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13 octobre 2019

Le chemin de Pierre - Au fil de Jean 13 à 21

Nous sommes un peuple d’êtres raisonnables qui bloquons de plus en plus souvent nos émotions au nom de l’intelligence des choses, de la maîtrise des événements. En fait, du fait de nos expériences de la souffrance, de la dureté du monde, nous construisons des tours de protection intérieure qui ne laisse plus de place à Dieu pour nous atteindre. 
La médiation du chemin de Pierre nous enseigne quelque chose de différent. Pierre refuse le lavement des pieds (Jn 13) parce qu’il est un combattant. Il veut dominer les choses et projette sur Jésus son propre désir de pouvoir (rappelons nous son épée en Jn 18). 

La phrase de Jésus en Jn 13, 8 le conduit à accepter le lavement des pieds, mais ne le change pas pour autant. « Pierre lui dit: Non, jamais tu ne me laveras les pieds. Jésus lui répondit: Si je ne te lave pas, tu n’as pas de part avec moi. Simon Pierre lui dit: Alors, Seigneur, pas seulement mes pieds, mais aussi mes mains et ma tête!» Jean‬ ‭13:8-9‬ ‭

Il faut qu’il aille jusqu’au triple reniement « je ne suis pas » (1) qui fait écho en négatif à la triple affirmation des « je suis » du Christ (Jn 18) pour que son obstination soit chemin de conversion. Alors se révèle en lui son entêtement et Dieu lui fait le don des larmes... (cf. Lc 22,62 - Jean ne le dit pas...)

C’est là où sa tour intérieure s’effondre et où Dieu peut venir en lui véritablement. 
Les larmes sont rares dans l’Ecriture. On trouve en Isaïe 22 une belle tour qui s’effondre : 
« Pourquoi donc es-tu montée avec tout ton peuple sur les toits en terrasse, (...) Tes capitaines, tous ensemble, prennent la fuite; (...)  C’est pourquoi je dis: Détournez de moi les regards, laissez-moi pleurer amèrement; ne me pressez pas de me consoler du ravage de la belle, de mon peuple.»
‭‭Isaïe‬ ‭22:1-4‬ 

L’expérience de Pierre est à contempler. Elle est en soi la première expérience ignatienne. Ce qu’Ignace nous fait découvrir n’est rien d’autre. Cessons de nous opposer à l’amour de Dieu. 

Laissons le s’agenouiller devant nous et nous toucher au coeur. Laissons le nous laver les pieds...

Pierre n’a pas compris tout cela du premier coup. En Jean 21 il est redevenu le maître de pêche. Il tourne en rond. Il veut encore maîtriser son destin. Et voici qu’à nouveau il pêche toute une nuit en vain. Nuit des hommes...

Alors quand le Seigneur lui donne à nouveau une leçon d’humilité en lui montrant le bon côté où il faut pêcher, il se rend compte de sa nudité devant Dieu (2). 

Vient enfin la triple et douloureuse question de Dieu. Le texte est discret et là encore le grec beaucoup plus riche (1), mais l’on peut s’imaginer les larmes de Pierre quand par trois fois il va crier du fond de son cœur : « Seigneur tu sais bien que je t’aime... ». Pierre est alors prêt à porter l’Eglise jusqu’à accepter qu’on lui attache la ceinture du martyr.
Ce n’est pas sur une pierre solide que Jésus a bâti son Eglise, mais sur une pierre fissurée à travers laquelle passe le Dieu d’amour, fleuve immense jailli du coeur transpercé.
L’expérience ignatienne est au cœur de ces mouvements. il faut aller jusqu’à cette dépossession de nous mêmes pour que notre faiblesse devienne la fêlure où Dieu va entrera dans notre intimité la plus intime.



