28 février 2006

Adrienne von Speyr et la kénose

Je découvre l'influence d'Adrienne von Speyr chez Balthasar et cette "christologie à dominante johannique dans tout ce qui relève de l'obéissance et de la kénose, de la mort conduisant le Christ jusqu'en enfer, ce que Balthasar appellera l'expérience du Samedi Saint, de la substitution dans la souffrance" (1) Ma lecture encore inachevée de la Dramatique divine m'a effectivement sensibilisé à cette dramatique typiquement balthasérienne... Mais ce que j'ai le plus retenu est peut-être cette insistance sur la kénose et qui n'est pas autant relevé par le commentateur. Or c'est pour moi, indirectement le lien le plus sensible avec Rahner, même si celui-ci n'en fait qu'une approche discrète dans le Dieu du silence... Le silence de Dieu n'est-il pas cette kénose du Verbe dans l'Ecriture qu'évoque Balthasar à propos de Soloviev ?

(1) ibid p. 62

27 février 2006

Chrétiens anonymes - II

"La thèse des chrétiens anonymes n'est pas rejetée par Balthasar mais ce dernier y répond par la descente aux enfers du Christ qui va au plus profond du mal et donc par une sotériologie à la différence de Rahner qui aura une approche anthropologique (anthropologie théologique bien sûr)." (1)
Je préfère cette analyse qui relativise l'opposition et la replace sur une autre échelle. Cela rejoint ce qui est dit plus haut sur une correspondance entre l'esthétique et la christologie. Le Christ est, et telle est notre foi, le point culminant, le point ultime de la révélation. C'est ce qui m'apparaît le plus intensément dans Marc 15, avec cette symbolique du rideau qui se déchire. Que le Christ transcende notre humanité et descende aux enfers pour racheter ceux qui n'ont pas eu la lumière dépasse ma propre perception humaine et limitée. Cela n'enlève aucunement le mérite à tout ces hommes de bonne volonté qui cherche la lumière et que nous essayons par nos propres moyens d'éclairer avec la lueur que nous avons reçu. Je ne pense pas pour autant qu'il faille en faire une affaire d'état, au delà du conflit évoqué...
(1) ibid p. 29

26 février 2006

Chrétiens anonymes...

Quelle le sens de l'existence de personnes libres qui résistent à la foi ? Peut-on dire qu'elles sont pour autant vouée au néant ? Peut-on dire que seul les chrétiens détiennent la vérité ?
A ces questions difficiles, les réponses sont multiples.

L'opposition entre Balthasar et Rahner sur le thème des chrétiens anonymes (1) qui a donné naissance chez Balthasar à Cordula ou l'épreuve décisive a déjà fait l'objet de commentaires dans ce blogue. Si le concept d'ernstfall (l'homme face à l'épreuve) que l'on retrouve par exemple dans D. Sibony à propos de sa critique de Lévinas... est que ce qui distingue le non-chrétien du chrétien véritable est peut-être à mon avis un des points les plus difficiles de toute "élucubration philosophique".
Comment jugez l'homme sur son aptitude à répondre à l'appel. Seul le Christ a pu dire véritablement, le fiat total, qui le conduisait à la mort. Ce chemin qui est aussi celui des martyrs est-il le privilège du chrétien véritable ? Peut-on faire de cette voie un chemin supérieur à tout autre homme.
Pour moi ce serait ignorer que chaque homme a été créé par amour et pour l'amour même si le choix et le mal existe en lui. Cela n'enlève pas l'importance du message du Christ. Cela ne contredit pas ma foi dans le fait qu'il est le chemin. Mais je m'incline et m'inclinerai encore devant tout geste d'humanité véritable et au delà d'une confession où d'une grâce validée par l'Eglise. Les voies de Dieu restent insondables et pour paraphraser Ignace, l'homme est plus grand que ce que l'on perçoit de lui. C'est pourquoi, à mon humble avis, le Christ, unique médiateur, s'est mis à genoux et à lavé les pieds de notre humanité en devenir...

(1) cf. ibid p. 25

25 février 2006

Expérience ignatienne

Quand on fait également cette expérience et qu'on aspire à cette nourriture, il semble important de resouligner l'importance des exercices ignatiens dans la construction de la pensée de nos deux théologiens. C'est de fait marquer l'importance majeure de cette démarche dans la construction de leurs pensées. Elle repose sur deux constats, que nous partageaons avec euc :
- "Une expérience de Dieu est possible"
- et les "sens spirituels" ont une place majeure dans cette expérience.
Cette expérience se nourrit, comme l'indique saint Ignace de l'importance de la méditation des mystères de la vie de Jésus et cela conduit chez nos deux penseurs à "une commune insistance sur l'universalité de la volonté salvifique de Dieu". (1)

Dieu n'est pas un Dieu vengeur, mais comme l'affirme Ezéchiel, il ne veut pas la mort des pécheurs mais qu'il vive. Si Dieu s'est incarné, c'est dans ce but et c'est en cela qu'il nous fait la plus grande preuve de sa miséricorde.

