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20 février 2022

Le premier pas - danse 2.37

Nous sommes venus et nous sommes repartis.

Qu’est ce qui a changé ?

Comment notre vie est-elle bouleversée par Christ ?

Cette question, nous ne pouvons la poser à la dérobade et je n’ai à peine le droit de la poser ici. Et pourtant elle devrait me travailler, nous travailler, au plus profond de notre cœur, car elle est essentielle. Elle est au cœur de notre engagement de chrétien.

Dans la première lecture de ce dimanche, David surprend ses interlocuteurs, alors qu’il s’inscrivait dans une logique de violence, le voici qui est transformé de l’intérieur, qu’il renonce à mettre la main sur son roi et interpelle sa raison.

Dans la deuxième lecture Jacques interpelle de la même façon notre humanité. Sommes-nous des fils d’Adam, des « terreux » ou des fils spirituels ?

Que sont d’ailleurs les fils de l’Esprit ? C’est peut-être ceux qui acceptent d’être changés en profondeur, qui sentent monter en eux la violence et qui la répriment, changent leur « cœurs de pierre en cœur de chair » et se laissent conduire par l’Amour, l’amour avec un grand A, celui qui « ne cherche pas son intérêt » mais entre dans la démesure du don, un don immense, dont le Christ est seul icône parfaite.

Jésus nous parle aujourd’hui dans ce texte particulier de Lc 6, 27-38 qui suit juste le message des béatitudes. Il va un pas plus loin. Et quel pas !

Si l’on te frappe, tends la joue gauche. Ne répond pas. Tends ton regard vers l’agresseur, ne lui tends pas la première joue, celle qui a souffert, ce qui serait du masochisme, mais interpelle-le par ton regard, et en même temps, change ton regard pour changer le sien. Laisse toi envahir par le par-don, par l’Amour. Ce à quoi nous conduit le Christ est plus grand que tout. Il est cet amour que décrit Luc, débordant, démesure, don qui ne compte pas, qui ne juge pas.

Il est agenouillement, devant tous les Judas que nous sommes, comme ceux que nous subissons.

Christ croit en toi, en moi, en nous.

Le voici, à genoux, pleurant, pour que se réveille enfin, l’amour, celui qu’Il porte sur nous, qu’Il nous partage à l’infini, à chaque fois que nous entrouvrons la porte de notre cœur et qu’en nous se glisse le don de l’indicible, et nous conduit au « me voici » qui nous fait danser la musique de Dieu. 

Aujourd’hui, comme tous les dimanches, il est là, à genoux, non pas pour nous mettre à genoux, mais parce qu’il croit en l’impossible, qu’il est Amour.

La veille de sa passion, quand il s’est mis à genoux devant celui qui le livrait, comme devant Pierre, il a fait le premier pas de danse (1). Sommes nous prêts à faire le second. Allons nous communier à cet Amour qui se donne et se redonne dans la démesure d’une eucharistie en actes.

C’est le rêve de Dieu, de toute éternité…






Notes pour l’homélie de ce jour….


(1) peut-être pas le premier comme je le montre dans ma trilogie (cf. Lien sous l’Image 4), mais d’une certaine manière le plus fou, l’unique, celui de cette mesure débordante que nous n’imiterons jamais assez…

07 janvier 2021

Danse avec tout homme - 26

« Dieu est amour : qui demeure dans l’amour demeure en Dieu, et Dieu demeure en lui. » La méditation liturgique de la première lettre de Jean nous ramène à l’essentiel, à ces béatitudes qui contemple en chaque homme, cette capacité théophorique, d’être porteur de Dieu. 


Μακάριοι ο πτωχο τ πνεύματι - bienheureux les pauvres en Esprit. La distinction de Mt 5,3 interpelle.


Ce n’est pas rien de contempler dans la kénose du Fils l’appel continu de Dieu à révéler ce qu’il a mis en nous.

L’agenouillement du Fils qui veut demeurer chez Zachée, crie son « j’ai soif » à la Samaritaine ou se laisse toucher en Marc 7 par cette femme étrangère qui lui réclame des miettes est contemplation, d’une certaine manière de ce Dieu en « manque » de l’homme déjà mentionné par Arnold en « danse n. 9 et n.10 », non qu’il soit dépourvu d’infinité, mais parce que l’amour même est « extase »(Fratelli Tutti, ch. 3), tout tourné vers autrui, vers le « visage » d’autrui au sens Lévinassien.


La contemplation de cet foi des petits enfants, de cette amour sans faille, de cette confiance aveugle est toujours pour l’homme lieu de danse et s’inscrit bien dans la symphonie kénotique de l’homme et de Dieu.


C’est à l’Arche que l’on découvre que la foi des touts petits est lumière qui fait éclater nos incertitudes et nos de-espérance. C’est dans le chant et la prière de mes quatre petits enfants que je vibre le plus avec l’amour reçu et partagé. Dieu donne nous l’amour des « simples », ceux qui ne s’encombrent pas des rites et des dogmes, mais demeurent en toi comme tu demeurent en eux. 





On est bien là au cœur de cet agenouillement qui fait le centre de ma trilogie trop souvent citée.

25 décembre 2020

De la paille à la poutre ? - danse 22


Il est né sur la paille et mort sur une poutre...

Si l’histoire de la crèche est contestée, la puissance de la lecture spirituelle de la naissance, racontée par Luc ne déroge pas avec l’ensemble du message de l’évangéliste.




Premier et ultime clin d’œil d’une vie pour dénoncer l’erreur d’une loi hypocrite ou le jugement hâtif du frère du fils prodigue ? (Luc 15).

Il y a un lien à contempler entre cette paille qui accueille le tout petit et ce bois qui supporte le crucifié. Ce lien c’est la chair nue, exposée de celui qui refuse tout égard, toute première place, pour se dénuder dans le service de ses frères (Jn 13) et le don inouï d’une vie offerte. 

Quel chemin entre le Dieu rêvé des premières théophanies de l’Exode (cf. Ex 19) et celui de la crèche. Alors qu’on y voyait trompettes et métaux précieux et qu’on rêvait d’un Dieu du tonnerre voici un Dieu nu exposé et rejeté... fui et trahi... fragile et crucifié...

Depuis le premier jour jusqu’au dernier...il est un Dieu qui se fait petit... pour dénoncer nos rêves de grandeur.

Tout ça pour quoi ?