C’est cela l’expérience de la fragilité dont Jean Vanier c’est fait l’apôtre. 
(1) Le grec est très expressif sur ce thème. Je développe tout cela dans mon livre « À genoux devant l’homme »
(2) Sur la nudité de l’homme voir aussi Gn 3, 7, Ex 33, 4, Marc 14, 52

08 février 2019

Au fil de Gn 1, 1-19 et de Marc 6, 53-56 Discerner entre ce qui est de l'ordre du bien et du mal

Pistes de réflexion pour une homélie lundi 11/2/19 à Saint Philippe 

———
Introduction 
Comment trouver sa voie au sein du chaos ? Certains d’entre-vous on peut-être entendu la conférence de mercredi dernier dans cette Église. Elle m’a laissé rêveur sur ma capacité à trouver ma voie dans mon univers professionnel. Comment distinguer en effet dans le tourbillon de nos vies le chemin d’un chrétien ?

Plan 
Contemplation de Marc 5
Puis de Gn 1
Cheminement éthique
Discernement 


A - Contemplation de Marc 5
L’Évangile d’aujourd’hui rejoint ce que beaucoup d’entre nous ont fêté hier : la journée des malades. On peut le lire sous l’angle historique et contempler Jésus guérisseur. On peut aussi le lire sous forme de lecture spirituelle comme une invitation à voir comment Jésus nous sauve.  Il y a, en effet, comme une vision du Paradis dans cet Évangile. Jésus à traversé la mort et le voilà qu’il sauve tous ceux qui ont été touchés par lui.
Ne sommes-nous pas là dans une contemplation du Dieu sauveur ? 
Cela fait le lien avec la lecture que nous entamons cette semaine de Gn. la première  lecture introduit en effet deux clés de contemplation :  
  1. L’esprit planait sur les eaux. 
  2. Dieu nous donne la lumière dans les ténèbres 
Peut-être est-ce ce que nous pouvons méditer aujourd’hui 
C’est l’Esprit qui fait la différence entre le bien et le mal. Notre aptitude à sortir du chaos vient de lui. Dieu nous guérit de nos adhérences intérieures au mal par le discernement. Mais Ce discernement ne s’acquiert pas tout seul.

Il demande une prise de distance
Quel discernement ?

B - méditation 
On distingue 3 types de discernement :
  1. Le discernement pratique qui nous permet de choisir le choix le moins mauvais
  2. discernement éthique:, fondement de la morale...
Avec plusieurs variantes : 
  1. éthique à Nicomaque : qui nous conduit à la tempérance au sein de la société 
  2. La recherche du bien commun (st thomas)
  3. Celle d’une plus grande fraternité (Spinoza ?)
  4. Celle qui comme le souligne Emmanuel Lévinas nous interpelle sur autrui
Tout cela doit néanmoins se nourrir d’un discernement spirituel de type ignatien.(1)
Un temps de désert...pour écouter Dieu parler à notre conscience 
L’enjeu c’est l’humain dans nos vies, notre place dans la création et le plan de Dieu, c’est d’être au service de l’humanité.
On en vient à la règle d’or : 
2 versions : 
  1. ne pas faire aux autres...ce que l’on ne veux pas pour nous 
  2. règle d’or positive que l’on trouve dans Mat 7 et Luc 6 : fait aux autres ce que tu voudrais qu’il fasse pour toi...

Quelle activation pratique ?
C’est ce que notre groupe de réflexion cherchera à découvrir chaque mercredi de carême au fond de cette Eglise de Saint Philippe du Roule à 12;30 autour du texte de notre pape Gaudate et exultate. Je vous invite à nous y rejoindre.
Nous ne pouvons avancer seul sur le chemin de la foi  ! 

Pour que ces dons que Dieu nous fait porte des fruits, il nous faut les partager, les mettre en commun, et peut-être les dépenser sans compter au profit de nos Frères. Alors nous deviendrons des véritables instruments du Dieu sauveur.

(1) d'après une Conférence d'Etienne Perrot, s.j. à Notre Dame de Pentecôte le 7/2/19

22 novembre 2018

Parvenir à toucher Dieu ?

La contemplation ne doit pas rester intellectuelle. La science enfle mais le coeur édifie. L'enjeu nous dit Ignace est de « parvenir au toucher (1 Jn 2, 2), au contact avec Dieu (Exercices n. 20), il faut être saisi par ce que les Divines Personnes font (Ex 108). » (1)

Cette quête est d'abord contemplative et méditative avons nous souligné déjà plus haut à la suite d'Hans Urs von Balthasar.

