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05 février 2020

Conversion intérieure - l’amour en toi 52

Il y a une interaction subtile entre la lente révélation de Dieu et la prise de conscience intérieure de sa présence et surtout l'ouverture du cœur qui en résulte : « ce mouvement de grâce par lequel Dieu tourne la création vers lui est un mouvement de conversion vers Dieu (...) En tournant la créature vers lui, Dieu lui permet de prendre conscience d'elle-même : la conscience de soi est intérieure à la conscience de Dieu. Telle est la doctrine de l'intériorité de la conscience chez Augustin : il faut que je demeure en toi pour que je demeure en moi : noverim te, noverim me. Cet acte d'être tourné vers Dieu évite à la conscience de se fermer sur elle-même et inaugure un mouvement qui la constitue comme désir, mouvement lui-même constitutif de la création »(1)

Mais le désir d’aimer (et donc le désir de Dieu) n’est que le premier pas. Notre joie vient de cette liberté qui résulte de l’amour en actes et en vérité. Nous sommes libres dès que nous quittons toutes ces adhérences au mal, c’est aliénations qui sont illusions de liberté et qui conduisent à moins aimer.

L’irruption du visage d’autrui est le chemin de notre liberté dirait Lévinas...

(1) Bernard Sesboué, L'homme, merveille de Dieu, Paris, Salvator, 2015 p. 96

15 mars 2019

Beauté du monde et séduction divine - Gerard Manley Hopkins

"Dieu s'empare de l'âme en deux opérations. D'abord par le piège de la beauté, il l'enlève par surprise et pure violence, tout à fait malgré elle et sans qu'elle sache où elle va ; puis par un mélange de surprise, de contrainte et de séduction, il lui arrache son consentement en lui faisant goûter un instant la joie divine. Alors elle est prise pour toujours" (1)

Ce texte cité par François Marxer (2) est interpellant à bien des égards. Même s'il l'utilise pour décrire la conversion de Simone Weil, la notion de violence de Dieu peut déranger. Mais qu'est-ce à dire si ce n'est un arrachement de notre paresse et de notre quiétude stérile ? Dieu nous fait violence car notre nature nous fait fuir, à la manière de Jonas, l'appel incessant de l'où es-tu de Dieu (Gn 3). La séduction de Dieu n'est pas celle du serpent. Elle utilise d'autres armes, celle de la Vérité, de la grandeur d'âme et de cet appel intérieur qui fait jaillir en nous l'amour enfoui.

(1) Gerard Manley Hopkins, Cahier VIII, dans OC VI, Paris, Gallimard, 2002, p. 59
(2) Au péril de la Nuit, Femmes mystiques du XXeme siècle, Paris, Cerf, 2017, p. 172

04 mai 2016

Conversion

Une conversation spirituelle ‎peut se dérouler sans référence explicite à l'Esprit nous rappelle Christoph Théobald (1). Le franchissement du "seuil" qui lui donnera une dimension spirituelle cette fois explicite ne vient que lorsqu'à l'invitation d'un tiers qui "en vit déjà", elle peut advenir par la conversion de la personne à "une écoute responsable ou répondante (ob-auditio = obéissance) à l'Esprit (2).

Comment peut se faire ce passage de l'implicite ‎ à l'explicite ? Quand la proposition peut-elle se faire ? Une chose est de vivre dans l'Esprit (...) une autre est de vivre sous la conduite de l'Esprit (3). La conversation doit se rendre progressivement attentive à ce qui se passe dans l'interlocuteur, renvoyé à sa liberté et confié à ce ou plutôt à Celui qui se révèle en lui et à lui comme véritable "maître intérieur" de son existence (3) 
En cela, la proposition, nécessaire à une première introduction ne pourra jamais produire la conversion (...) qui est toujours l'oeuvre de l'Esprit-Saint qui doit être repéré lui-même dans une autre inaliénable liberté (4)


(1) Paroles humaines, Parole de Dieu, Paris, Salvator, 2015, p. 163
(2 à 4) ibid.‎ p. 164 à 166.

17 février 2016

Conversions intérieures

Le Fils de Dieu prône une attitude, "signifiée à travers lui, plus grande, plus divine et plus parfaite : dépouiller l'âme elle-même et ses dispositions intérieures de leurs passions cachées, arracher jusqu'à la racine et rejeter les éléments étrangers à l'esprit" nous disait déjà Clément d'Alexandrie au IIème siècle (1) Qu'est-ce à dire ? 
Ce que l'Église appelle péché - même si je trouve le mot trop moralisateur - n'est autre que toutes ces adhérences aux passions intérieures qui viennent du mauvais coeur en nous, celui qui nous détourne de la triple vocation de l'homme : contempler, adhérer et agir en Christ.
Contempler le Christ en ce qu'il a de fondamentalement bon peut nous amener à cette conversion intérieure. Un chemin semé d'embûches mais qui conduit au Père.

