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14 août 2020

Dépouillement - ce pain nommé désir

Que cherchons nous ?
Vers quoi courrons nous ?
Y a-t-il un terme à notre faim ?

Notre monde s'est enroulé dans cyclone du même. Nous voulons le même. Nous cherchons le même. Nous courrons dans cette spirale mimétique qui touche jusqu'à nos églises, nos rites, nos façons de faire.

Mais Dieu n'est pas là...
Il est aux abonnés absents de cette quête. Il ne répond pas à ces désirs de mêmeté.

Où est-il ?
On croit le saisir et il nous échappe encore.
Il n'apporte pas « d'émotions volatiles, des consolations immédiates et des certitudes paresseuses »(1). Il ne guérit pas les foules à la volée, ne console pas les affligés sur demande. Il nous précède juste en Galilée, nous accompagne sur les chemins d'Emmaüs puis disparaît, échappe aux tentatives de réduction.
Il se donne en miette de peur de nous rassasier, d'éteindre notre faim et notre soif...

« Travaillez dans le calme » (1), labourez la terre, Dieu est un trésor caché au fond du champ. Il est là où on ne l'attend pas.

Aimez jusqu'au bout, jusqu'à plus soif, jusqu'à ce que cela pèse, car là est l'amour véritable, l'agape, dont l'Eros n'est que l'étincelle...

A la passion du même, aux trains nommés désirs, doivent se substituer la quête ultime, la traversée du désert, la conversion du cœur...

Marchez...
Allez au large...
Quitter le confort du même.
Laissez-vous dépouiller de vos certitudes.
Laissez le travailler en vous jusqu'aux jointures de l'âme.
Ne cédez pas sur le chemin.
Et si vous reculez, laissez-vous porter, embrasser, consoler, car il est chemin, miséricorde et vie.

(1) cf. François Cassingena-Trévédy, La voix contagieuse, 2017, ibid. p. 143

23 mars 2019

2eme Scrutin, Homélie du troisième dimanche de carême, année A - La samaritaine

De quoi avons nous soif ? 
Quel est le point commun entre ces textes que nous venons d’entendre ?  On y parle beaucoup de soif et de désert, d’eau et de source, pourtant le cœur de ces textes est ailleurs ? Quel est le centre, la pointe commune à ces trois textes ? 

Les mots du texte nous conduisent à une contemplation, puis à une interpellation 

Les Hébreux sont conduits par Dieu au désert, comme nous à ce temps de carême. Quel est finalement l’enjeu si ce n’est de nous amener à l’essentiel ?

De quoi avons nous soif ?

Qu’est-ce que cherche la femme de Samarie, la femme aux  6 maris. 
De quoi avons nous soif ? D’aimer, d’être aimé, d’argent, de pouvoir, de reconnaissance ? Ces soifs du monde qui deviennent des addictions ?


La Samaritaine vient au puits à l’heure la plus chaude, probablement pour éviter de rencontrer les femmes bien de son village. Et pourtant c’est là où elle rencontre Jésus. Ce qui est le plus surprenant, ce n’est pas son discours, mais la manière dont il l’aborde.  Lui le juif qui ne devait pas, selon sa loi, parler à un étranger, une impure, au risque de se rendre impure...

Quels sont ses mots ?  Donne moi à boire. Pour Mère Teresa qui a beaucoup médité ce texte, c’est un « j’ai soif » qu’il faut entendre. Un j’ai soif de ton humanité. Jésus est au bord du puits, là où la tradition nous décrit les fiançailles des patriarches. Il est là et il cherche à rencontrer l’humain de cette femme. Un peu comme le cri de Dieu au jardin d’Eden, après qu’il ait mangé le fruit interdit. Où es-tu  ? Où es-tu Adam ? Où es-tu Ève ? Où es-tu Samaritaine au 5 maris plus un (7 étant le chiffre de la plénitude, le 6 est le manque absolu) donne moi à boire, où es-tu ? Que cherches-tu vraiment ?

Peut-être doit on entendre nous aussi ce cri de Dieu, dans le silence, dans le désert où nous conduit notre marche du carême.  Alors nos soifs trouverons ce que notre cœur désir. L’amour véritable, un Dieu qui nous aime.  Quel est en effet le centre, la pointe commune à ces trois textes ? C’est le Rocher d’où coule l’eau qui apaise notre soif, c’est l’eau vive qui comble nos cœurs en quête d’amour?

Écoutons à nouveau l’échange pour comprendre leur liens. Dans la première lecture, Moïse entend la soif du peuple il frappe le rocher de son bâton faisant jaillir l’eau tant attendu par les hébreux. La Samaritaine elle parle à Jésus de la montagne que ses frères vénèrent comme étant le centre de la religion. Pourtant le centre est ailleurs, le centre est en Jésus-Christ. Il est le centre parce qu’il nous aime. Le J’ai soif qu’il dit-il entre les lignes, ce j’ai soif de toi, d’un amour en vérité, il le redira à la Croix juste avant d’être transpercé du glaive d’où sortira, comme pour le rocher frappé par Moise, la source immense d’un Dieu immense, l’eau vive, celle qui comble toute soif.

Le désert conduit à l’amour et le plus grand amour c’est Dieu cloué sur une croix, un Dieu qui se fait faible pour nous laisser, pour nous transmettre l’esprit, l’amour, source de vie, au delà de la mort...

Quelle activation pratique ? Au bout de cette quête n’oublions pas l’essentiel. Cet eau qui comble nos soifs ne nous appartiens pas. Comme la Samaritaine il nous faut courir au village et répandre la bonne nouvelle. Comme le dit le Cantique des Cantiques il nous reste à crier au monde : «  j’ai trouvé celui que mon cœur aime »....