(1) Rahner - Balthasar, ibid p. 20

Balises : Ignace Exercice Miséricorde Balthasar Rahner

24 février 2006

La primauté de la pastorale.

Que les deux penseurs aient eu "la conviction que la théologie n'est pas une fin en soi mais toujours au service de la pastorale et de l'annonce de la Parole" (p. 19) me semble essentiel à noter. Cela apparaît plus qu'une évidence. Il me semble que cela doit être même une exigence, pour éviter de sombrer dans l'auto-satisfaction du penseur, qui escalade seul les sommets de la recherche et ignore l'essentiel : la charité. Cela évoque en moi, ce que Balthasar notait dans Styles à propos du chemin de Pascal, qui a terminé sa vie dans la charité après avoir atteint des sommets de réflexion. L'essentiel est ailleurs, même si nous avons reçu le talent de la réflexion, elle ne peut être qu'un moyen et non une fin.

Sur ce thème : Balthasar Pascal Pastorale Théologie

23 février 2006

Dieu plus grand...

"Dieu toujours plus grand que nos idées surtout dans le sens où il est infiniment incompréhensible comme Rahner ne cessera de le répéter jusqu'à sa mort."
J'ai déjà mentionné cette phrase tirée de saint Ignace et reprise par Ratzinger. Qu'elle aie habité nos deux penseurs ne me surprend pas. Il y a dans les deux directions prises, la même trame commune, le même agenouillement du penseur devant l'infini de Dieu. Et je ne peux que m'agenouiller, quelques marches plus bas...
On comprend que lors de son oraison funèbre, Ratzinger puisse avoir dit de Balthasar, qu'il était un théologien agenouillé... C'est dans cette état d'esprit que la théologie peut être et évite de devenir la construction d'une tour de savoir...

Balthasar et Rahner...

Pour les lecteurs assidus du site "Chemins..." dont ce blogue n'est que la face Nord, le récit d'une longue escalade parfois ardue (voire un peu trop cérébrale, comme mon ami Renaud me l'a fait remarquer dans un commentaire), la traversée de l'oeuvre de Karl Rahner et de Hans Urs von Balthasar constitue depuis déjà 4 ou 5 ans une trame majeure. L'oscillation de nos réflexions entre ces deux courants de la théologie moderne est pour moi une expérience en soi. Et c'est avec un certain bonheur que je me suis lancé dans la lecture des actes du récent colloque qui a planché sur les harmonies et dissonances de ces deux grands chrétiens du XXième siècle. Ce blogue va donc continuer maintenant après J. Ratzinger dans le commentaire "live" de la lecture de "Balthasar, Rahner Deux pensées en contraste, colloque d'une rencontre" dans l'édition mise en page par Henri-Jérôme Gagey et Vincent Holzer (Editeurs) et publiée chez Bayard, Paris 2005
L'actualité de ce texte m'impose cependant une certaine prudence. Je limiterais donc les extraits afin de ne pas abuser de mon droit de citation et j'invite bien sur le lecteur à se reporter à l'excellent ouvrage.

22 février 2006

Construire

A travers un dialogue, "un parler ensemble", à travers la recherche en commun de solution aux divers problèmes en vue de la construction d'une société humaine, nous pouvons garder un optimisme étonnant, au delà du drame de ce monde.
La solidarité avec aujourd'hui semble en effet être la garantie d'un demain renouvelé. Et il faut pour cela, nous dit J. Ratzinger, que l'Eglise soit au service (et non pour être servie). Qu'elle demeure féconde dans le dialogue et qu'elle soit reconnue par la force de ses réalisations. (1)
Pour lui "ce n'est pas une constitution pastorale qui fait Vatican II mais l'ensemble pris autour de son centre réel la réception réelle du concile n'est pas commencée du tout. Ce qui a dévasté l'Eglise n'est pas sa réception mais le refus de sa réception." (...) "une découverte réelle du concile réel et l'approfondissement de sa volonté" est nécessaire. "Il ne peut pas y avoir de retour au Syllabus." (...) L'Eglise a du abattre de vieux bastions et se confier à la seule protection de la foi, de la puissance de la parole qui est son unique force vraie et permanente." En cela, le futur pape reprend l'image de Don Quichotte, qui affirme que derrière "les portes fermées il y a des valeurs qu'il ne faut pas laisser perdre si nous ne voulons pas perdre notre âme".
Il nous faut chercher "l'élément porteur, rechercher cela inébranlablement et accepter avec audace, d'un coeur joyeux et sans restriction la folie de la vérité, telle me semble être notre tâche pour aujourd'hui et pour demain : le point vraiment central du service que l'Eglise rend au monde, la réponse qu'elle apporte aux joies et aux espoirs, tristesses et angoisses des hommes de notre temps." (2)
Je trouve que ces paroles qui terminent ma longue lecture commentée de cet excellent recueil se suffisent à elle-mêmes, j'espère que cette mise en bouche vous permettra d'en entamer la lecture...

(1) d'après J. Ratzinger, ibid p. 426
(2) p. 437 et ss.
Rappel : Source des récents commentaires : Joseph Ratzinger, Les principes de la théologie Catholique, Essais et Matériaux, Téqui, 1982, ed. 2005.


