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24 juin 2022

Danser ? 2.67 pistes fragiles

 Nous entrons dans le temps ordinaire, mais après ce chemin qui nous a conduit du carême à la Pentecôte et à la fête du Saint Sacrement, le risque est justement d’oublier le chemin parcouru et de retourner vers l’ordinaire…


« Laisser vous conduire par l’Esprit… » suggère Paul dans la deuxième lecture de ce 13eme dimanche (Ga 5)…


Où veut-il nous conduire…?


Se laisser conduire est peut-être la première marche, pas forcément la plus simple à franchir.

Cela consiste à s’abandonner à autre chose, se laisser déconcerter, se laisser habiter…

Et de découvrir ce qui reste à faire…

Entendre l’appel profond et discret d’un Dieu qui nous appelle.


La première lecture comme l’Evangile nous invite à une deuxième grande marche : quitter…


Peut-être sont elle liées d’ailleurs ces deux marches ?

Se laisser conduire c’est accepter de quitter..

Quitter quoi ?

Ses habitudes,

Ses certitudes,

Son confort,

Les liens qui nous retiennent au passé…

Ils quitteront Père et mère pour faire une seule chair suggérait la Genèse…

Ce quitter est un pas vers l’inconnu.

Quitter sa chaise pour danser la danse de Dieu ?

Entendre cet « où es-tu ? » qu’il nous adresse depuis le jardin du monde, quand notre regard s’éloigne de l’arbre de vie (Gn 3).

N’est-ce pas cet appel là qui compte ?

Quitter, se libérer de nos adhérences pour faire « un seul Corps…? »


S’ouvrir à l’inconnu, abandonner pour une vraie liberté..

Libre de ce qui nous retient en arrière 

Libre pour donner, se dessaisir, abandonner nos attaches, nos enfermements, nos conforts factices…


« Tu ne voulais pas de sacrifices alors j’ai dit « Me voici.. »

Je veux faire ta volonté » nous suggère le psaume 40.


De cette tension apparente se distingue un nouveau chemin. 


Quitter c’est peut-être participer à ce nouveau sens du sacrifice que nous évoquons sur la pointe des lèvres au début de la consécration… un mot à double sens, mais qui, loin d’être un troc avec Dieu (sacrifice contre don) est d’abord une disponibilité intérieure… et une contemplation d’un Dieu qui s’efface dans le don. 


Trouver le chemin du don plus que celui de la contrainte…

Quitter pour en faire un pas de liberté… dans la volonté de rejoindre celui qui a tout donné pour nous.


Donner parce que nous avons reçu…

Donner car dans le don, nous célébrons justement Celui qui a tout donné pour nous.


Quitter parce que dans ce dessaisissement nous acceptons de faire Corps, de devenir Corps, nous rejoignons l’Église, nous participons au Royaume…


N’aies pas peur..

« Avance au large… »

Laissons le Christ nous pousser vers l’avant.. sachant que seule la force de l’Esprit nous permet d’avancer…


Marchons donc « sous la conduite de l’Esprit avec l’espérance du Psaume 15 (16), 1.2a.5, 7-8, 9-10, 2b.11)

« Garde-moi, mon Dieu : j’ai fait de toi mon refuge.

J’ai dit au Seigneur : « Tu es mon Dieu !

Seigneur, mon partage et ma coupe :

de toi dépend mon sort. »


Je bénis le Seigneur qui me conseille :

même la nuit mon cœur m’avertit.

Je garde le Seigneur devant moi sans relâche ;

il est à ma droite : je suis inébranlable.


Mon cœur exulte, mon âme est en fête,

ma chair elle-même repose en confiance :

tu ne peux m’abandonner à la mort

ni laisser ton ami voir la corruption.


Je n’ai pas d’autre bonheur que toi.

Tu m’apprends le chemin de la vie :

devant ta face, débordement de joie !

À ta droite, éternité de délices !


