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25 mai 2020

Esprit et eau - Cyrille de Jérusalem - Amour en toi 57

« L'eau que je lui donnerai deviendra en lui source jaillissante pour la vie éternelle. C'est une eau toute nouvelle, vivante, et jaillissante, jaillissant pour ceux qui en sont dignes.



Pour quelle raison le don de l'Esprit est-il appelé une « eau » ?

C'est parce que l'eau est à la base de tout ; parce que l'eau produit la végétation et la vie ; parce que l'eau descend du ciel sous forme de pluie ; parce qu'en tombant sous une seule forme, elle opère de façon multiforme. ~ Elle est différente dans le palmier, différente dans la vigne, elle se fait toute à tous. Elle n'a qu'une seule manière d'être, et elle n'est pas différente d'elle-même. La pluie ne se transforme pas quand elle descend ici ou là ,mais, en s'adaptant à la constitution des êtres qui la reçoivent, elle produit en chacun ce qui lui convient.

L'Esprit Saint agit ainsi. Il a beau être un, simple et indivisible, il distribue ses dons à chacun, selon sa volonté. De même que le bois sec, associé à l'eau, produit des bourgeons, de même l'âme qui vivait dans le péché, mais que la pénitence rend capable de recevoir le Saint-Esprit, apporte des fruits de justice. Bien que l'Esprit soit simple, c'est lui, sur l'ordre de Dieu et au nom du Christ, qui anime de nombreuses vertus.

Il emploie la langue de celui-ci au service de la sagesse ; il éclaire par la prophétie l'âme de celui-là ; il donne à un prêtre le pouvoir de chasser les démons ; à un autre encore celui d'interpréter les divines Écritures. Il fortifie la chasteté de l'un, il enseigne à un autre l'art de l'aumône, il enseigne à celui-ci le jeûne et l'ascèse, à un autre il enseigne à mépriser les intérêts du corps, il prépare un autre encore au martyre. Différent chez les différents hommes, il n'est pas différent de lui-même, ainsi qu'il est écrit: Chacun reçoit le don de manifester l'Esprit en vue du bien de tous. ~

Son entrée en nous se fait avec douceur, on l'accueille avec joie, son joug est facile à porter. Son arrivée est annoncée par des rayons de lumière et de science. Il vient avec la tendresse d'un défenseur véritable, car il vient pour sauver, guérir, enseigner, conseiller, fortifier, réconforter, éclairer l'esprit : chez celui qui le reçoit, tout d'abord ; et ensuite, par celui-ci, chez les autres.

Un homme qui se trouvait d'abord dans l'obscurité, en voyant soudain le soleil, a le regard éclairé et voit clairement ce qu'il ne voyait pas auparavant: ainsi celui qui a l'avantage de recevoir le Saint-Esprit a l'âme illuminée, et il voit de façon surhumaine ce qu'il ne connaissait pas. »

Sans autre commentaire que de noter une correspondance spirituelle entre mon homélie de dimanche et ce beau texte de Cyrille découvert ce matin dans l'office des lectures du 7eme lundi de Pâques.

Plus encore, il y a cette même trame que je vous invite à découvrir dans la balise « amour en toi ». Cette 57eme balise donne en effet un surcroît de sens au 56 premiers billets (2). L'Esprit qui habite en nous depuis le baptême fait renaître en nos cœurs une flamme secrète, une source profonde. Capax dei.Dieu n'attends qu'un cœur ouvert pour libérer de nos cœurs de pierre, la lumière et la gloire qui jaillit de sa charité en actes.

Au fonds de chacun d'entre nous repose la capacité d'aimer en actes et en vérité et l'Esprit de Pentecôte est le révélateur de cette aptitude secrète que nous ne cessons de mettre sous le boisseau.

