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17 septembre 2021

Parole et danse - 4


« La Parole provoque une décision (...)[ou en tout cas] un appel lancé et qui résonne (...) voilement et dévoilement (...) qui surpasse notre écoute et notre décision. Ainsi demeure-t-elle toujours eschatologique [c’est-à-dire qu’elle n’a pas fini son œuvre et nous saisit au sens de Ph.3]. Le secret de la Parole revient à l’Esprit(1). Ce que la Parole veut me dire et la réponse qu’elle attend de moi, cela seul l’Esprit le sait, pas moi(2). »


Marion nous introduit pour moi à cette danse sublime qui ne peut être que trinitaire car elle n’est que le courant d’air d’une brise légère qui vient troubler notre intérieur le plus profond, déjoue nos enfermements et nos peurs et nous fait tressaillir au vent de Dieu, au rêve de Dieu(3).


À tout ceux qui n’ont pas encore passé le porche, venez danser dans notre maison d’évangile(4). Elle n’est pas un lieu de totalité mais une école de danse 🙂 


(1) Jean Luc Marion cite ici la Dogmatique de Barth

(2) Marion, op. cit p. 164-165

(3) belle expression que je tient de François 

(4) et danser ou contredanser avec nous aujourd’hui sur Ez 16 cf. Maison d’Évangile - La Parole Partagée

29 janvier 2021

Homélie du quatrième dimanche du temps ordinaire , année B

Projet d'homélie pour dimanche, version 8
Où sommes-nous ?
Au désert comme dans la première lecture ?
À Corinthe, dans une ville perdue ?
Où à Capharnaüm, ville des nations...
Les textes de ce dimanche interpellent notre discernement intérieur, ce qui se passe au fond de notre cœur, dans ces temps et dans ces lieux d’incertitudes, alors que nous hésitons, nous restons confinés, parfois incapables de bouger ou bloqués par nos peurs.
Je ne sais pas pourquoi mais je pense à la guérison du possédé pris de convulsions comme à celle d’un cocotier qu’il faut secouer pour qu’il libère ses fruits. 
Jésus parle avec autorité... pourquoi ? Peut-être pour secouer nos peurs et nos torpeurs... mais surtout parce qu’il s’adresse au Mal.

La semaine dernière nous célébrions le dimanche de la Parole. Depuis plusieurs textes sont venus nous interpeller (le semeur, la tempête apaisée,...). Aujourd'hui nous sommes appelés à creuser en notre cœur le travail et la place que cette Parole laisse en nous et peut-être à nous laisser nous aussi un peu secouer.

Sors de cet homme...
Jésus veut expulser avec autorité nos peurs, ce Mal qui nous empêche d’avancer.

Bien sûr nous sommes fragiles ! 
Mais laissons nous un peu déranger...
Prenons le temps de relire chaque lecture.
La première lecture, utilise des répétitions, ce qu'on appelle une forme concentrique. Entre chaque répétition il nous faut percevoir ce sur quoi pointe le texte... sur quoi insiste t-il ?

Prenons le temps de le voir ensemble.
Dans la première Moïse disait au peuple :
« Au milieu de vous, parmi vos frères,
le Seigneur votre Dieu
fera se lever un prophète comme moi.
L'expression « se lever un prophète » se répète.
Elle encadre ce qu'on appelle les murmures, typique de la traversée très symbolique du peuple au désert et donc par métaphore de nos propres pas : « Je ne veux plus entendre la voix du Seigneur mon Dieu, je ne veux plus voir cette grande flamme, je ne veux pas mourir !"
Et le Seigneur me dit alors :
"Je ferai se lever au milieu de leurs frères
un prophète comme toi.
je mettrai dans sa bouche mes paroles,
et il leur dira tout ce que je lui prescrirai.
Si quelqu'un n'écoute pas les paroles
que ce prophète prononcera en mon nom,
moi-même je lui en demanderai compte.

De la même manière le psaume insiste...
Aujourd'hui écouterez-vous sa parole ?
« Ne fermez pas votre cœur comme au désert,

Dans sa première lettre aux Corinthiens Paul souligne la différence entre le souci des affaires du Seigneur, et le souci des affaires de ce monde. Il parle de division... il se situe dans un temps et une histoire particulière, persuadé qu’il reste peu de temps, qu’il y a urgence...
Et conclut que ce qui est bien, c'est que vous soyez attachés au Seigneur sans partage.

Le souci des affaires de ce monde .... [ou] s'attacher à Dieu sans partage....

Il y a là ce à nouveau ce qu'on appelle une tension théologique ou un déchirement...
Les textes de ce dimanche sont bien délicats à interpréter... sauf à entendre derrière la trame des textes que nous avons peut-être pu manduquer cette semaine, à contempler cette terre que nous sommes et les graines de moutarde que Dieu sème à tout va...