Pour nous conduire au delà de la paille du voisin, la poutre de notre oeil ?  Si nous cherchons un Dieu puissant nous faisons fausse route. La puissance de Dieu se révèle dans la faiblesse... (cf. 2 Co 12).

Quel est le sens de cette nuit ?

Pourquoi pouvons nous danser de joie ? 


La naissance de Dieu homme est nouvelle naissance...

Il vient habiter l’homme et transformer son cœur...

Ne sommes-nous pas parfois l’aubergiste qui rejette la jeune fille enceinte, le pharisien devant la femme adultère (Jn 8.) celui qui cherche la paille et oublie la poutre...(cf. Lc 6, Mt 5), repousse l’étranger ou le lépreux de notre entourage.

A chaque fois que notre cœur se durcit nous oublions que le chemin n’est pas écrit à coup de burin dans le marbre d’une loi immuable, mais avec le cœur et au cœur de l’homme grâce à une paille sur le sable par un Dieu à genoux devant l’homme, qui ne veut que l’amour...

Que celui qui n’a pas péché jette la première pierre...(Jn 8.) 


C’est ce peut-être ce Dieu là ce que nous contemplons cette nuit. 

Dieu fragile...

La crèche n’est que la clé de sol d’une symphonie trinitaire. 

- Celle d’un Dieu qui renonce à toute manifestation de puissance pour nous dévoiler l’amour...

- Celle d’un Fils qui consent à tout pour tracer un autre chemin que la loi hautaine et méprisante des hypocrites.

- Celle d’un Esprit qui se fait fragile pour tracer en nos cœurs un chemin d’humanité.

Prenons conscience de nos poutres érigées à tort, de nos condamnations trop rapides pour percevoir que l’amour est miséricorde et pardon...

Vous voulez comme David des signes et des rois, des maisons et des institutions ?

Il ne vous sera donné que le signe de Jonas. Un prophète qui se fait petit...

Un petit d’homme couché sur un lit de paille et mort sur une poutre, pour que nos violences soient réduites à néant, nos jugements hâtifs et hypocrites balayés comme les feuilles au vent, nos quêtes de puissance réduites à un chemin d’humilité.

Le Dieu de la crèche et de la Croix est un Dieu à genoux...

Et la danse des trois personnes n’a qu’une direction, celle de nous inviter à la miséricorde et l’humilité...

Il est le chemin, la vérité et la vie...

Le Verbe s’est fait chair fragile parmi nous pour retourner nos cœurs de pierre en coeur de chair.

Le verbe est là - aujourd’hui - présence discrète, démunie, qui invite à l’amour.

Joie des cœurs simples. Danse des anges

Noël

31 mars 2019

Au fil de Luc 15, un temps de réconciliation

Une après-midi sur la réconciliation


Méditer les dons de Dieu
Entrer au cœur du carême dans un chemin de réconciliation c'est s'inscrire dans une dynamique de joie et de grâce. Cela commence par un temps intérieur où je remercie le Seigneur  pour les dons, toujours immenses qu'il m'a fait. Et c'est dans cette constatation de l'immensité de l'amour de Dieu que je prends conscience de ce qu'il me reste à accomplir. La méditation de la parabole des talents s'inscrit là dedans.
Silence

Lecture de Matthieu 25 - Les talents
Jésus parlait à ses disciples de sa venue; il disait cette parabole: «Un homme qui partait en voyage appela ses serviteurs et leur confia ses biens. À l'un il donna une somme de cinq talents, à un autre deux talents, au troisième un seul, à chacun selon ses capacités. Puis il partit. Aussitôt, celui qui avait reçu cinq talents s'occupa de les faire valoir et en gagna cinq autres. De même, celui qui avait reçu deux talents en gagna deux autres. Mais celui qui n'en avait reçu qu'un creusa la terre et enfouit l'argent de son maître. Longtemps après, leur maître revient et il leur demande des comptes. Celui qui avait reçu les cinq talents s'avança en apportant cinq autres talents et dit: "Seigneur, tu m'as confié cinq talents; voilà, j'en ai gagné cinq autres. — Très bien, serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle pour peu de choses, je t'en confierai beaucoup; entre dans la joie de ton maître." Celui qui avait reçu deux talents s'avança ensuite et dit: "Seigneur, tu m'as confié deux talents; voilà, j'en ai gagné deux autres. — Très bien, serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle pour peu de choses, je t'en confierai beaucoup; entre dans la joie de ton maître." Celui qui avait reçu un seul talent s'avança ensuite et dit: "Seigneur, je savais que tu es un homme dur: tu moissonnes là où tu n'as pas semé, tu ramasses là où tu n'as pas répandu le grain. J'ai eu peur, et je suis allé enfouir ton talent dans la terre. Le voici. Tu as ce qui t'appartient." Son maître lui répliqua: "Serviteur mauvais et paresseux, tu savais que je moissonne là où je n'ai pas semé, que je ramasse le grain là où je ne l'ai pas répandu. Alors, il fallait placer mon argent à la banque; et, à mon retour, je l'aurais retrouvé avec les intérêts. Enlevez-lui donc son talent, et donnez-le à celui qui en a dix. 
Car celui qui a recevra encore, et il sera dans l'abondance. Mais celui qui n'a rien se fera enlever même ce qu'il a. " »(1)
Silence et méditation sur les dons que Dieu m'a fait.
Dieu m'a fait des dons et j'ose les reconnaître, tout en réalisant que ce trésor reste enfoui parfois parmi d'autres préoccupations, que j'oublie de faire grandir, de partager, de faire fructifier.