(1) Saint Cyrille de Jérusalem, catéchèse sur l'Esprit Saint, source AELF
(2) je rêve depuis longtemps d'avoir le temps de mettre en livre cette trame discrète... née un jour de la lecture de « Pour toi quand tu pries » de François Cassingena-Trévédy - un livre qui, bien que dense et un peu ardu à la lecture reste pour moi le plus beau livre spirituel du XXIeme siècle naissant. Suis-je objectif ? Peut-être pas. Le fait qu'il soit écrit par un moine de Ligugé, cette abbaye où a pris corps, il y a 45 ans m'a vocation de baptisé puis de diacre trouble peut-être mon objectivité...toujours est-il que je manduque depuis cette idée de développer un livre qui fasse jaillir au sein du lecteur cette prise en compte que le but ultime de la danse trinitaire est de faire jaillir en l'homme cette source secrète déposée en lui par le baptême ou même cette semence du Verbe qu'il a reçu malgré lui. Capax dei...

19 mai 2020

Esprit d’unité - dépouillement 5 - Au fil de Jean 14 et 15

Dans la foulée du billet précédent et en préparation de la Pentecôte à venir, il nous est donné de comprendre que l'Esprit est le ferment discret de notre unité. Ce n'est qu'à travers la renonciation à la triple tentation du pouvoir, du valoir et de l'avoir que nous pouvons entrer à suite dans le véritable dépouillement qui laisse Dieu agir, être ferment en nous de cette unité polyédrique (1) dont parle le pape François dans le sillage de ce que nous révèle Irénée : « Car, comme de farine sèche on ne peut pas, sans eau, faire une seule pâte et un seul pain, ainsi nous, qui étions une multitude, nous ne pouvions pas non plus devenir un dans le Christ Jésus (1Co 10,17) sans l'Eau venue du ciel. Et comme la terre aride, à moins de recevoir de l'eau, ne fructifie pas, ainsi nous-mêmes, qui n'étions d'abord que du bois sec, nous n'aurions jamais porté du fruit de vie sans la Pluie généreuse venue d'en haut. Car nos corps, par le bain du baptême, ont reçu l'union à l'incorruptibilité, tandis que nos âmes l'ont reçue par l'Esprit. C'est pourquoi l'un et l'autre sont nécessaires, puisque l'un et l'autre contribuent à donner la vie en Dieu. (2)

Images : Sculptures de G. Schneider (Chapelle Baltard, St Séverin)

« En effet, bien que nous soyons une multitude d'individus, et que le Christ fasse demeurer en chacun de nous l'Esprit de son Père qui est le sien, il n'y a cependant qu'un seul Esprit indivisible, qui rassemble en lui-même des esprits distincts les uns des autres du fait de leur existence individuelle, et qui les fait apparaître pour ainsi dire comme ayant tous une seule existence en lui. De même que la vertu de la chair sacrée fait un seul corps de tous ceux en qui elle est venue, de la même manière, à mon avis, l'Esprit de Dieu un et indivisible qui nous habite nous conduit tous à l'unité spirituelle. C'est pourquoi saint Paul nous exhortait ainsi : Supportez-vous les uns les autres avec amour ; rassemblés dans la paix, ayez à cœur de garder l'unité dans un même Esprit, comme votre vocation vous a tous appelés à une seule espérance. Il n'y a qu'un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu et Père de tous, qui est au-dessus de tous, parmi tous, et en tous. Si l'unique Esprit habite en nous, le Dieu unique, Père de tous, sera en nous, et il conduira par son Fils à l'union mutuelle et à l'union avec lui tout ce qui participe de l'Esprit.
Que nous soyons unis au Saint-Esprit par une participation, cela aussi est visible, et voici comment. Si nous abandonnons une vie purement naturelle pour obéir une bonne fois aux lois de l'Esprit, ne sera-t-il pas évident pour tous qu'après avoir pour ainsi dire renoncé à notre vie propre, et réalisé l'union avec l'Esprit, nous avons obtenu une condition céleste, si bien que nous avons comme changé de nature ? Nous ne sommes plus seulement des hommes, mais en outre nous sommes des fils de Dieu, des hommes célestes, puisque nous sommes devenus participants de la nature divine.
Tous, nous sommes donc un seul être dans le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Un seul être, dis-je, dans une identité d'état, ~ un seul être dans un progrès conforme à la piété, par notre communion à la chair sacrée du Christ, par notre communion à l'unique Esprit Saint. »(3)

