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11 juillet 2020

Pourquoi ? - dernier hommage à une amie

Pourquoi C. nous a t elle quitté ?

Nous sommes en droit de nous poser cette question ?
Nous avons même le devoir de nous interroger sur ce pourquoi.
Nous avons le droit de crier ?
Le silence apparent de Dieu est toujours mis en cause....
Il n'y a pas de réponse directe, évidente à cette question...
Mais il nous reste des traces,
Des graines,
Des semences...
Si le grain ne meurt, nous dit l'évangile il ne peut porter de fruit...
Vous le savez plus que moi, le grain ne meurt pas vraiment
Au contraire, planté en terre, abandonné à la terre, il prépare une plante, il germe et porte du fruit...
Et quel fruit...
C. tu as été confié à la terre et tu n'as cessé de porter du fruit
Tu es vivante encore, c’est notre espérance
Tu resteras vivante,,, en nous...
Comme tu l'as été avec nous....
Je me souviens de toi comme quelqu'un de droit,,,
Non pas rigide, mais droit....
Ta droiture, je dirais même ta verticalité, venait d'une longue histoire, difficile, douloureuse parfois, joyeuse certainement mais toujours nourrie de cette verticalité.
Dieu avait sa place chez toi...
Une place immense
Une quête
Combien de fois, assise en face de moi, ouvrant la Bible, tu as cherché à mieux connaître ce Dieu qui reposait caché au fond de ton cœur ?
Ce Dieu fragile, discret, silencieux, t'a toujours habité
Dans cette église de N. comme celle de ton village, tu étais toujours là...
Au premier rang,,,
Dieu était en toi,,, au fond de toi
Tu l'as semé à ta manière dans tout qui était amour chez toi.
Dans ton amour pour ton mari, tes enfants, petits enfants...les enfants du catéchisme, tes amis...
Ce qui était amour chez toi, ne mourra pas, en nous car il ne pouvait mourir en toi.
Tu étais, par bien des manières, amour...
Tu portais l'amour. Or l'amour ne meure pas...
Il y a une demeure préparée pour toi la haut, nous dit l’Évangile choisi aujourd’hui (Jn 14)
Comme tu demeureras en nous, dans cette verticalité qui t'as caractérisé
Ce Dieu souffrant planté en croix que tu n'as jamais renié t'attends.
Il est amour et il est chemin.
Tu as laissé en nous ta trace, parce que l’amour qui vibre en toi est chemin, il est vérité
L'amour a fini par t'emporter,
Mais il reste en nous comme un manque.
Une semence
Une quête, un cri...
Dieu est amour
Il est semence
Il est vie
Tu es partie mais tu vies en nous, tu vivras par la mémoire de ton sourire et de ta joie.
Parce que l'amour est plus fort que la mort...
Amen

14 mai 2020

Méditation du 6eme dimanche de Pâques année A - Au fil de Jean 14…

 Au fil de Jean 14 - En guise d'homélie

Projet n.4

Qui est cet Esprit Saint dont nous parle le Christ en Jean 14 ?

Est-ce la puissance de Dieu qui a placé Marie sous son ombre et nous a valu un sauveur ?
Est-ce le consolateur qui vient nous guérir de toute peine et de toute maladie ?
Est-ce l'esprit de prophétie qui nous conduit à parler en langues comme les apôtres à la Pentecôte ou à Samarie comme le raconte Actes 8 ?

La question doit rester ouverte. Car non seulement l'esprit est multiforme, mais Il ne peut se réduire à une manifestation visible. Il reste parfois dans le silence. Tout ce que l'on sait c’est qu'il repose en nous, dans le secret de notre cœur.

L'épître de Pierre au chapitre 3 nous trace un chemin :

« Soyez prêts à tout moment à présenter une défense devant quiconque vous demande de rendre raison de l'espérance qui est en vous ; mais faites-le avec douceur et respect.
Ayez une conscience droite, afin que vos adversaires soient pris de honte sur le point même où ils disent du mal de vous pour la bonne conduite que vous avez dans le Christ.
    Car mieux vaudrait souffrir en faisant le bien, si c'était la volonté de Dieu, plutôt qu'en faisant le mal.
    Car le Christ, lui aussi, a souffert pour les péchés, une seule fois, lui, le juste, pour les injustes,
afin de vous introduire devant Dieu ; il a été mis à mort dans la chair » (1 P 3).

Le Christ nous introduit à Dieu.
Il y a là une clé d'interprétation qu'il ne faut pas négliger.
Attention à ne pas séparer l’Esprit du Christ.
Attention à ne pas utiliser l'Esprit comme instrument de puissance, de prosélytisme ou comme bouclier protecteur.

Il souffle où il veut l'Esprit. Mais il n'est ni dans le Pouvoir, l'excès d'autorité, ni dans le valoir, l'excès de science apparente, ni dans l'avoir, comme quelque chose que l'on détiendrait plus que les autres. L'esprit reste don fragile, remis miraculeusement aux païens dans le récit de Luc, donné silencieusement à notre baptême. Diadoque de Photicé le décrit comme un cadeau caché. Il est en nous. Nous devons le découvrir au creux de nous mêmes comme cette perle précieuse ou ce trésor au fond du champ (Mat 13).

