31 mars 2007

Limites

Quand Théobald souligne les "limites d'une auto-révélation qui peut conduire jusqu'au nazisme et au stalinisme", cela réveille les accents utopiques qui m'avaient pourtant séduits dans une approche néo-rahnérienne de l'auto-manifestation du verbe en l'homme. Si c'est un principe reconnu de la conscience, qui prend sa source dans Ezéchiel 31, et est repris par Vatican II (1), il n'en reste pas moins que la notion de révélation intérieure doit rester à l'aune de la Tradition, ou comme le dit si bien Dei Verbum § 8 : "Cette Tradition qui vient des Apôtres se développe dans l'Eglise sous l'assistance du Saint-Esprit et grandit en effet la perception des choses et des paroles transmises, par la contemplation et l'étude qu'en font les croyants qui les gardent dans leur cœur"

(1) Christoph Théobald, La Révélation, Editions de l'Atelier, Paris 2001, p. 46

30 mars 2007

Eucharistie et Parole - III

Pour faire entrer notre offrande imparfaite dans la sienne, le Christ s'offre quotidiennement un nombre incalculable de fois nous dit Hans Urs von Balthasar. Il veut dans la chair et le sang de son eucharistie, demeurer notre nourriture, parce que c'est là que nous trouvons accès à la réalité de la vie éternelle. J'ajouterais que sa manne nouvelle est double nourriture. Comme le souligne Dei Verbum, c'est à la table de la parole et à la table du pain…, corps et âme que nous sommes invités.

(1) d'après Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, IV, Le Dénouement, Culture & Vérité, Namur 1993 p. 120

29 mars 2007

Triple kénose - III

Pour Hans Urs von Balthasar, "la kénose de l'obéissance par laquelle Jésus ne retint pas le rang qui l'égalait à Dieu (Ph 2,7) est fondée sur la kénose éternelle des Personnes divines, les unes à l'égard des autres, la kénose du Fils n'étant qu'un des aspects" des kénoses intra-divines".

C'est l'obéissance qui fait l'unité de la vie du Christ, elle se maintient sans défaillance jusque que dans la nuit de la Croix alors que leur sont enlevés toute vue du Père et tout contact avec lui (1)

Serait-elle kénose véritable si la distance n'était pas portée à une distance infinie, si malgré la proximité de cœur, la distance des êtres n'étaient pas le signe de leur liberté la plus totale, la plus infinie.

(1) d'après Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, IV, Le Dénouement, Culture & Vérité, Namur 1993 p. 106

28 mars 2007

Eucharistie - II

L'eucharistie indique en quoi consiste l'être même de Dieu, en montrant qu'il est amour constamment en acte. Pour Hans Urs von Balthasar, le "Fils ne se suffit pas à lui-même mais toujours comme le don du Père". Il est "transparence parfaite (…) puis mouvement venant du Père et allant au Père (…) et livrant ainsi le mystère le plus intime de Dieu" (1)

(1) d'après Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, IV, Le Dénouement, Culture & Vérité, Namur 1993 p. 105

27 mars 2007

Obéissance - III

Pour Théobald, on peut concevoir la révélation sous la formule d'une instruction (c'est le sens retenu par Vatican I) alors que Vatican II parle maintenant de communication : "La révélation entre Dieu et les hommes, tout comme la relation entre l'Eglise et la société sont conçues sous forme de dialogue et l'obéissance est comprise comme capacité d'écoute". N° 5 Déi Verbum (1) Devenir écoutant de la Parole, n'est-ce pas le sens même de l'obéissance, telle que nous l'avons esquissé dans le billet précédent ?

(1) cité par Christoph Théobald, La Révélation, Editions de l'Atelier, Paris 2001, p. 41

26 mars 2007

Obéissance - II

On a tendance à réduire le terme d'obéissance à un asservissement vile de l'esclave sous les ordres du maître. Je pense que le sens chrétien du mot ne peut être perçu qu'à la lumière du sens même qu'il a pris pour le Christ. C'est dans ses paroles si mystérieuses et si profondes au mont des Oliviers que l'on peut comprendre ce que cela sous-entend. "Non pas ma volonté mais la tienne" et dans ce sens, se retrouve tout ce que nous avons cherché à thématiser dans notre recherche sur le décentrement.