L’Évangile souligne le contraste entre Celui qui enseigne en homme qui a autorité, et l' esprit impur, qui se mit à crier : « Que nous veux-tu, Jésus de Nazareth ?  Es-tu venu pour nous perdre ?
L’autorité du Christ tranche ici avec la miséricorde qui caractérise Jésus, mais elle s’explique par la présence particulière d’un esprit du mal. Celui qui se rebute à la présence de l’Agneau. Es-tu venu nous 
perdre...? Est-ce le diviseur qu’évoque Paul ?
En quoi sommes-nous perdus ?

Nous nous perdons peut-être quand la voix du monde nous fait oublier l'essentiel, quand notre cœur se perd dans des méandres auto-centrés et oublie notre vocation de baptisés. Sommes-nous des âmes isolées ou une communauté joyeuse et aimante ?
A quoi sommes-nous appelés ? N'oubliez pas mon interpellation d'il y a 15 jours... notre vocation de baptisés se nourrit de l'interpellation intérieure... de notre capacité à faire silence.
Laissons la Parole venir nous secouer, nous travailler jusqu'aux jointures de l'âme. Plaire au monde ou à Dieu. Ce déchirement est salutaire. Il nous fait grandir...

Le Verbe semé en nous viendra t-il déranger nos habitudes ? Sommes-nous attentifs ou tellement distraits par les ronces de ce monde que les dons que Dieu nous fait restent des lettres mortes ?
Seigneur, viens nous visiter.
Toi seul peut nous délivrer du Mal.
C’est la guérison dont nous avons besoin. Fais sortir de nous ce mal...



08 mars 2020

Parole, proximité et silence


Je découvre dans La Croix du 5 mars ce très bel extrait de la règle des diaconesses de Reuilly : « [La Parole] t'est offerte et cependant te résiste. Elle est forte et cependant s'estompe, fragile sous l'afflux de tes mots. Elle est limpide et cependant cachée, elle se cherche comme à tâtons. Elle t'éclaire et cependant ne brille qu'au-devant de ton pas. Elle est tout près de toi et cependant son immensité occupe les siècles. Cherche, scrute, patiente, demande. Ne te laisse pas rebuter car c'est Dieu lui-même qui veut t'apprendre Dieu. Aime assez l'Écriture pour qu'elle te délivre ses secrets. Ses accents sont toujours nouveaux. Imprègne-toi d'elle, fais-en ton étude, écris-la, raconte-la… Mais si t'enflammait une seule parole, fais silence et ne désire rien d'autre : le Seigneur t'a parlé comme l'ami parle à son ami. »

On retrouve ici une belle composition spirituelle qui fait entrer en résonance plusieurs médiations comme le texte célèbre d'Augustin extrait des Confessions sur la proximité et distance de Dieu et ce beau texte teilhardien de La custode que je rêve de retrouver.

Belle contemplation.

15 décembre 2019

La voix, le silence et la Parole - saint Augustin - amour en toi, 49…

« La parole est déjà dans mon cœur ; mais lorsque je veux te parler, je cherche comment faire passer dans ton cœur ce qui est déjà dans le mien.

Si je cherche donc comment la parole qui est déjà dans mon cœur pourra te rejoindre et s'établir dans ton cœur, je me sers de la voix, et c'est avec cette voix que je te parle : le son de la voix conduit jusqu'à toi l'idée contenue dans la parole ; alors, il est vrai que le son s'évanouit ; mais la parole que le son a conduite jusqu'à toi est désormais dans ton cœur sans avoir quitté le mien.

Lorsque la parole est passée jusqu'à toi, n'est-ce donc pas le son qui semble dire lui-même : Lui, il faut qu'il grandisse ; et moi, que je diminue ? Le son de la voix a retenti pour accomplir son service, et il a disparu, comme en disant : Moi, j'ai la joie en plénitude. Retenons la parole, ne laissons pas partir la parole conçue au fond de nous.

Tu veux voir comment la voix s'éloigne, tandis que demeure la divinité de la Parole ? Où est maintenant le baptême de Jean ? Il a accompli son service, et il a disparu. Maintenant le baptême du Christ se multiplie. Tous nous croyons au Christ, nous espérons le salut dans le Christ : c'est cela que la voix faisait entendre.

Il est difficile de distinguer la parole de la voix, et c'est pourquoi on a pris Jean pour le Christ. On a pris la voix pour la parole ; mais la voix s'est fait connaître afin de ne pas faire obstacle à la parole. Je ne suis pas le Messie, ni Élie, ni le Prophète. On lui réplique : Qui es-tu donc ? Il répond : Je suis la voix qui crie à travers le désert : Préparez la route pour le Seigneur. La voix qui crie à travers le désert, c'est la voix qui rompt le silence. Préparez la route pour le Seigneur, cela revient à dire : Moi, je retentis pour faire entrer le Seigneur dans le cœur ; mais il ne daignera pas y venir, si vous ne préparez pas la route.