Qui es-tu, douce lumière qui me combles et illumines la ténèbre de mon cœur ?...
Es-tu le Maître d'œuvre, le bâtisseur de la cathédrale éternelle qui depuis la terre s'élève jusqu'au Ciel ?
Tu donnes vie à ses colonnes, qui se dressent, hautes et droites, solides et immuables (Ap 3,12).
Marquées du signe du Nom divin et éternel, elles s'élancent vers la lumière et portent la coupole qui achève et couronne la sainte cathédrale,
ton œuvre qui embrasse l'univers entier : Saint Esprit, Main de Dieu créatrice !... Es-tu le doux cantique de l'amour et du respect sacré qui retentit sans fin
autour du trône de la Trinité sainte (Ap 4,8), symphonie où résonne la note pure donnée par chaque créature ?
Le son harmonieux, l'accord unanime des membres et de la Tête (Col 2,19), dans lequel chacun au comble de la joie découvre le sens mystérieux de son être
et le laisse jaillir en cri de jubilation, rendu libre en participant à ton propre jaillissement :
Saint Esprit, jubilation éternelle (4)

(1) cf. Polyèdre dans les balises de ce blog
(2) Saint Irénée de Lyon Contre les hérésies III, 17, 1-2 (trad. SC 211, p. 331 rev.)
(3) saint Cyrille d'Alexandrie, commentaire de l'Évangile de Jean, source : office des lectures du 6eme mardi de Pâques, AELF
(4) Sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix [Édith Stein] 
Poésie Pentecôte 1937/1942 (trad. Malgré la nuit, Ad solem 2002, p. 125), source  : l’Évangile au Quotidien

13 mai 2020

Au fil de Jean 15 - La vigne - saint Cyrille d’Alexandrie

Dans la suite de nos contemplations de l'Église à construire, une Église faite de pierres vivantes ce commentaire de Cyrille est une belle exhortation.
« Le Seigneur dit ~ qu'il est lui-même la vigne, pour nous apprendre à nous attacher à son amour et nous montrer combien d'avantages nous retirons de notre union avec lui. Et il compare aux sarments ceux qui lui sont unis, ajustés en quelque sorte et fixés en lui : ceux-là sont déjà participants de sa nature du fait qu'ils ont reçu le Saint-Esprit en partage. Car ce qui nous unit au Christ Sauveur, c'est son Esprit Saint.

L'union avec la vigne de ceux qui se joignent à elle vient de leur libre choix ; mais de la part de la vigne à notre égard, cela vient de sa nature. C'est en vertu d'un bon choix que nous nous avançons par la foi, et nous devenons de sa race parce que nous avons reçu de lui la dignité de fils adoptifs. En effet, selon saint Paul, celui qui s'unit au Seigneur ne fait plus qu'un esprit avec lui.

En d'autres endroits de l'Écriture, par la voix du Prophète, le Christ est appelé base et fondement. En effet, c'est sur lui que nous sommes bâtis, et nous sommes appelés pierres vivantes et spirituelles, en vue d'un sacerdoce saint, pour devenir une habitation de Dieu dans l'Esprit, et nous ne pouvons pas entrer dans cet édifice si nous n'avons pas le Christ comme fondation. C'est dans le même sens que Jésus dit ici qu'il est la vigne qui engendre et nourrit les sarments.

En effet, nous avons reçu la nouvelle naissance de lui et en lui, dans l'Esprit, en vue de porter des fruits de vie ; non pas de la vie ancienne et dépassée, mais de la vie renouvelée par la foi et l'amour envers lui. Maintenons-nous dans cet état, greffés en quelque sorte sur le Christ, attachés coûte que coûte au commandement sacré qui nous a été donné. Évertuons-nous à conserver les avantages de notre noblesse, c'est-à-dire à ne laisser aucunement contrister le Saint-Esprit qui a fait son habitation en nous, et par qui l'on sait que Dieu demeure en nous.

