Affichage des articles dont le libellé est Saint Irénée. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Saint Irénée. Afficher tous les articles

11 février 2020

Création et prophétie - 27

Quand Irénée trace avec prudence une nouvelle interprétation de la Genèse en disant que c'est « à la fois un récit du passé et une prophétie de l'avenir » (1)

Il nous ouvre à une autre interprétation de notre propre histoire appelée à sortir d'une fausse liberté pour laisser place à la possibilité d'un Dieu qui nous conduit au-delà de nos enfermements.

Une lecture spirituelle des textes nous conduit toujours beaucoup plus loin qu'une contemplation du passé...

(1) Irénée de Lyon, Contre les hérésies V, 28,3 traduction Rousseau p.654 cité par Bernard Sesboué, L'homme, merveille de Dieu, Paris, Salvator, 2015 p. 137

09 mai 2019

Au fil de Jean 6 - une seule chair 1 - Irénée de Lyon


« Moi, je suis le pain de la vie.
Au désert, vos pères ont mangé la manne,
et ils sont morts ;
mais le pain qui descend du ciel
est tel que celui qui en mange ne mourra pas.
Moi, je suis le pain vivant,
qui est descendu du ciel :
si quelqu'un mange de ce pain,
il vivra éternellement.
Le pain que je donnerai, c'est ma chair,
donnée pour la vie du monde. » Jn 6, 48-51

Faire une seule chair avec le Christ ?
Nous entendons l'expression au sujet du mariage.
Elle est reprise par Jésus pour le même sujet.
Mais l'expression est plus vaste que la rencontre amoureuse qui n'est que le premier stade de quelque chose de plus grand. 



Écoutons saint Irénée. 

« Si la chair ne peut être sauvée, alors le Seigneur ne nous a pas rachetés par son sang, la coupe de l'Eucharistie n'est communion à son sang, ni le pain que nous rompons, la communion à son corps. Car le sang n'en est pas, s'il ne provient de veines, de chairs, et du reste de la substance humaine, et c'est pour être vraiment devenu cela que le Verbe de Dieu nous a rachetés par son sang.
Ainsi le dît l'Apôtre : En lui nous avons la rédemption par son sang, la rémission des péchés.
Parce que nous sommes ses membres, et que nous sommes nourris par la création — cette création qu'il nous donne lui-même, en faisant lever son soleil et pleuvoir comme il veut — il a confirmé que la coupe qui provient de la création était son sang, par lequel se fortifie notre sang ; il a confirmé que le pain qui provient de la création était son corps, par lequel il fortifie notre corps.
Si la coupe qui a été mélangée, et le pain qui a été fait, reçoivent le Verbe de Dieu, et deviennent l'Eucharistie du sang et du corps du Christ, qui fortifie et affermit notre substance, comment peut-on dire que la chair est incapable de recevoir le don de Dieu, qui est la vie éternelle, alors qu'elle est nourrie par le sang et le corps du Christ, et en est le membre ?
Voici ce que dit le bienheureux Apôtre à ce sujet dans la Lettre aux Éphésiens : Nous sommes les membres de son corps, formés de sa chair et de ses os. Ce n'est pas de je ne sais quel homme spirituel et invisible, qu'il dit cela, car un esprit n'a ni os ni chair, mais il parle de l'organisme authentiquement humain, qui est constitué de chairs, de nerfs, et d'os, qui est, lui, nourri par la coupe qui est son sang, et fortifié par le pain qui est son corps.
Le bois de la vigne, après avoir été couché sur le sol, porte du fruit en son temps ; le grain de blé, tombé en terre, et là dissous, resurgit multiplié par l'Esprit de Dieu qui contient tout. Ensuite, grâce au savoir des hommes, ils servent à leur usage et, en recevant le Verbe de Dieu, ils deviennent l'eucharistie, à savoir le corps et le sang du Christ.
Ainsi nos corps qui sont nourris de l'eucharistie, après avoir été couchés dans la terre et s'y être dissous, ressusciteront en leur temps, quand le Verbe de Dieu leur donnera la résurrection, pour la gloire de Dieu le Père, lui qui procurera l'immortalité à ce qui est mortel, et offrira l'incorruptibilité à ce qui est corruptible, car la puissance de Dieu se déploie dans la faiblesse. » (1)