Le risque constant de tout discours est de se complaire dans les mots et le discours et d'oublier d'agir.

« Assurément la flamme de l'amour jaillira normalement du bois de la connaissance, et souvent elle jaillira d'autant plus fortement que la connaissance sera plus existentielle. Mais il ne faut pas sous ce prétexte, s'attarder si longtemps dans l'intellectualité que l'amour n'ait plus sa place et que même l'attitude foncière d'adoration s'évanouisse, parce qu'on est tombé dans les subtilités et dans les fumées de la science » (2)

Pouvons nous toucher Dieu ? La contemplation d'Exode 33 et 34 nous montre qu'on ne peut le voir que de dos. Pour le toucher, il faudrait que notre agir, poussé par l'Esprit et la grâce se transforme en graines et que, dans le coeur de Dieu, elles germent alors sur les rives du grand fleuve amoureux.

(1) cité par Hans Urs von Balthasar, la prière contemplative, op. cit. p. 119
(2) Hans Urs von Balthasar, ibid.

Contemplatio et meditatio - Ignace de Loyola

« Contemplatio ignacienne  exercices n. 106sq d'Ignace de Loyola :  d'abord voir la scène d'Évangile et les personnes qui y paraissent, ensuite entendre leurs paroles, enfin considérer leurs actions. Ou bien, en se plaçant plutôt au point de vue du sujet, pour la mediatio : d'abord se représenter par la mémoire l'événement objectif, ensuite en découvrir le contenu par l'entendement, enfin appréhender ce qui a été découvert par la volonté et l'affectivité, se l'approprier et l'introduire dans sa propre vie. (...) [L'enjeu est] l'action, un agir de la part de Dieu ; action qui en exigeant de moi une réponse et en me conférant la grâce, me saisit et me transforme. » (1)

« Ce qui est visé est ma vie, non pas mes spéculations, mes imaginations, mes rêveries religieuses et théologiques, mais réellement ma vie » (2)

Ce qui est visé est la « béance du coeur », cet ouverture à l'Esprit qui peut agir en moi, me saisir (Ph 3), et me conduire toujours plus loin dans cette course infinie(3) vers le but qui m'est assigné...

(1) cf. Hans Urs von Balthasar, la prière contemplative, op. cit. p. 117sq
(2) ibid. p. 154
(3) cf. mon livre éponyme déjà cité 

22 décembre 2017

Mystique diaconale

Que veut dire Karl Rahner quand il fait dire à Ignace qu'il y a une « mystique du service » (1) dans son chapitre sur l'obéissance ?

Faute d'être plus explicite, il nous reste à chercher ce qu'il sous entend. On peut gloser sur ce lien intime entre la mise au service d'autrui et la rencontre de Dieu, à l'aune de Mat 25. Tout ce que tu as fait à ton frère c'est à moi que tu l'as fait. Mais là s'arrête le discours. C'est dans l'agir que réside la réponse...
Dans l'agenouillement devant l'homme, on rejoint le Christ à genoux et notre humilité est coordonnée à sa kénose.

Reste à comprendre que tout conduit au silence de la croix, ce « silence d'où jaillit le chant éternel de la louange de Dieu »(2)

(1) Discours d'Ignace de Loyola aux jésuites d'aujourd'hui, Paris, Le Centurion, 1978 p. 57
(2) ibid. p. 74. J'ai évoqué le lien entre le « bruit d'un fin silence » et le chant des anges dans mon livre éponyme.