Que signifie : Préparez la route, sinon : Priez comme il faut ? Que signifie : Préparez la route, sinon : Ayez d'humbles pensées ? Jean vous donne un exemple d'humilité. On le prend pour le Messie, il affirme qu'il n'est pas ce qu'on pense, et il ne profite pas de l'erreur d'autrui pour se faire valoir.

S'il avait dit : Je suis le Messie, on l'aurait cru très facilement, puisqu'on le croyait avant même qu'il ne parle. Il l'a nié : il s'est fait connaître, il s'est défini, il s'est abaissé.

Il a vu où se trouvait le salut. Il a compris qu'il n'était que la lampe, et il a craint qu'elle ne soit éteinte par le vent de l'orgueil. » (1)



Il est au milieu de vous,                    
celui que vous ne connaissez pas ;
préparez le chemin du Seigneur,
écoutez sa voix, amis de l'Époux,
pour que votre joie soit parfaite.

℟ Réjouissez-vous dans le Seigneur !
Réjouissez-vous, car il est proche

(1) Saint Augustin, homélie pour la nativité de Jean Baptiste, source : office des lectures du troisième dimanche de l'avent

06 juin 2019

Paroles humaines, parole de Dieu - Christoph Théobald

Paroles humaines, parole de Dieu

Qu'est-ce que la parole humaine si on ne remonte à sa source, à Dieu ?Jésus lui-même fait toujours allusion père. Il n'est pas en soi la vraie parole de Dieu, même s'il est médiateur. Il dit des paroles par sa vie, par sa mort et sa résurrection.
L'Ecriture en soi n'est pas Parole de Dieu, la tradition non plus.
« il n'y a pas d'accès à Dieu en dehors d'un acte d'interprétation » (1)
Tout nécessite une interprétation et en même temps doit être traversé par une volonté permanente d'écoute et d'interpellation qui se nourrit de prière et de discernement. (1)

(1) Christoph Théobald, Paroles humaines, parole de Dieu, Salvator, 2015, p.22



Envoyé de mon iPhone

30 janvier 2019

Au fil de Marc 4, 1-20 - Le semeur et la bonne terre

« ceux qui ont reçu la semence dans la bonne terre :ceux- là entendent la Parole, ils l'accueillent, et ils portent du fruit : trente, soixante, cent, pour un. » (Marc 4, 20)

Aide nous Seigneur à creuser en nous un sillon pour recevoir ta Parole au fond de notre cœur. Débroussaille ce qui en nous empêche cette réception, libère nous de ce qui nous éloigne de toi, viens transformer nos vies, aide-nous à porter tes fruits....
Donne nous accès au sacrement de ta réconciliation....



Nous avons reçu l’accès au ciel (...) par une action et une grâce du Rédempteur “ (1)

(1) Hans Urs von Balthasar, ibid. p. 262

29 décembre 2018

Au fil de Luc 2 - Homélie sur la sainte famille

Homélie sur la sainte famille
Où est votre trésor ?
La réponse pourrait être matérielle, elle peut-être de citer votre conjoint, vos enfants ou petits-enfants et vous n’auriez pas vraiment tort en le disant, mais l’Ecriture nous invite un pas plus loin. Un grand pas…. Car notre trésor à tous est ailleurs, il repose au fond de nos cœurs. Le trésor, c'est la présence de Dieu qui veut demeurer en nous (2e lecture). C’est le don le plus intime et le plus intérieur. C’est ce qu’a compris Marie. Pourtant, comme nous, elle a pris du temps…
Je vous propose de contempler cela avant de méditer sur ce que cela nous dit, pour nous...

  1. Contemplation
Prenons de la distance et contemplons Marie, la première en chemin. Le mystère de Marie Vierge et mère se contemple toujours dans la dynamique des textes de Luc.
Depuis la visite de l’ange, elle ne fait que se confronter à l’inattendu de Dieu. Très vite pourtant elle passe du ravissement au déchirement. Elle a porté en elle un trésor. Elle l’a maintenant mis au monde, et voilà déjà que Jésus lui échappe. La liturgie de l’octave de Noël (c’est à dire les ! Jours qui suivent le 25) nous permettent de contempler samedi 29/12 la présentation au Temple; À cette occasion, si vous vous souvenez du texte, c’est l’annonce par le vieux Siméon d’un glaive dans le cœur de Marie.
Nous savons par Jean, combien son chemin sera douleur. Triste réalité maternelle ?

Oui et non… car entre Marie dans les premières pages de l’Evangile de Luc et celle que nous découvrons à Cana chez l'Évangéliste Jean, où la Vierge demande à son Fils d’agir c’est fait un basculement. Elle s’est fait don.
Marie nous montre comment la parole prend chair en elle, l'émerveille et l'a fait aller là où elle ne veut pas aller.