(1) Saint Irénée de Lyon, Contre les hérésies, source office des lectures du 9/5/19, AELF

23 février 2016

Saint Irénée - les épousailles de la chair

En réponse à une idée gnostique, Irénée précise, grâce à une métaphore sponsale typique de son époque qui affirme que l'épouse ne prend pas l'époux en mariage mais se laisse épouser, que la chair ne peut "d'elle-même hériter le royaume de Dieu, mais [qu']elle peut être adoptée par l'Esprit en héritage dans le royaume de Dieu. Toute activité de la créature repose sur une passivité plus profonde : pour grandir, elle doit se couler dans les mains formatrices de Dieu et se livrer à elles" (1)

On peut contempler cette citation comme l'on contemple la venue du Christ en nous dans le sacrement de l'Eucharistie. Car cette passivité profonde, que l'on peut appeler aussi décentrement ou accueil profond est la condition nécessaire de la venue de Dieu en nous.

"Demeurez en moi, et moi je demeurerai en vous. Comme le sarment ne saurait de lui-même porter du fruit, s'il ne demeure attaché au cep, vous n'en pouvez porter aussi, si vous ne demeurez en moi. Je suis le cep, et vous en êtes les sarments. Celui qui demeure en moi, et en qui je demeure, porte beaucoup de fruit; car hors de moi, vous ne pouvez rien faire."‎ Jn 15, 4-5.


(1) Hans Urs von Balthasar, GC2, p. 56 citant Saint Irénée, Contre les hérésies, 2, 299.

01 janvier 2016

Irénée - Miséricorde

"Adam n'est pas racheté seulement par une "opération" morale du Christ, par une passion "représentative", par une justification forensique, mais il est assumé dans le Rédempteur tel qu'il est, avec toute sa corporalité authentique. (...) toutes les actions du Christ doivent posséder cette force d'intégration, de même que par exemple, il ne lava symboliquement que les pieds de Pierre, mais par là rendit pur tout son corps : il racheta tout le corps de l'humanité par sa croix particulière (1)

Que nous dit Balthasar derrière ce commentaire d'Irénée ?  ‎N'est ce pas, l'infini de la miséricorde de Dieu, qui en soi dépasse toute idée humaine de la justice. En relevant Adam et l'associant à sa résurrection, le Christ nous permet de percevoir que son amour pour l'homme n'est pas representatif, théorique ou imaginaire, mais bien le but ultime de Dieu.

Irénée, Contre les hérésies, ‎2, 228 in Hans Urs von BalthasarLa Gloire et la Croix, tome 2 op. Cit p. 47
,

30 décembre 2015

La tentation du mystère

Irénée combat cette tentation du mystère en insistant beaucoup sur l'ostentatoire de la religion catholique qui révèle une vérité simple et accessible à la différence de l'hérésie gnostique. Cette dernière se complaît dans ce que l'on appellerait aujourd'hui le culte de l'inititiation (repris par la franc-maçonnerie). Dans ma quête sur l'humilité de Dieu et de l'Église, y a t-il opposition avec cet ostentatoire ? Oui s'il devient triomphalisme (au sens donné par le cardinal de Smedt dans l'aula de Vatican II), non s'il s'agit seulement de chanter la gloire d'un Christ crucifié, mort pour nous détourner de toute violence et de toute haine.
Notre tentation de l'enfouissement peut avoir cette limite d'oublier que l'essentiel n'est pas dans le fait de rejoindre l'homme où il en est, mais bien, in fine, de l'accompagner plus loin, dans sa quête intérieure d'infini. Difficile dosage entre l'humilité et la Parole, entre le respect et l'engendrement, entre le silence et le cri.
Il faut peut être sentir, à la manière de Jésus, quand l'heure vient où la lumière doit sortir du boisseau, la Parole doit pénétrer jusqu'au jointures du corps. Car alors peut se révéler Dieu. Parfois, il reste néanmoins important de sentir que ce n'est pas notre oeuvre, que cela nous dépassera, que les voies de Dieu sont insondables.