Pour retrouver la plupart des billets sur ce thème : Ratzinger Vatican II Concile Réception

21 février 2006

Vatican - II

Cette phrase me semble primordiale à noter : "ce qui est décisif c'est qu'il y ait des hommes - des saints - qui par un engagement de leur personne que nul ne peut leur imposer créent quelque chose de vivant et de neuf. La décision définitive, en ce qui concerne la valeur historique de Vatican II dépend de l'existence d'homme qui réuniront en eux même le drame de la séparation du bon grain et de l'ivraie et donneront là à l'ensemble cette clarté de sens qu'on ne saurait tirer de la lettre seule (..). Le concile a ouvert des voies qui conduisent inévitablement au coeur du christianisme (...) Il dépend des hommes qui transforment la parole en vie. " (1)
Et comment ne pas voir combien des hommes de notre temps on ainsi porté et amplifié plus que jamais cette fécondité conciliaire, de mère Thérésa à Jean-Paul II, mais plus simplement aussi, ces hommes et ces femmes qui nous entourent et qui sont signes à la foi de l'aour miséricordieux de Dieu et d'une transcendance réelle. Nous ne pouvons ignorer l'extraordinaire fécondité de notre Eglise...
Comme le disait Gaudium & Spes "l'Eglise coopère avec le monde pour construire le monde".
(1) d'après J. Ratzinger, ibid p. 420ss

Sur ce thème : Vatican II, Ratzinger, saint

20 février 2006

Conciles

On a souvent l'impression que Vatican II date de l'histoire ancienne, alors qu'en fait, il continue d'avoir sur notre Eglise une force de mouvement voire d'opposition virulente. J'ai découvert d'ailleurs que la "réception" du concile n'avait pas encore commencé...

"Tout les conciles ont d'abord pour effet d'ébranler l'équilibre, agissant comme facteurs de crise." (1) Et cet ébranlement est source de tensions et de failles, comme un tremblement de terre.
Au delà de la crise inévitable, J. Ratzinger note que Vatican II a réinséré dans l'Eglise une doctrine de la primauté qui restait encore dangereusement isolée, il a réintégré dans le mystère du corps du Christ une conception de la hiérarchie trop isolée elle aussi, il a rattaché au grand ensemble de la foi une mariologie trop isolée. Il a rendu à la parole biblique la plénitude de son rang. Il a rendu la liturgie à nouveau accessible et avec tout cela a fait un pas dans le sens de l'unité des chrétiens.
Voir les faits, et l'on peut maintenant essayer de construire, sur des bases nouvelles. Progresser dans lConcilesa réception de ce qui a été lancé. Certes l'agressivité y compris dans l'Eglise n'est pas du pessimisme mais de l'objectivité.... "On ne fait pas une omelette sans casser des oeufs" dit le vieux dicton populaire. Et il est plein de sagesse... Ratzinger note cependant que l' "on n'a pas le droit d'exagérer la part de Vatican II dans l'évolution la plus récente et dans un contexte de crise spirituelle généralisée.
Vatican II a amplifié la conception de l'Eglise pécheresse, conduit à la radicalisation de l'exigence biblique fondamentale et à une incertitude concernant notre propre identité qui reste toujours en question. (2)
"Il faut susciter à nouveau la joie de posséder intacte en sa réalité la société de foi qui provient de Jésus-Christ. Il est nécessaire de redécouvrir la voie de lumière qui est l'histoire des saints, l'histoire de cette réalité magnifique où s'est exprimé victorieusement au cours des siècles la joie de l'Evangile. (...)
Ne plus avoir dans l'image du Moyen-Age que l'inquisition mais des images de lumière...
Et de fait, même s'il s'exprime en 1982, il faut souligner que "la réception correcte de Vatican II n'a pas encore commencé
".

(1) d'après J. Ratzinger, ibid p. 412
(2) p. 415-6

18 février 2006

Sages et artisans de paix...

Travailler à la paix, chercher par tous les moyens à rétablir la paix, n'est-ce pas être au service de l'amour véritable ? Il ne s'agit pas de construire une paix factice, un mensonge ou une inégalité forcée, mais une paix du coeur...

A ce sujet, J. Ratzinger note une correspondance chez Augustin entre les béatitudes de l'esprit et les dons de l'esprit. (1) Il y a pour lui une unité interne de la vie spirituelle et les paroles du Seigneur ne peuvent pas, en fin de compte, présenter un autre modèle d'existence que celui offert dans la description de la plénitude intérieure apportée par l'Esprit-Saint. Pour Augustin le don de la sagesse est donné aux artisans de paix (cf. Mt 5,9)
Je retrouve là ce critère de discernement enseigné dans les exercices ignatiens. C'est lorsque l'on trouve la paix intérieure que l'on est proche de ce que Dieu nous murmure à l'oreille. Au delà des tempêtes de la pensée, de l'orgueil des mots, il y a dans le bruit d'un fin silence une musique qui se dessine, une harmonie qui s'établit. C'est le souffle discret de l'amour véritable, de la loi du coeur. Tenons notre lampe allumée.