25 mars 2007

Evangile : mystère et révélation

La bonne nouvelle, ce qui était caché sous le voile et est maintenant révélé – cf. Rom 16, 25-27. En effet pour Paul "selon l'Evangile que j'annonce en prêchant Jésus-Christ, selon la révélation d'un mystère gardé dans le silence durant des temps éternels mais maintenant manifesté, que soit porté à la connaissance de tous les peuples païens par des écrits prophétiques, selon l'ordre du Dieu éternel… ". Il y a donc bien dans l'idée même d'évangile, de bonne nouvelle, le déchirement du voile que Marc décrit si bien au chapitre 16… et cette bonne nouvelle, c'est Jésus-Christ, lumière et verbe de Dieu qui lui dans l'obscurité du monde pour révéler avec toute la tendresse dont Dieu est capable, le mystère de l'amour du Père.

24 mars 2007

Comme Jésus approchait de Jéricho...

C'est au moment où Jésus, nous dit-on, approche de Jéricho que cet aveugle recouvre la vue. En effet Jéricho signifie la lune, or dans le langage sacré, la lune symbolise par son décours mensuel la faiblesse de notre nature mortelle. L'aveugle retrouve la lumière au moment où notre Créateur approche de Jéricho, car c'est lorsque la divinité s'est revêtue de la faiblesse de notre chair que le genre humain a recouvré la lumière qu'il avait perdue. C'est en effet l'abaissement d'un Dieu à la condition humaine qui élève l'homme à la divinité. (…) Si nous persistons avec ferveur dans notre prière, Jésus s'arrête pour nous rendre la lumière: Dieu se fixe en effet dans notre âme, et la lumière perdue nous est restituée. Mais dans ce fait le Seigneur suggère un autre sens, qui se peut entendre avec profit de son humanité et de sa divinité. En effet e'est lorsque Jésus passait qu'il entendit les cris de l'aveugle, c'est une fois arrêté qu'il lui rendit miraculeusement la vue. Car passer appartient à la nature humaine, être immobile à la divinité. (…) Le Seigneur entend donc en passant les cris de l'aveugle, mais il s'arrête pour lui rendre la vue, parce que c'est son humanité qui a eu pitié et compassion de notre cécité en écoutant nos cris, mais c'est la puissance de sa divinité qui a répandu en nous la lumière de la grâce.

Grégoire le Grand, 37ème homélie sur les Evangiles, PL 76, 1275-76

23 mars 2007

Le règne de Dieu

Le règne de Dieu ne vient pas d'une manière visible. En voyant le Fils de Dieu venir à nous « sans faste, sans grandeur ni majesté, vêtu comme le pauvre dans son humilité ", nous avons cru, selon nos critères humains, qu'il nous cachait sa grandeur et sa gloire, alors qu'il nous révélait, par ce dépouillement même, la vraie grandeur, la vraie gloire divines.

Cette grandeur et cette gloire n'ont rien à voir avec nos grandeurs et nos gloires humaines. Elles consistent essentiellement dans la souveraineté d'un amour qui ignore toutes les distances et triomphe dans la communion. Éloi Leclerc, Pâques en Galilée, DDB, 2003

La lumière qui me conduit par la main

Nous savons l'amour que tu nous as donné, sans limite, indicible, que rien ne peut contenir ; il est lumière, lumière inaccessible, lumière qui agit en tout... Que ne fait-elle pas, en effet, cette lumière, et que n'est-elle pas ? Elle est charme et joie, douceur et paix, miséricorde sans compter, abîme de compassion. Quand je la possède, je ne la remarque pas ; je la vois seulement lorsqu'elle s'en va. Je me précipite pour la saisir, et elle s'envole tout entière. Je ne sais que faire et je me consume. J'apprends à demander et à chercher avec larmes en grande humilité, et à ne pas considérer comme possible ce qui dépasse la nature, ni comme l'effet de ma puissance ou de l'effort humain, ce qui vient de la compassion de Dieu et de sa miséricorde infinie...

