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05 septembre 2021

Foi et surnaturel - 2

Miracle, intuition, sensation, détermination, logique, certitudes, dogmes, révélation.

La juxtaposition de ces termes traduisent ils l’ampleur de l’inconnaissable ?

En lisant Jean-Luc Marion (1) on perçoit tout l’enjeu de ces nuances entre ce qui vient de Dieu et ce qui est propre à l’homme, entre raison et révélation, psychologie et certitudes. 

Face à ces « mouvements » une introspection est nécessaire ! Il nous faut discerner entre nature et surnaturel.


Suis-je en train d’inventer Dieu au sens décrit par Tomas Römer (2) ou m’est il révélé d’Ailleurs.

Comment Dieu me parle-t-il ? 

Quels sont les traces de sa présence ?

Y suis-je à l’écoute ?

S’impose-t-il ?

Vient-il quand je l’appelle ou me surprend-t-il ?

Et pourquoi son silence, mes nuits ?(3)


Certains textes nous ouvrent à la question de cette présence particulière à côté de laquelle nous passons sans Le voir. Je repense notamment à ce poème d’Ademar de Barros qui conclut que Dieu nous porte dans ses bras (4) ou ce cri d’Augustin « tu étais là et je ne le savais pas » (5)


Passons-nous à côté de la Présence sans ouvrir notre porte intérieure à la brise…à ce que François Cassingena-Trévedy appelle avec humour le « courant d’air ». (6)


On rejoint la question que je posais récemment à propos d’Effata…

Écouter vraiment demande le silence… sentir sa présence demande de partir au désert…

Chemin du désert (7)


(1) D’ailleurs la Révélation, op.cit. pages 130-150

(2) cf. l’invention de Dieu, Seuil 2014-2017

(3) François Marxer, Au péril de la Nuit, Femmes mystiques du XXeme siècle, Paris, Cerf, 2017

(4) cf. ci dessous 

(5) confessions VIII

(6) François Cassingena-Trévedy, pour toi quand tu pries…

(7) voir mon essai gratuit sur https://www.fnac.com/livre-numerique/a14819117/Claude-J-Heriard-Le-chemin-du-desert


« J'ai rêvé que je cheminais sur la plage en compagnie du Seigneur, et que, dans la toile de ma vie, se réfléchissaient tous les jours de ma vie. J'ai regardé en arrière, et j'ai vu qu'à ce jour où passait le film de ma vie surgissaient des traces sur le sable ; l'une était mienne, l'autre celle du Seigneur. Ainsi nous continuions à marcher jusqu'à ce que tous mes jours fussent achevés. Alors, je me suis arrêté, j'ai regardé en arrière. J'ai retrouvé alors qu'en certains endroits, il y avait seulement une empreinte de pied. Et ces lieux coïncidaient justement avec les jours les plus difficiles de ma vie, les jours de plus grande angoisse, de plus grande peur et de plus grandes douleurs. J'ai donc interrogé : Seigneur, Tu as dit que Tu étais avec moi, tous les jours de ma vie, et j'ai accepté de vivre avec Toi. Mais, pourquoi m'as-Tu laissé seul, dans les pires moments de ma vie ? Et le Seigneur me répondit : Mon Fils, je t'aime, j'ai dit que je serai avec toi durant la promenade, et que je ne te laisserai pas une seule minute. Je ne t'ai pas abandonné : les jours où tu n'as vu qu'une trace sur le sable sont les jours où je t'ai porté ! Amen. »

16 février 2021

Où es-tu ? - la danse kénotique 33.8

9 Mais Yahweh Dieu appela l'homme et lui dit : « Où es-tu‍ ? » Il répondit : « 10 J'ai entendu ta voix, dans le jardin, et j'ai eu peur, car je suis nu ; et je me suis caché. »

Pendant que l'homme se cachait d'un faux dieu, le vrai Dieu cherchait l'humain. « Où toi ? » dit une traduction littérale de l’hébreu. Le texte nous le montre avec une insistance particulière. Les exégètes, ces vieux savants qui passent leur vie à scruter le sens des textes, appellent cela une forme concentrique ou un chiasme.

Ainsi des affirmations qui comportent une série d'éléments, de phrases ou d’expressions A, puis B, puis C, puis à nouveau B et A, qui se répètent ainsi sous cette forme A B C B A doivent être lues comme une insistance sur le C :

A Ils connurent qu'ils étaient nus; (…)

B 8 (…) la voix de Yahweh Dieu passant dans le jardin

à la brise du jour,

et l'homme et sa femme se cachèrent

de devant Yahweh Dieu

C au milieu des arbres du jardin.

9 Mais Yahweh Dieu appela l'homme et lui dit : « OÙ ES-TU ? » "

Il répondit : « 10 J'ai entendu

B ta voix, dans le jardin, et j'ai eu peur,

A, car je suis nu ; et je me suis caché. « 11

Et Yahweh Dieu dit :  « Qui t'a appris que tu es nu‍ ? »

 

L'essence du texte serait donc là. Dans cette question posée qui, déjà, révèle qu’alors que l'homme pense trouver Dieu ailleurs que là où il est, Dieu est là qui cherche à rencontrer l'homme...

