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16 juillet 2020

Ordination des femmes - Dépouillement 19 - espoir et conversion

Jusqu’où l’Eglise doit-elle se dépouiller ?
Le premier pas reste un appel toujours personnel adressé à chacun, dans la foulée de ce que je décris dans ma web série...(Dépouillement 1 à 18).

Il y en a un autre, plus difficile et double à mon avis :
1. celui des clercs (dont je fais maintenant partie) qui ne doivent jamais renoncer à s’éloigner de l’éternelle tentation du pouvoir et de l’orgueil qui s’attache à la fonction très symbolique de « ministre » - fonction qui est par essence d’abord une fonction de serviteur à l’image du Christ décrit par Jean (1).
2. et celui du féminisme qui s’attache à une égalité forcenée alors que les femmes ont des qualités qui leur sont propres...(ce qui n’exclut pas, comme on le verra plus loin une nécessaire réforme).

Depuis la candidature d'Anne Soupa au primat des gaules, des arguments valables ont été émis dans les deux sens, mais un chemin ardu est, j'espère, avancé. J´ai moi même souligné l'intérêt que l’on pourrait trouver dans une distanciation de plus en plus nécessaire entre pouvoir, surveillance, autorité, service et responsabilité.

A cette occasion je soulignais combien le rôle de surveillance attribué aux évêques par la plus ancienne des traditions pourrait fort bien échoir à des femmes, dans une urgence nettement appuyée par la crise récente.

Plus généralement c’est la notion même de sacrement qu’il serait nécessaire d´étendre pour ne pas réduire aux rites ce qui devrait être une dynamique sacramentelle (2)

Il y a enfin une dynamique post conciliaire à soutenir en faveur de la collégialité.

Je découvre tardivement un article de Charles Delhez qui a précisé notamment en juin dans La Croix que « Jésus a donné aux femmes une place plus importante que ses contemporains. Saint Paul (...) ajoute-t-il, « a proclamé haut et clair l'égalité de l'homme et de la femme.(...)(3)Réserver la prêtrise aux hommes est pour elle une question de cohérence symbolique [soulignant] deux manières différentes d'être au monde. » le jésuite belge précise néanmoins que  « Si l'on veut maintenir le dialogue avec la culture moderne et si on promeut une conception moins sacrée du prêtre, ordonner des femmes serait un pas en avant dans la ligne du tournant opéré par Jésus. Cela irait dans le sens de l'histoire et lèverait une réserve importante de nos contemporains vis-à-vis de l'institution ecclésiale. Ce ne serait pas un non-sens, me semble-t-il. (...)  La première étape serait dès lors la réinstauration de diaconesses et le choix de femmes cardinales. L'onction des malades pourrait aussi être donnée par le baptisé, femme ou homme, qui a mission d'accompagner spirituellement la personne souffrante. Ne doit-on pas desserrer l'étau sacramentel devenu un quasi-monopole sacerdotal et masculin (exception faite pour le mariage et le baptême) ? (...) La première question n'est cependant pas, selon moi, celle du sacerdoce, féminin ou masculin – ce serait encore du cléricalisme –, mais celle de la vitalité des communautés appelées à être davantage responsables et adultes. On peut d'ailleurs se demander si la figure actuelle du clergé n'est pas dépassée » (4)
Cette question rejoint ce que j'ai noté dans mon livre de 2013 : « Cette église que je cherche à aimer » (5) un plaidoyer que je ne renie pas en dépit de mon changement d'état.
S'il est important pour chacun de comprendre l'étendue de sa différence il n'est pas incompatible de concevoir l'intérêt pour chacun d'une certaine humilité entre fonction reçue et place effective, pouvoir donné et humilité.
Je reste persuadé qu'une conversion intérieure des clercs doit se faire pour réaliser l'impasse où nous sommes, comme il est utile, pour la femme de percevoir que la fonction n'est qu'un leurre et que l'important est d'aimer.

On relira sur ce thème la notion de polyèdre souvent soulignée dans ce blog, à la suite des propos de François.

Le plus urgent reste de percevoir que notre Église reste pécheresse, tout en espérant sa conversion individuelle et collective. L'ampleur des dégâts mis en avant par la commission Sauvé devrait interpeller sur les dérives du pouvoir.

La noirceur de l'Église est-elle chemin de salut ? Rappelons ce que disait saint Ambroise

« Le Seigneur dit par la bouche d'Isaïe : Si vos péchés sont comme la pourpre, je les rendrai blancs comme neige. L'Église, qui porte ces vêtements blancs pour les avoir endossés grâce au bain de la nouvelle naissance, dit dans le Cantique des cantiques : Je suis noire et belle, filles de Jérusalem. Noire par la fragilité de la nature humaine, belle par la grâce ; noire parce que composée de pécheurs, belle par le sacrement de la foi. En voyant ces vêtements, les filles de Jérusalem disent, dans leur stupéfaction : Qui est celle-ci qui monte toute blanche ? Elle qui était noire, comment est-elle devenue blanche tout à coup ?