Qu’est-ce à dire pour nous ? On croit que nos enfants nous appartiennent et ils nous échappent bien vite, car ils ne sont pas à nous, mais dons de Dieu. On croit pouvoir porter et retenir le don de Dieu et voilà qu’il s’éloigne, grandit, nous surprend et devient plus grand que nous.
Ce Verbe qui s’est fait chair en nous doit porter du fruit.
La mise en résonance de la première lecture peut accroître encore notre contemplation. Anne, la mère de Samuel a compris que ce qui lui est donné est pour le Seigneur. Marie, le sent, elle aussi au fond d’elle-même, dans cet épisode du Temple.

Ce que nous recevons nous fait grandir et appelle au don.

2. Méditation
Il y a, à ce sujet, dans la 2eme lecture et l’Évangile un mot en commun : garder.
  1. Garder les commandements de Dieu
  2. « Marie gardait tout cela dans son cœur »
Qu’est ce à dire ?
Même si les deux mots grecs d’origine sont différents, il me semble que cette notion peut-être source de méditation pour aller plus loin.
Garder la Parole de Dieu au fond de son cœur ne consiste pas à l’enfouir pour le cacher, comme on le ferait d’un magot. Bien au contraire, « il s’agit de Le saisir et de se laisser saisir » par Dieu (cf. Ph. 3), de le contempler ET se laisser déranger par lui.

La Parole n’est pas là pour être oubliée, mais bien pour nous creuser en nous de l'intérieur. Elle est tranchante et exigeante cette Parole.

Ce que Marie voulait garder pour elle lui échappe déjà. L’enfant Jésus n’est déjà plus sous la coupe maternelle. Il est déjà emplit du Verbe. En lui brûle Dieu en actes et il est prêt à discuter avec des docteurs de la loi.

Que faisons-nous de la Parole ? Le plus facile est de l’oublier, de la laisser à la porte de l’église en sortant, comme la feuille de messe qui la contient d’ailleurs. Si nous ne nous laissons pas travailler par l'Écriture disait un grand théologien (1) c’est parce qu’elle est trop exigeante. Notre erreur, notre tentation c’est de ne pas l’entendre, de la laisser de côté.

« La Parole exige l'amour de Dieu et du prochain » (1) et donc une cohérence.
Elle est le cri tout intérieur qui se fait écho du cri du prochain. Si Dieu pose sur nous son regard c’est pour que nous ne soyons pas indifférent à l’irruption du « visage d'autrui qui nous appelle » (2).

Le risque est de l'ignorer, de l’écouter sans l’entendre. Notre trésor ne doit pas rester enfoui.

A nous de percevoir, à notre tour, que ce qui nous est donné, notre trésor, vient de Dieu et loin d’être mis sous le boisseau, il doit être redonné à son tour.
Notre mission est de passer de la réception au don le plus total...

(1) Hans Urs von Balthasar, La prière contemplative, op. cit. p. 196-7
(2) Emmanuel Lévinas, cf. Autrement qu’être

Base pour une homélie à Vert en Drouais le 30/12/18





16 novembre 2018

Le moi et la Parole - Hans Urs von Balthasar

« Il arrivera (...) que dans la méditation de ce que Dieu dit, l'homme aussi, son je et son moi, surgisse et prenne de la réalité en réfléchissant sur lui-même, il l'obtient en écoutant la parole de Dieu, dans le miroir de laquelle il verra ce qu'il est lui-même en vérité (...). Celui qui fait de son moi le plus profond un moi attentif à la parole de Dieu et adorateur est sûr d'être compris dans la transcendance décisive » (1)

Un peu d'autocritique ne fait pas de mal. La Parole est un miroir qui nous renvoie notre réalité d'homme, fragile, englué dans nos insuffisances et dans les adhérences qui nous rattachent au monde. 

Et néanmoins cette autocritique rejoint ce que disait Paul en Ph 3. Tout n'est que « balayure ». Laissons nous porter par ce désir tout intérieur qui nous conduit au Seigneur.


(1) Hans Urs von Balthasar op. cit. p. 102

14 octobre 2018

Parole et silence - 2 - une mise en tension - Grégoire le Grand - Pape François

Parole ou silence, une mise en tension :

« La langue des prédicateurs est paralysée par leurs mauvaises dispositions, nous dit le Psalmiste : Dieu déclare au pécheur : Comment peux-tu redire mes lois ? Et que la parole des prédicateurs soit arrêtée par les vices de leurs peuples, le Seigneur le dit à Ézéchiel : Je ferai adhérer ta langue à ton palais, tu seras muet et tu cesseras de les avertir, car c'est une engeance de rebelles. Comme s'il disait clairement : La prédication te sera enlevée car, puisque ce peuple me défie par sa conduite, il ne mérite pas d'être exhorté à la vérité. Par suite de quel vice la parole est retirée au prédicateur, il n'est pas facile de le savoir. Mais ce que l'on sait avec certitude, c'est que le silence du pasteur est nuisible quelquefois à lui-même, mais toujours à son peuple. » (1)

