Quelques milliers de notes et réflexions interactives sur la vie et la foi, à partir de lectures souvent théologiques et à la lumière d'un Autre... Petit "blog" catholique d'un apprenti théologien (Bac canonique), perdu dans l'immensité de la toile... (ordonné diacre en septembre 2018)...
24 mai 2020
La gloire c’est l’Esprit Saint - Grégoire de Nysse
En guise de corrigé à mon homélie :
« Le sens de ces paroles nous apparaît plus clairement dans le discours du Seigneur rapporté par l'Évangile. [Jn 17]. Par sa bénédiction, il a donné toute puissance à ses disciples ; puis, en priant son Père, il accorde les autres biens à ceux qui en sont dignes. Et il ajoute le principal de tous les biens : que les disciples ne soient plus divisés par la diversité de leurs préférences dans leur jugement sur le bien, mais qu'ils soient tous un par leur union au seul et unique bien. Ainsi, par l'unité du Saint-Esprit, comme dit l'Apôtre, étant attachés par le lien de la paix, ils deviennent tous un seul corps et un seul esprit, par l'unique espérance à laquelle ils ont été appelés.
Mais nous ferons mieux de citer littéralement les divines paroles de l'Évangile : Que tous, dit Jésus. soient un, comme toi, mon Père, tu es en moi, et moi en toi ; qu'eux-mêmes soient un en nous.
Or, le lien de cette unité, c'est la gloire. Que le Saint-Esprit soit appelé gloire, aucun de ceux qui examinent la question ne saurait y contredire, s'il considère ces paroles du Seigneur : La gloire que tu m'as donnée, je la leur ai donnée. Effectivement, il leur a donné cette gloire quand il leur a dit : Recevez le Saint-Esprit.
Cette gloire, qu'il possédait de tout temps, avant que le monde fût, le Christ l'a pourtant reçue lorsqu'il a revêtu la nature humaine. Et lorsque cette nature eut été glorifiée par l'Esprit, tout ce qui lui est apparenté a reçu communication de la gloire de l'Esprit, en commençant par les disciples. C'est pour cela que Jésus dit : La gloire que tu m'as donnée, je la leur ai donnée ; qu'ils soient un comme nous sommes un ; moi en eux et toi en moi, pour qu'ils soient parfaitement un.
Celui qui, de petit enfant, est parvenu en grandissant à la stature d'homme parfait, qui a rejoint la mesure de l'âge spirituel ~ ; celui qui est devenu capable de recevoir la gloire de l'Esprit par sa maîtrise de soi et sa pureté : il est cette colombe parfaite que regarde l'Époux lorsqu'il dit : Unique est ma colombe, unique ma parfaite. »
(1) Saint Grégoire de Nysse, homélie sur le cantique des cantiques’ source office des lectures du 7eme dimanche de Pâques, AELF
23 mai 2020
Gloire et dépouillement - 9 - homélie du 7eme dimanche de Pâques année A
Une question se pose :
Quelle est cette gloire dont nous parle Jésus et qu'il semble demander ?
Dans notre star système contemporain le mot « gloire » accroche et il faut un sacré travail intérieur pour remettre ce texte de Jean 17 dans son contexte.
Une première lecture pourrait nous permettre de dire que la gloire du Christ est la lumière de l'amour qui devient enfin visible au cœur même de son dépouillement le plus total.
La gloire du Fils c’est de révéler l’amour du Père
Cet amour qu’il dévoile est source de vie éternelle et en nous transmettant ce souci de l’amour, il nous enlève le poids de la mort. En nous donnant foi, espérance et charité il nous donne accès à la vie.
Qu’est-ce donc que cette gloire ?
La lettre de Pierre, notre deuxième lecture aujourd’hui nous donne une autre clé de lecture qui n’est pas contradictoire mais complémentaire : « quand sa gloire se révélera. Si l’on vous insulte pour le nom du Christ, heureux êtes-vous, parce que l’Esprit de gloire, l’Esprit de Dieu, repose sur vous. »
À travers ce discours transparaît cette relation filiale particulière qui est aussi dépouillement :
tout ce que tu m'as donné vient de toi, (...) Tout ce qui est à moi est à toi,
On parvient là à ce que les Pères de l’Église appellent la périchorèse des personnes divines, puisque du dépouillement du Père, puis du Fils jaillit la gloire de L’esprit. C’est ce que j’appelle la danse trinitaire (2) qui n’est qu’amour et effacement.
Dans le mouvement de Dieu vers l’homme nous découvrons ce souci de venir jusqu’à nous pour porter la lumière. La gloire de Dieu, c’est finalement le don que Dieu de nous fait du Fils et de l’Esprit, loin de la gloire humaine, c’est une invitation à la danse que la communion eucharistique va nous permettre de rejoindre. Au terme d’un long jeûne vous allez pouvoir vivre aujourd’hui de cette gloire, participer à cette danse, non pas pour la mettre sous le boisseau mais pour qu’elle rayonne par votre charité et votre foi. En entrant dans la danse vous « reconn[aissez] que tout ce que [le Père a donné au Fils] vient de [lui] puisqu’il affirme avoir « donné les paroles que tu m'avais données :
Que cette reconnaissance soit pour tous, foi, espérance et charité
(1) cf. la citation complète de Grégoire de Nysse dans le billet suivant.