L’Esprit nous vient de Dieu. Il nous conduit à Dieu. Il participe à cette dynamique particulière que les Pères de l’Église appellent la circumincession (cf. Danse trinitaire).  Notre accès à lui vient surtout par l'unique porte du berger (cf. Jn 10) celle qui a résisté à la tentation du pouvoir, du valoir et de l'avoir (cf. Luc 4, Mat 4) et nous conduit à l'humilité, le détachement, le dépouillement, la kénose et la charité :
    « Si vous m'aimez, vous garderez mes commandements.
    Moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous :
    l'Esprit de vérité, lui que le monde ne peut recevoir, car il ne le voit pas et ne le connaît pas ; vous, vous le connaissez, car il demeure auprès de vous, et il sera en vous.
    Je ne vous laisserai pas orphelins, je reviens vers vous.  D'ici peu de temps, le monde ne me verra plus, mais vous, vous me verrez vivant, et vous vivrez aussi.
    En ce jour-là, vous reconnaîtrez que je suis en mon Père, que vous êtes en moi,
et moi en vous. Celui qui reçoit mes commandements et les garde, c'est celui-là qui m'aime ;
et celui qui m'aime sera aimé de mon Père ; moi aussi, je l'aimerai, et je me manifesterai à lui. »(Jn 14, 15-21)

Si vous m'aimez il sera en vous...
A l'aube de sa Passion, alors que le m'aimes-tu jusqu'au bout sera posé à Pierre, par trois fois (cf. J’en 21), ne brandissons pas trop vite notre aptitude à dire oui.

La présence de l'Esprit ne se juge qu'à ses fruits. Soyons honnêtes sur ce point. « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis et établis afin que vous alliez et portiez du fruit » (Jn 15). 

L'Esprit ne nous appartient pas. Il est en nous, mais nous ne pouvons le saisir. Oubliant le chemin parcouru, tâchons de le saisir comme il nous a saisi : « Je ne prétends pas avoir déjà atteint le but ou être déjà devenu parfait. Mais je poursuis ma course pour m'efforcer d'en saisir le prix, car j'ai été moi-même saisi par Jésus-Christ
‭‭Philippiens‬ ‭3:12‬ ‭»
 Il faudrait dire chaque matin : « Mon Dieu, envoyez-moi votre Esprit Saint qui me fera connaître ce que je suis et ce que Vous êtes... » Une âme qui possède le Saint-Esprit goûte une exquise saveur dans la prière : elle ne perd jamais la sainte Présence de Dieu.(1)

(1) St Jean Marie Vianney, Morceaux choisis, Téqui 1999, p. 67

Rappel : l’interêt de ce blog, désormais vieux de 15 ans, réside surtout dans l’interactivité des balises (tags) de la version web qui comptent maintenant près de 2.500 billets 

10 mai 2020

Dépouillement 3 - pierres vivantes - méditation suite


Contemplation

Qui suis-je devant la Voie lactée, l'océan déchaîné, la fleur fragile, la main d'un enfant, la mort...?
Dieu est grand.



Méditation

Pourquoi l'homme ? Pourquoi la liberté ? Que nous veux-tu ?

Agenouillement

Pourquoi m'aimes-tu ? Au point de te mettre à genoux, de me laver les pieds, au point de mourir, sur le bois d'une croix ?



Silence

Où es-tu ? Pourquoi ?

Appel

Je suis là. Je t'aime. Où es-tu ?

Amour déposé

Et si ? Et si l'amour vibrait en toi ? Et si tu me suivais.
Et si tu aimais.
Je crois en toi...



Pierres vivantes

Tu es la pierre vivante. En toi je bâtirai mon Église.
Chacun a sa place.
Il y a de multiples demeures dans la maison du Père
Cesse de rêver sans l'amour
« Je suis » si tu contemples ma croix et que tu te dépouilles enfin de ce qui n'est pas amour, unité.
Je suis le chemin, la vérité et la vie.
Viens. Danse avec moi...

——-

« Lumière enfouie sous le boisseau,
Le prince de l'ombre m'épuise !
Vous n'aurez plus besoin de lune ou de soleil,
Agneau de feu, je suis votre flambeau ;
Moi seul peux vous conduire au jour,
Mon Jour qui lève aux cieux nouveaux,
Par le jardin où j'agonise.

Parole atteinte par les eaux,
L'angoisse me force au silence !
Vous n'aurez plus besoin de lune ou de soleil,
Agneau vainqueur, je suis votre flambeau ;
Moi seul peux vous parler de paix,
M
Paix qui règne aux cieux nouveaux,
Puisque la croix me fait violence.

Victime offerte à mes bourreaux,
Mon corps n'est plus rien que blessure !
Vous n'aurez plus besoin de lune ou de soleil,
Agneau de Dieu, je suis votre flambeau ;
Moi seul peux vous combler de joie,
Ma Joie qui s'ouvre aux cieux nouveaux,
Puisqu'au calvaire on me torture.

Semence enfouie dans le tombeau,
La mort m'a couché sous la pierre !
Vous n'aurez plus besoin de lune ou de soleil,
Agneau vivant, je suis votre flambeau ;
Moi seul peux vous donner la vie,
Ma Vie qui fait les cieux nouveaux,
Dans la cité de notre Père.