Cette lumière nous conduit par la main, nous fortifie, nous enseigne, se montrant, mais fuyant lorsque nous avons besoin d'elle. Ce n'est pas quand nous le voulons - ceci appartient aux parfaits - mais c'est lorsque nous sommes embarrassés et complètement épuisés qu'elle vient à notre secours. Elle apparaît de loin et me donne de la ressentir dans mon coeur. Je crie à m'en étrangler tant je veux la saisir, mais tout est nuit, et vides sont mes pauvres mains. J'oublie tout, je m'assieds et je pleure, désespérant de la voir ainsi une autre fois. Quand j'ai bien pleuré et consenti à m'arrêter, alors, venue mystérieusement, elle me prend la tête, et je fonds en larmes sans savoir qui est là illuminant mon esprit d'une très douce lumière. (1)

Saint Syméon le Nouveau Théologien (v.949-1022), moine orthodoxe, Hymne 18 (trad. SC 174 pp. 74-82)

22 mars 2007

Eucharistie et parole, fleuve d'amour

Quelle est cette eau vive jaillissant en vie éternelle que le Christ promet à la Samaritaine, ce fleuve d'amour face à laquelle notre jarre est bien petite, n'est-ce pas à la fois le pain rompu, cet amour partagé pour l'éternité, multiplié par nos mains et en dépit de nos mains et cette Parole qui se proclame par nos voix ou à notre insu, qui se répand dans l'air et au travers de nos écrits, sans même que nous puissions en maîtriser le flux, au-delà de toutes nos erreurs et nos tâtonnements, par la simple et silencieuse action de l'Esprit. Dire plus grand que le dit, pour reprendre les mots de Lévinas, Parole plus forte que l'Ecriture, plus vive encore que l'intonation monophonique d'un évangile, mais stéréophonie de Dieu, symphonie de nos voies qui s'accordent malgré nous à l'unisson de l'Esprit.

"Le Fils ressuscité est terre dans le ciel, tandis que son eucharistie est ciel sur la terre" (1)

(1) Adrienne von Speyr, Isaias, p. 217 (cité par Hans Urs von Balthasar, DD IV p. 103)

21 mars 2007

Un voile

Depuis toujours, le réel a été masqué, par un voile, le voile de la pudeur, du refus de voir, ou le voile de nos yeux. Est-ce que déjà l'Exode voulait thématiser en parlant du voile posé sur le visage (Ex 34, 32-35) et sur les peuples (Es 25,7) qui indique bien que "l'expérimentation de la révélation se situe d'abord au sein de la révélation humaine et dans l'histoire (…) et c'est à partir de situation humaine (…) que la Bible aborde l'énigme qu'est la totalité du réel"(1)

Alors tout dévoilement ne fait pas appel à la raison mais "prend la figure du dénouement d'une crise, intervenue au sein d'une d'un itinéraire individuel ou collectif" (2)

Il y a dans tout dévoilement le déchirement intérieur du regard, qui ne voulait pas voir, qui fuyait le réel mais dont le cœur s'ouvre au mystère…

(1) Christoph Théobald, La Révélation, Editions de l'Atelier, Paris 2001, p. 26
(2) ibid p. 27

20 mars 2007

Disponible

Adrienne von Speyr définit la foi comme une "disponibilité constante [qui] est ainsi la base de tout amour" (1)

Chacun laisse à l'autre le temps et l'espace dont il a besoin pour concevoir et proposer ses désirs, pour préparer ses dons. Pour Hans Urs von Balthasar, sans cette distance, l'éloignement du Fils incarné vis-à-vis du Père (jusqu'à la déréliction) ne serait pas compréhensible. (2) Le monde aussi est à distance, tout en gardant la capacité de "recevoir sa figure définitive dans la pleine participation à la vie trinitaire". Pour lui "la pensée n'a sa forme définitive qu'en Dieu". (3)

"Dieu a donné dès ici-bas, à l'image créée quelque chose qui est lui-même; il a insufflé à la figure périssable qu'elle que chose d'impérissable", c'est ainsi que "l'image acquiert une étroite parenté avec le Verbe de Dieu". (4)

Peut-être retrouvons nous là d'une certaine manière ce que j'évoquais comme la "transpiration trinitaire" dans le monde.