« Pour reconnaître la voix [des pauvres], nous avons besoin du silence de l'écoute. Plus nous parlons, plus nous aurons du mal à les entendre. J'ai souvent peur que beaucoup d'initiatives, cependant nécessaires et méritoires, servent davantage à nous satisfaire nous-mêmes qu'à entendre réellement le cri du pauvre. Dans cette situation, lorsque les pauvres font entendre leur cri, notre réaction manque de cohérence et est incapable de rejoindre réellement leur condition. Nous sommes à ce point prisonniers d'une culture qui nous fait nous regarder dans la glace et ne s'occuper que de soi, qu'on ne peut imaginer qu'un geste altruiste puisse suffire à satisfaire pleinement, sans se laisser compromettre directement. » (2)

Une parole pour exhorter, le silence pour discerner puis agir. Une belle tension

(1) Saint Grégoire le Grand, homélie sur l'Évangile, source AELF, office des lectures du 13/10/18

(2) Source  : Pape François, Lettre pour la journée mondiale des pauvres du 18 novembre 2018 http://m.vatican.va/content/francescomobile/fr/messages/poveri/documents/papa-francesco_20180613_messaggio-ii-giornatamondiale-poveri-2018.html

10 octobre 2018

A la suite de Marie - l’amour est en toi 19

« Marie est l'archétype de l'Église, parce qu'elle est originellement les deux choses en même temps : lieu de l'habitation réelle et corporelle du Verbe jusqu'à l'intimité de l'unique chair de la mère et de l'enfant, mais ceci [à] partir de la condition spirituelle de servante de toute sa personne corporelle et psychique (...) parce qu'elle est vierge, c'est à dire auditrice exclusive de la Parole, elle devient mère, lieu de l'incarnation du Verbe (...) toute contemplation doit prendre Marie comme modèle pour se prémunir d'un double danger : considérer la Parole comme quelque chose d'extérieur, au lieu de la considérer comme le plus profond mystère au centre de nous-mêmes, comme ce en quoi nous vivons, nous nous mouvons et nous sommes. Et considérer la Parole comme une parole si intérieure que nous la confondons finalement avec notre propre être, avec une sagesse disponible à notre gré et nous ayant été donnée en partage une fois pour toutes » (1)

(1) Hans Urs von Balthasar, La prière contemplative, Parole et Silence, 2002, 2018, p. 23

03 avril 2016

paroles humaines et Parole de Dieu

Qu'est-ce qui rend la parole humaine Parole de Dieu ? Une vraie question pour ceux qui scrutent l'Écriture. Souvent, on se rend compte que certains textes restent emplis de leurs "adhérences", qu'elles ne sont pas dignes d'être dans la Bible. On en a presque honte... Jusqu'à cette violence de certains passages de Luc qui parlent d'égorgement...(Lc 19, 27). Et pourtant, parfois, certaines paroles nous échappent. 
"Il y a des paroles exorbitantes" nous dit Theobald,"dont aucun homme ne peut porter le poids, une parole dont Dieu seul peut être l'origine" (1). Alors on pose le livre et on se dit Dieu est là. Et cette quête rebondit avec nos vies, devient souffle...

(1) Christophe Theobald, Paroles humaines, Parole de Dieu, Paris, Salvator, 2015, p. 16

17 novembre 2015

Activisme et agir - 2

Une des illustrations des propos rapportés plus haut sur ce thème est dans la réflexion posée par Madeleine dans "missionnaires sans bateau" en 1943 : "On ne peut être missionnaire sans avoir fait en soi cet accueil franc, large, cordial, à la parole de Dieu , à l'Evangile" (...), pour qu'elle se "fasse chair en nous. Et quand nous serons ainsi habités par elle, nous devenons aptes à être missionnaires" (1)

On est là au coeur de l'inhabitation‎ véritable et nécessaire qui transforme l'homme en instruments de Dieu. Un chemin d'humilité ( kénotique).


(1) Madeleine Delbrêl, Oeuvres complètes, La Sainteté des gens ordinaires, tome 7, Paris Nouvelle Cité, 2009,  p. 89

18 septembre 2015

La quête de la lumière


Je ne me lasse pas de cette lecture de Madeleine qui nous pousse dans le creuset de nos retranchements : "Il faut avoir plongé dans la mort ambiante de ce qui fait notre amour d'homme [et ses] (...) dévastations et à l'autre pôle, tâté l'univers impénétrable de la sécurité de Dieu pour percevoir en soi ‎une telle horreur du noir que la lumière évangélique nous devienne plus nécessaire que le pain."
Elle poursuit plus loin :" la lumière de l'évangile n'est pas une illumination qui nous demeure extérieure : elle est un feu qui exige de pénétrer en nous pour y opérer une dévastation et une transformation. Celui qui laisse pénétrer en lui une seule parole du Seigneur et qui la laisse s'accomplir dans sa vie, connaît plus l'évangile que celui dont tout l'effort restera méditation abstraite ou considération historique. L'Évangile ‎n'est pas fait pour des esprits en quête d'idées. Il est fait pour des disciples qui veulent obéir"

Autant pour moi, même si je trouve le mot obéir un peu fort. J'aurais mis suivre...
Elle précise d'ailleurs que cette obéissance est celle d'un enfant, qui dit oui et se faisant fait confiance...