(1) Clément d'Alexandrie, Quel riche sera sauvé ? Paris, Cerf, SC 2011, cité in Le livre de la miséricorde, op. Cit p. 36

25 août 2015

Cinq chemins de conversion

Un petit sentier, tracé par saint Jean Chrysostome, qui semble tout simple et pourtant va à l'essentiel :
a) la condamnation de nos péchés,
b) le pardon accordé aux offenses du prochain;
c) la prière ;
d) l'aumône
e) l'humilité. 
"Ne reste donc pas inactif, mais chaque jour emprunte tous ces chemins ; ce sont des chemins faciles et tu ne peux pas prétexter ta misère. Car, même si tu vis dans la plus grande pauvreté, tu peux abandonner ta colère, pratiquer l'humilité, prier assidûment et condamner tes péchés. Ta pauvreté ne s'y oppose nullement. Mais qu'est-ce que je dis là ? alors que, sur ce chemin de la conversion où il s'agit de donner ses richesses (c'est de l'aumône que je veux parler), même la pauvreté ne nous empêche pas d'accomplir le commandement. Nous le voyons chez la veuve qui donnait ses deux piécettes. Nous avons donc appris comment soigner nos blessures; appliquons ces remèdes: revenus à la vraie santé, nous profiterons hardiment de la table sainte et avec beaucoup de gloire nous irons à la rencontre du roi de gloire, le Christ. Obtenons les biens éternels par la grâce, la miséricorde et la bonté de Jésus Christ notre Seigneur."
(1)  Saint Jean Chrysostome, Sermon sur le diable tentateur,  source Bréviaire AELF

12 octobre 2014

L'apôtre, par Cheyenne Carron, un film dérangeant


Le nouveau film de Cheyenne Carron nous conduit sur le sentier difficile de la tolérance inter-religieuse. Un film à voir.
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Akim, fils d'une famille algérienne et musulmane, appelé à devenir iman, est troublé par l'attitude d'un prêtre qui pardonne à l'assassin de sa soeur.
Il fait un chemin intérieur qui le conduit à se convertir au catholiscime.
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Ce film tourné à petit budget, aux images qui tanguent un peu, est plein d'énergie. Plus que la conversion d'un homme, c'est une ode à la capacité de tout homme à accepter la différence. Car le chemin d'Akim bouleverse aussi sa famille, génère violence, incompréhension, puis mouvements intérieurs.
On aimera aussi les balbutiements de la partie catholique...
Ce film nous interpelle sur notre capacité à accepter la différence. A voir.

Je regrette la présence d'un "corbeau noir" trop porté par des gens que je trouve de leur côté bien peu "tolérants". Mais je comprends les arguments de Cheyenne sur la visibilité...


www.cheyennecarron.com/films.php


18 juin 2014

L'esprit descend vers nous.

L'esprit descend vers nous. Peut-on dire qu'il ya, là aussi, kénose ?

L'attitude que cette descente génère en nous est très différente de cette vénération du Sinaï où il fallait "vénérer Dieu" dans sa hauteur, comme nous le rappelle saint Augustin dans la Lettre et l'Esprit, § 27*.

Pourquoi cette différence ? 

C'est peut-être comme l'exprimait très bien ce matin à la messe, notre vicaire,
parce qu'il doit s'agir non d'un bouleversement de notre attitude, mais d'une con-version (son geste d'une main qui se retourne disait bien le mouvement à accomplir). Je compléterai en parlant d'un changement d'axe, qui n'est plus axé sur la crainte, mais bien l'amitié, la communion.

Grâce à l'Esprit, nous sommes appelés à vivre "en christo" (en Christ) comme insiste bien à ce sujet H. UvB, dans l'un des tomes de sa Trilogie.

On pourrait compléter avec cette belle phrase du discours final : "Je ne vous appelle plus serviteurs, parce que le serviteur ne sait pas ce que fait son maître; mais je vous ai appelés amis, parce que je vous ai fait connaître tout ce que j'ai appris de mon Père." (Jn 15,15). Or l'ami ne craint plus de voir l'époux. Il l'attend et se réjouit de sa présence.

* Source Evangelizio
Crédit Image : C. Heriard, DR, Eglise de Saint-Lubin de Cravant