La nudité comme l’humilité est lieu de crainte. Elles permettent de voir enfin Dieu. Pourtant, l’homme refuse cette fragilité, n’entend pas l’appel. Jacques Loew résume bien l’enjeu de ce qui va suivre. Pour lui, les deux milles pages de la Bible nous permettrons de découvrir à la foi un Dieu « qui cherche l’homme pour le combler au-delà de tout ce qui peut se dire et [voir également comment] l’homme en réponse se fait chercheur de Dieu ou se dérobe. La nudité que prétexte Adam signifie le refus de se présenter à Dieu tel que l’on est, sans défense », elle est refus d’humilité.

C’est là que nous retrouvons le chemin entamé probablement dans l’Écriture chez Osée. La quête de Dieu et la quête ou la fuite de l’homme, décrite d’Osée 2 à Osée 11 est présente, sous d’autres traits en Gn 2 et 3.

On retient le Dieu violent, celui qui chasse du paradis, qui enlève à l’homme la jouissance des biens. Cela peut se comprendre, à première vue, si l’on regarde l’état apparent du monde, la dureté des choses, de la nature comme celle de l’homme pour l’homme. C’est aussi ce qu’a dû penser le rédacteur du texte qui écrit dans un monde dur, alors que, en exil, il a perdu le confort de la terre de ses ancêtres. Comme évoqué plus haut, on considère en effet que ce texte a été rédigé ou pour le moins corrigé dans les derniers siècles avant Jésus Christ par des scribes qui se sont vus chassés des jardins de Palestine et se retrouve en exil. Le rédacteur cherche alors à exprimer par ce récit mythique de la chute une explication à sa peine, à la dureté de ses travaux de la terre. Mais cette interprétation, bien humaine, laisse aussi transparaître une trace ténue, celle d’un Dieu qui donne, qui cherche, qui s’inquiète…

Une trace qui mérite que nous poursuivions notre étude plus loin jusqu’à Exode, voire même 1 Rois 19 et les autres théophanies.

Qui est Dieu ? Comment se dévoile-t-il ? Ou comment se cache-t-il ? Est-il ce Dieu violent et cruel imaginé par l’homme comme la source de sa peine, de son exil, ou autre chose, un au-delà des mots ? Est-ce cet autre Dieu plus attentif qui se cache dans la voix qui résonne dans le jardin, révélation d’une autre voix qui résonne, même si nous rejetons la contemplation de ce qui est beauté dans le monde‍ ? Ne fermons pas trop vite ce point d’interrogation. Il restera ouvert pendant toute cette traversée…

La jeune juive Etty Hillesum avait la même pensée quand elle s’émerveillait sur une fleur de jasmin, alors même que son peuple était déporté et massacré par le régime nazi. Il demeurait dans son jardin une trace différente, au-delà du dieu des puissants. Et cette fragilité même était pour elle source d’espérance et d’action. Elle y a puisé le courage de devenir par ses mains l’instrument de l’amour et de la miséricorde, pour ses frères et ses sœurs marqués par l’horreur des camps. C’est ce décentrement qu’il est peut-être possible d’entamer.


PS: pardon d’avoir encombré la bande passante, mais les textes de cette semaine méritait ce long développement qui m’habite depuis l’écriture il y a 20 ans des prémisses d’Aimer pour la vie...

11 juillet 2020

Pourquoi ? - dernier hommage à une amie

Pourquoi C. nous a t elle quitté ?

Nous sommes en droit de nous poser cette question ?
Nous avons même le devoir de nous interroger sur ce pourquoi.
Nous avons le droit de crier ?
Le silence apparent de Dieu est toujours mis en cause....
Il n'y a pas de réponse directe, évidente à cette question...
Mais il nous reste des traces,
Des graines,
Des semences...
Si le grain ne meurt, nous dit l'évangile il ne peut porter de fruit...
Vous le savez plus que moi, le grain ne meurt pas vraiment
Au contraire, planté en terre, abandonné à la terre, il prépare une plante, il germe et porte du fruit...
Et quel fruit...
C. tu as été confié à la terre et tu n'as cessé de porter du fruit
Tu es vivante encore, c’est notre espérance
Tu resteras vivante,,, en nous...
Comme tu l'as été avec nous....
Je me souviens de toi comme quelqu'un de droit,,,
Non pas rigide, mais droit....
Ta droiture, je dirais même ta verticalité, venait d'une longue histoire, difficile, douloureuse parfois, joyeuse certainement mais toujours nourrie de cette verticalité.
Dieu avait sa place chez toi...
Une place immense
Une quête
Combien de fois, assise en face de moi, ouvrant la Bible, tu as cherché à mieux connaître ce Dieu qui reposait caché au fond de ton cœur ?
Ce Dieu fragile, discret, silencieux, t'a toujours habité
Dans cette église de N. comme celle de ton village, tu étais toujours là...
Au premier rang,,,
Dieu était en toi,,, au fond de toi
Tu l'as semé à ta manière dans tout qui était amour chez toi.
Dans ton amour pour ton mari, tes enfants, petits enfants...les enfants du catéchisme, tes amis...
Ce qui était amour chez toi, ne mourra pas, en nous car il ne pouvait mourir en toi.
Tu étais, par bien des manières, amour...
Tu portais l'amour. Or l'amour ne meure pas...
Il y a une demeure préparée pour toi la haut, nous dit l’Évangile choisi aujourd’hui (Jn 14)
Comme tu demeureras en nous, dans cette verticalité qui t'as caractérisé
Ce Dieu souffrant planté en croix que tu n'as jamais renié t'attends.
Il est amour et il est chemin.
Tu as laissé en nous ta trace, parce que l’amour qui vibre en toi est chemin, il est vérité
L'amour a fini par t'emporter,
Mais il reste en nous comme un manque.
Une semence
Une quête, un cri...
Dieu est amour
Il est semence
Il est vie
Tu es partie mais tu vies en nous, tu vivras par la mémoire de ton sourire et de ta joie.
Parce que l'amour est plus fort que la mort...
Amen