Hymne de l’office des lectures du 5eme dimanche de Pâques, source AELF 

Rappel : l’interêt de ce blog, désormais vieux de 15 ans, réside surtout dans l’interactivité des balises (tags) qui comptent maintenant près de 2.500 billets)

09 mai 2020

Dépouillement - 2 - méditation du 5eme dimanche de Pâques


Projet 2
Il y a une leçon à tirer de cette situation particulière qui voit l'effondrement de nos babylones anciennes : « Malheur ! Malheur ! la grande ville, Babylone, ville puissante : en une heure, ton jugement est arrivé ! » Et les marchands de la terre pleurent et prennent le deuil à cause d'elle, puisque personne n'achète plus leur cargaison : cargaison d'or, d'argent, (...) « Les fruits mûrs de tes convoitises sont partis loin de toi, tout ce qui était brillance et splendeur est perdu pour toi, et cela plus jamais ne se retrouvera. » (...) « Malheur ! Malheur ! La grande ville, vêtue de lin fin, (...) toute parée d'or, (...) , car, en une heure, tant de richesses furent dévastées ! » Ap 18, 10 sq
De quoi parle l'apôtre Jean si ce n'est toute nos constructions humaines, notre monde financier certes mais peut-être aussi nos églises de pierre maintenant vidées de son peuple. Face à ce désert et ce dépouillement il nous faut revisiter ce qui est essentiel, ce qui compte vraiment, au delà des « cymbales retentissantes »(1Co 13).
Ce qui demeure est ce qui dépouillé du faste. C'est ce qui est de l'ordre de l'amour. Le rideau est déchiré (1) et seule la croix nue et décharnée sur un ciel sombre luit de vérité. « je suis le chemin, la vérité et la vie ». (Jn 14).
La croix est loin de tout faste et de tout or, elle est cet amour désintéressé d'un donateur qui s'efface et meurt après avoir tout donné.
Christ est humilité et kénose...loin de nos splendeurs factices et peut-être même du faste ancien de nos liturgies. Abandonnons l'or et contemplons le bois transpercé, la chair meurtrie de ceux qui donnent et se taisent, de nos soignants épuisés et vidés. Ils brlllent d'un amour plus essentiel que nos ors et nos paroles humaines, voire de certains de nos discours ou de nos prières machinales qui oublient ce qui est voilé et silencieux au fond de nous-mêmes : l'appel à l'humilité et à l'agenouillement.

« Le Christ Jésus, +
ayant la condition de Dieu, *
ne retint pas jalousement
le rang qui l'égalait à Dieu.
7 Mais il s'est anéanti, *
prenant la condition de serviteur.
Devenu semblable aux hommes, +
reconnu homme à son aspect, *
8 il s'est abaissé,
devenant obéissant jusqu'à la mort, *
et la mort de la croix.
9 C'est pourquoi Dieu l'a exalté : *
il l'a doté du Nom
qui est au-dessus de tout nom,
10 afin qu'au nom de Jésus
tout genou fléchisse *
au ciel, sur terre et aux enfers,
11  et que toute langue proclame :
« Jésus Christ est Seigneur » *
à la gloire de Dieu le Père.(Ph 2, 5-11)

Le suis le chemin...
Et quel chemin. L’humilité de Dieu, la kénose du Père puis du Fils qui se répand ensuite silencieusement dans nos cœurs et loin de tout discours surfait.
Il est vérité et vie.
À quelle vie nous appelle le Christ sinon de tenter cette voie ardue, presqu’inacessible de l’amour donné et partager.
Je suis...
Il est chemin, il est présent.
Présent dans le cri du frère, dans l’appel ténu que nous ne savons pas entendre, dans cette main que nous refusons et ignorons sans cesse...

(1) cf. mon livre éponyme



18 avril 2020

Homélie pour le dimanche de la miséricorde

Projet 2 - méditation 

J'ose reprendre ici et compléter tout en lui faisant hommage quelques idées de mon curé le père Vital dans son message dominical aux paroissiens de sainte Thérèse. Le mal, a sa manière, tente de fermer nos églises mais nous sommes invités à en ouvrir d'autres, des millions d'églises domestiques.

Saint Thomas a été invité à mettre sa main dans le côté ouvert et transpercé de celui qui est mort pour nous révéler l'amour. Nous sommes invités à notre tour à ouvrir notre cœur pour y laisser entrer Jésus.

Comme le rappelle Vital, à la consécration nous pouvons faire notre la prière de Thomas : «  Mon Seigneur et mon Dieu ».

Que nous soyons privé d'Eucharistie ne nous prive pas de sa présence. Nous avons reçu en nous le Christ. Il n'a pas disparu même si notre communion est ancienne. Il est là, flamme fragile, déposée en nos cœurs.
Soyons, comme le dit une très ancienne catéchèse les « porte-Christ » que nous devons être, réveillons en nous ce buisson ardent en disant à notre tour, au creux de notre prière intérieure : «  Mon Seigneur et mon Dieu ». Tu es là. Tu est « le chemin la vérité et la vie ». En ce dimanche de la miséricorde n'oublions pas d'ouvrir notre cœur à l'image de celui qui s'est laissé dépouiller (1) et transpercé. Il est vie...


« Puisses-tu avoir le visage dévoilé, grâce à une conscience pure, refléter la gloire du Seigneur, et marcher de gloire en gloire, dans le Christ Jésus notre Seigneur. »(2)

(1) cf. https://www.revue-etudes.com/article/depouillement-francois-cassingena-trevedy-22587
(2) catéchèse de Jérusalem aux nouveaux baptisés

Nb : sur ce thème de la miséricorde voir aussi ma trilogie «  Humilité et miséricorde »

09 avril 2020

Au fil de Jean 13 - contempler le Christ à genoux - Homélie du jeudi…

Projet 1 à critiquer / commenter

Voyons nous vraiment avec les yeux du cœur ?

Si nous avions le regard plus attentif, au lieu de chercher Dieu dans les étoiles ou dans les manifestations de puissance, nous pourrions saisir qu'il est là, devant nous, à genoux, comme Marie (Jn 11) ou la femme pécheresse, comme l'esclave qui faisait le geste à son époque.
Le voici à genoux devant Pierre comme devant Judas.
Le voici à genoux devant l’homme*, devant nous, en train de prendre nos pieds avec délicatesse et d'apaiser la fatigue de nos marches, affermir nos hésitations et, surtout pleurer sur le fait que nous ignorons son geste.

