14 février 2006

Jésus et la Samaritaine...(Jn 4)

J'ai toujours été frappé par la correspondance entre le "J'ai soif" prononcé par Jésus à la Samaritaine et son cri lancé sur la Croix. Il y a dans cette interpellation de l'humanité, tout un discours, une invocation du coeur.
Au delà d'une discussion sur la soif de l'eau (bios) en opposition à la soif de la vie proprement dite (zoé), Jésus face à la Samaritaine nous enseigne le chemin d'une pastorale.
La nouvelle étape survient lorsque la femme, à partir de la question de la soif de vivre se met en jeu dans la totalité de la personne (...) La demande de Jésus : "appelle ton mari" est nécessaire "parce que c'est sa vie en tant que tout, avec toute sa soif qui est en question. Par là apparaît comme de lui même ce dilemme essentiel, l'orientation en profondeur de son existence : elle est placée en face d'elle même. Plus généralement, nous pourrions ramener ce qui se joue ici à la formule : l'homme doit nécessairement se reconnaître lui-même, reconnaître sa réalité profonde pour pouvoir reconnaître Dieu. Le milieu propre, l'expérience originelle où se situent toutes les expériences c'est que l'homme est lui-même le lieu dans lequel et par lequel il fait l'expérience de Dieu" (...) passer de l'empirique à l'expérimental jusqu'à l'expérientel. "Aller jusqu'à l'être le plus profond du moi propre et par là de l'intelligence radicale qui est ce moi-même de l'homme, là où on le découvre derrière la superficialité de quelque chose" tel est pour J. Ratzinger l'essentiel d'une démarche qui conduit à la vérité.
C'est pourquoi, ajoute-t-il nous devons considérer ce dialogue universellement comme le type natif de la catéchèse"ce à quoi l'on doit toujours tendre en dernière analyse dans la catéchèse : elle doit absolument conduire du quelque chose au "je" (...) mettre en jeu l'homme, mettre en évidence l'indigence et le besoin d'être". Il nous faut conduire à cette soif, telle est l'orientation et le sens de toute catéchèse. Elle ne peut faire autrement que de prendre son départ dans la partie sensible de l'homme (...) passer du royaume de quelque chose à l'être.
Pour J. Ratzinger, le but final est d'atteindre la métanoia, la conversion, le retournement de l'homme dont la conséquence est qu'il se trouve devant lui-même. La conversion est identique à la connaissance de soi, et celle ci est le coeur même de toute vraie connaissance (1)

(1) d'après J. Ratzinger, ibid p. 396-7

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