10 mai 2020

Dépouillement 3 - pierres vivantes - méditation suite


Contemplation

Qui suis-je devant la Voie lactée, l'océan déchaîné, la fleur fragile, la main d'un enfant, la mort...?
Dieu est grand.



Méditation

Pourquoi l'homme ? Pourquoi la liberté ? Que nous veux-tu ?

Agenouillement

Pourquoi m'aimes-tu ? Au point de te mettre à genoux, de me laver les pieds, au point de mourir, sur le bois d'une croix ?



Silence

Où es-tu ? Pourquoi ?

Appel

Je suis là. Je t'aime. Où es-tu ?

Amour déposé

Et si ? Et si l'amour vibrait en toi ? Et si tu me suivais.
Et si tu aimais.
Je crois en toi...



Pierres vivantes

Tu es la pierre vivante. En toi je bâtirai mon Église.
Chacun a sa place.
Il y a de multiples demeures dans la maison du Père
Cesse de rêver sans l'amour
« Je suis » si tu contemples ma croix et que tu te dépouilles enfin de ce qui n'est pas amour, unité.
Je suis le chemin, la vérité et la vie.
Viens. Danse avec moi...

——-

« Lumière enfouie sous le boisseau,
Le prince de l'ombre m'épuise !
Vous n'aurez plus besoin de lune ou de soleil,
Agneau de feu, je suis votre flambeau ;
Moi seul peux vous conduire au jour,
Mon Jour qui lève aux cieux nouveaux,
Par le jardin où j'agonise.

Parole atteinte par les eaux,
L'angoisse me force au silence !
Vous n'aurez plus besoin de lune ou de soleil,
Agneau vainqueur, je suis votre flambeau ;
Moi seul peux vous parler de paix,
M
Paix qui règne aux cieux nouveaux,
Puisque la croix me fait violence.

Victime offerte à mes bourreaux,
Mon corps n'est plus rien que blessure !
Vous n'aurez plus besoin de lune ou de soleil,
Agneau de Dieu, je suis votre flambeau ;
Moi seul peux vous combler de joie,
Ma Joie qui s'ouvre aux cieux nouveaux,
Puisqu'au calvaire on me torture.

Semence enfouie dans le tombeau,
La mort m'a couché sous la pierre !
Vous n'aurez plus besoin de lune ou de soleil,
Agneau vivant, je suis votre flambeau ;
Moi seul peux vous donner la vie,
Ma Vie qui fait les cieux nouveaux,
Dans la cité de notre Père.

Hymne de l’office des lectures du 5eme dimanche de Pâques, source AELF 

Rappel : l’interêt de ce blog, désormais vieux de 15 ans, réside surtout dans l’interactivité des balises (tags) qui comptent maintenant près de 2.500 billets)

23 février 2020

Mal originé ou prix de la liberté - Bernard Sesboué

Mal originé ou prix de la liberté - Bernard Sesboué

Je continue ma lecture. Après une longue analyse sur les différentes interprétations du « péché originel » qui nous conduit de Pélage et Augustin au concile de Trente et ses premiers canons (1), l'auteur analyse la réponse des philosophes des Temps Modernes. On quitte la notion étroite d'un mal transmis par Adam vers une interpellation du mal comme « passage de la nature à la liberté ». Pour Kant, la source du mal se « trouve dans un choix libre » fait par tout homme. Hegel évoque quant à lui un mal qui révèle le bien en creux, « les deux connaissances étant inséparables pour [que l'homme devienne] un être moral (...) [qu'il parvienne à un] processus de maturation (...) [au] développement de la conscience de soi (...) Félix culpa (...) [cette chute] nécessaire pour un plus grand bien. (...) Ce qui chez Kant était de l'ordre de la liberté devient chez Hegel le devenir nécessaire de la conscience » (2).

L'enjeu n'est pas de chercher un coupable ailleurs, mais de se rendre compte de l'enchaînement qui nous rend esclave et de trouver une manière d'accueillir cette grâce qui nous en libère.