(1) De Sermone Domini in monte I, Ic4 (PL 34, col 1235) et De Trinitate XII 19,24, d'après J. Ratzinger, ibid p. 408

17 février 2006

Foi, porte de la sagesse.

Je retrouve, cette affirmation de Jean Paul à Lourdes en 2005 : "femme sentinelles de l'invisible". Qu'est-ce qui donne à la femme une sagesse plus grande que celle de nos savants et nos philosophes. N'est-ce pas cette intelligence du coeur qui fait que l'amour prime sur les passions, que le coeur calme les élans par une raison profonde et que la foi y trouve une source incomparable.

16 février 2006

Sagesse - II

A la suite de la réflexion sur le suivre Jésus, on peut s'interroger sur la nature de cette sagesse qui n'est pas celle des homme mais celle de Dieu.
Dans les "loggia", on met dans la bouche de Jésus des paroles de sagesse, dans cette idée que Jésus était la sagesse de Dieu parlant parmi les hommes. Il y a d'une certaine manière "personnification de la sagesse dans la figure de Jésus" qui était "préparée par les écrits tardifs de l'Ancien Testament (...) la sagesse de Dieu est une personne, et pourtant elle est Dieu". S'il en est ainsi, on ne passe plus par le passage obligé à la raison philosophique tel qu'apporte Platon. La sagesse est en lien avec la foi. En cela, saint Augustin, note Ratzinger, par rapport à la philosophie élitiste de Platon, ouvre la sagesse à tous les hommes.
Bonaventure, voyant une femme à la foi profonde avait dit à ses frères étonnés que cette femme avait en définitive plus de sagesse que de grands savants. (1)
Pour Thomas d'Aquin, l'amour devient pour l'homme un oeil qui lui permet de voir (2)
Il y aurait donc une sagesse du coeur, qui est différente de toute connaissance. Elle s'apprend peut-être dans la méditation, le silence et la prière.
Tout un chemin...

(1) d'après J. Ratzinger, ibid p. 406-407
(2) in III Sent. 35,1

Autres pages sur ce thème : Prier sagesse Thomas Ratzinger Jesus suivre

15 février 2006

Suivre le Christ

Suivre le Christ sur le Chemin de la Perfection avec sainte Thérèse de Jésus par Sr Pascale Dominique de Sainte Thérèse
"La perfection de la religion est d'imiter Celui que tu adores. Saint Augustin"

Je voudrais étudier la suite du Christ dans le Chemin de Perfection. Des travaux traitent des
livres de sa Vie et des Demeures, mais je n'ai pas trouvé d'étude qui aborde le Chemin sous cet
angle. Nous allons aborder les textes avec les Constitutions des Carmélites à l'appui car nous y
trouvons parfois d'excellentes synthèses de deux points de vues complémentaires : premièrement
en posant la question de la personne de Jésus dans le Chemin. Qui est-il aux yeux de sainte
Thérèse et comment le présente-t-elle à ses filles ; Ensuite nous allons considérer comment elle
leur propose de Le suivre.

Lire la suite... (PDF)

Appel à la sagesse...

Dans Isaïe 11,5, la sagesse est décrite comme le propre de l'Esprit de Dieu. Pour Platon déjà la sagesse au sens propre appartient cependant à Dieu seul mais l'homme peut être philosophe c'est à dire "en quête amoureuse de la sagesse". C'est en cela qu'il a reçu l'Eros, cette ouverture de l'homme qui l'oblige à dépasser toujours les limites du connaissable pour accéder à l'éternel.
Ce n'est pas le même Eros qui règne sur le monde. On en est loin, même si ce dernier ignore ce qu'il cherche au fond de lui...
"Dans un monde totalement rationalisé où on en arrive précisément à une dictature terrifiante de l'irrationnel incontrôlé, là au contraire où dans l'Eros visant à l'Eternel, se fondent connaissance et amour, là vient s'illuminer la sobriété du rationnel, là le rationnel rejoint la fécondité et chaleur, à partir des profondeurs de l'esprit dans lequel vérité et amour sont inséparablement une même réalité" (1)
La sagesse rime plus avec la patience, le discernement, la prise de distance. Ce n'est pas la culture du zapping mais la persévérance au-delà de l'ennui, de la routine, dans la fidélité à un chemin plus escarpé...

