17 août 2007

Retire tes sandales !

Comme annoncé, je viens de mettre en ligne mon dernier livre : Retire tes sandales !
Ce chemin est celui d'une "petite contemplation" sur la Trinité, esquissée à partir de l'oeuvre de celui que Benoît XVI appelle le "théologien agenouillé". A partir d'une méditation sur les 17 volumes que constituent la trilogie de Hans Urs von Balthasar, "Retire tes sandales !" constitue un très court essai de méditation sur ce qu'apporte la théologie de Balthasar et d'Adrienne von Speyr sur la Trinité. Loin des milliers de pages que constitue l'oeuvre à laquelle il fait référence, cet essai se veut simple et accessible. Une petite contemplation sur la révélation de Dieu depuis le buisson ardent jusqu'à la Croix, un chemin de découverte intérieure, le fruit de plusieurs années de lecture et de méditation.
Les produits de cette vente seront consacrés entièrement à un projet d'évangélisation.
Ce livre est disponible sur : http://stores.lulu.com/cheriard

16 août 2007

Silence et Parole - II

Le silence habite dans la Parole. Pour Max Picard, « en Dieu, la parole et le silence ne font qu’un ». (1) Il ajoute d’ailleurs plus loin qu’« une couche de silence se glisse entre l’incarnation, cet événement inconcevable et l’homme » (2)

Pour K. Rahner, l’homme se tient ontologiquement face à un transcendant qui, en tant qu’il le fonde est de soi libre de ses gestes ; c’est pourquoi, l’homme doit compter « avec une parole éventuelle de Dieu rompant son silence et ouvrant ses profondeurs au regard de l’esprit fini ». (3) Et le théologien continue sur ce thème en affirmant qu’il « est le Dieu d’une révélation ou par la parole ou par le silence » (4).

C’est pour moi encore la trace de la pédagogie de Dieu. L’art de doser entre parole et silence, entre appel et temps de maturation, de discernement, voire de doute et de confirmation.


(1) Max Picard, die Welt des Schweigens, p 28 et 71
(2) cité par Hans Urs von Balthasar, La Théologique, II ibid, p.123
(3) K. Rahner, L’homme à l’écoute du Verbe, trad. J. Holbeck, Paris, Mame, 1968, p. 165 (le plus beau livre de K. Rahner d’après Hans Urs von Balthasar).

15 août 2007

Ascensionnel


Pour Hans Urs von Balthasar, il est important de trouver ce qui dans une spiritualité incarnée est authentiquement chrétien et de s’opposer à toutes ces prétentions des spiritualités « ascensionnelles extrabibliques » de détenir la vérité. (1)

Je vois ainsi le danger d’insister sur le fait que le décentrement, à la différence d’une sortie de soi, nécessite peut être une précision : le décentrement n’est pas pour moi désincarné mais seulement un changement de centre, un descente de tours, thème récurrent de ma trilogie « Chemins d’humanité, chemins vers Dieu » et qui fera l'objet d'un nouvel ouvrage en cours de finalisation : « Retire tes sandales !» où l’homme doit quitter sa prétention à être seul y compris dans l’ascèse pour s’ouvrir à une parole et un silence. La différence est ténue mais plus qu’importante.

(1) Hans Urs von Balthasar, La Théologique, II ibid, p. 119

14 août 2007

Silence - VI

La théologie négative conduit au silence. Après toute négation… Mais pour Hans Urs von Balthasar, « il y a au terme de la théologie chrétienne, une autre sorte de silence, celui de l’adoration, à laquelle la voix manque, à cause de l’excès du don ». (1)

Et le théologien nous présente un long plaidoyer sur les parallèles et les divergences entre une recherche néo-platonicienne et mystique du silence et les spécificités de la révélation chrétienne qui me conduisent à mettre des réserves sur tout ce que j’ai pu développer dans ces pages sur le thème du silence. Hans Urs von Balthasar insiste avec raison sur l’importance de la révélation et du verbe sans nier l’importance parallèle du silence de Dieu dans l’histoire de la révélation.

Je conclurais ainsi que le silence ne peut être qu’une introduction ou une conclusion à la Parole. Il l’introduit en préparant l’homme à l’écouter. Il conclut la Parole, en laissant à l’homme le temps d’y répondre.

Le pur silence peut être une tentation mystique et gnostique si l’on succombe à « l’échelle des émanations » pour tomber dans une voie de « purification » où l’on cherche à toujours plus se désincarner. Pour Hans Urs von Balthasar, « cette doctrine désincarnant la perfection a causé les plus grands ravages au Moyen Age et jusqu’au Temps Modernes (un saint Jean de la Croix n’en est pas exempt). « Contrairement à la ligne fondamentale chrétienne d’insertion dans le corps, un refus graduel de la corporéité devient alors le modèle non seulement de l’ascèse mais aussi en particulier des doctrines mystiques. A peu d’exception près, ce fut la perspective courante jusqu’aux Exercices spirituels de saint Ignace qui n’eurent pas assez d’influences pour contrecarrer la tendance néo-platonicienne. Il faudrait également rappeler saint Augustin qui, il est vrai, a des mots très durs dans ses Confessions, pour stigmatiser chez les néo-platoniciens l’absence de l’humilité condescendante du Christ, mais qui propose en contrepartie dans sa mystique un schéma ascendant très net du corps à l’imagination pour aboutir à la pure vision spirituelle et qui fut déterminant pour la postérité ». (2)