Tout cela n'est pas éloigné de cette pédagogie divine que nous cherchons à mettre en lumière.
La liberté donnée à Adam n'est pas incompatible avec la sollicitude de Dieu et la question intérieure posée à l'homme : « où es-tu ? »(3)

Mais Sesboué continue, à l'aune des travaux de Rahner, vers une approche qui n'est pas loin de ce que j'appelle la constatation de nos « adhérences » au mal qu'il définit comme un héritage que l'on ne peut trop vite appeler originel mais qui est constitutif de notre état, de notre liberté et de notre chemin de sanctification. C'est à partir de l'homme actuel que la constatation de nos faiblesses permettent d'appréhender l'origine du mal et non une prétendue connaissance historique qui nous conditionnerait au mal, au serf-arbitre ou à tout autre fatalité. Et c'est dans cette condition que Christ a sa place. Si nous ouvrons nos cœurs à ce Dieu sauveur.

(1) Bernard Sesboué, L'homme, merveille de Dieu, Paris, Salvator, 2015 p.199 à 245.
(2) ibid. p. 246-8
(3) cf. mon livre éponyme

21 février 2020

Pépite - Au fil de Genèse 3 - Je suis caché !

« Pour la première fois dans ma lecture [de Genèse 3] , j'ai entendu Adam dire à Dieu : « Je suis caché ! » Adam vient de manger du fruit défendu, il prend conscience de sa nudité et se cache. À Dieu qui demande : « Où es-tu ? », il répond : « Je suis caché ! » Je l'entends dire, comme un enfant : « Dieu, cherche-moi, montre-moi combien tu tiens à moi. Même si j'ai fait une bêtise, je t'en prie, trouve-moi ! » Si Adam ne souhaite pas que Dieu le retrouve, il lui suffit de ne pas répondre. Or Adam répond à l'appel de Dieu. En mangeant du fruit défendu, il affiche son indépendance. En répondant à Dieu, il veut continuer à être en relation avec Dieu, même après avoir bravé l'interdit. Cet appel à être trouvé m'a bouleversée et fait penser à un enfant qui se cache derrière un rideau et crie à l'adulte : « Je suis caché ! », en espérant vivement que celui-ci va le chercher, et le trouver. Mais pas trop vite, car l'enfant aime sentir le soin que prend l'adulte à fouiller la maison avant de le trouver. 
(...)  Il y a dans la Bible quelqu'un qui se cache et qui est cherché par Dieu.
 C'est sa façon de demander à Dieu : « M'aimes-tu ? » Aujourd'hui, nous continuons à nous cacher, à demander à Dieu de nous chercher et de nous donner des preuves d'amour. Depuis Adam, nos besoins sont les mêmes, c'est la façon de les exprimer qui varie. (1)

J’abuse ici du droit de citation mais cet article fait trop écho à la thèse que je développe longuement dans Où es-tu ? et dans Lire l’Ancien Testament  tome 1


(1) Aurore de Neuville, La Croix, vendredi 7 février 2020)

06 novembre 2019

Au fil de Luc 14 et Luc 20, Homélie du 32ème dimanche du Temps Ordinaire - année C

Projet 3
De quel côté sommes-nous ?
Du côté de la vie, de la foi, de l’espérance et de la charité
Ou du côté de la mort, de la haine et du jugement ?

Il n’y a pas d’entre deux et saint Luc depuis le récit du Fils prodigue nous conduit vers ce choix.

Un petit mot sur le contexte...
Le cœur de ces trois textes s’ordonne en effet autour de la résurrection.
La première lecture est pratiquement le seul texte de l’Ancien Testament où ce concept effleure et la question posée par les Saducéens montre que le sujet n’était pas partagé par la plupart des Juifs.

S’il n’y a pas de résurrection tout s’arrête. Et l’on peut percevoir le désespoir des Juifs qui sont face aux premiers martyrs.

Et nous que pensons nous du sujet ?
J’ai vu passer une étude qui affirmait qu’une tranche importante des catholiques ne croyait pas à la résurrection. Comment est-ce possible ? Si le Christ est mort sans ressusciter que croire ?

Si Jésus fait allusion à Abraham, Isaac et Jacob comme des vivants et non des morts, c’est pour nous entraîner au delà de notre vision étriquée du monde. Croire en Dieu c’est croire que l’amour dépasse les limites de la mort. C’est croire qu’en dépit de nos erreurs, il continue à crier vers nous.

La question de Dieu au jardin d'Eden dans Gn 3 : «  où es-tu ? ». traduit cette bienveillance de Dieu au delà de nos erreurs. Rappelons nous : L'homme était nu et devant le mal commis, Dieu l'interpellait alors pour le ramener à lui(1)

Depuis Adam, Dieu ne cesse de courir à nous...
Et la Bible n’est qu’un long récit de nos manières de ne pas entendre l’appel...
La résurrection est le cadeau final, ce qui nous inscrit dans l’espérance...

Christ est mort par la faute des hommes, mais Dieu est plus grand que nos erreurs. Dieu ne cesse de nous tendre la main...

Dans les icônes orthodoxes on voit même le Christ relever Adam et Ève des ténèbres de la nuit, signe que Christ est venu pour sauver l’humanité passée et future, alors n’ayons pas peur. Il est vivant !