(1) d'après J. Ratzinger, ibid p. 406

14 février 2006

Jésus et la Samaritaine...(Jn 4)

J'ai toujours été frappé par la correspondance entre le "J'ai soif" prononcé par Jésus à la Samaritaine et son cri lancé sur la Croix. Il y a dans cette interpellation de l'humanité, tout un discours, une invocation du coeur.
Au delà d'une discussion sur la soif de l'eau (bios) en opposition à la soif de la vie proprement dite (zoé), Jésus face à la Samaritaine nous enseigne le chemin d'une pastorale.
La nouvelle étape survient lorsque la femme, à partir de la question de la soif de vivre se met en jeu dans la totalité de la personne (...) La demande de Jésus : "appelle ton mari" est nécessaire "parce que c'est sa vie en tant que tout, avec toute sa soif qui est en question. Par là apparaît comme de lui même ce dilemme essentiel, l'orientation en profondeur de son existence : elle est placée en face d'elle même. Plus généralement, nous pourrions ramener ce qui se joue ici à la formule : l'homme doit nécessairement se reconnaître lui-même, reconnaître sa réalité profonde pour pouvoir reconnaître Dieu. Le milieu propre, l'expérience originelle où se situent toutes les expériences c'est que l'homme est lui-même le lieu dans lequel et par lequel il fait l'expérience de Dieu" (...) passer de l'empirique à l'expérimental jusqu'à l'expérientel. "Aller jusqu'à l'être le plus profond du moi propre et par là de l'intelligence radicale qui est ce moi-même de l'homme, là où on le découvre derrière la superficialité de quelque chose" tel est pour J. Ratzinger l'essentiel d'une démarche qui conduit à la vérité.
C'est pourquoi, ajoute-t-il nous devons considérer ce dialogue universellement comme le type natif de la catéchèse"ce à quoi l'on doit toujours tendre en dernière analyse dans la catéchèse : elle doit absolument conduire du quelque chose au "je" (...) mettre en jeu l'homme, mettre en évidence l'indigence et le besoin d'être". Il nous faut conduire à cette soif, telle est l'orientation et le sens de toute catéchèse. Elle ne peut faire autrement que de prendre son départ dans la partie sensible de l'homme (...) passer du royaume de quelque chose à l'être.
Pour J. Ratzinger, le but final est d'atteindre la métanoia, la conversion, le retournement de l'homme dont la conséquence est qu'il se trouve devant lui-même. La conversion est identique à la connaissance de soi, et celle ci est le coeur même de toute vraie connaissance (1)

(1) d'après J. Ratzinger, ibid p. 396-7

13 février 2006

Expérience de Dieu - II

Pour J. Ratzinger, il y a 3 moyens d'entrer dans l'expérience chrétienne.
a) la vie en commun de la foi et de la liturgie à travers la paroisse, la communauté
b) la découverte du croyant qui est lumière pour les autres.
c) le saint qui est figure vivante jusqu'à avoir le "goût du divin"
Comme il le souligne, on ne peut goûter à la lumière (cf. Ps 34,9, 1 P 2,3, Hb 6,4) sans être transformé tout entier. Et cependant toute expérience mystique est une expérience rare. Elle ne doit pas être un but en soi car alors "la foi deviendrait une jouissance en soi au lieu d'être un dépassement de soi et serait infidèle à sa nature. La découverte de Dieu, l'expérience du bien en Dieu doit être soumise à ce qu'on appelle la loi du mont Thabor (là où les apôtres témoins de la transfiguration voulaient planter une tente). L'expérience joyeuse de Dieu n'est pas un lieu de séjour mais "un encouragement, une confort pour pénétrer de façon nouvelle la vie quotidienne, muni de la Parole de Jésus Christ et pour comprendre que le faisceau de la lumière de la proximité divine est présent là où on va de l'avant, muni de la parole..." (1)
Cela rejoint ce que je soulignais plus haut sur la croix. La joie n'a de sens que parce qu'elle prépare au dépouillement. Les amis de l'époux ne jeûnent pas tans que l'époux est là. Mais viendra un temps où ils jeûneront... (cf. Mt 9,15). Prenons garde à ne pas rester au Thabor dans nos rassemblements, car c'est dans la persévérance et le dépouillement que la puissance de Dieu se manifestera vraiment.
Pour J. Ratzinger nos catéchéses peuvent stagner, si elles ne sont pas une dynamique de progrès propre, dans la mesure où elle se contenterait, se réduirait à un "cercle élémentaire d'offre et de demande" (2) qui enfermerait l'homme dans le donné, sans aller jusqu'à une interrogation, une interpellation véritable "juste au moment où il devrait être libéré et conduit au large" (2)

(1) d'après J. Ratzinger, ibid p. 394
(2) ibid p. 395

10 février 2006

L'expérience de Dieu

Comment l'expérience de Dieu se manifeste-t-elle en l'homme ?
Comment la liberté est elle laissée à l'homme face à l'infini de Dieu ?
Quelques éléments de réponse :

Pour J. Morroux, l'expérience chrétienne peut être de trois ordre :
a) l'expérience empirique
b) l'expérimentale
c) l'expérientielle...

Comment expliquer cela. Cela repose d'après Ratzinger sur plusieurs notions (1).
Chez Aristote on trouve que rien ne peut entrer dans l'intellect s'il n'est d'abord entré dans les sens.
A l'inverse chez Platon, rien n'est perçu sans une intellection préalable. Nous interpellons la nature (c'est pourquoi Heidegger parle de "mise en demeure").
La découverte expérientielle ou expérience existentiale serait d'assumer le principe spirituel tout en lui laissant la liberté. En cela l'autre est laissé libre
"Ce n'est que par le renoncement à toute expérience partielle que se donne à nous la totalité de l'être. Dieu a besoin de vases vides de tout intérêt personnel pour y infuser son essentiel désintéressement." (2)

Cela a pour moi des conséquences importantes : "l'éducation qui veut mener à une expérience religieuse dans la vie de l'homme telle qu'elle se présente restera sans résultat, si elle n'est pas dès le début une éducation au renoncement" (3)
"Bienheureux ceux qui ont le coeur purs car ils verront Dieu (Mt 5,8).