Comment nous sommes dans le Christ, et lui en nous, le sage saint Jean nous l'a montré par cette parole : Nous reconnaissons qu'il demeure en nous, et nous en lui, parce qu'il nous a donné son Esprit. ~

De même que la souche de la vigne fournit et distribue aux sarments la qualité naturelle qui lui est propre et qui est en elle, c'est ainsi que le Verbe, Fils unique de Dieu le Père, introduit chez les saints une sorte de parenté avec sa nature en leur donnant l'Esprit, surtout à ceux qui lui sont unis par la foi et par une parfaite sainteté. Il les nourrit et fait progresser leur piété, il développe en eux la science de toute vertu et de toute bonté.(1) »

(1) Cyrille d'Alexandrie, commentaire de l'Evangile selon saint Jean, source : office des lectures, 5eme mardi de Pâques AELF

Rappel : l'interêt de ce blog, désormais vieux de 15 ans, réside surtout dans l'interactivité des balises (tags) qui comptent maintenant près de 2.500 billets

21 février 2020

Au fil de Marc 8, 29-33 - suivre malgré tout

« Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? » Pierre, prenant la parole, lui dit : « Tu es le Christ. »
Alors, il leur défendit vivement de parler de lui à personne.
Il commença à leur enseigner qu'il fallait que le Fils de l'homme souffre beaucoup, qu'il soit rejeté par les anciens, les grands prêtres et les scribes, qu'il soit tué, et que, trois jours après, il ressuscite.
Jésus disait cette parole ouvertement. Pierre, le prenant à part, se mit à lui faire de vifs reproches.
Mais Jésus se retourna et, voyant ses disciples, il interpella vivement Pierre : « Passe derrière moi, Satan ! Tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes. » (Marc 8, 29-33l

La tentation de Pierre mets en lumière nos propres fragilités. Comme le souligne en substance saint Cyrille, nous ne devons pas avoir honte de la croix du Sauveur, mais plutôt se laisser traverser par sa signification profonde : « Le langage de la croix est scandale pour les juifs, folie pour les païens », mais pour nous elle est le salut. (...) elle est puissance de Dieu (1Co 1,18-24).(...) Ce n'est pas par contrainte qu'il a quitté la vie, ce n'est pas par force qu'il a été immolé, mais par sa propre volonté. Écoutez ce qu'il dit : « J'ai le pouvoir de donner ma vie, et le pouvoir de la recevoir à nouveau » (Jn 10,18). ~ Il est venu délibérément à sa Passion, (...) Il n'a pas eu honte de la croix, car il sauvait toute la terre. Ce n'était pas un pauvre homme qui souffrait, mais Dieu fait homme qui allait combattre pour obtenir le prix de la patience.
Ne te réjouis pas de la croix en temps de paix seulement ; garde la même foi en temps de persécution ; ne sois pas l'ami de Jésus seulement en temps de paix, (...) . Tu reçois maintenant le pardon de tes péchés et les dons spirituels prodigués par ton roi ; lorsque la guerre éclatera, combats vaillamment pour ton roi. Jésus a été crucifié pour toi, lui qui était sans péché.Ce n'est pas toi qui lui as fait cette grâce, car tu l'as reçue le premier. Mais tu rends grâce à celui qui a payé ta dette en étant crucifié pour toi sur le Golgotha(1)


(1) Saint Cyrille de Jérusalem, Catéchèse baptismale n° 13, 3.6.23 (Livre des jours – Office romain des lectures ; Le Cerf – Desclée de Brouwer – Desclée – Mame ; © AELF Paris 1976 ; 4e jeudi TO, 578-579), source : l'Évangile au Quotidien

18 mai 2019

Au fil d’Apocalypse 18, 1-20 - La chute de Babylone - inversion 3

« 01 Moi Jean, j'ai vu descendre du ciel un autre ange, ayant un grande pouvoir, et la terre fut illuminée de sa gloire.
02 Il s'écria d'une voix puissante : « Elle est tombée, elle est tombée, Babylone la Grande ! (..) 
07 À la mesure de la gloire et du luxe qu'elle a étalés, donnez-lui torture et deuil. Car elle dit dans son cœur : "Je trône, je suis reine, je ne suis pas veuve, je ne verrai jamais le deuil."
08 C'est pourquoi des fléaux, en un seul jour, viendront sur elle : mort, deuil, famine, et elle sera brûlée au feu, car il est fort, le Seigneur Dieu qui l'a jugée. »
09 Alors, ils pleureront et se lamenteront sur elle, les rois de la terre qui se sont prostitués avec elle et qui ont partagé son luxe, quand ils verront la fumée de son incendie.
10 Ils se tiendront à distance par peur de ses tortures, et ils diront : « Malheur ! Malheur ! la grande ville, Babylone, ville puissante : en une heure, ton jugement est arrivé ! »
(...) 19 Et jetant de la poussière sur leur tête, ils criaient dans les pleurs et le deuil. Ils disaient : « Malheur ! Malheur ! La grande ville, dont l'opulence enrichissait tous ceux qui avaient des bateaux sur la mer : en une heure, elle a été dévastée ! »
20 Ciel, sois dans la joie à cause d'elle, ainsi que vous, les saints, les apôtres et les prophètes, car Dieu, en la jugeant, vous a rendu justice. » (Ap 18, 1-20 source AELF)

