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10 octobre 2018

A la suite de Marie - l’amour est en toi 19

« Marie est l'archétype de l'Église, parce qu'elle est originellement les deux choses en même temps : lieu de l'habitation réelle et corporelle du Verbe jusqu'à l'intimité de l'unique chair de la mère et de l'enfant, mais ceci [à] partir de la condition spirituelle de servante de toute sa personne corporelle et psychique (...) parce qu'elle est vierge, c'est à dire auditrice exclusive de la Parole, elle devient mère, lieu de l'incarnation du Verbe (...) toute contemplation doit prendre Marie comme modèle pour se prémunir d'un double danger : considérer la Parole comme quelque chose d'extérieur, au lieu de la considérer comme le plus profond mystère au centre de nous-mêmes, comme ce en quoi nous vivons, nous nous mouvons et nous sommes. Et considérer la Parole comme une parole si intérieure que nous la confondons finalement avec notre propre être, avec une sagesse disponible à notre gré et nous ayant été donnée en partage une fois pour toutes » (1)

(1) Hans Urs von Balthasar, La prière contemplative, Parole et Silence, 2002, 2018, p. 23

08 septembre 2018

Nativité de la Vierge - Saint André de Crête - l’amour vient en toi - 17

"la naissance de la Mère de Dieu inaugure le mystère qui a pour conclusion et pour terme l'union du Verbe avec la chair. (...) C'est maintenant que la Vierge vient de naître, qu'elle est allaitée, qu'elle se forme, qu'elle se prépare à être la mère du Roi universel de tous les siècles."(1)

Ce que nous contemplons est à la fois le sommet du plan de Dieu sur l'homme que les premiers chrétiens ont trouvé décrit en Isaïe 7, 14, la venue à venir du Sauveur au cœur d'une vierge, mais plus originellement le travail intérieur, qui le précède et prend chair dans l'humanité comme en nous, la venue de Dieu au fond de nos pâtes humaines. Dieu s'est penché sur notre chair, a soufflé en nous un désir. Elle est la "première en chemin" sur cette route qui conduit à recevoir le Christ.

(1) Saint André de Crête, Homélie sur la nativité de la Vierge, source AELF, bréviaire du 8/9.

26 juillet 2016

Nativité de la Vierge

Si l'on contemple aujourd'hui la nativité de la Vierge elle même et si l'on affirme qu'elle a été conçu sans péché,  ce n'est pas pour déclarer que l'union des corps est lieu de chute,  mais plutôt pour nous aider à percevoir le chemin qu'il nous reste à parcourir pour atteindre cette perfection à venir qui fera de nos corps le temple véritable du Seigneur. 
Qui sommes nous en effet pour accueillir en nous la sainteté de Son Corps déchiré ?
Si la grâce nous donne de le recevoir,  c'est peut être qu'à son contact ce qui est indigne de lui se purifie, tel un buisson épineux brûlant sans se consumer mais devenant empli de l'intérieur de l'inconnaissable et inouï amour de Dieu pour l'homme.
Creusons en nous cette soif intérieure qui transformera nos corps pour ne faire qu'avec lui une seule chair. Entrons dans cette dynamique sacramentelle qui fait de nous des fils, pâles images d'un Dieu qui se révèle en nous, en dépit de nos faiblesses.

" Tandis que le Christ saint, innocent, sans tache, venu uniquement pour expier les péchés du peuple, n'a pas connu le péché, l'Église, elle, qui renferme des pécheurs dans son propre sein, est donc à la fois sainte et appelée à se purifier, et poursuit constamment son effort de pénitence et de renouvellement. » (LG 42)

06 juin 2016

Un avec lui

Dans une longue diatribe, Balthasar(1) critique cette pratique du baptême des tous petits qui date pourtant du troisième siècle. Il y a pour lui en effet un non sens d'appeler sacrement un acte où la personne ne peut consentir à s'unir avec son Dieu. A l'inverse, il souligne combien le sacrement de réconciliation est au coeur de la dynamique sacramentelle tant l'homme qui s'engage dans le chemin de la conversion, de l'humilité et de la miséricorde rejoint intérieurement le coeur de Dieu. 
On peut méditer dans ce sens cette réceptivité particulière de la Vierge, que l'Église fête le 4 juin.  Elle a fait de sa vie une offrande intérieure. 