Le temps du désert


Le jeûne est source de joie, car il se fonde sur la vraie joie, celle qui nous conduit à l'Époux. Écoutons sur ce point ce que nous dit Jean Paul II :

« Parmi les pratiques pénitentielles que nous propose l'Église, surtout en ce temps de Carême, il y a le jeûne. Il comporte une sobriété spéciale (...), pratiqué en signe de conversion, il facilite l'effort intérieur pour se mettre à l'écoute de Dieu. Jeûner, c'est réaffirmer à soi-même ce que Jésus répliqua à Satan qui le tentait au terme de quarante jours de jeûne au désert : « L'homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu » (Mt 4,4). Aujourd'hui, spécialement dans les sociétés de bien-être, on comprend difficilement le sens de cette parole évangélique. La société de consommation, au lieu d'apaiser nos besoins, en crée toujours de nouveaux, engendrant même un activisme démesuré... Entre autres significations, le jeûne pénitentiel a précisément pour but de nous aider à retrouver l'intériorité.
L'effort de modération dans la nourriture s'étend aussi à d'autres choses qui ne sont pas nécessaires et apporte un grand soutien à la vie de l'esprit. Sobriété, recueillement et prière vont de pair. On peut faire une application opportune de ce principe en ce qui concerne l'usage des moyens de communication de masse. Ils ont une utilité indiscutable mais ils ne doivent pas devenir les « maîtres » de notre vie. Dans combien de familles le téléviseur semble remplacer, plutôt que faciliter, le dialogue entre les personnes ! Un certain « jeûne », dans ce domaine aussi, peut être salutaire, soit pour consacrer davantage de temps à la réflexion et à la prière, soit pour cultiver les rapports humains.
Quel est l'enjeu sinon de nous libérer de toutes ces addictions, de toutes ces adhérences qui nous retiennent vers le « monde » et nous privent de la double dimension qui nous conduit à Dieu et aux autres ?
Au nom d'un certain confort et d'une quête addictive aux distractions qui s'enchaînent et nous enchaînent nous oublions que tout vient de Dieu et qu'il appelle à répondre au cri de nos frères.
Quel est l'enjeu du jeûne si ce n'est de trouver au fond de soi la véritable prière qui est lumière de l'âme ? Écoutons sur ce point une vieille homélie du Vème siècle :
« Le bien suprême, c'est la prière, l'entretien familier avec Dieu. Elle est communication avec Dieu et union avec lui. De même que les yeux du corps sont éclairés quand ils voient la lumière, ainsi l'âme tendue vers Dieu est illuminée par son inexprimable lumière. La prière n'est donc pas l'effet d'une attitude extérieure, mais elle vient du cœur. Elle ne se limite pas à des heures ou à des moments déterminés, mais elle déploie son activité sans relâche, nuit et jour.
En effet, il ne convient pas seulement que la pensée se porte rapidement vers Dieu lorsqu'elle s'applique à la prière ; il faut aussi, même lorsqu'elle est absorbée par d'autres occupations — comme le soin des pauvres ou d'autres soucis de bienfaisance —, y mêler le désir et le souvenir de Dieu, afin que tout demeure comme une nourriture très savoureuse, assaisonnée par l'amour de Dieu, à offrir au Seigneur de l'univers. Et nous pouvons en retirer un grand avantage, tout au long de notre vie, si nous y consacrons une bonne part de notre temps.
La prière est la lumière de l'âme, la vraie connaissance de Dieu, la médiatrice entre Dieu et les hommes.
Par elle, l'âme s'élève vers le ciel, et embrasse Dieu dans une étreinte inexprimable ; assoiffée du lait divin, comme un nourrisson, elle crie avec larmes vers sa mère. Elle exprime ses volontés profondes et elle reçoit des présents qui dépassent toute la nature visible.
Car la prière se présente comme une puissante ambassadrice, elle réjouit, elle apaise l'âme.
Lorsque je parle de prière, ne t'imagine pas qu'il s'agisse de paroles. Elle est un élan vers Dieu, un amour indicible qui ne vient pas des hommes et dont l'Apôtre parle ainsi : Nous ne savons pas prier comme il faut, mais l'Esprit lui-même intervient pour nous par des cris inexprimables.
Une telle prière, si Dieu en fait la grâce à quelqu'un, est pour lui une richesse inaliénable, un aliment céleste qui rassasie l'âme. Celui qui l'a goûté est saisi pour le Seigneur d'un désir éternel, comme d'un feu dévorant qui embrase son cœur.
Lorsque tu la pratiques dans sa pureté originelle, orne ta maison de douceur et d'humilité, illumine-la par la justice ; orne-la de bonnes actions comme d'un revêtement précieux ; décore ta maison, au lieu de pierres de taille et de mosaïques, par la foi et la patience. Au-dessus de tout cela, place la prière au sommet de l'édifice pour porter ta maison à son achèvement. Ainsi tu te prépareras pour le Seigneur comme une demeure parfaite. Tu pourras l'y accueillir comme dans un palais royal et resplendissant, toi qui, par la grâce, le possèdes déjà dans le temple de ton âme.(2)

Long cri vers Dieu dans la détresse,
mains levées, cœur ouvert,
remise totale au Père,
force de la faiblesse,
Jésus, notre prière,
ouvre-nous le chemin vers le Père.
Que ta bienveillance nous accompagne, Seigneur, durant ces jours de privation, pour que la discipline imposée à nos corps soit vraiment pratiquée avec amour.

Le jeûne n'est pas une fin en soi. La prière nous aide à en trouver le sens. Ce dernier est inscrit dans une histoire d'alliance. je jeûne parce que je veux retrouver cet amour perdu.
Ensuite, viens le temps où je me souviens aussi de ce qui m'a éloigné de ce chemin qui va de la réception au don.

Ces adhérences au monde, ce mal, ces addictions dont nous sommes complices, volontaires ou parfois malgré nous peuvent être de trois ordres, comme le souligne saint Jean dans sa première lettre : ce qui est de l'ordre de l'avoir (j'ai et je ne partage pas, ou j'en veux plus : gourmandise, avarice, concupiscence), ce qui est de l'ordre du pouvoir (violence, abus, médisance, jugement), ou enfin du valoir (orgueil, mépris, etc.)…
Silence

Écoutons maintenant ce texte qui nous décrit Jésus poussé par l'Esprit au désert. Pourquoi d'ailleurs y est-il poussé sinon parce qu'il veut connaître et vivre ce qui fait notre lot d'homme, la tentation, la solitude....