(1) Hans Urs von Balthasar, La Théologique, II ibid, p. 114
(2) Hans Urs von Balthasar, La Théologique, II ibid, p. 118

13 août 2007

Théologie négative - V

Pour le Pseudo-Denys toutes les négations et suppressions « visent une affirmation dominant toutes choses » Cette forme de théologie, ajoute Hans Urs von Balthasar tend finalement vers la louange liturgique, la pure adoration. (1)

S’ouvre alors pour le théologien deux chemins ; celui de Bonaventure avec son excessus de l’amour au-delà de toute connaissance et celui de Thomas d’un Dieu contemplé par Dieu.

C’est le « chercher Dieu » des psaumes.

Il nous faut noter que dans certaines violences de l’Ancien Testament résident aussi la recherche de Dieu. Elle en constitue le balbutiement de toute la recherche de l’homme qui crie vers un Dieu qu’il ne pourra atteindre et croit le voir là où il n’est pas. Dépasser ce stade est possible mais il ne peut pas faire l’économie de notre propre recherche, des hauts et des bas de nos propres incompréhensions.

(1) Hans Urs von Balthasar, La Théologique, II ibid, p.109

12 août 2007

Le connaître

Dieu est pour Henri de Lubac un « océan sans rivages » (1). Il y est donc l’infini inaccessible par excellence et pourtant le tout proche, parce qu’il a tout cédé dans le Fils. Il n’en reste pas moins que savoir que l’on ne connaît pas Dieu « représente le sommet de la connaissance humaine ».

(1) cité par Hans Urs von Balthasar, La Th. II, p. 107

11 août 2007

Théologie négative - IV

Voici un point de vue qui tempère l’affirmation catégorique citée dans mon premier billet sur ce thème : Pour saint Augustin : « La hauteur de Dieu au dessus de tout ne dépasse pas seulement notre discours, mais aussi notre pensée. Ce n’est pas un mince appoint pour notre intelligence, qu’avant de savoir ce que Dieu est, nous sachions ce qu’il n’est pas ». (1)

(1) Serm. Morin., Rome 1930, 47 cité par Hans Urs von Balthasar, La Th. II, p.107

10 août 2007

Théologie négative - III



« Le fait même que, d’après la Bible, l’homme soit l’image de Dieu, que celui-ci ait imprimé son sceau au plus intime de l’homme, que cette image ait été rétablie et restaurée en Jésus-Christ, selon son modèle originel, tout cela empêche déjà que n’importe quelle négation subséquente n’ébranle le statut originaire de Dieu par rapport à l’homme. ».

Selon Grégoire de Nysse, il existe de ce fait une transcendance tout à fait originaire dans la nature de l’homme, un dépassement de soi vers l’infini puisque l’être image renvoie de par lui-même à un archétype inaccessible. (1)

Pour lui cette course vers Dieu qui fait aboutir à la vie en Dieu est si essentielle qu’il l’a fait continuer (comme d’ailleurs saint Irénée) dans toute l’éternité, sans que cela empêche notre béatitude. (2)

(1) Hans Urs von Balthasar, La Théologique, II ibid, p.105
(2) ibid p. 106

09 août 2007

Désir de Dieu

Selon Saint Thomas « toute chose désire naturellement Dieu de manière implicite et non explicite », (1) ou encore « tout être, en tendant vers ses propres perfections, tend vers Dieu » (2)
Certes, ajouterais-je, mais la difficulté est de raviver ce désir, parfois enfoui sous les sables du monde. "Désensablez la source", pour reprendre une expression chère à ma femme...

(1) De Ver. qu. 22, art 2c
(2) Sum. Th. I qu. 6, art. 1 ad 2 cité par Hans Urs von Balthasar, La Th. II p.106

08 août 2007

L’idée de Dieu

«Préalablement à tous nous concepts, (...) l’idée de Dieu est en nous mystérieusement, dès l’origine » (1)

(1) H. de Lubac, Sur les chemins de Dieu, Cerf, 1983, p. 48s.

07 août 2007

Chercher

« Dans la relation de Dieu et de l’homme, aucun appel en effet ne retentit de façon plus constante dans l’Ancien Testament, répété 100 fois et décliné sous toutes ses formes, que celui de « cherche le Seigneur ». C’est comme si le rayon de la grâce, touchant ce qu’il y a de plus profond et de plus intime dans l’homme, avait mis à nu pour la première fois la plénitude de son être comme nature créée. Romain Guardini a certainement saisi un point décisif quand il dit qu’il n’y a pas seulement une nature et une grâce surnaturelle, mais qu’il existe aussi un troisième plan, celui des profondeurs de la nature qui ne s’éveillent que lorsqu’elles sont atteintes par la lumière de la grâce. Il écrit : « Il y a certaines réalités qui en soi appartiennent au monde (...) et qui n’émergent à la conscience qu’après avoir été ressaisies par les réalités correspondantes de l’ordre surnaturel » (1)

N’est-ce pas en quelque sorte le champ symphonique du monde, cette entrée en résonance qui fait de la création un miroir de Dieu.