04 octobre 2017

La triple humilité - Saint Ignace de Loyola

Les trois sortes d'humilité : La première sorte d'humilité est nécessaire au salut éternel. Elle consiste à m'abaisser et m'humilier autant que cela m'est possible pour que j'obéisse en tout à la Loi de Dieu notre Seigneur. De la sorte, même si on faisait de moi le maître de toutes les choses créées en ce monde ou s'il y allait de ma propre vie temporelle, je n'envisagerais pas de transgresser un commandement, soit divin soit humain...La deuxième sorte d'humilité est une humilité plus parfaite que la première. Elle consiste en ceci : je me trouve à un point tel que je ne veux ni ne m'incline davantage à avoir la richesse plutôt que la pauvreté, à vouloir l'honneur plutôt que le déshonneur, à désirer une vie longue plutôt qu'une vie courte, étant égal le service de Dieu notre Seigneur et le salut de mon âme... La troisième sorte d'humilité est l'humilité la plus parfaite : c'est quand, tout en incluant la première et la deuxième, la louange et la gloire de sa divine majesté étant égales, pour imiter le Christ notre Seigneur et lui ressembler plus effectivement je veux et je choisis davantage la pauvreté avec le Christ pauvre que la richesse, les opprobres avec le Christ couvert d'opprobres que les honneurs ; et que je désire davantage être tenu pour insensé et fou pour le Christ qui, le premier, a été tenu pour tel, plutôt que « sage et prudent » dans ce monde (Mt 11,25).

Saint Ignace de Loyola, Exercices spirituels, 2e semaine, 12e jour (trad. DDB 1986, p. 103) Source Évangile au quotidien

29 août 2016

Indifférence, élection et obéissance

La voie tracée par Ignace, qui doit éviter la tentation mystique, "comme une oeuvre, au sens stoïcien ou boudhiste" (...) en s'élevant, "en vertu d'une pseudo éthique, au dessus de l'humanité considérée comme illusoire, insignifiante ou dangereuse"‎ doit trouver, dans l'élection et l'obéissance à Dieu, un "chemin étroit et abrupt" (1).

Cette analyse est pertinente dans le contexte baroque dont "le point culminant est dans la glorification de l'Etat, paré du scintillement religieux du Baroque ecclésial"(2)‎. Elle l'est aussi dans notre environnement actuel. A ceux qui se laissent tenter par un communautarisme étriqué, le discernement ignatien ouvre les portes vers le monde et sa "périphérie". Le monde n'est pas à abandonner. 
L'élection vise cette oeuvre ouverte habitée par les trois paraboles de Luc 15 (brebis perdue, fils prodigue,..). En cette année de la miséricorde, le pape nous le rappelle avec une acuité nouvelle.

Mais l'élection elle même peut devenir lieu de chute. L'oebéissance devient alors, chez Ignace, l'ultime garde-fou, celui qui nous fait échapper à la tentation de faire de notre élection un nouveau lieu de pouvoir et d'autorité. La force du catholicisme est de tout ordonner sous une hiérarchie qui, non-obstant son poids et ses abus humains, à le mérite de conduire l'homme au-delà de lui-même, dans une diaconie véritable.

Il y a là, d'ailleurs, un chemin de contemplation que nous n'avons pas esquissé encore dans ces pages. Ignace parle d'abord de l'obéissance à Dieu, qui "purifie notre intelligence, notre volonté et notre sentiments(3)", mais ses voies ne prennent pas seulement le chemin de la Parole. L'Église est aussi un lieu d'exercice de l'obéissance divine.

Chose inouïe aujourd'hui à l'ère du tout est permis, il faut reconnaître à la communion vivante des Apôtres un pouvoir qui ne peut qu'être structurant pour l'homme. 
Cela n'empêche pas un liberté intérieure, mais cela impose une exigence, celle d'éclairer sa conscience, de toujours vérifier qu'elle ne succombe pas à l'illusion solitaire du pouvoir et du valoir. La direction spirituelle obéissante aux "surveillants" épiscopaux ou autres, est lieu de discernement et de croissance. 
Obéir "c'est avoir l'avant denier mot", disait mon évêque. J'aime l'expression qui sous-entend un dialogue. Une Église fermée au dialogue est fermée à l'Esprit mais le libre-penseur ne doit pas cesser d'écouter. Il y a la une tension (encore une) qu'il convient de maintenir.


(1) GC7 p. 168
(2) p. 166.
(3) p. 170


28 août 2016

Course ignatienne

De l'indifférence à l'élection, c'est finalement devenir transparent ‎à la Personne qui envoie, être "représentant de Dieu", dans l'apostolat (cf. à ce sujet les propos déjà rapportés de Madeleine Delbrêl), pour la (seule) et plus grande gloire de Dieu.