Lecture du texte (tentations du Christ)

01 Jésus, rempli d'Esprit Saint, quitta les bords du Jourdain ; dans l'Esprit, il fut conduit à travers le désert 02 où, pendant quarante jours, il fut tenté par le diable. Il ne mangea rien durant ces jours-là, et, quand ce temps fut écoulé, il eut faim. 03 Le diable lui dit alors : « Si tu es Fils de Dieu, ordonne à cette pierre de devenir du pain. » 04 Jésus répondit : « Il est écrit : L'homme ne vit pas seulement de pain. » 05 Alors le diable l'emmena plus haut et lui montra en un instant tous les royaumes de la terre. 06 Il lui dit : « Je te donnerai tout ce pouvoir et la gloire de ces royaumes, car cela m'a été remis et je le donne à qui je veux. 07 Toi donc, si tu te prosternes devant moi, tu auras tout cela. » 08 Jésus lui répondit : « Il est écrit : C'est devant le Seigneur ton Dieu que tu te prosterneras, à lui seul tu rendras un culte. » 09 Puis le diable le conduisit à Jérusalem, il le plaça au sommet du Temple et lui dit : « Si tu es Fils de Dieu, d'ici jette-toi en bas ; 10 car il est écrit : Il donnera pour toi, à ses anges, l'ordre de te garder ; 11 et encore : Ils te porteront sur leurs mains, de peur que ton pied ne heurte une pierre. » 12 Jésus lui fit cette réponse : « Il est dit : Tu ne mettras pas à l'épreuve le Seigneur ton Dieu. » 13 Ayant ainsi épuisé toutes les formes de tentations, le diable s'éloigna de Jésus jusqu'au moment fixé.
Silence et méditation

A - Temps de discussion en petit groupe


  1. Quels sont les tentations du Christ ?
  2. Comment les qualifierions nous aujourd'hui ?
  3. Qu'est-ce que cela dit sur nous, ce qui nous détourne de Dieu
  4. Comment s'en sortir ?

Pour aller plus loin :
« Le diable s'est attaqué au premier homme, notre parent, par une triple tentation : il l'a tenté par la gourmandise, par la vanité et par l'avidité. Sa tentative de séduction a réussi, puisque l'homme, en donnant son consentement, a été alors soumis au diable. Il l'a tenté par la gourmandise, en lui montrant sur l'arbre le fruit défendu et en l'amenant à en manger ; il l'a tenté par la vanité, en lui disant : « Vous serez comme des dieux » ; il l'a tenté enfin par l'avidité, en lui disant : « Vous connaîtrez le bien et le mal » (Gn 3,5). Car être avide, c'est désirer non seulement l'argent, mais aussi toute situation avantageuse, désirer, au-delà de la mesure, une situation élevée...
Le diable a été vaincu par le Christ qu'il a tenté d'une manière tout à fait semblable à celle par laquelle il avait vaincu le premier homme. Comme la première fois, il le tente par la gourmandise : « Ordonne que ces pierres se changent en pains » ; par la vanité : « Si tu es le Fils de Dieu, jette-toi en bas » ; par le désir violent d'une belle situation, quand il lui montre tous les royaumes du monde et lui dit : « Tout cela, je te le donnerai, si tu tombes à mes pieds et m'adores »...
Il est une chose qu'il faut remarquer dans la tentation du Seigneur : tenté par le diable, le Seigneur a riposté par des textes de la Sainte Écriture. Il aurait pu jeter son tentateur dans l'abîme par le Verbe qu'il était lui-même. Et pourtant il n'a pas eu recours à son pouvoir puissant ; il a seulement mis en avant les préceptes de la Sainte Écriture. Il nous montre ainsi comment supporter l'épreuve, de sorte que, lorsque des méchants nous font souffrir, nous soyons poussés à recourir à la bonne doctrine plutôt qu'à la vengeance. Comparez la patience de Dieu à notre impatience. Nous, quand nous avons essuyé des injures ou subi une offense, dans notre fureur nous nous vengeons nous-mêmes autant que nous le pouvons, ou bien nous menaçons de le faire. Le Seigneur, lui, endure l'adversité du diable sans y répondre autrement que par des mots paisibles ».
Alors que Dieu au jardin cherche l'homme, dans un « où es-tu ? » qui résonne encore dans le jardin, Jésus, par le jeûne et la prière nous conduit vers un « me voici » qui fait écho au psaume 50, et aboutit sur une croix. La seule réponse valide au diviseur qui cherche à mettre en avant nos désirs de pouvoir, de valoir ou d'avoir est l'abaissement, la faiblesse, l'humilité, la kénose.
Méditons sous ce prisme les trois réponses du Christ :
« L'homme ne vit pas seulement de pain. »
« Il est écrit : C'est devant le Seigneur ton Dieu que tu te prosterneras, à lui seul tu rendras un culte. »
« Il est dit : Tu ne mettras pas à l'épreuve le Seigneur ton Dieu. »
Elles nous conduisent au delà du désert vers l'essentiel : l'écoute de la Parole vraies nourriture, l'humilité devant le très haut, et la faiblesse.
Les pas du Christ au désert nous conduisent à méditer sur ce que nous avons fait, depuis le début du carême pour nous libérer de ce qui nous empêche d'aimer Dieu et nos frères...

Lecture du psaume 50

03 Pitié pour moi, mon Dieu, dans ton amour, selon ta grande miséricorde, efface mon péché.  04 Lave-moi tout entier de ma faute, purifie-moi de mon offense. 05 Oui, je connais mon péché, ma faute est toujours devant moi.  06 Contre toi, et toi seul, j'ai péché, ce qui est mal à tes yeux, je l'ai fait. Ainsi, tu peux parler et montrer ta justice, être juge et montrer ta victoire.  07 Moi, je suis né dans la faute, j'étais pécheur dès le sein de ma mère. 08 Mais tu veux au fond de moi la vérité ; dans le secret, tu m'apprends la sagesse. 09 Purifie-moi avec l'hysope, et je serai pur ; lave-moi et je serai blanc, plus que la neige.  10 Fais que j'entende les chants et la fête : ils danseront, les os que tu broyais. 11 Détourne ta face de mes fautes, enlève tous mes péchés. 12 Crée en moi un coeur pur, ô mon Dieu, renouvelle et raffermis au fond de moi mon esprit. 13 Ne me chasse pas loin de ta face, ne me reprends pas ton esprit saint.  14 Rends-moi la joie d'être sauvé ; que l'esprit généreux me soutienne. 15 Aux pécheurs, j'enseignerai tes chemins ; vers toi, reviendront les égarés. 16 Libère-moi du sang versé, Dieu, mon Dieu sauveur, et ma langue acclamera ta justice. 17 Seigneur, ouvre mes lèvres, et ma bouche annoncera ta louange. 18 Si j'offre un sacrifice, tu n'en veux pas, tu n'acceptes pas d'holocauste.  19 Le sacrifice qui plaît à Dieu, c'est un esprit brisé ; tu ne repousses pas, ô mon Dieu, un coeur brisé et broyé. 20 Accorde à Sion le bonheur, relève les murs de Jérusalem. 21 Alors tu accepteras de justes sacrifices, oblations et holocaustes ; alors on offrira des taureaux sur ton autel.
Silence et méditation personnelle
Pour se libérer de ces trois adhérences, il nous faut entrer dans un chemin de conversion qui se nourrit des sacrements de la réconciliation, comme de l'eucharistie, tous deux indissociables. Cette dynamique est celle d'une vie. La réconciliation nous remet dans la réception et le don…
On ne peut oublier que rencontrer un prêtre pour nous aider à cela, c'est entrer dans la joie de Dieu.
Je prends le temps de méditer sur la dernière fois que j'ai rencontré un prêtre. Que s'est-il passé depuis. Si j'y allais ce soir, que lui dirais-je ?

