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15 mars 2019

La sainteté de tous les jours - Marxer, Bremond, pape François


Qu'est-ce qui touche le coeur de l'homme ? Certainement pas les grands discours ou une morale exhortative. Comme le suggère Daniele Hervieu Léger, ce matin sur RND il y a des émotions qui nous touchent au coeur, réveille notre humanité, signe fragile d'un amour discret.

"La sainteté s'est toujours cachée (...) la sainteté de tous les jours (...) que nous frôlons au passage, celle qui nous a souri et tendu la main, celle dont le prêtre le plus imparfait a reçu, en rougissant, les confidences, celle enfin qui parfois peut-être, à l'heure où toutes les apologétiques semblent vaines, nous a rendu la foi aux réalités invisibles et à la présence de Dieu" (1).
"De cette sainteté discrète, Thérèse [de Lisieux] n'offre-t-elle pas l'épiphanie exemplaire?" (2)

Il faut relire les premiers paragraphes d'Exultate et Gaudete pour sentir que cette sainteté est aussi notre chemin, fragile et unique à chacun. Il n'est pas dans l'imitation mais dans une réponse adaptée à l'appel qui nous est fait, dans l'aujourd'hui de nos vies : "Seigneur demande tout ; et ce qu'il offre est la vraie vie, le bonheur pour lequel nous avons été créés. Il veut que nous soyons saints et il n'attend pas de nous que nous nous contentions d'une existence médiocre, édulcorée, sans consistance. En réalité, dès les premières pages de la Bible, il y a, sous diverses formes, l'appel à la sainteté. Voici comment le Seigneur le proposait à Abraham : « Marche en ma présence et sois parfait » (Gn 17, 1)" (3) (...) 

7. "Dans cette constance à aller de l'avant chaque jour, je vois la sainteté de l'Église militante. C'est cela, souvent, la sainteté ''de la porte d'à côté'', de ceux qui vivent proches de nous et sont un reflet de la présence de Dieu, ou, pour employer une autre expression, ''la classe moyenne de la sainteté''.

8. Laissons-nous encourager par les signes de sainteté que le Seigneur nous offre à travers les membres les plus humbles de ce peuple qui « participe aussi de la fonction prophétique du Christ ; il répand son vivant témoignage avant tout par une vie de foi et de charité ». Pensons, comme nous le suggère sainte Thérèse Bénédicte de la Croix, que par l'intermédiaire de beaucoup d'entre eux se construit la vraie histoire : « Dans la nuit la plus obscure surgissent les plus grandes figures de prophètes et de saints". (4)

"Pour un chrétien, il n'est pas possible de penser à sa propre mission sur terre sans la concevoir comme un chemin de sainteté, car « voici quelle est la volonté de Dieu : c'est votre sanctification » (1 Th 4, 3). Chaque saint est une mission ; il est un projet du Père pour refléter et incarner, à un moment déterminé de l'histoire, un aspect de l'Évangile."(5)

Chaque chemin est unique.

(1) Abbé Bremond, cité par François Marxer, Au péril de la Nuit, Femmes mystiques du XXeme siècle, Paris, Cerf, 2017, p. 155
(2) François Marxer, ibid. p. 156
3) Pape François, Gaudete et Exultate (GE) n.1
(4) GE n. 7 et 8
(5) GE n. 19

14 mai 2017

Corpus permixtum

"Ce corps diversifié qu'est l'Église est aussi un corps mêlé - un corpus permixtum"
Qu'est-ce qui fait l'Eglise ? En quoi et de quoi est-elle constituée ?
Je trouve, là encore une convergence de vue avec Borras, sur un concept que certains pourraient qualifier de "pluralisme pastoral", s'il n'était de fait une manière d'exprimer le fait que "l'Esprit souffle où il veut".
L'auteur évoque sur ce point (p. 63) que "l'appartenance ecclésiale est à concevoir de manière dynamique en termes d'itinérance, de mise en route, de cheminement". Il rejoint là, pour moi l'idée que les chemins vers l'Eglise sont divers. Ce me rappelle ce que Danièle Hervieu Léger disait au sujet des quatre voies d'entrée dans l'Église (art, mystique, communauté...).
Comprendre que Dieu ratisse large pour le royaume renforce l'importance d'une ouverture a priori des portes de l'Église vers la périphérie.
L'enjeu, pour Borras est aussi "d'éviter la tentation des purs et la menace sectaire" (1). Il est aussi évangélique au sens de Luc 15.
Le bon pasteur ramène à lui toutes les brebis perdues. C'est le sens eschatologique de la résurrection, c'est aussi notre enjeu pastoral.
"L'Église est là où sont les baptisés" (2).
La contempler comme une construction de pierres vivantes,  savamment ciselées pour en faire une cathédrale divine, c'est percevoir le travail de l'Esprit que l'on ne concevra qu'à la fin des temps. Alors la création apparaîtra dans toute sa mystérieuse beauté,  alors Saint Jean Chrysostome aura raison d'y voir la trace de l'Esprit à l'oeuvre,  alors la danse de Dieu sera visible en l'homme,  alors le Christ sera Parole accomplie, alors la Victoire de la Croix sera complète.
(1) ibid. p. 63
(2) p. 64