Pour les Pères de l'Eglise poursuit Ratzinger, voir Dieu, le connaître "dépend de la purification du coeur, ce qui signifie un processus global dans lequel l'homme devient transparent, ne reste pas enfermé sur lui-même, apprend le libre don de soi et devient par là-même un "voyant". Du point de vue de la foi chrétienne, on pourrait exprimer cela de la sorte : l'expérience religieuse, au sommet de l'exigence chrétienne a le caractère de la croix. Elle comporte ce qui est la marque fondamentale de l'être humain : le dépassement de soi. La croix libère, elle donne d'être voyant" (4)

Dans le billet précédent nous cherchions où se trouve l'infini de Dieu. Peut-être peut-il apparaître de bien des manières, mais ces apparitions ne prennent leur ultime lumière que lorsque le voile se déchire (Marc 15,38 - katapétasma) de haut en bas. Tout nos efforts et nos "bonnes nouvelles" sont fragiles s'ils ne conduisent pas, s'ils ne préparent pas à la révélation de l'amour d'un Christ nu et exposé sur une croix. Ne pas croire cela, c'est refuser deux mille ans de tradition qui voit en Christ l'unique médiateur. Le mystère glorieux de la Croix domine et transcende toute catéchèse. Et s'éloigner de cette annonce, c'est masquer l'essentiel. Cela ne veut pas dire que nous devons brandir la croix à quatre vents, mais cela sous-entend qu'une pastorale qui fait l'impasse de la mort ET de la résurrection du Christ est une pastorale qui ignore l'essentiel.

(1) ibid p.388
(2) Hans Urs von Balthasar, in Gottesfahrung biblisch und patristisch
(3) d'après J. Ratzinger, ibid p. 388 à 392
(4) ibid p.393

Sur le même sujet : Expérientiel Liberté Croix Ratzinger Médiateur

09 février 2006

Dieu "semper major..."

On peut toujours chercher à philosopher, à faire de notre vision de Dieu, un modèle bien carré et bien polissé. La réalité de Dieu est toujours plus grande que nos expériences, plus grande aussi que nos expériences même de Dieu et c'est peut-être en cela qu'il est Dieu, infini...
Face à cette interpellation du divin, on peut s'interroger sur nos essais d'évangélisation. La foi, en effet ne peut simplement être transmise selon le seul schéma de l'offre et de la demande car elle ne pourrait plus rayonner sa propre réalité. L'homme s'interroge trop peu et pas nécessairement de façon correcte souligne Ratzinger (1). Nous avons a tout mettre en oeuvre pour que La Rencontre soit une irruption, une épiphanie et en cela l'apparition de l'infini au delà de nos schémas et de nos explications rationalisantes. Et ce chemin est valable pour tous nos efforts de pastorale. On croit qu'en répondant à la faible demande par une offre légère on ne brusque pas la personne et que l'on respecte son cheminement. C'est je pense important. Et je n'ai cessé de défendre cette thèse. Et cependant, je conçois qu'à trop aller dans ce sens nos pastorales soient trop gentillettes. Nous mêmes sommes parfois endormis dans la routine du "on sait faire", mais ne sommes nous pas alors comme le frère du fils prodigue, assis à côté d'un trésor et incapable de le partager...
Que faire ? La tentation de certains est de foncer dans le prosélytisme forcené ou la catéchisation à outrance. Le chemin est à mon sens plus subtile. Il s'agit d'accompagner tout en laissant place au travail du coeur. Et ce travail du coeur doit être le fruit d'un jaillissement. "Longtemps je t'ai cherché et tu étais là, et je ne le savais pas" disait saint Augustin...
(1) ibid p. 388

08 février 2006

Comme une danse

Pour être un bon danseur (...) il ne faut pas savoir où cela mène (...) il faut être comme un prolongement agile et vivant, de Vous, et recevoir par Vous la transmission du rythme de l'orchestre. Il ne faut pas à tout prix vouloir avancer, mais accepter de tourner, d'aller de côté. Il faut savoir s'arrêter et glisser au lieu de marcher. Et cela ne serait que des pas imbéciles si la musique n'en faisait une harmonie.
Mais nous oublions la musique de Votre Esprit, et nous faisons de notre vie un exercice de gymnastique ; nous oublions que dans Vos bras, elle se danse, que Votre sainte volonté est d'une inconcevable fantaisie, et qu'il n'est de monotomie et d'ennui que pour les vieilles âmes qui font tapisserie dans le bal joyeux de Votre amour.
Révélez-nous le grand orchestre de vos desseins, où ce que vous permettez jette des notes étranges dans la sérénité de ce que Vous voulez. Faites nous vivre notre vie, comme une danse dans la musique universelle de l'amour.