Croire c’est aussi avancer. Nous  pouvons le fair de deux manières ; une extérieure qui consiste à louer Dieu pour ceux qui ont fait ce choix ultime de le suivre dans une vie totalement consacrée, ce qu’il appelle les anges...
La deuxième est plus essentielle : elle consiste à faire intérieurement ce choix ultime de se dégager du monde pour mettre sa vie au service de Dieu.
Et pour cela, tout baptisé a un chemin à entreprendre : il s'agit de discerner où est notre priorité...

Prendre le temps dans la prière de discerner l'essentiel. Combien de temps prions nous vraiment ? Non pas par des formules toutes faites mais en vérité ?

Laissons nous la « Parole suivre sa course » en nous ? comme le dit Paul dans la deuxième lecture (cf. 2 Th 2).

L'évangile en mettant côte à côte la loi dite du levirat et le choix de la consécration nous interpelle : sous quelle axe organisons-nous notre vie ? Sous l'axe du monde ou sous l'axe de Dieu ? 

Déjà la première lecture à une vision plus exigeante du lévirat puisque les sept frères choisissent la voie du martyre. Cf. 2 M 7, 1-2.9-14)
Choisir le chemin de Dieu, la voix unique dont parle saint Jean de La Croix, c'est voir d'abord nos addictions au matériel, à ce qui nous éloigne de la charité. 

« Que le Seigneur conduise vos cœurs dans l'amour de Dieu
et l'endurance du Christ. » (2 Th 3,5)

Annexe

Mon projet 1, bien hors sujet... comme quoi l’art de l’homélie reste difficile

Où sont vos priorités ?
C'est la troisième fois que je pose la question dans une de mes homélies depuis septembre, et cela n'est pas anodin. Cela rejoint en effet la question de Dieu au jardin d'Eden dans Gn 3 : «  où es-tu ? ». L'homme était nu et devant le mal commis, Dieu l'interpellait alors pour le ramener à lui(1)

Déjà en Luc 14, que nous venons de relire mercredi, le chemin tracé par Jésus est exigeant ; « celui d'entre vous qui ne renonce pas à tout ce qui lui appartient ne peut pas être mon disciple. »

Sur cette voie Saint Macaire à cette exhortation qui dérange : « Comment est-il possible que, malgré de tels encouragements et de telles promesses de la part du Seigneur, nous refusions de nous livrer à lui totalement et sans réserve, de renoncer à toutes choses et même à notre propre vie, conformément à l'Évangile (Lc 14,26), pour n'aimer que lui seul, et rien d'autre avec lui ?
Considère tout ce qui a été fait pour nous : quelle gloire nous a été donnée, que de dispositions en vue de l'histoire du salut faites par le Seigneur depuis les pères et les prophètes, que de promesses, que d'exhortations, quelle compassion de la part du Maître dès les origines ! À la fin, il a manifesté son indicible bienveillance envers nous en venant demeurer lui-même avec nous et en mourant sur la croix pour nous convertir et nous ramener à la vie. Et nous, nous ne laissons pas de côté nos volontés propres, notre amour du monde, nos prédispositions et nos habitudes mauvaises, apparaissant en cela comme des hommes de peu de foi, ou même sans foi aucune.
Et cependant, vois comment, malgré tout cela, Dieu se montre plein d'une douce bonté. Il nous protège et nous soigne invisiblement ; malgré nos fautes, il ne nous livre pas définitivement à la méchanceté et aux illusions du monde ; dans sa grande patience, il nous empêche de périr et guette de loin le moment où nous nous tournerons vers lui »(2)

Nous arrivons aujourd'hui à la fin de la lecture de Luc dans l'année liturgique C, avant dernier dimanche avant le Christ Roi et c'est sur la pointe des pieds que nous pouvons contempler une dernière fois cette demande de tout quitter pour suivre l'appel du Christ. Nous pouvons le faire de deux manières ; une extérieure qui consiste à louer Dieu pour ceux qui ont fait ce choix ultime de dans une vie totalement consacrée.
La deuxième est plus essentielle : elle consiste à faire intérieurement ce choix ultime de se dégager du monde pour mettre sa vie au service de Dieu.
Et pour cela, tout baptisé a un chemin à entreprendre : il s'agit de discerner où est notre priorité...

Prendre le temps dans la prière de discerner l'essentiel. Combien de temps prions nous vraiment ? Non pas par des formules toutes faites mais en vérité ?

Laissons nous la « Parole suivre sa course » en nous ? comme le dit Paul dans la deuxième lecture (cf. 2 Th 2).

L'évangile en mettant côte à côte la loi dite du levirat et le choix de la consécration nous interpelle : sous quelle axe organisons-nous notre vie ? Sous l'axe du monde ou sous l'axe de Dieu ?

Déjà la première lecture à une vision plus exigeante du lévirat puisque les sept frères choisissent la voie du martyre. Cf. 2 M 7, 1-2.9-14)
Choisir le chemin de Dieu, la voix unique dont parle saint Jean de La Croix, c'est voir d'abord nos addictions au matériel, à ce qui nous éloigne de la charité.