En paraphrasant mon homélie de ce week-end : Quelle est la leçon de ce texte ? c'est peut-être de regarder les choses à l'envers. Le petit, le faible, le rejeté, le fêlé nous donnes accès à Dieu. Comme le diacre Philippe pendu par les pieds laissons nous retourner. La gloire des hommes du verset 7 ne conduis qu'à la mort....

Celle de Dieu, c'est de voir le monde à l'envers des hommes : comme Jean Vanier, comme Jésus aimer le petit et le faible. 

C'est le chemin du Christ, la kénose, Écoutons ce que nous dit Paul en Ph. 2. Il s'est abaissé, c'est fait esclave, c'est pourquoi Dieu l'a relevé et lui a donné la gloire. 

« Il est venu en ce monde en s'incarnant non pour être servi, mais, comme il le dit lui-même, pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude.
Il le reconnaissait bien : il est venu évidemment pour accomplir les promesses faites à Israël, puisqu'il disait : Je n'ai été envoyé qu'aux brebis perdues d'lsraël. C'est pourquoi saint Paul ne ment pas lorsqu'il dit que le Christ s'est fait le serviteur des Juifs pour garantir les promesses faites à leurs pères. Mais il dit aussi que le Christ a été chargé par Dieu le Père de faire obtenir miséricorde aux païens, afin qu'eux aussi le glorifient comme le Créateur et l'Artisan de toutes choses, le Sauveur et le Rédempteur. ~ Ainsi, la clémence divine s'est étendue à tous, les païens ont été accueillis, et le mystère de la sagesse accompli dans le Christ n'a pas dévié de son but de miséricorde. Pour remplacer ceux qui sont tombés, c'est le monde entier qui a été sauvé par la compassion de Dieu. » (1)

Notre salut est dans le Christ serviteur. 

(1) Saint Cyrille d’Alexandrie, commentaire de la lettre aux Romains, source AELF, office des lectures du samedi de la 4eme semaine de Pâques 






13 février 2019

Au fil de Marc 6, 53sq - Jésus guérisseur

« Tous ceux qui le touchèrent étaient sauvés »

« Non seulement il confère à sa parole le pouvoir de ressusciter les morts, mais encore, pour montrer que son corps est vivifiant, il touche les morts, et par sa chair il fait passer la vie dans leurs cadavres. Si le seul contact de sa chair sacrée rend la vie à un corps qui se décompose, quel profit ne trouverons-nous pas à son eucharistie vivifiante quand nous ferons d'elle notre nourriture ? Elle transformera totalement en son bien propre, qui est l'immortalité, ceux qui y auront participé » (1)

(1) Saint Cyrille d'Alexandrie, Commentaire sur l'évangile de Jean, 4

16 novembre 2018

Au fil de Luc 17,26-37.- Le retour

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Comme cela s’est passé dans les jours de Noé, ainsi en sera-t-il dans les jours du Fils de l’homme. » (Luc 17, 26)

Il faut lire cet extrait dans la foulée des lectures précédentes. La vision apocalyptique nous incite à réfléchir sur notre propre salut. Il viendra de notre capacité à entendre la Parole. Le salut vient de Dieu.

Au delà de  l’accent un peu noir du texte, à contextualiser dans l’epoque post 70 (chute de Jérusalem) de l’Ecriture c’est un regard sur notre aujourd’hui qui est en jeu.