Comme le fils qui oublie la peine de sa mère pendant de longues années, comme l'ingrat qui ignore les dons reçus et les considèrent comme propres, nous avons à contempler cet abaissement divin, comme le sommet de toute révélation. C'est devant ce geste de faiblesse, cet agneau immolé, élevé  suite sur la croix, que nous sommes appelés à prendre de la distance par rapport à ce qui nous éloigne de l'essentiel.

Dieu n'est pas dans le tonnerre ou le feu ( cf. 1Rois 19) il est dans ce repas partagé évoqué par Paul (1 Co 6), dans ce geste d'humilité retracé en Jean 13, dans le jusqu'au bout qui donne sens à une vie...

« Ceci est mon corps, qui est pour vous.
Faites cela en mémoire de moi. »



En ce temps de jeûne eucharistique, prenons le temps de contempler que ce n'est pas tant la consommation physique du Corps qui est l'essentiel mais ce Christ qui se donne et se répand comme un fleuve spirituel immense (Jn 19, Ez 47) et à la fois comme la brise légère et insaisissable qui pénètre notre être au delà de toute corporéité. Le Christ se répand de manière plus essentielle que l'eucharistie dans cette réception toute intérieure qui se joue au delà de la présence réelle dans l'intimité d'un cœur à cœur. La liturgie est au service de la révélation, écrin sublime et fragile d'une réalité insaisissable. C'est pourquoi ceux qui ne peuvent communier ne sont pas privés de l'essentiel. Car l'essentiel est ailleurs, il est dans ce désir immense qu’à Dieu de nous habiter et de nous convertir à l'amour. Le moyen est au delà du geste, du lavement des pieds, du pain, de l'eucharistie et du rite, il ne vise que notre réceptivité toute intérieure et fragile de quelque chose qui nous dépasse et nous transcende...

« Ce que je veux faire, tu ne le sais pas maintenant ; plus tard tu comprendras. »
(...) Vous m'appelez "Maître" et "Seigneur",
et vous avez raison, car vraiment je le suis.
Si donc moi, le Seigneur et le Maître,
je vous ai lavé les pieds,
vous aussi, vous devez vous laver les pieds les uns aux autres.
C'est un exemple que je vous ai donné
afin que vous fassiez, vous aussi,
comme j'ai fait pour vous. » (Jn 13)

L'interpellation est plus vaste que mon discours, que tout discours.

« Faites ceci en mémoire de moi » n'est-ce pas plus que le geste qui est en jeu. La dynamique sacramentelle (*) dépasse le sacrement.

L'enjeu c'est l'agenouillement, l'enjeu c'est le don...
Ne sacralisons pas l'accessoire.
En nous privant du rite, réalisons que l'essentiel est l'acte d'aimer...

Et contemplons celui qui est là à genoux quand nous courrons vers l’inutile.
« Marthe tu t’agites... » ta sœur a perçu l’essentiel : l’humilité, l’agenouillement, l’amour du faible et du pécheur.

* cf mes essais éponymes.

21 février 2020

Au fil de Jean 14, 6 « Je suis le Chemin, la Vérité, la Vie »


Pour le père Ignace de La Potterie, théologien jésuite mort en 2003, parmi les occurrences du mot « vérité » dans l'Évangile de Jean, celle « où Jésus déclare qu'il est lui-même "la Vérité", est incontestablement la plus neuve, la plus hardie et la plus profonde ». Selon le jésuite, ce mot est à comprendre chez saint Jean comme synonyme de « révélation ». Ainsi, analysait le prêtre, en affirmant être lui-même la Vérité, le Christ est « non seulement le révélateur du Père aux hommes, mais il est lui-même en plénitude cette révélation ; il est, dans sa personne, la révélation par excellence, totale et définitive »« Nous touchons ici du doigt la nouveauté unique de la révélation chrétienne : le chemin de la vérité doit désormais se chercher dans la personne même de Jésus », s'enthousiasmait le père de La Potterie. De plus, comme le Christ « vit de la vie du Père, mais appartient en même temps à notre monde humain », poursuit le théologien, Jésus « nous rend participants à la vie du Père » dès ce chemin sur terre.
 (1) « Je suis la Voie, la vérité et la Vie », Nouvelle revue théologique 88-9 (1966), p. 907-942, cité dans La Croix, vendredi 7 février 2020

09 juin 2019

Viens Esprit Saint - Esprit de Pentecôte

Pendant 40 jours nous nous sommes préparés à vivre la semaine sainte, puis pendant 40 jours nous avons accompagné le Ressuscité, en goûtant, jour après jour l'évangile de Jean. 
« Si quelqu'un m'aime, il gardera ma parole ; mon Père l'aimera, nous viendrons vers lui et, chez lui, nous nous ferons une demeure. (...) Or, la parole que vous entendez n'est pas de moi : elle est du Père, qui m'a envoyé. Je vous parle ainsi, tant que je demeure avec vous ; mais le Défenseur, l'Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit. Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix ; ce n'est pas à la manière du monde que je vous la donne. Que votre cœur ne soit pas bouleversé ni effrayé. Vous avez entendu ce que je vous ai dit : Je m'en vais, et je reviens vers vous. Si vous m'aimiez, vous seriez dans la joie puisque je pars vers le Père, car le Père est plus grand que moi. Je vous ai dit ces choses maintenant, avant qu'elles n'arrivent ; ainsi, lorsqu'elles arriveront, vous croirez. » (Jn 14, 15-29)
« Quand il viendra, lui, l'Esprit de vérité,
il vous conduira dans la vérité tout entière.
En effet, ce qu'il dira ne viendra pas de lui-même :
mais ce qu'il aura entendu, il le dira ;
et ce qui va venir, il vous le fera connaître.
Lui me glorifiera,
car il recevra ce qui vient de moi
pour vous le faire connaître.
Tout ce que possède le Père est à moi ;
voilà pourquoi je vous ai dit :
L'Esprit reçoit ce qui vient de moi
pour vous le faire connaître. »(1)