(1) Adrienne von Speyr, Katholische Briefe I 138,41

(2) d'après Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, IV, Le Dénouement, Culture & Vérité, Namur 1993 p. 84

(3) ibid p. 89

(4) Adrienne von Speyr, Das Licht und die Bilder, 92-93, cité par Hans Urs von Balthasar, DD IV, p. 89

Littérature…

On ne peut combler un vide spirituel avec des lectures de mystiques; ce ne serait tout au plus que tromper sa faim. Qu'est ce qui nous pousse à acheter tant d'ouvrages sur la religion? Sans doute il y a là un "attrait", mais de voir tous ces livres autour de nous et en nous si peu de christianisme, cela ne devrait-il pas nous inquiéter? Je pense secrètement qu'un Pater bien récité nous en apprendrait autant que ces pages où notre curiosité se repaît et qui laissent notre coeur "plus assoiffé que devant". Nous avons trop le désir de savoir pour savoir et non celui de savoir pour devenir meilleurs. Si tous nos livres ne nous apprennent pas à aimer le prochain, que nous apprennent-ils de solide ?

Julien Green, Journal 1943-1945, Plon, Le Livre de Poche, 1949, p. 41

17 mars 2007

Distance - II

Le thème de la distance et de la proximité se conjugue d'une certaine manière dans le "tu feras une seule chair" de Genèse 2. Au sens latin, la chair est vue comme fusionnelle, alors que le terme basar, nous l'avons dit par ailleurs est le symbole d'une relation plus large, ce que j'appelle une symphonie. Et la symphonie de nos différences, la recherche d'une harmonie au travers même de ce qui nous constitue est au sein même de cette notion paradoxale de distance et de proximité. Proximité des cœurs et liberté d'être.

Cela rejoint à mon avis ce que dit Balthasar quand il parle de créer un espace, une distance pour qu'il y ait don de soi et mouvement, échange entre "vouloir" et "laisser l'initiative".

Dans l'espace qui existe entre les Personnes se place le champ infini de la fécondité et de la richesse inventive de l'amour divin" (1) qui va jusqu'à "laisser le Fils libre dans l'espace infini de sa propre liberté filiale et de sa souveraineté divine. Ainsi le Père veut-il de toute éternité se laisser surpasser par l'amour du Fils" (2)

(1) d'après Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, IV, Le Dénouement, Culture & Vérité, Namur 1993 p. 83

(2) ibid p. 84

Obéissance divine

Pour Hans Urs von Balthasar, le mystère auquel nous pouvons donner le nom d'Obéissance est incommensurable. C'est l'acquiescement d'un amour parfait entre Dieu et Dieu. (1)

C'est peut-être pour cela que l'utilisation même du mot est un anthropomorphisme. De même que l'on ne peut comparer la justice divine (celle de l'ouvrier de la dernière heure) à nos réflexes humains, on ne peut comprendre l'obéissance selon nos critères (servilité et esclavage) alors qu'il s'agit de la forme la plus mystérieuse de l'amour trinitaire.

(1) d'après Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, IV, Le Dénouement, Culture & Vérité, Namur 1993 p. 81

Pauvreté et disponibilité

Pourquoi s'imaginer qu'il faille être pauvre pour parvenir à la métamorphose intérieure ? Ce sont des idées. (…) Ne pas attacher trop d'importance aux signes extérieurs. Cela regarde l'inspecteur des « hachélem » ? Radotages idéologiques. L'illumination rend pauvre à l'instant même. L'avoir perd son importance. L'avidité peut remplir le coeur des pauvres qui sont riches de tout ce qu'ils n'ont pas encore. L'important est d'être disponible à ce qui survient. (…). Dans ce monde mû par l'argent avec une telle évidence, il n'est sans doute même plus possible à quelqu'un d'être pauvre à la manière de François d'Assise. Il entrerait dans le folklore et serait aussitôt récupéré par l'audiovisuel. Vain d'imiter les gestes du pauvre. La pauvreté ne peut être que création nouvelle. Elle est à enfanter du fond de l'âme.

Jean Sulivan, Itinéraire spirituel, Gallimard 1976, Folios, essais, p. 240

16 mars 2007

Réel ou virtuel…

Je commence un long aparté suite à la lecture, hors de notre cheminement avec Balthasar, sur un ouvrage de C. Théobald, que mes chemins ont croisé récemment. Cette respiration n'est pas sans intérêt, et comme toujours, sur mes chemins de lecture, conduit à d'autres découvertes…