Lecture d'un extrait de Luc 15 (jusqu'à l'attitude du père...)

11 Jésus dit encore : « Un homme avait deux fils.  12 Le plus jeune dit à son père : "Père, donne-moi la part de fortune qui me revient." Et le père leur partagea ses biens.  13 Peu de jours après, le plus jeune rassembla tout ce qu'il avait, et partit pour un pays lointain où il dilapida sa fortune en menant une vie de désordre.  14 Il avait tout dépensé, quand une grande famine survint dans ce pays, et il commença à se trouver dans le besoin. 15 Il alla s'engager auprès d'un habitant de ce pays, qui l'envoya dans ses champs garder les porcs.  16 Il aurait bien voulu se remplir le ventre avec les gousses que mangeaient les porcs, mais personne ne lui donnait rien. 17 Alors il rentra en lui-même et se dit : "Combien d'ouvriers de mon père ont du pain en abondance, et moi, ici, je meurs de faim !  18 Je me lèverai, j'irai vers mon père, et je lui dirai : Père, j'ai péché contre le ciel et envers toi. 19 Je ne suis plus digne d'être appelé ton fils. Traite-moi comme l'un de tes ouvriers." 20 Il se leva et s'en alla vers son père. Comme il était encore loin, son père l'aperçut et fut saisi de compassion ; il courut se jeter à son cou et le couvrit de baisers.  21 Le fils lui dit : "Père, j'ai péché contre le ciel et envers toi. Je ne suis plus digne d'être appelé ton fils." 22 Mais le père dit à ses serviteurs : "Vite, apportez le plus beau vêtement pour l'habiller, mettez-lui une bague au doigt et des sandales aux pieds, 23 allez chercher le veau gras, tuez-le, mangeons et festoyons, 24 car mon fils que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé." Et ils commencèrent à festoyer.
Silence et méditation

B - Temps de discussion en petit groupe

  • Que dit l'histoire ?
  • Que veut-dire Jésus ?
  • Comment vivre cela ?
Il est difficile de voir notre péché. Plus encore de le faire sans juger les autres. Écoutons ce que nous dit Jésus à ce sujet

Lecture de Luc 6, 36-38(Ne jugez pas....)

36 Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux. 37 Ne jugez pas, et vous ne serez pas jugés ; ne condamnez pas, et vous ne serez pas condamnés. Pardonnez, et vous serez pardonnés.
38 Donnez, et l'on vous donnera : c'est une mesure bien pleine, tassée, secouée, débordante, qui sera versée dans le pan de votre vêtement ; car la mesure dont vous vous servez pour les autres servira de mesure aussi pour vous. »
Silence et méditation

Lecture de Matthieu 7, 1-5 (paille et poutre) -

« Ne jugez pas, pour ne pas être jugés ; 02 de la manière dont vous jugez, vous serez jugés ; de la mesure dont vous mesurez, on vous mesurera. 03 Quoi ! tu regardes la paille dans l'œil de ton frère ; et la poutre qui est dans ton œil, tu ne la remarques pas ? 04 Ou encore : Comment vas-tu dire à ton frère : "Laisse-moi enlever la paille de ton œil", alors qu'il y a une poutre dans ton œil à toi ? 05 Hypocrite ! Enlève d'abord la poutre de ton œil ; alors tu verras clair pour enlever la paille qui est dans l'œil de ton frère.
Musique

Lecture de la fin de Luc 15...

Or le fils aîné était aux champs. Quand il revint et fut près de la maison, il entendit la musique et les danses.  26 Appelant un des serviteurs, il s'informa de ce qui se passait. 27 Celui-ci répondit : "Ton frère est arrivé, et ton père a tué le veau gras, parce qu'il a retrouvé ton frère en bonne santé."  28 Alors le fils aîné se mit en colère, et il refusait d'entrer. Son père sortit le supplier. 29 Mais il répliqua à son père : "Il y a tant d'années que je suis à ton service sans avoir jamais transgressé tes ordres, et jamais tu ne m'as donné un chevreau pour festoyer avec mes amis.  30 Mais, quand ton fils que voilà est revenu après avoir dévoré ton bien avec des prostituées, tu as fait tuer pour lui le veau gras !" 31 Le père répondit : "Toi, mon enfant, tu es toujours avec moi, et tout ce qui est à moi est à toi. 32 Il fallait festoyer et se réjouir ; car ton frère que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé !" »  
Je médite en mon coeur ce que je vais faire pour progresser. Si je le souhaite, j'avance à l'autel, pour exprimer ma décision d'avancer sur ce chemin et je pose une bougie pour demander à Dieu de m'aider...

Lecture de Luc 17, 13-19 - les dix lépreux

Comme il entrait dans un village, dix lépreux vinrent à sa rencontre. Ils s'arrêtèrent à distance 13 et lui crièrent : « Jésus, maître, prends pitié de nous. »  14 A cette vue, Jésus leur dit : « Allez vous montrer aux prêtres. » En cours de route, ils furent purifiés. 15 L'un d'eux, voyant qu'il était guéri, revint sur ses pas, en glorifiant Dieu à pleine voix.  16 Il se jeta face contre terre aux pieds de Jésus en lui rendant grâce. Or, c'était un Samaritain. 17 Alors Jésus prit la parole en disant : « Tous les dix n'ont-ils pas été purifiés ? Les neuf autres, où sont-ils ?  18 Il ne s'est trouvé parmi eux que cet étranger pour revenir sur ses pas et rendre gloire à Dieu ! » 19 Jésus lui dit : « Relève-toi et va : ta foi t'a sauvé. »

Silence et méditation

C - Temps de discussion en petit groupe

  1. Qu'est-ce que ces lectures ont fait jaillir en nous ?
  2. Comment résister au jugement ?
  3. Jusqu'où pardonner ?
« Je rendrai grâce au Seigneur en confessant mes péchés » (Ps. 31,5). Chaque pas est un acte de liberté, qui nous remet dans l'Église. Et quand le prêtre ouvre ses bras à l'image d'un père qui court au-devant du fils prodigue (Luc 15), nous ne pouvons que sentir monter en nous l'émotion de ce Dieu qui nous aime, envers et contre tout, dans sa miséricorde infinie et débordante.
Quel que soit notre faute, si nous voulons grandir, il nous faut contempler où mène nos refus, nos lâchetés et nos égoïsmes.
Nous contemplons pour cela la Croix
Silence

Lecture de Luc 23 - 33-47 - Père pardonne leur....