"C'est à Son service que l'existence voudrait se consumer dans l'ardeur de son amour" (...). Cette vocation conduit à un "dynamisme" qui fait que "la grâce et la mission de Dieu n'a rien d'incroyable et d'impossible" (1).

On retrouve dans les propos de Balthasar sur Ignace, cette impression de course déjà notée chez Paul et Grég‎oire de Nysse.

(1) Hans Urs von Balthasar, GC7 p. 163-4

26 août 2016

De l'indifférence à l'élection - Ignace de Loyola

Dans la ligne de GC7, après toutes les pages consacrées à l'indifférence et au décentrement dans le Moyen-âge tardif, Balthasar souligne combien la particularité d'Ignace est de placer celles ci au début de ses exercices. La deuxième semaine peut alors s'axer sur l'élection, "ce que Notre Seigneur  nous aura donné de choisir", (Ex. 135) c'est à dire "ce choix particulier accompli spontanément et volontairement dans la liberté éternelle de Dieu" (1)

‎(1) GC7 p. 160

25 août 2016

Indifférence ignatienne

On n'est pas surpris de trouver, après Catherine de Gênes, une belle présentation d'Ignace de Loyola et de son indifférence, clé d'une démarche intérieure, qui commence par placer l'homme dans "l'enfer de la connaissance de soi-même", déblayage préparatoire, qui place l'homme "devant la Croix en lui enlevant la conscience de tout ce qu'il a de bon en lui", avant de lui faire contempler la vie de Jésus.

On rejoint là, ce que j'ai tenté de développer plus maladroitement dans "le chemin du désert", ce qui me conforte dans cette approche comme préparation à la "disponibilité foncière à tout" visée par Ignace (1).

(1) cf. GC7 p. 160-1

01 août 2016

La surprise divine - 2


Écoutons à la suite de Spadaro,  saint Ignace sur ce thème.  Il nous faut considérer "Dieu présent dans toutes les créatures.  Il est dans les éléments (...) les plantes (...) les animaux (...), dans les hommes (...) Il est en moi-même de ces différentes manières,  me donnant tout à la fois l'être,  la vie, le sentiment et l'intelligence.  Il a fait plus : il a fait de moi son temple ; et dans cette vue, il m'a créé à la ressemblance et à l'image de sa divine Majesté" (Exercice spirituel,  235).
Chercher Dieu en toutes choses, completerai-je ne consiste pas temps à le croire en moi, qu'à le percevoir dans ce frère que je n'arrive pas à aimer. Alors, sa présence chez lui, comme reçue sacramentellement en moi, me fait tendre à l'inoui de Dieu,  cette irruption surprenante du bien en moi et en lui qui dépasse nos différences pour tracer un chemin d'unité. 

C'est là une vision dynamique,  en mouvement(2),  qui "parie sur la fertilité de la semence,  en triomphant de la tentation de hâter" (3) et nous appelle à protéger le bon grain en laissant aux anges la moisson de l'ivraie" (4).

(1) cité par Spadaro,  op. Cit p. 113
(2) p. 114
(3) p. 115
(4) Jorge Maria Bergoglio,  Disciplina e passione. Le sfide di oggi per chi deve educare, Milan, Bompiani, 2013, p. 42

22 mars 2016

Le balancier 2 - Ignace de Loyola

"L'expérience chrétienne vivante de foi inclut, d'après Ignace de Loyola , par exemple, une certaine expérience de la proximité et de l'éloignement de Dieu, de la consolation et de la désolation (...) toutes choses qui ne doivent pas nécessairement être appelées déjà "mystiques" au sens fort du terme". (1) 
On pourrait ajouter, à la suite des travaux de Jean-Luc Marion sur l'idole et la distance, que ce que Balthasar dit là est le lot commun ‎de tout chercheur de Dieu. 
Il rime pour moi avec cette‎ idée de balancier, qui est aussi leçon d'humilité pour l'homme. Comme Pierre sur le mont Thabor, une trop grande proximité serait source de chute. 