Quant au Christ, voyant son Église en vêtements blancs — c'est pour elle, dit le prophète Zacharie, qu'il avait pris des vêtements sales —, ou bien voyant l'âme purifiée et lavée par le sacrement de la nouvelle naissance, il lui dit : Que tu es belle, mon amie, que tu es belle : tes yeux sont beaux comme ceux de la colombe, cette colombe dont le Saint-Esprit avait pris l'apparence pour descendre du ciel. (...)
Aussi rappelle-toi que tu as reçu l'empreinte de l'Esprit : Esprit de sagesse et de discernement, esprit de conseil et de force, esprit de connaissance et de piété, esprit de crainte religieuse, et garde bien ce que tu as reçu. Dieu le Père t'a marqué de son empreinte, le Christ Seigneur t'a confirmé, et il a mis l'Esprit dans ton cœur, comme un premier don, ainsi que tu l'as appris par la lecture de l'Apôtre. » (6)

(1) cf. mon livre « à genoux devant l’homme »
(2) cf. Dynamique sacramentelle 
(3) cf. aussi, dans ce sens, l’exégèse du P. Morin qui distingue deux rédactions différentes au sein des lettres de Paul entre ce qui semble égalitaire  (qu’il attribue à Paul) et misogyne (plus tardif) voir aussi mon « serviteur de l’homme »
(4) Charles Delhez sj, Ordination des femmes, une évolution possible (La Croix, jeudi 4 juin 2020)
(5) en téléchargement libre sur Fnac.com à partir du 18/7
(6) Ambroise de Milan, traité sur les mystères, source office des lectures du 16/7, 15ème semaine du temps ordinaire

10 juillet 2019

Autoritarisme, cléricalisme (5) et crise de l’Église - Joseph Moingt

Je poursuis ma lecture...

L'analyse que fait J. Moingt de notre Église est sans concession. Elle part d'une longue interrogation sur l'autorité que j'ose retranscrire presque entièrement : 
« Le relâchement du sentiment religieux qui s'était accru depuis deux siècles sous la pression du laïcisme, de la sécularisation et de la philosophie athée, [s'est] répercuté partout où l'esprit du christianisme avait imprimé ses traces, pour les effacer de la société.

Les structures d'autorité de l'Église (…) furent évidemment les premières victimes de ce raz-de-marée : de nombreux prêtres quittèrent leur ministère, des religieux et religieuses abandonnèrent leurs couvents (...) et les communautés paroissiales perdirent également un grand nombre de fidèles, qui ne supportaient plus d'être tenus en tutelle par leurs curés. (...) Il faut donc admettre que la perte de la foi venait principalement du dedans de l'église, d'un refus croissant du discours d'autorité le plus souvent employé par le clergé pour l'imposer au nom de l'obéissance (...) au lieu d'encourager une démarche de foi et de confiance dans la bonté de Dieu. Cela signifie que l'Église enseignait plus volontiers le dieu de la Loi (...) que celui de Jésus, afin de soutenir sa propre autorité (...) de mandatrice de Dieu chargée par lui de répandre  la foi en Jésus son fils. (...) Ce langage était vide de sens pour des esprits désormais formés dans un climat de rationalité critique et de libre examen. (1) 

En suit une considération des faits similaires qui ont conduit à la perte des jeunes, des femmes et des laïcs engagés (Rejets des ADAP) au profit d'une structure encore très cléricale faite de prêtres et de diacres tenant l'autorité(2) au dépit d'un travail plus pragmatique qui redonnerait aux laïcs une véritable mission de co responsabilité. Tout risque de demeurer dans cette illusion que seuls ceux qui sont formés et ordonnés sont les tenants de la foi au lieu d'avoir un véritable sensum fidei, un peuple de Dieu auto-éduqué accompagné et éveillé par une maïeutique véritable...
Quel est l'enjeu ? Une véritable kénose ? L'auteur de « l'Evangile sauvera l'Église » avance en tout cas ses arguments.

(1) Joseph Moingt, L'esprit du christianisme, Paris, Temps présent, 2018, p.43
(2) p.44-47 

23 août 2015

Les quatre écueils du prêtre

Discussion intéressante avec un vieil ami prêtre qui m'a cité les quatre écueils du prêtre,  comme autant d'impasses dans la vie d'un serviteur de Dieu.
1) la gestion de sa sexualité, 
2) l'autoritarisme (cf. post récent)
3) la grégarité comme fuite de sa mission,
4) la démagogie.
On sent là un chemin difficile,  où nous autres,  gens mariés,  pouvons aussi faillir, dans notre mission de "serviteur". À méditer à la lumière du post précédent...

20 août 2015

Autoritarisme

J'apprécie cette "pépite" kénotique de Condren : "Je n'ai accepté ‎l'autorité que pour y faire encore moins ma volonté que celle des autres" (1)

(1) Lettres de Charles de Condren, Cerf, 1943, cité par François Marxer, Intelligence de l'histoire et patience du discernement : l'héritage de Charles de Condren, in Bulletin de Saint Sulpice, n. 37-38, 2011-2012, p. 149