Et voici qu'à l'Ascension nous méditons son départ et l'arrivée du Paraclet. Le défenseur est le don de Dieu par excellence, l'Esprit qui va animer et infuser notre vie chrétienne depuis la Pentecôte jusqu'au Christ Roi. La liturgie nous donne des temps à méditer et contempler pour chaque jour et pourtant, comme le dit saint Augustin, « Il est là et je ne le savais pas ». Laissons nos coeurs s'emplir de cette Présence silencieuse qui nous accompagne sur nos chemins, marche avec nous, et se reconnaît tous les dimanches à la Fraction du Pain. Ouvrons nos coeurs à l'Esprit de Pentecôte. 
« L'homme n'est rien pour lui-même, mais il est beaucoup avec l'Esprit Saint. L'homme est tout terrestre et tout animal ; il n'y a que l'Esprit Saint qui puisse élever son âme et le porter en haut.
Comme ces lunettes qui grossissent les objets, le Saint-Esprit nous fait voir le bien et le mal en grand. Avec le Saint-Esprit, on voit tout en grand : on voit la grandeur des moindres actions faites pour Dieu, et la grandeur des moindres fautes. Comme un horloger avec ses lunettes distinguent les plus petits rouages d'une montre, avec les lumières du Saint-Esprit nous distinguons tous les détails de notre pauvre vie. »(1)

Nous aussi, en nous-mêmes, nous gémissons ; nous avons commencé à recevoir l'Esprit Saint, mais nous attendons notre adoption et la rédemption de notre corps.
24 Car nous avons été sauvés, mais c'est en espérance ; voir ce qu'on espère, ce n'est plus espérer : ce que l'on voit, comment peut-on l'espérer encore ?
25 Mais nous, qui espérons ce que nous ne voyons pas, nous l'attendons avec persévérance.
26 Bien plus, l'Esprit Saint vient au secours de notre faiblesse, car nous ne savons pas prier comme il faut. L'Esprit lui-même intercède pour nous par des gémissements inexprimables.
27 Et Dieu, qui scrute les cœurs, connaît les intentions de l'Esprit puisque c'est selon Dieu que l'Esprit intercède pour les fidèles.(3)

« Voilà pourquoi aussi le Seigneur a promis de nous envoyer le Paraclet, qui nous adapte à Dieu. En effet la farine sèche ne peut sans eau devenir une seule pâte, pas davantage nous tous, ne pouvions devenir un en Jésus Christ sans l'eau qui vient du ciel. La terre aride, si elle ne reçoit pas d'eau, ne fructifie pas ; ainsi nous-mêmes, qui d'abord étions du bois sec, nous n'aurions jamais porté le fruit de la vie, sans l'eau librement donnée d'en haut. Ainsi nos corps ont reçu par l'eau du baptême l'unité qui les rend incorruptibles ; nos âmes l'ont reçue de l'Esprit. ~
L'Esprit de Dieu descendit sur le Seigneur, Esprit de sagesse et d'intelligence, Esprit de conseil et de force, Esprit de science et de piété, Esprit de crainte de Dieu. À son tour le Seigneur l'a donné à l'Église, en envoyant des cieux le Paraclet sur toute la terre, là où le diable fut abattu comme la foudre, dit le Seigneur.
Ainsi cette rosée de Dieu nous est bien nécessaire pour n'être point consumés ni rendus stériles, et pour que là où nous avons l'accusateur, là nous ayons le Défenseur : car le Seigneur a confié à l'Esprit Saint l'homme qui est sien, cet homme qui était tombé aux mains des brigands. Il en a eu pitié et a pansé ses blessures, lui donnant deux pièces à l'effigie du Roi, pour qu'ayant reçu par l'Esprit l'image et le sceau du Père et du Fils, nous fassions fructifier la pièce qu'il nous a confiée, et la rendions multipliée au Seigneur.(4)
Viens Esprit Saint !
Viens embraser nos cœurs !
« Esprit de Dieu, tu es le feu,
Patiente braise dans la cendre,
A tout moment prête à surprendre
Le moindre souffle et à sauter
Comme un éclair vif et joyeux
Pour consumer en nous la paille,
Eprouver l'or aux grandes flammes
Du brasier de ta charité.

Esprit de Dieu, tu es le vent,
Où prends-tu souffle, à quel rivage?
Élie se cache le visage
A ton silence frémissant
Aux temps nouveaux tu es donné,
Soupir du monde en espérance,
Partout présent comme une danse,
Eclosion de ta liberté.