« Que le Seigneur conduise vos cœurs dans l'amour de Dieu
et l'endurance du Christ. » (2 Th 3,5)

(1) cf. mon livre éponyme « où es-tu ?+  mais surtout https://www.amazon.fr/Lire-lAncien-Testament-lecture-pastorale/dp/1533408610
(2) saint Macaire d'Égypte, Homélies spirituelles (trad. Deseille, Coll. Spi.Or. 40, Bellefontaine 1984, p. 114) , source : l'Évangile au Quotidien


28 août 2019

Dynamique et création - 2 - Irénée de Lyon

« La Genèse nous donne un récit du passé et une prophétie de l'avenir (1) » nous dit saint Irénée. Il ne faut pas considérer Dieu comme « néronien » précise Bernard Sesboué, c'est à dire comme indifférent au mal subi(2).
Sa place serait-elle dans cet accompagnement parfois kénotique et toujours dynamique de la création qui nous laisse toute liberté tout en interpellant nos actes dans l'Où es-tu ? de Gn 3 (3).
La bonne lecture de Gn 2 et 3 c'est celle qui nous fait grandir vers Lui...


(1) Irénée de Lyon, CH v, 28, 3, cité par Bernard Sesboué in L'homme, merveille de Dieu, Salvator, 2015 p. 50
(2) ibid p. 49
(3) cf. mon livre éponyme 

23 mars 2019

2eme Scrutin, Homélie du troisième dimanche de carême, année A - La samaritaine

De quoi avons nous soif ? 
Quel est le point commun entre ces textes que nous venons d’entendre ?  On y parle beaucoup de soif et de désert, d’eau et de source, pourtant le cœur de ces textes est ailleurs ? Quel est le centre, la pointe commune à ces trois textes ? 

Les mots du texte nous conduisent à une contemplation, puis à une interpellation 

Les Hébreux sont conduits par Dieu au désert, comme nous à ce temps de carême. Quel est finalement l’enjeu si ce n’est de nous amener à l’essentiel ?

De quoi avons nous soif ?

Qu’est-ce que cherche la femme de Samarie, la femme aux  6 maris. 
De quoi avons nous soif ? D’aimer, d’être aimé, d’argent, de pouvoir, de reconnaissance ? Ces soifs du monde qui deviennent des addictions ?


La Samaritaine vient au puits à l’heure la plus chaude, probablement pour éviter de rencontrer les femmes bien de son village. Et pourtant c’est là où elle rencontre Jésus. Ce qui est le plus surprenant, ce n’est pas son discours, mais la manière dont il l’aborde.  Lui le juif qui ne devait pas, selon sa loi, parler à un étranger, une impure, au risque de se rendre impure...

Quels sont ses mots ?  Donne moi à boire. Pour Mère Teresa qui a beaucoup médité ce texte, c’est un « j’ai soif » qu’il faut entendre. Un j’ai soif de ton humanité. Jésus est au bord du puits, là où la tradition nous décrit les fiançailles des patriarches. Il est là et il cherche à rencontrer l’humain de cette femme. Un peu comme le cri de Dieu au jardin d’Eden, après qu’il ait mangé le fruit interdit. Où es-tu  ? Où es-tu Adam ? Où es-tu Ève ? Où es-tu Samaritaine au 5 maris plus un (7 étant le chiffre de la plénitude, le 6 est le manque absolu) donne moi à boire, où es-tu ? Que cherches-tu vraiment ?

Peut-être doit on entendre nous aussi ce cri de Dieu, dans le silence, dans le désert où nous conduit notre marche du carême.  Alors nos soifs trouverons ce que notre cœur désir. L’amour véritable, un Dieu qui nous aime.  Quel est en effet le centre, la pointe commune à ces trois textes ? C’est le Rocher d’où coule l’eau qui apaise notre soif, c’est l’eau vive qui comble nos cœurs en quête d’amour?

Écoutons à nouveau l’échange pour comprendre leur liens. Dans la première lecture, Moïse entend la soif du peuple il frappe le rocher de son bâton faisant jaillir l’eau tant attendu par les hébreux. La Samaritaine elle parle à Jésus de la montagne que ses frères vénèrent comme étant le centre de la religion. Pourtant le centre est ailleurs, le centre est en Jésus-Christ. Il est le centre parce qu’il nous aime. Le J’ai soif qu’il dit-il entre les lignes, ce j’ai soif de toi, d’un amour en vérité, il le redira à la Croix juste avant d’être transpercé du glaive d’où sortira, comme pour le rocher frappé par Moise, la source immense d’un Dieu immense, l’eau vive, celle qui comble toute soif.

Le désert conduit à l’amour et le plus grand amour c’est Dieu cloué sur une croix, un Dieu qui se fait faible pour nous laisser, pour nous transmettre l’esprit, l’amour, source de vie, au delà de la mort...

Quelle activation pratique ? Au bout de cette quête n’oublions pas l’essentiel. Cet eau qui comble nos soifs ne nous appartiens pas. Comme la Samaritaine il nous faut courir au village et répandre la bonne nouvelle. Comme le dit le Cantique des Cantiques il nous reste à crier au monde : «  j’ai trouvé celui que mon cœur aime »....

19 février 2019

Écouter l’homme dans le silence - 7


C'est au cœur d’un véritable silence,
que l'on peut entendre le cri de l'homme souffrant, 
loin du bruit du monde.

C'est au cœur d’un véritable silence 
que l'on peut entendre le cri de Dieu souffrant.