Quand Théobald, affirme que la "Révélation est une fenêtre ouverte vers le réel" (1) cela fait résonner en moi tout un chemin de possible, entre l'utopie constante de nos rêves et cette réalité que nous fuyons sans cesse, ce quotidien auquel nous voulons échapper. La révélation, ce serait cette présence de l'autre qui m'interpelle, par sa présence voire sa souffrance et que je ne peux ignorer dans ma rêverie solidaire… La révélation serait ce chemin qui conduit de l'autre à celle de l'Autre, qui se révèle dans la nudité d'un corps décharné, sur une croix où le sens du virtuel s'arrête pour laisser place au réel…

Christoph Théobald, La Révélation, Editions de l'Atelier, Paris 2001, p. 22

15 mars 2007

Dis seulement une parole et je serai guéri..., saisi

II n'est pas facile de parler de Lui, sans se convaincre soi-même, ainsi que les autres, que nous possédons Dieu et que nous pouvons en disposer. II n'est pas facile d'annoncer Dieu et de faire comprendre en même temps que nous-mêmes nous ne le possédons pas, que, nous aussi, nous l'attendons.

Je suis convaincu que la révolte contre le christianisme est due en grande partie à la prétention, visible ou dissimulée, qu'ont les chrétiens de posséder Dieu, et à la perte de l'élément d'attente, si décisif chez les prophètes et les apôtres. Ils ne possédaient pas Dieu, ils l'attendaient.

Car comment Dieu peut-il être possédé ? Dieu est-il une chose qui peut être saisie et connue parmi d'autres choses ? Dieu est-il moins qu'une personne humaine ? Un être humain, on doit toujours l'attendre. Même dans la communion la plus intime entre des êtres humains, il reste un élément de non-possession, de non-connaissance et d'attente.

Le moyen d'avoir Dieu, c'est de ne pas l'avoir.

Paul Tillich, Les fondations sont ébranlées, Morel, 1967, p. 206

Confiance et fraternité…

Ce qui marque les nouveaux baptisés n'est-il pas ce qui compte pour nous dans notre "marcher ensemble"… Créer un lieu de fraternité et confiance réciproque, c'est à dire un lieu où nous avons confiance en leur cheminement, même s'il "semble" différent du notre, de nos critères, de nos valeurs. N'est-ce pas cela la kénose du lavement des pieds…

13 mars 2007

Sortir semer

"Les attentes, les moyens de communication sont différents. Ce que nous leur proposons doit l'être aussi (…) Il faut faire le deuil, sans peur, sans nostalgie d'une situation révolue. L'avenir sera tout autre. Il nous appartient de l'écrire aux couleurs de l'Evangile." (1)

Il nous faut semer largement ajoute-t-il, "sans souci d'efficacité ou de rentabilité – qu'elle soit immédiate où à long terme. Ne pas se soucier d'abord du terrain, de sa réceptivité mais semer parce que j'ai du grain à partager et qu'il ne peut rester au fond du silo"

(1) Olivier Fröhlich, Pour que notre joie soit complète…Proposer la bonne nouvelle aux jeunes, in Une nouvelle chance pour l'Evangile, p.157

10 mars 2007

Ecoute et obéissance

Enzo Bianchi le rappelle, l'Ecoute (shma) signifie en hébreu obéir. Ainsi les Écritures elles-mêmes exigent l'obéissance dit-il (1) citant 2 Tim 3, 14. Mais que dit justement ce texte : "Les Saintes Écritures peuvent donner la sagesse qui conduit au salut par la foi en Jésus-Christ. Toute Écriture est inspirée de Dieu et utile pour enseigner la vérité, réfuter l'erreur, corriger les fautes et former à une juste manière de vivre, afin que l'homme de Dieu soit parfaitement préparé et équipé pour faire toute action bonne".

Pour lui, la valeur de l'Écriture n'est pas d'abord pédagogique, morale ou dialiectique mais sotériologique. "Elle donne le salut par la foi" (2) et rend capable de charité, d'accomplir le bien (cf. 1 Tim 3,17). Ce pouvoir est fondé pour lui par l'action de l'Esprit qui de ses énergies accompagne l'Écriture et donne le salut à qui s'en approche dans la foi. (3)

(1) Enzo Bianchi, Ecouter la parole, Les enjeux de la Lectio Divina, Lessuis 2006, p. 71

(2) Paul Beauchamp, Parler d'Écritures Saintes, Seuil Paris, 1987 p. 14

(3) E. Bianchi, ibid. p. 74