Esprit de Dieu, tu es rosée
De joie, de force et de tendresse,
Tu es la pluie de la promesse
Sur une terre abandonnée.
Jaillie du Fils ressuscité,
Tu nous animes, source claire,
Et nous ramènes vers le Père,
Au rocher de la vérité. »(5)
« tu t'avances sur les ailes du vent ; tu prends les vents pour messagers » (Ps 103)
Viens souffle imprévisible 
(1) Jean 16, 14-15
(2) Saint Jean-Marie Vianney, Esprit du Curé d'Ars dans ses Catéchismes, ses Sermons, ses Conversations. (Abbé Monnin, Eds. Tequi 2007, p. 61-63 ; rev.)
(3) Romains 8, 23-27
(4) Irénée de Lyon, Traité sur les hérésies 
(5) Hymne de l'office des lectures source AELF 


23 mai 2019

Au fil de Jn 14, 23-29, garder sa Parole - homélie du 6ème Dimanche de Pâques. Assemblée dominicale en absence de prêtre (ADAP)

« Si vous n'acceptez pas la circoncision
selon la coutume qui vient de Moïse,
vous ne pouvez pas être sauvés. »
Ac 15, 1-2.22-29

Qu'est-ce que la circoncision des juifs symbolisait et pourquoi y échappe t on ? Elle avait une vertu hygiénique dans un pays de poussière et de sable, mais l'enjeu était ailleurs, elle signifiait pour les juifs une ouverture véritable du cœur, un schma Israël : Écoute... 

Saint Paul l'explique : « Le vrai Juif, ce n'est pas celui qui l'est au dehors, et la vraie circoncision, ce n'est pas celle qui paraît dans la chair. Mais le Juif, c'est celui qui l'est intérieurement, et la circoncision, c'est celle du cœur, dans l'esprit, et non dans la lettre: ce Juif aura sa louange, non des hommes, mais de Dieu. » Romains 2, 27-28

Il développe pour cela une exhortation de Jérémie : « Si tu veux revenir Israël, - oracle de Yahweh, reviens vers moi. (...) : Défrichez vos jachères, et ne semez pas dans les épines. Circoncisez-vous pour Yahweh, et enlevez les prépuces de votre cœur, hommes de Juda et habitants de Jérusalem » Jérémie 4:1 ;3 BCC1923

Il nous faut nous aussi devenir plus attentif, devenir écoutant, devenir signe efficace du Verbe que nous avons reçu...

Nous allons recevoir le pain de vie. Certains l'attrape avec deux doigts comme un truc à saisir. Non, ce n'est pas un truc, c'est Jésus qui vient et mettre nos deux mains ouvertes et dire amen, c'est commencer à signifier l'attitude intérieure qui se fait en nous. 

Combien de temps portons nous le Christ en nous ? Est-ce qu'il demeure vivant en nous ? 
Combien de temps avant que les soucis du monde reprennent le dessus sur le Christ ?
Cette expérience que nous venons de faire de l'Ecriture, [ce partage en petits groupes, cette manducation lente et silencieuse] doit éclairer et interpeller notre façon de vivre la messe du dimanche. Est-ce que nous prenons vraiment part à la danse à laquelle Dieu nous invite ?

Entendons-nous son cri : « J'ai joué de la flûte et vous n'avez pas dansé » (Luc 7, 32)

Il nous faut transformer nos corps et nos cœurs pour devenir temple véritable du corps du Christ, être de véritable « porte-Christ » comme le disait une vieille catéchèse des premiers siècles.

L'Apocalypse 21 nous y invite : « Dans la ville, je n'ai pas vu de sanctuaire, car son sanctuaire, c'est le Seigneur Dieu, Souverain de l'univers, et l'Agneau. La ville n'a pas besoin du soleil ni de la lune pour l'éclairer, car la gloire de Dieu l'illumine : son luminaire, c'est l'Agneau. »

Nous ne devrions plus avoir besoin d'aller à la messe tous les dimanches si nos corps et nos cœurs continuaient de porter le Christ comme le centre de nos vies, si nous demeurions signe vivant de Dieu ressuscité, si notre joie était image fidèle du sacrement que nous avons reçu comme ces 7 enfants baptisés ce week-end et que je vous demande de porter dans la prière. 

Je vais maintenant exposer le saint sacrement et je vous invite à écouter une nouvelle fois l'Evangile, comme un trésor : 
: « Si quelqu'un m'aime, il gardera ma parole ; mon Père l'aimera,
nous viendrons vers lui et, chez lui, nous nous ferons une demeure.
    Celui qui ne m'aime pas ne garde pas mes paroles.
Or, la parole que vous entendez n'est pas de moi : elle est du Père, qui m'a envoyé.
    Je vous parle ainsi, tant que je demeure avec vous ;
    mais le Défenseur, l'Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit.
    Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix ; ce n'est pas à la manière du monde
que je vous la donne. Que votre cœur ne soit pas bouleversé ni effrayé.
    Vous avez entendu ce que je vous ai dit : Je m'en vais,
et je reviens vers vous. Si vous m'aimiez, vous seriez dans la joie
puisque je pars vers le Père, car le Père est plus grand que moi.
    Je vous ai dit ces choses maintenant, avant qu'elles n'arrivent ; ainsi, lorsqu'elles arriveront, vous croirez. »(1)

Ce Dieu qui vient, nous pouvons nous sentir indigne de le porter, surtout si nous n'avons pas confessé nos fautes depuis longtemps. Quand viendras la communion, faites-le en toute conscience. Dieu entendras alors votre cri et quel que soit votre geste (mains tendues ou croisées » il habitera votre cœur, telle est ma foi...

