Le Christ prend ici une attitude humble de quête intérieure. Il aurait pu se mettre en situation de hauteur et de jugement. Il aurait pu, en tant que juif, ne pas s'abaisser à parler à une samaritaine. Tout au contraire, il commence par lui demander à boire. Lui qui est habité par une source vive, commence par faire état de sa soif d'être humain, incarné. Ce texte est à relire sous le regard de notre chapitre 8 (cf. Tome 1). Il y a en effet dans l'attitude de Jésus quelque chose comme une "descente de tours" : Je ne juge pas d'abord l'autre du haut de ma divinité, mais je la rejoins dans sa soif de la sixième heure, celle où il fait le plus chaud et où personne ne vient en général puiser. Je ne l'agresse pas d'abord sur ses cinq maris mais je partage avec elle, en toute humilité, ma soif d'homme et je lui parle de sa soif intérieure, celle qu'elle n'a pu combler avec ses 6 amants.
Le chiffre six évoque d'ailleurs un manque, à l'inverse du chiffre sept qui est pour les juifs celui de la plénitude…Les commentateurs de l'évangile de Jean font également un parallèle entre la sixième heure et celle de la Croix, l'autre moment où retentira le même cri de Jésus : "J'ai soif". On peut y voir plus encore l'enjeu de cette soif d'humanité qui s'exprime dans cette demande de Jésus à la Samaritaine. Deux personnes se rencontrent, chacun en quête d'amour. La samaritaine qui n'a pu trouver dans ses six amants l'amour qu'elle recherche et Dieu, qui exprime sa soif d'un amour de l'homme
Alors peut commencer un véritable dialogue, un dialogue fait "de tendresse et de bonté, d'humilité, de douceur et de patience." Et cette rencontre qui évoque ensuite une eau vive pourra se lire en écho à la source d'eau et de sang qui jaillira ensuite du cœur de Jésus après sa mort, exprimant à quel point sa soif d'humanité qui l'a conduit jusqu'à la mort peut être chemin vers une source intarissable, celle de l'amour de Dieu qui s'exprime dans le don total du Fils, don qui devient signe de la voie fragile d'un amour véritable. La descente de tours qui s'opère à l'échelle d'une rencontre humaine devient ainsi signe, chemin d'une attitude fondamentale, d'un chemin d'amour que le Christ nous trace, pour notre couple, mais aussi pour l'humanité entière.
Source : Aimer pour la vie, essai de spiritualité conjugale, Bonheur dans le couple, tome 2, chapitre 9, maintenant disponible sur CreateSpace/Amazon
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