L'analyse de John P. Meier (1) mérite un détour. On a en effet tendance à lire ce logion de Mat 10, 38 et par. à la lumière de la croix du Christ. Mais si Jésus a prononcé la phrase avant sa mort, cela sous-entend autre chose, un véritable renoncement à soi-même et à toute forme d'ego comparable dans son choc hyperbolique à se rendre "eunuque pour le royaume". S'humilier comme les condamnés et les esclaves que l'on voyait crucifiés sur les chemins de Palestine, ce n'est pas le rêve d'un disciple ordinaire. Le renoncement au monde est total. A nous d'en mesurer l'exigence, de concevoir qu'il s'agit d'un chemin de crête, aride, presque "impossible à l'homme" et que seule la grâce divine peut nous permettre d'accomplir.
Notre contemplation ne peut s'arrêter là elle doit englober tous ceux qui ont pris ce chemin de la vie consacrée et se porter vers ceux qui ont connu ou connaissent le martyre. Elle se poursuit jusqu'aux chrétiens d'Irak ces nouveaux parias du monde musulman crucifiés à leur manière dans la fidélité au nom de Jésus.
(1) un certain juif Jésus, les données de l'histoire III attachements, affrontements, ruptures, Cerf 2009 p. 62-69
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