« Nous annonçons la venue du Christ : non seulement son premier avènement, mais encore un second beaucoup plus éclatant. Le premier en effet a été marqué du signe de la patience, tandis que l'autre portera le diadème de la royauté divine... Lors du premier avènement, il a été emmailloté et couché dans la crèche ; lors du second, il sera « drapé de lumière comme d'un manteau » (Ps 103,2). Lors du premier, il a subi la croix et méprisé la honte ; lors du second, il s'avancera dans la gloire escorté d'une armée d'anges.
Il ne nous suffit pas de nous appuyer maintenant sur le premier avènement ; nous attendons encore le second. Et après avoir dit, lors du premier : « Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur » (Mt 21,9), nous le redirons encore au moment du second, quand nous viendrons avec les anges à la rencontre du Seigneur pour l'adorer. Le Sauveur viendra non pour être à nouveau jugé, mais pour juger ceux qui ont porté jugement... Il était venu alors pour réaliser le salut et enseigner les hommes par la persuasion ; mais ce jour-là, il soumettra tout à sa royauté ». (1)

(1) Saint Cyrille de Jérusalem, Catéchèse baptismale 15, 1-3 ; PG 33, 870-871 (trad. Orval), source Evangelizo 



23 mai 2015

À la lumière de Pâques, en chemin vers la Pentecôte

Vivre en Christ

À l'ombre de la Croix et de la Résurrection,  il est bon de contempler l'inaccessible rêve auquel nous sommes appelés en Dieu. 
La première lettre de Jean nous en donne une première clé : " Dieu nous a donne la vie éternelle, (...) cette vie est dans son Fils. Celui qui a le Fils a la vie (...). Je vous ai écrit ces choses, afin que vous sachiez que vous avez la vie éternelle (...) [Si] nous avons auprès de Dieu cette pleine confiance, que, si nous demandons quelque chose selon sa volonté, il nous écoute. Et si nous savons qu'il nous écoute, quelque chose que nous lui demandions, nous savons que nous obtenons ce que nous avons demandé. (1 Jean 5, 11-15)
Quel est l'enjeu : "Si le Christ est en vous, votre corps a beau être voué à la mort à cause du péché, l’Esprit est votre vie, parce que vous êtes devenus des justes. Et si l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous, celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous". (Rm 8, 10-11)
Vivre en Christ paraît comme l'aboutissement de notre chemin, une vie où la paix et l'unité se mêle à la danse. « Si je ne pars pas, le Paraclet ne viendra pas à vous », nous confie Jésus dans son testament spirituel (Jean 14-16) qu'il faudrait méditer dans son ensemble.  À ce sujet, saint Cyrille d'Alexandrie(1) le commente ainsi : "Tout ce que le Christ avait à faire sur la terre était maintenant accompli ; mais il fallait absolument que nous devenions participants de la nature divine du Verbe, c'est-à-dire que nous abandonnions notre vie propre pour qu'elle se transforme en une autre, qu'elle se transfigure pour atteindre la nouveauté d'une vie aimée de Dieu. Et cela ne pouvait se faire autrement que par union et participation à l'Esprit Saint. Le moment le plus indiqué et le plus opportun pour l'envoi de l'Esprit et sa venue en nous était celui où le Christ notre Sauveur nous quitterait. En effet, aussi longtemps qu'il demeurait dans la chair auprès des croyants, il leur apparaissait, je crois, comme le donateur de tout bien. Mais lorsque viendrait le moment où il devrait monter vers son Père des cieux, il faudrait bien qu'il soit présent par son Esprit auprès de ses fidèles, qu'il habite par la foi dans nos cœurs. Ainsi, le possédant en nous-mêmes, nous pourrions crier avec confiance : Abba, Père ; nous porter facilement vers toutes les vertus et, en outre, montrer notre force invincible contre tous les pièges du démon et toutes les attaques des hommes, puisque nous posséderions l'Esprit tout-puissant. Les hommes en qui l'Esprit est venu et a fait sa demeure sont transformés ; ils reçoivent de lui une vie nouvelle comme on peut facilement le voir par des exemples pris dans l'Ancien et le Nouveau Testament. Samuel, après avoir adressé tout un discours à Saül, lui dit :L'Esprit du Seigneur fondra sur toi et tu seras changé en un autre homme. Quant à saint Paul : Nous tous qui, le visage dévoilé, reflétons la gloire du Seigneur, nous sommes transfigurés en cette même image, de gloire en gloire, comme il convient au Seigneur qui est Esprit. Car le Seigneur, c'est l'Esprit. Vous voyez comment l'Esprit transforme pour ainsi dire en une autre image ceux en qui on le voit demeurer. Il fait passer facilement de la considération des choses terrestres à un regard exclusivement dirigé vers les réalités célestes (...). Nous constatons que ce changement s'est produit chez les disciples : fortifiés ainsi par l'Esprit, les assauts des persécuteurs ne les ont pas paralysés ; au contraire, ils se sont attachés au Christ par un amour invincible. (...) Elle est donc bien vraie, la parole du Sauveur : C'est votre intérêt que je retourne au ciel. Car, c'est le moment de la descente de l'Esprit. "
Quels sont les fruits de l'Esprit.  Il nous faudrait relire Paul et les contempler à nouveau.  Mais nous le sentons bien,  l'issue du chemin est la vie en Christ,  c'est à dire sentir à la fois sa présence en nous par le mystère de l'eucharistie et en même temps contempler son absence, son caractère insaisissable qui fait naître en nous le désir de la danse.
"Tous ensemble ils dansent, et ils chantent : « En toi, toutes nos sources ! » nous dit le Psaume 86, 7.
Redisons le : Si l'on écoute saint Basile (2) les dons de l'Esprit sont une invitation à danser :" les âmes qui portent l'Esprit, illuminées par l'Esprit, deviennent elles-mêmes spirituelles et renvoient la grâce sur les autres.  De là viennent (...) la distribution des dons spirituels (...), la danse avec les anges, la joie sans fin, la demeure en Dieu, la ressemblance avec Dieu."