(1) Hans Urs von Balthasar, op. Cit., Gc1, p. 349

17 mars 2016

Savoir et sentir - Ignace de Loyola

On a souvent une quête de connaissance, y compris sur Dieu, qui nous pousse à creuser les choses de Dieu. Un précepte devrait néanmoins inspirer notre quête : "ce n'est pas l'abondance du savoir qui rassasie l'âme et la satisfait, mais de sentir et de goûter les choses intérieurement" (1). 
Le chemin tracé par Ignace nous conduit à sentir un Christ incarné, jusqu'à voir "comment il parle et prêche, va et s'arrête (...) inscrire dans son coeur son attitude et ses actions"‎ (2).
Quel est l'enjeu sinon cette mimetai (imitation) dont nous parle Paul.

(1) Ignace de Loyola, exercice 2, cité in GC1, p. 317
(2) Ludolphe le Saxon, Vita Jesu Christian, n•11-12, Paris, Rigollot, 1870, p. 9

06 mars 2016

Danse trinitaire - de Macaire à Loyola

Il faudrait lire tout le chapitre de Balthasar pour saisir correctement ce qu'il cherche à nous demontrer dans ces pages. Ce que je retiens à partir de ce que je citais de Diadoque de Photicé, Macaire et ce qu'il note chez Augustin, Guillaume d'Auvergne et chez Thomas d'Aquin, c'est qu'en complément du don de la grâce, l'homme doit mettre en oeuvre sa raison et sa volonté pour entrer dans la danse trinitaire. Ce ne sont pas les termes mêmes de Balthasar, mais bien une traduction moderne de l'enseignement de la grande scolastique. Quel est l'enjeu ? Il se situe probablement aux confins des positions catholiques et protestantes sur la justification.
A la connaissance expérimentale de l'Esprit et de la bonté divine, se développe une "théorie de l'expérience chrétienne" (1) qui se poursuivra jusqu'à ce qu'Ignace de Loyola présente des règles structurées de discernement qui n'efface pas le goût de Dieu et développe une "sensibilité chrétienne" (2) et le don des larmes, si caractéristiques de cette danse en Dieu.

L'enjeu n'est-il pas d'atteindre "une certaine ressemblance entre l'union des Personnes divines et celle des fils de Dieu dans la vérité et dans l'amour. Cette ressemblance (...) [conduira alors] l'homme, seule créature sur terre que Dieu a voulue pour elle-même, [à se trouver dans] le don désintéressé de lui-même" (3). 

(1) Hans Urs von Balthasar, GC1 p. 249
(2) p. 251
(3) Gaudium et Spes,  24

30 septembre 2009

Les 3 humilités

Les trois sortes d'humilité : La première sorte d'humilité est
nécessaire au salut éternel. Elle consiste à m'abaisser et m'humilier
autant que cela m'est possible pour que j'obéisse en tout à la Loi de Dieu
notre Seigneur. De la sorte, même si on faisait de moi le maître de toutes
les choses créées en ce monde ou s'il y allait de ma propre vie temporelle,
je n'envisagerais pas de transgresser un commandement, soit divin soit
humain... La deuxième sorte d'humilité est une humilité
plus parfaite que la première. Elle consiste en ceci : je me trouve à un
point tel que je ne veux ni ne m'incline davantage à avoir la richesse
plutôt que la pauvreté, à vouloir l'honneur plutôt que le déshonneur, à
désirer une vie longue plutôt qu'une vie courte, étant égal le service de
Dieu notre Seigneur et le salut de mon âme... La troisième
sorte d'humilité est l'humilité la plus parfaite : c'est quand, tout en
incluant la première et la deuxième, la louange et la gloire de sa divine
majesté étant égales, pour imiter le Christ notre Seigneur et lui
ressembler plus effectivement je veux et je choisis davantage la pauvreté
avec le Christ pauvre que la richesse, les opprobres avec le Christ couvert
d'opprobres que les honneurs ; et que je désire davantage être tenu pour
insensé et fou pour le Christ qui, le premier, a été tenu pour tel, plutôt
que « sage et prudent » dans ce monde (Mt 11,25).

Saint Ignace de Loyola (1491-1556), fondateur des jésuites
Exercices spirituels, 2e semaine, 12e jour (trad. DDB 1986, p. 103)
Source : Evangile au quotidien