C'est au cœur d’un véritable silence 
que l'on peut entendre le cri de notre conscience,
loin du bruit du monde.

C'est au cœur d’un véritable silence 
que Dieu appelle l'homme, dans le jardin du monde.

« Où es-tu ? » cf. Gn 3

———-

Pour toi le silence est louange, ô Dieu, dans Sion;
on  des vœux qu'on t'a fait.»
‭‭Psaumes‬ ‭65:2‬ ‭

«Iles, faites silence pour m'écouter! Que les peuples renouvellent leur force, qu'ils s'avancent et qu'ils parlent!.»
‭‭Isaïe‬ ‭41:1‬ ‭

«Moïse et les prêtres-lévites dirent à tout Israël: Israël, fais silence et écoute! Aujourd'hui, tu es devenu le peuple du SEIGNEUR, ton Dieu.»
‭‭Deutéronome‬ ‭27:9‬

«Garde le silence devant le S EIGNEUR, et attends-le; ne te fâche pas contre celui qui réussit dans ses voies, contre l'homme qui mène à bien ses intrigues.»
‭‭Psaumes‬ ‭37:7‬ ‭

«Jésus gardait le silence. Le grand prêtre lui dit: Je t'adjure par le Dieu vivant de nous dire si c'est toi qui es le Christ, le Fils de Dieu.»

‭‭Matthieu‬ ‭26:63‬ ‭

Voir aussi sur ce thème :

05 octobre 2016

Le voile -2 - Où es-tu, mon Dieu ?

Où es-tu mon Dieu ? Dans notre monde où Dieu semble de plus en plus absent,  où la violence, la haine et le mépris semble avoir pris la première place,  nous pouvons répéter la question : "Où es-tu mon Dieu ?"

Loin des tremblements de terre et des orages de la guerre, loin du vent de la haine, la réponse de Dieu se trouve dans le bruit d'un fin silence (cf. 1 Rois 19),  dans le chant des martyrs et des anges. 

Écoutons ce que nous dit Augustin : "Croyez-vous, frères, que Dieu ignore ce qui vous est nécessaire ? Celui qui connaît notre détresse connaît d'avance aussi nos désirs. C'est pourquoi, quand il enseignait le Notre Père, le Seigneur recommandait à ses disciples d'être sobres de paroles : « Lorsque vous priez, ne rabâchez pas, car votre Père sait de quoi vous avez besoin avant même que vous l'ayez demandé » (Mt 6,7-8). Si notre Père sait ce qui nous est nécessaire, pourquoi le lui dire, même en peu de mots ? ... Si tu le sais, Seigneur, est-il même nécessaire de te prier ? Or celui qui nous dit ici : « Ne multipliez pas vos paroles dans vos prières » nous déclare ailleurs : « Demandez et vous recevrez », et pour qu'on ne croie pas que c'est dit en passant, il ajoute : « Cherchez et vous trouverez », et pour qu'on ne pense pas que c'est une simple manière de parler, voyez par où il termine : « Frappez, et on vous ouvrira » (Mt 7,7). Il veut donc que pour recevoir tu commences par demander, que pour trouver tu te mettes à chercher, que pour entrer enfin tu ne cesses de frapper... Pourquoi demander ? Pourquoi chercher ? Pourquoi frapper ? Pourquoi nous fatiguer à prier, à chercher, à frapper comme pour instruire celui qui sait tout déjà ? Et même nous lisons dans un autre endroit : « Il faut prier sans cesse, sans se lasser » (Lc 18,1)... Eh bien, pour éclaircir ce mystère, demande, cherche et frappe ! S'il couvre de voiles ce mystère, c'est qu'il veut t'exciter à chercher et trouver toi-même l'explication. Tous, nous devons nous encourager à prier." (1) et la seule question de l'où es-tu ? nous conduira vers Celui qui nous cherche derrière le voile de l'amour donné. Dans le jardin du monde, il pose lui aussi la question. Où es-tu homme. Ta vie est-elle don fragile ? Si elle l'est tu ne peux qur me trouver. Car je suis don.

(1) Saint Augustin, Sermon 80, source AELF.

23 décembre 2015

Le Verbe s'est fait chair

"Le Verbe s'est fait chair et il a habité parmi nous". En ces derniers temps de l'avent il nous faut contempler l'immensité de ce qui se joue dans cette phrase de Jn 1 que l'on peut mettre en écho avec cette traduction particulière d'Exode 3 : " Je serai qui je serai". Si notre regard se porte depuis le commencement jusqu'au Royaume à venir, nous percevons ce buisson ardent donné à l'homme : un feu déposé en nous, qui nous brûle sans nous consommer, qui nous réchauffe sans nous perdre, qui éveille notre désir sans nous contraindre. Le Verbe s'est fait chair. A quel prix ? Son humilité et sa miséricorde nous emporte sur un chemin non désiré par notre être attaché au monde, mais tant désiré par ce qui élève en nous la vérité et la vie. Depuis l'incarnation dans la beauté du monde, première trace du Verbe, jusqu'à la venue de l'enfant et le don du Fils de l'homme, se révèle en nous l'immensité de ce pain partagé, rompu pour un monde nouveau.
A cela s'ajoute le cri, qui jaillit depuis Gn 3, 9, cette invitation qui résonne dans nos vallées. Où es-tu‎ ? J'ai besoin de toi pour être corps, non pas morceau mais membre de l'Église vivante, comme le précise de Lubac. (1)