Madeleine Delbrel, Nous autres, gens des rues, op. Cit.  p. 72-73


26 août 2015

Désir du Christ

"L'homme de désir par excellence, c'est le Christ, tout entier tendu vers la réalisation du salut des hommes et la glorification du Père" (1)  disait Yvan Mathieu ajoutant en latin :  "J'ai un grand désir de manduquer la Pâque avec vous" (2)
A genoux devant l'homme et courant vers son Dieu...

Le terme manducare utilisé par la Vulgate est plus parlant que manger. Il évoque ce à quoi nous sommes appelés dans la lente dégustation de l'essence profonde de la Parole.
Pour la Pâque du Christ il évoque un chemin difficile, au delà du repas final, le "je vous donne ma chair et mon sang" que l'on ne peut lire qu'entre les lignes du sacrement mais qui signifie bien plus que le faire mémoire, qui entre dans ce que j'appelle la dynamique sacramentelle.

(1) Yvan Matthieu, BSS 37-38, op. Cit p. 305
(2) traduction littérale du latin de Lc 22, 15 : desiderium desideravi hoc Pascha manducare vobiscum.


25 juillet 2015

Sagesse

Les livres ne sont rien, si notre coeur se ferme à la Parole. "Que votre foi repose, non sur la sagesse des hommes, mais sur la puissance de Dieu".  (1)

Bon été...

(1) Corinthiens 2:5 BCC1923

25 juin 2015

Parole et agir

Pépite du jour :
"Lire, écouter et méditer assidûment la parole de Dieu sans la mettre en pratique, est une faute que l'Esprit de Dieu a condamnée à l'avance... Il a même interdit à celui qui se trouve dans de telles dispositions de prendre le livre saint dans ses mains. A l'impie, Dieu déclare : « Qu'as-tu à réciter mes lois, à garder mon alliance à la bouche, toi qui n'aimes pas les reproches et rejettes loin de toi mes paroles ? » (Ps 49,16-17)... Celui qui lit assidûment les Écritures sans les mettre en pratique trouve son accusation dans sa lecture ; il mérite une condamnation d'autant plus grave qu'il méprise et dédaigne chaque jour ce qu'il entend chaque jour. Il est comme un mort, un cadavre sans âme. Des milliers de trompettes et de cors peuvent bien sonner aux oreilles d'un mort, il ne les entendra pas." (1)

Au boulot.  Comme disait le cardinal Marty, on embauche !

(1) Philoxène de Mabboug, Homélie 1, 4-8 (trad. Delhougne, Les Pères commentent, p. 103, cf SC 44, 27-31), source AELF

27 juin 2014

Bonhoeffer - IV - parler pour Dieu


"Je dois parler et pourtant pas moi, mais Dieu"*
A défaut il faut se taire, a-t-il précisé plus tôt en substance.

Cela dit, quelle parole parle véritablement ? Si Dieu n'est qu'amour comme l'affirme Varillon, la seule parole qui n'est pas une logorrhée humaine ‎serait celle qui transpire l'amour. Et c'est peut-être cela le plus difficile. Car les mots n'ont de sens qu'en accord permanent avec nos actes, ce qui, in fine, n'est l'apanage que du Christ seul.

Quant à nous, nous devons avouer comme le dit Paul, que "nous ne faisons pas ce que nous voulons et faisons ce que nous ne voulons pas".


La cohérence entre paroles et actes, poursuit à sa manière Bonhoeffer est peut-être dans le sacrement. Le sacrement est Parole de Dieu. "En tant Qu'il est Jésus Christ le sacrement est essentiellement Parole"*

On peut retourner la phrase, c'est d'ailleurs une autre façon de dire ce que nous disions plus haut. Où cela nous conduit-il ? Peut-être dans ce que nous écrivions il y a quelques temps sur le "devenir sacramentel". Nous ne pouvons être en pleine cohérence avec nos mots, mais à chaque fois que nous approchons de cette ressemblance, nous nous approchons de ce devenir. Le Christ étant seul le sacrement véritable.


* Dietrich Bonhoeffer, op. Cit. p. 53
* ibid. p. 58

25 juin 2014

Bonhoeffer - III - La clarté de l'Écriture

"En son essence, la Parole s'interprète elle-même. Dans cette clarté et cette signification identique pour tous est fondée sa validité universelle."‎ (op. cit p. 48).

C'est ce qui supporte pour moi ces "banquets de la Parole" collectifs (cf. série de posts précédents) où nous découvrons à plusieurs cette éternelle présence de Dieu qui ne cesse de crier son "Où es-tu ?" à l'homme.

