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19 septembre 2016

Le beau démoniaque

Ambivalence et tension. "Aucun transcendantal n'est plus démoniaque que le "kalon" (beau)(...) apparence projetée sur la réalité périssable : reflet de Dieu ou du néant" (1). Nous devons porter ce risque qui depuis Cesarée (Mc 8, 34) fait cohabiter en nous l'intuition du divin et le risque de passer à côté et sombrer dans la vanité et la fatuité de se croire plus grand que Dieu. Ce rêve d'Icare habite notre condition humaine. Nous devons l'apprivoiser pour ne pas le laisser nous envahir. Pierre l'a appris à ses dépends. Dès que nous nous croyons proche de Dieu, il nous rappelle que nous ne sommes qu'un homme tout en nous couvant de son amour miséricordieux.

(1) GC6 p. 28

16 septembre 2016

La beauté et la gloire

On comprend mieux dans la suite du tome 6 la distinction fragile entre la beauté, transcendantal porté aux nues depuis Platon jusqu'à Hegel, et la Gloire (1) dont nous avons vu dans le tome 7 combien elle ne rayonnait finalement que dans la Croix. C'est ce gouffre qu'il faut combler entre la projection humaine et la révélation fragile de l'amour divin. Nous avons déjà commenté plus haut la tension testamentaire entre le plus bel enfant des hommes et l'ignominie de la Croix. Les chemins de Dieu sont insondables. Dans cette contemplation se joue pourtant la tension même de la foi.

Hans Urs von Balthasar, GC6 p. 18

15 septembre 2016

Circumincession des transcendantaux

Je poursuis ma lecture un peu désordonnée de Hans Urs von Balthasar par le tome 6 de la Gloire et la Croix. Je note avec intérêt le fait qu'il parle de la circumincession des transcendantaux. Je croyais le terme réservé aux Personnes divines dans ce que j'appelle la danse trinitaire. Et pourtant cette évocation du "facteur de conciliation" de salut par la grâce "qui est le propre du beau-sain n'a jamais éliminé le salut éthique et la clarté de la vérité" (1) est bien du même ordre. L'esthétique transcendantale est loin de notre art humain, ce n'est qu'un aspect de la danse trinitaire et cette conciliation prend sens car elle révèle "l'immanence".

(1) Hans Urs von Balthasar, La Gloire et la Croix, Le domaine de la métaphysique, Les fondations, tome 6, théologie Aubier n. 84, 1991, traduction Robert Givord et Henri Engelman, ci après GC6, p. 15

02 juillet 2016

Le summum de la bonté

Dans les résumés saisissants de Balthasar qui nous portent de l'école de Saint-Victor à l'école de Chartres, puis à la métaphysique de Thomas d'Aquin ressort à la fois la recherche de l'être dans une dynamique trinitaire et le bon et le beau comme sommet de l'esse divin. Quel est l'enjeu de son discours sinon de nous conduire, au delà d'un lien trop étroit entre Trinité et création vers la contemplation de la Bonté comme centre et finalement du Christ comme seule forme, figure et sommet de la révélation.
On comprend cela quand il cite E. Gilson qui affirme que "l'exemplarisme est le coeur de la métaphysique" (1).
Une question se pose. S'est-on éloigné de l'imitation paulinienne ? Tout ce détour par les Transcendentaux est-il nécessaire ?
Ne cédons nous pas là au rêve, à la tentation mystique ? Oui et non, tant la contemplation du beau peut être porte du ciel. Et pourtant la gloire du Christ n'est pas dans sa beauté platonique, elle réside dans sa pauvreté et sa kénose et la beauté du Christ en Croix est d'un autre ordre que les canons de l'esthétique.

(1) Etienne Gilson, La philosophie de saint Bonaventure, 12eme édition (1943), p. 120, cité en GC7 p. 54