29 décembre 2015

Humilité de Dieu - 5

Intéressante perspective de saint Irénée qui explique que les limites dans la vision de Dieu et donc son invisibilité foncière est lieu de progression pour l'homme (1). Du coup on peut concevoir que l'humilité de Dieu soit un chemin dans la croissance du croire, car elle entretient le désir.

(1) Saint Irénée, AH 2, 219

02 septembre 2015

Unité de l'Église

Je relisais hier soir les premiers chapitres du "Contre les hérésies" d'Irénée '1) et sa grande insistance sur la Tradition. Il en rayonne une profonde recherche d'unité qui réveillait en moi ce que j'écrivais sur la tunique unique du Christ. 
Triple unité à rechercher donc :
1) unité dans le temps (Tradition) que j'aime concevoir comme un processus dynamique dans le vent de l'Esprit.
2) unité de coeur,  qui commence par une attitude intérieure,  une quête transcendante qui rejoint l'unité intradivine, la circumincession des Trois personnes,
3) unité dans la charité qui rayonne d'une quête attentive des besoins d'autrui,  de la paix plus grande que toute tentation de violence,  de cette primauté de l'unité qui nous fait contempler la souffrance de la séparation.
Cela rebondit avec ce que je trouve dans ce commentaire de l'évangile de Jean 2 par Origène, cité dans l'office des lectures(2) : "Selon une interprétation possible, le Temple et le corps de Jésus, l'un et l'autre, me semblent être la figure de l'Église. Car celle-ci est bâtie de pierres vivantes ; elle est une demeure spirituelle pour un sacerdoce saint ; elle est construite sur les fondations que sont les Apôtres et les prophètes avec, pour pierre angulaire, le Christ Jésus. Elle est donc en toute vérité qualifiée de « Temple ».Selon l'Écriture, vous êtes le corps du Christ et vous êtes ses membres, chacun pour sa part. Pour ce motif, même si l'assemblage des pierres de ce Temple semble se disjoindre et se défaire ; même si, comme il est écrit au psaume 21, tous les os du Christ semblent dispersés dans la persécution et l'oppression, par les complots de ceux qui attaquent l'unité du Temple à coups de persécutions ; cependant le Temple sera relevé et le corps ressuscitera le troisième jour, après le jour de malheur qui l'a accablé et après le lendemain de celui-ci, jour de l'achèvement. Car il y aura un troisième jour dans le ciel nouveau et sur la terre nouvelle, lorsque ses ossements, qui sont de la maison d'lsraël se relèveront, lors du grand jour du Seigneur, après sa victoire sur la mort. Par conséquent, la résurrection du Christ après les souffrances de la croix englobe le mystère de la résurrection de son corps tout entier. De même que le corps visible de Jésus a été crucifié, enseveli, et ensuite ressuscité, de même tout le corps constitué par les fidèles du Christ a été crucifié avec le Christ et ne vit plus désormais. Chacun d'entre eux, comme saint Paul, ne se glorifie pas d'autre chose que de la croix de Jésus Christ notre Seigneur, par laquelle il est crucifié pour le monde, et le monde crucifié pour lui. Non seulement il est crucifié avec le Christ et crucifié pour le monde, mais encore il est enseveli avec le Christ. Nous avons été mis au tombeau avec lui, dit saint Paul. Et comme s'il jouissait déjà d'un avant-goût de la résurrection, il ajoute : Et avec lui nous sommes déjà ressuscités. "
Contemplons cette unité et tâchons ensemble de la faire vivre.

