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30 novembre 2018

Le voile de l’Écriture - Hans Urs von Balthasar

Le Verbe est au delà de tout discours, non aliud, tout autre... Et toute tentative de le mettre dans nos cases est vaine.
« C'est comme si le Saint-Esprit, l'auteur de la Sainte Écriture, étendait en elle, sur le mystère de la vie terrestre du Seigneur, un voile qui ne peut être écarté complètement. Il est là, indubitablement attesté par les descriptions, qu'aucun homme (...) n'aurait pus inventer (...) Beaucoup de choses dans le christianisme s'offrent à l'analyse exacte. Mais le fond suprême plonge dans la nuit des mystères silencieux de Dieu. Ce qu'il y a de suprême en Jésus (...) est tourné vers le Père, c'est quelque chose qui est lui-même contemplation et action au sein de la contemplation »(1)

Quel chemin pour nous dans notre prière ? Peut-être une attention particulière, une écoute silencieuse à ces appels discrets et répétés, mais non prévisibles de l'Esprit à agir. En cette fête de saint André, écoutons ces signes discrets qui tout en respectant notre liberté nous poussent toujours plus loin dans la contemplation et l'action.

(1) Hans Urs von Balthasar, la prière contemplative, op. cit. p. 155

05 octobre 2016

Le voile -2 - Où es-tu, mon Dieu ?

Où es-tu mon Dieu ? Dans notre monde où Dieu semble de plus en plus absent,  où la violence, la haine et le mépris semble avoir pris la première place,  nous pouvons répéter la question : "Où es-tu mon Dieu ?"

Loin des tremblements de terre et des orages de la guerre, loin du vent de la haine, la réponse de Dieu se trouve dans le bruit d'un fin silence (cf. 1 Rois 19),  dans le chant des martyrs et des anges. 

Écoutons ce que nous dit Augustin : "Croyez-vous, frères, que Dieu ignore ce qui vous est nécessaire ? Celui qui connaît notre détresse connaît d'avance aussi nos désirs. C'est pourquoi, quand il enseignait le Notre Père, le Seigneur recommandait à ses disciples d'être sobres de paroles : « Lorsque vous priez, ne rabâchez pas, car votre Père sait de quoi vous avez besoin avant même que vous l'ayez demandé » (Mt 6,7-8). Si notre Père sait ce qui nous est nécessaire, pourquoi le lui dire, même en peu de mots ? ... Si tu le sais, Seigneur, est-il même nécessaire de te prier ? Or celui qui nous dit ici : « Ne multipliez pas vos paroles dans vos prières » nous déclare ailleurs : « Demandez et vous recevrez », et pour qu'on ne croie pas que c'est dit en passant, il ajoute : « Cherchez et vous trouverez », et pour qu'on ne pense pas que c'est une simple manière de parler, voyez par où il termine : « Frappez, et on vous ouvrira » (Mt 7,7). Il veut donc que pour recevoir tu commences par demander, que pour trouver tu te mettes à chercher, que pour entrer enfin tu ne cesses de frapper... Pourquoi demander ? Pourquoi chercher ? Pourquoi frapper ? Pourquoi nous fatiguer à prier, à chercher, à frapper comme pour instruire celui qui sait tout déjà ? Et même nous lisons dans un autre endroit : « Il faut prier sans cesse, sans se lasser » (Lc 18,1)... Eh bien, pour éclaircir ce mystère, demande, cherche et frappe ! S'il couvre de voiles ce mystère, c'est qu'il veut t'exciter à chercher et trouver toi-même l'explication. Tous, nous devons nous encourager à prier." (1) et la seule question de l'où es-tu ? nous conduira vers Celui qui nous cherche derrière le voile de l'amour donné. Dans le jardin du monde, il pose lui aussi la question. Où es-tu homme. Ta vie est-elle don fragile ? Si elle l'est tu ne peux qur me trouver. Car je suis don.

(1) Saint Augustin, Sermon 80, source AELF.