Oui tu nous apprends le chemin de la vie Seigneur…

11 novembre 2021

Danse fragile dans la nuit étoilée - 14

Méditation pour dimanche, v7

Ce 33eme dimanche qui vient, termine l’année liturgique avant le Christ-Roi. On ne doit pas pour autant entrer dans la noirceur d’un discours apocalyptique, mais trouver ensemble un chemin vers la joie, vers ces feuilles de figuier au vert tendre qu’évoque l’Evangile. Notre chemin est peut-être de contempler le passé avec distance, de se serrer les coudes et de tracer un chemin de charité partagée (en cette journée mondiale des pauvres), mais aussi d’espérance et de miséricorde.  Dieu ne veut pas la souffrance et la mort de personne disait Ezechiel, mais la vie… (cf. Ézékiel‬ ‭18:32‬ )


Quels sont les pas de danse que nous allons entreprendre pour mettre en nous et en nos frères des traces de cet amour et de cette espérance qui viennent de Dieu ?


J’ai joué de la flûte, allez-vous danser demande Jésus ? Mais quelle danse ? Une danse macabre où une danse fraternelle et joyeuse ? 


À leur manière, les textes de ce dimanche tracent ce sentier sinueux que l’on peut probablement mieux contempler à l’aune des pépites de la liturgie de cette semaine…


Nous avions notamment mardi un beau texte sur le temple d’où coule un torrent de vie…(Ez 47), ce torrent vient de Dieu, mais donne du fruit en se mêlant à la terre, il n’est pas une eau magique à regarder de loin, mais vient au contraire abreuver et donner de la force à notre agir. 

Dans notre nuit, sachons découvrir ce Dieu qui semble si loin et qui est pourtant si proche…


Nous pouvons rester dans la nuit, nous attacher à des étoiles et les lumières anciennes. Elles ont perdu de leur éclat, mais ne désespérons pas pour autant. Écoutons la première lecture.


« Beaucoup de gens qui dormaient dans la poussière de la terre s’éveilleront (...)  pour la vie éternelle » nous dit-elle.

    Ceux qui comme nous se rassembleront pour recevoir et écouter la Parole ensemble pourront transpirer voire resplendire de la lumière qui vient d’en haut, à condition de s’évider d’eux-mêmes pour laisser place à l’amour véritable à « la splendeur du firmament » et redonner ainsi place à ce Dieu qui nous aime pour toujours et à jamais.


« Garde-moi, mon Dieu,

j’ai fait de toi mon refuge.

Seigneur, mon partage et ma coupe :

de toi dépend mon sort….

De toi dépend mon sort..


Je garde le Seigneur devant moi sans relâche ;

il est à ma droite : je suis inébranlable.

Mon cœur exulte, mon âme est en fête,

ma chair elle-même repose en confiance :

tu ne peux m’abandonner à la mort

ni laisser ton ami voir la corruption.

Tu m’apprends le chemin de la vie :

devant ta face, débordement de joie !

À ta droite, éternité de délices ! (Ps 15 (16), 5.8, 9-10, 11)


Nous avons vu, au bout de la nuit LA lumière, dressée sur le bois, seul signe de l’amour véritable, sacrifice unique, pour qu’à sa suite, un peuple se mette en marche, une communauté de priants, les pierres vivantes d’un monde à reconstruire se nourrissent des trois dons de Dieu : amour, foi et espérance.


Nous savons que Christ est notre victoire, alors marchons, courons vers le but (cf. Ph 3), auquel Dieu nous appelle.


Le pain rompu ensemble, la parole partagée*, ce don de Dieu caché en nous dans le silence, cette eau vive, ce fleuve immense nous appellent à devenir le signe d’un demain meilleur, la danse scintillante des pierres vivantes que nous sommes, appelés à aimer, espérance pour les souffrants, à condition de ne pas nous cacher sous le boisseau et de faire grandir les dons reçus…


Feux follets ou scintillements de lumière ? Quel est ce firmament qu’évoque le livre de Daniel. La lumière divine sera Lumière si nos bougies fragiles allument ensemble un nouveau buisson ardent. Ce feu de l’amour et de la fraternité ne vient pas de nous. Il s’est allumé dans nos nuits obscures, dans nos soupirs et nos peines, mais il a réchauffé en nous ce cœur brûlant qui est don de Dieu et déjà une joie nouvelle brille en nos cœurs. Laissons là nous embraser…


Seul l’amour reçu et partagé sera lumière. L’eucharistie n’est rien si elle ne fait pas de nous un Corps, une charité vivante et agissante.


* cf. la Maison d’Évangile - La Parole Partagée