(2) voir plus haut Dieu dépouillé et danse trinitaire.
21 juillet 2019
Grâce et Gloire 4 - Exode 33
Il n'est pas inintéressant d'entendre Urs von Balthazar développer tout le thème de la gloire dans la fin du même chapitre. « Moïse ayant prié Dieu de lui faire voir sa gloire, Dieu le cacha dans la fente du rocher et passa devant lui en criant : « Yahvé, Yahvé, Dieu de tendresse (rahum, du mot rèhèm) et de pitié (hanumm, de hun, hén), lent à la colère, riche en grâce (hèsèd) et en fidélité (emet).
Faisant cette expérience Moïse obtint de voir la gloire de Dieu de dos (Ex 33,23) à son passage devant l'homme. Toute la révélation de Dieu fait de lui-même est grâce ; la formule « lent à la colère » exprime que la grâce n'est pas un côté d'une révélation à deux faces, mais plutôt que la colère est fonction de la grâce » (1)
Voilà un thème à creuser.
La colère (même si j'ai du mal à l'entendre, croyant, à la suite de Varillon que Dieu n'est qu'amour), la colère donc serait fonction de la grâce. Est-ce à dire que plus Dieu nous fait grâce plus il devient exigeant ? Une remarque qui ne doit pas devenir morale pour les autres, mais interpellation toute intérieure.
Si l'on résume, en se mettant à nu, c'est-à-dire en vérité devant le Seigneur on peut se laisser appeler à le contempler. Mais voir Dieu, c'est-à-dire participer à sa gloire nous engage plus qu'avant à répondre à son appel, faute de subir sa « colère », qui est d'abord sa peine, sa tristesse (puisqu'il est « lent à la colère ».
Cette interpellation est datée et masque une partie de la miséricorde (même si on la trouve déjà en Exode et Osée (2). Il faut attendre le Christ et un texte comme le fils prodigue (Luc 15) pour percevoir que ce que la colère du Premier Testament cache, c'est le dévoilement d'un Dieu qui va jusqu'à mourir pour l'homme...
(1) Hans Urs von Balthasar, ibid. p. 131
(2) cf. notamment mon livre « Dieu n'est pas violent »
20 juillet 2019
Grâce et Gloire 2
Grâce et Gloire - Urs von Balthasar
19 mai 2019
Au fil de jean 13 - Imitation et gloire - Homélie du 5eme dimanche de Pâques - Année C - 2
Un journaliste que je ne citerais pas parlais récemment de la Tour Eiffel en lui donnant le surnom de Notre dame de fer... Tour de Babel.... pourrais-t-on dire. Il faudrait relire Apocalypse 18 (cf. Plus bas)
pour comprendre peut-être que notre tour à nous, à l’image de Notre Dame est descendue très bas...pour ne laisser qu’une chose, la Croix, visage du Père.

Je vous propose de le lire l’Evangile aussi à l'envers.
Aimons-nous les uns les autres...
18 mai 2019
Au fil de Jean 13, 31 - ébauche d’homélie du 5eme dimanche de Pâques - hommage à Jean Vanier
« Maintenant le Fils de l’homme est glorifié, et Dieu est glorifié en lui.
Si Dieu est glorifié en lui, Dieu aussi le glorifiera ; et il le glorifiera bientôt.
Petits enfants, c’est pour peu de temps encore que je suis avec vous.
Je vous donne un commandement nouveau : c’est de vous aimer les uns les autres.
Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres.
À ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres. » (Jn 13)
Quelle est la gloire dont nous parle Jésus?
- le contexte du discours : le dernier repas, après le lavement des pieds ! À contempler !
- La kénose décrite par Paul en Ph 2, 11 : c’est de comprendre que c’est dans l’abaissement et l’humilité que le Christ dévoile sa gloire
- Le commandement : aimer vous comme, n’a de sens que sur le comme
Il est le chemin...
C’est là un commandement nouveau. Il ne s’agit pas d’aimer comme le fond tous les hommes, dans une logique d’échange : je t’aime parce que ou pour que tu m’aimes. Non, la nouveauté du Christ c’est d’entrer dans le don gratuit, immense, sans limites, débordant d’un Dieu qui s’oublie pour se donner jusqu’à la Croix.
C’est peut-être sous les pas de Jean Vanier que nous avons à chercher le chemin de l’amour gratuit.
Quelle est la découverte de Jean Vanier, c’est peut-être de regarder les choses à l’envers. Le petit, le faible, le rejeté, le fêlé nous donnes accès à Dieu. Comme le diacre Philippe pendu par les pieds laissons nous retourner. La gloire de Dieu, c’est de voir le monde à l’envers des hommes : aimer le petit et le faible.