04 octobre 2016

Le voile iniatique

Nous reprenons notre lecture du deuxième tome de la trilogie de Balthasar après un large détour vers les tomes 6 et 7.
Chez Denys, qui réfléchit à la ressemblance, on aimera la notion de "peintres divins" pour les saints "qui se soucient fort peu d'attirer le regard des hommes" mais regardant immuablement Dieu cherchent à se conformer à l'exacte ressemblance (indalma) du modèle (1) et se heurtant à deux limites : le possible et le permis cherchent la mesure et la modération (2).
Sur ce chemin le voile qui cache Dieu est pour eux initiation. Tout est voile sacré (3) y compris la liturgie qui ouvre le coeur au langage de Dieu.

(1) Hans Urs von Balthasar, La gloire et la Croix, Styles. D'Irenée à Dante, tome 2, Cerf Ddb, 1967-1993 (ci-après GC2) p. 152.
(2) p. 155.
(3) p. 158.

L'épiphanie du visage

Il y a un chemin de contemplation possible entre le visage de Moïse dans les derniers versets d'Exode 34, si "lumineux qu'il devait y mettre un voile", celui du Christ, transfiguré de lumière, dans les évangiles synoptiques* et "l'épiphanie du visage de l'autre", dans "sa transitivité non-violente"(1).
Cet axe n'est autre que celui tracé par Jn 5 ou Matthieu 25.
Chez Jean 5,6 , dans l'attitude du Christ pour cet homme souffrant, chez Matthieu 25,36 dans cet appel à voir tout homme comme s'il s'agissait du Christ. Cet axe est l'appel même qui nous pousse à aimer Dieu et autrui d'une même intensité.

(1) Emmanuel Lévinas, Totalité et infini, op. Cit. p. 43.

09 mai 2016

Voile

Pourquoi cette révélation qui semble au départ une "époque lumineuse" dans l'Ancien Testament semble-t-elle de plus en voilée ? "Israël n'est jamais plus sûr de son Dieu que lorsque dans l'exil, ce Dieu semble l'avoir abandonné" (1) nous précise Balthasar. Deux explications semblent possibles. L'enfance dite lumineuse est probablement une projection des auteurs en exil qui gomment une partie du passé pour redonner l'espoir. Le présent est de plus en plus noir pour que le "reste" soit capable d'accueillir l'incroyable d'un Dieu qui le rejoint en s incarnant...

(1) Hans Urs von Balthasar, GC1 p. 385 

06 mai 2016

Le pont

"Si la première parole est ordonnée à l'homme en tant qu'il est créature issue de Dieu, la deuxième s'adresse personnellement à lui, enfant de Dieu enrichi de la grâce et l'appelle jusqu'au coeur de Dieu".
Pourtant précise Balthasar, "on n'a pas ‎le droit de sauter le degré de la création pour s'occuper uniquement de la révélation de grâce par la Parole plus élevée. C'est d'abord comme créature que l'homme apprend à reconnaître comme son Seigneur le Dieu toujours plus grand et, du fait même, toujours plus caché. Ce rapport unique entre le voile et le dévoilement est inscrit dans‎ son être même" (1)

Cette première étape me semble essentielle car elle trace ‎les fondements d'une approche anthropologique dans la deuxième édition en préparation de ma dynamique sacramentelle. Elle rejoint ce que nous avons souligné chez Theobald.

Hans Urs von Balthasar, op Cit., Gc1 p. 380.


02 avril 2016

L'homme-Dieu indivisible

Dire que Jésus est le voile de Dieu, c'est ne pas comprendre l'enjeu de son humanité, de son humilité, de l'abaissement qui nous ouvre à la contemplation de "l'homme en qui Dieu resplendit". Devant la Croix au contraire le voile s'est déchiré. Dieu est là... "Dieu apparaît en l'homme-Jésus". Il est "l'homme-Dieu indivisible" (1) nous dit Balthasar, contre une idée platonisante qui verrait Jésus comme une figure incomplète réservée aux simples incapables de saisir la réalité de Dieu.

