Affichage des articles dont le libellé est apophatisme. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est apophatisme. Afficher tous les articles

07 avril 2016

Présence et absence - 2

A partir d'une présentation succincte de l'apophatisme de la physique quantique (1) digne de sa connaissance dans le domaine, le physicien et théologien Christophe Gripon nous conduit sur les pas de Denys l'Aréopage, jusqu'à Yannaras. Quel est l'enjeu ? 
Réfuter tout discours trop rationnel sur un Dieu qui nous échappe et parvenir à "la négation des idoles rationnelles de Dieu" (2), et accepter de fait "l'inconnaissance comme unique catégorie de connaissance" (3) ou comme le dit le Pseudo-Denys, "le non-être au delà de l'essence" (4).

Il y a, dans les propos de Gripon, des phrases qui me rappellent la philosophie de Lévinas, disciple lui-même de cet Heidegger qu'il cite. C'est d'abord la question de l'Autre, la différence entre le Dire et le dit et cela va jusqu'au titre de son ouvrage sur "L'autrement qu'être, ou au-delà de l'essence"....

Mais poursuivons. N'y a-t-il pas un risque mys‎tique ? Non dit Yannaras : "La distinction ineffable (...) rend possible à l'homme la participation au Dieu imparticipable (...) [tout en supposant] l'autonomie de la personne (...) et excluant la confusion, la dissolution de la personne dans l'extase mystique". (5) 

En fait, comme il le précise plus loin, la connaissance apophatique est "ordonnée à la communion des personnes", et nécessite une "anthropologie essentiellement kénotique"(6), ce qui n'est pas sans rejoindre ce que je démontre dans mon tome 2 d'humilité et miséricorde : décentrement et communion. Décidément nos pensées se rejoignent.


(1) Christophe Gripon, Éros, un chemin vers Christ-Sophia, op. Cit p. 102 ‎ (on aimerait qu'il en dise plus, mais n'est-ce pas ça justement l'apophatisme : garder en vue l'incompréhensibilité de Dieu).
(2) Christos Yannaras, De l'absence à l'inconnaissance, p. 93‎, ibid. p. 115
(3) Gripon p. 115
(4) Yannaras p. 95
(5) p. 115 ‎ 
(6) Gripon p. 118 et note 343.