Lorsqu'ils furent arrivés au lieu dit : Le Crâne (ou Calvaire), là ils crucifièrent Jésus, avec les deux malfaiteurs, l'un à droite et l'autre à gauche. 34 Jésus disait : « Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu'ils font. » Puis, ils partagèrent ses vêtements et les tirèrent au sort.  35 Le peuple restait là à observer. Les chefs tournaient Jésus en dérision et disaient : « Il en a sauvé d'autres : qu'il se sauve lui-même, s'il est le Messie de Dieu, l'Élu ! » 36 Les soldats aussi se moquaient de lui ; s'approchant, ils lui présentaient de la boisson vinaigrée, 37 en disant : « Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même ! »  38 Il y avait aussi une inscription au-dessus de lui : « Celui-ci est le roi des Juifs. » 39 L'un des malfaiteurs suspendus en croix l'injuriait : « N'es-tu pas le Christ ? Sauve-toi toi-même, et nous aussi ! » 40 Mais l'autre lui fit de vifs reproches : « Tu ne crains donc pas Dieu ! Tu es pourtant un condamné, toi aussi ! 41 Et puis, pour nous, c'est juste : après ce que nous avons fait, nous avons ce que nous méritons. Mais lui, il n'a rien fait de mal. »  42 Et il disait : « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume. » 43 Jésus lui déclara : « Amen, je te le dis : aujourd'hui, avec moi, tu seras dans le Paradis. » 44 C'était déjà environ la sixième heure (c'est-à-dire : midi) ; l'obscurité se fit sur toute la terre jusqu'à la neuvième heure, 45 car le soleil s'était caché. Le rideau du Sanctuaire se déchira par le milieu. 46 Alors, Jésus poussa un grand cri : « Père, entre tes mains je remets mon esprit. » Et après avoir dit cela, il expira.  47 À la vue de ce qui s'était passé, le centurion rendit gloire à Dieu : « Celui-ci était réellement un homme juste. »

Silence et méditation

Lecture de Matthieu 18,21-35 - Pardonner


Me voici avec toi Seigneur. Avec mes désirs, mes préoccupations, mon histoire, mon corps. Je désire écouter ta parole et me laisser façonner par elle. Oui Seigneur, je désire mieux te connaître : ouvre mon cœur et mes mains pour mieux t'accueillir tel que tu te révèles. Au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit.
Prions qu'au cœur de notre prière cet amour vienne vraiment nous transformer, pour que nous devenions chaque jour un peu plus miséricordieux, comme le Père est miséricordieux.
La lecture de ce jour est tirée du chapitre 18 de l'évangile selon St Matthieu
En ce temps-là, Pierre s'approcha de Jésus pour lui demander : « Seigneur, lorsque mon frère commettra des fautes contre moi, combien de fois dois-je lui pardonner ? Jusqu'à sept fois ? »
Jésus lui répondit : « Je ne te dis pas jusqu'à sept fois, mais jusqu'à 70 fois sept fois. Ainsi, le royaume des Cieux est comparable à un roi qui voulut régler ses comptes avec ses serviteurs. Il commençait, quand on lui amena quelqu'un qui lui devait dix mille talents (c'est-à-dire soixante millions de pièces d'argent). Comme cet homme n'avait pas de quoi rembourser, le maître ordonna de le vendre, avec sa femme, ses enfants et tous ses biens, en remboursement de sa dette.
Alors, tombant à ses pieds, le serviteur demeurait prosterné et disait : "Prends patience envers moi, et je te rembourserai tout." Saisi de compassion, le maître de ce serviteur le laissa partir et lui remit sa dette.
Mais, en sortant, ce serviteur trouva un de ses compagnons qui lui devait cent pièces d'argent. Il se jeta sur lui pour l'étrangler, en disant : "Rembourse ta dette !" Alors, tombant à ses pieds, son compagnon le suppliait : "Prends patience envers moi, et je te rembourserai." Mais l'autre refusa et le fit jeter en prison jusqu'à ce qu'il ait remboursé ce qu'il devait.
Ses compagnons, voyant cela, furent profondément attristés et allèrent raconter à leur maître tout ce qui s'était passé. Alors celui-ci le fit appeler et lui dit : "Serviteur mauvais ! je t'avais remis toute cette dette parce que tu m'avais supplié. Ne devais-tu pas, à ton tour, avoir pitié de ton compagnon, comme moi-même j'avais eu pitié de toi ?" Dans sa colère, son maître le livra aux bourreaux jusqu'à ce qu'il eût remboursé tout ce qu'il devait.
C'est ainsi que mon Père du ciel vous traitera, si chacun de vous ne pardonne pas à son frère du fond du cœur . »