L'enjeu est aussi pastorale,  comme le clame  Zacharie à son fils, il nous faut,  à la suite du Baptiste devenir nous aussi "prophète du Très-Haut,  marcher devant, à la face du Seigneur, et préparer ses chemins 77 pour donner à son peuple de connaître le salut(...) [dévoiler la] "78grâce [et] la tendresse, (...) l'amour de notre Dieu, (..) 79 pour illuminer ceux qui habitent les ténèbres et l'ombre de la mort, [et] conduire (...) au chemin de la paix. (Luc 1, 76-78).

"Il nous a rendus participants de sa divinité et il nous incorpore tous à lui. D'ailleurs la divinité à laquelle nous participons par cette communion n'est pas divisible en parties séparées ; il s'ensuit nécessairement que nous aussi, une fois que nous avons participé à elle en vérité, nous sommes inséparables de l'Esprit unique, formant un seul corps avec le Christ." (3). Nous parvenons alors "en Christ"
(1) saint Cyrille d'Alexandrie,  commentaire de Jean
(2) Saint Basile, traité sur les dons de l'Esprit
(3) Syméon le Nouveau Théologien, Éthique 1, 6-8 (trad. Prière mystique, Cerf 1979, p. 75 rev.) 

Pour aller plus loin cf. ci dessous les libellés "danse" et "En Christ"



12 mai 2015

Suivre le Christ

Est ce que le chemin est accessible à l'homme....
Prendre le chemin du désert,  c'est prendre un chemin de crête, c'est renoncer à ces adhérences au monde qui nous retiennent. Écoutons saint Cyrille :

Même s'il est encore dans la chair, puisqu'il est redevenu vivant le troisième jour et qu'il se trouve dans le ciel auprès du Père, on comprend qu'il est au-dessus de la chair : mort une fois pour toutes, il ne mourra plus, sur lui la mort n'a plus aucun pouvoir. (...) il faut absolument que nous suivions ses traces et qu'on nous voie vivre non pas tellement dans la chair qu'au-dessus de la chair. Saint Paul a eu tout à fait raison de dire : Si quelqu'un est dans le Christ, il est une créature nouvelle. Le monde ancien s'en est allé, un nouveau monde est déjà né. ~ En effet, nous avons été rendus justes par la foi au Christ, et la malédiction n'a plus aucune force. Il est redevenu vivant pour nous, après avoir terrassé le pouvoir de la mort. Nous avons reconnu qu'il est Dieu par nature et véritablement. (1)

Sans commentaire....