Madeleine Delbrel, Nous autres gens des rues, Seuil, p. 91-92

07 février 2006

L'Eglise

L'Eglise, c'est ma mère. Oui, l'Eglise, toute l'Eglise, celle des générations passées qui m'on transmis sa vie, ses enseignements, ses exemples, ses moeurs, son amour, et celle d'aujourd'hui; toute l'Eglise, non seulement l'Eglise officielle, ou l'Eglise enseignante, ou comme nous disons encore, l'Eglise hiérarchique (....) mais plus largement, plus simplement l'Eglise vivante, celle qui travaille, qui prie, qui agit et se recueille (...) Dans cette communauté, je trouve mon soutien, ma force ma joie. Cette Eglise, elle est ma mère. L'Eglise est ma mère, parce qu'elle m'a enfanté à la vie. Elle est ma mère, parce qu'elle ne cesse de m'entretenir et, si peu que je m'y prête, de s'approfondir dans la vie.

Cardinal Henri de Lubac, sj, Paradoxe et mystère de l'Eglise, Aubier p. 14-16

06 février 2006

Joseph, ministre du salut

La paternité de Joseph s'est exprimée concrètement dans le fait d'avoir fait de sa vie un service, un sacrifice au mystère de l'Incarnation et à la mission rédemptrice qui lui est liée. (1) (...)
Il a fallu que le Christ aussi fût recensé dans ce dénombrement de l'univers, parce qu'il voulait être inscrit avec tous pour sanctifier tous les hommes et être mentionné sur le registre avec le monde entier pour offrir à l'univers de vivre en communion avec lui. (2)
La sanctification de la vie quotidienne à laquelle chacun doit s'efforcer en fonction de son état et qui peut être proposée selon un modèle accessible à tous : "Saint Joseph est le modèle des humbles..." (3)

Cette rapide lecture de l'exhortation apostolique de JP II apporte sa moisson d'éclairages, sur des chemins pourtant déjà parcourus... Comme souvent dans mes périgrinations, je retrouve dans ces textes des éléments qui éclairent ma propre recherche et qui sont toujours des lieux de méditation possible.

(1) Paul VI, allocution du 19 mars 1966
(2) Redemptoris Custos, Exhortation apostolique de Jean-Paul II, § 9
(3) Redemptoris Custos, Exhortation apostolique de Jean-Paul II, § 24

05 février 2006

Lectio Divina - Saint Jean de la Croix

La Sainte Écriture était, pour saint Jean de la Croix, la première des quatre « sources » de vie chrétienne et spirituelle :
1. la Sainte Écriture,
2. l'Église (avec ses ministres),
3. l'expérience et
4. la science.

C'est sur elle qu'il appuya l'enseignement dans ses écrits, tout en les soumettant humblement à la vigilance du Magistère. Au début du prologue de la Nuit obscure il écrit :
je me servirai pour tout ce que, avec la faveur divine, j?aurai à dire (au moins pour le plus
important et obscur à entendre) de la Divine Écriture, laquelle prenant pour guide nous ne
pouvons errer, puisque celui qui parle en elle est le Saint Esprit
.

Lire la suite de l'article de sr P. Nau dans Chemins (PDF de 738 Ko)

Toujours en marche

"Deus semper major" disait saint Ignace de Loyola (Dieu toujours plus grand). Pour J. Ratzinger "il est possible de le percevoir que si nous ne restons pas stationnaire mais lorsque l'on reconnaît l'expérience comme un chemin et où l'on s'efforce à le prolonger..."
Cela fait rebondir pour moi ce que je viens d'esquisser dans le billet précédent sur l'hyperbole. La parabole nous aide à comprendre, nous permet d'accéder à l'insaisissable, mais il nous faut marcher pour entrer dans la voie de l'hyperbole, à laquelle la parabole nous a introduit...

(1) d'après Joseph Ratzinger, ibid p. 387

Sur le même thème : hyperbole Ratzinger ignace

04 février 2006

Un nouveau blogue

Je vous invite à visiter "Un autre regard sur l'actualité" que je viens de créer pour ne pas polluer ce blogue avec des réflexions qui ne sont pas en lien avec les lectures mentionnés et suivies qui constitue l'essence de ce blogue...
Ce blogue est à lire en regard avec ma "Revue de presse catholique" et explique indirectement certains choix éditoriaux fait dans la sélection de cette analyse des flux RSS.

J'en profite pour rappeler l'existence de la chaîne des blogues catholiques ouverte à ceux qui le désirent... ainsi que notre projet de Lectio divina à partir de l'évangile de saint Jean (ouverture le 1er mars 2006)...