1 « Pardonner jusqu'à 70 fois sept fois ». Je réfléchis en moi même : Ai-je fait une expérience de pardon récemment ? Comment ? Est-ce qu'il me vient à l'esprit des pardons à donner ? Je demande au Seigneur de m'éclairer.
2 « Saisi de compassion, le maître de ce serviteur le laissa partir et lui remit sa dette ». Je regarde la scène avec mon imagination, je laisse résonner en moi ces mots. Ai-je vécu des moments semblables de libération, de légèreté, d'avoir été pardonné ? Je laisse monter en moi les mots et les sentiments qui viennent.
Introduction à la deuxième écoute
A nouveau, je me prépare à écouter ce récit. Je laisse à chaque mot la possibilité de me rejoindre, de me réjouir, de me surprendre.
En ce temps-là, Pierre s'approcha de Jésus pour lui demander : « Seigneur, lorsque mon frère commettra des fautes contre moi, combien de fois dois-je lui pardonner ? Jusqu'à sept fois ? »
Jésus lui répondit : « Je ne te dis pas jusqu'à sept fois, mais jusqu'à 70 fois sept fois. Ainsi, le royaume des Cieux est comparable à un roi qui voulut régler ses comptes avec ses serviteurs. Il commençait, quand on lui amena quelqu'un qui lui devait dix mille talents (c'est-à-dire soixante millions de pièces d'argent). Comme cet homme n'avait pas de quoi rembourser, le maître ordonna de le vendre, avec sa femme, ses enfants et tous ses biens, en remboursement de sa dette.
Alors, tombant à ses pieds, le serviteur demeurait prosterné et disait : "Prends patience envers moi, et je te rembourserai tout." Saisi de compassion, le maître de ce serviteur le laissa partir et lui remit sa dette.
Mais, en sortant, ce serviteur trouva un de ses compagnons qui lui devait cent pièces d'argent. Il se jeta sur lui pour l'étrangler, en disant : "Rembourse ta dette !" Alors, tombant à ses pieds, son compagnon le suppliait : "Prends patience envers moi, et je te rembourserai." Mais l'autre refusa et le fit jeter en prison jusqu'à ce qu'il ait remboursé ce qu'il devait.
Ses compagnons, voyant cela, furent profondément attristés et allèrent raconter à leur maître tout ce qui s'était passé. Alors celui-ci le fit appeler et lui dit : "Serviteur mauvais ! je t'avais remis toute cette dette parce que tu m'avais supplié. Ne devais-tu pas, à ton tour, avoir pitié de ton compagnon, comme moi-même j'avais eu pitié de toi ?" Dans sa colère, son maître le livra aux bourreaux jusqu'à ce qu'il eût remboursé tout ce qu'il devait.
C'est ainsi que mon Père du ciel vous traitera, si chacun de vous ne pardonne pas à son frère du fond du cœur."
Invitation à une prière personnelle
Ce temps de prière a peut-être été un moment pour m'interroger sur Dieu, sur ses appels dans ma vie. Avec mes mots je demande au Seigneur de pouvoir entrer dans ce mouvement du pardon, reçu et donné, dans cet amour reçu et donné (3)

« Et toi, tu as enlevé l'offense de ma faute » (Ps. 31, 5) continue le psalmiste. Ce que le Père nous donne n'est autre que le fruit merveilleux de la mort et de la résurrection de son Fils. En s'élevant de terre, il nous a conduits vers l'amour. Cet amour rendu visible et glorifié par le Père et porté et amplifié par le don infini de l'Esprit Saint revient en nous dès que nous ouvrons nos portes à son souffle guérisseur et joyeux.
Silence

Lecture du psaume 35

Heureux l'homme dont la faute est enlevée, * et le péché remis !  02 Heureux l'homme dont le Seigneur ne retient pas l'offense, * dont l'esprit est sans fraude !  03 Je me taisais et mes forces s'épuisaient à gémir tout le jour : + 04 ta main, le jour et la nuit, pesait sur moi ; * ma vigueur se desséchait comme l'herbe en été.  05 Je t'ai fait connaître ma faute, je n'ai pas caché mes torts. + J'ai dit : « Je rendrai grâce au Seigneur en confessant mes péchés. » * Et toi, tu as enlevé l'offense de ma faute.  06 Ainsi chacun des tiens te priera aux heures décisives ; * même les eaux qui débordent ne peuvent l'atteindre. 07 Tu es un refuge pour moi, mon abri dans la détresse ; * de chants de délivrance, tu m'as entouré.  08 « Je vais t'instruire, te montrer la route à suivre, * te conseiller, veiller sur toi. 09 N'imite pas les mules et les chevaux qui ne comprennent pas, + qu'il faut mater par la bride et le mors, * et rien ne t'arrivera. »  10 Pour le méchant, douleurs sans nombre ; * mais l'amour du Seigneur entourera ceux qui comptent sur lui. 11 Que le Seigneur soit votre joie ! Exultez, hommes justes ! * Hommes droits, chantez votre allégresse !
L'absolution du prêtre nous donne l'expérience que le pardon et la paix  rejaillissent en nous comme une source d'eau vive (Jean 4) et nous apporte la joie.
Cela peut alors devenir une autre quête, plus enivrante celle-là : goûter, à nouveau, à la joie d'être des enfants de Dieu. Plus je m'inscris dans la réconciliation, plus je vis en Christ… Alors l'eucharistie prend un sens nouveau, je deviens temple de Celui qui est revenu habiter chez moi, ou plutôt, qui habite en moi, mais que j'oubliais d'entendre…
(1) Textes d'Évangile, traduction liturgique source AELF
(2) Homélie du Vème siècle, source AELF, office des lectures du 3eme jour de carême
(3) Source, Prier en chemin

25 février 2019

Homélie du 22 et 23 février - 7eme dimanche ordinaire - 1 S 26 et Luc 6 - aimer ses ennemis


Projet d'homélie

1. introduction 2. quel plan ?
Aimer ses ennemis jusqu’où ?
Comment supportez la voisine qui fait du bruit, le voisin qui gare sa voiture devant notre portail....?
Sommes-nous prêts à aimer comme le Christ ? 
A) Introduction de saint Paul 
B) contemplation de l’histoire de David
C) contemplation de l’évangile
D) méditation

1. Contemplation 

- Paul nous interpelle. entre Adam et Jésus, quel type d’hommes sommes nous? Sommes nous des hommes fragiles ou des enfants de Dieu. Sommes nous en Christ, habités par sa miséricorde ?
- 1ere lecture L'histoire n’est pas complète. On voit à la fin du texte lu que David appelle le roi il montre la lance et la gourde et il lui explique qu’il n’a pas porté la main sur lui et cela transforme le cœur de son ennemi ! Mais il reste plein de rebondissement à cette histoire...
Parce que l’homme reste fragile et que comme les fils d’Adam, la violence nous habite.Pourtant, la contemplation de la première lecture nous fait réaliser, dans la personne de David, cette bonté fondamentale qui rend possible l’arrêt de toute violence. Ce n’est pas loin de ce que nous dit à sa manière Jésus dans son Évangile. Aimer ses ennemis.. Aimer sans mesure ou avec une mesure débordante.
 L’allusion à la lance et la gourde n’est pas sans rebondissements pour nous. Il y a en effet dans un texte plus connu dans les derniers chapitres de Jean, aussi une lance et une allusion à la soif. C’est la lance qui symbolise la violence des hommes et qui transperce le cœur de Jésus, assoiffé de notre amour, un cœur miséricordieux qui va jusqu’à s’agenouiller devant Judas pour lui laver les pieds, ou dire, malgré cette violence, « Père pardonne leur parce qu’ils ne savent pas ce qu’ils font ».
Quel est l'enjeu ? Aimer ne consiste pas seulement à aimer ses proches, mais bien à aller bien au delà, jusqu’à l’amour de ses ennemis.