C’est le chemin du Christ, la kénose, Écoutons ce que nous dit Paul en Ph. 2. Il s’est abaissé, c’est fait esclave, c’est pourquoi Dieu l’a relevé et lui a donné la gloire.
06 juin 2018
La Gloire et la Croix - Jn 13,31-32

17 février 2018
Dynamique 6 - Saint Irénée et la gloire de Dieu
" Les hommes qui sont dans la lumière n'illuminent pas, eux, la lumière, mais par elle sont illuminés et par elle resplendissent : loin d'apporter quoi que ce soit à la lumière, ils en bénéficient et sont illuminés par elle.Ainsi en va-t-il du service de Dieu : à Dieu, il n'apporte rien, car Dieu n'a pas besoin du service humain. Mais à ceux qui le suivent et le servent, Dieu procure la vie incorruptible et la gloire éternelle. Il accorde ce bienfait à ceux qui le servent, parce qu'ils le servent, et à ceux qui le suivent, parce qu'ils le suivent, mais ne reçoit d'eux nul bienfait : car il est riche, parfait, et sans besoin.Dieu sollicite le service des hommes par bonté et miséricorde pour combler de bienfaits ceux qui le servent avec persévérance. Car autant Dieu n'a besoin de rien, autant l'homme a besoin de la communion de Dieu. La gloire de l'homme, c'est de persévérer et demeurer au service de Dieu. Et c'est pourquoi le Seigneur disait à ses disciples : Ce n 'est pas vous qui m'avez choisi, mais moi qui vous ai choisis ; il voulait dire par là qu'eux ne le glorifiaient pas en le suivant, mais que, pour avoir suivi le Fils de Dieu, ils étaient par lui glorifiés. Et il disait encore : Je veux que là où je suis, là ils soient aussi, pour qu'ils voient ma gloire."
Saint Irénée, Contre les hérésies, source AELF, Bréviaire 1er samedi de Carême, office des lectures
27 octobre 2016
La gloire et l'agir
(2) cf. Sur ce thème, Hans Urs von Blathasar, La gloire et la Croix, 3, Théologie, Ancienne alliance, Aubier, n°82, (ci-après GC4) p. 16ss. : "L'homme croit toujours avoir une compréhension globale (de Dieu), (...) mais en présence de la gloire qui s'avance, il tombe à genoux".
16 septembre 2016
La beauté et la gloire
Hans Urs von Balthasar, GC6 p. 18
28 juin 2016
L'homme vivant -2 Irénée de Lyon
Nous l'avons évoqué la semaine dernière... voici l'intégrale de la fameuse citation qui entre bien dans notre quête actuelle sur le caché/dévoilé et peut être contemplée dans sa démonstration :
"Depuis le commencement, le Fils est l'exégète du Père, puisqu'il est depuis le commencement auprès du Père : au temps voulu, il a montré aux hommes pour leur profit les visions prophétiques, la variété des charismes, ses ministères et la glorification du Père, de façon cohérente et claire : Qui dit cohésion dit harmonie, qui dit harmonie dit temps voulu, et qui dit temps voulu dit profit. C'est pourquoi le Verbe s'est fait le dispensateur de la gloire du Père au profit des hommes pour qui il accomplit de telles économies : ainsi il montre Dieu aux hommes, et présente l'homme à Dieu, tout en préservant l'invisibilité du Père, de peur que l'homme n'en vienne à mépriser Dieu, mais, en même temps, pour qu'il ait toujours des progrès en vue, il rend Dieu visible aux hommes en le montrant par de nombreuses économies, de peur que, totalement privé de Dieu, l'homme cesse d'être. Car la gloire de Dieu, c'est l'homme vivant, et la vie de l'homme, c'est la vue de Dieu, Si la révélation de Dieu par la création donne la vie à tout être vivant sur la terre, combien plus la manifestation du Père par le Verbe donne-t-elle la vie à ceux qui voient Dieu !" (1)
(1) Irénée de Lyon, Contre les hérésies, 2, 19, source AELF
24 juin 2016
L'homme vivant, gloire de Dieu
18 novembre 2014
Un banquet de la Parole : Jn 2, 1-11, Jn 17 de Cana au dernier repas...
A - Jn 2, 1-11 : le récit de Cana,
B - Jn 17 : Le dernier discours.
Cette lecture en parallèle renforce la perception théologique de Cana, pour qui "le troisième jour" (Jn 2, 1) n'est finalement qu'une illustration de cette éclosion progressive de la gloire, qui s'étend de la vie à la mort et de la croix à la glorification du Père par le Fils.
A cela, nos 6 jarres incomplètes sont invitées à la noce, et comme le disait Varillon, il ne reste plus à Dieu qu'à " diviniser ce que nous avons [tenté] d humaniser ". Le rêve d'unité qui transparaît de Jn 17 ne souligne que mieux la vision à la fois eucharistique et eschatologique du récit de Jn 2.