"En révélant son amour dans la chair et le sang et en les sacrifiant pour la vie du monde, Dieu s'est engagé d'une manière insurpassable et sans retour possible. Pour quiconque a pu déchiffrer l'image du Fils ensanglanté sur la Croix, la persistance de cet engagement dans l'Eucharistie (...) est. Révélation de la splendeur divine" (2)
Il nous reste à contempler cela jusqu'à ce don que Dieu nous fait de danser avec lui. En mangeant à sa table et buvant à sa coupe, nous participons à notre manière à cette inhabitation divine dans l'humanité. Plus encore, en marchant à sa suite, nous l'accompagnons sur le chemin d'Emmaüs.

(1) Hans Urs von Balthasar, op Cit GC1, p. 369
(2) ibid p. 372.


25 mars 2016

Le voile du temple

"Le voile du temple déchiré, le saint des saints devenu béant, la figure a fait place à la réalité, la prophétie à son accomplissement, la Loi à l'Évangile. Tu as tout attiré à toi, Seigneur, puisque la piété de toutes les nations célèbre partout, au vu et au su de tous, le mystère qui jusqu'alors était voilé sous des symboles dans un temple unique de Judée. Ta croix, ô Christ, est la source de toutes les bénédictions, la cause de toute grâce. Par elle, les croyants tirent de leur faiblesse la force, du mépris reçu la gloire, et de la mort la vie. Désormais, l'unique offrande de ton corps et de ton sang donne leur achèvement à tous les sacrifices, car tu es, ô Christ, le véritable Agneau de Dieu, toi qui enlèves le péché du monde. L'ensemble des mystères trouve en toi seul son sens plénier : au lieu d'une multitude de victimes, il n'y a plus qu'un unique sacrifice".

Saint Léon le grand,  Sermon sur la Passion,  Source AELF

09 décembre 2015

Le voile du temple - Marc 15, 38 et Isaïe 25, 7-9

Une étude cursive de Marc souligne combien la révélation de la nature du Christ culmine dans la croix, avec ce verset qui précède le cri du centurion sur la nature divine du Christ : "Et le voile du sanctuaire se déchira en deux, depuis le haut jusqu'en bas." (1)
La lecture d'Isaïe 25 vient souligner ce trait :
"Et il déchirera sur cette montagne le voile qui voilait tous les peuples, et la couverture qui couvrait toutes les nations,  Il détruira la mort pour toujours. Le Seigneur Yahweh essuiera les larmes sur tous les visages il ôtera l'opprobre de son peuple de dessus toute la terre; car Yahweh a parlé.  On dira en ce jour-là : "Voici notre Dieu ; en qui nous espérions pour être sauvés; c'est Yahweh, en qui nous avons espéré; livrons-nous à l'allégresse et réjouissons-nous en son salut." (2)

Alors le cri du Christ que nous entendons dans l'évangile d'aujourd'hui prend sens : « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos. Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos pour votre âme. 
Oui, mon joug est facile à porter, et mon fardeau, léger. » ( Mat 11, 29-30)

(1) Marc 15:38 BCC1923
(2) Isaïe 25:7-9 BCC1923




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24 juillet 2015

Le visage du Christ

A l'aune de mes contemplations du visage depuis Ex 33/34, je note une pépite chez Ambroise, dans la liturgie de cette semaine : 

"Pourquoi détournes-tu ton visage ? C'est-à-dire : Bien que tu détournes de nous ton visage, cependant, la lumière de ton visage, Seigneur, est imprimée en nous. Nous le gardons en nous et il resplendit dans notre cœur, car personne ne pourrait survivre si tu détournais ton visage".‎ (1)

(1) Saint Ambroise, commentaire du Psaume 43

13 décembre 2014

Voir Dieu - Le rêve des prophètes.