2. Méditation
Un exemple assez exceptionnel nous est donné par l’histoire de cette femme en Amérique du sud, maltraitée par un tortionnaire pour des raisons politiques. Malgré sa souffrance, elle arrive à le retourner. Comment cela s’est-il passé ? Un jour elle a entendu qu’il s’inquiétait de la santé de son fils, alors qu’il la martyrisait. Le lendemain, alors qu’il recommençait, elle lui a demandé de ses nouvelles. Et c’est là probablement qu’il a réalisé que cette femme n’était pas un objet, mais une personne, une mère. C’est peut-être ce que Jésus nous dit en nous demandant de tendre l’autre joue. Entre la joue droite et la joue gauche, il y a le regard que l’on porte à la personne, ce regard qui implore, qui considère, qui prend en compte la souffrance de l’autre, qui fait qu’il n’est plus ennemi mais aussi personne.

Le chemin d’amour que le Christ trace pour nous n’est pas un chemin facile. Entre la lance et la gourde que ramasse David, et le glaive qui transpercera le coeur du Christ assoiffé, il y a plus de mille ans de révélation. Mais c’est peut-être cela qui est le plus essentiel. C’est le chemin d’un Dieu qui se fait le plus bas pour nous aimer et nous aider à aimer à sa manière.
La croix est le point culminant d’un Dieu qui refuse de condamner son ennemi mais qui, au contraire, va jusqu’à la mort pour lui montrer le chemin de la miséricorde.
Père, pardonne leur parce qu’ils ne savent pas ce qu’il font.
Bien sûr, ce chemin est difficile pour nous.
Notre générosité ne sera pas probablement dès le début une mesure pleine et débordante. Mais il nous faut, pas à pas, entamer ce chemin.

Peut-être cette semaine pouvons-nous commencer par prier pour nos ennemis ? C’est la première marche à monter vers le pardon et la miséricorde à laquelle Dieu veut nous appeler.

17 février 2019

Au fil de Luc 6,17.20-26 - Béatitudes - Une joie profonde - Paul VI - Larmes du Père 7

« Heureux, vous les pauvres, car le royaume de Dieu est à vous.
Heureux, vous qui avez faim maintenant, car vous serez rassasiés. Heureux, vous qui pleurez maintenant, car vous rirez.
Heureux êtes-vous quand les hommes vous haïssent et vous excluent, quand ils insultent et rejettent votre nom comme méprisable, à cause du Fils de l'homme.
Ce jour-là, réjouissez-vous, tressaillez de joie, car alors votre récompense est grande dans le ciel ; c'est ainsi, en effet, que leurs pères traitaient les prophètes.
Mais quel malheur pour vous, les riches, car vous avez votre consolation !
Quel malheur pour vous qui êtes repus maintenant, car vous aurez faim ! Quel malheur pour vous qui riez maintenant, car vous serez dans le deuil et vous pleurerez !
Quel malheur pour vous lorsque tous les hommes disent du bien de vous ! C'est ainsi, en effet, que leurs pères traitaient les faux prophètes. » Luc 6, Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris

La pauvreté du monde est source de tristesse pour le Christ. (1) Elle transpire dans son allusion à la veuve de Sarepta, ou sa vénération de la femme aux deux piécettes. 
Alors pourquoi dire « Heureux les pauvres » ? De quelle pauvreté parle-t-il ? Peut-être d'un véritable décentrement, d'une liberté vis à vis des convoitises de la chair, de ces triples convoitises du pouvoir, de l'avoir et du valoir qui nous enchaînent au monde (cf. trilogie johannique de 1 Jn 2)

« Heureux vous les pauvres ; le Royaume de Dieu est à vous »
« La joie de demeurer dans l'amour de Dieu commence dès ici-bas. C'est celle du Royaume de Dieu. Mais elle est accordée sur un chemin escarpé, qui demande une confiance totale dans le Père et le Fils, et une préférence donnée au Royaume. Le message de Jésus promet avant tout la joie, cette joie exigeante ; ne s'ouvre-t-il pas par les béatitudes ? « Heureux, vous les pauvres, car le Royaume des cieux est à vous. Heureux vous qui avez faim maintenant, car vous serez rassasiés. Heureux vous qui pleurez maintenant, car vous rirez ».
Mystérieusement, le Christ lui-même, pour déraciner du cœur de l'homme le péché de suffisance et manifester au Père une obéissance filiale sans partage, accepte de mourir de la main des impies, de mourir sur une croix. Mais... désormais Jésus est pour toujours vivant dans la gloire du Père, et c'est pourquoi les disciples ont été établis dans une joie indéracinable en voyant le Seigneur le soir de Pâques (Lc 24,41).
Il reste que, ici-bas, la joie du Royaume réalisé ne peut jaillir que de la célébration conjointe de la mort et de la résurrection du Seigneur. C'est le paradoxe de la condition chrétienne qui éclaire singulièrement celui de la condition humaine : ni l'épreuve, ni la souffrance ne sont éliminées de ce monde, mais elles prennent un sens nouveau dans la certitude de participer à la rédemption opérée par le Seigneur et de partager sa gloire. C'est pourquoi le chrétien, soumis aux difficultés de l'existence commune, n'est cependant pas réduit à chercher son chemin comme à tâtons, ni à voir dans la mort la fin de ses espérances. Comme l'annonçait en effet le prophète : « Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu une grande lumière, sur les habitants du sombre pays une lumière a resplendi. Tu as multiplié leur allégresse, tu as fait éclater leur joie » (Is 9,1-2). (2)

Certains théologiens ose penser qu'au bout de la souffrance du Christ, dans son « tout est accompli » (Jn 19)  transparaît déjà la joie. La pauvreté du Christ en Croix est le chemin de la joie, première lueur de la résurrection. On en trouve aussi la trace chez certains mourants, libérés de la souffrance, et pauvres de toute convoitise.

« Heureux vous les pauvres ; le Royaume de Dieu est à vous »

A méditer...

(1) Homélie du père Vital Ngimbi du 16/2/19 à la Madeleine de Nonancourt 
2) Saint Paul VI, Exhortation apostolique sur la joie chrétienne « Gaudete in Domino » (trad. DC n°1677 1/6/1975, p. 504)