La question que Dieu nous pose dès Gn 3 est cet "où es-tu ?" qui fait face au "Moi je suis [là] présent" de Dieu dans nos vies, y compris et peut-être surtout par cette Parole qui se rend vivante dans nos partages en communauté. La tension entre l'"Où es-tu ?" et le "Je suis" se prolonge jusque dans des détails qui ne sont pas anodins :
- "si vous l'avez fait à l'un de ces petits qui sont mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait." (Mat 25)
- "Je suis" qui fait face au "Je ne suis pas de Pierre... (Jn 18)
Tout cela rebondit en nous... Et c'est dans sa présence dans l'aujourd’hui que la question résonne, écho toujours silencieux de Dieu qui nous appelle.



18 mars 2014

Banquet de la Parole - II - A propos du lavement des pieds

Au sujet du lavement des pieds, je vous redonne un petit extrait qui me semble bien illustrer l'enjeu :

"On a déjà noté que, dans le récit de la Passion, les similitudes sont multiples au point que Dodd se demande si la tradition orale du récit de la Passion n’était pas si forte et antérieure à tout écrit évangélique, que les 4 recensions n’ont pu déroger à une lecture semblable . Et cependant, le texte du lavement des pieds est unique. Il n’est raconté que par Jean et remplace le récit de l’institution de l’eucharistie. Cette absence donne à penser. Deux hypothèses peuvent être avancées
dans ce cadre.
Soit le lavement des pieds, en particulier dans sa deuxième partie est d’une certaine manière, une autre façon de dire ce à quoi nous invite Jésus : une véritable communion et réciprocité
dans l’amour.
Soit il se surajoute au mémorial eucharistique, déjà présenté entre les lignes en Jn 6, 22-58 et qui, au temps de la rédaction finale du IV° Évangile, devait déjà être bien établie dans la communauté johannique . Dans ce cas, la finalité est la même. Faire des rencontres eucharistiques, non pas un simple rituel, mais un « signe efficace », un sacrement de l’amour de Dieu et de l’amour des
hommes au sein d’une communauté vivante.
Le texte donne cependant une direction particulière, en soulignant l’attention aux frères, aux plus petits et aux plus pauvres, aux esclaves à qui Jésus s’identifie ici.
On se souvient de la remarque de Paul (cf. notamment 1 Co 11, 33) qui déjà notait l’absence de communion véritable dans la jeune église, où les derniers arrivés, les esclaves, n’avaient pas
le même traitement que les premiers, les hôtes du repas. En inversant les rôles, Jean nous conduit aux mêmes conclusions.
Cette tension reste un point sur lequel nous ne devrions pas cesser d’attacher de l’importance. Il est au cœur de ce à quoi nous appelle le message de l’eucharistie : une double tension vers Dieu
et vers autrui...

Pour compléter cette approche centrée sur l’Évangile selon saint Jean, il convient de chercher d’autres références dans les textes du Nouveau Testament.
Le « lavement des pieds » a, chez les Synoptiques, une autre dimension. Chez Luc, c’est une femme pécheresse qui vient laver les pieds de Jésus de ses larmes (Lc 7, 35). Cette mise en perspective confirme notre intuition. À partir de ce geste du pécheur pardonné, Jean nous conduit progressivement sur une autre voie. Il attribue ce geste à Marie de Béthanie puis à Jésus. Cette progression et l’inversion qu’elle sous-entend renforcent l’aspect révolutionnaire de ce geste.
Pour ce qui est de la tension maître-serviteur, elle n’est pas unique à l’Évangile selon Jean. On trouve déjà une allusion au maître qui se fait serviteur dans l’inversion surprenante de la parabole de Luc 12, 37 « Heureux ces serviteurs que le maître, à son arrivée, trouvera veillant ! Je vous le dis en vérité, il se ceindra, les fera mettre à table et passera pour les servir ». Nous sommes là dans une continuité avec l’esprit des Synoptiques , à la différence près que Jésus passe aux actes. Il ne s’agit plus d’un discours, mais de gestes.
Enfin, on ne peut ignorer que Luc a mis dans les paroles de Jésus, ce qu’il aurait accompli selon Jean : 1 « Vous, (ne faites) pas ainsi ; mais que le plus grand parmi vous devienne comme le plus jeune, et celui qui gouverne comme celui qui sert. Qui, en effet, est le plus grand, celui qui est à table ou celui qui sert ? N'est-ce pas celui qui est à table ? Or moi, au milieu de vous, je suis comme celui qui
sert. » Lc 22, 26-27
De même, Paul, dans son hymne aux Philippiens insiste sur la kénose du Fils : « il ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu, mais il s’est vidé de lui-même, prenant la condition de
serviteur, jusqu’à la mort sur une croix » (Ph 2). Ce que nous avons souligné chez Jean demeure au cœur même de la pédagogie de Dieu.
Le lavement des pieds n’est donc pas un épisode anodin dans la révélation du Fils. L’agenouillement de Jésus devant les hommes s’inscrit sur le chemin où le Fils de Dieu va jusqu’au silence de la croix, au cri d’amour lancé à l’humanité tout entière.
Chez les Synoptiques, d’autres textes feront écho à cette faiblesse de Dieu devant l’homme. On en trouvera la trace dans l’attitude de Jésus devant Zachée (Lc 19). « Il est descendu à Jéricho », a souligné le texte. Pour les Pères de l'Église, comme nous l’avons déjà souligné plus haut, cette seule introduction dit tout de l’attitude de Jésus. Jéricho, c’est le domaine des hommes à la différence de la cité de Dieu : Jérusalem. On descend vers l’humanité quand on va vers Jéricho, on monte vers Dieu quand on se dirige vers Jérusalem. Que Jésus veuille habiter dans la maison
du collecteur d’impôts, au cœur même de Jéricho, n’est pas en contradiction avec le lavement des pieds. Bien au contraire, il semble important de souligner là cette pédagogie spéciale du
Christ vers les « brebis perdues ».
Au terme de cette mise en perspective, une autre intuition se confirme. Si Dieu s’agenouille devant l’homme, s’il demande à boire à la Samaritaine, s’il s’invite chez Zachée, alors le « j’ai soif » de Jn 19 pourrait ne pas sonner uniquement comme une évocation du Psaume 22, comme le cri d’un homme assoiffé sur une croix. Il prend une dimension plus vaste plus essentielle.
C’est le cri de Dieu qui résonne encore, depuis l’« Où es-tu » du jardin (Gn 3). Le cri du Christ en Croix peut dépasser chez Jean la seule dimension charnelle de l’homme abandonné qu’il a surtout dans les autres Évangiles, pour résonner aussi de l’appel que Dieu fait à tout homme. Comme nous l’avons esquissé à propos de Judas, c’est un « J’ai soif de toi »"