L'Avent nous permet de faire le long chemin des prophètes. Je retombe sur un livre commencé de A. von Speyr, qui a de très belles phrases sur ce temps de l'Avent : "Il entend la voix de Dieu", dit-elle (1), "il a maintenant une oreille pour la percevoir (...) l'obscure captivité de ce monde est suspendue (...) il est entré dans le monde de Dieu, avec des sens qui peuvent le saisir. (...) Il se voit soudainement tout entier transporté dans une nouvelle existence (...) il découvre
tout d'un coup le sens du nom de "Père". Plus loin (2) elle précise qu'il est "affaibli, aveuglé, chancelant". Il est pris de "tremblement".  "Il se sent comme un jeune garçon devant son père, il guette sa parole, la comprend jusqu'à un certain point, mais la cohérence et les motifs lui de ce que fait le Père lui restent voilés." (...) il obéit (...) avec une obéissance qui fait voler sa vie en éclats et la recompose de façon neuve selon un plan pour lui intelligible (...) il est dépouillé de lui-même, car Dieu l'a tellement associé à la sphère de sa volonté (...) qu'il exécute".

C'est sous cet angle que l'on peut contempler le texte de Matthieu 11,11-15 "En ce temps-là, Jésus déclarait aux foules : " Amen, je vous le dis : Parmi les hommes, il n'en a pas existé de plus grand que Jean Baptiste; et cependant le plus petit dans le Royaume des cieux est plus grand que lui.
Depuis le temps de Jean Baptiste jusqu'à présent, le Royaume des cieux subit la violence, et des violents cherchent à s'en emparer.
Tous les Prophètes, ainsi que la Loi, ont parlé jusqu'à Jean.
Et, si vous voulez bien comprendre, le prophète Élie qui doit venir, c'est lui.
Celui qui a des oreilles, qu'il entende !"

 Saint Augustin dira à ce sujet : "Jusqu'à Jean Baptiste la Loi et les prophètes comportaient des préfigurations qui avaient pour but d'annoncer l'avenir. Mais les sacrements de la nouvelle Loi, ceux de notre temps, attestent la venue de ce que les anciens proclamaient à venir. Et Jean a été, de tous les précurseurs du Christ, le messager qui l'annonce de plus près.  Car tous les justes et tous les prophètes des siècles antérieurs avaient désiré voir l'accomplissement de ce qu'ils discernaient déjà dans cet avenir dont l'Esprit Saint leur soulevait le voile. Le Seigneur Jésus le dit en personne : « Bien des justes et bien des prophètes ont désiré voir ce que vous voyez et ne l'ont pas vu, entendre ce que vous entendez et ne l'ont pas entendu » (Mt 13,17). C'est pourquoi il a été dit de Jean Baptiste qu'il était « plus que prophète » et qu'« aucun des enfants des femmes ne l'a surpassé » (Mt 11,9-11).       En effet, les justes des premiers temps avaient eu seulement la faveur d'annoncer le Christ ; Jean Baptiste, lui, a eu la grâce de l'annoncer encore absent et de le voir enfin présent. Il a vu à découvert celui que les autres ont désiré voir. C'est pourquoi le signe de son baptême appartient encore à l'annonce du Christ qui vient, mais à l'extrême limite de l'attente. Jusqu'à lui, il y avait eu des prédictions du premier avènement du Seigneur ; maintenant, après Jean, cet avènement du Christ, on ne le prédit plus, on le proclame." (3)

Voir Dieu... Dans la deuxième partie de l'Amphore et le fleuve, j'ai donné une longue analyse du texte d'Exode 33 et 34 où je décris le désir de Moïse de voir sa face et la façon dont Dieu lui répond. C'est dans cet axe Moïse, Elie, Isaïe, ..., Jean, Jésus que nous pouvons entrer, à l'aube de Noël. C'est notre chemin de l'Avent.