04 juin 2018

La quête de Dieu - 2 - Saint Jean de la Croix

Au coeur de notre désir de Dieu, le monde perd sens... il nous faut abandonner tout désir de comprendre. En effet cela "prive l'aventure de la quête de Dieu" (...) qui n'est accessible que "dans la nuit".  Il nous faut parvenir à l'oubli volontaire de toutes les impressions extérieures afin que dans le silence cette faculté se taise et prête seulement l'oreille de l'esprit pour écouter Dieu" (1) La nuit obscure est un long processus qui conduit progressivement à "la perte du goût pour les choses sensibles et les biens finis [qui] prouve déjà qu'on commence à goûter Dieu tel qu'il est en lui-même". Il faut pour Jean de la Croix, comme le précise Hans Urs von Balthasar un "renoncement radical (...) un retrait passif de toute délectation (...) le minuit de la pure foi aveugle (2)" avant le commencement de la lumière.

(1) Hans Urs von Balthasar, La Gloire et la Croix, Styles 2, De Jean de la Croix à Péguy, Paris, Aubier, 1972 p 35
 
(2) p. 38-39

L’amour est pour toi - 4 - Curé d’Ars

Si l'on peut méditer ce don fait à l'homme par l'Amour, c'est peut-être en contemplant ce vide qui se creuse en nous dans la prière pour recevoir Dieu.

Sentez-vous en effet ce manque que Dieu seul peut combler ? Il est en creux ce que l'amour est en surplus. Il naît d'un désir et d'une soif que l'on n'étanche pas...

"Dieu voulut se donner Lui-même pour nourriture.

Mais le grand malheur est qu'on néglige de recourir à cette divine Nourriture, pour traverser le désert de cette vie. Comme une personne qui meurt de faim à côté d'une table bien servie, il y en a qui restent cinquante, soixante ans sans nourrir leur âme.

Si les chrétiens pouvaient comprendre ce langage de notre Seigneur qui leur dit : « Malgré ta misère, Je veux voir de près cette belle âme que J'ai créée pour Moi. Je l'ai faite si grande qu'il n'y a que Moi qui puisse la remplir. Je l'ai faite si pure qu'il n'y a que mon Corps qui puisse la nourrir. » (1)

(1) Saint Jean-Marie Vianney, Esprit du Curé d'Ars dans ses Catéchismes, ses Sermons, ses Conversations (Abbé Monnin, Éds Tequi 2007, p. 57-58, rev.)

04 juillet 2016

Le désir de Dieu - Mechtilde de Magdebourg

Contempler "Dieu, brûlant de désir" qui sort de lui et va dans "ce qui est étranger à Dieu", éveille par là le désir de l'âme, la submerge de son flot et l'oblige à se répandre avec lui, dans l'excès de sa plénitude, sur tout ce qui est étranger, nous pécheurs, "l'imperfection des clercs", "la misère des pauvres âmes" dans la plus totale liquéfaction (2), tel est pour moi l'enjeu d'une vision de la kénose trinitaire.
Malgré ses élans poétiques et mystique il y a chez Mechtilde comme chez François d'Assise une approche superbe de la diffusion de la bonté et de la grâce divine qui rejoint ce que je tente maladroitement de décrire dans l'amphore et le fleuve, puis dans Kénose, humilité et miséricorde

(1) Mechtilde de Magdebourg, La lumière de la divinité qui se répand, cité par Hans Urs von Balthasar, in GC7, op Cit p. 64
(2) Balthasar ibid.

10 septembre 2015

Captif d'un élan - Madeleine Delbrel

"Le chrétien est captif d'un élan : d'un désir à la taille de Dieu , qui veut sauver ce qui est perdu, guérir ce qui est malade, unir ce qui est séparé, perpétuellement et universellement" (1)

Nous retrouvons ici la dynamique paulinienne de Philippiens 3, mais aussi la course infinie de Grégoire de Nysse à la sauce miséricorde...

Dans ces temps d'incertitude,  soyons à la hauteur de l'appel.

(1) Nous ouvrons ici un autre chemin de lecture avec Madeleine Delbrel, Nous autres, gens des rues (NAGDR), Paris, Seuil, 1966 p. 20.

26 août 2015

Désir du Christ

"L'homme de désir par excellence, c'est le Christ, tout entier tendu vers la réalisation du salut des hommes et la glorification du Père" (1)  disait Yvan Mathieu ajoutant en latin :  "J'ai un grand désir de manduquer la Pâque avec vous" (2)
A genoux devant l'homme et courant vers son Dieu...

Le terme manducare utilisé par la Vulgate est plus parlant que manger. Il évoque ce à quoi nous sommes appelés dans la lente dégustation de l'essence profonde de la Parole.
Pour la Pâque du Christ il évoque un chemin difficile, au delà du repas final, le "je vous donne ma chair et mon sang" que l'on ne peut lire qu'entre les lignes du sacrement mais qui signifie bien plus que le faire mémoire, qui entre dans ce que j'appelle la dynamique sacramentelle.

(1) Yvan Matthieu, BSS 37-38, op. Cit p. 305
(2) traduction littérale du latin de Lc 22, 15 : desiderium desideravi hoc Pascha manducare vobiscum.


09 août 2007

Désir de Dieu

Selon Saint Thomas « toute chose désire naturellement Dieu de manière implicite et non explicite », (1) ou encore « tout être, en tendant vers ses propres perfections, tend vers Dieu » (2)
Certes, ajouterais-je, mais la difficulté est de raviver ce désir, parfois enfoui sous les sables du monde. "Désensablez la source", pour reprendre une expression chère à ma femme...

(1) De Ver. qu. 22, art 2c
(2) Sum. Th. I qu. 6, art. 1 ad 2 cité par Hans Urs von Balthasar, La Th. II p.106