La parabole

La parabole est une "structure selon laquelle est ouvert l'accès au mystère du royaume de Dieu. Les paraboles ont deux fonctions principales : a) elles éclairent le domaine de la création en un dépassement qui lui fait atteindre le créateur b) elles assument l'expérience historique de la foi en ce qu'elles prolongent les paraboles nées au sein de l'histoire d'Israël (...) dans la parabole "vient révéler se qui se cachait dans les choses mêmes". La réalité est auto-transcendance et quand l'homme est amené à le transcender il en vient non seulement à percevoir Dieu mais aussi à percevoir enfin la réalité pour la première fois et à faire qu'enfin lui-même et la création accèdent à l'être. (1)

Je retrouve là une correspondance avec la notion d'hyperbole découverte dans Beauchamp ou Ricoeur. Mais là où la parabole fait dans un mouvement ascendant un appel à la transcendance pour expliquer et habiter le réel, l'hyperbole (comme par exemple les béatitudes) sont un envoi vers l'au-delà de ce que nous pouvons porter seul, un appel à l'aide de la grâce ?

(1) d'après Joseph Ratzinger, ibid p. 386

03 février 2006

La voie des sens...

Pour saint Thomas d'Aquin : "Nihil est in intellectu quod non prius fuerit in sensu". (rien ne peut être par l'intelligence qui ne soit entré d'abord par les sens). Et l'"anima forma corpus" (l'âme est le principe formel du corps). Pour lui, la voie de la connaissance humaine exige toujours la compénétration de l'instrument corporel et de l'assimilation spirituelle. Cette vision était à l'époque un scandale au vue de la tradition augustino-platonicienne mais "il fallait le faire" ajoute J. Ratzinger, car s'il est vrai que dans l'homme l'esprit n'existe qu'incarné cette thèse épistémologique vaut pour toutes les modalités de la connaissance humaine. Pour Thomas, la connaissance de Dieu ne peut se faire sans nos sens. La voie qui permet de penser Dieu passe par la perception des sens et nous est donnée à travers eux. Cela implique que toute catéchèse ou catéchuménat doit passer par les sens. (1)
Ces paroles raisonnent dans tous ces parcours qui font de la "catéchèse par les pieds", comme ces souvenirs de pèlerinage en Terre Sainte où l'on a pu expérimenter ce que veut dire monter à Jérusalem...
(1) d'après Joseph Ratzinger, ibid p. 385

02 février 2006

Pluralisme et liberté

"Un chrétien défendra la pluralité des types d'éducation. La foi chrétienne qui est convaincue de la vocation de chaque homme en particulier mettra plutôt en évidence l'égalité des voies différentes et reconnaîtra dans la symphonie des multiples vocations l'intérêt et l'égale dignité de tous les hommes". (1)
Je crois qu'il y a là une grande sagesse qui devrait faire taire les apôtres de la voie unique, du moi j'ai raison. Car dans cette symphonie peut se construire la véritable cathédrale des coeurs... (1) "La révélation de Dieu a été adressée aux simples, non pas dans un ressentiment contre les grands comme Nietzsche le prétend, mais parce qu'il y avait chez eux cette précieuse naïveté qui ouvre à la vérité et ne succombe pas à la tentation intellectuelle du nihilisme (...). La culture chrétienne sera une parce qu'elle est une éducation du respect." (2)
La culture du respect...
N'est-ce pas ce qui nous manque le plus... Y compris sur certains blogues, ou au nom d'une vérité, on oublie de respecter l'autre pour ce qu'il est : "Une histoire sacrée", faite d'ombre et de lumière mais digne d'attention et de respect. La tentation de l'écriture, comme toute démarche intellectuelle, n'échapppe pas à la tentation de la toute puissance et son lot de jugement et d'orgueil... Mais voila que je sombre moi aussi dans le jeu... Halte au feu... :-)
(1) d'après Joseph Ratzinger, ibid p. 383
(2) ibid p. 384

01 février 2006

La foi

La foi chrétienne n'est pas seulement une foi aveugle, une confiance dans une doctrine ésotérique. Elle veut au contraire être ouverture des yeux, ouverture de l'homme à la vérité. "La foi au Nouveau Testament est plus qu'une confiance de principe, elle est acquiescement à un contenu qui m'autorise à la confiance." La foi chrétienne est liée à la parole, elle se distingue par là de "l'opinion de nombreux gnostiques, laquelle affirme que ce qui est ultime est non pas la parole mais le silence et qu'il n'y a pas d'accès à l'ultime profondeur". (1)
C'est vrai que dans le silence on peut toucher au coeur d'un mystère enfoui au plus profond de nous, mais cependant, cette couche profonde est trop souvent mêlée à ce qui nous vient du monde. C'est pourquoi le creuset de la parole échangée est finalement la voie royale d'un décentrement véritable...

(1) d'après Joseph Ratzinger, ibid p. 378

Balises : Ratinger décentrement

Un oui

Suivre ne nécessite aucune réflexion, aucun délai... un oui ou un non... Certes dans la double tension entre la réponse à la recherche d'autrui et sa propre recherche la raison reste essentielle, mais quand "viendra l'Heure" pour paraphraser D. Sibony, il faudra probablement dire oui, à moins qu'à force de s'enfermer dans la réflexion nous ne soyons passé à côté d'un certain nombre de oui....