(1) Adrienne von Speyr, La face du Père, P. Letheilleux,1984 p. 47
(2) ibid. p. 49ss
(3) Saint Augustin, Traité anti-donatiste « Contre les lettres de Petilianus » livre 2, §87 (trad. Bibliothèque augustinienne,  DDB 1986, vol. 30, p. 341), source : Evangile au quotidien

16 septembre 2007

Symbolique et dévoilement

« Le symbole donne à penser » de P. Ricoeur que nous avions déjà cité dans notre analyse très antérieure du philosophe est reprise ici par Hans Urs von Balthasar. L’expression y reçoit son vrai sens théologique : « l’accord objectif de la parole et de l’image qu’est Jésus donne lieu à un processus indéfini de compréhension et appropriation ». (1). Pour le théologien, le discours en paraboles n’est jamais conçue pour être mystérieux. Au contraire, les paraboles dévoilent à fond l’amour divin attesté en Jésus et étaient prononcées en vue de dévoiler cet amour, de le donner, d’inviter à le reproduire ».

(1) Hans Urs von Balthasar, La Théologique, II ibid, p.300
(2) ibid p. 303

28 juillet 2007

Dévoilement - IV (le mystère)

"Le mystère n’est pas une sorte d’au-delà de la vérité mais il en est la propriété permanente" (1)
C'est pour compléter le billet précédent, parce qu'il demeure un mystère dans la vérité révélée que subsiste notre désir, que nous sommes en chemin vers ce qui reste "la joie des bienheureux".

(1) Ibid p.71

27 juillet 2007

Dévoilement - III


Pour Saint Irénée : « le dévoilement n’est pas une totale mise en évidence » (1). A ce jour où nous contemplons ce merveilleux texte sur la rencontre de Moïse avec Dieu, on perçoit la subtilité de la révélation, progressive jusqu'à celle de l'homme-Dieu. Mais là encore, le Christ en croix n'est pas la Lumière infini de Dieu. Il est la pierre angulaire, l'unique médiateur de la lumière divine, tout en laissant l'homme libre du saut de la foi. En cela il reste pour moi chemin...

(1) Cité par Balthasar, ibid p. 70

11 juillet 2007

Révélation

De la graine à la plante, de la plante à la fleur se dit le « message sans doute le plus éloquent de la nature muette » et « quand la forme parfaite en soi penche vers son déclin et, tout juste à ce moment, alors que nous pressentons la mort, elle nous surprend en livrant son fruit, auquel un double sens est lié : être consumé dans la terre en vue d’une nouvelle naissance, ou être consommé dans la bouche, pour la nourriture d’êtres plus élevés » (1) C’est pour Hans Urs von Balthasar le mystère de la vie. Cette vérité est dévoilement. Le vivant se dévoile simplement par sa vie en acte, « il ouvre son sens degré par degré, avec une clarté presque excessive ». Pour lui, ajoute-t-il plus loin, la vérité « se trouvera toujours infiniment plus riche et plus étendue que ce qu’on arrive à en percevoir ».

Je trouve là encore que l’analogie entre l’humain et le divin est porteuse de sens. Comme une hyperbole qui nous fait prendre conscience de cette double tension du don pascal : être consumé dans la terre pour renaître à la vie et être partagé comme nourriture pour les hommes…

(1) Hans Urs von Balthasar, La Théologique, I – Vérité du monde, ibid, p. 91 et 93

06 juillet 2007

Dévoilement - II

Pour Hans Urs von Balthasar, l’homme, en devenant apte à se mesurer lui-même, et après s’être « dévoilé à ses propres yeux » devient « sujet ». « En se dévoilant, il devient intérieurement lumineux, il s’éclaire lui-même et se rend transparent, c'est à dire que son être à la forme particulière de la conscience ». Sur ce point, le théologien ajoute que c’est en se reconnaissant comme homme « qu’il saisit du même coup ce qu’est l’être en général et en sa totalité » (1). Ainsi mesure-t-il non seulement son propre être mais aussi foncièrement tout être. On pourrait à ce stade basculé dans ce que dit Catherine de Sienne : « Dans la connaissance de toi-même tu deviendras humble, puisque tu y verras que tu n'es rien par toi-même et que ton être vient de moi puisque je vous ai aimés avant que vous n'ayez existé. » mais ce n’est pas le propos d’Hans Urs von Balthasar qui continue sa maïeutique à petits pas. (2) Et cependant, il se trahit dans l’affirmation suivante : « Pour être capable d’éprouver et de goûter toutes les richesses de l’être, il faut une sorte de pauvreté, une sensibilité pour ce qui est autre et conduit plus loin, une aptitude à écouter une révélation étrangère, une conviction d’être obligé de toujours apprendre, et d’en être capable » (1)

