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03 octobre 2018

Théologie du corps - L’amour est en toi 17

C’est peut-être dans la première lettre aux Corinthiens que se dévoile le mieux la théologie chrétienne du corps. D’abord dans les premiers chapitres où Paul parle de notre corps comme temple de l’Esprit et met de fait tout notre rapport au monde en tension avec notre ouverture au divin.
«Ne le savez-vous pas? Votre corps est le sanctuaire de l’Esprit saint qui est en vous et que vous tenez de Dieu; vous ne vous appartenez pas à vous-mêmes, car vous avez été achetés à un prix. Glorifiez donc Dieu dans votre corps.»
‭ (1 Co ‭6:19-20‬)
Cette théologie est héritage du premier Testament. L’hébreu est lui-même objet d’interprétation puisque le mot « basar » est en grec traduit soit par sarx (chair) ou soma (corps) alors que cette chair est habitée par nephesh (le souffle de vie) et ruah (relation disposée vers Dieu)
Bien sûr, on peut passer aux côtés de cette théologie, mais c’est faire impasse sur Gn 2, don du souffle et appel à faire une seule chair.
Il y a dans le don du corps à l’homme à la fois une infinie liberté et une invitation : être signe d’une danse symphonique entre l’homme et Dieu dans la « chair même » d’une danse des corps.
Saint Jean Paul Il l’a bien compris dans ses catéchèses, « l’union conjugale peut être liturgie » dit-il.
Si nos corps à corps deviennent symphonie, c’est qu’en portant du fruit, ils participent à la création du monde. J’entends cela au sens le plus large du mot fécondité.
Et c’est là où les chapitres 12 et 13 de Corinthiens entrent en compte. Si je n’ai pas l’amour je ne suis rien. « L’amour prend patience, ne cherche pas son intérêt », est don total (agape) qui s’oublie dans une fécondité sans retour, qu’elle soit dans une autre chair ou d’un autre ordre.
Alors pouvons-nous comprendre Ephesiens 5 : «Maris, aimez votre femme comme le Christ a aimé l’Eglise: il s’est livré lui-même pour elle,»
‭‭(Eph. 5:25‬),
L’amour humain est tremplin vers l’agape. S’en priver n’a de sens que s’il est don renouvelé de soi. S’y consacrer à l’inverse n’est pas chemin de perdition. Il est don pour une même diaconie : l’amour conjugal devient sacrement dans l’effacement de la chair qui devient temple de la vie reçue et donnée (1)

  1. en résonance avec un cours d’Eric Morin aux Bernardins sur 1 Co 7 (https://www.collegedesbernardins.fr/content/saint-paul-la-premiere-lettre-aux-corinthiens-2017) et mes travaux publiés sous le titre de Aimer pour la vie, essai de spiritualité conjugale



26 février 2015

Une rencontre - Jésus et la Samaritaine

Le Christ prend ici une attitude humble de quête intérieure. Il aurait pu se mettre en situation de hauteur et de jugement. Il aurait pu, en tant que juif, ne pas s'abaisser à parler à une samaritaine. Tout au contraire, il commence par lui demander à boire. Lui qui est habité par une source vive, commence par faire état de sa soif d'être humain, incarné. Ce texte est à relire sous le regard de notre chapitre 8 (cf. Tome 1). Il y a en effet dans l'attitude de Jésus quelque chose comme une "descente de tours" : Je ne juge pas d'abord l'autre du haut de ma divinité, mais je la rejoins dans sa soif de la sixième heure, celle où il fait le plus chaud et où personne ne vient en général puiser. Je ne l'agresse pas d'abord sur ses cinq maris mais je partage avec elle, en toute humilité, ma soif d'homme et je lui parle de sa soif intérieure, celle qu'elle n'a pu combler avec ses 6 amants.

Le chiffre six évoque d'ailleurs un manque, à l'inverse du chiffre sept qui est pour les juifs celui de la plénitude…Les commentateurs de l'évangile de Jean font également un parallèle entre la sixième heure et celle de la Croix, l'autre moment où retentira le même cri de Jésus : "J'ai soif". On peut y voir plus encore l'enjeu de cette soif d'humanité qui s'exprime dans cette demande de Jésus à la Samaritaine. Deux personnes se rencontrent, chacun en quête d'amour. La samaritaine qui n'a pu trouver dans ses six amants l'amour qu'elle recherche et Dieu, qui exprime sa soif d'un amour de l'homme
Alors peut commencer un véritable dialogue, un dialogue fait "de tendresse et de bonté, d'humilité, de douceur et de patience." Et cette rencontre qui évoque ensuite une eau vive pourra se lire en écho à la source d'eau et de sang qui jaillira ensuite du cœur de Jésus après sa mort, exprimant à quel point sa soif d'humanité qui l'a conduit jusqu'à la mort peut être chemin vers une source intarissable, celle de l'amour de Dieu qui s'exprime dans le don total du Fils, don qui devient signe de la voie fragile d'un amour véritable. La descente de tours qui s'opère à l'échelle d'une rencontre humaine devient ainsi signe, chemin d'une attitude fondamentale, d'un chemin d'amour que le Christ nous trace, pour notre couple, mais aussi pour l'humanité entière.

Source : Aimer pour la vie, essai de spiritualité conjugale, Bonheur dans le couple, tome  2, chapitre 9, maintenant disponible sur CreateSpace/Amazon