défaillira en moi. Consume-moi donc de ce feu d'amour, toujours plus fortement, ô reine, épouse du roi céleste. Contemple aussi ses indicibles délices, ses richesses et ses honneurs sans fin ; et en soupirant à cause du désir et de l'amour intenses de ton cœur, proclame : Entraîne-moi sur tes pas, courons à l'odeur de tes parfums, époux céleste. Je courrai sans m'arrêter, jusqu'à ce que tu m'introduises dans le cellier à vin, que ton bras gauche soulève ma tête que ton bras droit m'étreigne pour mon bonheur et que tu me baises du baiser délicieux de ta bouche." (1)

( 1) Lettre de Sainte Claire à la bienheureuse Agnès de Prague

10 août 2017

Le ministre du sang

On s'interroge souvent sur la symbolique du geste du diacre lors de l'anamnèse. Pourquoi présente-t-il le calice à la foule ? Une des clés de réponse est à trouver entre les lignes chez Ambroise de Milan dans le récit fu martyre de Laurent,  diacre de l'évêque Sixte : "Lorsque saint Laurent a vu que l'on conduisait l'évêque Sixte au martyre, il s'est mis à pleurer. Ce n'était pas la souffrance de son évêque qui lui arrachait des larmes, mais le fait qu'il parte au martyre sans lui. C'est pourquoi il s'est mis à l'interpeller en ces termes : « Où vas-tu, Père, sans ton fils ? Vers quoi te hâtes-tu, prêtre saint, sans ton diacre ? Tu avais pourtant l'habitude de ne jamais offrir le sacrifice sans ministre ! ... Fais donc la preuve que tu as choisi un bon diacre : celui à qui tu as commis le ministère du sang du Seigneur, celui avec lequel tu partages les sacrements, refuserais-tu de communier avec lui dans le sacrifice du sang ? »... Le pape Sixte a répondu à Laurent : « Je ne t'oublie pas, mon fils, ni ne t'abandonne. Mais je te laisse des combats plus grands à soutenir. Je suis vieux et je ne peux soutenir qu'une lutte légère. Quant à toi, tu es jeune et il te reste un triomphe bien plus glorieux à obtenir contre le tyran. Tu viendras bientôt. Sèche tes larmes. Dans trois jours, tu me suivras... » Trois jours après, Laurent est arrêté. On lui demande d'amener les biens et les trésors de l'Église. Il promet d'obéir. Le lendemain, il revient avec des pauvres. On lui demande où étaient ces trésors qu'il devait amener. Il a montré les pauvres en disant : « Voilà les trésors de l'Église. Quels trésors meilleurs aurait le Christ, que ceux dont il a dit : 'Ce que vous aurez fait à l'un de ces petits, c'est à moi que vous l'avez fait' » (Mt 25,40) ? Laurent a montré ces trésors-là et a été vainqueur car le persécuteur n'a eu aucune envie de les lui ôter. Mais dans sa rage, il l'a fait brûler vif." (1)

(1) Saint Ambroise, Des Offices des ministres I,84 ; II,28 ; PL 16,84 (trad. Bouchet, Lectionnaire, p. 468)

04 août 2017

Le chemin vers Dieu

Sur les chemins de Dieu notre chemin n'est pas tracé. Il ne cesse de deconstruire nos propres certitudes, jusqu'à nous conduire au silence intérieur où il nous parle enfin : " Il faut courir après Dieu, de ruine en ruine, à travers les éboulements successifs des images et des idées que nous nous faisons de Lui » (1)

(1) Gustave Thibon, L'expérience de Dieu, p.76, cité par Bertrand Revillon sur RND dans "Et Dieu dans tout ça"