(1) Hans Urs von Balthasar, La Théologique, I – Vérité du monde, ibid, p.46-7

(2) Sainte Catherine de Sienne (1347-1380), tertiaire dominicaine, docteur de l'Église, co-patronne de l'Europe in Dialogues, ch. 4 (trad. Seuil 1953, p. 37 rev)

04 juillet 2007

Dévoilement - I

Pour Balthasar, le sens même de la vérité se définit comme un dévoilement, une mise à nue, une ouverture. En cela elle est absence de repli dans l’être (a-lêtheia) (1). Toute son analyse va porter sur ce dévoilement dans une tension entre la pudeur, l’intimité et la révélation. Ce qui me frappe c’est peut-être la puissance à ce niveau de l’analogie entre le dévoilement de l’homme et celui de la vérité divine. On touche à la puissance de l’image, même anthropocentrique dans l’expression de la théologie.

(1) Hans Urs von Balthasar, La Théologique, I – Vérité du monde, Culture et Vérité, Traduction Camille Dumont, s.j., Namur 1994, Théologik – Warheit des Welt, Johannes Verlag, 1985, p.37-8

22 juin 2007

Le dévoilement

« La croix seule démontre que Dieu est amour » nous dit Hans Urs von Balthasar citant 1 Jn 4, 8-16 : « Voici comment s’est manifesté l’amour de Dieu au milieu de nous : il a envoyé son Fils unique au milieu du monde ».

Je pense avec lui que le dévoilement ultime, le résumé de toute la révélation est cet amour exposé. Et c’est pourquoi le voile se déchire de haut en bas. Dieu le déchire lui-même. Tout est révélé mais tout reste possible.

06 mai 2007

Le Voile…- II

"C'est seulement par la conversion au Seigneur que le voile tombe. Car le Seigneur est esprit et là où est l'Esprit du Seigneur, là est la liberté. Et nous tous, qui le visage dévoilé, reflétons la gloire du Seigneur nous sommes transfigurés en cette même image, avec une gloire toujours plus grande par le Seigneur, qui est Esprit." 2 Cor 3, 12-18

J'ai toujours été frappé depuis ma lecture de l'Idole et la Distance, de J.L. Marion par cette tension entre distance et proximité qui trouve d'une certaine manière dans le thème du voile, une certaine forme de conceptualisation. La distance n'est là que pour respecter notre liberté, mais comme l'indique le Cantique des cantiques, l'époux est dérrière la porte... ou derrière le voile...

21 mars 2007

Un voile

Depuis toujours, le réel a été masqué, par un voile, le voile de la pudeur, du refus de voir, ou le voile de nos yeux. Est-ce que déjà l'Exode voulait thématiser en parlant du voile posé sur le visage (Ex 34, 32-35) et sur les peuples (Es 25,7) qui indique bien que "l'expérimentation de la révélation se situe d'abord au sein de la révélation humaine et dans l'histoire (…) et c'est à partir de situation humaine (…) que la Bible aborde l'énigme qu'est la totalité du réel"(1)

Alors tout dévoilement ne fait pas appel à la raison mais "prend la figure du dénouement d'une crise, intervenue au sein d'une d'un itinéraire individuel ou collectif" (2)

Il y a dans tout dévoilement le déchirement intérieur du regard, qui ne voulait pas voir, qui fuyait le réel mais dont le cœur s'ouvre au mystère…

(1) Christoph Théobald, La Révélation, Editions de l'Atelier, Paris 2001, p. 26
(2) ibid p. 27