(1) R. Guardini, Welt und Person, Würzburg, Werkbund 1952, 67

06 août 2007

Théologie négative - II

Au lieu d’un exercice méthodique de plongée en soi, on s’ouvre pour lui à une attitude d’adoration, échappant à toute méthode. Une obéissance nue, dans l’amour, envers un Dieu qui exige avec tendresse, remplace des approches et des ascensions systématiques. Abraham devient l’archétype de cette double attitude. (1)
C'est aussi pour moi le début du décentrement véritable...

(1) ibid p. 101

05 août 2007

Théologie négative

La théologie négative, en sa première forme est le « plus solide bastion contre le christianisme ».
Je pense que le théologien critique là cet entêtement de la philosophie à définir Dieu par son absence... Au Dieu qui n'est pas, il oppose le Dieu qui s'est révélé...

A la différence, le Dieu de la révélation est pour lui le « Dieu qui a déjà saisi l’homme en recherche et qui lui adresse la parole, à la fois comme une grâce et comme une exigence, ceci coupe court à toute résignation devant l’inaccessible ». (1)
(1) Bathasar, ibid p. 101

04 août 2007

Zen - Désaisissement et limites

Le dessaisissement exigé dans le zen serait pour beaucoup le meilleur moyen de vaincre la maladie moderne de l’anthropocentrisme sous toutes ses formes, idéalistes, matérialistes, technologique ou existentielle, et pour agir de façon créatrice dans le monde.
Mais pour Balthasar, le Zen se situe probablement au plus extrême opposé de ce que représente la quête de Dieu chez l’homme biblique. Pour l’Orient, la recherche du Dieu vivant se mue en une technique allant à la conquête de quelque chose qui se trouve au-delà de toute recherche. Dans la grande illumination, la vérité comme expérience est une présence qui comble : on a trouvé le secret et on à plus à chercher. En Occident, il demeure toujours quelque chose de la tension perpétuelle vers le but. Le théologien note d'ailleurs que Platon parle explicitement, en de nombreux endroits, de la nécessité et de la valeur de la recherche.(1)
Se repose la question souvent évoquée dans ces lignes de la valeur de cette prise de distance sur soi. Le désaisissement Zen n'est pas le décentrement. Dans le désaisissement, il s'agit pour moi de s'affranchir de toute réalité, alors que le décentrement consiste simplement à ne plus en faire une barrière, et donc à devenir ouvert sur autre chose, écoutant. La différence peut paraître ténue, mais elle est essentielle...

(1) Urs von Balthasar, ibid p. 99

03 août 2007

Image du Dieu invisible - II

Dieu a fait la créature à son image et sa ressemblance pour qu’elle soit capable de l’intérieur et par sa grâce, de lui servir en quelque sorte de caisse de résonance où il puisse se dire et se rendre intelligible.
On retrouve la le thème principal de ma deuxième partie du le tome 2 de Bonheur dans le Couple...

(1) D'après Hans Urs von Balthasar, ibid p. 86

02 août 2007

Image du Dieu invisible

Le Christ est image (eikon). Il est pour Hans Urs von Balthasar, « l'image originale (…) définitivement érigée par Dieu lui-même, en vertu de quoi il était interdit à l’homme d’en sculter ! (...) Celui là seul qui s’est fait homme est appelé par antonomase « image du Dieu invisible » (Col 1,15) ou bien image de Dieu, en précisant que la Gloire de Dieu resplendit en lui (2 Co, 4, 4) ». Mais ajoute-t-il, Jésus n’est pas unilatéralement image comme reflet tombant d’en haut. S'il rend présent Celui dont il est l’image, il est aussi image en tant qu'achèvement ou restauration du caractère iconique de l’homme, perdu ou effacé par la faute. (1)
Alors si l'homme et la femme sont créés à l'image et la ressemblance de Dieu, c'est bien pour tendre à devenir signe "efficace" de cet amour du Christ. Pour aimer comme, comme nous le dit si bien Ephésiens 5. Quelle perspective....

(1) Hans Urs von Balthasar, ibid p.76

01 août 2007

Le tout autre...



Et cependant, comme le précise Balthasar, Jésus reste, même dans son humanité le tout-autre, l’unique, comme interprète du Père. (1)

C'est donc dans une tension entre la vénération du Christ en croix et l'imitation d'un homme que nous devrions nous situer. Et c'est pour moi une partie du "mystère" de l'incarnation, de ce don dans notre humanité d'un Dieu qui se penche pour nous relever. Jéshoua : Dieu Sauve.

(1) cf. ibid p.75