(1) Textes liturgiques, source © AELF.
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20 mai 2019

Au fil de Jean 14, 24-26, Je demeure avec vous - Amour en toi 34 - baptême 3

« Si quelqu'un m'aime, il gardera ma parole ; mon Père l'aimera,nous viendrons vers luiet, chez lui, nous nous ferons une demeure.
Celui qui ne m'aime pas ne garde pas mes paroles.
Or, la parole que vous entendez n'est pas de moi : elle est du Père, qui m'a envoyé.
Je vous parle ainsi, tant que je demeure avec vous ; mais le Défenseur, l'Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit. » (Jean 14, 24-26 - AELF)
Par le baptême notre cœur se transforme pour accueillir Dieu en nous, pour devenir des porte-Christ. Laissons Dieu agir, car sa grâce nous transforme et nous renouvelle.
Écoutons sur ce point Grégoire de Nysse : « Il est survenu une autre naissance, une vie différente, un nouveau genre de vie, une transformation de notre nature elle-même. Quelle naissance ? Celle qui est l'œuvre non de la chair et du sang, ni d'une volonté charnelle, ni d'une volonté d'homme : la naissance qui vient de Dieu.
Comment cela ? Je vais le montrer clairement par mon exposé. Cet enfant est porté dans le sein de la foi ; il est amené à la lumière par la nouvelle naissance du baptême ; sa nourrice, c'est l'Église qui l'allaite par son enseignement ; sa nourriture, c'est le pain venu du ciel ; son arrivée à l'âge adulte, c'est une conduite parfaite ; son mariage, c'est son union avec la sagesse ; sa postérité, c'est l'espérance ; sa maison, c'est le Royaume ; son patrimoine et ses richesses, ce sont les délices du paradis ; sa fin n'est pas la mort, mais la vie éternelle dans la béatitude préparée pour ceux qui en sont dignes. ~
Voici le jour que le Seigneur a fait, différent des jours apparus au commencement de la création, qui sont mesurés par le temps. Celui-ci est le commencement d'une autre création : Dieu fait, en ce jour, un ciel nouveau et une terre nouvelle, comme dit le Prophète. Quel est ce ciel ? Le firmament, l'édifice solide de la foi au Christ. Quelle est cette terre ? Le cœur excellent, comme dit le Seigneur, c'est la terre qui boit la pluie tombée sur elle, et qui donne une riche moisson. Dans cette création, le soleil, c'est la vie pure ; les astres sont les vertus ; l'air, c'est une conduite limpide ; la mer, c'est la profondeur des richesses de la sagesse et de la connaissance ; la verdure et les bourgeons, c'est la bonne doctrine et les enseignements divins dont se nourrit le troupeau du pâturage, c'est-à-dire le peuple de Dieu ; les arbres portant du fruit, c'est la pratique des commandements.
En ce jour est créé l'homme véritable, celui qui est fait à l'image et à la ressemblance de Dieu. Ce jour que le Seigneur a fait, tu vois de quel monde il est le principe. Le prophète dit que ce n'est pas un jour comme les autres jours, ni une nuit comme les autres nuits.
Mais nous n'avons pas encore parlé de ce qu'il y a de plus extraordinaire dans le don que ce jour nous apporte. C'est qu'il a détruit les affres de la mort. C'est qu'il a mis au monde le premier-né d'entre les morts. ~
Je monte, dit-il, vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu. Quelle belle et bonne nouvelle ! Celui qui, pour nous, est devenu comme nous, a voulu, par suite de son unité de nature avec nous, faire de nous ses frères. C'est pourquoi il fait monter sa propre humanité auprès du Père véritable afin d'attirer par lui tous ceux de sa race.(1)

(1) Saint Grégoire de Nysse, Homélie pascale, source office des lectures du 5eme lundi de Pâques, AELF 

03 mai 2019

Au fil de Jean 14 - Contempler le Père

"En ce temps-là, Jésus dit à Thomas : « Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ; personne ne va vers le Père sans passer par moi. Puisque vous me connaissez, vous connaîtrez aussi mon Père. Dès maintenant vous le connaissez, et vous l'avez vu. »
Philippe lui dit : « Seigneur, montre-nous le Père ; cela nous suffit. »
Jésus lui répond : « Il y a si longtemps que je suis avec vous, et tu ne me connais pas, Philippe ! Celui qui m'a vu a vu le Père. Comment peux-tu dire : 'Montre-nous le Père' ? Tu ne crois donc pas que je suis dans le Père et que le Père est en moi ! Les paroles que je vous dis, je ne les dis pas de moi-même ; le Père qui demeure en moi fait ses propres œuvres.
Croyez-moi : je suis dans le Père, et le Père est en moi ; si vous ne me croyez pas, croyez du moins à cause des œuvres elles-mêmes. Amen, amen, je vous le dis : celui qui croit en moi fera les œuvres que je fais. Il en fera même de plus grandes, parce que je pars vers le Père, et tout ce que vous demanderez en mon nom, je le ferai, afin que le Père soit glorifié dans le Fils. Quand vous me demanderez quelque chose en mon nom, moi, je le ferai. » (Jn 14,6-14 -AELF)

"L'affirmation de Jésus est surprenante, à tel point que Philippe ne la comprend pas et insiste : "montre-nous le Père". Or, contempler le Christ à travers les Évangiles, c'est contempler Dieu lui-même. C'est ce que je fais chaque fois que je médite les Évangiles. Contempler le Christ, c'est contempler Dieu.
Dans ce récit, Jésus nous dévoile son plus intime, la relation qui l'unit à son Père"(1)
Prenons le temps de sentir la profondeur de cette relation trinitaire. Dans cette danse, Jésus nous ouvre ses bras en croix.
Contemplation infinie de cet homme élevé sur le bois de la croix qui nous dévoile le Père en nous aimant jusqu'au bout.
Qui sommes-nous face à cela. Qu'est-ce que l'homme pour que tu t'intéresse à lui dit le psaume.
Et pourtant ! Le Dieu que nous vénérons n'est pas un Dieu éthéré. Il se dévoile dans son agenouillement.
(1) Source : Prieenchemin.org, méditation  du 3/5/19