Écoutons Justinien sur ce thème :"elle était comblée de joie, merveilleusement fécondée par l'Esprit, et elle s'élançait vers Dieu tout en demeurant dans l'humilité. De tels progrès dans la grâce divine élèvent jusqu'aux sommets et transfigurent de gloire en gloire, (...) habitée par l'Esprit et par son enseignement, elle obéissait toujours et en toutes choses aux ordres du Verbe. Elle n'était pas guidée par son sentiment personnel, pas sa propre décision ; mais ce que la sagesse suggérait intérieurement à sa foi, elle l'accomplissait extérieurement pas son corps. Il convenait bien à la divine Sagesse, qui bâtissait, pour y habiter, la demeure de l'Église, il lui convenait d'employer Marie la toute sainte pour procurer l'observance de la loi, la purification de l'âme, l'idéal de l'humilité et le sacrifice spirituel. Imite-la, âme fidèle. Pour te purifier spirituellement et pouvoir te délivrer de la maladie du péché, entre dans le temple de ton cœur. Dieu y regarde toute affection plus que notre ouvrage, en tout ce que nous faisons. Aussi nous pouvons, par le désir de la contemplation, nous jeter en Dieu pour ne penser qu'à lui ; ou bien nous pouvons chercher notre équilibre par le progrès des vertus et des activités profitables à notre prochain ; en tout cela n'ayons pas d'autre mobile que l'amour de Christ. Voilà quel est le sacrifice spirituel de purification qui est agréable à Dieu. Il ne s'accomplit pas dans un temple matériel, mais dans le temple de notre cœur où le Christ Seigneur fait avec joie son entrée." (2)

À sa suite,  cherchons à aimer Dieu de tout notre cœur, de toute notre âme et de toutes nos forces (Mc 12,30), a toujours voulu tout ce que Dieu veut, à mettre toute notre joie en  Dieu.  "Il est notre chef, notre tête, et nous sommes ses membres (Col 2,19) et par conséquent que nous ne sommes qu'un avec lui" (3)

( 1) Hans Urs von Balthasar, GC1,  op Cit p. 490ss
(2) Sermon de saint Laurent Justinien
(3) d'après une méditation de Jean Eudes, Le Cœur admirable, livre 9, ch. 4 


22 août 2015

Marie, temple du Christ

On ne peut pas dire que je suis atteint d'une grande piété mariale au sens de la tradition populaire. Un manque d'humilité probablement... Et pourtant, la figure de Marie me travaille, non comme médiation (il n'y a qu'un seul médiateur, le Christ !), mais comme chemin. C'est probablement l'humilité de la femme qui me touche, dans la contemplation de cette vierge que l'on trouve peinte par Fra Angelico au fond d'une cellule d'un couvent de Florence. Elle se penche en avant, comme depassée par l'ampleur de ce qu'on lui demande : être temple du Christ.

N'est ce pas, à sa suite, que l'on peut tressaillir à l'idée que bien qu'indigne, nous pouvons être appelé petit temple du Christ dans l'eucharistie ?

Je découvre ce matin dans l'office de mâtines, ce bel hymne qui rend hommage au premier temple de la nouvelle alliance :

Femme voulue par Dieu 
Comme une œuvre parfaite 
En qui reposerait
Le don de son Amour,
Tu exultes de joie
Aux promesses de vie : 
Les pauvres en ton enfant 
Seront peuple de prêtres, 
Fils du Très-Haut.

Femme comblée par Dieu 
De sagesse et de grâce 
Pour être parmi nous Reflet de sa bonté, 
Tu révèles Celui Qui étanche la soif : 
Le Christ a fait pour toi 
Couler en abondance 
Un vin nouveau.

Femme guidée par Dieu 
Au désert de l'épreuve 
Où manque à notre espoir 
La force d'un appui, 
Tu nous vois chancelants 
Sous le poids de la croix : 
Ta foi inébranlée 
Soutient notre faiblesse 
Et nous conduit.

Femme donnée par Dieu 
À l'Église naissante 
Qui brûle d'accueillir 
Le souffle de l'Esprit, 
Ton silence nous offre 
Un espace de paix : 
En toi nous écoutons 
La source qui murmure 
Au fond des cœurs.

Femme vêtue par Dieu 
D'un manteau de lumière, 
Quand l'ombre de la mort 
S'étend sur l'univers, 
Tu éclaires la voie 
Du Royaume des cieux : 
Servante du Seigneur, 
Tu règnes dans la gloire 
Avec ton Fils. (1)

À cette lumière les propos de Jean-Paul II nous donne à penser : Celui qui se nourrit du Christ dans l'eucharistie n'a pas besoin d'attendre l'au-delà pour recevoir la vie éternelle : il la possède déjà sur terre, comme prémices de la plénitude à venir" (2). Que dire de celle qui portait le Christ en son sein,  habitée de Dieu,  mère de Dieu,  disait même les pères de l'Église. 
À sa suite, contemplons ce qu'il ajoute : "L'eucharistie est vraiment un coin du ciel qui s'ouvre sur la terre. C'est un rayon de la gloire de la Jérusalem céleste, qui traverse les nuages de notre histoire et qui illumine notre chemin." (3)

(1) Source : Bréviaire,  AELF,  office des lectures du 22/8/15
(2) Saint Jean-Paul II (1920-2005), Encyclique « Ecclesia de Eucharistia », 18-19 (trad. © copyright Libreria Editrice Vaticana)
(3) ibid.