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24 août 2015

Paternité spirituelle - 3 (les entrailles de Dieu )

‎L'auteur poursuit avec l'évocation du Fils prodigue dans le contexte de la trilogie parabolique de la brebis perdue, de la pièce perdu et du Fils (luc 15), mais souligne-t-il (1) c'est plutôt du Père qu'il parle avec cette belle expression grecque de splagchnizomai (être ému de compassion, de pitié, pris aux entrailles) (2 et 3) qui rejoint le souci de Dieu pour son peuple d'Exode 3. 
‎Pour Blanchette, cela ne relève pas d'une obligation morale ou pastorale mais bien de la manifestation d'un "coeur empli de la présence tangible de l'Esprit" (4) qui fait rejaillir ce qu'il dit plus haut sur l'importance d'un discernement habité par la prière "en Christ". 
Je rejoins cette analyse qui fait écho avec mes contemplations ‎sur la kénose du serviteur qui en se vidant de toute tentation de jugement personnel, se met "à genoux devant l'homme(4)" et, ce faisant, manifeste l'infinie miséricorde de Dieu.

C'est probablement là que prend source et s'exerce la 4ème caractéristique de la paternité évoquée par Blanchette (5) : la capacité de guérir qu'il évoque à partir du 2ème signe de Jésus dans Jean (le fils de l'officier royal - basilikos, Jn 4, 46-54). Être père peut aller jusqu'à qu'à guérir à distance, non de manière directe mais par le travail de la Parole dont le prêtre n'est finalement que l'instrument. 

(1) Melville C. Blanchette, ‎PSS, Just call me father, generativity in the spiritual life of diocesan priest‎, op. Cit p 219
(2) Dictionnaire Grec Français du NT, p. 139
(3) Nouveau Testament ‎inter linéaire, Société biblique française, 1993, p. 347
(4) cf mon travail de recherche éponyme.
(5) Blanchette, op Cit p. 220.

Paternité spirituelle - 2 (la figure d'Abraham)

‎L'auteur (1) poursuit son analyse sur la pa‎ternité spirituelle en évoquant la figure d'Abraham comme évocatrice des renoncements du prêtre. Il ne s'agit pas seulement pour lui de renoncer à la vie conjugale, mais d'accepter tous ces sacrifices qui littéralement 'make holy' (rendent sacré) les dons que le prêtre fait de sa vie. 
Pour moi, ce sacrifice n'est pas vu alors dans l'ordre du renoncement que dans le registre du décentrement. La figure d'Abraham prend sens : quitter un monde auto-centré, prendre le chemin du désert (2) et avancer à nu (3) devant son Dieu, percevoir alors que la paternité spirituelle du ministre prend un autre sens, celui de l'engendrement à la vie en Dieu. Cela évoque pour moi, outre les travaux de Bacq/Theobald(4), un vieux texte de Michel Rondet qui parle de ceux qui quittent la certitude des ports, pour avancer sur un chemin dont on ne connaît pas les pierres. 
‎(1) Melville C. Blanchette, ‎PSS, Just call me father, generativity in the spiritual life of diocesan priest in Bulletin SS n• 37-38, op. Cit p. 216ss
(2) cf. mon étude éponyme.‎
(3) cf. posts précédents.
(4) cf. Bibliographie et mes longs commentaires dans 'Pastorale du seuil'
(5) publié dans un numéro d'Etudes

Paternité spirituelle

‎"Le titre "père" dans la vie d'un prêtre ne lui est pas donné pour le positionner au dessus des autres, mais reflète plutôt l'intimité de relation qu'il a vis à vis de ceux qu'il sert. En manifestant un amour paternel, les prêtres sont au service de l'éclosion [l'engendrement] à la vie pleine et entière de ceux qu'ils servent" (1)

Je retrouve là une vieille discussion sur la question de l'autorité, non pas comme excès de pouvoir sur l'autre mais comme éclairage qui fait grandir, qui engendre, pour rejoindre le thème de la "pastorale d'engendrement".

(1) traduction libre de "Just call me father, generativity in the spiritual life of diocesan priest" de Melville C. Blanchette, P‎SS, Bulletin SS n• 37-38, p. 214