15 novembre 2018

Au fil de Luc 17,20 - le règne de Dieu est au milieu de vous - 27

C’est « dans le miroir de la Parole que l’homme voit qu’il est en vérité ». (1)
Ce passage de Luc nous livre deux trésors. Le premier c'est qu'il nous faut arrêter de chercher des signes extérieurs, mais contempler ce souffle intérieur déposé en nous dans le silence et qui conduit notre âme. 
« Le règne de Dieu est au milieu de nous et au-dedans de nous ». Lc 17, 10

« Elle est tout près de nous, cette Parole, elle est dans notre bouche et dans notre cœur » (Dt 30,14). Écoutons Origène : « celui qui prie pour que vienne le règne de Dieu a raison de prier pour que ce règne de Dieu germe, porte du fruit et s'accomplisse en lui-même. Chez tous les saints en lesquels Dieu règne et qui obéissent à ses lois spirituelles, il habite comme dans une cité bien organisée. Le Père est présent en lui et le Christ règne avec le Père dans cette âme parfaite, selon sa parole : « Nous viendrons chez lui, nous irons demeurer auprès de lui. » (Jn 14,23). (2)

Que nous le précise Origène, cette paix intérieure nécessite d'avoir combattu ce qui en nous résiste. Une « cité bien organisée » est cette chambre intérieure, nettoyée du superflu, attentive aux tentations qui l'attaque à nouveau (Lc 11, 24-26) à laquelle nous devons veiller.
Luc nous met en garde sur le retour des 7 démons furieux. Comme le dit Grégoire 
« Il arrive souvent (...) que, lorsque l'âme vient à s'enorgueillir de ses premiers pas dans la perfection, et veut en être louée comme de véritables vertus, elle donne entrée à son ennemi furieux contre elle, et qui s'acharne avec d'autant plus de violence à sa ruine, qu'il a éprouvé de douleur d'en avoir été chassé, ne fût-ce que pour quelque temps. »(3)

Une homélie du 2eme siècle le précise : « lorsque les païens entendent de notre bouche les paroles de Dieu, ils admirent leur beauté et leur noblesse. Mais ensuite, lorsqu'ils découvrent que notre conduite n'est pas en accord avec les paroles que nous disons, ils passent au blasphème en disant qu'il n'y a là que fable et folie.

En effet, lorsqu'ils nous entendent dire, comme une parole de Dieu : Quelle reconnaissance pouvez-vous attendre, si vous aimez ceux qui vous aiment ? Mais on vous sera reconnaissant si vous aimez vos ennemis et ceux qui vous détestent. Oui, lorsqu'ils entendent ces paroles, ils admirent cette extrême bonté. Mais lorsqu'ils voient que nous n'aimons pas ceux qui nous détestent et même pas ceux qui nous aiment, ils se moquent de nous, et le nom de Dieu est blasphémé.
Ainsi donc, mes frères, si nous faisons la volonté de Dieu notre Père, nous appartiendrons à l'Église primordiale, à l'Église spirituelle, qui fut créée avant le soleil et la lune. Mais si nous ne faisons pas la volonté du Seigneur, nous relèverons de ce passage de l'Écriture : Ma maison est devenue une caverne de bandits. Préférons donc appartenir à l'Église de la vie, afin d'être sauvés. »(4)

Reconnaissons le, c'est donc le chemin d'une vie, qui est en jeu ici. Passer de la parole aux actes. Notre lutte contre nos adhérences au mal qui nous entravent et nous lient de l'intérieur est une lutte sans fin ? Peut-on y arriver seul ? Non ! 
N'est-ce pas « impossible à l'homme ? » (Mat 19, 26).

Comment y parvenir ? 
C'est la contemplation de la Croix qui nous libère. « Ils regarderont celui qu'ils ont transpercé » (Za 12, 10 - Jn 19, 37). Le daqar hébreu (percé au travers) exprime ici un double déchirement. Celui qui libère l'Esprit de Dieu jaillissant du cœur transpercé et celui intérieur en nous, qui ouvre nos yeux du cœur (5) et nous conduit à une « nouvelle naissance » (cf. Jn 3, 7)
« Le règne de Dieu qui est en nous (...) parviendra à sa perfection lorsque la parole de l'apôtre Paul s'accomplira : le Christ « après avoir soumis » tous ses ennemis, « remettra son pouvoir royal à Dieu le Père pour que Dieu soit tout en tous » (1Co 15,28). C'est pourquoi, priant sans relâche, avec des dispositions divinisées par le Verbe, disons : « Notre Père qui es aux cieux, que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne » (Mt 6,9). (6)
Alors, « comme l'éclair qui jaillit illumine l'horizon d'un bout à l'autre, ainsi le Fils de l'homme, quand son jour sera là.» Luc 17, 23

Qu'est-ce que cette lumière ? Benoît XVI évoquait au JMJ de Cologne une fission nucléaire. On peut y voir à notre tour un déchirement intérieur comme celui du voile qui cachait Dieu au temple. Alors à la suite de Marc nous entendrons le centurion nous dire « celui-ci était vraiment le fils de Dieu. Marc 14, 39

L'éclair qui illumine est le feu allumé par le Ressuscité, buisson ardent qui nous sauve.
(1) Hans Urs von Balthasar, op. cit. p. 101
(2) Origène, Traité sur la prière, 25 ; GCS 3, 356 (trad. bréviaire, 34e dimanche)
(3) S. Grég. (Moral. 7, 7.) 
(4) source office des lectures du 15/11/18, AELF 
(5) cf. notre commentaire de Bartimée Mc 12
(6) Origène, ibid.