(1) Saint Cyrille d'Alexandrie,  commentaire sur la seconde lettre aux Corinthiens

20 avril 2015

Le chemin du désert - 2

La traversée du désert est aussi ce lieu de mise en retrait où nous pouvons prendre du recul sur nos vies pour percevoir le don de Dieu et notamment ses fruits invisibles. 
Comme le suggère Newman,  "nous ne discernons pas la présence de Dieu au moment où elle est avec nous, mais seulement après, quand nous reportons nos regards vers ce qui s'est passé et qui n'est plus... Des événements nous arrivent, agréables ou pénibles ; nous n'en connaissons pas la signification ; nous ne voyons pas en eux la main de Dieu. (...) Nous ne voyons rien. Nous ne voyons pas pourquoi telle chose arrive, ou à quoi elle tend. Un jour, Jacob s'est écrié : « Tout est contre moi ! » (Gn 42,36) ; certainement il semblait bien que ce soit ainsi... Et pourtant tous ses malheurs devaient tourner à bien. Considérez son fils Joseph, vendu par ses frères, emmené en Égypte, emprisonné, les fers entrant même dans son âme, et qui attendait que le Seigneur jette sur lui un regard de bienveillance. Plusieurs fois le texte sacré dit : « Le Seigneur était avec Joseph »... Après coup, il a compris ce qui sur le moment était si mystérieux, et il dit à ses frères : « Dieu m'a envoyé en avant de vous pour sauver vos vies. Ce n'est pas vous qui m'avez envoyé ici, c'est Dieu » (Gn 45,7).  Merveilleuse providence, si silencieuse et pourtant si efficace, si constante et infaillible ! C'est ce qui déjoue le pouvoir de Satan ; il ne peut pas discerner la main de Dieu à l'œuvre dans le cours des événements". (1)

Or Satan est le diviseur, qui se complait dans le bruit et la confusion.  Dans le désert,  l'ordre réapparaît et sa confusion est mise à jour.  C'est pourquoi dès les premières pages de la Bible, chez Osée (2) face à la confusion de Gomer, Dieu dit : "je la conduirait au désert".  (Osée 2, 7).
 C'est pourquoi à sa suite,  l'Esprit conduit l'homme-Jésus au désert,  car là seulement la claire vision de Dieu nous est rendue.

À notre tour, le passage au désert peut être le lieu d'un combat intérieur entre nos tendances à l'adhérence au mal et cette libération de nos êtres en vue de la réception pleine et entière du don de Dieu. 

À l'image de ce combat évoqué de Jacob, la lutte peut être douloureuse,  mais combien plus sera la libération accessible.  Car en se purifiant de l'inessentiel nous trouvons l'essence de nos vies, le coeur à coeur auquel nous sommes invités.  La danse de Jacob est le prélude de la danse des anges,  c'est l'ultime symphonie de celui qui trouve son Dieu, et en se laissant saisir,  reprends la course sans fin de l'apôtre,  qui ne perçois plus le passé que comme des balayures, tant la marche vers et avec Dieu le comble. (Cf. Ph 3).

 Les pèlerins d' Emmaüs ( luc 24, 13ss) en ont fait l'expérience.  Fuyant la mort du Fils dans le désert, ils trouvent Celui qui ouvre leurs yeux sur le passé, leur fait distinguer Ses fruits invisibles et surtout Se rend présent dans la fraction du pain, au point que leur coeur devient tout brûlant d'une présence inaccessible et qui pourtant les transporte. Alors, "devenants des « porte-Christ » [« christophe »], Son corps et son sang se répandant dans [leurs] membres, [ils deviennent] participants de la nature divine" (3) et peuvent revenir à Jérusalem,  monter sur le "mont de la rencontre" car Dieu est en eux, avec eux.


(1) Bienheureux John Henry Newman in PPS IV,17 « Christ Manifested in Remembrance.
(2) l'exégèse moderne considère le livre d'Osee comme le plus ancien.
(3) Saint Cyrille de Jérusalem Catéchèses baptismales n 22 (trad. Éditions du Soleil levant, 1962, p. 471)