(1) Irénée de Lyon, Contre les hérésies (1, 10, 1-2), Paris, Cerf, 1984
(2) Origène, Commentaire de l'évangile de Jean, Source Bréviaire AELF

29 mai 2015

Froment de Dieu et Esprit Saint

Association...
Il y a des trésors chez les pères de l'Église que l'on ne peut laisser  sous silence... et nous pousse à l'humilité...
Ignace d'Antioche voudrait "être le froment de Dieu" (1) et Saint Irénée, nous dit que "La farine sèche ne peut sans eau devenir une seule pâte, pas davantage nous tous, ne pouvions devenir un en Jésus Christ sans l'eau qui vient du ciel. La terre aride, si elle ne reçoit pas d'eau, ne fructifie pas ; ainsi nous-mêmes, qui d'abord étions du bois sec, nous n'aurions jamais porté le fruit de la vie, sans l'eau librement donnée d'en haut. Ainsi nos corps ont reçu par l'eau du baptême l'unité qui les rend incorruptibles ; nos âmes l'ont reçue de l'Esprit. (2)

(1) Lettre au Romains
(2) Saint Irénée,  traité contre les hérésies

27 novembre 2007

Les deux mains du Père

Pour Irénée le Fils et l’Esprit forment « les deux mains du Père » et c’est avec ces deux mains que le Père forme l’image, en disant à l’un et l’autre : « Faisons l’homme à l’image de Dieu ». (1) (...) ce n’est pas seulement l’esprit humain mais tout l’homme charnel qui fut façonné par les mains du Père, c'est à dire par le Fils et l’Esprit à l’image et la ressemblance de Dieu (V, 6,1) et ajoute-t-il si cet homme porte comme fruit la foi en Dieu, il « est introduit dans son grenier » (V, 28,4).

Cela rejoint ce que je disais plus haut sur l’excès d’amour du Père et les fruits qui continuent d’être créés par l’élan créateur de Dieu. A cela s’ajoute le fait que le Christ donne sa chair, c'est à dire toute sa personne au sens hébreu de « basar » et que cette chair est nourrie par le Sang (la vie de Dieu) dans son Eucharistie (...) révélateur de la tendresse de Dieu.

(1) Saint Irénée, Adv. Haer. IV Pr 4, cité par Hans Urs von Balthasar, Théologique III, L’Esprit de Vérité, p.159

04 octobre 2007

Eglise habitée

On a trop souvent tendance à voir le Christ et rejeter son Église, mais pourtant, c’est dans le corps souffrant et blessé de ses membres qu’elle continue à se révéler le mieux, à sa manière.

« Là où est l’Eglise, là aussi est l’Esprit de Dieu et là où est l’Esprit de Dieu, là est l’Eglise et toute sa grâce. Et l’Esprit est Vérité » (1)

Certes, ajoute le théologien : « Il y a bien plus de vérité dans le Christ que dans la foi de l’Eglise et plus de vérité dans la foi de l’Eglise que dans les dogmes explicitement formulés » (2)

(1) Irénée Contre les hérésies, III, 24 Cerf 1974 p. 474-475 cité par Hans Urs von Balthasar, Théologique III, L’Esprit de Vérité, p. 13

(2) ibid p. 15

27 juillet 2007

Dévoilement - III


Pour Saint Irénée : « le dévoilement n’est pas une totale mise en évidence » (1). A ce jour où nous contemplons ce merveilleux texte sur la rencontre de Moïse avec Dieu, on perçoit la subtilité de la révélation, progressive jusqu'à celle de l'homme-Dieu. Mais là encore, le Christ en croix n'est pas la Lumière infini de Dieu. Il est la pierre angulaire, l'unique médiateur de la lumière divine, tout en laissant l'homme libre du saut de la foi. En cela il reste pour moi chemin...

(1) Cité par Balthasar, ibid p. 70

10 mai 2007

Saisi…

"Dieu a voulu que le Verbe premier né descende vers la créature (…) et soit saisi par elle, et que la créature à son tour saisisse le Verbe et monte vers lui, dépassant ainsi les anges et devenant à l'image et à la ressemblance de Dieu" (1)

Je résonne encore sur le terme de saisissement, qui renvoie à ce que j'écrivais il y a peu sur Philipiens 3… Ce que j'apprécie chez Irénée, c'est ce double saisissement qui a des accents trinitaire. Le Christ nous saisit par l'incarnation pour que nous soyons acteurs du verbe et co-participants à sa bonne nouvelle ?

(1) Saint Irénée, Contre les Hérésies, Livre V, 36,3