Cf. Jacques Loew op. Cit p. 168ss

15 décembre 2015

Où es-tu ? Gn 3

Les lecteurs de ces pages savent combien j'attache de l'importance à cet "Où es-tu ? " de Gn 3. Jacques Loew résume bien, à sa manière la problématique : les deux milles pages de la Bible qui suivent sont pour lui celle d'un Dieu "qui cherche l'homme pour le combler au delà de tout ce qui peut se dire et comment l'homme en réponse se fait chercheur de Dieu ou se dérobe. La nudité que prétexte Adam signifie le refus de se présenter à Dieu tel que l'on est, sans défense" (1)

Saint Jérôme n'a pas tort de dire qu'il s'agit de notre histoire. Même s'il est parfois ridicule de se cacher devant Celui qui "nous sondes et nous connaîs" (Ps 139), il nous arrive de croire que l'on peut échapper à son regard. C'est peut être parce que l'on ne connaît pas l'ampleur de sa miséricorde et de sa tendresse... Ce n'est qu'en la contemplant qu'on sent l'amour...

La fausse image du Dieu vengeur n'est pas morte...


(1) Jacques Loew, Mon Dieu dont je suis sûr, Fayard / Mame, 1982 p. 109

18 juin 2015

Silence intérieur

Contemplation,  cette nuit, de cet hymne souvent chanté "dans le silence" et qui résonne plus particulièrement aujourd'hui : "En toute vie le silence dit Dieu, (...)
Soyez la voix du silence en travail, 
Couvez la vie, c'est elle qui loue Dieu !
Pas un seul mot, et pourtant c'est son Nom 
Que tout sécrète et presse de chanter :
N'avez-vous pas un monde immense en vous ? Soyez son cri, et vous aurez tout dit."
Il fait résonner ce "chemin du désert" qui m'a habité le mois dernier et ce texte trouvé hier chez Augustin : 
« Entrer au fond de ta maison, c'est rentrer dans ton cœur. Heureux ceux qui se réjouissent de rentrer dans leur cœur, et qui n'y trouvent rien de mal..."

Le véritable décentrement c'est celui où son propre cri finit par de transformer en contemplation de l'infini et insondable tendresse pour rejoindre l'autre cri, celui qu'il a déposé en nous : "aime".
Un cri qui n'est autre que l'écho de celui qui jaillit en Gn 3, cet "où es-tu ?" qui atttends la réponse d'un "me voici".

(1) 2eme discours sur le Psaume 33, §8  ; PL 36,312 

21 octobre 2014

La formule de Dieu - Le serviteur - III

Je viens de terminer la lecture d'un roman portugais (1) qui a visiblement connu un succès certain en partant sur une thèse assez fréquemment utilisée depuis les découvertes modernes de la science. Pour l'auteur,  la contemplation de l'univers est compatible avec le récit de Genèse 1, preuve scientifique à l'appui.  Si l'on se laisse séduire par son argumentation,  le chrétien butera probablement sur son affirmation que le Dieu que la science révèle n'est pas le Dieu de la Bible.  

Il doit sourire un peu jaune là haut. Car cette description anthropique de la création qui montre que le monde, depuis des milliards d'années prepare les conditions de l'apparition de l'intelligence humaine, est-elle autre chose que la description de la kénose et de la diaconie de Dieu. 

Si l'équilibre fragile qui regit l'univers a permis les merveilles qui nous entourent,  ce n'est probablement pas le fruit d'un heureux hasard.  C'est l'indication discrète et respecteuse d'un amour qui aime en se mettant à genoux devant l'homme et lui pose la question de Gn 3 dans le jardin : où es-tu ?

Dieu n'attend qu'une réponse : Me voici. 


(1) La formule de Dieu, José Rodrigues dos Santos, Pocket

25 juin 2014

Bonhoeffer - III - La clarté de l'Écriture

"En son essence, la Parole s'interprète elle-même. Dans cette clarté et cette signification identique pour tous est fondée sa validité universelle."‎ (op. cit p. 48).

C'est ce qui supporte pour moi ces "banquets de la Parole" collectifs (cf. série de posts précédents) où nous découvrons à plusieurs cette éternelle présence de Dieu qui ne cesse de crier son "Où es-tu ?" à l'homme.

La question que Dieu nous pose dès Gn 3 est cet "où es-tu ?" qui fait face au "Moi je suis [là] présent" de Dieu dans nos vies, y compris et peut-être surtout par cette Parole qui se rend vivante dans nos partages en communauté. La tension entre l'"Où es-tu ?" et le "Je suis" se prolonge jusque dans des détails qui ne sont pas anodins :
- "si vous l'avez fait à l'un de ces petits qui sont mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait." (Mat 25)
- "Je suis" qui fait face au "Je ne suis pas de Pierre... (Jn 18)
Tout cela rebondit en nous... Et c'est dans sa présence dans l'aujourd’hui que la question résonne, écho toujours silencieux de Dieu qui nous appelle.