Extrait de mon essai : "A genoux devant l'homme", p. 52ss


Notes :
Cf. Dodd, , La tradition historique du IV° Evangile, Lectio Divina n° 128, Éditions du
Cerf, 1987, trad° Maurice et Simone Montabrut, Éd. Originale : Historical Tradition in the
Fourth Gospel, Cambridge Press, 1963, p. 38
On parle déjà de la fraction du pain en Act 20, 7

Cf. aussi Mc 9, 35 et 10, 43-45, Mt 20, de Jésus, cf. aussi C.H. Dodd, ibid. p. 89ss
26-27 Sur la tradition pré-paulinienne de l’humilité

28 décembre 2007

Kénose de l'Ecriture

L'un des plus beaux apports de ma lecture de Balthasar réside probablement dans cette découverte de la kénose de l'Ecriture. Je retrouve dans ce beau texte de Beauchamp, quelques éléments de cette même contemplation largement commentée dans "Retire tes sandales !".
Pour Beauchamp, "le concept d'intimité pourra peut-être nous aider à comprendre pourquoi l'on dit souvent que les écritures sont inspirées du Saint Esprit. (…) L'esprit Saint évoque précisément l'intériorité, la profondeur et par conséquent la douceur de l'action divine sur les auteurs de l'écriture : une action aussi douce non seulement respecte mais consacre les libertés.

Dans Dei Verbum, souligne-t-il, le concile Vatican II nous dit cela en disant « Dieu dans la sainte écriture a parlé par les hommes à la manière des hommes » Saint-Augustin continue par cette petite phrase « car c'est en parlant ainsi que Dieu allait à notre recherche ». Dei Verbum continue en ajoutant que « compte tenu de la vérité et de la sainteté divine, l'écriture sainte manifeste l'admirable descente jusqu'à nous de la sagesse éternelle pour que nous apprenions l'indicible volonté de Dieu et jusqu'où il a adapté sa parole dans sa sollicitude et providence pour l'être humain, les mots de Dieu exprimé dans les langues humaines se sont faits semblables aux paroles de l'homme tout comme le Verbe du Père éternel ayant revêtu la chair de la faiblesse humaine s'est rendu semblable aux hommes » Dei Verbum 3,13

Nous voici parvenus, ajoute Beauchamp, au point qui est peut-être le plus important de l'enseignement conciliaire sur l'écriture. Pour le commenter il faut sans doute repartir d’un peu plus haut et reprendre au besoin certains éléments de ce que nous avons déjà dit. L'enseignement du concile insiste sur la faiblesse de l'homme et de ses paroles puisqu'il parle de « descente jusqu'avec » « d'adaptation ».

Cela n'est possible, ajoute-t-il que si l'Ecriture reste vraiment "des paroles, à condition qu'on trouve le point où elle puisse entrer jusqu'au coeur de notre parole". (1)


(1) Paul Beauchamp, Parler d'Ecritures Saintes, Editions du Seuil, Paris, 1987, p20-22